Je pensais être forte, je pensais pouvoir tout affronter mais je m’étais bien trompée. J’étais mariée depuis quelques semaines et les miens me manquaient. Ici j’étais une étrangère. Mais le plus dur n’était pas d’être Lady MacDonald, la châtelaine, mais bien Liusaidh MacDonald l’épouse de Connor. Je crois que les gens commençaient à se faire à ma présence, les domestiques étaient respectueux et efficaces et la famille de Connor était maintenant la mienne. Sa mère était une femme merveilleuse qui m’avait pris sous son aile, je voyais enfin ce qu’était une vraie mère. Sa jeune sœur était tout aussi adorable, retrouvant en moi la sœur qu’elle avait perdue treize ans auparavant. Et son cousin Iain était mon seul soutien, il était toujours là pour moi, et il rendait la vie ici bien moins difficile. Mon rôle de châtelaine n’était pas ce qui me gênait le plus, jusqu’ici tout se passait bien, je me faisais petit à petit ma place.

Du moins pour certaines, il restait une tranche du clan MacDonald qui me montrait toujours autant d’hostilité. Les femmes de dix-huit à quarante ans, fiancée, mariée, veuve. Toutes étaient passées entre les draps de mon époux et je représentais aujourd’hui un sérieux obstacle dans leurs nuits de plaisir. Après tout depuis notre mariage, Connor avait partagé mon lit presque chaque nuit. Mais les nuits étaient des moments précieux bien à part.

Etre la femme de Connor était le plus dur ici. Mon époux n’était guère présent pour moi la journée, il faisait tout pour m’éviter ou oublier que j’existais. Pourtant il se souvenait bien de moi chaque nuit lorsqu’il me rejoignait. Je ne comprenais pas son comportement, comment pouvait-il si proche, si généreux la nuit et aussi froid et distant la journée ? Comme si j’avais à faire à un autre homme… J’avais l’impression d’être seule, il n’était pas là pour moi. Et le fait que ses maitresses soient toujours aussi hostiles envers moi n’arrangeait rien. La plupart d’entre elles se contentaient de ne pas me regarder, de parler dans mon dos ou d’effectuer mes ordres avec lenteur et peu d’efficacité. Mais il y en avait une à la tête qui avait pris la responsabilité de faire de ma vie un enfer ! Elle s’appelait Isobel, elle était très belle bien évidemment et semblait bien plus expérimenté que moi. Je ne pouvais pas la supporter et la tension entre nous était palpable.

Jusqu’ici j’avais supporté ses critiques, ses moqueries sans broncher, mais je n’en pouvais plus. Je ne pouvais pas affronter cela seule. Connor ne disait rien, et je ne pouvais guère lui en parler. A sa famille non plus… Je tentais de garder mon calme et de rester maitresse de moi-même, mais ce jour-là ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Ce jour-là alors que j’entrais dans la grande salle, une partie de ses femmes étaient là à préparer le repas du soir, elles parlaient de moi. Isobel en tête de file.

« Il finira par s’en lasser, elle est bien trop maigre pour qu’il apprécie. »

Soudain une femme se rendit compte de ma présence et avertit la jeune femme, qui se tourna vers moi. Un imposant silence s’installa dans la grande salle.

« Vous avez quelque chose à dire Isobel ? »

Je commençais à en avoir assez d’elle…

« La vérité simplement, dès que vous serez grosse, il arrêtera de partager votre lit et me reviendra. C’est même étonnant que vous ne le soyez déjà pas connaissant Connor, peut-être êtes-vous incapable d’engendrer des héritiers… »

Là c’était trop, beaucoup trop. Je m’approchais d’elle.

« Faites attention à vous. Je suis votre châtelaine, je n’accepterais pas de manque de respect encore. »

Je ne pouvais pas l’affronter plus que ca, elle était mise en garde, si elle continuait je ferais en sorte qu’elle soit punie. Mais elle ne semblait pas apeurée. Je tournais les talons pour quitter cette pièce au plus vite. Je les entendais rire dans mon dos, je n’en pouvais plus. Je tremblais et les larmes menaçaient de couler sur mes joues. Je devais gagner ma chambre au plus vite, avant que quelqu’un ne me voit comme ca.

Alors que j’étais dans les couloirs, prenant soin de ne croiser personne, j’entendis quelqu’un m’appeler, c’était Iain, je ne voulais pas qu’il me voit comme ca. Je pressais le pas, mais il me rattrapa.

« Liusaidh attendez ! »

Je m’arretais, il me bouchait le passage. Je relevais les yeux vers lui, je n’avais pas pu empêcher mes larmes de couler. Je vis son visage changer du tout au tout.

« Que vous arrive-t-il ? Est-ce grave ? Venez.»

Je sanglotais alors qu’il m’attira dans une pièce où nous pourrions être seuls. Il me fit asseoir et s’installa à côté de moi. Posant sa main sur la mienne. Il attendait que je lui parle.

« J’ai supporté beaucoup mais là c’est trop…Cette femme, Isobel, elle se permet de me défier et de m’insulter devant tout le monde… Je n’en peux plus. »

Je reprenais mon souffle et essuyais mes larmes. Mes nerfs lâchaient, je n’étais pas le genre de personne à pleurer de la sorte, j’avais honte.

« Je savais que je devrais faire face aux maitresses de Connor, mais je ne pensais pas que ca serait si difficile… Elle a dit des choses affreuses sur moi, que j’étais incapable de donner des fils à Connor, qu’il voulait la retrouver et ne plus partager notre lit… »

J’étais boulversée et fatiguée. Je devais faire face mais personne n’était là pour m’aider. Mon époux m’avait laissé tomber. Iain resserra sa main autour de la mienne.

« Ne pleurez pas…Cette femme est simplement jalouse de vous, elle tente de se venger. Mais elle n’a pas le droit de vous manquer de respect, elle doit être arrêtée. Et je devine que Connor n’en sait rien… »

Non il ne voyait rien, de toute façon il ne s’en souciait guère, mais tout cela était sa faute.

« Vous êtes bien mieux que cette pauvre femme Liusaidh, vous êtes la femme de Connor, vous êtes belle, jeune, intelligente, elle ne peut que être jalouse. Ne vous en faites pas, ignorez là. »

C’était tellement plus simple à dire qu’à faire… Je le regardais en souriant, lui était là pour moi au moins. Il était gentil et essayait de me remonter le moral.

« Merci Iain, vous êtes le seul ici qui est là pour moi… »

Contrairement à mon époux. Je ne savais même pas où il était en ce moment…

Cela faisait plusieurs semaines que j'étais marié à Liusaidh désormais. Ce qui avait été une mésalliance, ne se révélait finalement pas si catastrophique que cela. Outre le fait que Liusaidh et moi nous entendions parfaitement bien d'un point de vue charnel et que je visitais son lit toutes les nuits, demeurant parfois à ses côtés jusqu'à l'aube, parfois regagnant mon propre lit, il y avait aussi les conséquences de ce banquet chez la reine qui avait vu de nouvelles alliances se former... Des alliances plutôt inattendues. J'avais crains pour ma sœur et ma nièce lors de ce banquet. Moïra m'avait presque ri au nez, pensant que je me fichais bien de son sort, alors que c'était faux, elle demeurait ma sœur. Avais-je crains que Merida fasse assassiner tous les chefs de clan ? Non, pas à ce point, mais une fourberie quelconque pour les avoir sous sa coupe oui... Et finalement, il y avait eu l'attaque de Mor'Du qui avait fait bien des victimes... Heureusement, Aodhan et les siens s'en étaient sortis, mais cela avait mis le feu aux poudres et au lieu de 4 clans ennemis, il y avait eu des alliances... Les Lowlands avec les DunBroch et l'est avec l'ouest. Dingwall avec Macintosh, alors même que je savais combien mon laird méprisait la faiblesse de Raghnall. Il tenait davantage en estime MacGuffin, mais celui-ci pensait que l'incident Mor'Du n'était bien que cela : un accident.

