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 People who fight fire with fire end up with ashes ϟ CIARAN & ESRAS (âmes sensibles à la violence s'abstenir)

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Eireen Dunegan
Eireen Dunegan

Western Highlands and islands

▷ MESSAGES : 1277
▷ INSCRIPTION : 05/01/2013
▷ LOCALISATION : Probablement en train de traumatiser un homme de plus quelque part dans les Western Highlands
▷ ÂGE : 24 ans
▷ HUMEUR : Sauvage
« I am a lion-hearted girl »
Woman ? Is that meant to insult me ? I would return the slap,
if I took you for a man.
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I want to weep. I want to be comforted. I'm so tired of being strong. I want to be foolish and frightened for once. Just for a small while, that's all. A day. An hour.

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MessageSujet: People who fight fire with fire end up with ashes ϟ CIARAN & ESRAS (âmes sensibles à la violence s'abstenir)   People who fight fire with fire end up with ashes ϟ CIARAN & ESRAS (âmes sensibles à la violence s'abstenir) EmptyMar 13 Aoû - 22:12



    ⊱ I'll be dead before the day is done.

Le premier coup m'avait fait chanceler. J'avais titubé en arrière un instant, les genoux avaient flanché une seconde, mais j'étais restée debout malgré la douleur qui se répandait dans mon corps. Le second, en revanche, avait été porté avec une telle force que j'avais été jetée à terre avec une violence inouïe. Oubliées, les leçons d'Eremon qui m'apprenait comment tomber correctement. J'avais heurté le sol si durement que j'en avais eu le souffle coupé. Des étoiles dansaient devant mes yeux. Ils riaient tous. Il me fallut cligner des yeux à plusieurs reprises pour reprendre mes esprits et y voir de nouveau clair. Je n'eus que le temps d'apercevoir les sourires des hommes qui m'entouraient avant qu'une nouvelle claque ne m'envoie heurter le sol gelé une nouvelle fois. C'était aussi douloureux que si ma tête avait cogné contre de la roche. Je n'étais pas habituée à la douleur. Je me pensais forte, mais je découvrais que supporter des coups était un exercice plus compliqué que je ne l'avais supposé. Il fallait toutefois que je trouve un moyen d'y parvenir. Une douleur aigüe à l'arrière de ma tête me donna envie de vomir. Mon cœur battait si fort que je sentais le sang battre contre mes tempes. Je ne savais même plus combien ils étaient. Quatre, peut-être cinq ? Je ne savais plus. Je roulai sur le ventre pour me mettre à genoux, me relever. Il fallait que je me relève. Je n'allais pas rester là, allongée au sol. Il fallait que je me relève. Je me suis relevée, malgré mes jambes tremblotantes. Quatre. Il étaient quatre. Je les connaissais tous, absolument tous. Le palefrenier, un vieux chevalier et son écuyer, un garçon de cuisine. À un moment où à un autre de leurs vies, je les avais tous humiliés en refusant leurs avances ou en prouvant que je valais mieux qu'eux. Seuls face à moi, ils ne valaient rien. Alors ils avaient décidé qu'ils me feraient payer leur humiliation tous ensemble. « Vous êtes pitoyables » avais-je craché, pleine de haine et de dégoût. Quatre ? Il fallait qu'ils soient quatre pour s'en prendre à moi ? « Et lâches. Vous ne valez rien, rien du tout, vous avez autant d'honneur qu'un rat. Vous feriez tout aussi bien de retourner dans le trou duquel vous avez rampé, comme les minables que vous êtes ! » Le poing du palefrenier s'écrasant contre ma joue et alors que je reculai en arrière sous la force du coup, je sentis le sang envahir ma bouche. Je le crachai à la figure de l'homme avec dédain. Je ne leur donnerais pas le plaisir de m'entendre les supplier de me laisser tranquille. Cela leur aurait donné satisfaction. Il fallait que je reste forte. J'étais une Dunegan, je pouvais, je devais être forte. Peu importe ce qu'ils me feraient. Je ne devais pas les laisser gagner. Je devais... Celui qui se prétendait chevalier m'attrapa par les cheveux et donna un grand coup de genou à l'arrière de ma jambe pour me forcer à m'agenouiller. Je me tordais dans tous les sens pour me défaire de son emprise, mais il avait une poigne de fer. J'étais comme une furie, j'essayais de griffer, de mordre, de frapper, mais rien n'y faisait. La botte de l'écuyer s'écrasa dans mes côtes et j'étouffai un cri. Il cogna de nouveau. Les os craquèrent mais je serrai les dents. Agacé, le chevalier cogna ma tête contre un tronc d'arbre. L'écorce écorcha ma peau, la brulure me fit grimacer, mais ce n'était rien comparé à la douleur qui se diffusa de ma pommette à ma mâchoire. Je n'eus pas le temps de tenter de la refouler qu'il me cogna la tête encore une fois, plus fort. J'essayai de repousser le tronc de mes deux mains, en vain. Mes bras tremblaient. « Alors, tu vas gueuler, oui ? » Je relevai les yeux. J'essayai. Tout était flou, tout tournait. « Plutôt mourir. » Il y eut un rire, je ne sus pas lequel d'entre eux se moquait. Peut-être tous. « Ce serait trop facile. On commence tout juste à s'amuser. Tu vas voir ce qu'il en coute de te croire plus maligne que nous, espèce de trainée ! » Je ne crois pas qu'il saisissait l'ironie de son propos. Je ne pus m'empêcher de sourire. « Tu vas pas sourire longtemps ! Sans ton paternel pour te protéger, t'es rien qu'une putain comme les autres. » Ma poitrine était en feu. « Il vous tuera. Tous. Vous pourrez aller aussi loin que vous le voudrez, il vous tuera. Lui, et mes frères aussi. Ils vous... » Un coup dans l'estomac me fit ravaler le reste de mes mots. « Moi, je ne les vois pas ici, vous les voyez vous ? Tu es toute seule, toute seule avec nous. Plus vite tu crieras, plus vite ce sera fini... » « Allez au Diable. » « Eh bien, dans ce cas... » Je me mordis la lèvre quand un genou s'écrasa dans mon menton.

D'abord, j'eus l'impression qu'il n'y avait pas un seul endroit de mon corps qui n'était pas douloureux. Qu'il n'y avait pas un seul coin ou recoin de ma peau qui n'était pas écorché. Pas un seul os qui n'était pas brisé. Tout ce que je sentais, c'était l'odeur du sang qui coulait, chaud, sur ma peau. Après un temps, cette odeur de métal devint insupportable. Aussi longtemps que c'était humainement possible, j'ai essayé de me relever après chaque coup. Pour leur montrer que je pouvais le supporter. C'était faux, je ne pouvais pas. J'essayais parce que j'étais têtue et que je ne voulais pas céder. Je ne me donnais pas le droit d'abandonner, de les laisser faire ce qu'ils voulaient de moi. Je n'appartenais qu'à moi-même, ils n'avaient pas le droit de me traiter comme une vulgaire poupée. Mais ils avaient réussi à faire de moi une poupée de porcelaine, qu'ils brisaient à chaque coup. Que feraient-ils quand il n'y aurait plus rien à casser ? Ils s'acharnaient sur mon pauvre corps. Mes jambes, mes bras, mon visage. J'aurais été incapable de dire ce qui était brisé, ce qui ne l'était pas. Il y avait comme un voile rouge devant mes yeux. Si c'était du sang ou simplement une hallucination, je ne saurais dire. Après un moment, la douleur devint trop insupportable pour que je ne m'en détache pas. Je ne sais pas comment, mais je réussis à me persuader que ce corps n'était plus le mien. Que la douleur n'existait pas. Tu n'as pas mal. Qu'ils continuent à frapper. Ce n'était plus mon corps. Ce n'était plus qu'un tas d'os et de chairs meurtris. Ce n'était plus moi, ce n'était plus moi, ce n'était plus moi. C'était moi en train de mourir.



