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 « C'est toi contre moi & moi contre toi... » ▷ Conrad&Louenn.

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MessageSujet: « C'est toi contre moi & moi contre toi... » ▷ Conrad&Louenn.   « C'est toi contre moi & moi contre toi... » ▷ Conrad&Louenn. EmptyMar 30 Avr - 19:18

La Couenn.
I will hear their every story, take hold of my own dream, be as strong as the seas are stormy & proud as an eagle's scream.

Son clan avait beau ne posséder aucun chef officiel, il y avait certains événements auxquels Louenn ne pouvait se dérober, simplement car l'ordre d'un père primait toujours sur leurs terres. Ainsi, la jeune femme devait mettre de côté ses plans pour la journée et se conformer au désir d'Alastair Stewart, son géniteur. Laissant son regard dériver au loin par l'une des fenêtres de la salle principale de leur château, la demoiselle poussa un long soupir. La neige était tenace, cette année, et le blanc paysage qui s'offrait à elle en cet instant avait beau être époustouflant, la cadette de la famille se languissait du retour du soleil et du redoux des températures. Elle qui passait la plupart de son temps dehors avait cette aversion particulière pour l'hiver, déjà car il n'y avait rien de naturellement agréable dans cette saison, et surtout car cela la renvoyait sans cesse au funeste jour où sa mère et son jeune frère avaient été emportés sur les rivages de l'au-delà.

Poussant un énième grognement, elle lança un regard noir à son père, témoignant à nouveau de la sorte son mécontentement. Elle lui en voulait de la forcer à rester ici à attendre sans rien faire, d'une part, mais aussi d'avoir manigancé la venue de l'héritier d'un autre clan sans même lui en avoir touché un mot. Cela ne présageait vraiment rien de bon pour elle, surtout sachant que l'invité en question n'était autre que Conrad Wallace, neveu de l'actuel Laird Wallace, laird que Louenn destituait secrètement de quelques possessions sous le masque du Whisper... Elle avait eu peur d'avoir été démasquée, d'ailleurs, lorsque son père lui avait annoncé qu'un Wallace allait venir. Mais son géniteur avait apaisé ses craintes dissimulées en lui expliquant qu'il s'agissait d'une visite de courtoisie de la part du neveu de Wallace, revenu sur les terres de son clan après plusieurs années passées en Angleterre.

Louenn conservait très peu de souvenirs de Conrad. À vrai dire, elle n'était âgée que de cinq ans quand ce dernier avait quitté l’Écosse, autant dire que sa mémoire s'était remplie de bien d'autres événements au cours des vingt années qui s'étaient écoulées. Ce n'était pas le fait de le revoir qui la gênait, d'ailleurs, mais plutôt la manière dont son père avait organisé ces retrouvailles. Envoyer un corbeau au riche clan voisin pour encourager son héritier potentiel à venir leur rendre visite, héritier qui, au passage, se trouvait être célibataire, et ce sans en avoir touché un mot à sa fille jusqu'au matin même de la venue du jeune homme... Il y avait tout de même de quoi fulminer, lorsqu'on se mettait à la place de Louenn. D'accord, leur situation n'était pas très glorieuse et elle avait vu son père donner sa sœur pour moins que cela, et puis il était vrai que la plupart des jeunes femmes de son âge étaient déjà mariées, mais tout de même, elle ne se sentait pas prête à envisager ce que cette rencontre impliquait aux yeux de son père !

Une fois la nouvelle annoncée, le modeste château entra en effervescence pour assurer un accueil convenable au visiteur tandis que Louenn, de son côté, désespérait de pouvoir échapper à cette rencontre. Alastair lui avait interdit de sortir, conscient qu'elle aurait sauté sur l'occasion pour disparaître jusqu'au coucher du soleil. Il avait d'ailleurs prévenu leurs domestiques pour que, peu importe l'endroit où la demoiselle se trouvait, quelqu'un gardât toujours un œil sur elle et s'assurât par l'occasion qu'elle n'avait pas filé en douce. L'invité était annoncé pour le début de l'après-midi, et ainsi la matinée sembla être encore plus maussade et machiavéliquement courte aux yeux de la lady. Le repas du midi lui sembla tout aussi désagréable, surtout lorsqu'on considérait le fait qu'elle ne faisait aucun effort pour combler les silences, une manière bien à elle de contester son père et lui faire affront : puisqu'il ne semblait pas avoir envie de recourir à son avis pour certaines affaires importantes, autant ne plus rien dire ! Cette contestation bien puérile, elle l'avait utilisée à de nombreuses reprises déjà, tant et si bien que cela n'avait plus aucun effet sur le chef de famille, mais au moins cela donnait l'occasion à Louenn d'évacuer sa rancune.