Alors que le frère de Liusaidh et mon beau-frère voyaient là un complot.

La guerre avait bel et bien reprise, comme nous nous y attendions tous, même si les femmes gardaient le secret espoir de conserver leurs maries prêt d'elle. Mais cela faisait de Liusaidh davantage une alliée qu'une ennemie avec ces nouvelles prises de position. Et je savais que jour après jour, elle se faisait sa place au château, essayant de s'imposer comme la nouvelle Lady MacDonald. Les choses se passaient plutôt bien. Et durant ces premiers temps de mariage, je n'avais pas encore déserté son lit pour celui de quelque autre beauté. Même si certaines ne me cachaient pas leur impatience de me voir revenir et se montraient même plus qu'entreprenantes. Mais la journée, je n'avais guère de temps à perdre en badinage, tout juste quelques étreintes furtives au détour d'un corridor. Et mes nuits étaient encore réservée à Liusaish, espérant qu'elle tombe enceinte et me donne un héritier.

Et nous ne ménagions pas nos efforts. Sans compter que comme promis, elle apprenait vite, se montrant fougueuse au lit, et même audacieuse. La petite biche effarouchée du premier soir n'était plus, c'était une femme épanouie et ouverte au plaisir que je retrouvais. Et que je quittais le matin venu, ne la croisant qu'à peine la journée, seulement le temps des repas et encore. Je n'avais pas de temps à perdre à la chaperonner.

Pourtant, quand j'entrais dans la pièce, quand je la vis, seule, en compagnie de mon cousin, je sentis mon sang ne faire qu'un tour. Que faisaient-ils donc tous les deux ? Totalement seuls ? Il la tenait par la main, en un geste doux et équivoque. Je sentis une bouffée de jalousie sans doute mal séante me saisir, mais je ne la combattis même pas. Liusaidh était ma femme et s'il y avait bien quelque chose que je ne pouvais pas tolérer, c'était la trahison.

« Je peux savoir ce que vous faites ici, tous les deux et seuls ? »

Iain lâcha la main de Liusaidh et se leva pour me faire face. Il n'avait pas le visage d'un homme prit en faute, mais affichait cet air serein et calme qu'il affectait en toutes circonstances.

« Je discutais avec Lady Liusaidh, rien de plus. »

« Et vous avez besoin d'intimité pour cela ? »

Mon ton était railleur et pas vraiment bon signe, Iain le savait, mais il ne se démonta pas.

« Contrairement à toi, me retrouver seul avec une femme dans un endroit isolé ne signifie pas la besogner sans vergogne et sans égards, Connor. »

C'était ce que l'on pouvait communément appeler la goutte d'eau qui fait déborder le vase. J'approchais de mon cousin et sans crier gare, je lui décrochais une droite qui le surprit et le fit vaciller. Nous nous étions déjà disputés, nous nous étions déjà bagarrés, mais cela faisait très longtemps que ce n'était pas arrivé.

« Attention à qui tu t'adresses, Iain, je peux supporter bien des insolences de ta part, mais pas n'importe lesquelles non plus et pas devant ma femme ! »

Iain se frotta la mâchoire, avant de sourire légèrement.

« Ta femme... Dont tu ne te rappelles l'existence qu'une fois la nuit tombée et que tu ignores la journée, la laissant seule dans la fosse aux lionnes. »

« De quoi est-ce que tu parles ? »

« Ce n'est pas à moi de te le dire. Si tu étais moins aveugle, ta femme ne chercherait pas réconfort auprès d'un ami mais auprès de son mari ! »

Je tournais le visage vers Liusaidh, remarquant sa mine défaite, ses yeux rougis. Je fronçais les sourcils.

« Vous avez pleuré. »

Ce n'était pas une question, juste une constatation.

« Et qu'est-ce qui provoque cet émoi et ce besoin de réconfort auprès de mon charmant cousin ? »

J'appuyais volontairement sur le charmant, d'un ton railleur, avant de lancer un regard d'avertissement à Iain pour qu'il se taise et qu'il reste là où il était. Mon regard clair se posa alors sur mon épouse alors que j'attendais ses explications d'un air sévère.

Je n’aurais cru que la vie de femme mariée ressemblerait à cela. Connor m’avait pourtant prévenu, il ne me promettait rien. De toute façon il n’avait rien à m’offrir, je le sentais de plus en plus. Notre mariage était politique, une simple alliance à cause d’un vieux contrat. Surtout maintenant après cet incident chez les Dunbroch, les Dingwall et les MacIntosh étaient alliés, ou du moins ils étaient du même côté. J’avais moins l’impression d’être une ennemie, nos clans étaient alliés pour le moment... Et les gens dans ma nouvelle famille se comportaient bien avec moi, je crois qu’ils se faisaient à ma présence. Ses parents et sa sœur étaient bon avec moi, je faisais partie de leur famille, et je crois qu’ils voyaient que la situation n’était pas évidente pour moi. Connor ne faisait guère attention à moi…

Les nuits semblaient être des rêves, comme si tout ca ne se passait pas réellement. Lorsque le jour se levait tout était si différent, la lune disparaissait et l’attention de Connor avec elle. Son indifférence était dure à accepter et à vivre, mais la présence de toutes ces femmes qui attendaient seulement que mon époux se lasse de moi l’était encore plus. Je le savais, mais je ne pensais pas qu’il serait si difficile de s’y faire. Jusque-là je supportais leurs moqueries, leurs critiques mais aujourd’hui ca avait été trop.

Depuis les premiers jours cette femme s’était fait un devoir de me rendre la vie dure, il ne fallait pas qu’elle continue dans cette voie. Aujourd’hui je l’avais avertie encore poliment, mais je n’étais pas certaine qu’elle ait compris le message. Elle devrait se méfier, j’avais été élevée avec des garçons et s’il le fallait j’en viendrais aux mains. Il faudrait vraiment qu’elle en fasse trop, mais si elle continuait c’est ce qui l’attendrait…

Heureusement Iain, lui, était là pour moi au contraire de Connor. Il voyait bien que cette situation me faisait souffrir mais il était impuissant. Je me doutais qu’il avait bien tenté de parler à son cousin, mais ce dernier n’écoutait qu’un seul avis, le sien. Il était un vrai ami, une épaule sur qui se reposer. Et encore aujourd’hui c’était lui qui avait des paroles réconfortantes pour moi, pas Connor.

Nous étions assis, dans une salle, à l’écart. Je ne voulais pas que l’on me voit comme ca, je ne voulais pas que l’on puisse penser que j’étais faible. Assise à côté de Iain, ma main dans la sienne, je tentais de croire ses paroles avec difficulté. Quand tout à coup nous fûmes interrompus par quelqu’un, Connor…Oh mon dieu ! Il semblait furieux ! Il l’était, je l’entendis au son de sa voix quand il nous demanda ce que l’on faisait ici, tout seul, ensemble… Je ne savais pas quoi dire ! Je me rendais compte que j’étais prise en faute. Iain lâcha ma main et se leva pour faire face à Connor, lui semblait bien moins inquiet que moi, il était même serein…Mais comment pouvait-il l’être à cet instant ?! Iain lui dit alors simplement qu’il discutait avec moi, ce à quoi son cousin lui demanda si nous avions besoin d’intimité pour cela… Je baissais la tête gênée. Mais Iain dépassa les limites, comment pouvait-il dire cela à Connor ?! Il était encore plus furieux à présent ! Sans attendre il décocha une droite dans la figure de Iain.