    ⊱ If you fall, you pick yourself up. Always.


Je ne me souvenais plus comment il fallait faire pour respirer. Mon corps ne se souvenait plus. Chaque respiration était plus difficile à prendre et plus douloureuse que la précédente. J'étais gelée. Ma joue était collée contre une une petite flaque à moitié gelée. Mes cheveux trempaient dans un mélange d'eau, de boue et de sang. Mon corps était secoué de tremblements, mais ce n'était pas à cause du froid. C'était parce que j'étais en train de mourir. Le choc de cette révélation envoya une décharge dans tout mon corps. Comme n'importe quel être vivant, je possédais ce qu'on appelle l'instinct de survie. Si tu tombes, tu te relèves. La voix de mon père résonnait dans ce qu'il restait de mon esprit. Allez Eireen, debout, m'ordonnai-je. Je serrai les poings. Ouvris les yeux. Les refermai aussitôt. Chaque mouvement réveillait une douleur intolérable. Ma gorge était serrée. J'avais une furieuse envie de me mettre à sangloter. Il ne fallait pas. J'avais toujours la volonté d'être plus forte qu'eux, plus forte que les coups. Si tu tombes, tu te relèves. Debout. Je voulais me relever, je voulais vraiment me relever. Mais mes jambes n'obéissaient plus. Si je les sentais toujours, je n'avais plus la force de les bouger. J'étais collée au sol aussi sûrement que si elles avaient été en plomb. Mon propre corps me trahissait, et c'était pire que tout. J'étais en train de perdre la bataille. Je réalisais seulement que je n'avais jamais eu aucune chance de gagner. Qu'aurais-je pu faire ? Tant de haine à l'égard des femmes me dépassait complètement. Si j'avais su... Je ne me serais pas comportée différemment avec eux. Ils ne le méritaient pas. Ils m'avaient brisée. Et ils allaient me tuer. Oh Seigneur, j'allais mourir. Je ne vivrais pas pour voir le printemps. Ni plus rien d'autre. J'étais absolument terrifiée. Je ne voulais pas mourir. Pas plus que n'importe qui d'autre. Pas comme ça. Mais de toute évidence, je n'aurais pas mon mot à dire. J'allais mourir et qu'aurais-je fait de ma vie ? Finalement, bien peu de choses. Et je ne serais jamais rien de plus. Je ne me relèverais pas cette fois-ci. Eireen Dunegan était tombée pour de bon cette fois-ci. Peu à peu, la colère prenait le pas sur la terreur. J'avais honte de mourir de cette façon. Massacrée par des hommes trop lâches pour me donner la la moindre chance de me défendre.

Naïvement, je me suis dit que tout serait beaucoup plus facile si je pensais à quelque chose d'heureux. Je ne voulais pas mourir terrifiée. Je voulais mourir en me rappelant de quelque chose d'heureux. Il y avait le sourire, trop rare, de Père. Il avait souri quand nous avions parlé de mariage pour la dernière fois. Eremon qui riait la dernière fois où j'avais passé du temps avec lui, parce que j'avais glissé dans la boue. Cela faisait tellement longtemps que je n'avais entendu mon frère rire. Je me souvenais de l'air émerveillé d'Aindreas quand nous avions suivi les feux-follets, main dans la main. Ce jour là je l'avais giflé, mais cela n'avait plus compté une fois que les feux-follets s'étaient montrés. J'avais survécu aux feux-follets, à Mor'Du, aux Bonnets-Rouges, aux légendes d'Écosse en colère, et j'allais mourir à cause des coups portés par une bande de lâches. L'homme était décidément très doué pour la destruction. Une vague de douleur traversa de nouveau mon corps. Je rouvris les yeux, pour les refermer presque aussitôt. Il fallait que je continue à me souvenir. Les doigts de Mère dans mes cheveux, son petit sourire satisfait quand je l'avais enfin autorisée à les tresser. Je n'avais pas passé suffisamment de temps avec elle. Cela toujours été Père, encore et encore. Mais je l'aimais tout autant. Nous étions juste aussi différentes l'une de l'autre que le soleil de la lune. Je me souvenais m'être assise presque tous les jours dans la forge avec Ciaran, même pour quelques minutes. Il me laissait trainer dans ses pattes sans rien dire, il disait qu'il ne m'avait pas vue quand on lui demandait où j'étais passée. Nous n'avions jamais beaucoup parlé, nous n'en avions jamais eu besoin. Le bâtard et la sauvageonne. Drôle de duo. Et puis il y avait les livres de Cailean, remplis de légendes. Quand nous étions plus jeunes il me les lisait. J'avais presque regretté d'avoir appris à lire quand j'avais compris qu'il ne me les lirais plus. Et...

« Je crois que c'était trop... Elle ne bouge plus. Vous n'aviez pas dit qu'on la tuerait... » Oh, c'était bien le moment d'avoir des remords. « T'en fais pas gamin, elle est toujours bien vivante. Tiens, regarde ! » Une main agrippa mes cheveux et souleva ma tête. Ce fut plus fort que moi, je gémis. Ils ne pouvaient même pas me laisser mourir en paix ? Je me forçai à ouvrir les yeux, pour voir celui qui osait prétendre au titre de chevalier planté devant moi. « Allons, allons. Tu ne vas tout de même pas nous quitter si tôt ? Nous n'en avons pas tout à fait fini avec toi. Tu te souviens de ce jour où je t'ai demandé de devenir mienne ? Non, bien sûr... Eh bien laisse moi te dire quelque chose : tu aurais dû accepter. » D'effroi, j'écarquillai les yeux. Oh non, tout mais pas ça. Non, non, non, pitié, non. Pas ça. La terreur et la panique réveillèrent mon corps engourdi par la douleur. Je lançai ma main en arrière pour tenter de le faire me lâcher. Mes jambes recommencèrent à obéir, malgré une douleur à vous rendre fou. Les coups, c'était une chose. Ça... Non, non, je ne pouvais pas les laisser faire ça. Mon honneur de femme, c'était tout ce qu'il me restait. Ils ne me le prendraient pas.

Je ferais en sorte de mourir avant qu'ils n'y parviennent.
Je les ferais me tuer.


    ⊱ It's a final cry, it's a symphony.


