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 Come on inside, and hear the silence constantly judging me • BEARACH & SEUMAS

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Seumas Morgan
Seumas Morgan


▷ MESSAGES : 658
▷ INSCRIPTION : 03/06/2013
▷ LOCALISATION : Dans le domaine des MacGuffin
▷ ÂGE : 27 années
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Je suis les ténèbres recouvrant le monde.
Je suis les eaux assassines.
Je suis le sang de la vie.
Tu expieras tes crimes dans la souffrance.


FINNTROLL - NATTFODD

« Une fois, je marchais avec la peau sur les os. Une autre fois, j'embrassais chaleureusement. A présent, je me promène sur un long chemin. Je suis la piste des tombes. Le ver dévorait et le gel mordait. Je suis la piste des tombes. Une fois, je suivais le chemin d'un pas vif. Une autre fois, je portais une armure et une lame. À présent, je me promène sur une longue route. Je suis la piste des tombes. Le gel glacé et les flammes brulantes. Je suis la piste des tombes. Une fois, un homme fier et juste. Une autre fois, j'abattais traitreusement. À présent, je me promène sur une longue route. Je suis la piste des tombes. » FINNTROLL - GALGASANG
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MessageSujet: Come on inside, and hear the silence constantly judging me • BEARACH & SEUMAS   Come on inside, and hear the silence constantly judging me • BEARACH & SEUMAS EmptyLun 10 Juin - 20:11

« Come on inside
And hear the silence constantly judging me »
Korn



bearach & seumas

LISTEN
« L'gamin MacGuffin vous a bien eu, avouez-le ! » Comprenant soudainement que cette phrase prononcée sur un ton aux consonances moqueuses s'adressait à ma personne, je dirigeai lentement mes pupilles vers l'auteur de ces paroles. Il ne m'était pas connu, si ce n'était que de vue et semblait avoir consommé une dose peu recommandable d'alcool, arborant un sourire nigaud qui, s'additionnant à son regard bovin, ne lui donnait pas un air très futé. « Vous devriez vous faire du soucis, c'moi qui vous l'dit ! » Ainsi commença le long défilé d'un nombre incalculable de répliques du même genre, censées, sans nul doute, provoquer en moi une quelconque once de réaction - une intuition me murmurait qu'il espérait qu'elle soit violente. Les yeux plantés dans ceux du roturier ne prenant pas en compte ces nombreux congénères occupés à essayer de le dissuader de m'adresser la parole, je finis par ouvrir la bouche, saisissant que tant que je ne montrerais pas un tant soit peu concerné, il n'accepterait jamais de me lâcher - et cette perspective ne m'enchantait guère, bien que le logis que je tentais de rejoindre ne semblait pas si loin qu'il n'y paraissait. « Que votre esprit soit tranquille, si vous êtes amené à être exécuté, j'en ferai une affaire personnelle. » L'homme n'apprécia visiblement pas, s'offusquant, bombant soudainement le torse, comme si cela allait réellement m'impressionner. Il se mit à gesticuler avant de lever le poing agressivement. Ah, il allait me frapper, eh bien quoi ? J'avais reçu assez de coup pour connaître leur douleur et, étant incapable de les compter, un de plus ne me changerait pas vraiment. Je ne cillai même pas, laissant mes yeux se poser sur ma route sans plus lui adresser d'attention. « Serait-ce une menace de mort ? » rétorqua-t-il, non sans une pointe de défi dans la voix. Je me stoppai alors à nouveau, mes sombres pupilles collées aux siennes, je continuai de mon éternel ton serein et froid, capable d'en déstabiliser plus d'un. « Ne soyez pas stupide. Nous sommes tous condamnés à mort. » Sur ces sages paroles, j'accélérai le pas, laissant planté là mon interlocuteur et ses compagnons l'empêchant de me poursuivre pour des raisons qu'ils croyaient évidentes - la principale restait "Il est bourreau! Bourreau, tu entends ! On évite de chercher des noises aux gens de sa sorte." C'était chose vrai ; on les évite comme la peste car, à sa manière, ils sont macabres et de mauvaise augure. D'ailleurs, une fois que cet énergumène aurait recouvert l'entièreté de ses capacités intellectuelles, si minimes puissent-elles être, sans doute s'en voudrait-il énormément. Mais il ne viendrait pas chercher pardon. Ah, demander pardon à un bourreau ! Quelle merveilleuse plaisanterie. On ne va pas chercher de la pitié chez un exécuteur, non. La seule dont on le sait capable est de frapper d'un coup précis et rapide. Chose à laquelle je m'étais rapidement habitué, préférant abréger les souffrances que peut facilement offrir la mort. Notre gouverneur m'avait d'ailleurs choisi pour cette qualité qu'il pensait primordiale pour un maître des hautes œuvres et je pense que je ne l'en remercierai jamais assez.

Mais le bougre avait raison ; Bearach MacGuffin m'avait surpris. Le son de sa voix me répétant "Votre épée !" me trottait dans l'esprit tandis que je poussai la porte de mon propre chez moi vide et froid. Il y avait encore de cela deux hivers, Wallace m'aurait demandé comment s'était passée ma journée et se serait finalement endormi en écoutant le peu de paroles que je lui aurais accordé. Mais le pauvre avait trépassé, peu de temps après sa défunte épouse, me laissant cette demeure positionnée sur la place du piloris. Je fronçai légèrement les sourcils en refermant la porte derrière moi. Ah, le bougre de MacGuffin ! Si on m'avait déclaré ce matin que j'allais être la victime d'un vol inopiné de besogne, je ne l'aurais jamais cru. Qui serait assez fou pour désirer se faire bourreau ? Même d'un jour, c'était absurde. J'étais terriblement contrarié, déchiré entre la confusion et l'incompréhension. Mais que diable lui était-il donc passé par l'esprit à ce futur laird ? M'était venu alors à l'idée une terrible réponse que j'avais d'abord préféré chasser ; c'était une mise en garde. Étais-je encore seulement capable d'assurer mes fonctions ? Avais-je un jour échouer, décevant notre gouverneur celui à qui, je le savais, je devais presque la vie ? Cette perspective me rongeait les entrailles, faisant soudainement naître une boule au fond de mon estomac. Étais-je maudit ? Damné, peut-être. Pour toutes les têtes que j'avais tranchées, pour tout les cous que j'avais serrés, pour toutes les chairs que j'avais meurtries. Mais Dieu, cela est mon métier ! C'est ce pour quoi ma vie est encore utile sur Terre. De tout temps les hommes ont usé des bourreaux, reléguant les basses besognes qu'ils aimaient à appeler hautes œuvres à un homme dont l'obscure aura les dégouttent alors qu'il leur donne tant. Au contraire de ce que certaines personnes tentaient de se laisser croire, cela ne me dérangeait pas. Non, je ne percevais pas mes fonctions comme un véritable fardeau ; au contraire, elles étaient une occasion, certes un peu particulière, de faire triompher la justice. Quelle chance d'avoir pour laird un homme tel que Gabran MacGuffin ; son sens de la loi me semblait si proche de la perfection que je ne pouvais qu'exécuter ses ordres avec une certaine fierté. Alors, n'était-ce pas tout à fait normal de me sentir déstabilisé face au geste de son propre héritier ? Il avait désiré mon arme, mon rôle. Mais il n'avait pas à endurer mon existence. Il était perçu comme Bearach le fervent. Il n'avait pas à porter de masque ni même à traîner une macabre réputation. Pourtant, du sang, il en avait sur les mains. Ah, et puis, parlons un peu de son exécution. Certes, certes, pour une première, il s'en était plutôt bien sorti, ayant déjà ouïe-dire de nombreux désastres en ces essais primaires. Mais j'aurais tranché ce cou avec une précision chirurgicale comme je l'avais toujours fait jusqu'ici. On ne s'improvise pas bourreau, non. Si on m'en avait donné l'occasion, jamais je ne me serais permis de me faire héritier de laird, ne fusse que pour une heure. Les rôles d'une société sont définis et on ne peut les chambouler ; cela ne rime à rien. Sinon, il n'y aurait aucune hiérarchie, aucune discipline alors que c'était ce à quoi l'humanité s'efforçait de répondre - tout du moins, ce que le gouverneur des Lowlands tentait de mettre en place.