Je me levais, je ne voulais pas qu’ils se battent, juste pour ca. Mais Iain ne semblait pas vouloir répliquer… Connor était furieux, Iain ne devait pas le menacer de cette façon et encore moins devant moi… Iain en profita, sa femme, qu’il laissait affronter sa horde de maitresses, seule. Connor ne semblait pas comprendre, il ne devait même pas s’en rendre compte… Iain ne voulait pas lui en parler, c’était surement à moi de le faire. Connor tourna enfin les yeux vers moi, comme toujours son regard me perçait de part en part. Oui j’avais pleuré, je ne devais pas ressembler à grand choses… Je n’avais encore jamais pleuré devant lui et je ne voulais pas qu’une telle chose arrive. Il me demanda alors qu’est ce qui me provoquait tant d’émoi et le besoin de son charmant cousin. Ses mots me firent mal, comme si j’en faisais trop, il ne semblait guère d’intéresser à moi.

Je prenais mon regard à deux mains et inspirait un grand bol d’air, je levais alors les yeux vers Connor, plongeant mon regard dans le sien.

« Cet émoi comme vous dites c’est à cause de vos maitresses qui ne supporte pas que vous ayez une épouse ! Et à cette charmante Isobel à la tête de toutes vos catins, elle est allée trop loin, bien trop loin ! »

Ces mots m’avaient fait du mal, beaucoup de mal, je n’étais pas certaine de pouvoir les répéter, mais je me doutais que Connor voudrait des détails. Mais là j’étais triste et en colère, très en colère. Les larmes menaçaient de couler, je sanglotais.

« Mais après tout qu’est-ce que ca peut bien vous faire ? »

Il avait fait preuve d’une telle indifférence, pourquoi cette fois-ci il s’occuperait de moi ? Je le regardais une dernière fois avant de quitter cette pièce laissant les deux cousins. Je regagnais ma chambre en pleurant. Là, je claquais la porte, et m’asseyais sur mon lit, dévastée.

Iain avait rarement dépassé les bornes à ce point et ne m'avait que peu souvent manqué de respect surtout devant une autre personne. Nos accrochages se passaient quand nous étions seuls, quand il y avait d'autres personnes, il se taisait et prenait sur lui, alors quelle mouche l'avait piquée ? Si je regrettais déjà de m'être emporté au point de lui coller mon poing dans la figure, il était hors de question que je m'excuse. Il l'avait mérité et quelque part, je me demandais si mon rusé cousin n'avait pas réfléchi à quoi dire et quoi faire pour me mettre hors de moi... Et attirer mon attention sur Liusaidh qui semblait totalement aux abois.

Je cessais de regarder mon cousin pour m’intéresser à mon épouse, restée muette pendant que nous nous disputions avec Iain. Elle plongea son regard dans le mien, rassemblant son courage pour me faire le grief du comportement de mes maîtresses, et en particulier d'isobel... Isobel était sulfureuse, plantureuse et une experte dans l'art de faire plaisir à un homme. Mais elle avait aussi un caractère épouvantable et une perfidie qui ne m'avait pas échappé. Sans compter qu'elle pensait pouvoir devenir la numéro 1 et revenir dans mon lit...

La voix de Liusaidh trembla alors que son regard se mit à briller, tandis qu'elle reprenait que cela ne me faisait rien de toutes façons, avant de s'enfuir.

« Liusaidh ! Restez ici ! Revenez, je vous l'ordonne ! »

Mais c'était peine perdue, elle était déjà loin. Je serrais les poings de rage, alors que mes mâchoires se contractaient. J'entendis alors la voix de Iain résonner, calmement :

« Ce n'est pas comme ça que tu la réconforteras. »

« Qu'est-ce que cela peut me faire ? Je n'ai pas l'intention de la consoler, mais de lui rappeler son rang. Si elle ne peut pas régler des conflits de bonne femme, je n'y peux rien ! »

« Connor... »

Il soupira, avant d'oser s'approcher et de poser sa main sur mon épaule. Je lui lançais un regard mauvais, mais il ne recula pas.

« Je crois que tu ne mesures pas ce qu'elle peut bien vivre... Être constamment entourée de femmes qui ont partagé le lit de son mari, qui ont eu le droit aux même traitements qu'elle... Te rends-tu compte que tu n'as pas plus d'égards pour ta femme que pour tes maîtresses ? Tu n'as pas un regard pour elle la journée, pas une attention, pas un mot gentil, rien qui ne fasse d'elle ton épouse et pas ta catin. Et cela laisse le champ libre à toutes les autres qui n'attendent qu'une chose : que tu te lasses de ta jolie poupée pour retourner dans leurs bras. Si tu ne leur montres pas que Liusaidh n'est pas une jolie poupée, mais ton épouse, celle qui portera tes enfants et vieilliras à tes côtés, elle ne pourra rien faire. Tu dois l'aider à asseoir sa position. »

J'ouvris la bouche pour répliquer, avant de m’apercevoir que je n'avais aucun argument à opposer à cela. Et comme toujours, Iain avait raison. Implacablement. Et cela avait le don de m'énerver...

« Il n'y a rien entre Liusaidh et moi. Elle vient juste chercher des conseils et du réconfort auprès de moi, mais il ne tiendrait qu'à toi de prendre ce rôle tu sais... Et elle ne serait que trop heureuse de pouvoir se réfugier dans tes bras. »

« Je ne suis pas sa nourrice. »

« Non tu es son époux et tu lui as juré soutien devant Dieu. Et là, elle a besoin de ce soutien. Tu as juré de la respecter, mais tu ne te comportes pas comme tel. Que tu lui sois infidèle, soit, mais traite là bien le reste du temps. »

« Contrairement, à ce que tu peux penser, je ne lui ai pas été infidèle encore. »

« Non pas encore. »

Iain soupira, se passant encore la main sur la mâchoire qui commençait à violacer.

« Tu n'y es pas allé de main morte. »

« Tu t'es montré particulièrement irrespectueux. »

« Je voulais te faire réagir. »

« Et bien, j'ai réagi. »

« Ouais... Qu'est-ce que tu attends pour aller la voir ? »

« Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Après tout, si je comprends bien, tout est ma faute. »

« Faute avouée est à moitié pardonnée. »

« Je n'ai pas besoin que tu joues au sage Iain. »

« Non, mais tu as besoin qu'on te remette dans le droit chemin de temps en temps. »

« D'accord, tu as gagné. »

Je levais les bras au ciel, avant de me détourner de mon cousin et de me diriger vers la chambre de Liusaidh, sans voir le sourire de Iain dans mon dos. Je me dirigeais d'un pas pressé et je tombais alors sur Isobel qui minauda devant moi.

« Oh Connor, justement je... »

« Je n'ai pas le temps Isobel. Et c'est Seigneur MacDonald. »

« Je ne comprends pas... »

« Vous allez très vite comprendre. Je vous convoquerais quand je le désirerais. »

« Vous savez que je suis toujours prête à être convoquée. »

« Je pense que cette fois, vous n'allez pas aimer. »

La jeune femme resta interdite avant de plisser les yeux, son air innocent devenant soudain mauvais.

« C'est à cause de cette petite dinde ? »

Je me raidis alors qu'une lueur de mauvais aloi passait dans mes yeux. Si les arguments de Iain n'avaient pas commencé à me convaincre, le comportement d'Isobel venait définitivement de me faire changer d'avis.

« Qui est lady MacDonald, et à qui vous devez le respect. »

Elle éclata alors de rire.

« Elle n'a rien de plus que les autres, sinon votre nom et n'est pas fichue de tomber enceinte de vos œuvres ! »

Soudain, je m'emparais de son poignet, le serrant plus fortement que de raison et la faisant grimacer.

« Nous reprendrons cette conversation plus tard. Mais vous pouvez commencer à préparer vos affaires. Vous ne resterez pas longtemps ici. »

« Vous... Me chassez ? »

« Apparemment. »

Je lâchais son poignet et la contournais alors qu'elle vociférait dans mon dos :

« Vous ne pouvez pas me renvoyer ! Je vous le ferais payer Connor ! »

Je n'écoutais pas, montant les escaliers jusqu'à la chambre de Liusaidh ; close. Je pris une inspiration et frappais à la porte, avant d'entrer sans attendre sa permission. J'approchais du lit avant de m'accroupir face à mon épouse éplorée.