Enfin, le visiteur fut aperçu sur la route non loin du château, et les Stewart se rendirent donc dans la grande salle pour attendre sa venue. Étouffant dans la robe que son père lui avait demandé de porter, Louenn fixait résolument l'extérieur de leur demeure, en proie à l'agitation. Bientôt, la crainte et la curiosité vinrent se mêler à l'angoisse que cette visite provoquait en elle. C'était vraiment un manque de maturité de sa part de réagir comme cela, elle en était pleinement consciente, mais elle ne parvenait pas à reprendre le contrôle de ses émotions. Des pas se firent entendre dans le couloir et, bientôt, deux serviteurs ouvrirent en grand les portes principales, annonçant Conrad Wallace et sa suite.

Détachant son regard de la fenêtre pour venir le poser sur le mince cortège qui venait de faire irruption, Louenn se demandait lequel de ces hommes portant les couleurs du clan voisin était le fameux neveu de Morag Wallace. Et puis, finalement, elle le vit, et son cœur manqua un battement. Ce n'était pas l'héritier qu'elle venait de reconnaître, ou du moins elle ignorait s'il s'agissait de Conrad, elle espérait que non. L'homme qu'elle avait reconnu n'était autre que le paysan qui avait bien failli démasquer le Whisper, quelques jours auparavant. L'espace d'un instant, elle crut défaillir. Une seconde passa, leurs regards se croisèrent, Louenn retenait sa respiration... Mais l'homme reporta son attention sur le laird et la jeune femme sut alors qu'il ne l'avait pas reconnue. Reprenant difficilement sa respiration, elle fit tout ce qui était en son pouvoir pour paraître tout à fait normale. Elle pensait être arrivée au bout de ses peines, mais le destin en avait décidé autrement...

L'homme fit un pas en avant et alla faire ses hommages au père de la demoiselle. C'était lui, Conrad. Serrant la mâchoire, Louenn vint se placer lentement près de son géniteur, reprenant contenance petit à petit. Elle n'avait de cesse de se répéter qu'elle n'avait aucune raison de paniquer, qu'il ne l'avait pas reconnue et, surtout, que se montrer distante et prendre la fuite serait bien plus suspect que si elle se résolvait à agir normalement... Quelques secondes qui lui semblèrent une éternité s'écoulèrent avant que leur invité ne prête à nouveau attention à elle. S'inclinant en une légère révérence, Louenn espérait qu'elle ne paraissait pas trop livide aux yeux de l'assemblée.

Soyez le bienvenu sur nos terres.

© will o' the wisp


Dernière édition par Louenn Stewart le Jeu 2 Mai - 22:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: « C'est toi contre moi & moi contre toi... » ▷ Conrad&Louenn.   « C'est toi contre moi & moi contre toi... » ▷ Conrad&Louenn. EmptyMer 1 Mai - 2:40

La Couenn.
Le mariage du jour et de l'ombre, de te hais comme tu es...

