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 les choses les plus importantes sont les plus difficiles à dire, les mots les amoindrissent. (cinead)

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Rachael Seton
Rachael Seton

Lowlands

▷ MESSAGES : 459
▷ INSCRIPTION : 27/01/2013
▷ LOCALISATION : quelque part, dans les Lowlands.
▷ ÂGE : 24 ans.
▷ HUMEUR : maussade.
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REQUIEM AETERNAM.
Libera me, Domine, de morte æterna, in die illa tremenda, quando coeli movendi sunt et terra, dum veneris iudicare sæculum per ignem.

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MessageSujet: les choses les plus importantes sont les plus difficiles à dire, les mots les amoindrissent. (cinead)   les choses les plus importantes sont les plus difficiles à dire, les mots les amoindrissent. (cinead) EmptyLun 18 Fév - 18:09


L'hiver tombe, l'hiver se meurt. Les flocons s'écroulent, même dans le Sud, un petit peu ici, puis là, tombant frénétiquement à une allure presque rassurante. Mes yeux scrutent cet horizon un fade, morne, dévoré par les méfaits d'une saison qui ne laisse pas la pitié transparaitre ses yeux vitreux. Les joues rougies par un vent froid traversant à travers les pierres, mes pensées disparaissent ailleurs, au delà du temps, au delà des arbres enneigés. Combien de temps encore ? Quelques jours, si ce n'est même deux. J'aimerais à me tromper, à me dire qu'il n'en est pas ainsi, et pourtant, les choses ne peuvent à se reculer, et même les MacGuffin ne peuvent plus prolonger ce voyage qui fut bien long au départ pour les Macintosh. Des clans qui viennent, des clans qui partent, ceux du Sud restent au Sud et les Seton ne font aucune exception à la règle. Moi, mes soeurs et mes frères, écoutant la politique draconienne se faire derrière cette porte immense. Du haut de mes quatorze années d'existence, je ne connais que trop peu de choses au monde que mon père s'amuse à côtoyer. En quoi est-ce un problème, pourquoi ceci, pourquoi cela. Un sentiment de guerre qui s'annonce, une rage divine que même dieu ne pourra à arrêter. Cette pensée m'arrache un violent frisson, et ma main se glissant sur cette croix autour de mon cou, mes pas me mènent dans ces couloirs sinueux, sombres. Qui pourrait croire que nous sommes en plein jour ? Bon vivre, peut-être pas plus que ceci, mais, si ce n'est le temps qui me fait mal, il en est d'une toute autre raison, qui se veut plus castratrice, plus insupportable que tout les maux. Je suis une dame, pas encore une femme non, mais je pense avoir compris le sens du mot aimer, ne serait-ce qu'un peu. L'avoir frôlé du bout des doigts, avoir partagé des moments irrationnels, hors de ces murs qui m'enferment. Je suis celle présente juste pour sourire, apprécier les moments, rire aux blagues salaces de ma famille, sans broncher, jamais. Souvent, mère me parlait des ténèbres hurlants, ceux qui vous avalent, des monstres cachés sous mon lit. Faut-il croire que, marchant dans ces lieux, je suis comme un animal piégé ? Mais, les néants les plus profonds ne peuvent exister sans leurs lumières. Même eux ont leurs failles, et contre toute attente, je l'ai trouvé. Qui aurait pu le prédire, qui aurait pu même à le penser ? En toute vérité, je ne me voyais pas avoir ce coeur battant en moi pour quiconque, après tout, aimer reste une chose bien compliquée, que seules les femmes mariées peuvent connaitre, du moins, c'est ce que j'ai entendu dire. Il aurait pu être un des clans du Sud, non pas un MacGuffin, même un peu en dessous, comme les Seton. Puissants oui, mais pas assez pour diriger toute une terre, toute une existence. Pinçant ma lèvre inférieure, il en est de son nom, pas du mien. Loin d'être du Sud, Macintosh sans en démordre. Je n'ai pas le droit, je n'aurais pas dû, jamais au grand jamais. Et pourtant, il faut à croire que cela vous tombe dessus, sans trop comprendre pourquoi. On apprécie un sourire timide, une parole lancée dans le vent, des conversations qui n'ont pas réellement de sujets intéressants. Mais, je m'y complais, je me suis même mise à apprécier lourdement ces instants en sa compagnie. Cinead.

Derrière ces cheveux aux couleurs sombres, se cache une âme que bien des personnes ne voulaient pas voir. Pourquoi et de quelle façon ? Il occupe mes pensées, me torture intérieurement sans le vouloir, et bientôt, il ne sera plus qu'un mince souvenir dans le passé. Est-ce mon souhait de le voir disparaitre au loin ? Cette idée me fait du mal. Même les mains lancées sur mon visage, même les insultes, les railleries n'y feront rien. Qu'importe réellement, elles disparaissent un jour. Mais, il en est de celles qui restent en vous jusqu'à la fin de votre pauvre vie. Pourrais-je dire à voix haute que je pourrais me donner corps et âme pour avoir droit à sa compagnie ? Je n'aurais droit à aucune marque de sérieux, juste des regards outrés. C'est un Macintosh voyons, et tu n'es qu'une enfant, tu ne raconte que des bêtises. Oui des rêveries, peut-être que j'ai passé trop de temps à lire les livres dans les archives du domaine Seton, peut-être ais-je un peu trop idéalisé mes années, ma vie à ce jour. Est-ce réellement mauvais ? Je le doute, et après tout, il m'importe peu de le savoir, de me poser la question. Parce que quand sa main est dans la mienne, le temps n'existe plus, mon entourage ne se résume qu'à des ombres vagues et les paroles qu'à des bourdonnements de bestiaux. Et mon coeur s'emballe, mon coeur claque à cette vitesse qui me rappelle ce jour fatidique où je ne pourrais dire mot. Alors le silence parle à ma place, me prend quelque chose, sans jamais me le rendre. Je me complais dans ses yeux, je sourirais presque bêtement à l'idée de le voir, ne serait-ce qu'un brève instant. J'ai beau à prier la venue des feux follets, j'ai beau à me dire qu'un jour les Seton dirigeront le Sud et que plus rien ne pourra nous empêcher de nous regarder, de nous dire des choses, le coeur ouvert. Mes plaintes ne sont pas entendues, ne sont pas murmurées, je doute même qu'ils daignent vouloir jeter un regard sur moi. Alors, il en est ainsi de cette histoire ? Devra t-elle se finir aussi brutalement ? Inspirant longuement, ma main toujours posée sur cette croix que je serre d'un seul coup, mon sang ne fait qu'un tour dans mon corps. Du désarroi, de la fatigue, un peu de colère. En ouvrant le livre de ma vie, je pourrais remplacer tout ceci par des " et si " je referais mon monde, ma naissance, ma situation. Mes mains se posent alors sur une porte, grinçante, et me mène à une pièce. Grande oui, mais certainement pas assez pour qu'elle puisse recevoir des convives. Je ne sais guère quel est son nom, j'y vois seulement des décorations, des objets surement précieux, et après tout, je n'y porte aucun intérêt distinct. Non, parce que si par tout hasard je reste là, debout devant cette porte, je n'ai d'yeux que pour cette silhouette qui se dresse un peu plus loin de moi. De dos oui, mais je pourrais reconnaitre cette carrure entre mille. M'approchant un peu, timidement même je dirais, mes pas s'arrêtent à quelques centimètres de sa personne. « Êtes-vous obligé de partir ? » De par son rang et de sa manière de parler, je ne peux me résoudre à le tutoyer. De dos pour l'instant, des yeux suppliants, et mon souffle, je me dois à le calmer. La tristesse ne doit pas abattre tout ce qui se trouve autour d'elle, et pourtant, elle doit croire que je suis la proie parfaite. Elle doit avoir raison, il en est ainsi. Et depuis des millénaires, l'amour va de paire avec la peine. Parce que l'un complète l'autre, et sans l'un, l'autre ne peut exister réellement.


Dernière édition par Rachael Seton le Mar 19 Fév - 10:42, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: les choses les plus importantes sont les plus difficiles à dire, les mots les amoindrissent. (cinead)   les choses les plus importantes sont les plus difficiles à dire, les mots les amoindrissent. (cinead) EmptyLun 18 Fév - 21:25




    “ les cœurs, ça plie sans se rompre ”

    c'était son premier vrai baiser, à lui aussi, et il n'oublia jamais la sensation de ses lèvres se pressant contre les siennes, sèches, douces, tiédies par le soleil. ce fut le baiser à l'aune duquel il jugea tous ceux qu'il donna par la suite dans sa vie, celui qu'il ne retrouva jamais tout à fait.


Et il tourne en rond, comme un vulgaire animal en cage. Et le temps s'écoule, lentement, le rapprochant un peu plus du moment fatidique, celui où il lui faudra mettre les voiles. Loin du sud, loin de ce qui veut le faire rester ici, aussi longtemps qu'il le pourra. Mais il ne peut pas. C'est interdit. Il y a quelques semaines, le jeune garçon avait rechigné à accompagner son aîné, devenu chef suite au décès de son père, à cette maudite réunion. Puis le temps avait passé, et il s'y était plu. Vraiment plu. Cette pensée le fait doucement grimacer, et il reprend le livre posé maladroitement sur l'un des fauteuils, pour se donner contenance. Pour s'occuper. Cette impression d'étouffer dans ce maudit château menace de le détruire, à moins que ce ne soit son cœur, la cause de ce malaise persistant. Les hommes de son frère doivent sûrement être en train de préparer leur départ, leur grand retour dans les terres du nord, Western Highlands. Si étrange que cela puisse paraitre, Cinead ne veut pas y retourner. Il a conscience que son comportement tient plus de l'enfant que de l'homme qu'il devient, mais il n'en a cure. Ce n'est que passager, il n'en a pas encore conscience. Bientôt, il rentrera au château Macintosh, où l’hiver est beaucoup plus rude qu’ici. Il semble déjà commencer à se blinder contre le froid, et les journées mornes, sans raison d’être. Le livre vient à nouveau s’effondrer contre le fauteuil de velours, pour glisser lentement au sol. Il suit sa course avec un intérêt presque enfantin. Cela pourrait paraitre idiot, mais de toute manière, personne n’est ici avec lui, dans cette pièce sortie tout droit des enfers. Et puis, il lui faut penser à autre chose. Cela le calmera peut-être. Un peu. Ou peut-être pas. Il n’en sait rien, il ne sait plus. Comment comprendre un tel comportement de toute façon ? Même lui n’y arrive pas, alors qu’il se trouve être le seul à pouvoir entrevoir ce que sa tête renferme. L’envie d’hurler, de pleurer, de rire lui vient. Tant de sentiments contradictoires, dont il ne connait la cause. Si, il l’a connait. Elle se résume en un seul piètre mot. Rachael. Un prénom, qu’il s’efforce de ne pas prononcer à haute voix, de peur qu’on l’entende entre ces murs, et qu’on lui fasse payer. Son père n’est plus là pour lui faire comprendre qu’il n’est le bienvenu nulle part, qu’il n’arrivera à rien, et que cette fille n’est pas digne d’un Macintosh. Mais les remords sont présents tout de même. Là, à l’intérieur de ses entrailles. Pour toujours, quoi qu’il puisse faire.

A quinze ans, on ne peut avoir conscience de ce que l'on s'apprête à faire, pas vrai ? Cinead ne peut plus se cacher derrière ces dires, pourtant. Plus maintenant. Après l'enterrement de son père, quand on l'a enfin envoyé par le fond, là où il aurait dû être depuis des années, son aîné était monté sur le trône, et l'avait nommé second. A son âge, le jouvenceau avait des responsabilités, de très lourdes responsabilités. Des hommes à sa charge, des vies entre ses mains calleuses. Tout cela le pèse, et menace de le faire flancher. Son frère semble l'avoir tué, d'une manière bien vicieuse. Il l'a irrémédiablement rendu homme trop tôt. La machine est en marche, il n'y peut plus rien. Cinead essaye de suivre tant bien que mal, esquivant les obstacles, sans jamais les franchir tout à fait.
Il est perdu d'avance.
La lourde porte en bois grince, et son coeur se serre. On vient le chercher, pas vrai ? Aodhan sera là d'une seconde à l'autre, l'interpellant de toute sa stature. Nous rentrons. Ils n'ont plus besoin de nous ici, notre famille nous attend dans le nord, là où se trouve notre place légitime. Il peut déjà l'entendre, lui et ses grands propos, et bien entendu, suite à ses paroles, il hochera la tête et les suivra tous sans broncher. Pourquoi faire de toute manière ? Son aîné aura toujours le dernier mot. Le juste mot. L'ultime parole qui tranchera sur le reste. Il redoute pourtant ce moment, où il devra obéir. Non pas que suivre ses ordres le répugne, seulement, maintenant, l'envie de rentrer n'y est pas. Peut-être qu'avec plus de temps en sa compagnie... Peut-être qu'après un dernier adieu... Ou peut-être pas. Cinead tangue entre deux extrêmes, sachant qu'il ne devrait pas la revoir, et qu'il n'arrivera à partir sans retrouver une dernière fois son regard. Se retrouveraient-ils plus tard ? Cela lui semble bien idéaliste, quand il prend conscience de leurs différences. Du moins, la différence de milieu, de clan. Tôt ou tard, ils brandiront les armes les uns contre les autres, ces réunions factices deviendront inexistantes, et le sang parlera.
Le sang parle toujours.

Les pas résonnent, violant un instant le silence implacable qui régnait jusqu'alors dans cette étrange pièce. Le livre n'a pas bougé. Le garçon non plus. Il écoute, face à l'unique fenêtre qui lui donne une fraicheur appréciable. Le sentiment de ne pas être totalement enfermé. Dehors, la neige tombe lentement, implacablement. Les flocons virevoltent dans le ciel gris, pour venir mourir aux pieds des murs de pierre. Cinead a toujours aimé la neige. Celle qu'il peut trouver sur les terres de son frère. Cette pureté éphémère, cette douceur irréductible. Froide comme la nuit. Pourtant, cette neige de sud, qui vient déposer sur le pays un fin voile blanc, semble moins agressive. Il s'en prend à l'apprécier de plus belle. Même, elle lui semble encore plus gracieuse quand il remarque la légèreté des pas qu'il peut entendre tout près. Ce n'est donc pas son frère, alors. Son coeur rate un battement, et menace de ne pas repartir. Pourtant, il ne veut pas que cela s'arrête. Cette sensation est affreusement agréable. « Êtes-vous obligé de partir ? » Cette voix douce, timide lui parvient aux oreilles, et la sensation se ranime derechef. Rachael Seton. S'il se retourne, sa chevelure semblant être tressé au clair de lune lui affligera comme un coup en pleine gueule. Bang bang. Les adieux doivent peut-être être prononcé ici mêmes, si la demoiselle est venue le rejoindre. L'espoir semble pourtant animer ses mots. Un espoir vain. « Malheureusement, oui. Mon frère ne m'attendra pas. » Il ne partira sans lui non plus, d'ailleurs. Il fait volteface et oublie la fenêtre et la neige qui n'arrête de tomber, pour venir déposer son regard sur la jeune fille. Les marques sur ses joues rougies par le froid sont bien visibles. Bien présentes. Il se fait violence pour ne pas y penser, sachant que cette même idée le mettrait hors de lui. Il a besoin de son sang-froid. « Je suis navré, milady. J'aurais... J'aurais aimé faire plus. J'aurais aimé qu'on ait plus de temps. » Le temps manque toujours, les meilleures périodes s'achèvent trop vite, trop brusquement, et chaque homme ne fait que subir cette chose immatérielle, qui semble bien décider à les faire souffrir. « Mais c'est ainsi. » Et je n'y peux rien.


Dernière édition par Cinead Macintosh le Ven 10 Mai - 18:16, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: les choses les plus importantes sont les plus difficiles à dire, les mots les amoindrissent. (cinead)   les choses les plus importantes sont les plus difficiles à dire, les mots les amoindrissent. (cinead) EmptyLun 18 Fév - 22:55


En si peu de temps, si peu d'instants. Je me suis parfois demandé, comment est-ce possible ? Après tout, je n'ai jamais réellement cherché les causes qui nous ont menées dans cette pièce, maintenant, et surtout moi pauvre sotte. Je le savais, oui, tout début ne peut se finir que par une fin décisive, une histoire sans réelle finition n'existe pas. Et plus le temps passe, plus je me dis que les livres ne sont que des sornettes, que la réalité est toute autre et surement, bien plus macabre qu'elle ne laisse à penser. Il est des contes bien plus sombres, de personnes dévorées par des animaux venant des abysses, de feux follets qui vous mènent face à votre destiné. Enfant, il est facile de s'y laisser tomber, d'apprécier ceci les yeux fermés et en rêver le soir, s'imaginer pouvoir grimper sur le dos d'un each uisge, sans qu'il ne nous arrache les yeux. Malgré tout, plus nous grandissons et plus nous nous rendons compte que le petit brownie ne viendra jamais nous voir, assis sur la cheminée pour nous raconter des histoires, se plaindre un petit peu, mais rire jusqu'à en perdre haleine. Je suis jeune, et pourtant, j'ai eu le temps de me rendre compte de cette fatalité qui s'insinue en moi, telle un poison que personne ne peut guérir. On ne peut se défaire de cette sensation, de cette chose qui nous habite. Rien ne peut réellement remplacer cette première sensation, de se sentir aimé en retour, alors il en résulte une destruction interne. Un feu qui se propage, jusqu'à dévorer morceaux par morceaux ce qu'il reste de coeur, d'âme et de conscience. Ce n'est que depuis ces quelques semaines que je comprends les gloussements pitoyables de mes soeurs, que j'arrive à cerner les raisons de leurs rires digne des plus grandes bécasses. Le manque d'expériences dans la vie rend crédule, et encore quand on vient à tomber amoureux. Jeunesse et idéalisation n'ont rien à faire ensemble, car il nous rend un peu stupide, un peu fourbe, nous endort dans un monde de rêvasseries inutiles qui finiront par se briser un jour. Si durant ces jours, j'ai eu droit à cet endroit plus coloré qu'à l'accoutumé, toucher à nouveau terre s'avère plus difficile que prévu. Deux minables jours, deux petits jours, qui seront comme je m'en doute, bien trop courts. Une seule année nous sépare, et pourtant, cette petite chose peut nous différencier lourdement. Des responsabilités qui tombent sur ses épaules, s'écroulent lourdement sur son dos pour faire disparaitre le garçon qui jadis n'aurait surement jamais pensé à devoir parler de batailles à cet âge - bien que certains ne veulent qu'exceller dans ce domaine. Je n'ai pas eu cette chance de le connaitre, avant, ni de connaitre ses fêlures, ses blessures qui font de lui à ces jours ce qu'il est. Seule l'entente du mot : froid, m'a été donné à son sujet, rien de plus ou de moins. Si Aodhan Macintosh a cette facilité de sourire à quiconque, il est cet inverse bouleversant Cinead. Après tout, nous sommes tous uniques à nos façons, et si je préfère me terrer sous une couche de terre nommée : accepter sans broncher, je suppose qu'il se protège à sa manière des méfaits du monde. Qui suis-je pour le juger après tout ? Si mon père préfère à laisser ses poings parler, si mes soeurs préfèrent à cracher le venin, alors Cinead lui se complait surement dans son mur glacé et presque impénétrable. Ais-je pu réussir là où bien d'autres personnes ont échoués ? J'ose parfois à le croire, que parmi les clefs factices qu'il peut tendre, j'ai attrapé la bonne. Il est bon de croire un peu en ce qui n'est peut être pas vrai, tomber pour mieux se relever parait-il. Pourtant, même s'il m'arrive de finir à genoux les yeux baissés sur le sol, je suis au bord de cette falaise blanche à regarder la mer s'écrouler sous mes pieds. C'est une chute oui, et qui sait quand elle prendra fin. Quand il ne sera plus là, quand l'écho de sa voix ne sera plus qu'un souvenir lointain. Mes muscles se crispent à cette pensée, ne laissant transparaitre qu'une pauvre bête perdue. Mes yeux parlent à ma place, ce n'est qu'un supplice, qu'une demande, qu'un espoir qui je sais, sera bien vite étouffé.