« Si vous me racontiez ce qu'Isobel à bien pu vous dire pour vous mettre dans tous vos états ? »

Je marquais une pause, avant de prendre ses mains dans les miennes.

« Quoiqu'elle ai pu dire, elle ne vous causera bientôt plus d'ennuis. Dés demain, elle quittera le château. »

Je n’avais guère l’habitude de fuir les problèmes ou de m’effondrer, mais là c’était trop. En temps normal j’avais ma famille autour de moi, mes frères, ma belle-sœur, ma mère, bien qu’elle ne soit pas réellement comptée comme un soutien en fin de compte. Mais je n’étais pas seule, j’avais l’impression d’être en guerre et d’être seule face à une armée de soldats surarmés. Dans ces moments les miens me manquaient tellement, Hilde aurait su quoi dire, elle m’aurait pris dans ses bras. Ici il n’y avait personne pour me prendre dans ses bras. La seule chose que je partageais dans les bras de Connor c’était le plaisir. Iain était là lui, mais je ne pouvais pas trop lui en demander, les gens commenceraient à parler et nous aurions des ennuis.

Je ne pensais pas que Connor viendrait à frapper son cousin, mais je commençais à comprendre à l’attitude trop calme de Iain, qu’il l’avait fait exprès. Mon époux ne semblait pas comprendre ce qu’il se passait, il vivait ici aussi mais ne voyait rien. Je finis par lui dire que ses trop nombreuses maitresses étaient responsables de mon état, j’étais entre colère et tristesse. De toute façon il se fichait bien de ce qu’il pouvait m’arriver, après tout je n’étais qu’un ventre pour ses héritiers. Je lui lançais alors au visage que de toute façon, qu’est-ce que ca pouvait bien lui faire ?! J’avais bien compris que ce qu’il se passait la journée ne le concernait pas.

Je tournais les talons, pour regagner ma chambre, pour pas qu’il me voit comme ca. Je l’entendis derrière moi, me crier de revenir. Je lui avais juré obéissance, je n’aurais sans doute pas dû. Comme il n’aurait jamais dû me jurer fidélité. Je me refugiais dans ma chambre, mon visage était parsemé de larmes. Je tentais de reprendre ma respiration calmement. Je m’asseyais sur le lit, dos à la porte. Je devais me calmer, mais mes nerfs lâchaient, ils avaient tenus bon jusqu’ici mais c’était fini.

J’entendis alors quelqu’un frapper à la porte, je sursautais et essuyais mes joues mouillées de larmes. La porte s’ouvrit et je reconnus le bruit des pas de Connor. Etait-il venu pour me sermonner ? Surement, il me servirait le discours de je vous l’avait bien dit, ce ne sont que des femmes, vous devez vous débrouiller, vous faire respecter. Dieu sait que j’ai essayé et que j’ai tout fait pour y arriver, mais seule je ne peux pas accomplir des miracles.

Je sentais qu’il approchait, il ne disait rien encore. Il s’accroupit alors face à moi, je ne voulais pas qu’il me voit ainsi. Je n’étais pas faible, je ne voulais pas qu’il croit cela de moi, pitié. Il me regarda et me demanda alors, sur un ton étonnamment doux, ce qu’Isobel avait bien pu me dire pour me mettre dans un tel état. Je sanglotais encore, et je ne voulais pas que ma voix déraille ou que je n’arrive pas à tout lui dire.

« Vous savez j’ai fait énormément d’efforts, vraiment. Depuis mon arrivée ici j’ai tentée d’ignorer leurs critiques, leurs moqueries lorsque je passais près d’elles. J’ai ignorée qu’elles n’exécutaient pas mes ordres avec autant de déférence qu’elles le devraient. »

Jusqu’ici j’avais été capable de tenir, de les laisser faire. Comme on dit la meilleure défense est l’indifférence, mais ce n’était pas aussi simple, vraiment pas. J’entendais tout ce qu’elle disait et ca faisait mal, très mal.

« Et quand certaines commençaient à me traiter comme elles le devraient, cette chère Isobel était toujours là pour semer la discorde. »

Si elle n’avait pas été là, j’étais persuadée que toutes les autres femmes n’auraient pas fait autant d’histoire, mais elles voyaient en cette femme un meneur et en moi un danger, une ennemie.

« Jusqu’ici elle se contentait de parler dans mon dos, ou de faire des farces de mauvais gout… »

Je ne comptais plus le nombre de fois où l’eau de mon bain était arrivée froide, ou mes robes qui avaient été mal nettoyées ou abimées. Je ne m’étonnais qu’elle n’ai rien mis dans ma nourriture.

« Mais aujourd’hui elle a osé me faire face et me parler comme si je n’étais qu’une simple villageoise, comme si c’était elle votre femme. »

Je ne pouvais pas me laisser ridiculiser, je devais lui répondre. Ses paroles avaient été tellement blessantes, elle savait où appuyer pour faire mal. J’aurais été chez moi que je me serais battue avec elle, ici je ne pouvais guère me comporter de la sorte.

« Elle a dit des choses affreuses… Elle a dit que de toute façon vous finiriez par vous lassez de moi, que c’était d’ailleurs étonnant que vous ne l’ayez pas déjà fait… »

Mais ce n’était pas ca qui m’avait fait le plus mal…

« Et puis elle a dit que… je n’étais même pas capable d’engendrer vos héritiers… »

Je baissais la tête, blessée, gênée. Une larme coula sur ma joue. Connor pris alors mes mains dans les siennes, un geste affectueux, ca alors… Il m’annonça alors qu’elle ne me causera bientôt plus d’ennui, elle allait quitter le château. Je levais la tête, surprise qu’il fasse une telle chose ! Elle allait partir, il la chassait d’ici !

« Mais…vous l’avez chassée ? »

Le départ de ce vautour était un bien pour tout le monde, mais surtout pour moi. Mais je m’en voulais de ne pas être capable de me défendre moi-même.

« Merci, mais je ne voulais pas avoir l’air si faible… »

Il devait régler ce problème à ma place, j’avais un peu honte bien que je sois soulagée qu’elle s’en aille. Si elle était restée, je doutais que tout cela finisse bien.

« Je dois vous avouer que j’ai dû me retenir pour ne pas lui sauter dessus et la frapper. »

Je n’avais que des frères et j’avais bien trop souvent été la victime de leurs jeux, j’avais appris à me défendre. J'étais bien surprise qu'il soit si calme, qu'il ne me sermonne pas...

Elle était là, des larmes maculant ses joues. Elle tenta bien de les essuyer à mon approche mais pas assez vite pour que je ne les vois pas. Sans compter son regard rougi. Et quelque part, derrière mon indifférence, derrière ma froideur, j'étais touché de la voir soudainement si fragile, quand elle avait été si pleine de vie et forte durant ces semaines. Iain avait sans doute raison... Et j'avais été égoïste de ne pas voir plus tôt à quel point c'était difficile pour elle. Finalement, c'était même étonnant qu'elle ai tenu le coup si longtemps sans s'effondrer. J'avais eu un aperçu du comportement perfide d'Isobel et si Liusaidh avait supporté cela tout ce temps sans broncher... Mais j'étais loin de me douter jusqu'à quel point les femmes pouvaient se montrer mesquines. Comment l'aurais-je su quand ma propre épouse ne m'en parlait même pas ?

J'approchais du lit, en faisant le tour pour m'accroupir face à elle, me retrouvant légèrement en position d'infériorité et levant le regard vers elle, avant de lui demander ce qu'il s'était passé d'une voix calme, qui contrastait avec mon ton colérique de toute à l'heure. J'avais eu le temps de décolérer, de canaliser ce sentiment sur Isobel. Et je croyais Iain quand il disait qu'il n'y avait rien entre lui et mon épouse. Tout comme je le savais sagace et de bon conseil. Iain était un observateur et un fin psychologue finalement. Plus futé que je ne le pensais.

