Eimhir était partie. Ses rires n'emplissaient plus son étude.
Moïra était partie. Sa douceur n'était plus présente dans le lit.
Aodhan était resté. Tel un roc, supportant toutes les vagues qui arrivaient.
Aodhan était seul. Cette solitude le rongeait, alors il sortait plus que d'habitude. Il chevauchait jusqu'à en épuisé son cheval dans l'espoir de recoller ce qui était brisé en lui mais rien n'y faisait. Il n'avait pas vu Rowena et Cinead depuis le départ de sa femme, les évitant soigneusement pour ne pas avoir à affronter leurs regards, ou bien pour leur expliquer pourquoi Moïra et Eimhir étaient partit loin de leur demeure alors que le froid faisait rage. Ils étaient au cœur de l'hiver et aussi certainement que le sol était gelé, le cœur du Laird n'était pas dans un meilleur état. Alors, quand la neige l'empêchait d'aller se promener, il s'enfermait dans son étude pour travailler, envoyer des corbeaux, tenter de crée une coalition entre Ragnhall et lui bien que ce personnage le répugne au plus haut point. Il tentait également de joindre Mérida DunBroch pour avoir une entrevue avec elle, pour avoir des explications sur ce qui c'était passé lors du banquet car non, cela ne restera pas impuni mais avant de se jeter corps et âmes dans un combat : Aodhan devait savoir à quoi il devait s'attendre car au retour du printemps, il repartirait en guerre. Malgré la naissance de son bébé, si tout ce passait bien, il remontrait sur son cheval pour aller se battre et priait presque pour y mourir. Son mariage était à un point de non retour, les MacGuffins s'étaient alliés avec les DunBroch, il ne savait plus quoi faire, quoi penser. Bref, il était perdu. La tête dans ses mains, les coudes posés sur la table, il attendait. Quoi ? Lui-même ne le savait pas. Les yeux fermés, il tentait de trouver les mots adéquates pour envoyer une lettre à Mérida. Des mots haineux, durs lui venaient en tête mais en faisant ça : il ne pourrait jamais discuter calmement avec elle. Cela remettrait de l'huile sur le feu.
Alors, il décida de se lever, de quitter la pièce en prenant soin de bien se couvrir étant tout simplement mort de froid. Il commençait à se faire tard, la plus parts des gens étaient dans leur appartement, tous le monde ? Non. En passant devant la salle d'arme, il remarqua une lumière. Il y rentra pour savoir qui s'entraînait et en voyant Rowena ne pût s'empêcher de sourire. Ainsi donc, sans bruit, il contempla la merveilleuse femme qu'était devenue sa sœur. Aodhan savait que bientôt il devrait la marier, il n'en avait pas envie mais il n'allait pas avoir le choix. Une part de lui partirait avec elle, son côté enfantin qui lui avait valut une belle cicatrice maintenant caché par sa barbe au coin de ses lèvres. Leur père ne supportait pas que son fils aîné puisse jouer de façon puérile avec sa sœur. De plus, il l'incitait à apprendre l'art de l'épée alors forcément, Daividh n'était pas du tout, mais alors pas du tout d'accord. Emmitouflé dans son épais manteau de fourrure, Aodhan la couvait du regard. Lorsqu'il la vit se retourner, un grand sourire s'afficha sur son visage. Rowena avait le don pour chasser les idées moroses de son frère, elle avait le don de le remettre en selle rien qu'avec sa présence :

« Ma chère sœur, que vais-je faire de vous ? »

Il ne pouvait pas prendre une voix sérieuse en disant cela. Aodhan était fier de pouvoir dire que sa sœur commençait à savoir se battre. Ainsi, elle pourrait défendre son clan si le besoin se faisait sentir.

« N'avez-vous pas appris ? Votre garde doit être plus basse pour pouvoir protéger votre ventre. »

Aodhan s'installa sur un banc, il fit signe au maître d'arme qui était exaspérée de voir que le laird ne disait rien à sa sœur, de continuer. Pourtant, en voyant que ce dernier n'y mettait pas de la bonne volonté, il le renvoya presque violemment ne supportant pas que sa sœur n'est pas le meilleur des apprentissage. Il se leva donc, avant de sortir sa propre épée :

« Voyons ce que vous avez appris. »

L'hiver. Une période si chère au coeur de Rowena, une période qui l'envahissait d'une grande quiétude, d'un calme rare et d'une parfaite sérénité. Une période qui lui rappelait tous les contes, les mythes et les légendes transmis par sa maman alors qu'elle n'était encore qu'un nourrisson. Une période bénie aux yeux de la belle. Les années précédentes lui avaient offert ce genre d'hiver mais aujourd'hui, tout semblait vouloir basculer dans le vide abyssal…
Cet hiver là était synonyme de guerre, de pertes, de départs, de colères, de larmes, d'angoisse et de lassitude. Rowena était habituellement d'une nature plutôt optimiste, une véritable battante qui refusait l'échec, prenant la devise familiale à coeur. Elle se fichait de l'adversité, elle était entourée des deux hommes de sa vie, elle pourrait tout surmonter. Mais que faire quand l'un d'entre eux commençait à flancher ?
Aodhan était l'ainé, elle lui vouait une admiration sans borne. Encore aujourd'hui, elle se promis de ne pas le laisser tomber, de le soutenir dans la difficulté. Elle se devait d'être là, droite et fière, souriante, ne montrant aucun signe d'une quelconque contrariété malgré le départ de sa belle-soeur et de sa nièce qui l'affectait profondément, mais certainement pas autant que lui.
Une épreuve de plus. Comme si le clan avait bien besoin de ça en ce moment. Rowena en voulait à Moïra même si elle ne lui avait pas encore avoué. Elle lui en voulait de trahir les promesses qu'ils s'étaient tous faites. Elle lui en voulait d'ébranler la cohésion familiale. Celle qu'elle considérait comme sa propre soeur venait de la blesser terriblement et elle n'acceptait pas sa fuite. Un Macintosh ne fuit jamais devant les difficultés, il les affronte, peu importe leur importance.
Elle ne connaissait pas vraiment les raisons de ce départ, ne se mêlant pas des problèmes de couple de ses frères, mais elle lui en voulait tout simplement d'abandonner ainsi Aodhan.
Ces nombreuses pensées négatives cogitaient dans l'esprit de la belle et l'empêchait de se détendre, malgré l'heure tardive. Elle prit la décision de se défouler un peu afin d'évacuer la tension qui envahissait tout son être et fit appel au maître d'arme. Ce dernier fut particulièrement ravi d'être trainé dans la salle d'entrainement à une heure pareil.

-"Mademoiselle Macintosh, sans vouloir vous manquer de respect, nous avons tous eu une longue journée…"

-"J'ai besoin de m'entrainer et vous êtes en charge de mon évolution guerrière, n'est ce pas ?"

Elle prit un malin plaisir à l'ennuyer, lui qui n'était pas forcément d'accord avec le fait qu'une femme ose toucher à une épée. Il ne se gêna d'ailleurs pas pour lui répondre :

-"Disons que je suis en charge de celle de vos frères, surtout…"

-"Mes frères seraient fiers de voir que nos jeux enfantins ont éveillés en moi d'autres vocations plus adultes. Allez, en garde cher maître !"