Si je suis un peu de rêve blanc, Cinead est plus de la réalité et franchise un peu noire que personne n'aime à entendre. On ne veut l'écouter, on préfère passer ses mains sur ses oreilles en hurlant : c'est faux. Que d'entendre de telles choses, même à dire parfois que ce sont des calomnies. Pourtant, il n'est que de vérité sortant de ses lèvres, et même si cela est une chose difficile à prendre en compte, à savoir, on ne peut changer une personne, et encore moins un Macintosh. Leur réputation n'est pas méconnue, bien au contraire, surtout apprécié par leurs forts caractères, cette étincelle qu'ils chérissent jusqu'à leur mort. J'en viens à les envier pour ceci, pour cette famille qui parait unie envers et contre tout. Même la mort parait petite face à eux, et c'est surement pour ceci qu'ils sont détestés comme adorés. Certaines personnes viennent même à les craindre, et il est vrai qu'on ne voit que les défauts chez ce clan puissant par ses terres, puissant par sa grandeur. Pourtant, en regardant de plus près, même caché derrière un petit muret, on peut réussir à y voir quelque chose, des qualités cachées qui pourtant se révèlent uniques et rares. Cinead par sa sincérité et sa maladresse ô combien touchante qu'il ne veut à montrer à autrui. Suis-je chanceuse ? Je dois avouer que oui, sur bien des points. Cette idée me réchauffe un peu le coeur, en plus de sa présence dont je vais avoir droit surement pour la dernière fois. En deux jours, il est bien difficile de se voir, surtout quand les préparatifs d'un départ se font. On se souvient de lèvres qui se frôlent, se touchent une première fois, un goût sucré, plus qu'agréable, laissant passer de lourds frissons dans le corps. A quatorze ans, on ne peut parler de ceci avec le plus grand sérieux et le plus grand calme au monde. A quatorze ans, on ne connait rien de la vie et du monde. Pourtant, Cinead m'a fait découvrir quelque chose dont je ne soupçonnais l'existence. Aimer, de tout son coeur, jusqu'à l'offrir dans sa totalité. Est-ce pure folie ? Je le raconterais à ma famille qu'ils me hurleraient que je ne suis qu'une jeune fille cinglée, et que de toute manière, un Macintosh n'aura que faire d'une fille du Sud. « Malheureusement, oui. Mon frère ne m'attendra pas. » Cinglant par sa franchise qui ne peut être appréciée de tous et pourtant, par ce défaut qui se mêle aux qualités, je ne peux qu'avoir un respect profond pour sa personne. Il ne préfère pas s'illusionner, préfère à nouveau retourner dans ce froid d'hiver qui le caractérise si bien. Après tout, à quoi bon espérer un retour fracassant dans le Sud ? A quoi bon espérer changer toute une vie, toute une manière de procéder ? Serais-je née Dingwall ou MacGuffin que les soucis seraient déjà bien loin de nous, ou serait-il venu au monde Lindsay ou Livingstone, mais, sa peau blanche montre que c'est un homme du Nord et que rien ni personne ne pourra y faire quelque chose. Ni même une sorcière ridée, ni une intervention divine. « Je suis navré, milady. J'aurais... J'aurais aimé faire plus. J'aurais aimé qu'on ait plus de temps. Mais c'est ainsi. » Et les choses ne peuvent en être autrement. Un faible sourire vient à illuminer mon visage blafard, ses yeux croisent les miens, et je ne peux que y lire une certaine perdition. Des années plus tard, je pourrais dire avoir été heureuse d'avoir compté à ses yeux, même ne serait-ce qu'un peu, d'avoir été dans sa vie l'espace de quelques semaines, quelques instants. C'est étrange venant d'un enfant d'entendre de telles paroles, mais pourtant, il approche bien plus de l'homme et sa maturité ne fait que le montrer. Faut-il pleurer, se morfondre durant des heures ? Je ne veux à lui faire porter une douleur en plus, ou une scène bien désagréable à garder en souvenirs. Même si une vague d'émotions me transperce directement la peau, je garde ce sourire sincère et déconcertant. Son regard noir, ses cheveux qui le sont tout autant, cette aura étrange qu'il peut à dégager. Voyant une mèche barrer son visage, ma main se glisse sur celui-ci pour l'enlever, frôlant par la même occasion cette peau froide touchée par l'hiver. Et durant un instant, je la laisse posée sur sa joue, et ces petits gestes peuvent contribuer à un bonheur qu'il faut à garder au fond de soi, sans jamais laisser quiconque le toucher, sans quoi il sera parfaitement brisé en quelques morceaux, du verre fragile que seul Cinead peut à toucher du bout des doigts. « Il est difficile de croire que le temps a une fin, comme dans les livres. » Et c'est alors que mes yeux viennent à se baisser sur le sol, croisant le chemin d'un tas de feuilles donnant au bout du compte une lecture, intéressante selon le cas. Me baissant seulement pour attraper celui-ci, rompant ce contact sur sa joue, je fixe avec intérêt ce livre. Presque intensément, presque révoltée par tout ce que les parents peuvent nous inculquer. Un vague soupir, puis un rire m'échappe du coin des lèvres, je ne sais guère s'il témoigne de ma nervosité ou bien de ma joie confuse à pouvoir le voir, une dernière fois. « Peut-être que ce ne sont que des bêtises au bout du compte. Que tout ce qui est dit, mit sur papier ne sont que des mensonges destinés à faire dormir les enfants, des histoires tirées de l'imagination des rêveurs. » Une phrase s'écrasant sur les murs, et pour tout dire, elle n'est pas totalement dénuée de sens. Deux personnes vivent dans ce monde, ceux qui croient aux légendes, et ceux qui n'y accordent aucune importance. J'y croyais, il fut un temps, oui, mais maintenant ? Qu'en est-il de mes images ? Elles disparaissent seulement, pour n'étouffer qu'un feu enfantin, celui qui autrefois animait mon corps. Je sens mes yeux pétiller, piquer même un peu, mais je secoue ma tête. Ce n'est pas le moment, ni l'instant. Je dois me conduire comme une dame doit l'être, cette dignité presque flagrante. Voilà tout. « Je le crois même en fait. Après tout, si la vie était comme dans les légendes, les histoires, tout serait différent. Inhabituel, nous pourrions tourner la tête que nous verrions des feux follets, ou même un imposant cheval d'eau. Le hurlement des banshees ne serait qu'une habitude à prendre. » J'imagine alors la scène, si les mythes se mêlaient à nos vies. Et si inversement, nous serions trop habitués aux présences mystiques que, la vie sans eux serait bien singulière, ennuyante en tout point. Pourtant, mon sourire ne s'écroule pas pour autant sur mon visage, il ne fait même que s'agrandir. C'est ce mélange de tristesse et de joie qui ne devrait être là. Mes deux mains posées sur le livre, à nouveau ma tête se lève pour croiser son regard. « Une vie ne vaut surement pas la peine d'être vécue sans ses nuisances. » L'homme ne peut que se construire dans le bien comme dans le mal, et si trop de bien vient à le toucher, il fini par ne plus vraiment apprécier, et avec trop de mal l'entourant, seule la mort vient à s'approcher de lui pour lui donner ce soutient. Haussant mes deux sourcils, le coeur battant à toute allure contre ma pauvre poitrine qui menace d'éclater, un petit silence s'installe, que je le brise bien vite. « Ai-je raison ? » Ce n'est qu'une part de doute qui continuera à vivre en moi tant que je soufflerais, tant que mes yeux pourront cligner, tant que mes pensées resteront dans ma tête. Ou peut-être est-ce tout simplement ce besoin d'être rassurée, de me dire que cette douleur lancinante en vaut la peine, qu'elle ne me rendra que plus forte, qu'elle ne me donnera qu'une leçon à gagner. Et je voudrais que ce moment dure une éternité, je voudrais que les secondes se transforment en heures, et les heures en jours. Continuer à l'écouter, lui parler, encore et encore, même si le centre de notre conversation est fatiguant, il m'importe peu. En cet instant précis, sa présence a redonné ce souffle de vie que je commençais à perdre.
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MessageSujet: Re: les choses les plus importantes sont les plus difficiles à dire, les mots les amoindrissent. (cinead)   les choses les plus importantes sont les plus difficiles à dire, les mots les amoindrissent. (cinead) EmptySam 23 Fév - 23:32




    “ les cœurs, ça plie sans se rompre ”

    c'était son premier vrai baiser, à lui aussi, et il n'oublia jamais la sensation de ses lèvres se pressant contre les siennes, sèches, douces, tiédies par le soleil. ce fut le baiser à l'aune duquel il jugea tous ceux qu'il donna par la suite dans sa vie, celui qu'il ne retrouva jamais tout à fait.


L’hiver sera rude. L’hiver n’aura aucune pitié, et promet de tout dévaster sur son passage. Cinead sait que s’il revient dans cet état, si faible, dans ces régions où l’hiver mord sans répit, il n’y survivra pas un seul instant. Cela ne sert à rien d’y retourner ainsi. Ses faiblesses le tueront, et le cœur qu’il laissera dans le sud ne l’aidera pas. Peut-être que Rachael, et tout ce qui s’en suit ne devait pas être une bonne idée. Mais à présent, il est trop tard pour faire demi-tour, et puis, il s’en doit de profiter un peu du temps qui lui reste en sa compagnie. Cela ne peut lui causer plus de mal, de toute manière. Ou peut-être que si, peut-être que justement, la jeune femme trouvera un moyen de l’achever. Le coup de grâce qu’il attend depuis des années. Il ne détache pourtant pas son regard du sien, trouvant ses yeux bien trop précieux pour en perdre une miette, une seule et unique seconde. Ses prunelles vertes, tirant sur un bleu que le ciel envie certainement, ont des airs de ceux des chats qu’il peut croiser quelque fois. Certains puristes se serraient d’ailleurs signés en les voyant, et auraient tôt fait de convoyer cette jeune fille au bûcher, de peur que la sorcellerie coule dans ses veine. Ils semblent brillés, comme si les larmes montaient sans qu’elle puisse en faire quoi que ce soit. Les pleurs ne doivent pourtant être au rendez-vous, ce soir. Pourquoi faire, de toute façon ? Ils ne serviront à rien, ne résoudront pas leurs soucis, beaucoup trop nombreux. Mieux vaut se quitter sur une bonne image, car Cinead le sait : Ils ne se reverraient de sitôt. Du moins, pas en des conditions similaires. Cette même soirée maussade se trouve être sûrement la dernière, et les deux jeunes gens jouent leur souvenir de l’autre, en essayant de le rendre un temps soit peu convenable. A un âge aussi peu avancé, on en viendrait à douté que deux personnes puissent se livrer à de telles choses, mais c’est pourtant la vérité. Ils vivent dans une triste génération, où on les rend adulte trop tôt, trop brusquement. Les scènes de batailles lui reviennent tout à coup en mémoire, âcres, cinglantes, réelles.
Un adulte, déjà détruit par le peu d’existence qu’il a réussit à vivre. A vaincre.
Le silence est presque pesant, et ses dires semblent flotter autour d’eux, s’étaler sur les murs froids et distants, vomissures mesquines et dures, tranchantes comme de l’acier. S’il le pouvait, il essaierait de ne pas se comporter ainsi, mais il n’y peut rien. Cela fait parti intégrante de lui, c’est dans sa nature, et il ne se fait pas d’idée. Ces phrases ne sont pas pessimistes, juste murmurées par un Macintosh qui ne fait rien pour placé le couteau dans du velours, sachant pertinemment que cela ne changerait point la donne. La jeune femme parait l’apprécier pas vrai ? Elle doit apprendre à prendre gout à sa personnalité, et tout ce qui s’en suit. Il lui faudrait faire avec ce défaut, qui peut se révéler être une qualité, parfois. Peu souvent. Au bout de quelques secondes, sa tête se baisse d’elle-même, comme elle en juge parfois la nécessité. Le monde a rendu ces habitudes telles qu’elles sont. Un monde où quiconque doit toujours écarter une trahison pour une autre. Cinead déteste cela, tout ce qui s’abat négligemment sur ses épaules d’adolescent. D’homme. C’est trop, trop pour une seule personne, un royaume tout entier qui menace de ployer. Il aurait pu se diriger vers la porte derechef, et rejoindre ses condisciples, pour arrêter ce massacre en marche, cette douleur qui le transperce de toute part, mais la pensée que bientôt, ce genre de moment privilégier – même si en cet instant, il ne trouve pas bon de nommer cela ainsi – lui sera enlevé. Cette simple idée projette son cœur au bord de ses lèvres sèches et craquelées par le froid. Il semble saigner, et ce sang, son sang s’écoule dans sa gorge, dans un flot fluide. Il en sent l’amertume dans la bouche, le gout épouvantable, et pourtant appréciable. C’est un sentiment effroyable, qui hérisse les poils de ses avant-bras, malgré la présence d’une cheminée dans la pièce.
Il ne veut pas que cela s’arrête. Au moins, il se plait à ressentir quelque chose. Ce n’est pas à la portée de chacun, en ce bas monde.
Ayant la tête basse, se plaisant à regarder le sol, et ses bottes passablement lavées, il ne remarque pas tout de suite que la jolie créature se rapproche. Lentement, presque hésitante. A-t-elle peur de lui ? De le toucher, comme s’il était fait de verre qui pourrait se briser si on l’effleurait un court instant ? Il le sait, nombreuses sont les personnes détournant le regard quand il se trouve dans les parages, de peur que sa froideur ne les atteigne, ou d’une autre quelconque ineptie. Il n’en a cure. Pourtant, ici, il ne veut en aucun cas qu’elle se comporte comme eux. Pas elle, pas maintenant. Ce serait presque mesquin de sa part. Brisée une personne déjà amochée est un acte barbare. Mais elle n’en fait rien. A la place, il sent le contact de sa main sur son visage, barré par l’une de ses innombrables boucles brunes, inondées par la nuit. Elle le cloue sur place. Irrémédiablement. Le jouvenceau ne prend pas la peine d’essayer de retrouver son regard, préférant rester ainsi, les doigts délicats de Rachael frôlant à peine sa joue d’une pâleur presque maladive. Un instant qui pourrait durer une éternité. Tout cela serait alors plus simple. Il chasse derechef cette pensée de son crâne, et écoute le silence pesant qui s’installe quelque peu entre eux. Cela l’importe peu. Il connait ce genre de chose. On s’habitue assez vite à ces situations critiques, où rien n’arrive à combler, tel un jour de famine. Encore mieux quand on ne peut rien dire de plus, à cause d’une maudite gorge nouée.

« Il est difficile de croire que le temps a une fin, comme dans les livres. » La jeune femme se plait à violer nombreuses choses ces temps-ci, et le silence qui s’installait il y a quelques secondes entre eux en fait parti. Ainsi que les innombrables principes de Cinead, qui s’était juré de ne pas se laisser amadouer, bercer par une illusion éphémère. L’amour. Un possible bonheur, vain. Ses paroles résonnent au creux de sa cervelle, et il finit par relever ses yeux faits de charbon, remarquant le sourire fugace et incompréhensible de la jeune femme, alors que cette dernière le baisse pour faire face à la lecture qu’il avait abandonné il y a peu, le livre qui s’étalait en désordre sur le sol. Le jeune homme s’est bien vite désintéresser de celui-ci, le trouvant de mauvais gout. Les légendes de Caointeach. Cet amas de feuilles n’est pas fait pour une personne comme Cinead. Il lui faudrait des cartes, afin de réviser la position de ses possibles ennemis, des alliés que son frère s’est fait. Aujourd’hui toutefois, si cela pourrait avancer une quelconque chose à sa situation, il accepterait de lire ce livre une centaine de fois, et une autre centaine pour en être certain. Il accepterait de croire en cette magie perdue, pourtant si proche. Il ne peut rien répondre à ces dires. Pas ceux-ci, en tout cas. Certains livres sont plus proches de la réalité qu’il n’aimerait se l’avouer lui-même. Eux aussi on leur côté cruel. Le rire de la lady se met à résonner dans la pièce. Incertain, nerveux. Cinead reconnait ce genre de rire, qu’il n’arrive à laisser échapper de ses lèvres. Il ne le doit pas. « Peut-être que ce ne sont que des bêtises au bout du compte. Que tout ce qui est dit, mit sur papier ne sont que des mensonges destinés à faire dormir les enfants, des histoires tirées de l'imagination des rêveurs. » Le jeune homme reste immobile, attendant que le flot de paroles qui l’anime cesse, instant où il pourra enfin lui répondre, même si ces dires ne pousse pas à le faire. Cela ne le tarde pas. Il apprécie même l’entendre parler, écouter sa voix fluette et légère, cette voix d’enfant douce à l’oreille. Ils pourraient très bien s’asseoir sur ce petit divan de velours qu’il voit là, sur le côté, près de la fenêtre, et se livrer à ce genre d’activité qui le parait plaisante. Sa tête sur son épaule, réconfortante, ses cheveux blancs venant se déposer avec délicatesse sur son torse mince et pâle, semblable à un rayon de lune qui embrasserait son cœur, et garderait un doux souvenir de leur dernière entrevue. Dernière. Ce mot sonne dur à ses oreilles, comme un adieu. Il sonne dur de réalité, âpre. Mesquin. Des histoires tirées de l’imagination des rêveurs. Il peut presque rire intérieurement à ces paroles. Faut-il être un rêveur pour écrire de telle choses, si cruelles soit-elle ? Cinead n’y pense pas un seul instant. Les hommes qui noircissent les pages d'encre sont des bourreaux, qui observent les gens meurtris, et retranscrivent leurs émotions sur le papier, leur souffrance. Il aimerait répéter tout cela à haute voix, mais après de nombreux mois à suivre son frère dans toutes ces réunions de stratège, et fréquenter les hauts rangs, là où les mots sont comme du poison, il a apprit lentement à se taire, à ne dire que le nécessaire, et ne pas exprimer clairement toutes ses pensées. Heureusement. Sinon, il en vient à croire qu’on l’aurait déjà pendu des dizaines de fois, au moins, pour cela. Le dépourvu dans lequel elle le laisse l’oblige aussi à ne rien répondre. Comment le pourrait-il, de toute manière ? Comment lui, Cinead Macintosh, pourrait répondre à des dires aussi enfantins ? Ou cruellement adulte ? Il ne peut pas, et en a conscience. Il la fixe seulement, retenant chacun de ses traits, fins, doux, angéliques. Mieux, il l’a dévore du regard, tant et si bien qu’il doute qu’il en reste beaucoup pour les autres. Il n’en a cure. Cela n’a aucune importance. « Je le crois même en fait. Après tout, si la vie était comme dans les légendes, les histoires, tout serait différent. Inhabituel, nous pourrions tourner la tête que nous verrions des feux follets, ou même un imposant cheval d'eau. Le hurlement des banshees ne serait qu'une habitude à prendre. » Il ne peut réprimer un petit sourire au coin, là, dans l’obscurité, face à ses paroles presque incompréhensibles. Tout serait différent. Cette phrase ravive en lui une pensée qu’il garde par habitude encré au plus profond de lui. Si tout ceci était différent, on pourrait supposer que les feux follets feraient cesser la guerre qui se profile lentement sous leurs yeux. Et rien ne serait plus normal. Les banshees proclameraient la paix, et les chevaux d’eaux se rattrouperaient pour servir leur cause. Incompréhensible, invivable. La vie ne vaudrait plus rien, d’après le jeune homme. Tout ne serait plus que mascarade et pure ineptie. Et d’une autre façon que ce qu’il est maintenant. Peut-être même un peu moins cruelle, c’est à voir.