Liusaidh me dit alors qu'elle avait fait énormément d'efforts, tenté d'ignorer les critiques, les moqueries, le fait que les ordres n'étaient pas exécutés comme il le faudrait. Je n'étais pas au courant de cela... Mais finalement, je n'étais pas au courant de grand chose concernant l'intégration de Liusaidh...

« Je sais que vous avez fait des efforts... »

Ma voix était basse, presque un murmure, alors qu'elle continuait, déversant son sac, très lourd apparemment. Me confiant tout ce qu'il s'était passé depuis notre mariage et qu'elle avait prit sur elle sans venir m'en parler. Apparemment, Isobel était la chef de file des la cabale contre Liusaidh, ce que je ne pouvais, bien sûr, pas tolérer. Toute excellente maîtresse soit-elle, elle était faciement remplaçable, juste un pion pour mon plaisir, elle avait eut tort de se penser indispensable et de penser que je ne défendrais pas mon épouse outragée. Il y avait eu les commérages, les farces... je haussais un sourcil, avant que mon regard ne se voile de colère :

« Des farces ? Quel genre de farces ? »

Mon ton ombrageux ne laissait rien augurer de bon quand à la suite des événements concernant mon ancienne maîtresse et toutes celles qui avaient pu ridiculiser ma femme. Mais aujourd'hui, elle avait dépassé les bornes, oubliant sa place et rabaissant Liusaidh ? Je songeais aux paroles de Iain. Il avait tout compris... Pas moi. Isobel avait dit que je me lasserais de Liusaidh, étonnée que cela ne soit pas déjà arrivé, avant de porter le coup de grâce en disant à Liusaidh qu'elle ne pouvait pas porter des héritiers. Un muscle de ma mâchoire tressaillit sous l'effet de la contrariété.

« Si je ne me suis pas lassé de vous Liusaidh, c'est peut-être pour une raison... »

Parce que nos ébats me plaisaient, m'apportaient plaisir et volupté en plus de remplir mon devoir. Pourquoi aller chercher ailleurs ce que je trouvais auprès d'elle. Peut-être me lasserais-je oui, mais pas tout de suite encore.

« Quant aux héritiers... Nous ne sommes mariés que depuis quelques semaines. Même si nous ne ménageons pas nos efforts, il est rare que l'épouse tombe enceinte la nuit même des noces. Laissons-nous du temps et n'y pensez pas trop. Cela arrivera quand Dieu le décidera. »

Bien entendu, il se pourrait qu'elle soit stérile, incapable de porter des enfants, de quoi détruire une femme et un mariage, surtout arrangé... C'était quand même LA condition qu'elle devait remplir. Mais je ne m'inquiétais pas trop à ce sujet. Je m'emparais de ses mains, lui annonçant alors qu'Isobel ne serait bientôt plus un problème pour elle et Liusaidh releva la tête, surprise.

« En effet. Elle est en disgrâce. Et rien ne saurait lui rapporter mes faveurs. »

Elle me remercia alors, même si elle ne voulait pas paraître faible. Je soupirais alors, avant d'essuyer sa joue et de l'embrasser, en goûtant le sel.

« En vérité Liusaidh, vous avez été forte. Forte de supporter tout cela et de le garder pour vous... Certes, c'est à vous de vous faire respecter mais... Je ne vous ai pas vraiment aidé à ce que l'on vous considère comme mon épouse et non comme une maîtresse... Iain est énervant, il a tendance à souvent analyser très justement une situation. Et je déteste avoir tort, ce qui arrive souvent avec lui. »

Je souris pourtant quand elle m'avoua s'être retenue de la frapper... De régler ça à la manière des hommes.

« Peut-être n'auriez-vous pas du vous retenir. »

Mon sourire disparut.

« Non, vous avez bien fait, vous êtes une Lady, ne vous abaissez pas à son niveau. Isobel a pensé qu'elle avait des prérogatives que je ne lui ai jamais donné. Elle n'est pas ma favorite et je ne l'ai pas touchée depuis avant notre mariage, je suppose que c'est sa façon de se venger. Mais qu'importe, elle vous a manqué de respect, a récidivé en ma présence, elle n’es plus la bienvenue et servira d'avertissement à toutes les autres. J'ai juré de vous soutenir et de vous respecter... Apparemment, je n'ai pas tenu mes promesses, n'est-ce pas ? »

La plupart des hommes voyaient les larmes comme un moyen de pression, ou pour les amadouer. Mais si j’avais pu empêcher mes larmes de couler aujourd’hui je l’aurais fait. Je ne voulais pas que Connor me voit dans cet état, j’avais l’air si faible, si fragile. Mais il arrive un moment où je ne pouvais plus tout garder pour moi. Jusqu’ici j’avais tenté de faire bonne figure et de faire comme si tout allait bien. Et visiblement je m’en étais plutôt bin sorti, Connor n’avait rien vu, il ne s’était douté de rien. Après tout il faut dire que nous n’échangions pas beaucoup, les seuls moments où je le voyais c’était la nuit et à ce moment-là nous étions bien trop occupés pour discuter.

Je sentais que la colère de Connor s’était évaporée, du moins sa colère envers moi. Il avait eu l’air si furieux lorsqu’il nous avait vu avec Iain, mais là il était doux, gentil. Accroupi en face de moi, il me demandait ce qu’il s’était passé pour que je sois dans cet état. Maintenant il était trop tard, je devais tout lui dire. Surtout que je me doutais que son cousin avait du le mettre sur la piste, sans néanmoins tout lui dire. Il fallait que nous apprenions à communiquer, sinon nous ne nous en sortirions pas. Je lui expliquais alors que j’avais fait énormément d’efforts, beaucoup avant moi aurait déjà abandonnés. J’avais tout fait pour ignorer leurs critiques, leurs moqueries, mais il y a un moment où c’est trop. Connor répliqua alors qu’il savait que j’avais fait des efforts.

Mais je décidais de tout lui raconter, il devait se rendre compte de ce qu’il se passait vraiment, après tout il était en partie responsable. J’avais également besoin de parler à quelqu’un, et il était là, mon mari. Je ne savais pas réellement si ca l’intéressait, mais il devait savoir. Je ne pouvais plus supporter tout ca. Il devait m’aider et remettre toutes ces femmes à leurs places, elles n’étaient rien. Isobel à leurs têtes, la guerre ne cessait pas. Cette dernière redoublait d’efforts pour me faire vivre un enfer. Elle pensait avoir l’immunité, comme si c’était elle l’épouse de Connor ! Mais après les moqueries, était venu les farces et ca je n’en pouvais plus. Je n’aurais peut-être pas du le dire à Connor, je vis bien que cete révélation le mit en colère, je le voyais dans ses yeux.

« Oh toute genre de choses, de l’eau froide pour le bain, des robes mal réparées… »

Ca c’était les moins importantes, mais plus les jours passaient et plus cela empirait. Je baissais la tête avant d’avouer à Connor les pires…

« Une fois j’étais au village et Isobel m’a indiqué une mauvaise direction, je me suis perdue alors que la nuit tombait. Et une autre fois elle m’a fait préparer un cheval, visiblement c’est un miracle que je ne me soit pas brisé le cou… »

Ca je ne l’avais su que bien après. Ce cheval était bien trop fougueux et Isobel s’était fait un plaisir de me voir dessus ! Mais j’avais l’impression d’être une enfant qui rapportait ses chamailleries à ses parents. Mais Connor devait savoir, ce que ses maitresses me faisait vivre, il n’en n’avait aucune idée ! Les choses devaient changer !