Sans que le pauvre homme n'est eu le temps de rétorquer, Rowena avait saisit son épée et commençait farouchement à l'attaquer. Elle ne se débrouillait pas si mal que ça, surtout pour une demoiselle, même si elle savait qu'elle n'atteindrait jamais le niveau de perfection de ses frères. Ils étaient vraiment doués et cette pensée la remplissait de joie. Elle en était persuadée, la victoire était au bout de leurs armes et elle la sentait proche. Le couronnement de son ainé n'était plus qu'une question de temps.
Alors qu'elle se donnait à fond dans l'échange, elle sentit une présence l'observer. Elle ressenti la présence d'Aodhan avant même de voir son visage. Leur sang était lié tout comme leurs âmes et le manque qu'il avait créé ces derniers temps renforça ce sentiment.
A peine eut-il prononcé quelques mots qu'elle accouru vers lui, se jetant dans ses bras. Joue contre joue, elle ferma un instant les yeux pour mieux s'imprégner de lui avant de se détacher lentement.

-"Aodhan ! Vous cherchiez à éviter votre soeur ? Voilà bien trop longtemps que ma route n'a pas croisée la votre !"

Elle fronça les sourcils d'un air faussement fâché avant d'éclater de rire.
Après lui avoir donné un conseil à propos de sa garde, Aodhan s'assit sur le banc. Rowena se remit sérieusement garde, motivée par la présence de son frère à qui elle souhaitait montrer ce dont elle était capable. Mais ce dernier était exigent et visiblement, le manque de motivation du maître d'arme eu raison de lui. Il le congédia et se leva pour le remplacer. Elle ne pu s'empêcher de sourire.
Cette situation fit remonter tant de choses à la surface. Tant de souvenirs passés, de jeux d'antan, comme une délicieuse Madeleine de Proust, une complicité retrouvée qui chassa en un instant toutes ses angoisses.

-"Vous osez me défier, vil personnage ! Vous allez tâter de mon épée, je vous ferais regretter de vous en prendre à une pauvre jeune femme sans défense !"

La voilà revenue bien des années en arrière. Elle aimait ce genre de moments fraternels et elle s'estimait chanceuse de pouvoir ainsi bénéficier d'un entrainement intensif auprès de quelqu'un d'aussi doué que son frère.

Oui il fuyait sa famille. Aodhan ne supportait qu'on le prenne presque en pitié même si son frère et sa sœur n'étaient pas ce genre de personne. Il ne voulait pas qu'on le plaigne, il ne voulait pas qu'on l'aide, il devait être fort en public qu'importe les situations, qu'importe que son esprit soit ravagé et en proie à la douleur. Non. Jamais il ne montrerait tout ça à sa famille. Il serait le roc qu'il à toujours été. En regardant Rowena, le laird savait que jamais elle ne le laisserait tombé. Moïra était partit, les trois MacIntosh revenait à la case départ enfin non. Jamais ils n'avaient été dans cette situation puisque à la mort de leur père, sa femme était déjà présente dans le château. Ce départ pourrait permettre aux frères et à la sœur de se retrouver. Depuis combien de temps n'avaient-ils pas partager un moment de paix ? Aodhan aspirait aujourd'hui à retrouver ces moments, il savait qu'il trouverait une solution en se tournant vers sa famille et à leur soutien sans faille. Cinead d'abord grâce à leur entrevue dans la forêt mais également Rowena. Sa chère Rowena. Aussi fort qu'il aimait sa fille et sa femme : jamais elles ne pourraient prendre la place de sa sœur dans son cœur. Plus que jamais il avait besoin d'elle. Elle serait toujours à ses côtés aussi certainement que le serait Eimhir puisque la tante et la nièce avaient une sorte de lien indéfinissable mais très fort. Cela enchantait Aodhan de savoir que sa fille serait choyer si... Cette idée ne pût jamais aboutir puisque sa sœur se jeta dans ses bras. Alors, délicatement, il sortit de sa torpeur en passant ses bras autour d'elle pour la serrer contre lui. Son visage dans ses beaux cheveux bouclés, il se sentait détendu. Il avait l'impression d'être chez lui, dans ces bras familiers, il en oubliait presque tout ce qu'il l'attendait en sortant de cette pièce.

« Que nenni ma sœur ! C'est un affront que vous me faites en disant cela ! Avec la saison des neiges, nous seront amenés à nous voir plus souvent croyez-moi bientôt vous prierez pour que le printemps revienne ! »

On était bien loin de sa voix autoritaire, de son tempérament de chef de guerre ou bien de laird. Non. Il était juste Aodhan MacIntosh : l'aîné. Son rire aquilin emplissait la salle d'entraînement comme il l'avait toujours fait. Rowena était toujours dans ses pattes voir leurs pattes quand Aodhan entraînait son frère. Cela lui avait valut des remontrances même de la part de son aîné mais peu importait. Elle était comme ça, elle ne changerait pas et son aîné ne le voulait surtout pas. Bon sur certains points peut-être mais sa personnalité faisait qu'elle trouverait un mari digne et qu'elle ne serait jamais totalement soumise. De toute façon : un MacIntosh ne pouvait être enchaîné. La preuve : malgré l'heure, ce petit bout de femme qui avait hérité de tous les défauts et les qualités des MacIntosh, s'entraînait. Son maître d'arme lança un appel à l'aide du regard en voyant son laird mais il savait qu'il ne trouverait pas un allié chez Aodhan. Il était pour que les femmes sachent manier l'épée grâce à Tamara qui l'avait façonné à son image et avait toujours dit de lui qu'il serait un laird exemplaire. Il avait beau aimer respecter les traditions, certaines ne convenaient pas au temps qui courrait. L'aîné alla s'installer sur un banc pour regarder la suite de l'entraînement, pourtant, en voyant que le vieux William n'y mettait pas du sien, il décida de prendre lui-même en main l'enseignement de sa sœur. Comme au bon vieux temps. Échanger quelques passes ne lui feraient pas de mal. Posant son manteau, il sortit son épée, l'épée de leur père et se mit en garde. En entendant la jeune femme parler ainsi, Aodhan se mit à rire :

« Pauvre femme sans défense ? Vous avez vu l'heure ? Les pauvres femmes sans défense sont couchées à cette heure-ci ou bien dans la nature à attendre que leur prince arrive. En garde maintenant ma sœur. »

Si tous les mots avaient été dit avec humour et légèreté. Les cinq derniers furent beaucoup plus dur. Aodhan avait perdu son rire : on ne rigolait pas pendant l'entraînement. A peine avait-il parlé, qu'il attaqua piquant de la pointe de son épée le ventre de sa sœur :

« Votre garde ! »

Rowena voulait s'entraîner, soit. Aodhan décida d'agir comme avec le jumeau de la demoiselle. Ainsi, elle serait aussi forte qu'eux. Naturellement, il ne lui ferait pas mal ou ne la frapperait pas comme il avait pût le faire avec Cinead. Il donna un coup dans son épée pour la remettre en garde et attendit qu'elle attaque à son tour pour qu'il puisse riposter et lui montrer comment faire :

« Votre tour ma chère. »