« Une vie ne vaut surement pas la peine d'être vécue sans ses nuisances. » Ces propos achèvent de le conformer dans une attitude qui se révèle maussade, peu apte à être de mise dans une scène comme celle-ci. La jeune femme sait trouver les mots justes, ceux qu’il vaut la peine d’entendre, de répéter. De croire. Elle a raison, tellement raison que cela en devient presque douloureux pour le damoiseau, qui trouve en cette voix toute la souffrance qu’il se plait à accumuler depuis des semaines. Toute la joie aussi. Il faut vivre dangereusement. Une façon de lui montrer que leur relation, même si elle n’était pas consentie, même si elle était secrète, en valait la peine. Une façon de refaire renaitre un petit sourire sinistre sur son visage dur. Quand la dame vient à lui demander si elle a définitivement raison, le jeune homme ne trouve rien d'autre à faire que de se baisser pour se retrouver à son niveau, à ses côtés. Au milieu de la pièce, cette scène se déroule comme une vive bêtise, mais Cinead s’en contrefout. Ce que l’on peut penser de tout cela ne fera que le confronter dans ce qu’il pense. Les jeunes garçons amoureux ont tendances à devenir aussi bornés que des mules, posant leur premier amour sur un piédestal qui ne s’effondre qu’à leur mort. Il sait qu’il n’oubliera jamais Rachael Seton, et ses cheveux blancs. Rachael Seton et ses sourires fugaces, réels. Il n’en peut pas être autrement. Dans une autre vie, il se promet de revenir même l’épouser, en l’espèce d’un court instant. Cette pensée lui arrachera un petit grognement perdu, plus tard, en comprenant que ce que l’on voyait était un peu près tout ce qu’on avait, et que les vie postérieures n’existaient pas. En aucun cas. Son air de glace vient se briser quelque peu quand ses yeux rencontrèrent une nouvelle fois ceux de la jeune femme. Il n’en demande d’ailleurs pas plus. Dans sa tête, des dizaines de propos qu’il pourrait lancer à bout portant, sans grande conviction. Il lui faut peser le pour et le contre de tous ces dires, avant de les projeter en dehors de son être, là où ils peuvent être interprétés de très nombreuses façons. Il aimerait à ce moment là que la lady puisse rentrer dans sa tête, pour pouvoir comprendre tout ce qu’il voudrait lui dire, sans risque de le prendre mal. Cela serait si simple. Et pourtant impossible. Après quelques secondes, perdu dans le regard de son interlocutrice, il s’exécute finalement, trouvant la répartie qu’il jugeait bon de sortir. L’une de ces choses qu’on ne peut dire pour de faux, qui doivent être forcément vraies, toujours. Plus tard, il se prendra à se répéter ces même phrases, en boucle, rejouant le moment de milles et une façon différente, toutes pourtant similaires. Un moment heureux, où son cœur se trouve être enfin libéré de la carapace dans lequel il s’était confronté depuis longtemps. Armure qu’il revêtira dans peu de temps. « Vous avez diablement raison, Rachael. La vie ne se trouve d’ailleurs pas dans les livres, si vous acceptez mon humble avis. Elle est dehors, pleine et vide à la fois. Avec ses manœuvres, ses dangers, ses espoirs et ses craintes. » Il laisse échapper un petit soupir discret, et continue de la regarder avec une insistance non dissimulée. Il veut voir son expression, un sourire s’afficher, une mine dépitée. Qu’importe. « Pourtant, j’ai bien peur qu’il y a une fin à tout. Mais chaque fin promet un commencement. C’est un cycle qui se répète à l'infini. » A part peut-être la mort, mais il ne trouve pas l’utilité de le souligner, sachant que cela est bien trop logique pour le mentionner un instant. Son regard vient parcourir le visage doux de la jeune femme, sur sa cicatrice, et se pose ensuite sur ses lèvres qu’il connait douces, parfaites. Cela en devient insoutenable. Il sait pertinemment qu’un homme de son rang ne doit pas se comporter ainsi, mais il n’y peut rien. Une malédiction, presque, bien qu’il n’y croie pas une seule seconde. Il comprend comment on peut appeler cela, mais ne se résout pas à le dire. Les jeunes garçons, à défaut d’être courageux, sont aussi idiots. Il se surprend à reprendre plus doucement, entonnant des paroles qui mette en relief à la perfection ses pensées lui plus profondes. « Mais je ne pense pas que ressasser cela aidera grandement. J’ai conscience qu’il est difficile de se séparer. Surtout en de telles conditions. Par tout les saints, milady, je… Je ne sais pas comment me comporter pour ne pas ressentir de la souffrance, de la peine. J’en viens donc à la conclusion qu’il n’y a aucun remède. » Maintenant, il murmure plus qu’il ne parle, presque pour lui-même, malgré la présence soutenue de la demoiselle, près de lui. Il sait qu’elle l’entendra, et au fond de lui, le veut. Il ne comprend pourtant comme le formuler dans sa tête. « Et le temps n’y changera certainement rien. »


Dernière édition par Cinead Macintosh le Ven 10 Mai - 18:17, édité 1 fois
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Rachael Seton
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Lowlands

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Libera me, Domine, de morte æterna, in die illa tremenda, quando coeli movendi sunt et terra, dum veneris iudicare sæculum per ignem.

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MessageSujet: Re: les choses les plus importantes sont les plus difficiles à dire, les mots les amoindrissent. (cinead)   les choses les plus importantes sont les plus difficiles à dire, les mots les amoindrissent. (cinead) EmptyDim 24 Fév - 15:46


Rien n'arrive réellement par hasard, du moins, c'est ce que tout le monde me raconte. Parler de destin, parler d'âmes qui se rencontrent et ne veulent plus réellement se quitter, comme les saisons, elles changent, perdent de la couleur, mais sans jamais s'oublier. Car après tout le printemps se veut doux, l'été chaud, l'automne pluvieux et l'hiver bien froid. Elles se suivent, pour donner par la suite des années, et malgré tout, même si nous tombons dans cet instant où la neige s'écroule sans se lasser, je pourrais me souvenir de lui de cette manière, simplement. Dans mes idées, dans mes rêvasseries, je ne peux m'empêcher d'associer une personne que je connais à une saison, à un moment dans une année qui peut être ô combien significatif. Si ma chère mère est l'exemple même du printemps, de ses douceurs et de son beau sourire, en ce qui concerne Cinead, ce n'est qu'en voyant cette couleur blanche à travers la fenêtre, que je me rends compte qu'il est l'incarnation même de l'hiver. Rude, mordant, elle vient à même à faire peur avec ses vents glacés, et pourtant, si belle à regarder, l'on désire à glisser ses mains dans la neige et la lancer, haut si haut qu'elle touchera les nuages, le ciel bleu qui ne fait que nous envoyer des maigres flocons. Cette vision même que certains préfèrent fuir, dont inconsciemment on vient à en avoir peur. Il est parfois même inconscient de vouloir se mettre face à ses souffles, face à ses fourberies, ses coups du sort, mais, à partir du moment où cette tempête vous enveloppe, il est impossible d'en sortir. Alors, la seule façon d'apprécier ce moment, est de s'y habituer, jusqu'à aimer cette sensation de froid, de mort subite. Je suis tombé dans ce cercle qui n'en finira certainement jamais. Je ne me considère ni comme l'hiver ou l'automne, il en est plus du printemps et de l'été. Malgré tout, dans les deux cas, l'apparition du soleil reste ma priorité, et l'hiver se meurt à cause de ses rayons. Nous causerons tout deux nos pertes, et je ne peux en voir les choses autrement. Quand sera le moment du départ, je suppose que les jours après seront difficiles, que je ne pourrais que me lover dans un souvenir d'avoir touché une peau blanche, une joue rongée par la saison pâle. Je passerais des nuits à y penser, à regretter, à m'en vouloir de ne pas avoir pu le retenir plus longtemps, de ne pas avoir été présente jusqu'au bout, mais, un jour viendra où la blessure du coeur finira par cicatriser. Un jour oui, mais, je ne saurais malheureusement dire quand. Celle d'un premier amour, est toujours plus douloureuse que les autres, plus difficile à accepter. Après tout, dans son regard l'on ne peut y voir que l'avenir, se bercer seulement d'illusions agréables, douces à l'oreille mais destructrices quand s'avère le moment de relâcher cette main. Sentir son coeur s'emballer une première fois, une chaleur que l'on ne veut laisser filer entre ses doigts, ce nouveau sentiment qui prendra bien du temps avant de s'épuiser lourdement. Je le sais, contre toute attente, j'en ai cette conscience, et je suis prête à subir mes tourments. Contre rien au monde, je ne remplacerais ces souvenirs avec Cinead, ces moments où je me sentais protégée dans ses bras, ces moments où le départ me semblait loin, si loin que rien ne pouvait à briser ce bonheur. Pourtant, le temps a fini par passer bien vite sous mes yeux, sans que je ne le remarque concrètement, et quand les jours précédents s'avéraient enveloppés d'une parure rare, elle s'est arrachée subitement pour me ramener à la nature morte. Deux jeunes gens, qui ne devaient être que des enfants, et qui, tout à coup n'ont cessés de grandir. Par cette façon, je me sens plus proche de lui que je ne devais le croire. Après tout, par l'apparence je ne ressemble qu'à une enfant idéalisant son monde, se perdant dans des contes saugrenus. Il n'en est rien. Laissez la colère faire face, hurlez sur ce gamin apeuré, faites apparaitre des bleus sur sa peau opaline, et son innocence ne sera plus qu'un mot inconnu, quelque chose qu'il ne comprendra pas. Voici alors les méandres de la vie que l'on arrive à voir, ce sang coulant, cette rage que peut avoir l'homme comme la femme, dans ses veines. Incontrôlable, sauvage. L'idée de se crever les yeux pourrait venir, histoire de ne plus regarder en face la gueule de ce loup morfale, mais, à partir du moment où le grognement est audible, fermer ses prunelles est inutile. Avancer dans le noir, fixer l'horizon ténébreux, passer les étapes de l'existence, pour un jour n'être qu'un adulte. Outre que nos problèmes ne soient pas similaires, nous avons grandis de cette manière. Lui par le décès d'un père, les obligations, et moi par les coups, les menaces. Nous nous y retrouvons alors ainsi, deux enfants devenus trop grands d'un coup, ne pouvant plus porter leurs vêtements de songes. Plus de lumière, plus de pétillement candide dans ces yeux foncés ou clairs, plus de flamme utopiste. A la place, un feu d'authenticité se met à grandir, qu'importe les pensées qui espèrent, il brûle les espoirs. Les champs de dryas sont remplacés par des hurlements, les forêts brillantes par des yeux écarquillés et les plaines interminables par des pas bien trop rapides. Fuir, oui, mais il est impossible de s'en détacher complètement. Accepter reste la seule façon de mieux survivre. Et je suppose que moi comme Cinead avons consentis à ceci, sans broncher, sans pleurer, sans rien. Faire la révérence, sourire même si l'envie n'y est certainement pas présente, un mot en travers de tout, et des têtes pourront à tomber lourdement au sol. Une dite bâtarde et un jeune garçon de bien haut rang, tout ceci pourrait à présumer le début d'une bien mauvaise blague, de mauvais goût, racontée par un homme barbu et plongé dans l'alcool depuis des années. Faut-il croire que les débuts hilarants sont débuts à des histoires bien réelles ? Un jour peut-être, entendrais-je réellement ceci, que ce dit homme velu racontera en riant la gorge dévoilée sous le soleil doré, et moi, je ne pourrais qu'y sourire faussement, pendant que d'autres ne cesseront de partager leur bonne humeur. La mienne aura été volée par ce regard occulte. C'est un fait, le premier aimé vous vole un peu de votre personne, sans s'en rendre compte, il vous arrache cette petite partie de vie sans le vouloir et son nom reviendra toujours comme une chimère.

Mes mains posées sur ce livre, je me met alors à le serrer contre ma poitrine, comme si ma pauvre vie en dépendait. D'une certaine façon, elle ne peut que s'en accrocher, sans lui, la conversation aurait laissée place à des adieux bien sinistres, à des pensées bien trop macabres et des larmes sur mes joues. L'hiver ne montre que trop peu sa véritable nature, alors que le printemps laisse revivre ses feuilles, laisse son vent doux apparaitre sur les joues. Quand les deux se frôlent, il en résulte du danger, de l'imprudence, et peut-être que tout se résume à ceci, toucher le déraisonnable sans se douter des conséquences. Vivre l'instant présent, et un jour, tout ne pourra que nous revenir. Dans une année, deux, peut-être une dizaine, qui saurait le dire. Malgré tout, l'hiver ne peut exister sans les prémices du printemps, et celui-ci ne se complète sans ses griffures. Se compléter par la plus grande surprise, s'apprécier sans se dénaturer totalement. Cinead ne serait lui-même sans ses regards profonds, sans ses paroles cinglantes, sans sa peine à vous en tuer le plus monstrueux des personnages. Je connaitrais à nouveau cette sensation, mais, elle ne sera jamais similaire, et malgré tout, d'une certaine façon, une partie de mon coeur lui appartiendra jusqu'à ce que la faux de l'agonie vienne à nous frapper de plein fouet. Les jours décideront seulement, et les années ne feront que poser le jugement décisif. « Vous avez diablement raison, Rachael. La vie ne se trouve d’ailleurs pas dans les livres, si vous acceptez mon humble avis. Elle est dehors, pleine et vide à la fois. Avec ses manœuvres, ses dangers, ses espoirs et ses craintes. » Pleine et vide, douce et tortueuse, piquante comme satisfaisante. Le bien sans le mal n'est qu'une broutille et comme toujours, sa raison me rattrape bien vite. Se murmure dans le creux de l'oreille des sons castrateurs, se faire du mal en voulant seulement ajouter qu'il ne faut pas à disparaitre à cause de ce départ, qu'il ne faut pas dépérir sous les coups des chevaux galopant à travers les terres du Sud pour se retrouver dans le Nord. La dérision n'est que pour les jouvencelles en peines, qui ne se voient plus vivre sans la présence de l'être aimé. J'ai décidé de vivre malgré ce déchirement, j'ai décidé de respirer malgré cette torture. Tout comme lui, comme un accord mis en commun, les heures à venir seront parsemés de mélancolie, nous resterons debout. Nous tomberons, nous pleurerons surement, nous hurlerons, mais, nous continuerons d'avancer malgré tout, même si d'obscurs desseins viendront à nous dévorer nos nuits comme nos jours. Plus jamais nous n'aurons peur, jamais plus. « Pourtant, j’ai bien peur qu’il y a une fin à tout. Mais chaque fin promet un commencement. C’est un cycle qui se répète à l'infini. » Une autre vie, un autre espoir ? Si je ne vois autour de moi qu'une terre souffreteuse, je ne vois qu'en haut un paradis laiteux et bien en dessous de nos pieds, un enfer cuisant. Est-il possible que Dieu nous renvoie sur cette terre ayant comme but de nous offrir une autre chance ? Une dernière ? Si cette idée me parait bien plaisante, je n'ose réellement m'y accrocher. Peut-être que dans une autre époque, nous aurions pu répéter cette histoire que nous écrivons. Je ne saurais à le dire, et je préfère à penser que le décès finira par nous faire nous retrouver, là-haut, ou bien plus bas. Les plumes du corbeau seront visibles, le mot n'en sera que trop castrateur, et il repartira libre et serein. N'est plus fidèle qu'un animal comme celui-ci en ce monde parait-il, et même si son sinistre habillage fait peur à bien des personnes, je l'envierais presque par cette aura qu'il dégage, cette mise en garde qu'il siffle dans les airs. Memento mori, souviens-toi ma douce que nous mourrons tous un jour. La vie laissera place au décès, des yeux vitreux, des corps dévorés par des insectes aux couleurs diaphanes, des odeurs si insupportables que le malaise y laissera place. Désolation. « Mais je ne pense pas que ressasser cela aidera grandement. J’ai conscience qu’il est difficile de se séparer. Surtout en de telles conditions. Par tout les saints, milady, je… Je ne sais pas comment me comporter pour ne pas ressentir de la souffrance, de la peine. J’en viens donc à la conclusion qu’il n’y a aucun remède. » Inconsciemment, c'est un sourire sincère qui vient à orner mon visage bien clair. Touchée par sa manière de former les mots, les phrases, un ménestrel pourrait en être même jaloux. Manier les choses à la perfection, sans jamais employer une mauvaise manière, toujours avec ce chagrin bien trop poignant. Suis-je la seule à avoir eu la chance de le voir dans un état similaire ? A avoir brisé cette armure qu'il avait réussi à se forger au fil des décennies ? Je peux le voir en cet instant, le déceler dans son ton, dans son regard tout aussi expressif. Parfois, je me pose cette question : pourquoi Cinead et pas un autre ? La réponse reste vague, discrète pour ma personne. Parce que nous nous ressemblons à notre manière, parce qu'un regard suffit pour tout s'avouer, pour laisser son coeur s'ouvrir et laisser l'autre regarder battre, doucement, à un rythme régulier, qui peut se transformer en bien piètre maladresse. « Et le temps n’y changera certainement rien. » Même les soupirs d'un temps nouveau ne saura à calmer cette plaie saignante, qui s'infectera surement, et qui ne saura être réellement soignée. Les armes sauront avoir raison, et la guerre ne fait que se sentir à bien des mètres. Des réunions sont organisées pour en parler, de cette femme à la chevelure de feu, celle qui aurait combattu le dragon du mariage sans se méfier de l'eau qui dormait autour d'elle. Les cadavres s'empileront, et dieu seul sait quand le climat de paix se réinstallera. Je m'en doute, au fond de moi, je sais que les fins heureuses ne sont lisibles que dans les ouvrages poussiéreux. Battre, gagner, sans jamais laisser la plaie se refermer.