Ses doigts glissaient une centième fois sur le papier comme s'ils cherchaient à s’imprégner de l'encre qui le noircissait. Chaque commissures, chaque déchirures, il la touchait sans réellement y faire attention. Tout ces mots, ces noms ancestraux résonnaient en échos dans son esprit, il les observait fatalement en murmurant chaque syllabe, histoire de les implanter dans sa mémoire, tout en en associant certains à des faits militaires dont il se rappelait l'existence et qui lui serviraient de moyen mémo-technique le jour où il devrait les citer. Il soupira de lassitude, les clans d’Écosse se mêlaient aux nombreux comtés d'Angleterre, formant un imbroglio massif qui l'empêchait de continuer. Agacé, Conrad Wallace frappa légèrement sur la longue table en bois massif qui trônait dans la grande salle, celle utilisée pour les diners prestigieux, les grands rassemblements, le genre de festin qui n'avait pas dû avoir lieu aprés la mort de Rory Wallace, son grand père...Une seconde plus tard, il porta un regard attristé sur la carte étendue devant lui, Rory l'avait-il fixée avec le même acharnement lors de ces longues et rudes nuits d'hiver ? Et son père ? L'avait-il seulement effleurée ? Levant progressivement ses yeux saphirs, il se mit à observer la salle en détail. C'était l'une des plus grandes du château, la plus claire aussi, malgré sa profondeur. Certes, elle n'était pas faite pour étudier comme pouvait en témoigner la pile de manuscrits et de livres étendue sur l'immense table, formant ensemble un fouillis peu propice au travail intellectuel, néanmoins, Conrad s'y retrouvait. Peu importait le désordre, il avait besoin d'espace. Depuis sa plus tendre enfance, les murs de pierre le rendaient malade, il se sentait étouffé, bridé, il les haïssait et sa chambre, qui devait sans nulle doute être bien plus spacieuse que celle d'un simple manant, était pareil à une prison dans son esprit tortueux.
Ainsi, il passait de nombreuses heures dans cette salle et le reste de son temps à l'extérieur, quand le climat le lui permettait.

- Messire Wallace ?

La voix grave du mestre du clan le fit sortir de sa rêverie et Conrad tourna brièvement la tête vers son interlocuteur prés de la porte, de l'autre côté de la salle ou presque. Le jeune chevalier, se redressa alors tout en faisant signe au vieil homme d'approcher.

- Une missive du clan Stewart messire !

- Je vous remercie ! Conrad déplia le parchemin cacheté et lut brièvement l'invitation, car c'était une invitation, il en était certain, comme celle du clan Cunningham, reçue quelques jours auparavant, ainsi que celle du clan Fergusson. A croire qu'ils avaient tous attendu les plus basses températures et les routes enneigées pour le faire quémander. Un léger sourire anima néanmoins ses lèvres, il se devait d'y répondre, il passerait donc la semaine à chevaucher entre deux clans, une perspective plutôt réjouissante qui l'empêcherait de remuer de sombres pensées entre ces quatre murs, hantés par le visage de ses aïeuls.

Deux jours plus tard, le voilà en chemin pour le clan Stewart, ses plus proches voisins. C'était un clan appauvri par la guerre, mais qui ne possédait aucun chef, ainsi la décision de telle ou telle action était soumise à un consensus d'idée du conseil où chaque membre de cette famille était admis. Un système intéressant mais que beaucoup critiquait. L'oncle de Conrad lui avait dressé un portrait plutôt négatif des Stewart. Selon lui, Alastair Stewart était un lâche, un faible dont le pacte, qu'il avait passé avec l'ennemi, en vendant sa fille ainée, n'était que le résultat de siècles de couardises. Au delà des tribulations du vieillard, Conrad avait une nette idée de ce qu'il recherchait en acceptant cette invitation. Gagner la confiance de ce clan en leur faisant entrevoir les possibilités qu'il aurait, une fois chef de son propre clan, à les aider si la guerre continuait dans le temps. Il espérait par ce biais s'intégrer rapidement dans les Lowlands et ne plus être pointé du doigt comme l'étranger qu'il était.
Par ailleurs, le nom Stewart faisait échos à d'autres sentiments dans son esprit, une certaine mélancolie, comme un souffle du passé, celui vague et indistinct, d'une enfance heureuse en Écosse, son pays natal.

Ce fut donc poussé par l'enthousiasme que son escorte et lui-même arrivèrent à destination. Lorsque les serviteurs poussèrent les portes, Conrad s'avança avec entrain dans la salle principale du château et vint présenter ses respects à l'homme qui semblait gouverner les lieux. Ses yeux dérivèrent sur la jeune femme qui l'accompagnait et un mince sourire éclaira ses lèvres, alors c'était elle, sa bête sanguinaire d'autrefois ?

▬ Soyez le bienvenu sur nos terres.