Mais ses paroles avaient été tellement mauvaises, elle savait quoi dire pour faire mal. Oui mon mari ne s’était pas lassé de moi, pas encore. Nous n’étions mariés que depuis quelques semaines, mais selon elle c’était bien étonnant. Elle devait être jalouse, je ne préférais pas imaginer à quoi ressemblait le train de vie de Connor avant notre mariage…Il me dit alors que s’il ne s’était pas lassé de moi c’était pour une raison. Comment pourrais-je le savoir, il ne me parlait pas. La journée il m’ignorait totalement.

« Vraiment ? Quelle raison ? »

Nous devions à tout prix communiquer, nous ne parlions guère. Les héritiers étaient un autre point abordés par cette catin. Je savais que c’était ce que Connor attendait et c’était mon devoir de lui donner des fils, mais malgré tout notre mariage était encore très récent ! Je ne voulais pas commencer à m’angoisser avec cela… Connor me rassura à ce sujet, nous étions mariés depuis seulement quelques semaines ! Même si nous ne ménagions pas nos efforts, il ne fallait pas s’inquiéter. Il avait raison, je devais laisser le temps faire son œuvre, tout irait bien.

« Oui ca arrivera… »

Avec le temps et si nous continuions à tant nous investir, nous aurions forcément des enfants. J’espérais seulement que nous aurions des fils, au moins au début. J’aurais une réelle pression sur les épaules si je venais à mettre au monde d’abord des filles. Je voyais Moïra, la sœur de Connor, en treize ans, elle n’avait eu qu’une fille, donc aucun héritier pour Aodhan, je ne pourrais pas le supporter.

Mais en attendant je n’aurais plus à subir les critiques et les moqueries, de la part d’Isobel. Connor allait la chasser du château. J’étais rassurée, qu’il la fasse partir. J’espérais juste que sans elle, les autres se calmeraient et que la vie prendrait enfin un cours normal. Elle était en disgrâce, et ne reviendrait pas.

« Merci de l’avoir chassée, mais je suis désolé pour vous, vous perdez une de vos maitresse. »

Après tout si cette horrible femme se faisait autant remarquer c’est qu’elle savait qu’elle avait de la valeur, du moins qu’elle avait de quoi retenir Connor. Il essuya alors les larmes sur mes joues et posa ses lèvres dessus. Ses lèvres sur ma peau, me faisait frissonner. Mais je ne voulais pas qu’il pense que j’étais faible. Mais il ne semblait pas me voir comme ca. Qu’il me dise qu’en vérité j’étais forte, me faisait du bien, me redonnait du baume au cœur. Mais il avait raison il ne m’avait guère aidé pour m’affirmer parmi les siens. C’est vrai qu’il n’avait rien fait pour qu’on me considère comme son épouse et non comme sa maitresse. Oui Iain était plus fin psychologue que lui.

« Votre cousin a un don pour lire entre les lignes. Je crois qu’il vous ouvre souvent les yeux. »

Iain savait quand ca n’allait pas et il savait souvent avant que l’on lui dise ce qu’il n’allait pas. Il savait observer et il faisait attention à ceuix qui l’entoure, au contraire de Connor. Connor ne voyait que la surface, sans chercher à regarder en dessous si ca ne l’intéressait pas.

Si nous avions été chez moi, parmi les miens, je ne me serais pas gênée pour la remettre en place. Mais j’étais une Lady, et ca aurait surement fait mauvais effet que l’épouse du futur Laird frappe l’une de ses maitresses. Mais j’avais dû faire preuve de beaucoup de retenue pour ne pas lui donner une bonne leçon. Connor esquissa un sourire. Oui peut-être n’aurais-je pas dû me retenir.

« Si vous me donnez la permission je m’en donnerais à cœur joie ! »

Cette horrible femme ne méritait pas mieux ! Mais il continua en disant que je ne devais pas m’abaisser à son niveau, j’en avais conscience. Je ne lui donnerais pas ce plaisir. Cette femme pensait avoir des droits sur mon époux, mais elle n’était pas sa favorite, il ne lui avait jamais rien promis. Mais aujourd’hui elle avait dépassé les bornes et m’avait manqué de respect, elle avait signé son arrêt de mort. Il avait juré de me soutenir et de me respecter et non il n’avait guère tenu ses promesses. J’esquissais un sourire.

« On ne peut pas dire que vous ayez tenu vos promesses, du moins le jour. »

Ignorer son épouse la journée n’avait rien de très sympathique, j’avais l’impression d’être si seule.

« Je suis désolé de vous causer des ennuis pour si peu. Vous m’aviez prévenu, que notre mariage ne serait qu’une alliance et que je ne devais pas me faire d’illusions, mais malgré tout j’ai besoin de vous. Et vous avez été si distant, j’ai été si seule, je ne veux pas que ca continue. »

Connor ne m’avait rien promis mais j’en voulais plus !

Non je ne savais rien des petites manigances d'Isobel, de sa cabale contre mon épouse, menant les autres femmes contre elle pour lui faire vivre un enfer par plusieurs petites farces qui étaient tout sauf drôles. Et Liusaidh avait supporté tout cela sans broncher... Sans m'en toucher un mot, sans même le montrer et me laisser deviner que vivre ici, entourée de ces femmes était un vrai calvaire. Iain avait raison, j'avais été aveugle, je n'avais pas voulu voir, je n'avais tout simplement pas fait attention à mon épouse, ni aidé à son intégration, malgré mes promesses... Promesses faites dans le vent.

C'est ainsi que j'appris de quelle nature étaient ces petites farces... De l'eau froide dans le bain, des robes mal réparées... Des détails, mais qui, mis bout à bout, avaient de quoi user les nerfs. Elle baissa alors la tête, pour un nouvel aveu, cette fois, beaucoup plus grave. Deux en réalité... Isobel avait sciemment indiqué une mauvaise route à Liusaidh, la faisant se perdre, et une autre fois, elle avait fait préparé un cheval qui aurait pu tuer Liusaidh. Ce n'étaient plus des farces, c'étaient des tentatives de meurtre et Isobel allait devoir en répondre devant moi. Si je n'avais déjà décidé de la chasser, cela aurait terminé de me convaincre. Et encore, elle allait devoir me rendre des comptes...

« Il est regrettable que vous ne m'ayez pas parlé de ces incidents plus tôt. J'y aurais mis un terme rapidement. Ce ne sont plus là des enfantillages de femme jalouse, mais des manigances d'une toute autre nature et autrement plus graves. »

Ma voix était presque dure alors que j'apprenais tout cela. Mettant en faute Liusaidh pour sa défiance à mon égard. Et pourtant, si on voulait être tout à fait objectif, il fallait admettre que je lui avais fait comprendre qu'elle devait se débrouiller seule pour se faire respecter et que je n'étais pas là pour la couver. Sans doute ne lui avais-je laissé aucun espoir de trouver du réconfort et du soutien auprès de moi. Je soupirais, me passant une main sur le visage.

« Sans doute me suis-je montré trop distant pour vous donner la confiance nécessaire pour venir me parler. »

Il y avait une sorte d'excuse dans mes paroles, sans que je ne le formule clairement. J'avais énormément de mal à m'excuser. Liusaidh allait vite le découvrir. J'appris aussi qu'Isobel avait mis en cause les charmes de ma femme et ses capacités à me garder dans notre lit conjugal, ainsi que sa capacité à engendrer des héritiers. Je la rassurais sur les deux points. D'abord, sur le fait que je ne l'étais pas lassé de ses charmes et en toute ingénue qu'elle était, elle me demanda quelles raisons.