Rowena avait pu constater de nombreuses fois que sa chère nièce avait les mêmes yeux qu'Aodhan. La même flamme qui s'y reflétait, semblable à tous les membres de la fratrie, le même courage et la même malice. Quand elle la regardait, elle se revoyait petite fille. Une petite princesse un peu rebelle comme elle avait pu l'être elle-même. Eimhir était si chère à son coeur et son absence lui faisait défaut. Elle n'avait plus grand monde avec qui partager ce bout d'enfance qu'elle affectionnait tant. Eimhir lui manquait terriblement à elle aussi, c'était indéniable.
Elle n'osait s'imaginer la douleur ressentie par son frère alors que le fruit de ses entrailles évoluait bien trop loin de la demeure familiale. Rowena l'admirait pour cette impassibilité légendaire. Il ne montrait rien, son visage restait neutre. Et pourtant, elle pouvait quand même ressentir la tristesse et le vide qui émanait de lui. Mais elle savait que durant ces quelques instants sereins, il y pensait un peu moins, alors elle faisait en sorte de lui les faire vivre pleinement. Aussi intensément qu'elle le pouvait.
Sa remarque sur le fait qu'une demoiselle aspire à rencontrer un beau prince charmant la fit rire à nouveau. Rowena n'était pas de ces femmes là en attente d'amour absolu. Bien sûr, elle rêvait de fonder une famille mais l'image du Prince Charmant lisse et bien élevé la rebutait. Elle voulait un Prince à l'image de ses frères : libre et indépendant, sauvage et courageux, téméraire et protecteur mais pas trop, juste comme il faut. Un prince qui saurait l'aimer dans son intégralité, qui saurait la prendre toute entière, avec ce caractère tempétueux. Un prince qui accepterait qu'elle soit éternellement insoumise et parfois même imprévisible.

-"Je fais confiance à votre bon sens, cher Aodhan, vous saurez me trouvez le candidat idéal, n'est-ce pas ? Un prince aux épaules assez solides pour supporter toute la sauvagerie de votre soeur bien-aimée !"

Elle se mit en garde tout en pensant à ce qu'elle venait de dire. Effectivement, c'était à lui de la marier et ce jour tant redouté approchait à grands pas. Rowena possédait ce petit coté romantique qui la faisait croire aux coups de foudre. Elle ne voulait pas se marier pour une quelque raison politique ou parce qu'il s'agissait là du devoir d'une fille de bonne famille. Elle voulait se marier parce que son coeur battrait la chamade dans sa poitrine en le voyant et parce qu'elle n'aurait aucun doute possible sur ses sentiments. Malheureusement, ce jour n'était pas encore arrivé et l'obligation serait quand à elle bientôt là.
La pointe de l'épée de son ainé venait lui prouver une fois de plus qu'elle avait la tête ailleurs et elle se ressaisit rapidement.

-"C'est la joie de vous revoir qui me fit perdre mes moyens. Mais vous avez raison, je ferais abstraction de mes sentiments pour vous, désormais ! Ahah !"

Elle se remit en garde puis attaqua à son tour. Elle n'avait point l'espoir de battre Aodhan mais l'envie de le surprendre ne serait-ce qu'un tout petit peu. Elle lança un coup d'épée vif et rapide, se concentra sur sa garde et sur les mouvements de son frère afin d'enchainer le plus possible de coups sans se faire à nouveau toucher.
Après quelques échanges, elle ralentit un peu le rythme, hésitant à aborder le sujet du départ de Moïra. Estimant que cela ne la regardait pas vraiment mais espérant pouvoir soulager son frère qui en avait sans doute gros sur le coeur, elle osa tout de même une seule phrase qui laissait entendre le fond de sa pensée :

-"Si vous refusez de me confier les soucis que vous estimez à tort trop lourds pour mes frêles épaules, les avez-vous au moins confié à Cinead ?"

Elle l'accompagna d'un sourire d'une tendresse infinie, un sourire qui était directement adressé à Aodhan et qui pouvait lui témoigner tout le soutien dont elle était capable.

Ceux qui connaissaient le laird pouvaient voir que ce dernier souffrait le martyr intérieurement même s'il ne le montrait pas. Il ressentirait la même douleur lorsque sa sœur devra partir avec son mari sur des terres qui lui seront inconnus. Aodhan était proche de sa famille, peut-être trop proche selon certain mais il se moquait de ce que pouvait dire les autres. La famille est ce qui reste à la fin de tout, dans les derniers instants ce ne sont pas les amis mais bien les gens du même sang. Eimhir partie, Moïra également, Aodhan se tournait vers les jumeaux pour chercher du réconfort et y puiser la force dont il avait besoin car ce n'était pas le moment de faire dans les sentiments. Les rumeurs disant que Moïra avait quitté le château ne tarderaient pas à monter aux oreilles de ses ennemis et il n'avait pas envie que ces derniers en profitent pour le détruire. Il se devait donc de rester fort quoiqu'il arrive bien que mentir à sa sœur ou à son frère lui coûtait. Après tout, il avait toujours été pour eux un modèle de droiture, un exemple à suivre et il n'avait clairement pas envie de perdre ce statut qui s'ajoutait à celui d'aîné de la famille. Il se devait d'être là pour son frère et sa sœur : qu'importe ce qui ce passait dans sa vie. Rowena ne croyait pas au prince charmant, elle avait trop rapidement été plongé dans le monde des hommes pour pouvoir y croire. Si une autre fille aurait vu le jour, peut-être se serait-elle assagit et encore. Aodhan n'était pas du tout persuadé de cette option. C'était dans ses gênes d'être comme ça point final.

« Je vous trouverai un homme qui vous mérite surtout ma sœur, je ne vous vendrai pas au plus offrant comme père l'aurait fait. Mon bon sens sera de mise, mais le choix vous appartiendra au final, vous le savez très bien Rowena. »

Marier sa sœur à un homme odieux, qui ne la méritait pas : il n'en était pas question. Il voulait la savoir heureuse même si pour cela elle devrait attendre encore quelques années. Jamais, au grand jamais, Aodhan la forcerait à se marier avec un homme qu'elle ne veut pas. Il n'était pas ce genre de Laird et ne le sera probablement jamais. Sa Rowena ferait un mariage heureux et qui sait : un jour son mari lui demandera de se mettre en garde pour échanger quelques coups durant un combat. Mais si sa sœur était encore dans ses pensées, elle raterait la perle rare ou pire pourrait perdre la vie durant un combat. Sait-on jamais ce que le destin réservait. Lorsqu'elle sortie une excuse absurde, il leva un sourcil tout en souriant. Elle voulait toujours avoir le dernier mot, pourquoi ce trait de caractère lui rappelait le sien ? Combien de fois c'était-il fait frappé par son père à cause de ce répondant qui sortait malgré la résistance d'Aodhan ?

« Bien sûr que vous devez faire abstraction de vos sentiments pendant un combat ! Soyez focalisé sur votre épée, sur celle de votre ennemi, garder en tête qu'un moment d’inattention et vous mourrez. »

Aodhan savait que le maître de guerre qui était en lui n'était jamais bien loin même quand il était avec sa sœur. Cela était un avantage puisqu'il était toujours prêt à croiser le fer mais un désavantage car parfois il ne se rendait pas compte qu'il avait une femme devant lui. Rowena n'avait apprit que tardivement l'art de l'épée et pas en continue. En voyant sa sœur reprendre contenance, Aodhan se mit à sourire, à rire presque :

« Bien... Excellent... Parfait sentez la puissance de la lame.... Il faut qu'elle soit une extension de votre bras ! »

A ce moment précis, sa sœur n'était plus une femme mais bien un homme. La dextérité de ses mouvements, la rapidité à laquelle sa main bougeait montrait bien qu'elle avait fait des progrès mais cela montrait quelque chose de bien plus fort. Pour son frère, elle donnait le meilleur d'elle-même ce qui toucha indirectement le laird. Lorsqu'il vit Rowena ralentir, il fit de même et lorsqu'elle parla s'arrêta en soupirant. Il regarda le sol un bref instant, salua avec son épée mettant fin au combat avant de la ranger. Aodhan s'approcha de sa sœur pour glisser son bras autour de ses hanches, l'attira vers lui pour déposer un baiser dans ses cheveux. C'était le premier geste qu'il avait fait en voyant les deux jumeaux après leur naissance. Il avait apprit la nouvelle ici tandis que son père l’entraînait. Un temps lointain qu'Aodhan regrettait presque. Après ce baiser témoignant de tout l'amour qui pouvait porter à sa sœur, il s'écarta pour aller s’asseoir et inviter Rowena à faire de même. Une fois qu'elle fut assis, il prit son manteau pour la recouvrir également. En faisant cela, il créait une sorte de cocon, rien qu'à eux. Cela serait plus facile pour son frère de se confier.