Je me perds alors dans la contemplation de son visage, m'amusant à le détailler. Obnubilée par ce regard, ses boucles tombant royalement sur son visage, cette peau que j'ai eu la chance de frôler du bout des doigts, ces sourcils se fronçant, ses traits durs comme doux. Cinead est un juste-milieu entre le souffle vivant, le souffle mort, se complait dans entre ces deux extrêmes, sans jamais choisir l'un ou l'autre. Mon étreinte petit à petit fini par être moins lourde, et tout en laissant mes yeux se perdre sur ce livre, je le repose sur ce fauteuil, touchant le velours sans réellement le vouloir, un frisson envahi mon corps. Sensation étrange qu'est ce tissu. Malgré tout, mon attention se pose par la suite vers cette fenêtre laissant voir un univers tout autre que l'intérieur de ce domaine. Je m'en approche, laisse ma main se poser sur ce verre glacé, dévoré par la neige qui ne fait que grandir au fil des minutes. Je ravale mon serrement de coeur, ne faisant pour rien au monde tomber ce masque de bonheur presque invisible que je porte sur mon visage. Pensive, je m'amuse à regarder quelconque buisson, quelconque arbre se trouvant dans l'horizon de cet échappatoire. « Qui pourrait réellement le dire ? Le temps laisse place à l'oubli, et le malin ne fait qu'en rire. » Une voix effacée, ailleurs, ma main prenant la température du verre souffrant, ce n'est qu'après quelques secondes, que je la recule, admirant les dégâts. Une paume de main rongée, certes, mais rouge par cette peau non habituée à de telles choses, un vague soupir m'échappe des lèvres. L'oubli, le meilleur ami de ce diable aux yeux rouges. Quand bien même nous pourrons passer du temps à nous remémorer les rires, un jour qui sait, nous ne souviendrons plus de tout ceci. Peut-être serais-je même la première à oublier le son de sa voix. Et je me fais ce mal, à nouveau, inconsciemment, ce n'est qu'une peur stupide qui ne devait prendre place, je veux l’interdire, mais, elle ne sait que trop bien se faire une place dans mon corps, connaissant les endroits les plus petits. « Je suppose qu'il n'est de pire châtiment que celui-ci. Ne pas se souvenir, le vouloir, sans pour autant mettre la main sur ce qui jadis nous préoccupait. Les années défileront, le sang pourra couler, malgré tout le visage n'arrive pas à revenir face à nos yeux, même les paroles prononcées, les promesses. Ce seul remède aussi vicieux soit-il, oublier. » A nouveau, je me retourne pour presque lui faire face, et il ne suffit que de quelques pas, pour qu'à nouveau mon corps se retrouve proche du sien. Haussant mes deux sourcils, ce n'est qu'une mine légère qui me vient directement sur mes traits, en aucun cas, je ne veux laisser la gravité faire surface, pas maintenant, pas tout de suite. Quand je serais dans une chambre, quand je serais ailleurs, quand sa personne ne sera plus présente, je pourrais me permettre de m'en plaindre, pas avant. Ma main vagabonde, se pose alors sur son épaule, un contact comme un autre que je ne peux à faire en dehors de cette pièce, quand les yeux curieux se posent sur nous. « Mais, j'ose à espérer que ce mal ne me touchera point, ni vous. Et quand la neige revêtira son habit rouge, je pourrais me dire que même la guerre n'entravera pas ce bonheur auquel j'ai eu droit, que vous m'avez offert. » La sincérité retombera dans celle-ci et vice et versa, se mettre à nue, ouvrir son corps et montrer à son prochain tout cet amour qui envenime. Qu'importe si la niaiserie commence à prendre place, qu'importe si tout peut paraitre bien anodin. « Et l'amour que je vous porte, ne sera jamais totalement effacé. » Une voix fluette, plus un murmure qu'une parole, comme si les murs venaient à nous écouter et allaient tout dire à nos proches. Le sort en est jeté, et l'on ne peut à se décider qui fera rougir nos joues, qui nous fera sourire un peu bêtement. Un destin malhabile.
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MessageSujet: Re: les choses les plus importantes sont les plus difficiles à dire, les mots les amoindrissent. (cinead)   les choses les plus importantes sont les plus difficiles à dire, les mots les amoindrissent. (cinead) EmptyMer 27 Fév - 17:26




    “ les cœurs, ça plie sans se rompre ”

    c'était son premier vrai baiser, à lui aussi, et il n'oublia jamais la sensation de ses lèvres se pressant contre les siennes, sèches, douces, tiédies par le soleil. ce fut le baiser à l'aune duquel il jugea tous ceux qu'il donna par la suite dans sa vie, celui qu'il ne retrouva jamais tout à fait.


Les mots n’ont pas beaucoup de sens, pour ne pas dire aucun, aux yeux de Cinead. Il sait que peu de personne pense ce qu’elles disent. Les paroles s’échouent dans la cervelle du jeune garçon, et les promesses deviennent floues, irréelles. Il n’a jamais eu confiance aux mots, et il ne pense pas qu’un jour, la donne change. Chaque être peut être vicieux grâce aux dires, ils peuvent blesser, faire sourire, mentir, ou dire la vérité, certaines fois. Mais jamais il ne les croira réellement. Jamais il ne fera confiance à quelques syllabes placées ça et là. Il ne faut pas le croire non plus. Il est homme comme les autres, après tout, faible et idiot. Les actes sont en revanche quelque chose sur quoi il peut compter. En quoi il peut se raccrocher quand ses mains deviennent moites et qu’il n’arrive plus à remonter la pente. Pourtant, en ce moment, alors que la jeune femme murmure tant de paroles qu’il n’est pas sûr d’intercepter comme elles mériteraient de l’être, il pense pouvoir la croire. Cela le ferait presque sourire. Presque, parce que tout le monde le sait, Cinead Macintosh ne sourit pas souvent. Seulement pour assurer que tout va bien, que rien ne les abattra plus, même si ses yeux entraperçoivent toutes ces mutilations, toutes ces pertes qui peuvent être évalué parmi leurs rangs. Jamais réellement. Rachael semble avoir un pouvoir sur lui. Ce genre de don qui pourrait lui faire déballer tout ce qu’il a sur le cœur depuis sa tendre naissance, tant de songes si longtemps enfouis en sa personne. Rachael pourrait le faire parler. Il en prend conscience, et la sensation de n’être qu’un petit point sur une carte, qu’un corps flottant dans la masse lui donne une bouffée de mécontentement. Mis à nu, il n’est strictement rien. Son malheur le rend plus fort, fin stratège. Il forge une armure faite de métal glacé et de glace qui jamais ne fond. Sans cette dernière, il n’est qu’un jeune garçon un peu pâle, solitaire et réservé, qui n’aspire qu’à vivre dans la prospérité, baigné de lumière, espérant juste qu’on le laisse tranquille, avec un cheval, une famille aimante et un peu de belle musique. Il est tout cela, et rien d’autre. Rachael l’a sûrement compris, elle qui semble être parfois sorcière, avec un troisième œil que le jeune homme pourrait apercevoir sur son front livide. Il comprend aussi, en ce jour, cet ultime jour qui sonne un adieu mesquin et réel, que c’est ce sentiment de vulnérabilité qui l’a poussé à aller vers elle, à développer cette relation interdite qui ne devait pas être au début. Car après tout, quelle chance y’avait-il pour que les chemins des deux enfants se croisent et s’entremêlent à la perfection ? Aucune, bien certainement. Et le destin n’y aurait rien fait. Ce sont les actes – et parfois les paroles, comble de l’ironie – qui font qu’un homme prendra une route au lieu d’une autre. Certaines personnes répéteraient à qui voudrait l’entendre que la providence, puissance incroyable, règle le cours des choses, mais tout cela n’est que baliverne aux yeux du jeune homme. Le destin n’existe en aucun cas. Et quand bien même, il existerait, alors tout serait inversé. Cette chose s’appellerait fatalité, et malgré leurs dires, on ne pourrait pas le changer, le modeler comme bon nous semble. Parfois, Cinead aimerait qu’il en soit ainsi. Ne pas devoir décider, ne faire que subir, bien que cela semble être contraire à ce que l’on pense de lui. Lâcher les armes, fermer les yeux et se laisser porter lentement, sous la terre ou vers le ciel. Tout cela serait alors beaucoup plus simple, la tâche se faciliterait grandement. Mais il n’en est rien. Cinead continue donc de se battre, comme tout homme. Contre ses ennemis, contre ses démons, contre la vie, et pour lui-même. Jusqu’à ce que son maudit palpitant cesse de battre. Il doit en être ainsi pour chaque être vivant en ce bas monde.
Les secondes passent lentement, et pourtant bien trop rapidement au gout de damoiseau. Tant de contradiction, qui rend le moment étrange, presque incompréhensible. Comme toujours en ces mêmes situations. C’est ce qui forme leur charme. C’est ce que Cinead pourrait appeler Magie, loin des légendes d’autrefois, des feux follets, des chevaux de mers ou des banshees. Une définition qui ne manque pas de peindre sur son visage pâle une esquisse de sourire, alors qu’il se perd dans les yeux de la belle Rachael. Ses yeux faits d’émeraude et de ciel. Jamais il ne s’en lassera, et sait parfaitement que dans quelques jours, il ne les sentira plus se poser sur son visage. C’est ainsi, il le faut pourtant, malgré le mal qu’il s’en dégage. S’il le voulait, il pourrait essayer de changer la donne, mais ses actes auraient des répercutions sur beaucoup de points, des choses qui ne doivent pas bouger, déjà beaucoup trop instable au gout du royaume. Après tout, ne vaut-il pas mieux d’ailleurs que tout cela reste de la sorte ? Macintosh a eut le temps d’y réfléchir, longuement, peut-être même un peu trop, jusqu’à ce que ses pensées s’emmêlent sans qu’il puisse y faire quoi que ce soit. Tout est confus. Une part de lui-même lui répète sans cesse qu’il pourrait la faire sienne, que ce n’est pas trop tard, malgré la guerre qui se profile sous leurs pieds, mais des songes plus censés lui interdisent. Il n’arrive plus à suivre, et personne n’est là pour l’aider. Encore l’un des nombreux choix qu’il doit entreprendre seul. La liste sera longue, le damoiseau en est bigrement conscient. Bientôt, cette histoire ne sera que le cadet de ses soucis, et survivre tant bien que mal malgré les coups lui sera indispensable. Cela ne le tarde pas.

Le livre qu’elle étreint de ses bras frêles regorge d’inepties qu’il ne veut en aucun cas prendre connaissance. Il le regarde pendant que ses paroles se perdent lentement dans les méandres de son esprit, paroles qui malgré tout, étaient sincères. Ce genre de chose se fait rare ces derniers temps. Il doute même qu’elles aient été de mise il y a des décennies de cela. Les hommes ont toujours été aptes à la bêtise et au mensonge. Pourtant, son interlocutrice est l’une de seules personnes à qui il ne pourra jamais mentir. Ses promesses resteront des promesses. C’est pour cela qu’il ne veut en faire. Elles ne serviraient à rien, rien d’autre que leurs obstruer la vue, et les conformer dans un perpétuel état de non satisfaction. Se demander si l’être chéri il y a tant d’années reviendra nous sauver, puérilement, et n’avancer qu’à reculons, forcé de fermer les yeux sur chaque étape de leur existence. Il ne veut pas de cela pour lui, et encore moins pour elle. Si leurs routes se recroisent un jour, dans une dizaine d’années, il sera heureux pour elle quand il verra qu’elle s’est marié à un homme aimant, et que la guerre ne la touche pas totalement. Peut-être que les remords seront présents aussi, avec une pointe de jalousie. Mais ces derniers seront enfouis sous le sourire qu’il pourra lui adresser en l’apercevant. C’est après tout ce que l’on veut pour une personne aimée. Qu’elle soit comblée, même si nous ne sommes pas là pour partager sa vie. Oui, c’est tout ce qu’il espère pour la jeune femme. Elle semble le savoir, et en tout cas, il l’espère de tout son être, alors qu’il l’observe posé sa lecture sur le fauteuil de velours. L’étonnement se lit sur son visage quand elle se glisse hors de son champ de vision pour se relever, le laissant seul au sol, tel un petit animal blessé, à qui on verrait les entrailles et le cœur battant la chamade sous sa peau balafrée. Seul. Elle doit avoir une bonne raison de rompre cette contemplation, ou peut-être pas. Il l’ignore totalement. Lui se plaisait à rester dans ce perpétuel état de bonheur éphémère, son regard dans le siens, leurs souffles se rapprochant inévitablement. Mais la jeune femme semble chercher l’extérieur de regard, et quand elle se dirige vers la fenêtre, près de la neige qui tombe lentement, sans jamais ployer. Il l’envie un temps, même s’il compare bien souvent sa vie aux flocons. Ephémère, fragile et glacée, au commencement pur, mais souillée par la suite. Une métaphore qu’il utilise parfois, pour montrer à quiconque peut le nier que personne ne sera épargné. Qu’on finit toujours par être dégrader, aussi haut que nous montons. D’ailleurs, la noblesse semble être beaucoup plus vile que la vie des rues. Certes, le poison n’est pas fatal de suite, et on ne crève pas de faim, mais elle finit par vous rendre aliénés. Elle vous tue lentement, à petit feu, avec un plaisir malsain. Cinead sait qu’elle est vile et veule. Beaucoup plus que le champ de bataille, qui lui est sans détournement. On se bat, et on meurt. Ou on remporte la victoire. Cela ne va pas plus loin, et se trouve être beaucoup plus simple. Oui, personne n’est épargné. Et même la glace se brise quand vient l’été, même le soleil s’éteint quand la nuit plonge le monde dans le noir. Les ténèbres.
Elles seules vaincront toujours.
Elles seules font exception à cette règle macabre, et pourtant diablement réelle. Mais la réalité n’est elle pas elle-même macabre ? Elle se plait à vous autoriser quelques parcelles de bonheur, pour vous les retirez derechef. Et personnes ne semblent vouloir l’arrêter. Après tout, personne n’y peut quelque chose non plus. « Qui pourrait réellement le dire ? Le temps laisse place à l'oubli, et le malin ne fait qu'en rire. » Il se prend à regarder le sol, et murmure pour lui-même des mots qui prennent une signification bien pessimiste. Il n’en a cure, pourtant. Il n’a jamais cherché à ne pas l’être. « Le malin n’est pas le seul à en rire, malheureusement. » L’oubli. C’est un mot bien vaste, qui couvre nombreuses choses. On oublie par vieillesse, on oublie pour notre bien ou pour celui des autres, on oublie par devoir. Comment doit-il l’oublier, elle, Rachael ? Il n’en fera rien. Il ne peut tout simplement pas. Faible, idiot, se plairait à dire son père. Si ce dernier se trouvait encore là, son fils ne l’aurait pourtant pas écouté. Ces paroles n’en vaillent pas la peine. Il sait que ce n’est pas faible de se comporter ainsi. Il a le droit de garder ces quelques instants en lui, on ne peut pas lui enlever encore cela. Son compte de mesquinerie a déjà été atteint, après tout. Du moins, il se rassure en se répétant cela. Encore l’une de ses innombrables inepties qu’il n’arrive à se défaire, une chose en quoi il se raccroche inévitablement : On s’est déjà assez acharné sur lui. Pourtant, on peut compter par dizaine les personnes qui ont connues bien pire que lui. Mais on se dit toujours plus faible qu’on ne l’est, après tout. Plus évincé par la vie. Les planches de bois lustrées semblent brillées incontestablement et Cinead ne pourrait compter le nombre d’heure passé aux servantes à frotter pour arriver à ce résultat. Même à l’endroit où on peut apercevoir la cheminée, tout est parfaitement lavé. Au château des Macintosh, jamais une pièce aussi peu utile que cette dernière, bien loin des grands et somptueux salons où on peut recevoir les invités, serait ainsi. Là encore, il peut sentir la différence entre ces deux terres peu communes. Dans le nord, on se préoccupe moins de cela, trouvant là une importance moindre. Il y a des choses bien plus pressantes qu’un parquet parfait. « Je suppose qu'il n'est de pire châtiment que celui-ci. Ne pas se souvenir, le vouloir, sans pour autant mettre la main sur ce qui jadis nous préoccupait. Les années défileront, le sang pourra couler, malgré tout le visage n'arrive pas à revenir face à nos yeux, même les paroles prononcées, les promesses. Ce seul remède aussi vicieux soit-il, oublier. » Est-elle en train de lui dire qu’il leur faut oublier ? Ou se parle-elle à elle-même, de façon à s’obliger à le faire ? Ou peut-être le prie de ne pas se laisser emporter par le malin qui essayera bien entendu de lui tendre la main ? Il aimerait lui demander, mais n’en fait rien. Ne pas se fier aux paroles. Un bon dicton pour rester en vie. Mais est-ce là des paroles en l’air ? Cinead ne le pense pas. La jeune femme n’est pas de ces personnes qui balancent des syllabes à bout portant, sans réfléchir. Tout est calculé, tout semble être érigé pour remuer le couteau dans la plaie. « Mais, j'ose à espérer que ce mal ne me touchera point, ni vous. Et quand la neige revêtira son habit rouge, je pourrais me dire que même la guerre n'entravera pas ce bonheur auquel j'ai eu droit, que vous m'avez offert. » Il n’a alors d’autre choix que de se relever, le plus dignement possible, et de rester immobile, bêtement, car le geste qu’il s’apprêtait à faire lui parait maintenant non approprié. Ou peut-être pas. L’indécision semble être une maladie des plus exécrables. La regardant un moment près de cette fenêtre embuée, alors qu’elle lui fait à nouveau face, la peur menace de prendre possession de son corps. Il ne veut pas partir. Faible, faible, faible, hurle son père. Il cligne des yeux une fois, pour se donner une contenance qui ne lui servira à rien, et détourne le regard pour venir le poser au dessus d’elle, sur les arbres enneigés qu’on peut trouver autour du château. Un bonheur. Est-ce cela, donc, la définition du bonheur ? Il semblerait, en effet. Il semblerait aussi que ce bonheur rime avec souffrance, si cela est le cas. Cinead ignore alors s’il voudra y regoûter, plus tard. Le bonheur est encore l’une des nombreuses choses qui toquent à votre porte sans crier gare, et qui s’en va tout aussi furtivement. Il est de ce genre de personne qui aspire à quelque chose de solide, dur comme du roc, inébranlable, qui ne se brisera jamais. Le bonheur n’en fait donc pas parti. Et s’il est l’un de ces sentiments qu’il faut réanimer de temps en temps, alors il n’est pas fait pour lui. Il ne saurait le conserver bien longtemps. « Et l'amour que je vous porte, ne sera jamais totalement effacé. » Un léger frisson se plait à parcourir son corps à la vitesse de l’éclair, et un petit sourire vient barrer son visage. L’un de ces sourires qui se mêlent la plupart du temps aux rougissements, aux bafouillements d’adolescents un peu naïfs. Il n’en n’est rien ici, du moins, pas extérieurement. S’approchant, à mesure que les paroles affluent dans son esprit, il relève la tête pour croiser son regard. Les quelques pas qui le séparent de la fenêtre, qui le séparent de Rachael, sont vite franchis.