Il ne remarqua ni sa mâchoire crispée, ni le léger tremblement dans sa voix, il ne vit que ses yeux bleus et sa bouche rosée avant de rapidement imiter ses hôtes et de s'incliner à son tour, à l'anglaise naturellement. Il repéra avec soulagement que personne ne portait de kilt, comme son oncle le lui avait indiqué, le port de ce vêtement était uniquement pour les réunions importantes, pas pour les visites de courtoisies. En tant qu'anglais, Conrad savait pertinemment que le protocole ne devait jamais être froissé sous peine de laisser une très mauvaise impression malgré toute la bonne volonté du monde pour se rattraper. Heureusement pour lui, son oncle n'avait pas cherché à le piégé, pas aujourd'hui....

- Mon seigneur, ma lady, je vous remercie pour cette invitation ! C'est un honneur de rencontrer mes plus proches voisins ! Son accent devait paraitre imposant, quelques chuchotements s'élevèrent dans l'assemblée, pourtant il le travaillait assidument, encore une chose qu'il se devait de changer, foutus écossais ! Alastair Stewart s'enquit immédiatement de la santé de son oncle, un usage nécessaire, mais pour le moins amusant lorsqu'il s'agissait d'un vieux fou hargneux que bien des gens auraient souhaité voir trépasser.

- Mon oncle se porte à merveille, il nous survivra tous, je le crains !

Ce ne fut plus un chuchotement mais un silence de mort qui régna dans la grande salle. Quoi ? Qu'avait-il dit de si honteux ? Ces gens là avaient une drôle de façon d'envisager l'humour apparemment ! Nerveux, Conrad laissa échapper un petit rire, rejoint très vite par Alastair qui vint lui donner une tape amicale dans le dos. L'homme s'enquit alors de l'état de santé de sa mère et Conrad comprit que cette soudaine proximité était due au fait que le Laird avait bien connu sa famille, un fait qui réchauffa considérablement son coeur et l'ambiance en générale.

- La comtesse se porte bien également, les terres anglaises repoussent le vent glacial de vos contrées.

Les présentations étaient faites, le ton était donné, le clan Stewart l'accueillait à bras ouverts, avec bien plus de sympathie que sa propre famille même. Alistair lui demanda quelques précisions sur son voyage, sur sa nouvelle vie avant d'introduire sa fille à la conversation.

- Je ne sais si vous vous rappelez de ma fille cadette !

- Dame Louenn, vous avez grandi ! Conrad sourit brièvement à la jeune femme, soutenant son regard impénétrable et vint délicatement baiser sa main frêle avec tout le savoir vivre de son éducation d'aristocrate anglais. Sans doute cette remarque plut à Alastair puisqu'il proposa à sa fille de servir de guide au jeune chevalier à travers le château, pendant qu'il devait régler quelques affaires, prétexta-t'il. Conrad ne resterait que deux jours chez les Stewart mais une visite des lieux était le passage obligatoire dans chacun des clans.
Accompagnés de la préceptrice de la jeune femme semblait-il, les deux jeunes gens s'éloignèrent de la grande salle et se rendirent vers l'une des tours du domaine qui, disait-on, possédait une vaste bibliothèque spécialisée dans la généalogie des familles du Lowlands.

- Cette tour est très haute, ces marches n'en finissent pas, allez vous voler dame Louenn...vous envoler jusqu'au sommet ? L'escalier en colimaçon était étroit mais fort bien éclairé par la lumière du jour, qui perçait à travers des petits vitraux disposaient tout le long du mur porteur. La vieille préceptrice se tenait devant Conrad et derrière la fille Stewart, imposant, par son large séant, une vue obstruée et une marche lente jusqu'à la pièce. Il ne sut si sa phrase avait troublé la lady, quoiqu'il en fut, sa préceptrice la retint alors qu'elle se prit brièvement les pieds dans sa robe.

- Nous escaladons assurément les marches du Paradis ! Il entendit le grognement de la vieille et il ne put retenir bien longtemps un petit rire moqueur, que de sérieux en ces lieux, nulle plaisir pour la joute verbale et la provocation, l'un des jeux préférés du jeune homme. Arrivés au sommet, dame Louenn lui présenta la petite salle où de nombreuses étagères trônaient ça et là, débordant à foison de livres poussiéreux. Intéressant ! Conrad fit mine de lire les couvertures des ouvrages, comme s'il recherchait un quelconque titre et en profita pour s'approcher légèrement de la brunette à ses côtés.