« Rowena... »

Souffla-t-il, il avala sa salive, colla son front près de celui de sa sœur. Il devait trouver les mots... Il devait les trouver mais ne savait pas par quoi commencer. De Moïra ? Du bébé ? De son projet pour Cinead qui aurait besoin de sa sœur ? Finalement, après une grande inspiration il se jeta du haut de la falaise des confessions :

« Moïra est enceinte.. Elle à voulut garder le secret pour me protéger, comme vous le savez nous n'avons pas eut de chance ces dernières années... Je l'ai appris de la pire façon qu'il soit : par des paysans, par hasard... Durant notre querelle où j'essayais de lui faire comprendre la honte qui s'abattait sur moi puisque je n'étais pas le premier au courant, j'ai osé mettre en doute sa fidélité à tort mais... Cela m'a tellement blessé... Je me sentais trahi et plus que tout : seul... »

En disant ce monologue, car oui pour lui ça en était un vu que ces derniers temps il ne parlait plus, il tentait de ne pas s'énerver de nouveau ou bien montrer à sa sœur combien il avait souffert et souffrait de cette situation.

« Elle à préféré partir pour apparemment nous laisser du temps, nous permettre de nous reconstruire mais je n'y crois plus. Elle à franchit une ligne qu'il ne faut jamais franchir avec moi:trahir ma confiance. »

Sa respiration se faisait plus profonde, plus bruyante, pour tenter de garder un semblant de fierté même si Rowena était sa sœur.

« J'ai demandé qu'Eimhir l'accompagne pour tenter que la mère et la fille se rapproche mais je sais pertinemment que jamais ma fille ne lui pardonnera non plus. Je... Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me cache quelque chose comme cela... Vous mieux que quiconque vous savez que j'aspire à de nouveau être père même si c'est encore une fille... »

Les paroles réconfortantes de son ainé rassura beaucoup Rowena. Elle le savait juste et droit mais l'entendre dire qu'il lui laisserait le choix final quand à son futur mari lui fit du bien. Il était si différent de leur père et pourtant, elle retrouvait certains aspects en lui. Comme si Aodhan n'avait finalement pris que le meilleur.

-"Je le sais, cher Aodhan, mais vous l'entendre dire apaise grandement mon coeur."

Rowena avait 25 ans et elle savait que le choix fatidique approchait à grands pas. Bon nombre de ses connaissances féminines étaient déjà mariées ou au moins promise à un homme. Aodhan s'entendait parfois reprocher le laxisme dont il faisait preuve envers sa petite soeur et malgré cela, il ne la brusquait pas, attendant patiemment qu'elle soit prête à s'engager. Elle se demandait si au final lui aussi n'appréhendait pas un peu le jour où il devrait la laisser partir. Mais cette situation ne pourrait durer éternellement, ils en étaient tous les deux conscients.
En attendant, c'était de ses sentiments à lui dont il était question et elle voulait en savoir un peu plus sur ce qui le rongeait aussi durement. Aodhan stoppa l'entrainement, visiblement prêt à se livrer un peu plus. Il prit le temps de s'assoir, elle le rejoint et une bulle intime se créa entre eux d'eux. Le temps des confidences était arrivé et c'est avec une attention toute particulière que Rowena était prête à accueillir les paroles de son ainé.
Les longues minutes silencieuses apparurent comme une éternité, la belle ressentit une boule dans le ventre, s'attendant au pire. D'ailleurs, la nouvelle qu'il lui apprit estomaqua Rowena qui en resta bouche bée.
Mais ce qui lui fit le plus de la peine, c'était d'entendre que son frère se sentait seul. Elle ne supportait pas qu'on lui fasse du mal, pire encore qu'on l'abandonne. Et bien qu'elle adorait Moïra, son frère passerait toujours en premier.

-"Oh, mon frère, je suis si désolée d'apprendre que vous avez du vivre cette épreuve tout seul…J'aurais du deviner que quelque chose vous tracassait mais je n'ai pas osé me mêler d'avantage de vos affaires…"

Sa voix était reflétait une certaine culpabilité, comme elle la ressentait à chaque fois qu'elle avait le sentiment de ne pas être à la hauteur avec lui. Elle voulait attendre qu'il vienne lui parler de lui-même, ne souhaitant pas remuer le couteau dans la plaie, attendre qu'il soit prêt à venir se confier à elle. Mais en entendant qu'il se sentait seul, elle eut un douloureux pincement au coeur.

-"Je n'ose imaginer votre douleur et votre déception. Mais après tout, elle n'est qu'humaine, comme nous tous. N'avons-nous jamais fait d'erreur ? J'ose penser qu'elle a immédiatement regretté son attitude et qu'elle est venue vous présenter ses excuses les plus sincères. Prenez le temps de mesurer tout l'amour que vous lui porter avant de prendre une décision trop hâtive, Aodhan."

Rowena pensa également à la pauvre Eimhir, déchirée ainsi entre son père et sa mère. Connaissant le caractère de sa nièce, elle se doutait qu'elle n'avait pas du accueillir la nouvelle avec joie. Ne voulant pas profiter de l'absence de Moïa pour l'enfoncer davantage, elle se permit tout de même une petite franchise :

-"Je ne crois pas que la fuite soit la meilleure des solutions. Depuis quand abandonnons-nous le clan dès qu'une difficulté apparaît ? Est-ce cela la devise des Macintosh ? Fuir devant le destin ? Non, je ne crois pas…"

Elle saisissait néanmoins le désir de solitude d'Aodhan mais elle lui fit savoir qu'il ne serait pas seul face à l'adversité :

-"Vous êtes ce que j'ai de plus cher au monde. Et aussi fier et orgueilleux que vous puissiez l'être, aussi têtu également, sachez que je le suis au moins tout autant. Je refuse de vous voir ainsi vous isoler. L'esprit d'une dame n'est pas toujours facile à cerner, n'est-ce pas ? Et le coeur de votre belle est parfois tumultueux. Mais ayez foi en vous, en votre coeur, en la vie elle-même. Nous savons tous les deux qu'elle vous réserve un bel avenir et un destin des plus prometteurs. Essayez de pardonner et d'apaiser votre âme. La naissance d'un petit être est une chose merveilleuse et je sais combien cela compte pour vous."

Rowena posa doucement sa main chaude contre la joue de son frère, lui caressant le visage du bout des doigts en lui murmurant à l'oreille :

-"Ayez confiance…Je vous aiderais de mon mieux à surmonter tout cela…Dites moi ce que je peux faire pour vous soulager et je m'exécuterais sur le champs…"

Même si tout ne semblait pas si évident en ce moment, Rowena ne pouvait se résoudre à perdre espoir et foi en un avenir radieux pour elle et ses frères.