Je finis par soupirer, baissant mes épaules s'étant crispées durant ma longue réflexion durant laquelle j'étais resté immobile devant ma porte de bois. C'était inutile de me triturer l'esprit plus longtemps ; Bearach MacGuffin était l'héritier du laird, il était donc libre de faire ce que son père jugeait bon qu'il fasse. Après tout, c'était son souci. Enfin, non, cela restait tout de même aussi le mien. Je l'avoue, je m'étais senti comme écarté de mon devoir, pris au dépourvu, voyant déjà la suite de la scène se dérouler en mon esprit. Les seules altercations que je pouvais parfois rencontrer étaient d'endurer les supplications du condamné qui, finalement, mourrait tout de même. Ils avaient beau hurler, prier, pleurer, jurer, je restai de marbre et accomplissais mon devoir. Voilà qu'on m'empêchait de le faire, coupé de court dans mon élan. J'étais persuadé que malgré le masque que je portai, l'entièreté du monde présent avait deviné mon étonnement, connaissant pourtant mon habituelle platitude. Mais je ne pouvais pas en vouloir à ce garnement, ni même à son géniteur ; je ne le devais pas. Je vivais sur leurs terres et, bien que je les servais, je leur devais énormément - peut-être plus que de raison. J'étais un étranger, un inconnu et il était clair que j'aurais pu être n'importe qui. Un torturé retrouvé à moitié mort, nu comme un ver, au détour d'un ruisseau. Même si c'était son homme de main qui m'avait ramené, le suzerain des terres du Sud aurait pu me chasser ou même me faire tuer. Et je l'aurais accepté, comprenant son geste. Après tout, qu'avais-je donc à perdre à part un misérable corps me hurlant sa peine tant physique que psychologique ? Ce n'était un secret pour personne ; la quasi totalité de la populace connaissait le récit de mon arrivée sur les terres des MacGuffin. Mais au-delà, ils ignoraient tout. Mon passé de pêcheur, mon village brûlé, mes sœurs, mon père, ma servitude... Il n'y avait que Floki qui savait. Je déglutis lentement en repensant au plus lourd secret lacérant mes entrailles à chaque fois que j'y repensais - ce qui m'arrivait bien trop souvent - ; mon frère. J'eus soudain un haut le cœur en revoyant l'image de son corps pâle et détruit par mes propres mains. Surprenant pour un bourreau ? Eh bien pas tellement, je restais tout de même un homme. Allan était fait de la même chair que la mienne, du même sang. Pourtant, il avait coulé sur mes mains. Je secouai vivement la tête, m'obligeant à songer à autre chose ; du feu, il fallait que j'apporte un peu de chaleur ici.

J'observais d'un mauvais œil les flammes commençant à crépiter vivement dans la cheminée. J'en avais de terribles mauvais souvenirs et ceux-ci s'immisçaient avec délectation au sein de mon esprit ; n'as-tu donc pas déjà assez souffert Seumas ? Je passai le pouce sur la paume de ma main droite, détaillant une unième fois l'affreuse cicatrice, vestige d'une brûlure toute aussi horrifiante, l'ornant. J'étais marqué à vie. Je fermais lentement les yeux, récupérant ma respiration se faisant soudainement saccadée ; il ne fallait pas que j'y repense. Dehors, j'étais une figure de marbre, inébranlable et glaciale. Mais il y avait en mon être des démons hideux s'amusant à me grignoter et à raviver bon nombres de peines infâmes. Alors une fois que je me trouvais seul avec eux, ils savaient ce qu'ils avaient à faire. J'avais pourtant remarqué qu'ils se révélaient être une arme fatale pour les victimes de mes tortures ; j'avais connaissance de ce qui était ignoble et de ce qui l'était moins. J'usais de ce dont j'avais été l'objet et j'avais eu l'occasion de remarquer à maintes reprises qu'il n'y avait pas meilleures solutions. C'était une faiblesse devenue force. Ah, est-ce que Bearach MacGuffin avait seulement conscience de tout cela ? Je vins frotter distraitement ma joue en me rendant compte que je pensais à nouveau à lui. J'avais l'impression malsaine de lui en vouloir pour une chose qui me semblait invalide. Cet homme aurait tout de même fini par mourir, que ce soit de sa main, de la mienne ou de celle du peuple. Alors où était le problème ? Je me tourmentais moi-même pour peu de choses. De toute manière, je pouvais encore longtemps me faire tourner en bourrique ; jamais mes questions n'obtiendraient de réponse.

Ma surprise fut immense en percevant le son sec d'une main venant frapper à la porte de ma demeure. Je ne sursautai pourtant pas, peu de choses ayant encore la capacité de le faire. Désirant savoir de qui pouvait bien me rendre visite, à moi, Seumas Morgan, maître des hautes œuvres, je me pris à supposer qu'il s'agissait d'un soldat ou tout autre personne du genre venant m'informer d'un chien errant, d'un capturé ou d'un nouveau condamné. Je ne pus tout de même pas empêcher mes paupières de s'écarquiller quand elles aperçurent sur le pas de la porte l'héritier MacGuffin en personne. Encore lui ? Mais que me voulait-il en fin de compte ? Je ne lui en tins pas rigueur, prenant rapidement l'initiative de m'incliner respectueusement devant lui en le saluant avant d'oser planter mon regard noir sur les traits de son visage. « Que me vaut l'honneur de votre visite mylord ? » demandai-je alors en ouvrant un peu plus la porte avant d'ajouter « Entrez, je vous en prie, que le froid ne vous morde pas d'avantage. » Je reculai alors, lui laissant l'espace nécessaire afin qu'il puisse rentrer. Même si mes traits impassibles comme à l'ordinaire ne laissaient rien transparaître de mes états d'âmes, j'étais chamboulé par cette apparition. D'une telle manière que je sentais mon cœur fracasser ma cage thoracique ; pour quelles raisons Bearach le fervent avait-il donc pris la peine de venir jusqu'ici ? Certes, je le savais, à la manière de son père, proche du peuple mais je n'avais pas souvenir qu'il m'ait déjà un jour rendu visite. Tout m'indiquait que cette entrevue avait un rapport concret avec ce qui s'était passé durant la dernière exécution mais rien ne m'indiquait en quoi elle consisterait. Et cela me terrifiait car, depuis cet instant, je n'avais plus rien saisi et je me sentais indéniablement perdu.