- Cet endroit est agréable ! Vous arrive-t'il souvent de venir ici ? C'est calme et propice à la rêverie j'imagine ! Le chevalier lança un léger regard charmeur à sa jolie voisine avant de revenir à sa lecture, ne souhaitant pas se faire rudoyer par le chien de garde posté dans son coin. Évidemment, comment un homme aussi pimpant et sûr de lui pouvait imaginer qu'une guerrière se cachait derrière ce masque de pureté et d'innocence qu'affichait Louenn ? La rêverie, voilà un domaine qui ne devait appartenir qu'au monde de l'enfance pour elle, mais ça, l'anglais l'ignorait !



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MessageSujet: Re: « C'est toi contre moi & moi contre toi... » ▷ Conrad&Louenn.   « C'est toi contre moi & moi contre toi... » ▷ Conrad&Louenn. EmptyJeu 2 Mai - 23:31

La Couenn.
I will hear their every story, take hold of my own dream, be as strong as the seas are stormy & proud as an eagle's scream.

Louenn avait cru déceler l'ombre d'un sourire sur les lèvres de leur invité lorsque leurs regards s'étaient croisés. Était-ce parce qu'il se souvenait d'elle, de la fillette qu'elle avait été bien des années auparavant ? Ou bien s'agissait-il d'un moyen de lui signifier qu'il avait reconnu une autre personne à travers ce regard bleu azur qu'était celui de la lady ? Cette pensée la fit frissonner, nulle rencontre n'aurait pu lui être plus inconfortable que celle de cet homme ! Cependant, la belle se devait d'agir comme si tout allait bien, comme si elle n'avait jamais vu leur très cher invité quelques jours auparavant et, surtout, comme si elle était ravie d'être en sa compagnie. Ses sourcils se froncèrent légèrement en le voyant se courber à son tour, sa manière de faire la révérence ne ressemblait à rien de ce qu'elle connaissait, savait-il seulement qu'il n'était plus en Angleterre et qu'il devait apprendre les coutumes écossaises s'il souhaitait devenir Laird, un jour ?

Mon seigneur, ma lady, je vous remercie pour cette invitation ! C'est un honneur de rencontrer mes plus proches voisins !

Cette fois-ci, Louenn avait envie de rire. Si son apparence pouvait encore tromper les inconnus, ses manières et son accent ne laissait aucun doute quant aux origines du jeune homme. Il était étrange qu'elle ne l'ait pas remarqué lors de leur dernière rencontre... Sans doute la demoiselle était-elle bien trop concentrée sur le poignard qu'il pressait contre sa gorge pour avoir pu faire attention aux intonations qu'il avait employées ! Le jeune lady n'était visiblement pas la seule personne a avoir relevé l'étrangeté de son langage car plusieurs murmures retentirent autour d'eux, des chuchotements que le père de la jeune femme s'empressa d'étouffer en relançant la conversation. Ainsi, Alastair demanda des nouvelles de l'actuel laird Wallace, une question bien banale mais qui ne plaisait pas vraiment à la demoiselle : son géniteur devait vraiment chercher à plaire à Conrad pour se donner tant de peine... Et Louenn suspectait un certain désir d'alliance d'être la cause de toute cette attention !

Mon oncle se porte à merveille, il nous survivra tous, je le crains !

Un lourd silence s’abattit sur la salle. À la fois surprise et choquée des propos qu'elle venait d'entendre, Louenn fixait l'Anglais avec de grands yeux abasourdis. Ce dernier rigola légèrement, faisant comprendre à l'assemblée qu'il s'agissait simplement d'un trait d'humour et, ce qui énerva encore plus la lady, ce fut de voir son père se joindre à lui et l'aider à détendre l'atmosphère alors qu'elle savait parfaitement, au plus profond d'elle-même, qu'il n'avait pas trouvé cela drôle du tout. Serrant légèrement les poings, elle se retint du mieux qu'elle put de lancer une remarque à ce sujet, consciente des effets que cela engendrerait. Malgré cela, elle ne pouvait réprimer ce mélange de curiosité, de méfiance et d'indignation qu'elle ressentait et qui se dépeignait dans son regard. Aussi décida-t-elle de détourner les yeux de cet impudent invité et préféra se concentrer de nouveau sur le paysage extérieur tandis que son père continuait son petit manège. Allait-il vraiment s'enquérir de toute la famille de Conrad, une personne à la fois ?