Derechef, il se retrouve à ses côtés, trouvant cette place bien trop précieuse pour en gâcher un instant. Mais qu’en sera-t-il dans cinq ans ? Dans dix ans ? Rien ne sera plus pareil. Il y a déjà songé. De très nombreuses fois. A ce moment-là, alors, il se réjouira d’y être parvenu, au moins quelques semaines. Rachael n’est pas une de ces créatures qu’on peut retenir bien longtemps. A sa manière, elle est libre, et pourtant enchainée. Un oxymore à elle toute seule. Tel un petit oiseau des rivières, lamentablement enfermé par des êtres cruels et mesquins, elle ne semble pas à sa place en ce monde. Cinead la verrait plus comme une déesse qui ne se laisse jamais attraper, un frisson éphémère qui parcourt le corps, qui vous rend tout chose, et qui s’enfui d’une seconde à l’autre, sans demander son reste. C’est aussi ce qui fait son charme. Comme mille autres choses encore. « Je ne veux pas oublier, et le malin n’arrivera pas à extraire de mes songes cette chose que je ne saurais nommer, que vous avez fait naitre en moi. » Il se penche légèrement, et vient sourire tristement près de son visage à la fois enfantin, et digne d’une grande dame. « Je ne veux pas oublier. » Il pourrait le répéter une dizaine de fois, si cela servait à quelque chose. Mais il préfère déposer avec délicatesse ses lèvres sur celles de la jeune femme, comme si elles n’étaient que pétales qui viendraient à faner si il les frôlait seulement, lui volant un baiser tout aussi éphémère que l’instant présent.


Dernière édition par Cinead Macintosh le Ven 10 Mai - 18:18, édité 1 fois
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Rachael Seton
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Lowlands

▷ MESSAGES : 459
▷ INSCRIPTION : 27/01/2013
▷ LOCALISATION : quelque part, dans les Lowlands.
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REQUIEM AETERNAM.
Libera me, Domine, de morte æterna, in die illa tremenda, quando coeli movendi sunt et terra, dum veneris iudicare sæculum per ignem.

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MessageSujet: Re: les choses les plus importantes sont les plus difficiles à dire, les mots les amoindrissent. (cinead)   les choses les plus importantes sont les plus difficiles à dire, les mots les amoindrissent. (cinead) EmptyMer 27 Fév - 22:32


Promettre, oui, les choses pourraient être plus agréables s'il était en ce jour une apparition d'une quelconque promesse. La tristesse ne serait guère présente, tout comme ce froid s'installant au dehors du domaine comme dans nos deux corps. Quelques mots, quelques sons pour dire : un jour, nous nous retrouverons. S'illusionner dans un avenir incertain, malhabile, maladroit en tout point, et attendre. Regarder les prochains jours une fenêtre, et penser lourdement à ces phrases, les murmurer parfois, laissant apparaitre sur le verre une buée timide, qu'importe réellement la situation. Le sourire sera là, présent, parce que cette promesse se répètera sans cesse, encore, et encore, jusqu'à fermer doucement les yeux. Croire en ce qui peut nous faire endormir la nuit, ne plus avoir peur des quelconques monstres se trouvant sous le lit ou face à la cheminée. Je te promets, qu'un jour tout ceci ne sera qu'un vaste souvenir, que nous pourrons nous revoir, que tout sera bel et bien différent. Les enfants ont pour coutume de faire ceci, de jurer face à un grand arbre que plus tard ils seront chevalier, qu'ils monteront sur le dos d'un animal féroce, seront même rois et reines de telles ou telles terres. Ils le gravent sur la terre, sur la mer, dans la roche et dans les cieux. Sans jamais oublier, sans jamais dérober cette promesse. Elles sont faites pour y accrocher l'espoir, les sourires, les rires candides, malgré tout, on ne peut réellement s'empêcher de les briser. Si certains hommes partent à la recherche des feux follets, en font une passion dévorante et si bien des femmes attendent encore l'arrivée d'un miracle, quand l'enfant disparait avant d'avoir su grandir, il n'en résulte qu'un rien. Déçu, brisé, fatigué, et pourtant, rassuré de savoir qu'il n'y a rien pour amocher votre pauvre coeur. Même si l'âge est décisive, l'âme n'en est pas pareil. Il est possible de voir un vieil homme doté d'une espérance unique donnée seulement aux gamins courant, se battant pour des broutilles, comme il est donné à certains bambins une maturité sans vergogne, une manière de vivre qui laisse à penser que l'homme a été présent, bien trop vite, trop souvent. Nous sommes des enfants, nous ne promettons pas, signe que malheureusement, le passage à l'âge adulte est arrivé, un jour comme un autre, nous nous sommes levés et rien n'avait la même odeur, la même couleur. Dans un monde enfantin, tout est auréolé d'une douce lumière, coloré à souhait et les odeurs se veulent sucrées. Et quand, tout commence à perdre de sa vivacité, il en est de cette preuve : petite fille devenue dame, grande dame selon le clan, la personne. Tout se veut plus foncé, une peinture grisâtre, une odeur presque pestilentielle. Est-ce ceci l'âge d'or ? Père me répète sans cesse que oui, tout en murmurant que je ne le mérite pas. C'est un don, quelque chose que l'on vous offre, il n'est pas donné à tout le monde d'avoir de l'esprit, une façon de séparer le bien du mal, la lumière des ténèbres. Je ne peux te promettre l'impossible, je ne peux à t'offrir les reflets de la lune, ni de t'arracher à ton destin. Main dans la main, yeux dans les yeux, je ne jure ni sous le regard de dieu, ni sous les ricanements du diable. Parce qu'une désillusion comme celle-ci peut être trop prise à coeur, et quitte à ne plus pouvoir se recroiser, autant ne pas tout détruire, laisser une once lumineuse, aussi petite soit-elle. Je pourrais à dire ces mots, à m'enfoncer dans de l'eau écarlate, sans jamais en ressortir. Parce qu'une promesse se résume à se laisser couler, à voir encore le reflet du soleil, tendre sa main et sans cesse se diriger vers le fond. Encore, et toujours, jusqu'à ne plus pouvoir qu'à fermer les yeux et sourire, bêtement. L'amitié, l'amour, les liens familiaux qui unissent des êtres, le coeur qui s'esclaffe, qui veut n'en faire qu'à sa tête. Des bêtises, des fioritures inutiles qui malgré tout, permettent à bien des personnes de survivre. Si tout n'est que sang, cadavres et injustice, à quoi bon s'entêter de marcher sur le long chemin de la vie ? Au départ si large, si ouvert, si souriant, et petit à petit, il se veut rachitique, amaigrit, et seules les cernes peuvent témoigner de notre peur. Ce ne sont que des voix, des murmures qui nous viennent de la terre, de tout ce qui peut à nous entourer.

Laisse ton coeur s'ouvrir, laisse ton coeur parler, mais surtout, ne l'offre jamais dans sa grande totalité. Car même si cette confiance est aveugle, il ne faut jamais s'y laisser tomber, après tout, sans celui-ci l'existence est vaine, la mort est présente. Jamais, ô grand jamais ne devenir quelqu'un d'éperdument amoureux, sous peine de ne finir qu'en cendres. Tu es née poussière et tu redeviendras ainsi, si aimer ne te pousse pas à la folie, les anges souffleront sur toi une pluie flamboyante. Alors il faut se souvenir, qu'il ne faut jamais promettre. Jamais. Jamais plus. Même si la porte ouverte vers ce monde merveilleux s'ouvre, même s'il ne reste que celui-ci comme échappatoire, je ne veux y retomber. Mais, à quatorze ans, et malgré le vécu maladif, un jour ou l'autre la jeune demoiselle recroquevillée dans sa carapace, fera surface. Sans que je ne m'en rende compte, sans que j'ouvre les yeux que mon propre caractère, ma propre vie. Un jour oui, mais tant que je l'enfouirai au fond de moi, tant que la violence aura une place importante dans ma vie, elle ne pourra pleurer, hurler, frapper contre mes os ou mes tympans. Survivre est un rite qui préconise d'avoir les idées claires et d'oublier les chansons typiques devant la neige tombante. Tout ceci est simple à ranger, simple à cacher dans un morceau de terre, dans un tombeau. Mais, il est des voix qui nous hantent, des regards qui peuvent nous transpercer comme un coup de couteau, et qui, jamais ne disparaissent. Vouloir est pouvoir, et je ne veux écraser ces souvenirs d'un coup de pied, d'une flèche bien visée. Les morsures de la vieillesse me toucheront sans doute un jour, un mal inconnu qui s'amusera à dévorer mes entrailles, mes pensées, je ne le laisserais jamais frôler le miroir de contradiction, le reflet noir et doux que représente Cinead. Se battre pour ses propres principes, pour accepter l'idée qu'il n'en restera que des ruines, des brides lointaines et que cette histoire ne sera jamais racontée dans les livres, et que même nous, nous ne pourrons la confier à quelconque musicien qui voudrait en faire une tragédie, ou un amusement de mauvais goût. Langue des poètes, ce n'est que l'interdit qui pousse à l'inspiration et cette idée me fait sourire, avec inconscience. Qui sait, de toute manière tout se résume à peu, une oreille trop attentive qui traverse les murs, un spectre qui se voudra trop présent et qui n'hésitera à répéter à son entourage ce qu'il aura vu. Ma tête tombera, mon corps brûlera digne d'une sorcière, et le secret sera mis à terre. Tu n'as pas le droit. Et même des supplications n'y changeront rien. Feu Daividh Macintosh était réputé par sa froideur, sa manière de voir les choses d'une manière si haute, que sa grandeur en était telle que même une montagne paraissait bien stupide à côté de sa violence. Il brisait avec les mots, arrachait la vie de sa paume et gagnait, sans cesse. Perdre n'est maître mot des terres du Nord, et encore moins dans ce clan si réputé par ces batailles gagnées, par ses membres braves et disciplinés. S'il en était ainsi de cet homme à la chevelure boisée, je suppose que son premier fils en est similaire. Après tout, un père doit inculquer ses principes à son enfant, et vice et versa, sans jamais oublier cette règle : tes parents doivent être des exemples, tu te dois d'être comme eux. Cinead est-il cette différence ? Lui qui ne prête pas attention à ce peu de grandeur dont je peux me vanter ? Loin du sanguinaire, loin de l'ambitieux. Le serait-il encore, que je n'ai eu le temps de le voir, et peut-être qu'il en serait de cette preuve que je ne le connais assez bien pour prétendre l'aimer dans sa totalité. De toute manière, je ne saurais jamais ce qu'il en sera. Tout doit prendre fin ici, dans cette pièce, dans quelques heures, je partirais tout comme lui, nous nous séparerons dans ce couloir. Avancer, ne jamais tomber et auquel cas, se relever même si les séquelles sont douloureuses, même si hurler se coince dans notre gorge. Et quand mon corps se tournera pour pouvoir l’apercevoir une dernière fois, la lueur des torches sera sans vergogne et il ne me restera plus qu'un sombre souvenir. Le bonheur se résume peut-être à tout ceci, à des choses qui se veulent rares et qui ne se répéteront qu'une fois dans un siècle. Si l'on s'accroche à des petites choses comme la venue d'un nouveau né, d'un animal blessé que nous prenons dans nos bras, j'ai préférence à me laisser tirer vers ce bonheur que Cinead peut m'offrir. Douloureux certes, mais, rassurant, unique, dont je n'aurais surement plus droit à nouveau, pas avant des années. Et quand la souffle de l'hiver tombera sur ma peau, mes yeux se tourneront vers cette époque un peu naïve, ce présent que je ne fais que vivre mais qui sera bientôt témoin de mystères et autres aventures que je préfère à me raconter seule, me remémorer. Sa présence non loin de la mienne, je me met à suivre ses faits et gestes. Tout comme ses cheveux et son regard, ses vêtements sont tout aussi foncés, sa peau ne serait-elle aussi opaline qu'il pourrait se fondre dans la nuit comme un ours des terres éloignées. C'est un sourire que j'arrive à déceler sur ce visage qui ne laisse en temps normal, rien voir, rien apparaitre, son masque petit à petit, s'éloigne de son but futé. « Je ne veux pas oublier, et le malin n’arrivera pas à extraire de mes songes cette chose que je ne saurais nommer, que vous avez fait naitre en moi. » S'attacher, s'accrocher, boire des mots, des sons qui parviennent comme logiques, naturels. Alors qu'au fond, ils ne le sont réellement. Ce sont des dires amoureux, des dires candides. Il ne faut jamais promettre. Tout peut avoir une fin comme Cinead a su si bien le dire, tout se termine sans que l'on s'en rende réellement compte, et notre entourage peut nous jouer bien des tours. Un accident, une maladie hideuse, et le lendemain suivant, nous ne nous réveillons plus. Son visage se rapproche, plus que je ne l'aurais souhaité, espéré. La cadence de mon coeur se veut plus difficile à suivre, maladroite, et pourtant, cette douceur qui en émane ne me fait sourire qu'un peut plus. Encore, et toujours, jusqu'à ce que pouvoir s'entendre ne se transforme en chimère. Ce n'était qu'un rêve. « Je ne veux pas oublier. »

Un peu plus, toujours plus près, jusqu'à ce que les souffles se mêlent, ne fassent plus qu'un. Un seul geste, qui au départ se veut même un peu timide, hésitant, pour ne finir qu'à lier deux êtres aimés. Par automatisme, mes yeux finissent par se fermer, ma main au départ glissée sur son épaule, fini par se glisser sur son cou. Même le crépitement du feu est lointain, et je n'entends qu'un battement répétitif, un sang ne faisant qu'un tour. Boum, boum, boum, sans cesse. Si cet instant se veut court dans le temps, il me laisse ce goût d'éternité entre les lèvres. Mon nez frôle alors le sien, deux visages qui se veulent proches. Concentrée sur les sons qui m'entourent, ma main laissée sur sa peau, de mon pouce je viens à souligner quelques traits. Je pense, je songe, et le temps semble avoir cessé. Mon sourire commence à disparaitre malgré mon envie de continuer dans cette idée. Heureux jusqu'à ce que nos chemins se séparent. Oui, mais, même si l'âme est grande, l'enfant se veut sournois. Trop, plus que je n'ai pu à le penser, à le prévoir. Alors que mes prunelles s'ouvrent à nouveau, je me met à les sentir, vicieuses, fourbes à un point tel que je pourrais sentir la rage m'habiter d'un seul coup. Cette goutte qui aura fait déborder mon sentimentalisme presque trop troublant, que je ne dois montrer à quiconque. Mais, est-il n'importe qui au point tel que je suis obligée à me cacher derrière des yeux pétillants ? Malheureusement, il ne l'est pas. Cette importance presque maladive, qui me rappelle un peu plus la douleur lancinante. Les larmes sont les plaintes du coeur, et si mon père aurait été plus heureux de laisser sa colère parler, je me met à sa place, et intérieurement, je me préoccupe d'étouffer tout ceci. Je me dévore la lèvre inférieure, n'osant alors croiser à nouveau ses yeux. Comme seul réflexe que je peux avoir, honteuse de mon désarroi, ce n'est qu'un enlacement, et mon visage enfoui dans le creux de son cou. Je fronce les sourcils, fixe un point invisible sur un mur. Une preuve que trop aimer n'est peut-être pas si bénéfique que cela et si au départ, j'étais gonflée d'une confiance, celle-ci vient de souffler entre mes doigts, disparaitre, et c'est en silence qu'elles coulent sur mes joues. Sourire, pleurer, qu'importe réellement, c'est un mélange hypocrite, mais si savant qu'il est impossible de ne pas y goûter. Grimace non dissimulée, je roule des yeux. Désespérée, dépitée de ma propre réaction. Ceci est faible, et bien loin d'être digne d'une dame. En suis-je seulement une ? Si cette question me taraude l'esprit, je n'ai certainement pas la réponse. « Je suis désolée. » Je suis loin de la crise de larmes, bien loin, j'ai préférence au silence, et en aucun cas je ne veux à le blesser par tout ceci. Je n'en ai pas le droit, je ne le désire pas. Mais, essayer de calmer les maux d'une femme est comme s'entêter à dompter un ours sauvage tel Mor'du aussi grand qu'un arbre sage. Tout devait se dérouler autrement, oui, on peut l'imaginer, mais sur le fait rien n'est jamais réellement similaire à nos envies. On se laisse prendre la main par les sentiments plus profonds, qui eux, sont bien présents. Déglutissant difficilement, mon étreinte se serre un peu plus sur son corps. Le perdre oui, d'ici quelques heures, ou peut-être même quelques minutes. Je ne le veux, je ne le désire, mais il en est ainsi et même mes yeux larmoyants ne pourront rien y faire. Un rire discret mais nerveux m'échappe du coin des lèvres. Je pourrais à rester des heures ainsi, dans ses bras, sans penser au lendemain ni à la veille, laisser toute pensée derrière moi, vider ma tête des malheurs. « Je ne devrais pas, je... C'est stupide. » Un soupir. En quoi, et pourquoi ? Comment peut-on interdire à quiconque d'aimer ? A ce point-ci même ? Je n'aurais dû à m'y attacher, je n'aurais pas dû, pas à ce point même. J'ai beau m'y préparer, me dire que j'en souffrirais avec le bonheur entre les doigts, rien ne se veut pareil. Tout change, je n'ai rien prévu. Ce n'est qu'une mauvaise surprise, une blague de mauvais goût. On se sent ridicule. « La douleur est toujours quelque part mais, je ne regrette rien. Je n'échangerais pour rien au monde cette place que je peux avoir. Je suis heureuse, vraiment et... » Je laisse seulement planer un petit silence avant de reprendre. Malgré moi, mon habitude charnière se met à reprendre le dessus, laisser apparaitre un sourire. Même si les joues sont souillées, même si les yeux se mettent à piquer. « Je vous aime tellement. » Un murmure soufflé au creux d'une oreille, mes yeux qui se ferment et petit à petit, je sens ma peine durcir contre ma peau. La faute du froid de l'hiver qui nous englobe dans son manteau de neige. Jamais, ô grand jamais il ne faut tomber amoureux, pas jusqu'à laisser les peines se voir, pas jusqu'à laisser son coeur prendre le dessus. Si je l'aime ? Je répondrais que oui. Plus que je n'aurais pu me l'imaginer ? A nouveau positivement, et si je pouvais à me donner corps et âme pour sa personne, je le ferais les yeux clos. Et tant pis si je tombe dans la gueule d'un loup, tant pis si les années ne seront bonnes qu'à cicatriser ma plaie.