Dernière édition par Seumas Morgan le Ven 12 Juil - 5:56, édité 2 fois
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Bearach MacGuffin
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Fear cuts deeper
Than swords.

There's no shame in fear, my father told me, what matters is how we face it.
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So many vows. They make you swear and swear. Defend the King, obey the King, obey your father, protect the innocent, defend the weak. But what if your father despises the King? What if the King massacres the innocent? It's too much. No matter what you do, you're forsaking one vow or another.

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MessageSujet: Re: Come on inside, and hear the silence constantly judging me • BEARACH & SEUMAS   Come on inside, and hear the silence constantly judging me • BEARACH & SEUMAS EmptyMer 10 Juil - 14:35



L'hiver continuait sa terrible avancée. La seule différence notable avec les années précédentes, c'était les tambours de guerre qui résonnaient à travers la lande. Voilà, nous y étions enfin. Les Lairds avaient cessé de jouer les hypocrites et la guerre avait repris de plus belle. La paix... Qui avait été assez naïf pour y croire ? Certainement pas moi. Si je ne souhaitais rien de plus que la paix, je n'avais jamais songé un seul instant que nous puissions la voir naitre si facilement. Ainsi, nous devrions bientôt faire de nouveau face aux ravages que la guerre apporterait bien assez tôt. Bientôt nos terres seraient rouges de sang, notre peuple endeuillé... Je n'étais pas particulièrement enthousiaste à l'idée de voir nos contrées ravagées. Jusque là nous avions été remarquablement épargnés, mais j'avais la très nette impression que cela ne durerait pas, que cette fois ci, la chance nous ferait défaut. Je craignais la bêtise de Macintosh et Dingwall, plus encore maintenant qu'ils étaient alliés. Il était évident que le second ne serait qu'un pion pour le premier. Nous savions tous que Raghnall Dingwall n'avait que faire de la guerre et de ses conséquences. C'était un rêveur, un naïf, et voilà qu'il était tombé entre les griffes du Macintosh. Cela n'aurait pas été si grave s'il n'avait pas été le gouverneur d'un quart de notre royaume. Maintenant, ses terres et ses hommes étaient entre les mains de notre plus farouche ennemi. Il me semblait que nous ne serions pas du côté des vainqueurs... J'avais un affreux pressentiment, qui me disait que cette guerre n'apporterait rien de bons aux MacGuffin. Et chose exceptionnelle, je commençais à me demander si Père avait pris la bonne décision en choisissant de soutenir la reine. Soutenions nous vraiment les DunBroch, ou étions nous simplement contre les Macintosh ? Si je ne voulais pas voir un Macintosh sur le trône, je n'étais pas certain que les DunBroch y soient encore à leur place. La reine Merida avait prouvé son incompétence à de maintes reprises. L'Écosse ne pouvait continuer à se déchirer ainsi. Un royaume déchiré était un royaume en danger. Combien de temps mettraient les seigneurs des autres contrées avant de réaliser que nous étions faciles à envahir tant nous manquions d'union ? Il n'était pas rare qu'une guerre en entraine une autre, et c'était bien ce qui m'inquiétait le plus.

Non, je n'avais pas hâte de voir venir la guerre. Pourtant, je ferais de mon mieux pour être prêt lorsqu'elle arriverait. J'avais déjà combattu maintes fois, j'étais prêt à remettre les pieds sur un champ de bataille. En revanche, j'étais peut-être moins prêt à prendre les rênes du clan et des Lowlands en main si il devait arriver quoi que ce soit à Père. Je faisais de mon mieux pour me rendre digne de cet honneur si cela devait arriver, mais il me semblait que j'étais encore loin d'être à sa hauteur. Il avait beau tenter de me rassurer, de me dire qu'il n'avait sans doute pas été plus prêt que je ne l'étais quand il avait dû devenir gouverneur, cela ne me rassurait pas. En temps de guerre, je ne pourrais me permettre aucune erreur. C'était pour cette raison que je suivais mon père dans presque tous ses déplacements, que j'assistais à tous les conseils et écoutais avec attention ses discours. C'était tout juste si je n'avais pas envie de noter tout cela quelque part. Récemment, il m'avait demandé mon avis quant au châtiment que devrais subir un malheureux poussé par le désir de vengeance. Je m'étais retrouvé bien obligé de le condamner à perdre sa tête. Et devant l'air bienheureux du petit seigneur accusateur, je m'étais senti obligé de me faire bourreau. Car je n'avais pas supporté l'air réjoui de l'accusateur, qui se réjouissait de voir son coupable mourir de la main d'un homme sans titres. Raisonnement idiot à mon avis, car quoi qu'il en soit, le condamné était, eh bien, condamné. Ainsi donc, je m'étais fait bourreau. Tuer sur un champ de bataille était une chose. Exécuter un homme de sang froid en était une autre. Sur un champ de bataille, vous n'avez pas le choix. C'est vous ou l'ennemi. Et puis il y a la rage et la clameur de la bataille... C'était un autre univers. Sur un champ de bataille, c'était à peine si j'avais l'impression de tuer. Je mettais l'homme de côté pour ne devenir qu'une bête sauvage. Sur un échafaud, c'était bien différent et je m'en étais rendu compte au moment où j'avais posé le pied dessus. Je ne m'étais pas démonté pour autant, j'avais pris la place et l'arme de l'exécuteur et j'avais fauché la vie du condamné.

Cependant en faisant cela, j'avais mis le véritable bourreau dans une position délicate, et je ne m'en étais rendu compte qu'après coup. Je lui avais volé sa besogne, et nous étions partis si vite que je n'avais pas eu l'occasion de m'expliquer sur mon geste. Je me sentais rustre, irrespectueux, et cela me déplaisait fortement. S'il y avait bien une chose que je n'aimais pas, c'était mettre mon prochain dans l'embarras. Or, c'était exactement ce que j'avais fait avec notre bourreau. Il me semblait donc logique, normal, d'aller à lui pour lui fournir des explications quant à mon geste. Père m'avait appris que c'était en respectant chaque individu de nos terres que nous obtenions nous-mêmes le respect. Je m'étais donc mis en route rapidement pour le village, seul. Il ne me semblait pas avoir besoin d'une quelconque garde rapprochée pour aller simplement discuter avec le bourreau du domaine. D'autant plus que je n'ignorais pas que ce dernier avait été choisi personnellement par Père, et qu'en conséquence il avait toute sa confiance. Et la mienne, par extension. Trouver sa maisonnée ne fut guère compliqué, il suffisait de demander aux villageois où vivait le bourreau et ils s'empressaient de vous désigner la demeure d'un doigt avec un air mi-dégouté, mi-effrayé. Les préjugés avaient la vie dure, nombreux étaient ceux qui devaient s'imaginer que l'homme était un monstre. Hélas ! Chaque domaine devait avoir son bourreau, et la lourde tâche d'exécuter les criminels revenait au plus courageux. Certains l'étaient plus que d'autres, et certains encore le faisait par pur cruauté. Il n'existait rien de pire qu'un bourreau cruel. La mort ne l'était-elle pas suffisamment ?

