« Liusaidh viens vite s'il te plaît ! » Alors que j'étais dans ma chambre en train de finir les broderies sur ma nouvelles robe, Hilde, la femme de mon frère fit irruption. Je ne lui en voulais pas d'entrer ainsi, après tout elle était ici ma meilleure amie. Elle semblait fatiguée et préoccupée. Le bébé ne tarderait pas à pointer le bout de son nez elle devait se ménager. « Que se passe t-il Hilde ? » La jeune femme soupira et s'assit sur mon lit. «  Tes frères sont encore en train de se disputer dans le solarium, j'ai peur qu'ils en viennent aux mains. » Je soupirais à mon tour, mes frères étaient incapables de s'entendre. Ils avaient beau avoir les même parents, avoir eu la même éducation ils ne pouvaient pas se parler calmement. Raghnall était notre chef de clan, et pas le plus avisé qui soit. Brendan lui essayait à tout prix de conseiller son ainé, mais il n'entendait rien. Je savais bien que Brendan ferait un meilleur chef mais c'était bien compliqué. Je me levais, passais mes mains sur ma robe pour la lisser et redonnait une prestance à mes cheveux. Je prenais un châle que j'enroulais autour de mes épaules. « Tu peux rester ici si tu le souhaites, ou vas te reposer. Mais ne t'inquiètes pas je m'occupe d'eux. » Je finissais par quitter ma chambre pour rejoindre le solarium et mes chers frères. J'étais une des seules qui parvenait à leur faire entendre raison, j'aimais sincèrement chacun d'eux, et je ne supportais pas qu'ils ne s'entendent pas. Raghnall n'était pas très avisé et il avait besoin d'aide mais il n'entendait rien. Je savais bien que ca rendait Brendan totalement fou mais il ne pouvait rien faire non plus. Alors que j'approchais du solarium j'entendais les voix de mes frères. Je poussais les portes, ils étaient là à se disputer et Hilde avait raison ils finiraient par se battre comme des chiffonniers. Je me mettais entre eux. « Arrêtez un moment de hurler, vous vous donnez en spectacle ! »Tout le clan savait qu'ils ne s'entendaient pas et une bonne partie soutenait Brendan... J'espérais de tout cœur qu'il ne viendrait pas à se rebeller contre Raghnall... « Laisse nous Liu' tu sauras bien assez tôt ce qu'il se passe. » Je regardais mon aîné interloquée, de quoi parlait-il... ? Brendan semblait hors de lui et bien décidé à me dire de quoi il s'agissait. « Notre cher Raghnall a décidé de te marier. » Mon cœur s'arrêta de battre, je savais que ce jour arriverait. Je n'avais pas le choix, les filles servaient à ca, faire des alliances, contre leur gré la majorité du temps. « Et le pire dans cet histoire avec un vassal des Macintosh ! » Je comprenais pourquoi Brendan était furieux, ils étaient censés être nos ennemis alors pourquoi me marier à l'un d'eux ?! Je n'avais pas envie de comprendre, pas tout de suite. J'étais encore trop sous le choc. Pour une fois mes frères se débrouilleraient sans moi, j'avais besoin de temps. Je quittais la pièce en courant j'avais trop besoin d'air. Je gagnais le jardin derrière la cour, je devais m'isoler. Alors que je marchais sans but dans le jardin, je remarquais une silhouette je m'approchais, c'était Lileas ! Son clan était un clan vassal des Dingwall, on se connaissait depuis que l'on était enfant, mais ca faisait longtemps aujourd'hui que je ne l'avais pas vue ! J'avais du prendre de nombreuses responsabilités au château, ma mère allait mourir, Hilde était enceinte. Je m'approchais, « Lileas ? » Elle avait changée un peu, elle était encore plus belle qu'avant !

Tu savais que tôt ou tard, tu devrais te rendre chez les Dingwall pour leur apprendre la nouvelle de la maladie de ton père, mais tu repoussais toujours la date du départ, le dire aux Dingwall cela rendait la chose réelle, officielle et tu ne voulais pas que cela prenne tant d'ampleur, mais tu ne pourrais pas repousser indéfiniment, il fallait que les Dingwall soient au courant des dernières volontés de ton père avant qu'il ne meurt pour que ceux-ci autorisent le testament. Alors, tu laisserais une fois de plus ta famille pour partir sur les routes.
La veille du départ, tu avais convoqué ta fratrie pour leur expliquer que tu te rendrais, au petit matin, chez ton suzerain pour parler de la situation. Tu demandais à ton frère, Callum, de prendre soin des plus jeunes et de veiller à ce que le domaine soit bien administré. Tu promettais que tu serais bientôt de retour, mais que tu ne savais pas combien de temps cela allait prendre. Lorsque le dîner était terminé, tu étais retourné près de ton père, priant pour sa vie, mais tu savais au fond de toi que n'importe quel Dieu ne pourrait rien pour lui.