« Est-il besoin que je vous le dise ? »

Un sourire recourba mes lèvres, alors que je lui lançais un regard lourd de sous entendus :

« Vous avez ce qu'il faut pour combler un homme Liusaidh, ce qu'Isobel et les autres ne semblent pas avoir compris encore. Vous êtes belles, vous êtes jeune, vous êtes fougueuse et vous devenez entreprenante... Des qualités qui me plaisent. »

Je ne pouvais rien dire de plus... Je trouvais du plaisir dans les bras de mon épouse et chaque nuit était une découverte finalement, si bien que je n'étais, effectivement, pas encore lassé. Et puis, j'avais un devoir à remplir... Allier devoir et plaisir, que demander de plus ? Et Liusaidh ne m'avait encore pas repoussé, trouvant son compte dans ces étreintes nocturnes, docilement, ou bien impatiemment... Pour le moment. Et pour les enfants... Il fallait nous laisser un peu de temps, nous n'étions pas mariés depuis bien longtemps. On ne pouvait pas exiger de mon épouse qu'elle soit enceinte dés la nuit de noce. Il serait temps de s'inquiéter si dans un an, on ne voyait rien venir, mais pour le moment, je n'avais nulle angoisse à ce sujet et mieux valait que mon épouse n'en ai aucune non plus.

Je lui avouais alors avoir chassé Isobel. Elle était allée trop loin et s'était montrée bien trop présomptueuse. Je n'aimais pas qu'on l'on outrepasse ses droits. Et cette femme s'était prise pour ce qu'elle n'était pas. Elle demeurait un amusement passager, quand Liusaidh était mon épouse pour la vie et devant Dieu. Liusaidh me remercia alors de l'avoir chassée, avant de s'avouer désolée de me voir perdre une maîtresse. Je lui lançais un regard surpris. J'aurais pensé qu'aborder ce sujet ne lui était pas agréable... Après tout, ma femme ne devait pas apprécier de m'imaginer dans les bras d'une autre.

« Je préfère perdre une maîtresse que ma femme. »

Facilement remplaçable, facilement oubliée. J'essuyais les larmes sur ses joues, avant de les embrasser. Je n'étais pas doué pour réconforter les gens, je n'endossais pas souvent ce rôle à dire vrai... Je laissais les gens se débrouiller. Je n'avais jamais consolé mes sœurs par exemple. Mais les situations étaient différentes et les paroles de Iain avaient sans doute influencé ma façon de penser, même si je ne regrettais pas de lui avoir collé mon poing dans la figure et que je ne m'en excuserais pas. D'ailleurs, Liusaidh me fit remarquer que Iain devait souvent m'ouvrir les yeux.

« Il est presque contrariant que vous l'ayez remarqué. »

Iain était altruiste, quand j'étais égoïste. Il observait, comprenait les gens, quand j'étais du genre à réagir à chaud.

« Si je devais définir notre relation, outre le fait qu'elle soit fraternelle, je dirais qu'il est une sorte de conscience... Nos tempéraments sont tellement différents... Et pourtant complémentaires. »

Elle avoua alors qu'elle aurait adoré régler le cas d'Isobel de façon musclée. Cela aurait été distrayant, mais peu convenable pour une lady de se battre comme une chiffonnière.

« Parce que vous avez besoin de ma permission ? Voilà qui m'étonne. »

Je ne plaisantais qu'à moitié, parce que Liusaidh était une femme libre et qui n'était pas vraiment soumise entièrement à mon bon plaisir. J'avouais alors que je n'avais pas vraiment tenu mes promesses faites lors de notre mariage et elle confirma, pour la journée, où je l'avais ignoré, la croisant simplement, sans avoir une seule attention pour elle... Elle reprit en se disant désolée de me causer des ennuis pour ces enfantillages... Malgré mes mises en garde, elle attendait davantage de moi que ce que je lui offrais... La solitude était terrible pour elle...

« J'avoue qu'il m'est difficile de changer mes habitudes... De mauvaises habitudes. Finalement, j'ai été marié sur le tard et ai eu le temps de prendre des travers de célibataire endurci... »

31 ans... Beaucoup étaient mariés depuis plus de 10 ans arrivé à cet âge et avaient une ribambelle d'enfants.

« Je ferais des efforts. Mais n'ayez pas peur de me parler Liusaidh... Même si je suis sans doute moins compatissant et doué que Iain dans ce domaine.»

La nuit, lors de nos étreintes... Nous passions plusieurs heures ensemble... A faire l'amour, mais je n'étais pas taiseux pour autant. Je ne pus m'empêcher pourtant de lancer une allusion au temps qu'elle passait avec mon cousin.

Je n’aurais jamais cru qu’une femme jalouse puisse aller aussi loin ! Ce genre de mesquineries était pour les enfants, les adolescents, mais j’étais persuadée que Isobel était bien plus vieille que moi. Je ne sais pas si son acharnement ne vient que de moi, ou si elle aurait agi avec n’importe quelle femme qui aurait été l’épouse de Connor. Elle devait néanmoins se douter qu’il finirait par prendre épouse, il était le fils héritier, il allait être laird, il devait avoir une femme qui lui donnerait des héritiers. Peut-être croyait-elle qu’il finirait par la choisir, mais les contes de fées n’existent pas. Connor était né d’une bonne famille, il ne pouvait épouser une souillon comme cette femme.

J’avais du affronter cette horrible femme seule. Connor avait été très clair, je devais me faire ma place, je devais me faire respecter, sans son aide. Et c’est ce que j’avais tenté de faire, après tout il était tellement distant la journée que je ne le voyais pas, je ne lui parlais pas et il ne cherchait pas à me parler ou à savoir comment j’allais. Il semblait tellement désintéressé que je voulais pas le déranger pour si peu, même quand les farces devenaient plutôt des accidents, ca aurait pu mal se finir, j’avais eu de la chance… J’aurais surement du lui dire, il avait raison ce n’était plus des enfantillages à ce stade là, mais je craignais qu’il me rit au nez et qu’il ne me croit tout simplement pas !

« J’aurais sans doute dû, mais je craignais que vous ne me croyez pas, que vous pensiez que j’inventais tout cela… »

Après tout il n’avait jamais cherché à savoir comment se passait ma vie parmi les siens, comment aurait-il pu savoir que je me faisais importuner par ses maitresses, avec Isobel à leurs têtes ? Il n’avait jamais rien dit qui puisse m’inciter à venir le voir, me confier à lui. Notre relation était physique... Oui il avait été bien trop distant pour que je puisse venir le trouver en toute confiance, en sachant que mon époux serait là pour m’épauler et régler le problème.

« Distant est un faible mot… »

Mais je savais, je sentais, qu’à sa façon il s’excusait. Je commençais à comprendre comment il fonctionnait et Connor n’était pas le genre de personne à se confondre en excuse, il ne regrettait rien et s’intéressait si peu à ceux qui l’entourait qu’il ne ressentait jamais le besoin de s’excuser pour son comportement ou parfois ses mots. Mais il devait voir que dans cette histoire, il n’était pas totalement innocent.

Cette trainée était sans doute jalouse que depuis notre mariage, Connor n’ai plus besoin de ses services. Bien sur notre union ne datait que de quelques semaines, mais il ne s’était pas lassé de moi. Peut-être attendait-il d’avoir la certitude qu’un héritier était en route, ou peut-être c’était pour une autre raison. De mon côté je ne pouvais qu’aimer les nuits que l’on passait ensemble, j’espérais juste que pour lui ce n’était pas qu’un simple devoir à remplir. Mais je me doutais un peu qu’il prenait lui aussi du plaisir, son sourire et ses yeux me le firent vite comprendre. Il avoua alors que j’avais ce qu’il fallait pour combler un homme. J’étais jeune, jolie, fougueuse et je devenais entreprenante. Et ca ce n’était que grâce à lui, dans ses bras je m’éveillais. Je baissais les yeux momentanément gênée qu’il dise ce genre de choses.

« Il faut dire que j’ai un très bon professeur. »

Comme il me l’avait dit une fois, le plaisir dépend de la qualité de l’amant et lui il était très très doué. Je comprenais un peu pourquoi toutes ces femmes s’accrochaient à lui.