Le col de ma robe craqua le premier, alors que je me débattais comme une furie pour me libérer. Deux. Il fallait qu'ils soient deux pour me tenir les bras. Ils étaient définitivement plus faibles que je ne l'aurais cru. Et moi plus forte qu'ils le le seraient jamais. Je crachai au visage du palefrenier qui me lâcha une seconde, j'en profitai pour gifler et griffer le visage du garçon de cuisine. J'allais laisser mes marques sur eux autant que possible. Après avoir tordu mon bras violemment, le palefrenier me colla au sol pour faciliter la tâche au chevalier. L'écuyer restait un peu en arrière, comme s'il n'était plus très sûr. Ce n'est pas pour autant qu'il me vint en aide. « NON », avais-je lâché durement, sans crier, alors que je sentais des mains sur ma poitrine nue. Non. Ils me donnaient envie de vomir. Je crachais, je me cabrais, mais rien n'y faisait. Je me sentais atrocement sale, ils me faisaient mal. Désespérément, je tentai de ramener mes jambes contre moi. Mais le chevalier les tenait, et il s'était agenouillé entre elle. Un cri commença à monter dans le fond de ma gorge. Sans m'en rendre compte, je m'étais mise à pleurer, mes larmes se mêlant au sang et à la terre sur mon visage. « NON ! » Je commençais à comprendre que je n'arriverais pas à me défaire de leur emprise. Les jupes de ma robes furent déchirées, arrachées. Le dégoût que je ressentais alors que leurs mains se promenaient sur mon corps était indescriptible. Trop, c'était trop. Plus que je ne pouvais en supporter. C'était trop, je rendais les armes. J'abandonnais. Je laissai mon corps arqué retomber lourdement sur le sol. Je sanglotais. Je voulais juste mourir maintenant, rien d'autre. Mais d'abord, j'allais hurler. Je ne pouvais plus retenir ce cri. Si je devais mourir de façon aussi dégradante, je voulais que mon hurlement résonne dans les bois pour l'éternité et les hante pour le reste de leurs misérables existences. J'ai hurlé avec tout ce qu'il me restait de forces, aussi fort et aussi longtemps que possible, jusqu'à n'avoir plus d'air, jusqu'à ce que mes poumons soient vidés d'air et que mon corps ne puisse plus en supporter davantage. Puis j'ai fermé les yeux. Certainement pour la dernière fois. Seigneur, faites que je meurs dans l'instant.
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Ciaran Weir
Ciaran Weir

Western Highlands and islands

▷ ÂGE IRL : 33
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▷ INSCRIPTION : 23/03/2013
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▷ ÂGE : 33 ans
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MessageSujet: Re: People who fight fire with fire end up with ashes ϟ CIARAN & ESRAS (âmes sensibles à la violence s'abstenir)   People who fight fire with fire end up with ashes ϟ CIARAN & ESRAS (âmes sensibles à la violence s'abstenir) EmptyVen 16 Aoû - 10:14

Eireen, Ciaran & Esras
« In my dreams, I kill them every night, a thousand deaths will still be less than they deserve. »  


Avec le temps, la chaleur de la forge était devenue une habitude : Je ne craignais plus les flammes, les brûlures ou même le bruit assourdissant de mes outils tapant contre le métal. Mais cela ne m’empêchait pas d’avoir besoin de fraîcheur et de silence, au contraire même, c’était un équilibre nécessaire. C’est pour cette raison qu’il m’arrivait souvent de disparaître dans la forêt, de laisser le vent glacer fouetter mon visage pendant que j’écoutais la nature me chanter sa chanson. Beaucoup de gens trouvait cela étrange et il était dangereux de quitter la civilisation sans armes mais je n’avais plus peur de la mort depuis longtemps. De la mienne en tous cas, même si le devais bien admettre avoir quelques petites réticences à quitter cette terre depuis ma rencontre avec Eireen... Cette femme était extraordinaire, aussi bien mentalement que physiquement. Ses yeux étaient d'une couleur sans nom, ni vert, ni gris mais un subtil mélange que je n'avais jamais vu ailleurs; son visage était celui d'un ange et sa démarche féline faisait sûrement pâlir toute les nymphes des légendes. Quand à son comportement, il pouvait en faire frémir plus d'un car il n'était pas commun de voir une femme capable de se battre aussi bien avec une épée qu'avec des mots. Elle ne craignais pas les hommes, trop consciente qu'elle était l'égal de beaucoup d'entre eux, moi comprit. J'admirais cette attitude au moins autant qu'elle ne m'inquiétait: être différent n'était pas bien vu par les temps qui courent, encore moins quand on est une femme qui prend un malin plaisir à rappeler aux hommes qu'ils sont faibles... Et ce sont les plus faibles d'entre eux qui m'inquiètes, ils ne sont pas aptes à réagir comme il se doit... Ou plutôt, ils le sont un peu trop. Le genre d'homme capable de brûler une femme vive simplement parce qu'elle lui a dit non...

Je m'étais donc fait la promesse de veiller sur Eireen aussi longtemps que je respirerai. Une promesse que j'avais également faite à sa mère le jour de notre étrange entretien... J'en frissonnais encore, incapable de dire ce qui s'était réellement passé ce jour là. Mais je m'en était sans doute assez bien sorti dans la mesure ou ma tête était toujours sur mes épaules et pas au bout d'une pique... Car même si Eanna n'était sûrement pas la plus dangereuse des Dunegan (quoi que) son époux et ses enfants étaient capables de mettre à mal le plus brave des chevalier, catégorie dont je n'avais jamais vraiment fait partie. Un sourire s'était installé sur mes lèvres à la pensée de la jeune Dunegan. J'étais parfaitement incapable de m'en empêcher et commençais doucement à m'y habituer. Je n'avais pas trop le choix remarque: elle venait souvent me rendre visite à la forge, m'apportant à boire et à manger, pensant mes brûlures... J'étais toujours un peu gêné d'être vu avec elle car je ne méritais pas sa compagnie et certains risquaient de s'imaginer des choses qui pourraient lui faire du tort. Et pourtant j'avais besoin d'elle, elle était la seule à me voir comme j'étais vraiment, à m'accepter sans se poser de questions. Une nouvelle raison de vivre que je n'aurais jamais osé espérer. Moi, le chevalier lâche, le traître, le bâtard, je me retrouvais en présence de la fille d'une des plus importante figure du domaine. Une amie pour laquelle je ressentais beaucoup trop de sentiments depuis peu... Ce n'était pas venu de suite, ça s'était immiscer dans mon esprit comme un poison mortel, doucement. Au premier regard, il y avait eu de la reconnaissance et de l'admiration. Plus tard, une fois la crainte envolée, une amitié profonde. Et maintenant je me surprenais à l'imaginer dans mes bras, j'en venais à attendre sa venue avec impatience... Les prémices de quelque chose de trop grand pour moi, quelque chose d'impossible que j'avais passé tout ma vie à fuir comme la peste: l'amour. Un amour sans doute non réciproque et parfaitement impossible en vue de nos statuts respectifs. Eireen devait épouser un noble de son rang, pas un forgeron bâtard comme moi... Je devais me faire à cette idée et c'est pour cela qu'il m'arrivait d'être un peu distant, un peu absent. Je ne voulais pas qu'elle se sente mal à l'aise, je ne voulais pas la perdre.