Tu retournais dans ta chambre, résignée, et tu te mettais à préparer tes affaires en compagnie d'une jeune femme. Elle te demandait s'il fallait prendre la robe beige ou la rouge et tu ne savais pas quoi répondre. Pour toi, il te suffisait de porter un pantalon comme tu le faisais toujours, mais ton suzerain n'apprécierait peut-être pas, alors tu jetais un regard vers les robes que l'on t'avait proposées et tu désignais la beige avec la fourrure. Elle pliait la robe dans la malle et ajoutait des bijoux, que tu ne porterais pas de toute façon. Elle referma la malle et appela des soldats pour qu'ils descendent la malle, trop lourde pour la jeune servante.
Au petit matin, tu avais pris la route, tu avais monté ton cheval et tu étais partie au galop, bien entourée. Le voyage avait durée une demie journée environ et en arrivant, tu avais changé de tenue. Le premier endroit où tu t'étais rendue instinctivement était les jardins, tu jouais ici étant petite, lorsque ta mère était encore vivante. Tu étais perdue dans tes pensées lorsque tu t'étais faîtes surprise. « Lileas ? » Tu t'étais retournée et tu l'avais immédiatement reconnue. « Liusaidh ! Enfin, je veux dire Lady Dingwall ... » Tu avais envie de la serrer dans tes bras tellement elle t'avais manquée, mais tu te retenais, maintenant vous étiez grande et les choses avaient changés...

De l'air, j'avais besoin d'air. M'éloigner de ce que je venais d'apprendre. J'allais me marier et j'allais partir loin, loin d'ici, loin de chez moi. Je me doutais bien que ce jour arriverais mais je ne pensais pas partir si loin et pas déjà. Tout devient soudainement si réel, si vrai, ca va vraiment arriver. C'est ma vie qui est en jeu, mon avenir, mon bonheur et personne ne me consulte. Raghnall décide sans me consulter, je sais qu'il est le chef du clan mais je suis sa petite sœur, il aurait du me demander, il aurait du se soucier de ce qu'il pourrait se passer dans mon cœur et dans ma tête. Mais c'était mon frère il ne voyait que ce qu'il voulait et faisais la plupart du temps les mauvais choix... Mais moi je n'en n'avais pas, je n'avais aucun choix, je devais juste obéir et me soumettre. J'avais besoin de m'évader et j'avais gagnée le jardin en quête d'air, de liberté et de solitude. J'aurais pu tout autant monter à cheval et partir au galop loin dans la pleine. A qui pouvais je parler de ce que j'avais sur le cœur ?! Ma mère n'était pas tellement la bonne personne, elle avait toujours voulu faire de moi une parfaite petite princesse et nous ne nous étions jamais vraiment entendu, je n'avais jamais trouvé auprès d'elle le réconfort d'une mère. Je ne pouvais pas tellement en parler à Hilde non plus, son mariage aussi avait été arrangé et ils s'en sortaient plutôt bien ! Je n'avais pas de vraie amie à qui parler au château, je n'avais que moi sur qui compter. Mais alors que je marchais dans le jardin sans but, sans vraiment regarder ou faire attention à ce qu'il se passait autour de moi, je vis une silouhette. Je fis quelques pas de plus et la reconnue aussitôt, c'était Lileas. On avait beaucoup joué ensemble lorsque nous étions enfant et en grandissant on s'était un peu éloignée. Son clan vivait un peu plus loin que chez nous et je ne l'avais pas vue depuis ce qui semblait être une éternité ! Je l'appelais alors, elle se tournait. « Liusaidh ! Enfin, je veux dire Lady Dingwall ... » Je riais, et m'approchais d'elle. Je n'avais qu'une envie la prendre dans mes bras et c'est ce que je fis sans me gêner, nous étions amis après tout ! « Lileas ! Il n'y a pas de Lady entre nous, Lady Dingwall c'est ma mère ! » Lui dis-je en souriant. Elle avait changée, elle semblait plus mature, elle était plus belle. Elle n'était pas venu au château depuis longtemps ! Nous avions sûrement des tonnes de choses à nous raconter. Je la pris par le bras et l'attirait vers un banc sous un pommier. «Viens t'asseoir un moment avec moi. Qu'est ce qui t’amène ici ? » Je me doutais bien que si elle avait quittée son domaine c'est qu'elle devait avoir une bonne raison, une très bonne raison.