Bien sûr que Rowena savait qu'elle aurait le choix de son époux au final. Aodhan n'était pas un monstre, il n'était pas son père ou bien Connor : il estimait que les femmes avaient autant le droit de choisir que les hommes. Ce n'était pas parce qu'elles pouvaient enfanter qu'elles devaient rester cantonner à ce devoir. Une femme vivait beaucoup mieux sa grossesse quand elle était heureuse. C'était une évidence qu'il avait comprit avec le temps mais surtout avec les deux fausses couches de sa femme. Ils avaient perdu les bébés alors qu'ils se disputaient constamment. Aodhan ne pouvait en être sûr mais il le pensait de tout son cœur. Cela semblerait tellement évident... Cela rassura sa sœur et il le comprit tout de suite en voyant l'expression de son visage. S'il avait pût la rassurer alors il était satisfait. Rowena devait toujours gardé en tête que son frère serait toujours de son côté et que même si son mariage tournait mal : elle pourra toujours avoir le soutien du Laird. Tuer quelqu'un pour défendre sa sœur ne le dérangeait pas le moins du monde. Elle faisait partie des joyaux de sa vie tout simplement. C'est sûrement pour cela qu'il eut envie de se confier alors que sa cadette semblait inquiète de son état. Il aurait été monstrueux de sa part de la laisser ainsi dans l'inquiétude c'est pourquoi, ouvrir son cœur était nécessaire. Aodhan estimait avoir fait et fait souffrir assez de personnes comme cela. Pourtant, il fallut du temps au Laird pour trouver des mots, sa bouche semblait incroyablement sèche d'un coup. Malgré tout, comme les MacIntosh ne reculaient devant rien, il prit son courage à deux mains et mit fin aux longues minutes de silence qui c'était installés. En parlant de la grossesse, de la dispute avec sa femme, une boule dangereuse se forma à nouveau dans sa gorge mais il n'était pas question de céder à ces larmes, surtout pas devant sa sœur. Avouer qu'il se sentait terriblement seul n'était pas facile, encore moins devant Rowena car quoiqu'elle dise : il n’apparaîtrait pas faible devant elle, sous aucun prétexte. Elle devait gardé une bonne image de aîné. Aodhan n'avait pas envie que cela change. Sa cadette s'en voulut immédiatement de ne pas s'être rendu compte de ce mal qui rongeait son frère. Ce dernier, ne pouvait qu'hocher négativement de la tête : bien sûr que non ce n'était pas de sa faute. Et puis quoi encore ?

« Ne vous blâmer pas ma sœur. Vous avez bien fait, je n'aurais pas accepté que vous vous en mêliez. C'était à moi de venir vers vous pour vous le dire et non à vous de venir pour que je vous le dise. »

Il embrassa de nouveau le front de sa sœur pour apaiser son esprit, lui montrer qu'en aucun cas il ne lui en tenait rigueur bien au contraire. Aodhan se serait refermé comme une huître si sa sœur avait essayé de lui tirer les vers du nez. Le laird se ferma néanmoins en l'entendant affirmer que l'erreur était humaine, que lui aussi en avait fait. Naturellement qu'il en avait déjà fait, qu'elle était venue s'excuser tout de suite mais une part de lui n'arrivait pas à oublier ce non dit. Chose totalement idiote puisque l'autre partie de lui ne voulait qu'une chose : lui envoyer un corbeau pour qu'elle revienne immédiatement au château. Mais cette idiotie que l'on appelle fierté, Aodhan n'arrivait pas à s'en défaire.

« Oui, l'erreur est humaine, j'en ai fais peut-être même plus qu'elle mais jamais vis à vis de notre mariage. Comprenez ma sœur... Je ne suis pas un monstre... Je veux dire par là que j'étais capable d'entendre cette nouvelle, elle m'aurait plus que ravie avec les temps qui courent. En aucun cas je ne me serai énervé L'apprendre de quelqu'un d'autre me dégoûte profondément. Cela entache inévitablement mon bonheur. J'aimerai me réjouir mais l'idée que Moïra m'est cachée sa grossesse car elle pensait que c'était le mieux pour moi me blesse. Je ne suis pas un faible. J'aurai supporté cette nouvelle même si j'aurai eut peur comme j'ai peur à l'instant qu'elle ne meurt en couche avec le bébé. La moitié du royaume était au courant avant moi... Trouvez-vous cela normal ? »

Aodhan tentait désespérément de faire comprendre son point du vu à sa sœur. Le laird était abattu par cette nouvelle. Il état victime d'un trop grand amour pour sa femme et de ce fait : un combat entre la raison et son cœur faisait rage en lui. Rowena marqua un point en ajoutant que chez les MacIntosh : on ne fuyait sous aucun prétexte.

« Je le sais bien Milady, mais... Vous savez que je ne peux guère m'opposer à Moïra et même si mon orgueil me disait le contraire : je l'ai laissé partir. Cette décision est venue d'elle, je ne suis pas responsable de son départ et j'espère qu'elle en est consciente. Je voulais qu'elle reste, qu'on trouve une solution petit à petit mais non. Elle à prit la décision de partir. »

Pourquoi était-ce si difficile à vivre, à admettre ? Quelque chose s'était brisé entre eux et le seigneur ne pouvait dire si cela s'arrangerait un jour. Il espérait de tout son cœur que cela soit le cas malis malheureusement, il n'y croyait plus. Aodhan avait un mal fou à positiver en parlant de son mariage, il savait que si jamais ils devaient se séparer quelques temps, Eimhir resterait à ses côtés. Il avait besoin d'elle et son absence en était la preuve. Sa fille lui manquait, le fruit de ses entrailles était loin de lui et cela le tuait. La main chaude de sa sœur sur sa joue le sortit de sa torpeur, il écouta ses paroles attentivement. Il vit alors en elle leur mère, avec ses conseils avisés qui faisait la moral à Aodhan en l'accusant de trop se refermer sur lui-même, de ne pas assez s'ouvrir. Rowena avait raison, la naissance d'un enfant était quelque chose d'inespéré et à vrai dire, le laird n'y croyait plus. Alors, doucement il posa sa main sur celle de sa sœur et ferma quelques temps les yeux.

« Vous avez raison ma sœur. »

Il attrapa délicatement sa main pour y déposer un baiser avant de la garder dans la sienne :

« Il n'est rien que vous puissiez faire Rowena, vous avez raison : je suis orgueilleux, fier, têtu mais je ne veux pas que vous voyez en moi un homme faible. Je veux rester quoiqu'il arrive un modèle dr droiture, une béquille sur laquelle vous pouvez vous appuyer si le besoin se fait ressentir. J'entends ce que vous dites, je le note dans un coin de ma tête. Je viendrai vous voir à l'avenir. Je vous prie de ne pas vous jeter la pierre. Vous avez fait beaucoup de chose, à vrai dire, votre présence suffit pour m'apaiser. Depuis que vous êtes née, Cinead et vous avez toujours sût apaiser mes sentiments et vous m'avez permit de voir plus clair un bon nombre de fois. C'est pour cela que je ne regrette pas toutes les corrections que je me suis prise par notre père. »

Le regard plongé dans celui de sa sœur, un frisson le parcourut et il resserra l'étreinte du manteau pour mieux couvrir sa sœur et lui-même. Il ne se sentait pas très bien à vrai dire.