Je laissais entrer une grande bouffée d'air dans mes poumons, espérant qu'elle me change un peu les idée. Il faisait froid, la neige croustillait sous mes pieds et une légère brise se glissait au travers des feuilles. Pas un véritable silence donc, mais c'est cela qui plaisait dans ces balades, le bruit de la nature, cette impression de ne pas être vraiment seul. En temps que chevalier j'avais appris à d'instituer tous ces sons afin qu'aucun ennemi ne puisse en prendre avantage. Chaque craquement était familier, chaque grincement. Et aujourd'hui il y avait quelque chose de plus, un battement qui ne correspondait à rien, distant. Peut-être un prédateur chassant sa proie, un gros prédateur. Je cessais de marcher un instant, concentrant tous mes sens sur ce bruit. Loin, très loin, mais pas assez pour que je puisse le confondre. Ce n'était rien de commun, rien de naturel et il fallait donc que je m'en méfie. Humain sans le moindre petit doute et violent... La justice gangrenait mon esprit depuis mon plus jeune âge, c'est à cause de cela que j'étais ici aujourd'hui, mais je devais absolument retenir mes ardeur, ne pas me faire remarquer. Dans cette nouvelle vie je n'étais qu'un forgeron, pas un preux chevalier, pas un justicier... Laisser les hommes régler leurs problèmes comme ils l'entendent, difficile mais vital pour moi, personne ne devait avoir de doutes quant à mon identité sinon je risquais gros. Et je n'avais personne à défendre à part Eireen, les autres n'étaient ni des proches ni des amis, ils me traitaient comme un moins que rien et ça me convenait parfaitement. Un soupir puis je reprenais ma marche dans la direction opposée. Le monde était fou, cette guerre n'arrangeait rien, il fait grand temps que tout cela cesse. Mais soudain le bruit de fit plus fort, plus vif... Je cessais de nouveau tous mouvements avant de me précipiter vers lui.

Un cri de femme, j'en étais certain à présent, et ce simple fait me mettait hors de moi... Comment pouvait-on s'en prendre à une femme?! Comment pouvait-on continuer à les considérer comme des êtres inférieurs?! Ce genre d'homme méritait de voir sa virilité pendue sur une pique même si je soutenais l'idée que les femmes ne soient pas faites pour porter le fer... Menu détail, ça ne faisait pas d'elles des moins que rien, encore moins des personnes qui ne méritaient pas le respect. À défaut de porter les armes, elles portaient nos enfants, notre avenir, l'avenir de notre monde, un travail bien plus complexe et dangereux. La rage rendait déjà mon souffle amer, elle portait mes jambes. Rapide. Mais pas encore dangereusement mortel... Je comptais simplement leur donner une leçon, laisser à cette femme la chance de fuir, sans armes je ne pouvais pas prétendre à beaucoup plus... Le souffle court, les branches foutant et éraflant mon visage, je courais sans me poser de question. Dans le domaine, j'avais une étrange réputation et cela m'offrait un certain avantage. Pour certains, j'étais un esprit venu les aider en temps de guerre, forgeant leur armes avec talent, pour d'autres je n'étais qu'un bâtard inutile et idiot, pour d'autres encore, j'étais un mystère, quelqu'un à craindre... Quoi que cela pense, ma présence allait sûrement troubler leurs activités et offrir à la femme une chance de fuir... En m'offrant un peu de temps pour improviser la suite. Pas de morts, pas de grosses blessures, je ne voulais pas me faire trop remarquer, je ne pouvais pas me le permettre.  

Après plusieurs minutes qui me semblèrent une éternité, j’arrivais enfin dans une sorte de clairière et j’y trouvais exactement la scène que je craignais : Quatre hommes armés autour d’une femme, nue et bloquée au sol. La rage monta d’un cran. Quatre contre une, c’était totalement injuste et inhumain. Je serrais les poings, heureux de constater qu’ils ne pouvaient pas me voir pour le moment. Il fallait être rapide, l’homme à genoux allait passer à l’acte et ma simple présence ne sera plus suffisante à ce stade… En deux foulées, j’étais sur lui, l’attrapant par les épaules pour le jeter avec force sur le sol. Je savais que les autres allaient rapidement être sur moi, que mon statut ne me sauverait pas : trois contre un, un simple forgerons, effrayant ou non ils avaient toutes leurs chances. Mais je n’étais pas un simple forgeron, pas dans ce genre de situation, pas quand l’honneur d’une femme était en jeu. Une femme dont je n’avais pas encore vu le visage, trop occupé à observer le reste de mes adversaires. Un palefrenier que je connaissais trop bien, un jeune écuyer en retrait et un garçon de cuisine que je n’avais croisé qu’une fois. La tête de ma première victime avait atterri sur une pierre, il était donc inconscient pour le moment et ne méritait pas la moindre attention. Sourire aux lèvres, deux d’entre eux s’avançaient vers moi. L’autre semblait hésiter et ses yeux ne quittaient pas la pauvre femme qui semblait déjà morte… J’arrivais trop tard, la leçon allait être plus violente que prévu. Et encore, je n’avais pas tout vu.
    « Oh mais c’est le bâtard ! » Dit mon ami le palefrenier avec un air diabolique. Il était devant, son regard lubrique plongé dans le mien. Inconscient. « C’est un peu tard pour venir sauver ta belle… Ou alors tu veux te joindre à nous ? Je suis sûr que tu en meurs d’envie, avoue. Quoi que tu as sûrement déjà testé depuis le temps… »

Je fronçais les sourcils, refusant de croire ce qu’il était entrain de sous-entendre. Cette femme ne pouvait pas être Eireen, elle ne devait pas être Eireen… A contre cœur, je baissais enfin les yeux sur le corps qui gisait à mes pieds, visiblement sans vie, baignant dans son propre sang… Inconscients, ils étaient inconscients de s’en être prit à elle, fou de me narguer, d’oser. Mon sang ne fit qu’un tour et, arme ou non, je me jetais sur le premier venu. Il avait récupéré une cravache de son lieu de travail, arme qu’il avait laissé à sa ceinture pour favoriser un grand bâton. Grave erreur, une fois de plus. Pour éviter son premier coup, je me laisser glisser à genoux dans la neige, le frôlant et m’emparant de la cravache au passage. Sans me relever, je tournais légèrement mon buste et lui assenais un grand coup derrière les genoux pour le faire tomber. J’étais debout avant qu’il ne réalise sa chute, lui offrant alors un coup encore plus violent sur la nuque. Pas mort, mais lui aussi hors service pour un petit bout de temps. Il méritait de souffrir plus que cela, bien plus que cela… Le garçon de cuisine avait choisi son arme avec plus de soin : Une belle dague longue qu’il semblait manier assez adroitement. A distance, le souffle court, il m’observait, attendant que je fasse le premier pas. Malin. Seulement je ne comptais pas lui laisser le temps de m’analyser d’avantage, ma colère était trop grande.

Mais une cravache ne faisait pas vraiment le poids face à une dague, ou du moins pas pour une personne lambda. Avec une rapidité et une force inimaginable, je l’attaquais à plusieurs endroits stratégiques : visage, poignets, côtes. Seulement il ne lâchait pas prise, il répondait aux coups de façon vive et précise. Peut-être me voyait-il comme une grosse pièce de viande à mettre en charpie pour sa soupe… Surprenant mais pas assez pour me déstabiliser. A chaque fois que je clignais des yeux, je voyais le visage ensanglanté de la jeune femme et, à chaque fois, cela me donnait plus de force encore... Il allait mourir, c’était la seule alternative possible. Je le laissais s’approcher plus près puis me laissais tomber, l’emportant dans ma chute. Lui faire croire à la victoire, voir cette lueur d’espoir dans ses yeux, laisser la lame frôler ma gorge ; et enfin la lui prendre et la planter dans son ventre jusqu’à la garde. Pas une touche mortelle, ce n’était pas le but, je voulais le voir saigner, le voir supplier tous les Dieux de la création… Je ne savais pas qu’elle part il avait joué là dedans mais il n’avait rien empêché et c’était tout aussi condamnable.