Dernière édition par Rachael Seton le Dim 3 Mar - 1:19, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: les choses les plus importantes sont les plus difficiles à dire, les mots les amoindrissent. (cinead)   les choses les plus importantes sont les plus difficiles à dire, les mots les amoindrissent. (cinead) EmptyDim 3 Mar - 1:06




    “ les cœurs, ça plie sans se rompre ”

    c'était son premier vrai baiser, à lui aussi, et il n'oublia jamais la sensation de ses lèvres se pressant contre les siennes, sèches, douces, tiédies par le soleil. ce fut le baiser à l'aune duquel il jugea tous ceux qu'il donna par la suite dans sa vie, celui qu'il ne retrouva jamais tout à fait.


Prends ce que tu veux, sans jamais rien donner. Son père se plaisait à lui répéter ces quelques mots. Jamais il ne les a appréciés, jamais il n’en a décelé une quelconque vérité. Son paternel était quelqu’un de vicieux, borné, sanguinaire, qui se conformait dans un mode de vie que peu de personnes saluaient réellement sans frémir sous cape. Ils en avaient peur, et Cinead aussi. Enfant, on le forgeait pour qu’il devienne comme lui. Un homme. Il n’en voulait rien. Développer cette malhabileté aux combats étaient-il purement psychologique ? Sûrement. C’est ce qu’il peut comprendre aujourd’hui, après de nombreuses années passées dans l’ignorance, et la souffrance. Il pensait que mère nature l’avait rendu comme cela, que les dieux, anciens ou nouveaux n’avaient été cléments avec lui car il avait naquit pendant un de leurs innombrables mauvais jours, des journées où il ne vaut pas mieux venir au monde, car les touts puissants peuvent alors se venger, se divertir en vous ôtant quelques centimètres à votre taille déjà ridicule de nouveau né. Ils sont tout aussi malintentionnés que les êtres qu’ils protègent. Oui, il y a songé. Alors que ce n’était le cas. Il s’était rendu faible lui-même. Inapte à beaucoup de choses. La rébellion se trouve donc peut-être quelque part en lui, enfouie au plus profond de sa personne, là où il préfère ne pas y remettre les pieds, de peur de se laisser emporter par une crevasse. Une plaie gigantesque. Qui jamais ne se refermera. Et comme nombreuses choses, le temps n’y changera rien. La blessure pourra se cicatriser un peu, certes, mais il arrivera un certain moment où les coutures se déchireront pour laisser à nouveau le sang couler. Son propre sang, le sang des Macintosh, de l’homme à la Lyre. Du commencement. Ce sang qu’il n’arrivera à honorer pourtant. Sauf s’il peut mourir sur le champ de bataille. C’est ce qui l’attend, après tout. C’est ce qu’il y a de mieux pour sa personne. Il n’est que le cadet, et n’a donc pas les droits de règne. Le fils de son frère lui succédera à sa mort, un fils qu’il aura sûrement, car c’est bien connu, il en va toujours comme ça, et le chevalier sera obligé de le servir à son tour, comme il a servit son honorable frère. On ne parlera de lui dans l’histoire, il sera un chevalier parmi tant d’autres. Peut-être que si Aodhan parvient à monter sur le trône d’écosse, il le fera sacrer main du roi. Il ne pourrait en être autrement, de toute manière. Il l’aide beaucoup, il le conseille, l’épaule, il est à ses côtés quoi qu’il arrive, lui ayant donné la lame de son épée, et sa vie. Mais le pouvoir ne lui reviendra pas. Pas vraiment. Ce n’est peut-être pas si mal que cela, après tout. Les gens comme lui ne sont pas faits pour régner. La souveraineté le tuerait. Le poison se rependrait petit à petit dans son corps, venant l’altérer jusqu’à la moelle. Il n’en veut pas. La seule façon de gagner son salue est de partir avec bravoure au combat, et de mourir en homme. Pour son clan. Pour son frère. Laird Davihid n’avait sûrement pas tord en lui répétant que l’honneur d’un guerrier est le plus précieux des alliés pour avoir une part de Paradis.
Il n’est donc pas là-bas.
A l’instant présent, toutes ces paroles hurlées à l’autre bout du terrain d’entrainement, ou murmurer hargneusement dans un quelconque couloir où il lui arrivait de croiser le Laird entre deux réunions s’évanouissent de sa boite crânienne. Il sait qu’il en ainsi pour un court moment, le temps d’un baiser, d’une étreinte, de quelques dires maladroits, qui n’ont définitivement rien à faire dans sa bouche. Il est heureux de réussir à les chasser en présence de Rachael. Parler à quelqu’un ainsi, en gardant en son crâne des illustrations morbides de cadavres, d’entrailles béantes ne lui plait pas, cela lui donne une expression qui ne lui va pas, connue pourtant de tous. La froideur. Le mur. Le masque. Il sait pourtant qu’elles reviennent toujours, quoi qu’il arrive. Liées au diable par une force indestructible, liées à lui-même par un lien qu’il n’arrivera jamais à briser. Une éducation. Des principes inébranlables. Sûrement. Plus rien ne compte, hormis ses lèvres douces, glacées par le froid, sur les siennes. Comme si tout a disparu, en un instant, comme si le monde au dessous de lui chavire, et celui d’en dessus hurle au scandale. C’est affreusement bon. Et il ne veut pas que cela s’arrête. Pourtant tout semble le contredire. Tout semble être contre lui. Mais il n’en est toujours ainsi pas vrai ? Quand les histoires parlent d’amour interdit, et de passion cachée. Nombreuses sont les personnes s’étant retrouvé ainsi. Ces mêmes personnes qu’on peut retrouver pendues, brûlées, leurs têtes sur une pique tendue bien haut. C’en est presque risible pour un « homme » de son rang, mais le jeune garçon n’en a cure. Cela n’a pas d’importance à présent. Du moins, cela en à moins qu’à leur première étreinte, éphémère, envoutante, délicieuse. Il se posait des questions, des milliers de questions auquel il ne trouvait réponse. A présent, les questions sont toujours là, mais la conclusion se résume en un mot. Unique. Qu’il arrive pourtant à digérer, petit à petit : Adieu.

Le baiser est une forme de magie en lui-même. Une magie qui date de la nuit des temps, qui se trouve en chaque être vivant. Pas comme les chevaux de mers, ou autre banshees. Non, cela est plus fort. C’est avant tout réel. Réel comme irréel. Jamais le damoiseau ne pourra expliquer cette sensation, et n’essayera de le faire. Si cela peu être la seule chose qu’il arrive à garder pour lui, qu’on ne lui enlève pas, jamais il n’en prendra le risque de le laisser filer entre ses doigts. Ce serait idiot. Cinead ne veut pas devenir idiot. Du moins, plus qu’il ne l’est déjà. Il ne peut se le permettre maintenant que son frère compte sur lui. Il devrait même déjà être avec lui. Quand cette pensée revient dans esprit, s’insinuant en lui comme un poignard dans le corps sourd d’un macchabé, il ferme les yeux, pressant doucement ses lèvres contre celles de Rachael, qu’il sent contre lui, là où il pense fermement qu’elle peut avoir sa place. Elle ne lui en fera pourtant honneur. Ils ne le peuvent. Il l’a définitivement compris, tout autant que les dieux, anciens comme nouveau n’y peuvent rien non plus. Il devrait être avec son frère. Mais il ne l’est pas. Il transgresse les règles, et cela lui plait fortement, l’enivre, autant que l’étreinte auquel il a le droit. La main de la jeune femme est douce sur sa peau déjà pourtant marquée, où l’on peut voir apparaitre une certaine pilosité, comme le visage d’un homme doit en être. Un contraste frappant. Une manière de lui rappeler qu’il ne doit pas, que ce n’est pas noble de se comporter ainsi. Mais à quoi servent les règles si on ne peut les briser, au moins une seule et unique fois ? Jamais il n’a désobéit, se contentant d’assouvir le désir de grandeur de son paternel, puis de son frère. Qu’ils aillent au diable. Cela aura peut-être le loisir de le faire rire, quelques années plus tard. Quand les temps seront plus durs qu’ils ne le deviennent déjà, quand un espoir de jovialité sera pris rapidement, attrapé au vol, volé à un autre. A ce moment-là, il aura quelque chose à quoi se raccrocher. Oui, il pourrait en rire. Il peut en rire. Rire de sa stupidité, de son amour insensé. Pourtant l’envie n’y est pas quand Rachael abandonne doucement ses lèvres. Il la dévisage, retenant chacun de ses traits, chaque parcelle de la peau pâle de son visage. Son malaise est palpable, il peut presque en sentir le gout dans sa bouche. Il transpire de son être, et il la surprend à se malmener la lèvre inférieure, signe avant coureur de soucis. Il se l’était promis. Ni larme, rien du tout qui puisse entraver le bonheur de se retrouver une dernière fois. Pourtant le malheur revient Inlassablement. Il est toujours présent. On ne l’efface jamais totalement.
Il se prend à penser que chaque chose un tant soit peu horrible ne peut s’évanouir dans une existence. Seul le bien pli bagage. Toujours.
« Je suis désolée. » Elle grimace pour ne pas perdre contenance, et il ne peut s’empêcher de la trouver forte. A sa manière. Pourtant, les mots qu’elle prononce lui projettent le cœur au bord des lèvres. Comme s’il en devait qu’une dame soit désolé de ce qu’elle peut ressentir, de ce qui menace de la faire flancher, ce qui la rend plus attachante encore. Elle n’a pas à être désolée. Pas pour cela, pas pour lui. Il aimerait lui dire mais n’en fait pourtant rien, préférant la regarder d’un œil doux, regard qu’il n’a pas par habitude. Un comportement rare, qu’il revêtit pourtant maintenant. Son masque de cour tombe, il s’effrite lentement, et il se sent comme nu. Rachael le met à nu, au clair de lune, et voit en lui tout ce qui ne lui plait pas, tout ce qui le forge, et font qu’il se trouve être Cinead Macintosh, et pas un autre. Il se prend à secouer légèrement la tête, protestant silencieux, comme toujours. Peu de personnes ont le mérite de pouvoir l’observer ainsi. Et heureusement. Quand les rires nerveux se mêlent aux larmes qui montent, il comprend que ce petit espoir en lui se dissipe lentement, coule entre ses mains. Ce n’est pas stupide de pleurer, mais la jeune femme le répète tout de même. « Je ne devrais pas, je... C'est stupide. » Il ne bouge pas. Il ne dit rien, n’en trouvant pas l’utilité. Il n’a jamais su réconforter les gens. On ne lui a pas apprit à le faire, de toute manière. Il détourne le regard quelques secondes, et maudit son monde, son mode de vie de ne pas lui être utile dans cette situation. Son père aurait pu le lui apprendre, lui enseigner cet art qui n’avait rien d’une pratique de femme, de faible. Il n’en a pas eu l’occasion, il n’a jamais cherché à le faire, et Cinead le haït un peu plus pour cela. Peut-être qu’elle ne devrait pas. Mais le jeune homme non plus. Il ne devrait pas rester ainsi, à l’écouter parler sans réagir une quelconque seconde. Il est un homme, il a lui aussi des faiblesses qui le rendent humain. Peu de personne semble l’avoir compris. Lui-même en doute parfois, malgré les faits. L’envie de renier ces principes, ce masque infligeant. L’enfant Cinead n’était pas comme cela, avant. Mais tout semble changer. Petit à petit. Rien ne reste perpétuel, malgré les envies.

« La douleur est toujours quelque part mais, je ne regrette rien. Je n'échangerais pour rien au monde cette place que je peux avoir. Je suis heureuse, vraiment et... » Et la douleur l’assaillit. Cette même douleur dont elle semble souffrir aussi, lui dressant un portrait oral. Une douleur enivrante, une douleur qui mérite tout le mal que l’on éprouve. Une douleur qui prend les tripes, qui vous fait s’envoler loin au dessus de l’écosse. Une douleur qui part. Une douleur qui ressemble étrangement au bonheur. Le bonheur de ressentir quelque chose, qui fait souffrir, certes, mais qui nous rappelle à quel point c’est agréable. De ressentir. C’est ce que Rachael lui aurait apprit, il en a conscience. Elle lui aurait enseigné nombreuses choses, des choses qu’il ignorait jusqu’alors, qu’il croyait vile et veules, peu apte à lui servir par la suite, dans ses combats. Pourtant elles lui serviraient. S’adoucir, avoir des faiblesses, pour les cerner et les évincés. Tomber pour mieux se relever, comme le dicton semble le préciser. Un petit sourire vient orner son visage pâle, pourtant si sombre, et alors qu’elle lui répète qu’elle l’aime, il se prend à la croire. De tout son corps. De tout son cœur. Comment des dires peuvent-il vous faire agir ainsi ? Le jeune homme n’en sait rien. Il s’aventure sur un chemin inconnu, semé d’embuches, et sait que le retour en arrière se fera brusque. Violent. Il faut qu’il s’arrange pour le faire de lui-même, sans qu’on le tire à l’extérieur. Sans quoi son cœur sera meurtri. Les adieux seront alors plus simples à supporter. C’est toujours plus agréable de faire les choses soit même. Alors que de nouvelles questions fusent dans son esprit, c’est au tour du loup de frôler la joue de la jeune femme avec sa paume de main, venant lui redresser légèrement la tête, de façon à la regarder. Le rire est toujours peint sur son visage, mais il semble bien fade. Lui n’a pas envie de rire. De toutes les façons différentes qu’il le pourrait. Son souffle froid se forme entre eux, à mesure que les mots sortent lentement de sa bouche, avec précaution, comme si le terrain n’était pas sûr. C’est le cas. Le réconfort ne fait parti de son vocabulaire. Jamais on ne l’a réconforté, pas totalement. Jamais il ne l’a demandé non plus. « J’en suis heureux aussi. Je suis heureux d’avoir fait votre connaissance, d’avoir gouté à tout cela, au moins quelques semaines. » Il la regarde, cherchant dans son cœur un moyen d’adoucir son regard, sans que cela ait les même airs que la pitié qu’il peut parfois connaitre sur les champs de batailles. Ce n’est pas la même chose. Il ne doit pas tout mélangé, comme bon lui semble, car alors la mixture serait insipide. Du poison. Il ne veut pas l’empoisonner. Ni elle, ni lui. Alors ses dires partent un peu plus loin, s’étalent sur les murs, dans ses pensées. Au moins, il comble le vide. Une habitude à ne pas prendre, il en est diablement conscient. « Dans ses rares moments d’euphorie, mon frère se plait à dire que je ne suis qu’un loup. » Une pause s’en suit, et Cinead se remémore susdits moments. Où les sourires apparaissent sur les visages émaciés, et les bourrades affectives viennent s’y mêler. « Il a sûrement raison, certes. D’ailleurs, je peux même rajouter que j’en suis. Et quand les loups aiment, c’est pour toujours. » Il arrête de caresser sa joue, et presse un peu plus sa paume de main sur cette dernière, tout doucement, avec affection.


Dernière édition par Cinead Macintosh le Ven 10 Mai - 18:19, édité 1 fois
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Libera me, Domine, de morte æterna, in die illa tremenda, quando coeli movendi sunt et terra, dum veneris iudicare sæculum per ignem.