« Vous pensez qu'Eimhir ne va pas être trop jalouse de ce nouveau née ? »

Aodhan avait peur que sa fille réagisse mal à l'arriver d'un nouvel enfant. Après tout, cela faisait 13 ans qu'elle était fille unique. Malgré tous les enfants qui naiteront du couple Moïra/ Aodhan, Eimhir restera sa perle, le joyau de sa vie :

« Je crois que jamais je ne pourrais aimé un autre enfant autant qu'elle... »

Et cette idée lui glaçait le sang. Il aimait tellement sa fille qu'il avait l'impression de ne plus avoir d'amour pour un autre enfant. A vrai dire, même s'il voulait que la relation mère/fille s'arrange, il était bien content de savoir que sa fille était derrière lui et lui rendait cet amour inconditionnel.

A cet instant précis, Rowena pris totalement conscience de l'amour qu'elle portait à son frère. Elle savait l'intensité de son attachement, certes, mais là, à cette seconde précise, elle pouvait le mesurer entièrement. Ce qu'elle ressentait la submergeait, un mélange de peur, d'angoisse, de joie, d'amour, tant de sentiments qui la rendait plus vivante que jamais. Elle se savait chanceuse, incroyablement chanceuse de connaitre une telle fraternité. Chaque jour, elle remerciait la vie de sauvegarder cette union là, de les sauvegarder tous les trois malgré la dureté du monde extérieur.

-"Je mourrais pour vous, Aodhan et vous le savez. Je sais mieux que quiconque ce que vous essayez de cacher, là, au fond de votre coeur. Et je sais pertinemment que vous n'êtes pas un monstre, vous êtes quelqu'un de bien, vous êtes le futur roi d'Ecosse, n'est-ce pas ?"

Elle posa la main sur la poitrine de son frère et sourit. Elle croyait tellement en lui et tous deux avaient un objectif commun, celui de la couronne. Non seulement elle le soutenait dans son rêve mais elle espérait au moins autant que son frère qu'il accède à la royauté. Tout simplement parce qu'elle ne connaissait par coeur et qu'elle ne voyait personne d'autre sur le trône. Elle le savait fait pour cela, de par sa justesse, sa bonté et son courage.

-"Vous avez beau être la personne la plus solide et la plus courageuse que je connaisse, vous n'en êtes pas moins humain, cher frère, et c'est aussi cela que j'apprécie chez vous. Il est normal que vous souffriez, et croyez-moi, si j'en avais la possibilité, je partagerais votre douleur, je vous arracherais ce mal-être du coeur pour qu'il puisse enfin s'apaiser. Tout ce que j'ai la capacité de faire, c'est de vous offrir mon épaule. Alors profitez-en un peu et soufflez un instant…"

Rowena essaya d'apaiser également sa propre colère. Au fil des mots confiés par son frère, elle se sentait elle-même déçue par Moïra mais elle ne le montra aucunement, ce n'était pas elle la victime mais bien Aodhan. Peut-être aurait-elle une longue et ennuyeuse discussion avec sa belle-soeur à son retour, une discussion de femme à femme, à coeur ouvert afin qu'elle puisse lui dire en face ce qu'elle pensait de la situation. En attendant, c'est avec une voix douce qu'elle tentait de remonter un peu le moral de son ainé.

-"Je ne comprends pas pourquoi elle s'est confiée au reste du royaume et non à vous. Si elle avait au moins gardé le secret pour tous, votre douleur serait sans doute moins intense, en effet, mais l'apprendre de la bouche d'une tierce personne n'est évidemment pas la meilleure façon de découvrir sa paternité. Je vous mentirais en affirmant que je cautionne son départ, je suis moi-même déçue d'une telle réaction. Mais pouvez-vous y changer quelque chose ? Aviez-nous le droit de la retenir contre son gré ? Non. Que faire à présent ? Continuer à vous morfondre ou vous poser les bonnes questions ? Vous êtes le chef, Aodhan, ne subissez pas et reprenez la situation en main !"

Rowena possédait un petit coté vieux jeu. Malgré cette rébellion constante qui vivait en elle, la belle savait se faire obéissante quand les circonstances l'exigeaient. Et lorsqu'elle était face à un chef de clan aussi juste que son frère, elle ne discutait pas, elle s'exécutait et elle aimait l'autorité dont il savait faire preuve. Un chef de clan se devait d'être ainsi.

-"N'oubliez pas qu'il est parfois nécessaire de se faire violence. Vous même, vous ne le savez que trop bien. N'oubliez pas le destin pour lequel vous êtes fait…"

Si elle n'aimait pas la méchanceté gratuite, Rowena savait que parfois certaines circonstances exigeaient qu'on dépasse ses propres limites.

-"Peut-être avez-vous également besoin de temps, autant l'un que l'autre, pour prendre un certain recul nécessaire? Qu'en pensez-vous ?"

Quand elle entendit son frère lui exprimer sa crainte de passer pour un faible, Rowena s'empressa de clarifier les choses afin d'apporter un certain apaisement :

-"Aodhan, voyons ! Je vous connais par coeur et je sais à quel point vous êtes fort ! Vous êtes l'un des deux hommes de ma vie, je sais que je peux aisément compter sur vous et rien ne pourra jamais m'enlever cette certitude. Et si je me permets de vous proposer mon aide, c'est pour que vous cessiez de porter le monde sur votre dos, même si je sais que vous en êtes aisément capable. "

Son frère aborda à présent le sujet d'Eimhir et Rowena avait là aussi son avis sur la question :

-"L'amour ne se divise pas, mon frère, il se multiplie. Et le coeur s'agrandit. Vous êtes bien placé pour expliquer à votre petite princesse à quel point une fratrie peut lui être bénéfique, n'est-ce pas ? Elle connaitra d'intenses sentiments encore inconnus pour elle, des liens insoupçonnés. Rien n'est plus fort que l'amour d'un frère ou d'une soeur, j'en suis convaincue. Et je connais ses sentiments là grâce à vous. Eimhir est assez intelligente pour comprendre tout ça et elle aussi saura aimer son petit frère ou sa petite soeur comme moi je vous aime. Quand à vous, pensez à regarder un peu plus profondément dans votre coeur et vous verrez à quel point il est immense. Il y a encore beaucoup de place, suffisamment pour tous."

L'optimisme de sa sœur commençait à gagner le cœur d'Aodhan. Elle avait raison. Il avait une chance inouï d'avoir une famille comme la sienne et il trouvait encore le moyen de se plaindre, de tout gâcher en se laissant submerger par son orgueil. Il devrait probablement remercier son père de lui avoir donné un poison aussi puissant. Car c'était la triste vérité : son orgueil, sa fierté le perdrait. En guise de réponse, il se contenta de serrer un peu plus la main de sa sœur et la remercia du regard. Que ferait-il sans Rowena ? Elle était sa partie féminine, probablement qu'elle le connaissait mieux que Moïra. Si un jour il accédait au trône, mari ou pas elle serait à ses côtés. Elle le devrait et elle sera là car telle était sa place. Comme elle le disait si bien : ils étaient fait pour être la famille royale d’Écosse par excellence. Bien sûr qu'il était un être humain, avec des sentiments bien souvent contradictoires mais présent tout de même. Les nier ne servait à rien mais les cacher oui. Aodhan ne voulait pas que sa sœur le voit faible même si cette dernière affirmait le contraire. Elle ne pourrait malheureusement pas comprendre le démon le plus puissant qui sommeillai en lui. Rowena était probablement trop jeune, elle était une femme : terce leur père à été dur avec elle aussi mais beaucoup moins qu'avec ses deux garçons.