Récupérant ma nouvelle arme, je laissais son corps tomber à côté de moi avant de me relever pour faire face aux trois hommes restants. Un chevalier, l’homme défroqué était un chevalier ! Une honte à laquelle je n’eu pas le temps de répondre car l’écuyer et le palefrenier était de nouveau autour de moi. Le palefrenier était dans une rage folle, mais pas autant que moi. Quant à l’écuyer, il semblait toujours réticent et il tenait mal son épée. Malgré tout, il n’était pas simple de parer tous ces coups, surtout quand on tentait de garder un œil sur le troisième homme… Hors de question qu’il touche à Eireen, il en avait déjà assez fait comme ça ! Par chance pour lui, il avait préféré la fuite, mais j’avais vu son visage, je connaissais son nom ; dès le lendemain il aura sa tête dans le four de ma forge, tant pis pour ma réputation. Pas le temps de préparer ma vengeance, les coups pleuvaient à grande vitesse et parer une épée et un bâton avec une simple dague n’était pas chose aisée, même pour un chevalier… La colère me faisait oublier la douleur, donnant plus de force à mes coups. Il fallait qu’ils souffrent, la seule punition possible était une longue agonie finissant dans la mort. Je ne frappais jamais pour tuer ; les bras, les jambes, une main… Et me voilà avec une belle épée en plus de ma dague, idéal pour bloquer les attaques du bâton. L’écuyer était à genoux, hurlant sur sa main disparue alors que le palefrenier frappait plus fort pour tenter de compenser la disparition de son acolyte… Je le laissais faire, le blessant le plus possible, le blessant à épuisement.  

Il insistait plus que je n’aurais pu l’imaginer mais ses coups étaient de plus en plus désorganisés et de moins en moins agressifs… Ce n’était pas un soldat, il n’avait ni l’entraînement ni l’endurance pour un combat de ce genre, de ce niveau. Sans compter qu’il saignait abondamment à plusieurs endroits. Pour une fois que je pouvais utiliser ma formation de chevalier, autant que ce soit pour le faire souffrir. Aucune blessure mortelle, pas la moindre, juste pour l’affaiblir, quitte à prendre des coups… Mais soudain un grognement étrange se fit entendre, me ramenant immédiatement à la réalité, effaçant toute ma rage en un clin d’œil… Eireen ! Elle était encore en vie ! Plus question de faire traîner : Je m’élançais dans une roulade pour passer derrière lui, tranchais son talon avec la dague avant de me relever pour d’un bond pour lui couper la tête. Pas du premier coup, la lame de l’épée était un peu émoussée… Tant pis pour lui, ma vengeance était complète. Pas assez de souffrance peut-être, mais de faux espoirs détruits. Quel que soit l’état d’Eireen, j’étais heureux qu’elle soit en vie, laissant même quelques larme de soulagement se mêler au sang et à la sueur. Le garçon de cuisine convulsait toujours dans la neige, l’écuyer avait fini par fuir mais il n’irait pas loin et… Le palefrenier avait bel et bien perdu la tête. Elle était vengée, ou presque, mais ce n’était plus ma priorité à présent. Je me laissais tomber à genoux à côté d’elle, couvrant rapidement son corps avec ma modeste veste en fourrure.

En temps que soldat, j’avais appris les rudiments de la médecine mais son état était grave et il fallait un professionnel rapidement… Avec toute la délicatesse du monde, j’attrapais ce petit être d’apparence frêle et revenais sur mes pas. Eireen était une femme forte, il y avait for à parier qu’elle n’avais pas crié tout de suite… Quelles horreurs avaient-ils eu le temps commettre ? La rage s’insinua à nouveau dans mes veines, me poussant à accélérer le pas. Le corps meurtri de la jeune femme était collé contre le mien, à l’abri dans mes bras, enfin. J’avais faillit à ma promesse, je n’étais pas arrivé à la protéger, il avait suffit d’un instant… Je m’en voulais tellement ! Les larmes continuaient à se mêler au reste, tombant parfois sur les joues de celle que j’avais trahis… Je mordais mes lèvres pour me retenir de hurler toute cette colère accumulée. Jamais je n’aurai de moyen de me faire pardonner, jamais plus je ne pourrai me regarder dans un miroir… A chacun de mes pas, je murmurais un « pardon » à peine audible, espérant qu’elle m’entende, espérant soulager ma conscience, en vain. Il fallait qu’elle vive, et pas uniquement parce que je ne pouvais plus vivre sans elle… Elle ne devait pas les laisser gagner, elle devait prouver à leurs fantômes damnés qu’elle était plus forte que tout cela. Et elle l’était, j’en étais certain, je me battrai pour ça, je ferai tout pour ça…

Sauf si sa mère m’étripait avant… Elle avait été très claire là-dessus : ma vie dépendait totalement de celle de sa fille… Il y avait son père aussi, un homme fort et admirable qui ne devait déjà pas me porter dans son cœur… Puis il y avait Eremon aussi, il savait que je tenais à elle, que je n’aurais jamais laissé faire ça… Mais il fallait un coupable et j’étais la cible idéale, même pour moi-même. J’acceptais totalement la sentence des Dunegan, aussi terrible puisse-t-elle être, j’étais même prêt à m’infliger pire si a pouvait changer quelque chose. Mais pouvais-je vraiment imaginer pire que ce qui m’attendait ? Sans doute que non. Et, dans tous les cas, je n’attendais pas cela aussi tôt : A peine arrivé à la forge (premier lit où l’installer afin d’aller chercher de l’aide), je tombais nez à nez avec Esras Dunegan… Il ne semblait pas heureux de me voir et la présence de sa fille à moitié morte dans mes bras n’arrangeait rien. Sincère, je plongeais mon regard dans le sien. Je n’avais pas peur, j’étais juste détruit et désolé. Mon regard descendit doucement vers la jeune femme qui s’était un peu rapprochée de moi, ses yeux toujours clos.
    « Je suis vraiment désolé, je suis arrivé trop tard… Elle est encore en vie et ses agresseurs ne peuvent pas en dire autant… »



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Esras Dunegan
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Remain in what you are, the center of your life. You made it to this point no one can tell you how. You crawled and bled all the way but you were the only one. That was tearing your soul apart, you finally find yourself
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eireen, ciaran & esras