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MessageSujet: Re: les choses les plus importantes sont les plus difficiles à dire, les mots les amoindrissent. (cinead)   les choses les plus importantes sont les plus difficiles à dire, les mots les amoindrissent. (cinead) EmptySam 16 Mar - 13:49


La fatalité colle à la peau, c'est un fait que personne ne peut totalement dénigrer. On regarde les étoiles la nuit, on se frôle à un passé qui n'a rien à dire, et pourtant, elle continue de nous poursuivre. Silencieuse, agréable parfois et pourtant si destructrice. L'attaque d'un ours n'en est rien à côté. Surement que le pire reste le fait d'avoir cette impression d'injustice, de dénigrement complet. Être ignorée par le monde entier, le haïr jusqu'à son centre, lui en vouloir parce que le bonheur disparait un jour, sans crier gare, sans se faire sentir complètement. Souffrir est monnaie courante, elle est présente, ici là, dans les grands clans comme dans les petits, dans la richesse comme dans la pauvreté, dans la guerre comme dans l'amour. Sinueuse, incrustée dans le coeur des hommes comme une maladie, qui jamais ne s'en ira. S'y accommoder seulement et fermer les yeux, essayer de prendre en compte l'avis des autres. Mais, l'on continue à avoir mal, à hurler au diable parce qu'il en suffit. Aurait-il seulement fallu que ma vie présente ne soit qu'une catastrophe, ces instants avec Cinead m'ont redonnés foi en l'humanité, en une chose dont je ne voulais plus entendre parler et que je préférais entendre avec une oreille sourde, évasive. N'y ais-je pas droit ? Suis-je seulement faite pour arborer la violence des hommes, avec un sourire si large que même le plus avisé n'y verrait que du feu ? Ceci est violent, ne fait que prendre directement dans l'estomac, donnant ce goût amer dans le fond de la gorge, qui ne file jamais dans sa totalité. Du temps, il m'en faudra, énormément, mais, toute ma vie me sera peut-être suffisante, ou dans le cas contraire, j'accepterais l'idée de me forger une armure aussi glaciale que la sienne. Même si, cela s'avérera difficile, même impossible, j'essaierais tant bien que mal, pour ne plus souffrir. J'aime parfois à l'envier, pour cette chose qu'il a en lui. Cette manière d'appréhender les violences sans broncher, ne laissant venir aucun poignard interne pour lui dévorer l'âme, le coeur. J'aime à croire qu'il en est de la faute que je soi née femme, et non pas avec une si grande carrure, non pas avec ce regard dur fixant l'horizon blanchâtre. Chercher à comprendre ce qui peut le ronger, ce qui peut se lire dans ses yeux de jais. Mais, jamais ô grand jamais je ne pourrais poser la main sur ce qui peut le pousser à agir de cette manière. Ne plus chercher, seulement subir des paroles parfois cassantes, mais les adorer parce qu'elles ne sont pas dénuées de sens et d'espoirs vains. J'aurais été un jeune garçon, que j'aurais pu prendre exemple sur lui. Ne pas se faire avoir par des murmures, ni des paroles, se heurter à un mur immense. Si grand, que lever les yeux ne sert à rien, il touche les nuages, frôle le paradis à sa façon. Une fissure, toute petite, que j'ai provoqué sans m'en rendre compte. Marcher le long de cette neige qui ne fait que grossir au fil des années, créant une autre couche et ainsi de suite. On suffoque sous la peine, et s'écrouler reste la meilleure des solutions. Toujours il s'en sortira, parce que son mur ne cessera jamais de se réparer, même si le froid viendra à s'insinuer dans sa peau, même si son coeur battra maladroitement, même si la peur le prendra directement aux os. Suivre jusqu'au bout du monde un flocon qui un jour, ne sera plus, qui un jour ne sera qu'un vague souvenir, parmi les autres, différent oui, mais rares seront les personnes à remarquer ce qui peut l'entourer, ce qu'il contient au fond de lui et garde, tel un coffre que bien peu de courageux s'évertuent à vouloir trouver. Regarder dans l'obscure mur de glace, vouloir y faire un trou, l’agrandir puis, tomber sous la vieillesse des années. La veille n'est qu'une parole, le présent trop précieux, et le futur trop incertain pour que je puisse déjà me voir dans ma chambre, à regarder par la fenêtre, attendre un quelconque espoir. Suivre jusqu'au bout de la terre cette petite flamme bleutée, frôlée par les battements d'un coeur trop fragile. S'imaginer bien des situations qui pourront faire qu'un jour, nous nous retrouverons. Dans une année, dans deux, dans dix ans qui sait. Mais, moi même je ne saurais si mes sentiments seront toujours similaires, s'ils n'auront pas changer. Peut-être est-ce ceci la magie d'un premier amour, d'une sensation unique qui ne se répétera jamais. Une fois, une seule, et jamais une deuxième. On aime à en mourir parfois, et si je ne veux à croire aux idéaux dans les livres, aux contes pour enfants hurlant aux chevaux d'eaux, sortant macabres de la mer, je crois par contre en une force mystique chez deux êtres qui ne font que se compléter dans leurs différences. Pardon à mes terres, pardon aux MacGuffin pour m'être entichée d'une beauté du Nord, pardon à Dieu d'aimer celui qui ne devrait même pas me remarquer, qui ne devait me voir, m'ignorer en tout points. Pardon d'être éphémère et de devoir malgré tout, survivre avec la compagnie de la lune et des étoiles. Et surtout, pardon d'être amoureuse.

On pleure, on peut crier, hurler, taper contre les murs, supplier même parfois. Mais, rien n'en sera jamais ainsi. Je pourrais le faire, non sans avoir droit à des conséquences véridiques, l'on préférera à me regarder avec un sourire carnassier, avec un étonnement lisible sur les traits difficiles des hommes du Nord comme des femmes, mais, ne pas répondre. Prendre ceci comme un rire profond et sarcastique. Nous devons nous y adapter, aux jugements comme aux choix, sans broncher. Parce que notre entourage ne s'accommodera jamais à nous. Le vent peut continuer de souffler, sans notre présence, essayez d'hurler non, et il vous fera vivre ailleurs, mourir dans certains cas. Et surtout, il faut comprendre que même dire son nom plus d'une dizaine de fois, ne nous rendra pas plus vivant. Grâce à son prochain l'on peut se sentir sourire, rougir, pleurer. Sans la présence d'une personne dans la même pièce, nous ne sommes que face à nous même, nous et nos défauts, nos qualités, nos déboires et nos joies. Je me complais à me perdre dans ses bras, contre son corps. Je voudrais n'être qu'une pierre, pour ne plus jamais quitter cette position qui fait éclater mon coeur, un peu plus à chaque fois. Le sourire fade, les yeux qui brillent malgré tout. Un trop grand mélange qui peut parfois empoisonner jusque dans nos os, jusqu'au plus profond de la peau. Mes yeux se ferment alors, profitant de l'entente du battement de son coeur. Maladroit, et pourtant si doux à l'oreille, une mélodie à entendre quand deux personnes finissent par s'endormir, pour se jurer que le lendemain, l'être aimé sera toujours présent. Je veux me souvenir de cette cadence, de ce souffle qui aura su bercer mes rêves. Pendant combien de temps ? Personne ne saurait le dire, et quand bien même tout les jours, je me remémorerais ces sons, ils disparaitrons un jour. L'enfant devenu homme sera toujours présent. Mais, sa voix sera brisée, maladroite, tout comme le reste. Il ne sera plus qu'un vague plan sur une carte rongée par la pluie. Une vallée brumeuse, si dense que le gris s'avèrera être le meilleur compagnon de tous. Un frôlement, une main posée sur ma joue, qui fait ouvrir mes deux prunelles qui je suppose doivent être légèrement rougies par les larmes déjà sèches sur mes joues froides. Menton relevé, deux regards qui se croisent, et qui pourtant, ne veulent pas se quitter. Fatalement, s'y perdre encore, sans pour autant s'en lasser. Un frisson agréable qui s'attaque à ma nuque, ni le froid, ni le temps capricieux. Sa seule présence. « J’en suis heureux aussi. Je suis heureux d’avoir fait votre connaissance, d’avoir gouté à tout cela, au moins quelques semaines. » Rassurée par ces paroles, c'est un baume qu'il tente de me mettre, de soigner mes blessures qui saignent depuis que je suis entrée dans cette pièce. Il n'est pas de ceux qui utilisent des grandes phrases, des beaux mots pour dire que rien n'est totalement perdu, que la bataille sera peut-être gagnée. Cinead use de sa franchise, et je ne fais que le croire, de toute mon âme, de tout mon coeur et de tout mon corps. De toute ma présence, je me souviendrais de ces quelques sons ayant traversés mes oreilles. J'ai pu lui offrir ce qu'il n'a peut-être jamais connu, ou bien très peu de fois. Il n'est surement pas le meilleur pour faire sourire de suite une personne, pourtant, il s'avère que sur moi, il peut y arriver, simplement. Je ne demande ni monts et merveilles, ni la lune ou le soleil, pas la mer ou la terre. Est-ce si difficile à Dieu de nous envoyer parfois, un signe ou nous offrir quelque chose ? La souffrance appelle t-elle seulement à la souffrance ? Il doit apparaitre dans les derniers moments, les plus désespérés. Quand nous suintons par tout les pores, quand nous étouffons par notre propre respiration, quand nos yeux s'écroulent sur le sol bouillant. Quand la guerre sera présente, partout, non pas que sur nos belles terres, mais jusqu'au fin fond des abysses de l'océan, jusqu'au terre bien plus glaciales que les nôtres. La fin. « Dans ses rares moments d’euphorie, mon frère se plait à dire que je ne suis qu’un loup. » Un animal, et quelle bête ? Un loup hurlant sous les reflets clairs de la nuit, se cachant derrière les arbres, dévorant quiconque s'attaquera à sa meute, et pourtant, ayant dans son regard, une âme vive qui préconise à la protection. Rien de plus ou de moins, et malheureusement, je n'ai eu la chance d'en voir dans ma vie. L'on m'a toujours raconté qu'ils étaient seulement bons à dévorer les passants, à leurs arracher la peau et mâcher leurs os inlassablement. Puis-je me résoudre à croire en ce qui est raconté par les vieilles personnes ? Par celles qui ont vécus des aventures dans les terres d’Écosse, avant que la guerre ne nous touche ? D'une certaine façon oui, et de l'autre, non. Voir de mes propres yeux reste la meilleure solution, mais, une dame ne doit sortir seule, ne peut se confronter face à une bête connue comme étant féroce. A en croire les dires de Cinead, il en est un. Alors, je veux bien croire que ces animaux peuvent se montrer inoffensifs et doux, comme meurtriers et cinglants. « Il a sûrement raison, certes. D’ailleurs, je peux même rajouter que j’en suis. Et quand les loups aiment, c’est pour toujours. » Cette entente si vague. Toujours. L'éternité n'existe pas réellement, à sa façon certes, quand nous éclatons de joie face à une bonne nouvelle, quand le visage d'un nouveau né se fait dans nos bras, quand nous montons la première fois sur un cheval. Oui, ceci pour moi est l'éternité, ces instants qui ne se décrivent pas, et qui ne peuvent que se vivre, qui font que nous ne pouvons que nous dire que la vie n'est que trop belle, que nous n'avons à la gâcher. Certaines choses font baisser en notre estime le rôle de notre personne sur nos terres. Comme la guerre, comme la mort, comme tout ce qui peut se rapprocher des ténèbres. Un creux, un vide, une falaise escarpée avec comme seul échappatoire, l'eau qu'elle a sous ses pieds.

Prince sans couronne, juste un trône fait de neige et de flocons. On touche l'or, on le désire, et pourtant on ne peut jamais l'avoir dans sa totalité. C'est ainsi avec Cinead. Rare, mais qui un jour, doit à partir loin de tout ce qui peut le dénaturer ne serait-ce qu'un petit peu. Ses doigts se pressent un peu plus sur ma joue. Sentiment de protection, de vouloir dormir dans son creux pour ne jamais se réveiller. Paix, solennel, il ne vient qu'une ou deux fois dans une vie. C'est ce moment d'oubli, d'abandon complet. J'arbore un sourire, sincère, comme si tout à coup, il venait de souffler sur la poussière qui s'incrustait dans mes yeux et provoquaient ma peine visible, ma peine lancinante. J'aimerais à l'emporter avec moi, dans le domaine des Seton, pour que, quand la colère de mon père vient à s'abattre sur mon visage, il puisse me faire oublier ces cicatrices sur ma peau, pour qu'il puisse me rassurer et qu'un jour, tout se finira. Je peux le rêver, le penser, mais non pas le faire. Beaucoup trop grand pour passer inaperçu, trop important pour être laissé pour compte. Mon visage se recule alors légèrement, pour pouvoir lui faire face. Devant Cinead, je dois faire une tête de moi, et cette nuance me pousse à rire un peu. Je me sens seulement vulnérable, aussi discrète qu'un grain de poussière sur une armure oubliée. « Je ne peux que dire que votre frère à raison. Le loup vous va à ravir, dans sa totalité. » Souriant un peu plus, une autre idée vient à me traverser l'esprit. Il suffit que je me mette légèrement sur la pointe de mes pieds, pour que mon visage se trouve enfin à la même hauteur que le sien. Je regarde alors, je ne fais que détailler ses traits qui m'obnubilent. Le dernier instant, le dernier moment. Alors qu'à mon tour, mes mains viennent à se poser au niveau de son cou, je sens contre sa peau, toute son existence battre, encore et encore. Gonflée d'une confiance qui ne sera bientôt plus présente, mon front se voit alors poser contre le sien, avec douceur, et j'ai préférence à murmurer ces quelques mots. « Doux et dangereux à la fois, imprévisible, étonnant, maladroit surement et surtout inoubliable. Cet animal ne se rencontre qu'une fois dans une existence. » Ceci doit être la magie un peu étrange de l'amour, elle peut vous faire passer d'une discussion à une autre, sans s'attarder sur des sujets fâcheux. Après tout, ils ne vont qu'aux adultes, qu'à ceux qui se réunissent pour parler de batailles, d'affronts en tout genre. Ceci doit être une bien belle chose qui prouve qu'au fond, nous restons un peu fidèles à nos âges respectifs. Devenant presque niais sans le remarquer, sans me déplaire pour autant. Haussant alors les sourcils, mon bout du nez frôle le sien, froid, comme toujours. Dans une enceinte comme celle-ci il est impossible de ne pas avoir au moins le bout des doigts gelés, surtout quand l'hiver toque à notre porte. Et inconsciemment, je me demande quel animal je peux être. Non pas un oiseau libre, encore moins un animal féroce ou fier. Je ne trouve guère de bête enfermée, incapable du moindre jugement, incapable de pouvoir bouger ne serait-ce qu'un doigt, sans avoir droit à des remontrances. Chaque animal a son instinct de survie, même Cinead, même son frère, même mon père, mes frères et mes soeurs. Je ne l'ai pas, pas comme eux, pas cette rage qui peut les pousser à hurler non. « La chance doit me sourire. Ne pas avoir l'obligeance de sortir du domaine pour pouvoir en frôler un du bout des doigts, pour pouvoir le regarder droit dans les yeux, sans prendre la peine de parler. » Mes pouces caressent alors les traits de son menton. Besoin de toucher, besoin de se sentir aimée, besoin quelconque d'un premier être aimé. Les sentiments les plus sincères restent ceux qui nous viennent naturellement. Ils le sont, peut-être plus que je ne l'aurais voulu. « D'ailleurs, si vous êtes un loup, que suis-je alors ? » Un piège ? Loin de là. Parce que je me recherche, je veux à savoir qui je suis, ce que je fais, de quoi je suis capable. Si je n'ai la fierté du cerf, l'amour du loup, la violence de l'ours et la liberté de l'oiseau, qui peut se cacher dans la fourrure du loup noir ? Cinead doit avoir la réponse, ou comme moi, il se trouvera un peu perdu et tout deux, nous n'aurons pas réponse à cette question que je me pose, que je tente tant bien que mal de découvrir depuis maintes années.
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MessageSujet: Re: les choses les plus importantes sont les plus difficiles à dire, les mots les amoindrissent. (cinead)   les choses les plus importantes sont les plus difficiles à dire, les mots les amoindrissent. (cinead) EmptyMer 27 Mar - 17:48




    “ les cœurs, ça plie sans se rompre ”

    c'était son premier vrai baiser, à lui aussi, et il n'oublia jamais la sensation de ses lèvres se pressant contre les siennes, sèches, douces, tiédies par le soleil. ce fut le baiser à l'aune duquel il jugea tous ceux qu'il donna par la suite dans sa vie, celui qu'il ne retrouva jamais tout à fait.


Le chagrin est le seul sentiment qui arrive à s’installer en chaque personne pour l’éternité. Il dépose ses bagages nonchalamment, élu domicile dans le cœur meurtri de chacun, et se plait à venir offrir à ce dernier des baisers de glace. Cinead le sait. Il l’a toujours sut, en réalité. Il a aussi compris que ce même chagrin était persistant, qu’il l’emporterait jusque dans sa tombe, puis après la mort, à supposer qu’il y ait vraiment un autre monde. Il le portera sur ses épaules, qui ploieront un jour sous le poids accumulé. Et il le nourrit chaque instant, cet infâme suppôt de Satan, cette mécréance avide de chaire et de sang, de joie et de rire. Et il ne le remarque pas. Et il l’entretient encore. Encore, et encore. Il se crée sa propre perte, sa damnation. Les autres l’aident, d’ailleurs. Ils ne le remarquent pas non plus, car tous se voilent la face, et la vérité est bien souvent plus dure à apercevoir que l’ineptie. Pourtant, c’est le cas. Aodhan, ses hommes, Rachael, jusqu’à sa gouvernante. Même les morts s’attellent à cette tâche ingrate. Davhid, son feu père, ou encore son premier homme tué. Ils reviennent dans ses rêves, les transformant en cauchemars grotesques et insensés. Ils le hantent, malgré ses efforts pour les repousser. Ils ne sont pas de ceux qui peuvent être évincé d’un coup d’épée de fer, même le meilleur métal qu’on puisse trouver du nord d’écosse, jusqu’à la plaine sans chute des territoires lowlands ne pourrait rivaliser contre cette force surnaturelle, cet amas de ténèbres glacées. A quinze ans, Cinead semble être déjà perdu, quelque part entre le salut et la damnation. Mais comme on peut l’entendre parfois entre les lèvres des vieilles femmes, il n’y a souvent pas beaucoup de différence entre ces deux états. L’agonie est seulement plus rapide dans l’un. Quoi que la chose reste encore à prouver. Et le damoiseau ne veut en aucun cas s’y risquer. Cela arrivera bien assez rapidement, et pas forcément comme il le souhaitera. On ne peut choisir ces choses là. Ça n’a pas de règles, ça n’a pas de maitre. Ça fixe ses propres lois, et effrite les grands fondements de ses concurrents, à renfort de coups de dents aiguisées. Mortelles. Cinead en frissonnerait s’il n’était pas dans cette pièce, en compagnie de cette personne. S’il était seul, il fermerait les yeux, et se laisserait aller dans un total oubli de lui-même. Juste une heure, juste quelques instants. Pour savoir ce que cela fait. Quel gout cela a. Il connait la saveur de la déception, des rires et de la honte, mais la faiblesse est une chose que personne ne lui a apprit à inviter. Les Macintosh ne sont pas faibles, ils n’en ont pas le droit. Et pourtant, cette sensation amère d’anéantissement est encrée en lui, quelque part dans les méandres de son esprit endolori. La faiblesse est bien présente, mais refoulée, et il vient parfois à l’idée de Cinead que dans toute l’histoire de la famille Macintosh, il ait été le premier homme aussi risible. Il n’a jamais vu Aodhan se comporter ainsi. Cela ne semble pas être dans ses cordes, et pour un chef, cela relève plus de la bravoure que d’un quelconque manque d’humanité. Son Laird de frère est déjà un homme fait, alors que lui a l’impression de patauger dans le brouillard, et de se plaire à s’embourber un peu plus chaque fois, sans sortie de secours envisageable. Ce n’est pas acceptable. Et cependant, cela n’empêche pas d’en être ainsi. Un léger sourire effleure ses lèvres un court instant. Quoi que les légendes racontent, les loups peuvent se montrer lâches. Il en est la preuve vivante, après tout. Un loup à sa manière, une bête dans sa presque totalité. Ces dernières sont souvent laissées pour compte, dans la forêt, ou dans une écurie malodorante. Et pourtant, il résulte de ces créatures une grâce et une force surnaturelle, qui peut facilement venir broyer un laird tout entier, sans se préoccuper d’un quelconque rang, d’une couronne en or. C’est pour cela qu’il n’est pas tout à fait un animal. Il erre entre l’homme et la bête, entre son instinct bestial et cette captivité feinte. Ici se trouve être le cœur de la bêtise humaine. Les hommes ne peuvent être libres, et ne se résoudront à dévorer un seigneur, même si nombreuses sont les personnes le désirant en silence, quelques fois. C’est là l’une des faiblesses de l’homme-loup, cette incapacité à tenir tête aux autres, ce contentement de semi-liberté. Mais après tout, qui pourrait le juger ? Il n’accompli que son devoir, et peu importe si la besogne est difficile à effectuer, il faut s’y atteler. Même si elle restreint les possibilités de vie, la palette grisâtre et étroite des scénarios qu’il peut envisager au cours de son existence puérile et mesquine. Cinead ne se fait pas d’illusion. Cette dernière est bien présente, et vient à assombrir de plus belle ses rêves d’un autre temps. Cependant, l’étrangeté pousse cette palette de couleurs à s’étendre un peu, laissant des failles qui se font assaillir par les personnes nouvelles, les lieux qu’il n’aurait jamais songé à rencontrer. Rachael en est le signe. Elle a réussi à s’introduire dans une faille presque imperceptible, et restera à jamais gravé dans sa mémoire vacillante. Une personne de plus qu’il perdra. Une personne de plus qui nourrira son chagrin. Il ne peut plus reculer. Revenir en arrière est impossible, et de toute manière, il ne le désire pas. Comment le pourrait-il d’ailleurs ? Il y laisserait des souvenirs qu’il ne peut se permettre d’effacer, car quand on a gouté à ce genre de moments, on ne peut s’en passer. Le damoiseau ne fait exception à la règle. Jamais.