« Jamais je ne vous autoriserais à souffrir à ma place milady. Ces maux sont les miens, les vôtres viendront bien assez tôt et tout comme vous l'êtes pour moi, je serai à vos côtés quand ils arriveront. En attendant, je vous prie de ne pas m'en vouloir d'avoir dû mal à me confier. Notre père estimait qu'un hériter avec des sentiments ne pourrait jamais aller loin et je crois que parfois je prends trop ses principes à la lettre. »

Aodhan soupira, parler de leur père avait toujours été difficile car il détestait cet homme autant qu'il l'admirait. Pourtant, en étant maintenant Laird à sa place, il comprends les choix de ce dernier, ce qui à pût le pousser à être ainsi. La perfection permettait d'arriver au sommet mais trop de perfection tuait la perfection et le talon d’Achille apparaissait bien vite. La preuve : sa femme et sa fille partie, Aodhan se sentait affreusement mal. Qu'en serait-il quand Cinead et Rowena partiraient à leur tour définitivement ? Cette étape, il ne voulait pas la franchir même s'il le devrait. Son talon d'Achille devait se reformer qu'importe le prix à payer. S'il pouvait se permettre d'être un peu faible, il ne le pourrait plus dans quelques mois à vrai dire, encore aujourd'hui il prends un luxe qu'il n'a pas. Il était évident pour le seigneur que sa sœur penserait de la même façon que lui vis à vis du départ de Moïra. Oui, Rowena était tout aussi déçue que lui. Les paroles dures de sa sœur le fit revenir à la réalité, ils étaient aussi efficace qu'un coup de poing fait par feu leur père. Aodhan se mit à sourire petit à petit : sa sœur était une meneuse. Elle n'avait en rien le caractère d'une femme soumise et il plaignait secrètement son mari d'avoir une telle furie pour femme.

« Si vous saviez comme je le sais ma sœur... Je ne peux oublier le destin qui m'est réservé, comment le pourrais-je ? Je vous rassure, ce moment de faiblesse n'est que temporaire et disparaîtra aussi rapidement qu'il est apparu. Quand vous parlez ainsi, j'ai l'impression de voir notre père et moi. Vous êtes un leader Milady, le destin vous réserve également de grande chose. »

Aodhan pensait réellement ses paroles. La vie de sa sœur ne se résumerait pas à enfanter. Elle serait une grande dame : craint et respecté de tous au même titre au son frère. Il ne tenait qu'à elle de saisir toutes les chances qu'elle avait. Du temps... Il fallait laisser du temps mais il n'en avait pas. Le temps filait déjà entre ses doigts à l'instant même où il parlait avec sa sœur. Le temps était précieux et compter.

« Que je n'ai pas de temps. »

Voila la seule réponse qu'il pouvait donner à sa sœur bien aimé. La seule qui lui semblait juste, presque valable. Rowena lui avait demandé de parler de ses sentiments, Aodhan le fit donc en affirmant qu'il avait peur de passer pour un faible. Les sifflements de son père l'obsédait tout simplement et quand il était seul, dans le noir : l'habitude de mécontentement de Daividh revenait. Se confier à sa sœur. Leur père devait se retourner dans sa tombe à l'instant présent. Son fils qui parle aussi ouvertement à Rowena. Quel honte. Selon lui, une femme ne devrait pas à savoir le fond des pensées des hommes ce qu'Aodhan refusait de croire. Pire encore, il se permit même de lui demander son avis concernant Moïra, Eimhir et ce nouvel enfant qui allait naître. Impensable. Pourquoi avait-elle toujours raison ? Pourquoi avait-elle le don de tout faire passer facilement ? Ses paroles transpiraient de réalité. Il n'avait pas vu cette question sous cet angle, Eimhir allait pouvoir vivre ce qu'il vit avec Rowena et Cinead bien qu'ils aient moins de différence qu'aurait sa fille avec l'enfant qui allait naître. Néanmoins, que cela soit un frère ou une sœur qu'elle aura, Eimhir pourra connaître la joie d'être une sœur. Quant à son cœur justement, Aodhan ne pensait pas qu'il pourrait aimé autant l'enfant à venir. Sa fille était tellement importante... Mais au final, il savait que Rowena aurait raison. Délicatement, il embrassa de nouveau son front en l'attirant vers lui après avoir passé son bras par dessus son épaule. Ainsi enlacé, il respira profondément et ferma les yeux :

« J'ai une confiance aveugle en vos paroles ma sœur même si je continue de douter. Moïra partie, je me rends compte que j'ai construis trop de mur avec elle pour pouvoir m'en séparer. Cette idée me fait peur. Si elle part, si elle... elle.... »

Aodhan fit une pause, avala sa salive :

« … meurs en couche je serai comme un enfant perdu... J'aurai beau vous avoir, avoir Eimhir, il n'en restera pas moins qu'une partie de moi ne s'en remettra jamais. Cette pensée m'effraie... Si mon cœur est assez grand pour accueillir un nouvel être, je ne sais pas s'il se remettrait d'en perdre un. »

Car oui, au delà d'avoir un nouvel héritier ou héritière, les risques pour Moïra étaient grands. Il n'avait surtout pas envie de la perdre, pas pour un enfant alors qu'ils avaient déjà Eimhir. Aodhan avait également été exécrable avec sa femme car elle lui avait caché quelque chose qui peut la tuer. Aussi beau que soit ce moment, il n'en reste pas moins mortel.

« Je suppose que je l'aime trop pour pouvoir supporter l'idée de la perdre... »

Cette vérité crevait les yeux de tout le monde sauf les siens. Il se rendait compte de l'importance de sa femme et cela le peinait presque. Il comprenait qu'elle avait prit une trop grande importance dans sa vie. Aodhan ouvrit ses yeux avant de s'éloigner un peu de sa sœur

« Comme j'ai du mal à imaginer qu'un jour vous partirez de ce château, que vous ne vivrez plus avec moi... Vous confiez à un autre homme sera extrêmement difficile, autant que cela le sera pour vous. Je veux que vous me promettiez de ne jamais croire que la porte vous ai fermé. Vous aurez toujours votre chambre, mes bras vous seront toujours ouverts et vous resterez ma sœur. »

Dans l’intimité de ce moment, Aodhan avait besoin d'être rassuré sur ce point. Qu'il est au moins une chose sûr dans sa vie.

Cette longue conversation leur avait visiblement fait beaucoup de bien, autant à lui qu'à elle. Rowena sentait son coeur déborder d'émotions. Aodhan lui avait manqué, elle ne pouvait pas le nier et le fait qu'il se rapproche à nouveau avait contribué à apaiser son esprit. Aussi, la fatigue commençait à la gagner et elle ne put retenir un petit bâillement.

-"Pardonnez-moi, mon frère, la journée fut longue et le sommeil semble vouloir s'emparer de moi…"

Quand elle pensait à son potentiel futur époux, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir l'image de son frère en tête et elle savait qu'elle aurait systématiquement le réflexe de les comparer. En même temps, il était le seul homme de son entourage avec qui elle se sentait si fusionnelle. Elle aimait Cinead de tout son être mais elle se sentait tout de même plus proche de son ainé. Quand à son père, il était bien trop dur pour qu'elle cherche un mari semblable. Aodhan, lui, représentait son idéal masculin, sérieux, courageux, patient, attentif, battant, et très beau. Elle avait toujours trouvé son frère beau et elle aimait plonger dans ses yeux apaisants. Il n'était pas seulement son frère, il était aussi son meilleur ami et son confident, celui vers qui elle se tournait systématiquement en cas de besoin.