Me retrouvant devant la porte du dit-bourreau, je frappai. Je supposais que le pauvre homme ne devait pas s'attendre à voir l'héritier MacGuffin à sa porte. Et pour cause, il était fort rare que je frappe ainsi à la porte d'un inconnu... Il ouvrit et s'inclina aussitôt, ce qui eut pour effet de me faire grimacer. Je n'étais jamais très à l'aise avec ces marques de respect... Je ne voyais que très peu de différences entre nous, rien qui me vaille un tel traitement, surtout pas pour une question de titres. Je le saluai d'un sourire et d'un hochement de tête, nullement perturbé par son statut de bourreau. J'entrai quand il m'y invitai, sans manquer de le remercier. « Pardonnez cette intrusion dans votre demeure, ce n'est pas avec l'idée de vous ennuyé que je suis venu à vous. » S'excuser n'était certes pas courant chez les seigneurs. Ils étaient tellement nombreux à s'estimer supérieurs à leurs vassaux qu'ils ne reconnaissaient que très rarement leur torts. Je m'estimais bien heureux d'avoir été élevé par un homme aussi honorable que Gabran MacGuffin. Dieu sait ce que j'aurais pu devenir si j'avais grandi dans la famille d'un homme tel que Macintosh... Rien que d'y penser j'avais envie de grimacer. « Il me semble vous devoir des explications quant à mon geste sur la place publique. Je vous ai subtilisé votre besogne et suis parti sans vous avoir seulement adressé un mot, et ce n'était pas correct, je vous prie de m'en excuser. » Des excuses, encore. J'ignorais par où commencer, réellement, ainsi je disais les choses comme elles me venaient, simplement. « Ce n'était nullement pour vous mettre vous, dans l'embarras. Mais voyez vous, le seigneur qui accusait l'exécutait pensait mon jugement miséricordieux... Il me semblait nécessaire de lui montrer que la mort ne l'est jamais, et que mon jeune âge ne lui donnait pas le droit de remettre mon jugement en question. »
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Je suis les eaux assassines.
Je suis le sang de la vie.
Tu expieras tes crimes dans la souffrance.


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« Une fois, je marchais avec la peau sur les os. Une autre fois, j'embrassais chaleureusement. A présent, je me promène sur un long chemin. Je suis la piste des tombes. Le ver dévorait et le gel mordait. Je suis la piste des tombes. Une fois, je suivais le chemin d'un pas vif. Une autre fois, je portais une armure et une lame. À présent, je me promène sur une longue route. Je suis la piste des tombes. Le gel glacé et les flammes brulantes. Je suis la piste des tombes. Une fois, un homme fier et juste. Une autre fois, j'abattais traitreusement. À présent, je me promène sur une longue route. Je suis la piste des tombes. » FINNTROLL - GALGASANG
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MessageSujet: Re: Come on inside, and hear the silence constantly judging me • BEARACH & SEUMAS   Come on inside, and hear the silence constantly judging me • BEARACH & SEUMAS EmptyVen 12 Juil - 21:04




bearach & seumas

► L I S T E N
Le vent m'avait apporté au pas de ma porte une bien étrange créature ; peu habitué à recevoir une quelconque visite, ma surprise fut grande en apercevant les traits de l'héritier MacGuffin lui-même. Comme s'il avait entendu mes plaintes, mes questionnements et mes doutes. Ses pas l'avaient mené jusqu'ici, sur ce chemin que j'accomplissais chaque jour. Sans doute n'avait-il pas eu de mal à trouver ma maisonnée ; chaque habitant du domaine pouvait sans peine pointer du doigt la façade de ce bâtiment qu'ils préféraient fuir puisqu'il abritait depuis maintes années chaque bourreau des MacGuffin et leur famille. Personnellement, je vivais seul et mes jours finiraient très certainement ainsi. Les exécuteurs avaient la curieuse manie - bien qu'à vrai dire cela était peut-être plus une obligation - de s'unir uniquement entre eux, gens à part qu'ils étaient. Tandis que le peuple s'évertuait à cultiver la vie, ils semaient la mort là où ils passaient. La réaction de leur entourage était, au final, plutôt compréhensible. Quelques récits de tortionnaires infâmes m'avaient été contés et c'était avec prudence que j'évitais qu'on me compare à eux. J'étais bien des choses mais je refusais catégoriquement que l'on me qualifie de cruel ; j'avais connu ce fardeau assez bien pour en épargner même mes propres victimes. Ce point d'honneur m'avait valu d'être approuvé par le laird lui-même, me laissant exercer mon devoir avec confiance ; s'il était juste par ses jugements, je l'étais par mes actions. Je n'étais que l'extension de ses décisions, l'accomplissement final d'une idée ayant traversé son esprit, ensuite ses lippes pour terminer dans le creux de l'oreille du peuple qui se languissait de pouvoir admirer l'exécution. Cette curiosité malsaine de pouvoir entrevoir la mort les habitaient depuis toujours et pourtant, ils continuaient à dévisager la face du bras de la mort ; n'était-ce pas eux-même qui réclamaient la sentence, le poing levé et la gorge déployée ? Peut-être que Bearach avait-il aussi désiré pouvoir jeter un coup d’œil au sein de la faille que formait l'évanouissement de la vie d'un corps. Elle était quasi imperceptible, impossible à déterminer exactement ; c'était plus court qu'un instant, qu'un fragment de temps. Insaisissable. Quand toute vitalité abandonne un corps, il est impossible de la retenir ; elle s'échappe entre vos doigts, comme une source limpide venant s'échouer sur un sol crasseux la souillant à jamais. Le sang représentait à la perfection cette source existentielle s'échappant du corps ; il était la représentation physique de ce qu'était la vie. Qu'il fut impressionnant, s'écoulant sur la blanche pureté neigeuse. Le paysage saupoudré de cette délicate nuée de flocon semblait figé et il me semblait toujours dommage de venir le déranger en abîmant son doux et froid manteau. Pourtant, ce n'avait pas été ma main qui l'avait fait se répandre mais bel et bien celle du jeune homme qui se dressait à l'instant devant mon être, aussi inattendue puisse être la scène. Bearach, à n'en pas douter, était plein de ressources mais plus certainement, plein de surprises.