Sa paume de main n’a pas dérogé à son emplacement, qu’elle devra pourtant quitter bientôt. Le garçon n’a pas bougé non plus. Immobile il est resté, comme changer en glace. De la glace qui fond cependant peu à peu, sous le maigre soleil du sud, et les températures quelque peu plus élevé que n’importe où dans l’écosse. De la glace qui découvre un cœur menaçant d’explosé, drapé dans une dignité qui s’effrite lentement, à mesure que les secondes passent, petit à petit, inébranlables face à la scène qui se déroule sous leurs yeux vitreux. Une scène d’adieux, que les deux jeunes gens ne veulent vivre, et qu’ils jouent tout de même. Sans le savoir véritablement. Tout cela n’est que jeu depuis le début, aurait dit les adultes. Il est indispensable que cela se finisse comme cela a débuté. Et pourtant ça n’a rien de faux. Ils ne comprennent pas. Ils ne comprennent jamais tout ce qui touche Cinead, d’une façon ou d’une autre. Parce qu’ils n’en veulent pas, parce qu’ils n’en ont pas envie, et n’en éprouveront jamais le désir. On regarde juste le garçon d’un air suspicieux, puis on s’en va. Il n’a rien à en tirer de vraiment bon, après tout. Le damoiseau le pense, en tout cas. Il n’est que le lâche fils de son père, le louveteau de sa mère et le conseiller maladroit de son frère. Pas de quoi tous les alarmer. Cela lui convient, quoi qu’on puisse penser de lui, et de ses ambitions. Ou peut-être pas. Il n’arrive pas à déceler le vrai du faux dans toute cette mascarade, et s’y emploie d’habitude corps et âme. Il se force à entretenir cette question auquel il ne trouve aucune réponse concrète. Quels sont ses véritables souhaits, face au monde qui l’entoure, qui lui fait face et le sonde de son regard flamboyant ? « Je ne peux que dire que votre frère à raison. Le loup vous va à ravir, dans sa totalité. » Il ne peut que rester impassible face à ces dires, ne trouvant aucune répartie qui mériterait la véracité de ces propos, et tout autant de gestes qu’il ne pourra de toute manière faire, de peur de briser ce moment qu’il sait éphémère, et presque achevé. Aodhan ne doit pas être loin du départ, et l’un de ses hommes est sûrement en train de le chercher pour préparer ses affaires. Le voyage va être long. Long et périlleux, car même si la colonne d’épées œuvrant aux services du Lord Macintosh ne se tournera vers le cadet, personne ne pourra voir la sécurité comme un fait accompli. Les ennemis sont toujours présents, nombreux ou non, et parfois, certains coups sont fatals. Souvent. La neige, qui redoublera d’intensité quand ils remonteront au Nord de l’écosse, ne les épargnera pas non plus, et même si tous connaissent ses plus sombres tours, il n’est pas rare que quelques uns périssent en chemin, dans l’un de ces coins sordides, ces infâmes lieux où on est content de sortir saint et sauf. Le cadet est sûrement en train de faire attendre son frère. Son Laird. Et pourtant, il ne veut partir. Sa conscience lui répète que cela ne servira à rien de s’éterniser, car le moment se brisera bien un instant ou l’autre, sans qu’il n’y puisse rien. Mais son cœur en dit autrement. Être tirailler par soi-même est la pire manière de souffrir. Cinead l’apprend à ses dépens. Mais Rachael semble apaiser la douleur. Elle lui applique un baume qu’il ne peut emporter avec lui, dans les westerns highlands. Doux, dangereux, inoubliable, maladroit. Tant de mots que la jeune fille à la chevelure tissée dans la lune emploie pour le désigner, pour dresser un portrait de lui, qui se veut sûrement véridique. Il l’est. Du moins, sur certains points. Cinead ne pense pas être dangereux, du moins pas souvent. Les loups sont dangereux quand ils se sentent menacés, mais en somme, ils se trouvent pacifistes. C’est l’incapacité de comprendre cela, qui fait que les hommes ont peur d’eux. De leur différence. C’est peut-être pour cette raison qu’ils n’apprécient que trop peu le cadet. Ce dernier comprend petit à petit. Est-il maladroit ? Un sourire se peint lentement sur ses lèvres, véritable, alors que la jeune femme se rapproche inévitablement de lui, venant poser son doux front contre le sien, et passant ses mains de part et d’autre de sa peau d’une blancheur à en faire frémir le plus froid des macchabés. Une enveloppe venant du Nord. Un corps qui doit y rester, de peur de fondre sous les représailles des gens du Sud, ces mêmes personnes qui voient en ce jeune garçon un possible danger. Il n’est pas rare que les autres épousent ce principe, ses compagnons. Cinead le sait bien. Il n’est pas craint, ni même respecté autrement que par son statut. Il effraie seulement, ou fait de la peine. Et pourtant, alors que ses yeux rencontrent ceux de lady Rachael, il n’en est plus rien. Sa façon de voir est tout autre. Ses pupilles de félin le regard avec une intensité féroce, et quand elle caresse avec douceur son menton où viennent pointer un début de pilosité, il ne peut se dire que si lui était un loup, elle aurait tout d’une lionne. Une lionne impassible et silencieuse, qui attend le moment opportun pour se révéler dans sa totalité. Cette pensée le fait sourire de plus belle, un sourire qui casse les traits quelque peu durs de son visage, ces traits qui le rendent plus homme qu’enfant. Plus faible que fort. Un sourire qui fait fondre cette douce armure, qui se montre des plus lourdes, au fil du temps. Une armure qui se retourne contre lui, qui prend vie et le pourfend de toute part. C’est la sensation qui se dégage des yeux qui le fixent, sans gêne. Un frisson qui parcoure lentement l’intérieur de son corps sourd, ayant trouvé un imperceptible défaut dans la cuirasse. Bien plus tard, le jeune homme se dit qu’il lui a laissé lui-même le loisir d’entré dans les méandres que constituait son cœur. Il avait besoin de cela, de cette affection qui ne devait être au début. D’un peu de joie éphémère, qui guérit bien plus que le bonheur constant. Mais pour le moment, il ne songe à rien. Une des premières fois, certes. La magie des terres écossaises est donc bien présente en chacun d’eux, alors. A moins que Rachael ait dans les veines, du sang des premières femmes sorcières. « La chance doit me sourire. Ne pas avoir l'obligeance de sortir du domaine pour pouvoir en frôler un du bout des doigts, pour pouvoir le regarder droit dans les yeux, sans prendre la peine de parler. » Cinead ne trouve pas qu’apercevoir un loup en cage peut se révéler être digne d’une quelconque chance. C’est comme voir une carcasse de bête, une simple fourrure drapé sur les épaules d’un roi victorieux, d’un chevalier revenant d’une chasse fructueuse. Il n’y a rien de chanceux dans tout cela. Mais en ces temps qui demeureront bientôt durs et carnassiers, le monde ne fait entrevoir que la dépouille de son ancienne peau. Une peau où la fertilité et la longévité étaient de mises. Le souffle de la jeune fille, tiédit par le froid constant, lui parvient au visage, et il ne peut qu’être conscient de sa présence tout près de lui. Sa gorge se noue derechef, en pensant que cela n’en sera plus, bientôt, et que songer à une possible échappatoire est risible, alors qu’il essaye de trouver une quelconque phrase à dire. Il n’y arrive pas. Plus, du moins. Sans prendre la peine de parler. Le loup ne parle pas pour rien dire, il lui vient seulement l’envie d’hurler sa peine quand vient la pleine lune, ou de japper quand il en éprouve le besoin. Mais il ne comble le vide incessant avec des paroles vides de sens. Alors il ne dit rien, et Rachael vient à nouveau l’aider, comme toujours dans ces situations. Elle ne semble pas comprendre l’influence qu’elle peut posséder, qu’elle peut avoir sur lui, sur ses faits et gestes. Et même loin, il se plait à penser qu’il attendra une aide de la demoiselle dans ces moments difficiles qui n’appartiennent qu’aux temps qui courent. Une nouvelle fois leurs nez se touchent, et savamment entrelacer, Cinead comprend que sa solitude le condamne à ne se montrer que trop peu fort. Près de Rachael, une certaine puissance l’anime, en sachant que quelqu’un est en mesure de l’épauler, de lui faire confiance, et de lui donner raison. Il comprend aussi qu’il est ce genre de personne pour Aodhan, qui se retrouverait seul s’il ne se trouvait avec lui dans la besogne que son père lui a cédé à son décès.

« D'ailleurs, si vous êtes un loup, que suis-je alors ? » Macintosh plisse légèrement les yeux, comme si son regard seul, braqué sur elle, pouvait lui donner une certaine réponse, plus ou moins concrète. Mais ce n’est que calomnies. Il ne pourrait savoir ce qui en est de la fille aux cheveux baignés au clair de lune, il faudrait pour cela connaitre chaque parcelle de son existence, de son caractère. Elle seule est en mesure de le savoir, car Cinead ne songe pas un seul instant que son père, qui peut se vanter de s’être trouver avec elle tout au long de sa vie – il ne saura pourtant jamais tout de sa fille, du moins si elle ne lui répète rien de ce que les deux jeunes gens peuvent avoir vécus ensemble – puisse s’en préoccuper un seul instant. Cinead ne peut s’en charger lui-même. Il aurait pu… Peut-être, si les circonstances n’avaient pas été ainsi. En ce moment-ci, il ne peut que voir un bien misérable tour du destin, qui s’est joué d’eux en riant aux larmes. Et pourtant ce n’est pas dans son habitude d’allier feux follets et existence. S’il était né dans le sud, sans porter le nom des Macintosh, et tout ce qui s’en suit, il aurait eu le cran d’aller voir le père de la demoiselle. Parce qu’il n’aurait été emprisonné dans ces principes datant de bien avant sa naissance, et qu’il aurait sûrement été un loup, un vrai loup. Sans le comprendre, il rejette la faute sur les autres. Car eux seuls sont à l’origine de ce mal. A jamais. Mais à trop les côtoyé, n’en finira-il pas comme eux ? Personne ne saurait le dire, même pas lui. Et pour une fois, il ne cherche aucune réponse concrète à cela. La question n’en vaut la peine. En ne répondant rien, peut-être réussira-t-il a ne pas briser ce moment ? Les mots ont toujours une mauvaise influence dans sa bouche, s’ils sont trop précipités. Et dieu sait que Rachael lui fait précipiter ses paroles, qu’il veut pourtant poser. Parce qu’elle est une créature éphémère, et que le temps leur est compté.
Il peut donc se dire qu’il a réussi, quand il se rend compte qu’un autre s’est laissé le plaisir de trancher le moment.
Une simple porte qui s’ouvre lentement, un vieil homme de la garde de son frère qui entre dans la pièce, un regard qui mêle étonnement et sarcasme. Il ne peut que le sentir sur lui, sur eux. Il ne peut que s’en vouloir de plus belle. Cela ne devait pas se passer ainsi. Mais après tout, il a été idiot de songer que cela se déroulera comme il le pensait. Parce que rien ne va comme il se plait à dicter, et que cela ne changera pas. Il doute que cela puisse changer un jour, d’ailleurs. « Sir Macintosh ? Sa seigneurie Aodhan vous mande au plus vite, le départ est imminent. » Sa façon de plisser les yeux, entre le défi et la douceur fait froncer les sourcils du cadet, qui le dévisage, autant que son interlocuteur peut le faire pour lui. Il n’est pas certain que l’homme leur affligera de nombreux problèmes, mais une arrogance incertaine le fait relever la tête. « Nous partons, donc ? Mon frère a jugé bon de se mettre en route maintenant, alors que la nuit ne tardera à arriver. » Le regard de Rachael ne semble en être que plus lourd sur lui, à moins qu’il ne se trompe, et que son chagrin seul lui fasse cet effet-là. « En effet, Sir. On s’est déjà occupé de vos affaires, votre cheval vous attend. » Ainsi, ils ne leurs restent donc, à défaut d’une journée ou deux, quelques secondes, tout au plus. Cinead ne peut réprimer un léger soupire, qui n’appartient qu’au adolescent exaspéré. Cela peut paraitre risible, et d’une certaine manière, ça l’est parfaitement. Alors pour parfaire le tableau, il n’arrive qu’à se retourner légèrement pour faire face à la jeune fille, dont les prunelles brillent toujours. Pleure-t-elle ? Il s’en voudrait. Et elle le sait pertinemment. Se penchant pour se retrouver plus près d’elle, il ne fait que déposer un dernier baiser sur ses lèvres tièdes, douces, qu’il ne pourra oublier. Seule une sorte d’insolence discrète, qui se mêle à la détresse, le pousse à se comporter ainsi. En pur idiot. Mais après tout, qu’à-t-il à perdre ? Le vieil homme les a vu, et lui seul peut juger de la décence de cet acte. Après s’être légèrement redresser, tout en conservant ses yeux braqués sur les siens, il lui murmure quelques mots, qu’il sait certainement mensonge. Mais c’est un mensonge destiné à lui-même. Un mensonge qui se transformera en temps voulu, en un espoir incertain, qui rallumera une flamme que seule Rachael a réussi à conserver. « Nous nous reverrons. Ce n’est qu’un éloignement, après tout. Nous… Nous nous retrouverons, Rachael. Et quand nos chemins se croiseront à nouveau, je vous dirais quelle créature vous êtes véritablement. J’en fais le serment, je n’aurais qu’à réfléchir pendant le voyage. Je n’oublierais pas. Je ne vous oublierez pas, et j’espère de tout mon cœur qu’il en sera de même pour vous, milady. Ou… Non. Je vous demande juste d’être heureuse. Simplement. Vous me reconnaitrez quand le moment sera venu. N’encombrez pas votre esprit ainsi. » Pas de promesse, car le mensonge ne doit dépasser un certain stade. Le jeune homme est certain qu’un jour, ils se retrouveront. Mais il n’en sera plus jamais ainsi entre eux. Ce flot de paroles incessant n’a aucun but précis, et il en a diablement conscience, et ce n’est en aucun cas les convenances qu’on lui a enseigné. Cinead n’en a cure. Sur le seuil, le vieux chevalier observe toujours. Un fidèle chevalier de son frère, il se rappelle de lui à présent qu’il peut lui causer un certain déshonneur. Le damoiseau ne trouve pas qu’il y ait un quelconque déshonneur à tomber amoureux d’une jeune fille d’un clan du sud, mais il n’en est ainsi pour son frère. Cela l’importe peu. Il jugera au moment opportun. « Soyez heureuse. » Un léger sourire, un baisemain, et un départ. Pas un adieu, non. Un éloignement temporaire. Seul son esprit de jeune homme arrive à songer ainsi, mais cela est peut-être mieux pour tout le monde, après tout. Il laissera bientôt la place à ses songes d’homme, bien qu’il doute que l’homme en lui oublie un jour Rachael Seton, la jeune fille aux cheveux tressés dans la lune.
Il ne détourne pas le regard quand le chevalier et lui descendent les escaliers de marbre, qui mènent à l’extérieur. Un regard au maintien princier, presque. Il ne sait pas où il a puisé cela, n’ayant pour certitude que l’idée que cela ne durera pas. Ses yeux regardent devant lui, et il sait très bien qu’un détour en arrière causerait sa perte. Il doit se montrer fort, pendant le voyage, et la nuit de route, et le jour suivant. Et chaque autre journée à venir encore. « Ne sois pas si arrogant mon garçon, tu n’as que le désespoir à lui offrir. » Les paroles de l’homme le font cependant cligner des yeux, et cette arrogance, comme désigné, retombe en morceaux sur le sol dur du château, qu’il quitte pas après pas. Il se mord la lèvre inférieure, tel un enfant honteux, tandis que le chevalier continue sa route, à ses côtés. Un léger regard vers ses épaules carrées, et ses yeux emplis d’une douceur particulière vient lui confirmer qu’il ne le trahira pas. Cinead ne relève pourtant pas, se bornant à avancer. Quand ils s’enfoncent dans la cour du château, près des leurs, qui s’apprêtent à monter sur leurs chevaux, l’homme se reprend à le désigner par son titre, le damoiseau sait alors qu’il en est fini de cette courte entrevue. De Rachael, du Sud, et de ce regard impressionnant. Et pourtant, durant le voyage, son esprit ressasse les dires du chevalier, et son cœur songe à la demoiselle, ne dénigrant sa promesse. que suis-je alors ?
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