-"Ne faites pas de projections néfastes, ni vous ni moi sommes devin et envisager le pire n'est pas la meilleure alternative même si vos angoisses sont justifiées. Vous voyez, vous arrivez vous-même à une conclusion logique : vous aimez trop Moïra pour la perdre. Et cela, vous en êtes sûr. Alors pourquoi continuer à cogiter ? Prenez votre plus belle plume et laissez parler votre coeur. Dites lui tout ce que vous ressentez, le meilleur comme le pire, dites lui vos doutes, vos angoisses, transmettez lui votre amour et cette peur submergeante de la perdre. Si vous avez besoin d'aide, c'est avec grand plaisir que je vous aiderais à rédiger votre lettre. Une femme apprécie ce genre d'attention, croyez-moi."

Rowena se leva après avoir déposé un doux baiser sur la joue de son frère. Elle pris le temps de l'observer, de le regarder, de l'admirer. Elle était si fière de lui et elle mesurait l'immense chance qu'elle avait d'être née ici, dans ce cocon protecteur. Comme pour conclure ce moment magique, elle murmura :

-"Bravons le destin…"

Aodhan partagea avec elle des paroles si belles et si sincères qu'elles vinrent directement se poser sur le coeur de la jeune femme qui ne pu s'empêcher de laisser s'échapper une larme d'émotion.

-"Et bien, voilà, c'est malin."

Elle se tourna pour s'essuyer les yeux, ne voulant pas paraître trop émotive devant lui et poursuivi :

-"Aodhan, je vous promets…Non, je vous jure. Cher frère bien aimé, je vous fais le serment de ne jamais m'éloigner trop longtemps de la demeure familiale, de vous, de notre clan. Et même si un jour vous ne voulez plus de moi ici, j'enfoncerais la porte et je viendrais me jeter dans vos bras ! "

Elle fit quelques pas et tournoya sur elle-même, faisant voltiger ses longs cheveux ondulés, leurs légers reflets blonds scintillants au rythme des bougies.

-"Je suis si heureuse de vous avoir, Mon Dieu, je remercie chaque jour le ciel de pouvoir ainsi avancer à vos cotés ! Je vous aime tellement, Aodhan !"

Puis, elle s'arrêta, sentant que sa tête commençait un peu à tourner. Elle bailla une nouvelle fois avant de s'excuser auprès de son ainé :

-"Votre présence apaise mon esprit et mes angoisses fuient devant votre sourire. Le sommeil commence à me gagner. Pardonnez-moi mais je vais devoir me soustraire à vous, cher Aodhan. Je vais aller rejoindre ma chambre. Je vous remercie du plus profond de mon coeur pour cet instant appréciable, j'aime sentir cette complicité entre nous. Avez-vous quelque chose d'autre à me confier avant que je vous quitte ?"

Elle se tut puis lui sourit tendrement, attentive à ses paroles.

En voyant sa sœur bâiller, il eut un petit rire. Aodhan revoyait très bien sa sœur venir lui dire d'aller se coucher quand elle était petite. Rowena avait tendance à échapper souvent à la surveillance de leur nourrice et savait que son aîné s’entraînait la nuit. Aodhan la prenait alors délicatement dans ses bras pour la ramener dans sa chambre avant de prendre à part sa nourrice pour lui passer une soufflante. On ne perdait pas sa sœur des yeux quand on en était responsable. Le joyau de sa vie ne devait pas être abîmée, abandonnée. Elle devait être choyée et traitée comme une princesse car c'est ce qu'elle était au final. Rowena lui assurait que faire des projets sinistres n'arrangeaient pas les choses, elle avait raison. Il ne fallait pas mettre la charrue avant les bœufs : peut-être que cette fois-ci ils auraient un deuxième enfant... Mais quel vie pourrait-il offrir à ce dernier ? L'avenir était incertain tout comme les jeux d'alliance. Que deviendrait son enfant ? Ses enfants ? Tellement de choses à prendre en compte que le Laird allait en devenir fou. Sa sœur savait pertinemment que jamais, au grand jamais, il ne ferait le premier pas. Même si elle l'aidait, jamais il n'enverrait une telle lettre. Aodhan était un homme trop fier, trop orgueilleux. C'est donc pour cela que sa réponse fut négative quant à lui envoyer un lettre :

« Vous qui me connaissez, vous savez que jamais je ne ferai une telle chose n'est-ce pas ? »

Cette question ne méritait pas de réponse. A vrai dire, elle était affirmative. Non. Aodhan n'enverrait pas de lettre à Moïra tout simplement car ELLE était partie, ELLE avait décidé de quitter le château donc c'était à ELLE d'écrire la première et non l'inverse. Enfant ou non, elle à abandonné son poste d'épouse, de femme. Ce qui n'était définitivement pas une bonne chose aux yeux d'Aodhan. Le baiser de sa sœur calma ses ardeurs de colère, la douceur de Rowena comblait son cœur en manque d'affection. Il avait oublié à quelle point elle pouvait être douce, au combien le lien fraternel qui les unissait était puissant. En voyant une larme naître alors qu'il ouvrait son cœur, l'offrait sur un plateau d'argent, un immense sourire s'afficha sur son visage. Il voulut l'enlever mais elle le devança en se retournant ce qu'il trouva adorable. De toute façon, qu'importe ce qu'elle faisait : Aodhan était subjugué par sa sœur. Rowena se leva pour tourner sur elle-même tandis que sa magnifique chevelure volait dans les airs. Le Laird admira cette scène qu'il trouva tellement pur, tellement calme. Ce moment lui apportait la paix. Ce qu'elle cria presque toucha le seigneur tout autant qu'elle l'avait touché. Il se leva en la voyant bâiller, décidément, elle n'avait pas changé. Aodhan remit bien la fourure autour de lui avant de s'approcher de sa sœur pour la prendre doucement dans ses bras comme si elle allait se casser d'un instant à l'autre.

« Il conviendrait à la bien séance que cela soit moi qui vous remercie d'être là, de me soutenir. Je peux dire sans mentir que votre présence me donne la paix, cette paix que je cherchais temps : voilà qu'en l'espace de quelques instants vous me l'avez apporter. La seule chose que j'ai encore à vous confier est que de tout mon cœur et de toute mon âme je vous aimes. »

Il l'embrassa tendrement sur sa joue avant de se défaire d'elle. Aodhan remit une de ses mèches en place.

« Je vous souhaite une bonne et douce nuit ma sœur, je vous fais confiance pour regagner votre chambre tout de suite et ne pas vagabonder comme vous savez si bien le faire. Il fait beaucoup trop froid, vous risqueriez d'en mourir... J'espère vous croiser demain au détour d'un couloir et si vous voyez notre frère, dites lui que j'aimerai lui parler au plus vite. Je souhaite lui annoncer moi-même la nouvelle pour le bébé, si vous pouviez tenir votre langue je vous serai gré. »

Aodhan s'écarta, regarda une dernière fois sa sœur avant de s'incliner respectueusement devant elle et de partir en direction de sa chambre. Il se sentait bien, mieux tout du moins pourtant en arrivant dans la chambre qu'il avait partagé pendant 13 ans avec Moïra : son enthousiasme tomba et il décida d'aller dans son ancienne chambre même si cette dernière était pus froide car depuis longtemps inhabité.