Les mots de l'héritier m'étonnèrent un instant ; emplis d'excuses et d'explications que je n'avais plus espérées, je les écoutai avec grande intention, fixant mon illustre interlocuteur. Son attitude, autant que par sa voix que par ses gestes, me laissait croire qu'il me parlait d'homme à homme ; à ses yeux, peut-être n'étais-je pas que cette ombre errante de besogne en besogne, dont la pâle peau effrayait autant que les abysses bleutées formant ses pupilles. Il souriait. Comme il l'aurait fait face au boucher du coin, sans même se sentir comprimé par la gravité par mon statut. Non, Bearach MacGuffin était venu simplement expliquer son geste, comme il l'aurait exposé à n'importe qui d'autres, si ce n'était que c'était bel et bien au bourreau qu'il s'adressait. Quel âge avait-il ? Vingt-deux années, peut-être une de plus, une de moins. Il n'était guère éloigné de l'âge où mes bras s'étaient pour la première fois abattus sur la nuque d'un homme afin de le séparer de son chef. C'était certes une expérience unique mais chaque exécution l'était ; on aurait facilement pu croire que mon geste était devenu machinal mais jamais je ne me permettais de manquer de concentration ou de détermination ; j'étais le dernier lien entre la vie et la mort, autant qu'il soit correctement cousu. C'était peut-être cela qui m'avait le plus dérangé dans le geste du MacGuffin ; il avait privé cet homme de mon expérience et de mon intention, pendant qu'il m'ôtait l'occasion d'exercer mes fonctions auxquelles, finalement, je tenais tant. Si un jour il venait à l'idée du laird de m'interdire d'assurer mon travail, j'ignore quelle serait ma réaction. Perdu et dépité, sans doute partirai-je errer dans les bois, en attendant que les troncs et leurs habitants ne me murmurent quelque chose à faire. Ou peut-être irai-je pêcher. A moins que cette activité ne me rappelle trop amèrement ce passé dont je regrettais la tranquillité. Bien heureusement, je n'avais pas à m'en inquiéter actuellement ; l'héritier était juste venu m'offrir quelques phrases me rassurant immédiatement, il n'était point arrivé afin de me défaire de mes fonctions, comme je l'avais un instant craint. Le laissant s'exprimer jusqu'au bout, ses mots firent écho en mon crâne tandis que j'humectai mes lèvres. Baissant un instant le regard, j'hésitais un instant sur mes gestes, joignant mes deux mains avant de désigner de l'une d'entre elle une chaise non loin de nous, aux côtés de la table trônant près de la cheminée, l'invitant à s'y assoir. Si l'héritier du laird avait parcouru tout ce chemin, autant discuter.

Une fois qu'il fut installé, je le mirais un instant avant de l'imiter, tirant lentement le dossier de la chaise tout en continuant de le scruter. Mais il me sembla que la pièce était trop sombre, ainsi m'empressai-je d'allumer quelques chandelles que je vins déposer sur la table, autour de laquelle je finis par me poser. Si d'entre mes lèvres aucun mot n'avait encore daigné sortir, c'est que je me remémorais sans cesse les paroles de cet invité de choix. Venant lentement déposer - j'avais pris cette curieuse habitude de ne jamais me presser, quelque fut la situation - mes mains sur la table, je détaillai une fois de plus l'intérieur de mes paumes ravagées avant de lever les yeux vers mon interlocuteur auquel je n'avais offert aucune réponse. Enfin, je me décidai à ouvrir la bouche, laissant résonner ma voix grave aux contours froids mais réguliers. « Je ne pensais pas vous voir. » commençai-je, plaquant soudainement mais avec délicatesse senestre et dextre contre la table. Les cicatrices amenaient aux questions et je préférais les éviter. « Mais votre geste m'a encore plus surpris que votre présence en ce lieu, mylord. » Redressant l'échine, j'inspirai profondément. Ah, que mes paroles étaient futiles ; le bougre devait bien s'en douter. En revanche, il ne devait guère deviner l'émoi que cela m'avait causé. « A ma connaissance, peu d'hommes aiment à se faire bourreau, surtout quand il s'agit d'hommes de votre rang. » Je soupirai, mes pupilles revenant se poser sur mes propres membres, baissant leur garde devant le faciès de l'héritier du laird. Je ne savais comment l'exposer, et à vrai dire, je doutais que ce soit une bonne idée mais son jugement sonnait tellement faux aux creux de mes oreilles. Nos chemins étaient clairement différents, sans doute ses expériences de la vie restaient-elles des plus douces à supporter. Posant mon regard sombre sur les flammes dansantes avant de le rediriger vers Bearach, je fis à nouveau sonner mon timbre, cette fois-ci d'un ton encore moins chaleureux, découvrant qu'une certaine amertume s'était glissé au fond de ma bouche. « Avez-vous déjà souhaité mourir, lord MacGuffin ? » Cette question m'était venue à l'esprit comme un éclat, soudainement, sans prévenir, traversant la barrière de mes lippes pour venir faire vibrer l'air. Doucement, je vins passer sous une caresse ma main contre mon menton avant de la poser à nouveau sur la surface de bois, songeur. Car je savais, qu'une fois qu'un tel désir était né dans notre esprit, cette fin ultime avait des allures de don du ciel inespéré, notre existence nous semblant plus cruelle que toute autre chose. Combien de fois avais-je hurlé pour qu'elle vienne ? Que la Faucheuse m'enserre dans ses bras mortuaires, qu'elle me saisisse enfin pour m'emmener au loin ? Un peu de douceur, juste un peu de paix même, simplement. Plus de larmes, plus de sang, plus aucun sentiment. Juste le sommeil éternel. Alors non, la réflexion de l'héritier du laird ne m'avait pas semblé juste ; bien sûr que si, la mort pouvait se montrer clémente ! Il était bien plus agréable de céder sous la lame sûre d'un bourreau juste que de terminer écartelé par quatre chevaux martelés de coups et hennissant de frayeur. Quant à prouver sa valeur et son autorité... Il me semblait qu'il y avait d'autres moyens que de dérober la besogne d'un autre, aussi courageux avait-il désiré se montrer.

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Bearach MacGuffin
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MessageSujet: Re: Come on inside, and hear the silence constantly judging me • BEARACH & SEUMAS   Come on inside, and hear the silence constantly judging me • BEARACH & SEUMAS EmptyLun 29 Juil - 17:39



Père et moi étions de bien étranges créatures. Les seigneurs ne se mêlaient que rarement au peuple en règle générale. Mais Père et moi, nous étions un peu différents. À moins que nous ne le soyons beaucoup ? Ma volonté d'être proche du peuple ne datait pas de la veille. Plus jeune déjà, je prenais plaisir à me mêler à la populace. Quand Mère était encore en vie, elle me laissait jouer avec les garçons d'écurie et les petites filles des servantes. Je me moquais alors d'être l'héritier MacGuffin, et après un temps, les autres enfants finissaient par s'en moquer eux aussi. Je n'avais pas peur de me trainer dans la boue avec mes compagnons d'une journée. Les souvenirs que j'avais de ma mère, le dernier mis à part, étaient particulièrement heureux. L'été qui avait précédé sa mort avait été particulièrement chaud, et elle m'avait emmené à la rivière, où je m'étais baigné avec les autres enfants. J'étais alors à peine plus grand qu'un bambin, mais je me souvenais très clairement de cet après midi là. Il avait fait si chaud que les convenances et les titres avaient été oubliés. Les grandes dames comme les servantes avaient terminées les pieds dans l'eau, les jupes trempées, encouragées par les rires des seigneurs, des chevaliers et des paysans. Les enfants s'éclaboussaient en criant sous les regards attendris de leurs parents. Je me souvenais des yeux rieurs de Mère, de ses cheveux dorés trempés qui lui collaient au visage, et de l'air profondément amusé qu'avait eu Père quand il nous avait retrouvé trempés tous les deux. Ce jour là, nous avions tous été égaux. Et malgré mon jeune âge et mon esprit d'enfant, j'avais décidé ce jour là de traiter tous les hommes en égaux, quel que soit leur rang. En grandissant, j'avais compris que les petites gens n'étaient pas bien différentes des nobles si on leur donnait la chance de s'élever et qu'on les traitait non pas comme des êtres inférieurs mais comme des semblables. Hélas, cette idée était encore bien trop peu répandue.