Bâtard. L'insulte parcourut mon esprit dés l'instant où je vis ce visage, dés le fragment de seconde où mes pupilles s'étaient arrêtées sur lui. L'étranger. Cet homme que j'étais prêt à abattre au moindre doute, au moindre faux pas. Mes yeux céruléens l'avaient transpercé de toute part tandis que mon corps s'était arrêté net, à quelques mètres de lui. Je l'avais scruté, un long moment, stoïque, imperturbable alors qu'en vérité, tout - absolument tout - se chamboulait en mon être. Je sentis mes mâchoires se crisper à la manière de mes poings, alors que l'unique désir de ces derniers était de s'abattre en une pluie diluvienne sur cet être. Quel infâme monstre. C'était impossible. La réalité ne pouvait être si cruelle. La vaine espérance que j'avais placée en ce spectacle pour qu'il ne soit qu'une chimère s'effaça rapidement. Mes paupières se fermèrent violemment ; s'il n'avait pas tenu son corps frêle et fragilisé contre son torse, je lui aurais arraché le cœur. Je l'aurais battu jusqu'à ce que son cadavre vomisse son âme noire, jusqu'à ce que plus rien ne persiste de son existence dont, finalement, je ne connaissais rien. J'aurais dû m'en douter ! Agir en conséquence. Eireen devait avoir raison. Les hommes n'étaient que des pourritures et ô grand jamais il ne fallait leur laisser la moindre chance. Sans doute étais-je une exception - assurément. Celui qui l'avait vu grandir et qui en aucun cas ne lui aurait souhaité le moindre mal - bien au contraire. Et voilà que je découvrais ma toute petite fille sans plus une once de vie, blanche comme la neige, ensanglantée à la manière d'un guerrier dans les bras d'un démon que mon regard s'évertuait à tuer. Parce c'était tout ce qu'il méritait. Déglutissant lentement, m'efforçant de garder une certaine contenance, j'approchai, frémissant, de l'homme tenant le corps de la prunelle de mes yeux, prêt à la lui arracher, à récupérer la chair de ma chair. Ses paroles ne firent qu'endurcir mon regard se posant si agressivement sur son être qu'il devait lui être difficile de tenir là ; il n'ignorait pas qui j'étais. Percevant chacun de mes muscles se bander, je ne répondis rien, trop accablé devant le corps meurtri d'Eireen. Cet homme ne pouvait ne fusse qu'imaginer à quel point il regretterait son geste, l'air s'insufflant en vibrant parmi mes poumons ne faisant que lui murmurer. Personne ne touchait à ma fille. D'ailleurs, jusqu'ici, aucun être n'avait osé le faire. Passant le plus délicatement possible mes propres bras sous le corps de la jeune fille, je fronçai violemment les sourcils en percevant une résistance. Mes cristallins vinrent alors se poser sur les mains de la demoiselle et je restai bouche bée en observant que celles-ci étaient fermement restées accrochées dans les vêtements du forgeron. J'humectai nerveusement mes lèvres, tandis qu'il me sembla que mon estomac recevait un coup, violent. Elle tenait bon. C'était une Dunegan, après tout, Eireen était forte, terriblement forte. Si solide et fragile à la fois, pourtant. Déstabilisé, je le fus davantage quand les lèvres de la blessée se mirent à se mouvoir, me délivrant un message qui me foudroya sur place ; ce n'était pas lui. Effroyable vérité qui me heurta de plein fouet ; parmi tous ces hommes que je côtoyais chaque jour, le plus respectable était ce mystérieux étranger que j'étais déjà prêt à étriper. Mais Eireen m'avait rassuré ; elle était en vie. Enfin, elle ne le fit qu'un instant car à peine avait-elle ouvrit les yeux qu'elle sembla partir plus loin que je ne le craignais.

Jusqu'ici, tout m'avait semblé se dérouler dans une autre dimension où le temps écoulait son grain avec une lenteur incroyable. Mais il n'en était rien ; revenant soudainement à une réalité frappante, j'agrippai l'épaule du bougre me faisant face, le poussant avec une hardeur sans pareille vers son antre - la forge restait le bâtiment le plus proche où l'on pourrait s'occuper d'Eireen. « MAIS QU'ATTENDEZ-VOUS ? QU'ELLE SE MEURT DANS VOS BRAS ? » Hurlant, enrageant et décomposé par une inquiétude sans nom, je me surpris à trembler de tout mon être, tandis que je ne cessai d'harceler cet homme pour qu'il réagisse. Scrutant son faciès, j'aperçus l'humidité singulière que causaient les larmes mélangées à ce liquide pourpre que je connaissais encore mieux.  « Ne vous lamentez pas, agissez, pour l'amour de Dieu ! » Bizarrement, mon désir d'asséner un coup bien placé à ce jeune homme n'avait pas disparu ; j'animais toujours une certaine haine envers son être sans pourtant savoir la justifier. A moins que ce ne soit mon amour paternel qui s'était mis à le détester d'une telle manière ; cet étranger m'avait dérobé ma fille. Celle-ci préférait s'agripper parmi ses vêtements que parmi les miens et, peut-être, que cela m'avait blessé quelque part. Mais j'étais loin de penser consciemment à de telles choses ; à l'instant, tout ce que je désirais, c'est que l'on sauve sa vie en danger. Mille fois je me serais sacrifié pour elle. L'horrible sensation d'impuissance qui tomba violemment sur mon être couvrit ma bouche d'une amertume sans pareille. Je n'avais pas été là pour protéger ma fille. Notre fille. Eanna m'en voudrait assurément, même s'il ne me l'avouerait jamais ; c'était normal, en tant que mère. Mais mon épouse, si elle en avait eu l'occasion, se serait personnellement chargée du sort des agresseurs de la chair de sa chair, je n'en doutais pas. En repensant à ces derniers, une vague de rancœur vint m'assaillir ; qui avait donc osé ? Ma simple réputation avait suffi à protéger le fruit de notre amour depuis toujours. Mais ces lâches monstres avaient bravé cette protection. Sans doute était-ce la plus grande erreur de leur vie. Ceci dit, l'être me faisant face semblait déjà avoir réglé le compte de ces malfaiteurs ce qui me fit douter un instant. Parce que cela voulait signifier que, si Eireen survivait - c'est ce qui arriverait, je ne pouvais penser au pire, je ne pouvais me le permettre, jamais je ne m'en remettrai -, je lui devrais la vie de ma fille. « Mettez-la à l’abri, veillez sur elle. » Mes mots se firent fébriles, imbibés d'une crainte extrême dans laquelle mon cœur s'était emballé, battant une chamade désordonnée me donnant de nombreuses sueurs froides. Nul ne m'avait déjà vu dans pareil état - mise à part peut-être Eanna, celle qui de moi, n'ignorait rien - et sans doute serait-ce un choc pour tout ceux qui aujourd'hui poseraient le regard sur mon être. Certes, mon inquiétude avait été terrible le jour où Eremon avait failli trépasser mais la situation n'était en rien similaire. Il était mon fils ; un homme qui, assurément, savait se défendre de par ses propres moyens. Eireen restait ma toute petite et fragile enfant, même si en ce jour elle était une femme ce qui lui avait valu ce traitement que je n'osais imaginer lui être infligé.