La comtesse se porte bien également, les terres anglaises repoussent le vent glacial de vos contrées.

Tandis que toute la salle semblait accommoder de cette réponse, la jeune lady le prit pour une offense. Il était vrai qu'elle était particulièrement disposée à haïr tout ce que Conrad disait ou faisait, ainsi ce ne fut pas difficile de prendre cette simple remarque comme une insulte envers le pays qu'elle affectionnait tant. Mâchoire crispée, elle n'eut d'autre choix que reporter son attention sur les deux hommes qui lui faisaient face quand son père l'inclut dans leur ennuyeuse conversation.

Dame Louenn, vous avez grandi !

Son sourire ridicule n'eut aucun effet sur Louenn et le voir soutenir son regard l'énervait d'autant plus. De mauvaise grâce, elle le laissa effleurer sa main de ses lèvres avant de lui lancer un regard glacial.

Il semblerait que le vent glacial de nos contrées n'empêche pas les Écossais de vivre, comme vous pouvez le constater.

Ce fut les seuls mots qu'elle fut capable de prononcer, et elle avait pris soin de le faire sur un ton relativement bas, bien qu'extrêmement cassant, pour que le plus grand nombre fût incapable d'en saisir le sens. À peine avait-elle adressée cette petite tirade à leur précieux invité qu'elle esquissa un sourire, de ceux que l'on ne peut jamais tout à fait qualifier comme sincère ou comme moqueur. Accablé par la situation, Alastair s'empressa de reprendre le contrôle de la situation en ignorant royalement le comportement de sa fille pour proposer au Wallace d'être guidé à travers le château par cette dernière tandis qu'il irait régler quelques affaires. La jeune femme n'en revenait pas ! Non seulement il se comportait comme s'il était l'unique chef de leur clan, mais en plus il insistait pour la laisser en compagnie de cet étranger ! Alors qu'elle s'apprêtait à protester, son père se tourna vers elle de façon à ce que Conrad ne pût plus voir son visage et il fusilla Louenn du regard tout en faisant mine de lui conseiller de commencer la visite par tel ou tel lieu. La demoiselle fulminait.

Malheureusement, quelques minutes plus tard, la jeune lady se retrouvait en compagnie de Conrad et d'Olisha, sa vieille gouvernante qui, semblait-il, s'était trouvé une vocation pour le chaperonnage. C'était ridicule, comme si Louenn avait la moindre intention romantique envers cet Anglais ! Bien qu'elle appréciait le fait de ne pas être totalement seule avec lui, d'une part, elle regrettait amèrement cette solitude qui aurait pu lui permettre de l'abandonner sans scrupule au détour d'un couloir... Au lieu de cela, tous trois gravissaient à présent les escaliers de la tour sud, dans l'unique but de montrer à leur invité la bibliothèque familiale.

Cette tour est très haute, ces marches n'en finissent pas, allez-vous voler dame Louenn... Vous envoler jusqu'au sommet ?

Louenn s'était bornée au silence depuis que son père était parti, laissant Olisha relater les détails historiques de telle pièce ou telle fourniture... Mais les Anglais devaient être coriaces, et la jeune femme poussa un soupir en entendant Conrad divaguer tout en grimpant sur l'étroit colimaçon. Une chance que leur chaperon se trouvait entre eux, sinon elle aurait sûrement tenté de l'étrangler ! Préférant prétexter ne pas avoir entendu les paroles du Wallace, la jeune lady laissa son esprit divaguer vers toutes les tortures qu'elles aurait aimé infliger à celui qui n'était rien d'autre qu'un intrus à ses yeux et elle se laissa distraire par ces pensées à tel point qu'elle trébucha sur une marche et faillit basculer. Olisha la rattrapa à temps et l'héritière Stewart la remercia rapidement avant de reprendre son ascension, le regard rivé sur les marches et l'esprit rongé par la honte.

Nous escaladons assurément les marches du Paradis !