Mais au domaine MacGuffin, il n'était pas rare d'entendre que le Laird ou son fils s'étaient faits les sauveurs de malheureux. Il y avait d'abord eu Floki, Viking égaré qui n'avait plus quitté mon père depuis maintenant des années, il y avait eu Siobhán, que j'avais secourue d'une foule d'hommes de peu de vertu, qui vivait au palais avec nous depuis, et enfin il y avait Seumas, le bourreau choisi par Père lui-même, et dont la fidélité n'avait pas failli depuis. Il me semblait ainsi plus que naturel de lui expliquer pourquoi j'avais fait ce que j'avais fait. C'était une question de respect. Un homme respectable et respecté s'attirait plus facilement la fidélité du peuple, je l'avais bien compris. Mais ce n'était absolument pas par esprit de stratégie que j'étais venu au bourreau. Non, c'était bel et bien pour m'excuser auprès de l'homme. Père aurait certainement fait de même et j'étais presque certain qu'il approuverait ma démarche. « Je suppose que tout homme doué d'un minimum de bon sens évitera autant que faire se peut de se faire bourreau. Votre métier est sans doute le moins  facile qu'il soit, et pour cela vous avez tout mon respect. » Personne ne voulait être bourreau, c'était une tâche bien ingrate, qui condamnait celui qui se résolvait à l'accomplir à être un paria. Il suffisait de voir de quelle façon le reste du village traitait Seumas. Quand un homme vous désignait sa maison, vous aviez l'impression qu'il vous désignait l'antre de la Faucheuse en personne. Alors qu'en réalité, il s'agissait de la main de la justice. La foule se plaisait pourtant à assister aux mises à mort, elle s'en délectait même. N'était-elle pas plus cruelle que l'homme qui abattait l'épée ? La nature humaine était pleine de mystère. Le plus doux des agneaux pouvait se faire loup en un battement de cil. Le loup se faisait rarement agneau, en revanche. Il était bien plus aisé de corrompre une âme douce et innocente qu'il ne l'était de refaire venir une âme damnée du bon côté.

La question du bourreau me surprit au plus haut point. Je haussai les sourcils. Avais-je déjà souhaité mourir ? La réponse correcte était non, de toute évidence. Seulement, cela aurait été mentir, et je détestais ne pas être honnête. Je soupirai longuement, comme si je cherchais à vider mes poumons de tout leur air. « Pour être tout à fait sincère avec vous, j'ai pensé plus d'une fois qu'il me serait peut-être moins douloureux de ne pas vivre. » Pour autant, pouvait-on dire que j'avais souhaité mourir ? Après tout, je n'en étais pas certain, et je me rendais compte que les mots que je venais de prononcer instinctivement venaient peut-être de révéler le fond de ma pensée, un fond que je découvrais à peine. « Toutefois, après mûre réflexion, je ne suis pas certain qu'il s'agisse d'une véritable envie de mourir. Peut-être davantage d'une envie de n'avoir jamais vécu, pour justement ne jamais avoir à mourir. Hélas, nous prenons tous le risque de trépasser le jour où nous naissons. C'est la plus grande tragédie de l'homme. » Cela... Et très certainement l'amour. En ce qui me concernait, j'étais certainement bien plus effrayé par l'amour et la passion que par le trépas. J'avais vu ce que ces deux sentiments avaient fait de mon paternel, et je n'avais guère envie d'être aussi misérable que lui s'il devait arriver malheur à ma future épouse. Si elle était aussi douce et intelligente que Père me l'avait dit, je l'aimerais, à n'en pas douter. J'avais envie de l'aimer, tout comme cela m'effrayait davantage que n'importe quoi d'autre. « Et vous ? Cette pensée vous aurait-elle déjà effleuré l'esprit ? » Quelque chose me disait que c'était le cas. À tant côtoyer la mort, on ne pouvait éviter d'y penser, et elle devait devenir une chose si banale qu'elle en perdait tout côté effrayant. Ou alors, la vie de l'homme était plus misérable que je ne l'aurais cru. Pour certains, mourir pouvait prendre des allures de bénédiction.


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Seumas Morgan
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Je suis les ténèbres recouvrant le monde.
Je suis les eaux assassines.
Je suis le sang de la vie.
Tu expieras tes crimes dans la souffrance.


FINNTROLL - NATTFODD

« Une fois, je marchais avec la peau sur les os. Une autre fois, j'embrassais chaleureusement. A présent, je me promène sur un long chemin. Je suis la piste des tombes. Le ver dévorait et le gel mordait. Je suis la piste des tombes. Une fois, je suivais le chemin d'un pas vif. Une autre fois, je portais une armure et une lame. À présent, je me promène sur une longue route. Je suis la piste des tombes. Le gel glacé et les flammes brulantes. Je suis la piste des tombes. Une fois, un homme fier et juste. Une autre fois, j'abattais traitreusement. À présent, je me promène sur une longue route. Je suis la piste des tombes. » FINNTROLL - GALGASANG
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MessageSujet: Re: Come on inside, and hear the silence constantly judging me • BEARACH & SEUMAS   Come on inside, and hear the silence constantly judging me • BEARACH & SEUMAS EmptyJeu 15 Aoû - 20:46




bearach & seumas

► L I S T E N

Bearach MacGuffin n'était, en soi, pas un mauvais bougre. Au contraire, j'étais persuadé qu'il s'évertuait à être aussi bon qu'un homme puisse l'être. Mais de quel droit s'était-il accaparé ma besogne ? Sa décision ne devait pas avoir assez muri au sein de son esprit d'héritier ; alors comme ça, il n'avait pas voulu m’embarrasser ? Mais il l'avait fait, tourmentant mon esprit que j'avais découvert plus irrité de se voir dérober son travail que je ne le pensais. Le futur gouverneur n'avait pas pris en compte tous les paramètres de son calcul, laissant pour compte un être qui, pourtant, prenait toute son importance dans le problème. Mais le fils MacGuffin serait un grand homme. J'en fus persuadé en pouvant observer sa silhouette se dessiner au sein du cadran de ma propre porte ; il venait réparer ses fautes. Peu de nobles auraient agi de la sorte ; restant éternellement perchés sur leur piédestal, supérieurs qu'ils se pensaient. Bearach était descendu jusque mon antre, bravant les préjugés et le chemin glacé du village, perçant l'aura ténébreuse qui me suivait sans cesse. Le jeune homme se dressait devant ma personne, un sourire accroché aux lèvres. Qu'il était curieux, ce MacGuffin. Spontané et naturel. Un original parmi les plus grands de ce monde, à n'en pas douter.  