Partant, sans plus d'explication - elles n'étaient pas nécessaires -, dans une course effrénée, j'agrippai le premier homme que j'identifiais comme membre du personnel du château. Celui-ci me mira un instant, chamboulé, tentant tant bien que mal de déchiffrer mon débit de paroles effroyable. Recouvrant mes esprits et mon calme afin de lui parler, l'être hocha vivement de la tête en écoutant mes dires avant de déguerpir le plus vite que ses jeunes jambes le lui permettaient, en direction du château. Revenant sur mes pas au même rythme, j'entrai rapidement dans la forge, ne pouvant me résoudre à abandonner un instant de plus ma fille. Mais que lui était-il donc passé par la tête ? S'était-elle promenée seule ? L'avaient-ils enlevée ? Attirée ? Celui qui m'inquiétait le plus restait cependant ce jeune étranger devenu forgeron. Scrutant le moindre de ses gestes, je l'aidais pourtant à maintenir Eireen en vie, le temps que les renforts que j'avais fait appelé n'arrivent. Mirant le corps cassé et meurtri de ma fille, tentant vainement de l'aider, je ne pus empêcher mes yeux de s'embrumer peu à peu. J'étais un guerrier, loin d'être un soigneur. La mort, je la semais, je n'étais pas comme Eireen ; j'étais incapable d'écarter la Faucheuse des vivants, n'étant bon qu'à l'attirer par ma lame et mes poings. Incapable, impuissant. Mon malaise ne faisait que s’agrandir. Mais il ne fallait pas que j'échoue à nouveau ; je devais endosser ce rôle de père que j'avais jusqu'ici maîtrisé, du moins, je l'espérais. « Eireen... » avais-je d'abord murmuré, la voix affaiblie par l'émoi. Je ne m'étais plus occupé du jeune homme ; il fallait d'abord que ma fille soit hors de danger, c'est tout ce qui comptait. Viendrait bien assez tôt le moment où je coincerai ce garnement ; car, peu importait ce qu'il en pensait, je n'en avais pas fini avec lui. Je scrutais ce visage féminin que je connaissais tant, abîmé par le sang et les coups qui avaient plu sur sa peau blanche meurtrie, n'osant la toucher, par peur de l'endommager davantage. « Tu es en sécurité Eireen, tu... » Je ne trouvais pas les mots adéquats, trop choqué par l'évènement, trop affaibli émotionnellement. Mais je secouai discrètement la tête ; de tous temps, je m'étais montré fort, je ne pouvais me permettre de flancher aujourd'hui. M'agenouillant à ses côtés, je caressai le plus délicatement possible sa chevelure où se mélangeait boue et sang de ma dextre, humectant mes lèvres. « C'est terminé. Tu es forte Eireen, on va te soigner. Tu ne nous laisseras pas aujourd'hui. Je suis là. Le... le forgeron est là. » Jetant un œil au-dessus de mon épaule afin de surveiller ce dernier, mon regard se fit tranchant sur sa personne. Si elle m'entendait, sans doute en serait-elle heureuse mais je restais personnellement très méfiant vis-à-vis de son être.

Percevant enfin les voix et les pas pressés de ceux que j'identifiais être les soigneurs dépêchés pour ma fille, je fus soulagé en les voyant passer le pas de la porte de la forge. Spontanément, je reculai, bien que ce fut avec quelques regrets. Sa vie étaient entre leurs mains, je ne pouvais toujours pas me rendre plus utile. En retrait, j'essuyai d'un revers de la main l'humidité s'étant formée aux coins de mes yeux avant de chercher du regard cet étranger dont l'opinion que j'avais de lui ne cessait de se modifier au fil de mes pensées. M'approchant alors de lui, l'observant un instant, je restai longuement perdu dans mes songes. J'étais apeuré à la simple idée de perdre ma fille dont le corps était intensément soigné par les nouveaux arrivants - mon statut avait fait que la vie de ma fille s'était montrée prioritaire et leur rapidité à intervenir ne serait sans doute que bénéfique pour elle. Me concentrant sur ma respiration, je tentai de calmer cette dernière en m'apaisant moi-même. J'étais le pilier de la famille. Sans doute Eanna et Eremon, ainsi que le reste de nos proches, ne tarderaient pas à être avertis de cette terrible nouvelle. Il fallait que je les soutienne, cela était mon devoir. Je fus cependant surpris que l'on vienne me demander de sortir, ainsi qu'à mon voisin auquel je ne cessais de lancer quelques regards noirs lourds de sens. Cependant, je ne résistai pas ; ils savaient ce qu'ils avaient de mieux pour elle, à n'en pas douter.

Le regard plongé dans le vide, intensément perdu dans de nombreux songes, le visage fermé mais parsemé de tensions prenant source dans mon immense inquiétude, je finis par me tourner vers mon compagnon de fortune. Mes yeux se posèrent sur ses blessures et soudain, je pris conscience du rôle qu'il avait joué. Sentant soudainement mon cœur se serrer et ma bouche s’entrouvrir, je ne sus que dire. M'excuser, questionner, avertir ? Submergé par mes émotions, je ne compris pas de suite mon geste ; j'avais avancé subitement vers cet être, venant encercler son corps de mes bras musclés, le serrant dans une étreinte spontanée qui, pour moi, témoignait de toute ma reconnaissance. Car, malgré tous les doutes que j'avais animés à son égard et tous ceux commençaient à germer en mon esprit de part ses actes, je lui devais la vie de ma fille. « Vous n'êtes qu'un bâtard, un étranger, un quidam rejeté par la société dans un champ de dryas... » Toujours enlacés, déposant ces paroles au creux de son oreille, je continuai, agrippant ses épaules de mes mains. « Mais en ce jour, je vous dois la vie et je ferai tout ce qui est en mon possible pour défendre la vôtre. » M'écartant lentement, je ne pus détacher mes pupilles des siennes, les plantant férocement dans son regard. Certes, quand le temps viendrait, je ne manquerai pas de lui extorquer toutes les informations que je souhaitais connaître mais à l'instant, Eireen était plus importante que toutes choses.  

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Eireen Dunegan
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Pourquoi est-ce que je n'étais pas encore morte ? Je devrais être morte. Je voulais être morte. Que tout cela s'arrête. C'était un cauchemar, un affreux cauchemar, dont seule la mort pouvait me délivrer. Je n'avais même plus la force - ni l'envie - de garder les yeux ouverts. Mon corps avait été réduit à un paquet d'os et de chair douloureux que l'on s'était donné le droit de profaner. Je priais à chaque seconde pour perdre conscience, pour mourir. Mais cela n'arrivais pas. Mes yeux étaient clos, je ne pouvais pas bouger, mais j'entendais les rires gras de mes assaillants, je sentais leurs mains sur mon corps. Je me sentais sale, faible. J'étais folle de rage contre ma propre personne, folle de ne pas avoir réussi à les repousser, de ne pas avoir réussi à me défendre. Si une part de moi-même savait pertinemment qu'il m'aurait été impossible de les repousser, que j'avais fait tout ce que j'avais pu, il y en avait une autre qui hurlait, qui ne parvenait pas à accepter la défaite. Tout ce que j'espérais c'était qu'ils paient pour ce qu'ils m'avaient fait, et certainement pour ce qu'ils avaient fait à d'autres. J'espérais que mon père les retrouve et les mette en pièces. Lui et moi avions nos différends, mais jamais, ô grand jamais il ne laisserait un tel crime impuni. J'étais sa fille, sa seule et unique fille. Peut-être que nous ne nous le disions pas souvent, mais nous nous aimions. Il m'aimait et mon meurtre le détruirait. Il n'aurait de soif de me venger. Lui, Eremon, Aindreas... Ciaran. Ils me vengeraient, tous. Si j'en avais encore eu la force, j'aurais ri. Ils allaient souffrir et ce serait bien fait. Des hommes comme eux ne méritaient rien de mieux, rien d'autre. C'étaient de vrais monstres. Je ne les aurais pas traités d'animaux, car cela aurait été insulter ces derniers. Les animaux ne faisaient pas preuve de cruauté, ils ne torturaient pas leurs congénères et ne se délectaient pas de leurs souffrances. Il n'y avait que l'homme pour être ainsi.