Cette fois, ce fut Olisha qui poussa un léger grognement, ce qui fit sourire Louenn. Visiblement, la vieille gouvernante se trouvait pareillement agacée par les remarques de l'Anglais que la lady. Le jeune homme laissa échapper un léger rire moqueur mais ne parla plus jusqu'à ce qu'ils atteignirent le haut de la tour. Là, une fois n'était pas coutume, ce fut Louenn qui introduit la salle au visiteur. La demoiselle n'avait plus vraiment de temps à consacrer à cette pièce mais elle conservait une place spéciale dans son cœur, étant l'endroit où sa défunte mère aimait lui faire la lecture. Laissant Conrad entrer le premier dans la bibliothèque, elle l'observa depuis le seuil quelques instants, était-il le genre d'homme à considérer la vraie valeur d'un livre ? Pour le coup, la curiosité primait sur le reste. Pénétrant à son tour dans la salle, elle se dirigea machinalement vers le coin où ses ouvrages favoris étaient entreposés. Olisha, de son côté, préféra rester dehors. La femme avait toujours fait preuve d'un grand respect à l'égard de Lileas Stewart, sans doute considérait-elle le fait de s'imposer dans ce lieu comme une intrusion.

Cet endroit est agréable ! Vous arrive-t-il souvent de venir ici ? C'est calme et propice à la rêverie j'imagine !

Sursautant légèrement, Louenn en avait presque oublié la présence de Conrad. Il s'était rapproché d'elle pour pouvoir lui parler sur un ton un peu plus bas. La jeune lady pouvait sentir le regard inquisiteur de leur chaperon lui transpercer le dos... Mais que craignait-elle, honnêtement ? Pour lui prouver qu'elle n'avait aucune raison de s'inquiéter, la Stewart resta exactement là où elle se trouvait et lança un regard en coin à l'Anglais. Ce dernier était tellement sûr de lui ! Soutenant son regard sans sourciller lorsqu'il tenta de la charmer, elle essayait de lui faire comprendre que cela ne prendrait pas sur elle.

Pour tout vous dire, je ne suis pas montée dans cette tour depuis quelques années.

Poussant un léger soupir empli de mélancolie, elle préféra ne pas relever la dernière phrase de son invité. Du temps où elle se rendait à la bibliothèque, ce n'était jamais calme. À l'époque, sa sœur ou elle-même étaient tout simplement incapables d'écouter les histoires et légendes que leur mère leur racontait sans l'interrompre à de nombreuses reprises, s'exclamer ou protester. Mais, en ce qui concernait la rêverie... Oui, ce lieu était spécial et avait vu naître beaucoup de rêves dans la famille Stewart, des songes qui étaient tous partis en fumée au fil du temps. Pivotant doucement en direction de l'Anglais, Louenn l'observa en silence durant quelques secondes.

Êtes-vous un fervent lecteur ou n'est-ce que l'une des nombreuses façades que vous adoptez pour tenter de me satisfaire ?

Lui adressant un sourire moqueur, elle lui reprit le livre qu'il tenait des mains et le remit à sa place, ignorant délibérément le contact entre leurs mains qu'elle avait involontairement provoqué. Sans doute une demoiselle de haut rang n'était-elle pas censée agir de la sorte, mais Louenn n'avait pas exactement retenu le meilleur de l'éducation qu'on lui avait inculqué, et puis ils étaient en petit comité. Il n'y avait pas de quoi se sentir choqué dans ce geste, même si la lady cherchait secrètement à impressionner son insupportable intrus, lui prouver qu'elle n'était pas aussi sage qu'elle en avait l'air même si son insouciance et sa fougue s'étaient estompés depuis ces cinq ans. Elle voulait aussi lui envoyer un avertissement : s'il était vraiment là pour la séduire, qu'il se tînt prêt à rencontrer de la résistance ! Fuyant le regard du jeune homme, elle s'éloigna rapidement pour rejoindre Olisha sur le seuil.

Poursuivons la visite, si vous le voulez bien.

Et, sans attendre de voir la réaction de Conrad, elle s'engouffra dans l'escalier en se recueillant silencieusement sur le lieu emplis de souvenirs et de joies passées qu'elle quittait.

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