Ecoutant son discours sans l’interrompre ni même y répondre, je jugeai que sa démarche méritait que je l'invite au sein de ma demeure. Je ne m'étais pas attendu à sa visite. A vrai dire, ce jeune homme m'étonnait sur bien des plans, tant par ses actes que par ses pensées. Si bien que je ne pus empêcher cette question, des plus curieuses, j'en avais conscience ; avait-il seulement déjà désiré mourir ? Enregistrant chacun de mots qu'il prononça, je me mis à les analyser un à un, lentement, venant déposer mon menton contre ma dextre que j'avais pris le soin de fermer. Quand il me renvoya la question, je fus surpris. Non pas dépourvu, car je gardai toute ma froideur et mon impassibilité, me contenant simplement de déposer mon regard sombre sur sa personne. Je restai un instant silencieux, songeur. Je vins doucement reposer l'échine contre le dossier de ma chaise tout en humectant mes lippes. Comment lui expliquer ? Que le bourreau qu'il avait en face de sa personne avait mille fois suggéré à la Mort de venir le prendre sans qu'une fois elle ne daigne accepter de poser son regard sur sa personne suppliante ? Qu'il y avait encore, quelques années, il délirait seul dans une cellule lugubre, rêvassant d'une ultime délivrance qui, enfin, lui permettrait d'assassiner ses pires démons ? Etait-ce seulement un discours que je pouvais tenir là ? Assurément que non. Cela m'était impossible. Je devais choisir mes mots avec une prudence sans nom, afin d'éviter que mes chimères ne viennent à nouveau me hanter. Abandonné de tous, je les laissais venir, las de lutter. Mais une fois que j'étais accompagné, je me devais de rester cette statue de marbre impénétrable. C'était vitale. « Contrairement à ce que vous semblez penser, lord MacGuffin, la mort a parfois des allures de délivrance. » Plongeant mes pupilles céruléennes dans celles de mon vis-à-vis, je continuai. « Quand le prix de la vie vous paraît trop cher à payer, quand votre existence n'a plus rien à vous offrir et que déjà, vous vous trouvez sous terre, le trépas est le plus doux des nectars dont votre gorge asséchée puisse encore se délecter. » Le visage fermé, je baissai les yeux, le laissant fuir de biais. J'avais senti une faille s'y immiscer et l'on disait que le regard était le miroir de l'âme. J'avais pourtant appris à le sceller, d'une telle sorte que peu de gens pouvaient prétendre deviner ce qui se passait en mon être. Pourtant, je me doutai bien qu'il ne fallait pas être devin que pour comprendre qu'au moins une fois au sein de mon existence, j'avais, en effet, désirer en finir. Peu en importait la raison ; je savais que j'avais livrer à Bearach une partie de mon expérience, restant pourtant des plus floues. Néanmoins, certaines marques ne mentaient pas ; bien que, miraculeusement, mon visage avait été épargné de toutes empreintes choquantes, mes mains restaient meurtries de ce passé douloureux qui était mien. C'était la seule partie de ce corps tourmenté qui s'offrait aux yeux du MacGuffin et sûrement n'avait-il pas besoin de plus pour se douter que, derrière ces pupilles sombres et ces cicatrices, dernières preuves d'atroces blessures, se cachaient d'innombrables souvenirs miséreux.  

Scrutant mon interlocuteur, je fronçai subtilement des sourcils avant de joindre mes deux mains l'une dans l'autre, les serrant avec ferveur. J'avais baissé la garde. Ah ! Je détestais cela, quand, doucement, l'on me prenait en traître et que, lentement, je laissais mes défenses s'effondrer sans même en prendre conscience. Est-ce que Bearach en avait seulement conscience ? Je ne cessai de me poser cette question. Que pouvait-il bien se passer dans l'esprit de l'héritier MacGuffin ? Il était jeune, peut-être pas beaucoup plus que ma personne mais il restait un être qui me semblait avide de mille connaissances. Il était avide de savoir ; c'était un devoir pour son être. Nos existences étaient tellement différentes. Mais mon vis-à-vis n'en savait rien ; comment aurait-il pu ? Le seul réellement au courant de mes souffrances était Floki et jamais il n'aurait été en parler à qui que ce soit. Mes pensées se dirigeant vers le viking, je chassai mes précédentes pensées, déterminé à écraser ses démons commençant à ramper lentement en-dehors de leurs lugubres cachettes. « Mais l'on ne peut pas toujours mourir. » ajoutai-je alors, tentant de détendre mes mains crispées. « C'est une question de volonté. Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort. » Floki me l'avait enseigné ; après avoir supporter mon corps, mon esprit, il s'était mis en tête de me redresser, peu importait le temps que ça lui prendrait, le temps que cela me prendrait. Il m'avait aidé là où jamais je n'aurais cru trouver de soutien, il était plus qu'un protecteur, il était l'être qui m'avait tiré de la plus sombre impasse de mon existence, celui qui, sans aucun doute, m'avait sauvé. Désormais, j'avais compris à quels points ces paroles étaient emplies de vérité ; les épreuves que j'avais dû surpasser m'avaient, assurément, forgé, m'insufflant une force dont je n'aurais jamais été le possesseur sans tout cela.

Me rendant soudainement compte que je déblatérais sur un sujet épineux - peut-être plus pour ma personne que mon vis-à-vis, j'en avais conscience - je jugeai bon de changer de conversation, aussi habilement que cela pouvait l'être. Autant revenir sur la raison de la visite de cet illustre personnage. « Je dois vous remercier. Votre démarche me touche plus que vous ne le pensez. » J'adressai à Bearach un signe de tête reconnaissant, lui prouvant ma sincérité. « Il ne m'a fallut guère longtemps pour me poser plus de questions que de raison. Servir votre père m'est autant un honneur qu'un plaisir, m'en retrouver privé m'aurait été insupportable. » C'était une vérité que le laird MacGuffin ne devait pas ignorer ; je m'évertuais en permanence à répondre à toutes ses demandes, de mon mieux pour que jamais je n'ai à subir de trouver de la déception chez lui. Perdre mes fonctions m'aurait achevé ; elles étaient le refuge que j'avais trouvé, celui où je pouvais m'épanouir, certes d'une curieuse façon pour le reste du monde. « Puis, j'avoue que pour une première exécution, ce n'était pas un carnage. » Voilà à quoi, en soi, pouvait ressembler un compliment venant de ma personne. Je n'avais jamais été doué dans les contacts sociaux et ce n'était pas ces dernières années que cela s'était arrangé ; ma maladresse me poursuivait en permanence, qu'elle soit physique ou spirituel. Je m'élançai même dans une vaine tentative de sourire qui, je le sus à l'instant où mes traits s'étaient tirés, ne devait avoir donné qu'un rictus fébrile et difforme dont l'étrange dessin devait se révéler tout à fait particulière. Je me souvenais parfaitement bien de ma première exécution. C'était un homme d'environs une trentaine d'années qui, à force de battre sa femme, avait terminé par l'achever. Dans un mouvement de colère, il s'en était pris au restant de sa famille, anéantissant ses propres enfants et même sa pauvre belle-mère, n'épargnant même pas le chien. Ses crimes avaient facilité ma tâche ; peu de gens pouvaient éprouver une quelconque pitié pour un être pareil. Je me remémorai avec une exactitude étonnante les derniers conseils de Wallace qui, finalement, s'était avéré fier de moi. Ce souvenir resterait éternellement encré au sein de mon crâne ; à vrai dire, je ne le laisserai jamais s'évaporer. Aussi bizarre que cela pouvait paraître, j'y tenais. « Son souvenir restera à jamais graver en votre esprit. » avais-je alors déclaré, la tête légèrement penchée vers la droite, comme attendant quelque chose. A vrai dire, je crois que j'étais entrain de guetter une réaction. Parce que c'était une certitude ; jamais Bearach le fervent n'oserait oublier son geste.