Je n'aurais jamais cru un jour me retrouver à prier pour que la mort me prenne. La mort n'était donc pas la pire chose qui pouvait arriver à un être humain. Il y avait mille fois pire, et je venais de le découvrir. Mon esprit et mon corps ne s'entendaient plus, ils étaient en désaccord. Tandis que le premier ne souhaitait rien de mieux que s'effacer, le second luttait pour que je garde conscience. Mais je ne voulais pas être le témoin de ce qu'ils allaient me faire. Je ne voulais plus les entendre, je ne voulais pas les sentir malmener mon corps. Je voulais mourir, mourir, mourir. Et si il y avait une justice, mon esprit deviendrait Feu-Follet, et si mon père ne faisait pas justice lui-même, je pourrais me charger de les conduire à leur perte. Hélas, si il y avait une justice divine, je ne me trouverais pas là, à succomber de la plus atroce des façons. J'avais imaginé plus d'une fois mon trépas. Je m'étais vue mourir de vieillesse, ou peut-être sur un champ de bataille, comme le chevalier que je rêvais d'être. Jamais je n'aurais songé mourir ainsi. Même dans mes pires cauchemars, je ne l'avais jamais imaginé. Ironie du sort, c'était ainsi que cela arriverait. J'avais hurlé, cela ne m'avait pas sauvée. Il n'y avait personne, personne... Tout à coup, il me sembla que l'on retirait un poids énorme de mon corps. Un instant je crus que ça y était enfin, que j'étais morte, que j'avais enfin quitté ce corps qui me retenait prisonnière et que je ne supportais plus. Pourtant, ce n'était toujours pas le cas. Je gisais au sol, comme une poupée désarticulée. J'entendais des voix autour de moi, il me semblait en distinguer une nouvelle. Mais je ne parvenais pas à l'associer à un nom, je ne parvenais plus à raisonner. J'aurais voulu ouvrir les yeux, mais je ne pouvais pas. Toutes mes forces m'avaient quittée, tout ce que je pouvais faire c'était attendre, dans un corps que je ne maitrisais plus et qui me donnait l'impression de peser des tonnes. Bouger m'était impossible, j'étais paralysée.

Il y avait une voix, une voix que je connaissais, j'en étais sûre à présent. Mon esprit ne parvenait pas à l'assimiler à une personne. Toutefois malgré la douleur et le brouillard dans lequel j'étais plongée, je comprenais qu'elle n'était pas ni agressive, ni moqueuse à mon égard. Qui, pourquoi ? Se pourrait-il qu'en dépit de tout ce que j'avais pensé, je sois sauvée ? Réveillé par l'espoir, mon corps tout entier fut secoué par un frisson. Frisson d'espoir qui se transforma en frisson d'effroi lorsque je sentis des mains se poser sur mon corps une fois de plus. Oh non, cela n'allait pas recommencer, cela ne pouvait pas recommencer... Puis ce fut comme si mon corps était recouvert, je n'avais plus aussi froid. Je battis faiblement de paupières, et distinguai une fourrure sur mon corps, un visage. Ciaran ? voulus-je demander. Mais je fus à peine capable de gémir. La douleur se réveilla brutalement lorsque mon sauveur passa un bras dans mon dos et sous mes jambes pour me soulever. J'eus envie de hurler, mais là encore, les seuls sons qui s'échappaient de ma gorge n'étaient que des plaintes à demi-étouffées. Chacun de ses pas était comme une séance de torture. J'ignorais si j'arriverais en vie au domaine tant j'avais mal. J'étais complètement désarticulée, ballante entre ses bras. J'avais bien du mal à réaliser qu'il était venu à mon secours. Avait-il entendu mon seul et unique, mais ô combien terrible, hurlement ? Dans mon malheur, avais-je eu un peu de chance ? Mais ma situation était-elle préférable à la mort ? Je ne voulais pas mourir après une longue agonie. Si je devais endurer toute cette douleur, c'était pour survivre. J'ignorais dans quel état j'étais réellement. J'étais guérisseuse, je savais que la douleur était parfois insupportable sans pour autant que la mort ne soit proche. Il n'était cependant pas évident de le réaliser quand vous aviez l'impression que l'on s'amusait à vous poignarder encore et encore.

Je ne sais combien de temps il fallut à Ciaran pour me ramener au domaine. Quelques minutes, quelques heures ? Pour moi, cela ne faisait aucune différence, c'était tout aussi insupportable. Et puis tout à coup, plus un mouvement, mais des éclats de voix. Par réflexe, j'eus envie de me redresser brutalement lorsque je reconnus celle de mon père. Sans surprise, ce fut un échec cuisant une fois de plus. Incapable d'ouvrir les yeux, je ne pouvais plus que m'accrocher nerveusement au vêtement de Ciaran qui me tenait contre lui. Il me semblait qu'il n'y avait plus que lui pour me protéger, qu'il n'y avait tout simplement plus que lui. Alors quand les mains de Père tentèrent de m'arracher de ses bras, je tins bon, faisant preuve d'une force insoupçonnée. Comment pouvais-je encore résister ? La colère était perceptible dans le ton de Père. Je ne réalisai pas tout de suite que je parlais, l'instinct s'était exprimé avant l'esprit. Ce n'est pas lui, avais-je murmuré faiblement. Ciaran n'était pour rien dans ce qu'il m'était arrivé, il eut été injuste qu'il fasse les frais de la colère, que je savais capable d'être effroyable de Père, alors que sans lui, je serais bel et bien morte. Toutefois, je n'étais pas encore sauvée. Je me sentais glisser vers un autre monde, et si j'avais prié pour que la mort m'emporte un moment auparavant, je me retrouvais à présent à prier pour qu'elle m'épargne encore un peu. Hélas, advient un moment où lutter n'est plus possible. Inévitablement, les ténèbres qui m'entouraient finirent par être plus fortes. Terrifiée à l'idée de ne plus jamais rouvrir les yeux, je sombrais dans l'inconscience la plus totale.

Être réveillée par la douleur était la pire chose qui puisse être. Lorsque je rouvris les yeux, je n'eus conscience que d'une chose : j'avais mal. La douleur était omniprésente, chaque fibre de mon corps était douloureuse. La pièce dans laquelle je me trouvais était peu éclairée. Certainement faisait-il nuit ? Il y avait un feu qui brulait dans l'âtre, les flammes jetaient des ombres dansantes sur les murs. Je restai un instant sans bouger à les observer. Les évènements me revinrent en mémoire, et c'était certainement tout aussi douloureux que le reste. J'avais dormi d'un sommeil sans rêves, très probablement le dernier pour très longtemps. Un frisson me parcourut, tandis que doucement, je tournai la tête. Je ne fus guère étonnée de trouver mon père sur un fauteuil proche du lit. Ses yeux étaient clos, mais sa position ne laissait absolument aucun doute. Il avait certainement lutté contre le sommeil aussi longtemps qu'il était possible de le faire. Je tendis une main, que je découvris bandée, vers lui, et tirai sur sa manche. Pas un mot, pas encore. Je ne voulais pas parler de ce qu'il s'était passé, il était encore trop tôt. Pour le moment, tout ce dont j'avais besoin, c'était de l'affection de mon père.
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