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MessageSujet: Re: Come on inside, and hear the silence constantly judging me • BEARACH & SEUMAS   Come on inside, and hear the silence constantly judging me • BEARACH & SEUMAS EmptyDim 22 Sep - 12:10



La mort effrayait autant qu'elle fascinait. Être bourreau, c'était y être confronté quotidiennement, c'était vivre avec en permanence. Je n'étais qu'à moitié étonné de trouver en Seumas un homme qui paraissait si tourmenté. Avec les bourreaux c'était soit cela, soit ils aimaient leur besogne, et ce n'était pas forcément une bonne chose. J'avais beau être un homme de guerre, il n'y avait rien que je détestais plus qu'ôter une vie. Sur un champ de bataille, c'était vous ou votre assaillant. Vous n'aviez pas le choix, c'était tuer ou être tué. Chaque homme devait se dire la même chose, ce qui m'amenait souvent à penser que la plupart des hommes auxquels j'avais ôté la vie n'étaient pas de mauvais bougres. Simplement de pauvres hommes qui n'avaient eu d'autre choix que de prendre les armes pour leur seigneur. La guerre était quelque chose de terrible, et la perspective de la voir éclater de nouveau me rendait particulièrement nerveux. Je n'osais pas imaginer de quoi seraient capables les Macintosh et les Dingwall réunis. Ou plutôt, Aodhan Macintosh disposant des hommes de Raghnall Dingwall. Tout le monde savait que ce dernier n'en avait que faire de ses devoirs, qu'il  n'était plus qu'un pion entre les mains de son nouvel allié. Aodhan était aussi intelligent qu'il était belliqueux et sa haine pour les DunBroch et les MacGuffin pourrait bien lui donner de bien mauvaises idées. Je n'avais pas envie de voir mes terres ravagées par la guerre, envahis par les troupes de nos ennemis. Je n'avais pas envie de prendre les armes, ou de forcer les hommes du peuple à les prendre. Je n'avais pas envie de me faire le bourreau d'innocents qui ne faisaient qu'obéir aux ordres. La vie de soldat était bien différente de celle d'un véritable bourreau, j'en avais toutefois conscience. Sur un champ de bataille, il était exceptionnel que les morts données soient propres et rapides. Les coups étaient portés pour donner la mort, mais cette dernière survenait rarement rapidement. À la fin de la bataille, les cris d'agonie des mourants résonnaient sur des kilomètres. Parfois, la chose la plus humaine à faire était de les achever. Parfois les soins que les guérisseurs leur prodiguaient ne faisaient que prolonger leurs souffrances. Hélas, j'avais connu plus d'un agonisant qui préférait les souffrances à la mort. Car la mort restait ce qu'il y avait de plus terrifiant pour l'homme. Souffrir, c'était avoir la preuve que l'on était bel et bien en vie. Qu'importe la douleur.

Le bourreau lui, devait donner la mort vite et bien. Tout du moins, c'était ce qu'il devait se passer en théorie. Certains hommes avides de vengeance n'hésitaient pas à échanger la lame du bourreau contre une lame émoussée ou à le faire boire suffisamment pour qu'il rate son exécution et massacre le condamné qui trépasserait dans d'atroces souffrances. Mais Père avait remarquablement bien choisi le bourreau du domaine, nous n'avions jamais eu à nous plaindre de Seumas. Il faisait son travail mieux que n'importe quel bourreau qu'il m'ait été donné de voir. Je restai pensif un instant lorsqu'il affirma que ce qui ne nous tuait pas nous rendait plus fort. Je devais bien avouer que je n'avais jamais été très d'accord avec ce concept. Avec un soupir, je passai une main dans mes cheveux. « Me concernant, ce qui ne m'a pas tué s'est contenté de me laisser de vilaines cicatrices. Ce qui ne m'a pas tué m'a simplement rendu amer. » J'eus un petit rire. La situation était pourtant bien loin d'être drôle. Il était fort rare que je ris parce que les choses étaient drôles. La seule à savoir m'arracher un rire qui était sincère était Rhona, et je n'avais plus guère de temps à accorder à Rhona. « Mais peut-être êtes-vous détenteur de la vérité. Je suis de nature mélancolique et profondément pessimiste, je suis la plupart du temps incapable de voir le bon côté des choses. » Pour ainsi dire, je tenais de mon père. Je tenais de lui bien plus que je ne voulais l'admettre. On me disait souvent à quel point je lui ressemblais, que ce soit sur le plan physique ou psychologique. Parfois j'en étais fier, et parfois cela m'inquiétait. Car cela crevait les yeux que Père n'était pas heureux malgré toutes les vertus qui étaient les siennes. Je n'avais pas envie d'être malheureux toute ma vie. Le bonheur était une chose qui allait et venait, mais il me semblait que cela faisait bien des années que ni Père n'y moi n'y avions réellement eu le droit.

Je soupirai longuement, m'extirpai difficilement de mes pensées pour reporter mon attention sur la conversation, qui s'était recentrée sur l'exécution que j'avais volée à Seumas. Je fronçai les sourcils, car je ne pensais pas que ma démarche avait quoi que ce soit d'extraordinaire. Toutefois, j'acceptai les remerciements humblement. « N'ayez crainte, je n'ai nullement l'intention de vous voler votre travail. Vous le faites trop bien pour que j'y songe seulement. Vous êtes un excellent bourreau et un homme honnête comme on n'en trouve que trop peu. » C'était vrai. Je doutais que Seumas soit complimenté régulièrement, c'était la raison pour laquelle je lui offrais des paroles rassurantes. Je souris légèrement lorsqu'il ajouta que ma première exécution n'était pas trop mauvaise. « Première et je l'espère dernière. Ma place est sur un champ de bataille, pas sur un échafaud, je ne l'oublierai plus. » Évidemment, cette exécution resterait gravée dans mon esprit. « Comme toutes les autres. Si je n'ai participé qu'à une paire de batailles, soyez assuré que je n'oublierai jamais un seul des hommes auquel j'ai ôté la vie. » J'expirai longuement. « Vous êtes vous déjà trouvé sur un champ de bataille ? »


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