Finalement le devoir conjugal n’était plus tellement un devoir. Quand je pensais à tout ce que ma mère m’avait dit avant mes noces, ca me donnait envie de rire. J’avais de la peine pour elle, si elle n’avait jamais connue une seule nuit de plaisir comme celle que je passais dans les bras de Connor ! Parfois dans le château, j’entendais les femmes en parler, Connor avait raison une fois de plus, tous les couples ne prenaient pas du plaisir. Nous avions de la chance. Et nous aurons des enfants, j’en étais persuadée, mais le temps devrait passer encore un peu. Nous étions mariés depuis peu, et même si nos nuits étaient pauvres en sommeil, pour le moment aucun enfant n’était en vue. Mais Connor ne semblait pas s’en inquiéter et j’étais soulagée de ne pas avoir un époux qui me mettait la pression pour cela !

Mais j’étais au moins débarrassée d’un problème, Isobel allait quitter le château, Connor l’avait chassé. J’étais tellement soulagée qu’elle ne soit plus ici, qu’elle ne fasse plus partie de nos vies. Je soupirais d’aise. Malgré le fait qu’il restait encore un grand nombre de maitresse, si Isobel partait, les autres se tiendraient tranquilles, aucune d’elles n’auraient l’audace de se rebeller contre moi, surtout en voyant que Connor avait renvoyé Isobel si facilement. Mais il perdait une maitresse, j’en étais désolé pour lui. Il sembla surpris, c’est vrai qu’en tant qu’épouse je devrais être heureuse de savoir qu’il y en aurait une en moins, mais j’étais tout de même désolé pour lui, tout en étant ravie pour moi. Il ajouta alors qu’il préférait perdre une maitresse plutôt que sa femme.

« Merci. »

Je souriais et posais un tendre baiser sur ses mains qui étaient encore entre les miennes. C’était important pour moi qu’il dise une telle chose, au fond j’avais plus d’importance à ses yeux qu’une de ses fidèles maitresses.

« Vous l’avez déjà informé de son départ… ? »

Je me demandais ce qu’il lui avait dit si c’était le cas, et si non ce qu’il lui dirait maintenant qu’il savait tout. Les murs du château allait l’entendre hurler, cette femme avait un horrible caractère et elle ne se laisserait pas chasser sans alerter tout le château.

Je voyais bien qu’il essayait d’être gentil et doux, de me réconforter, mais je vis tout autant qu’il n’était guère habitué à cet exercice. Connor ne se souciait pas des gens, il ne devait donc jamais tenter de leur apporter du réconfort. C’est certain que son cousin Iain avait lui un don pour cela, il voyait les gens et surtout lisait en eux comme dans un livre ouvert. C’était aisé pour lui. Ce n’était pas difficile à remarquer ! Comme me le confessait Connor, Iain était un peu sa conscience.

« Oui très différent, mais il tient beaucoup à vous et à votre bonheur. »

Iain avait à cœur que notre vie de couple soit heureuse et accomplie, et il comptait bien pour cela secouer son cousin si le besoin s’en faisait ressentir.
IL est vrai que me battre avec Isobel aurait été une distraction, surtout pour moi, mes nerfs auraient été si soulagée ! Mais je devais être à la hauteur de mon rôle, je ne voulais pas ridiculiser mon époux et sa famille.

« Pour cette fois-ci, je vous la demande, je ne voudrais pas que vous ayez honte de moi. »

Bien sur s’il me donnait la permission, ca serait pour moi un énorme plaisir. Connor sembla amusé que je lui demande la permission, il est vrai que pour certaine choses je ne m’importunerais pas de lui demander. Je souriais.

« Mais ne vous y habituez pas. »

J’avais beau lui avoir jure obéissance, il savait aussi bien que moi que ce n’était pas dans ma nature, j’en étais bien incapable. Mais lui non plus n’avait guère respecté ses vœux. Il ne me respecter pas énormément, m’ignorant totalement. Et j’attends encore son soutien. Je lui avouais que je ne pouvais pas continuer de la sorte, j’avais besoin qu’il soit là pour moi. Même s’il ne m’avait rien promis, j’avais besoin de plus. Mais c’est vrai qu’il était un célibataire endurci, il avait plus de trente ans.

« Vous avez eu de la chance d’échapper au mariage pendant longtemps. »

Je savais bien qu’à ses yeux j’étais des chaines, mais lui comme moi n’avions choisi cette vie, ce mariage. Mais nous savions que nous aurions pu tomber sur pire ! Mais il promit ensuite de faire des efforts, et que je ne devais plus hésiter à venir lui parler. Bien qu’il soit moins doué pour cela que son cousin. Encore son cousin, je devais le rassurer à propos de ca.

« Il faut dire que jusqu’ici j’ai passé plus de temps avec votre cousin, vous étiez toujours absent. Mais n’ayez crainte Iain est comme un frère pour moi. »

Je serrais un peu plus ses mains entre les miennes et posais tendrement mes lèvres humides sur les siennes.

« Vous êtes le seul à qui je me suis vouée corps et âme. Désormais c’est dans votre bras que je viendrais. »

J’espérais juste qu’il m’accorde du temps…

« Non, je n'aurais pas mis votre parole en doute... »

Peut-être aurais-je pensé qu'elle exagérait, oui, c'était possible, mais de là à songer qu'elle inventait cela pour retenir mon attention... Si Isobel avait été plus intelligente, elle aurait joué plus finement et aurait fait en sorte de décrédibiliser mon épouse à mes yeux en se la jouant douce et innocente, mais notre petite altercation au détour du couloir, alors que son masque était tombé pour laisser voir sa hargne et sa jalousie l'avait définitivement mise hors jeu. Mais sa réflexion m'amena à me demander comment elle pouvait bien me considérer.. Quelle image je lui envoyais. Celle d'un tyran ? D'un homme sans cœur ? Amusant de se poser la question, je savais parfaitement quelle image je renvoyais, pourquoi cela en aurait-il été autrement avec mon épouse ? Même ma sœur me voyait ainsi. Je devais admettre que je m'étais montré quelque peu distant avec elle, et Liusaidh me reprit en me faisant remarquer que distant était un bien faible mot. Je sentais sa rancœur, ou du moins sa déception que nos premières semaines de jeunes mariés ne se déroulent pas exactement comme elle l'espérait. Pourtant, je ne lui avais pas menti, je ne lui avais pas fait miroiter une autre façon de vivre...

Cependant, je revenais dans son lit chaque nuit, ou presque, prenant plaisir à ces retrouvailles nocturnes, étant plus doués pour être son mari dans l'intimité d'une chambre à coucher qu'à la lumière du jour et devant les autres. Iain avait raison, je ne me comportais pas différemment avec elle qu'avec toutes les autres femmes que j'avais pu connaître... Je les honorais la nuit venue et les ignorait la journée. Pour ne rien leur laisser espérer, parce que je n'étais pas attaché à elles et qu'elles n'étaient là que pour mon bon plaisir.

Or, Liusaidh n'était pas là que pour cela.

J'avouais que je n'avais eu aucune lassitude jusqu'à maintenant, car mon épouse avait de quoi me retenir et me procurer le plaisir que j'aurais cherché ailleurs si elle n'avait pas été à la hauteur. Et si elle posait naïvement la question de ses qualités, je lui répondis sans aucune honte. Sa façon de baisser les yeux et de rosir quand elle était gênée était charmante, tandis qu'elle répondait qu'elle avait un très bon professeur.

« Si l'élève n'est pas réceptive, le meilleur professeur du monde ne peut rien faire, le savez-vous ? »

Je n'étais pas le seul agent de cette complicité sexuelle. Elle avait sa part de responsabilité. Liusaidh semblait aimer nos ébats, aimer me toucher, me découvrir et jouir de son pouvoir sur moi quand elle savait toucher les bonnes zones. Ses caresses maladroites du début étaient devenues plus précises, elle était plus attentive à mon propre plaisir... Et elle était plutôt audacieuse.

Je lui annonçais alors qu'Isobel ne serait plus un problème, puisqu'elle serait renvoyée. Elle m'en remercia, s'inquiétant pourtant de me voir perdre une maîtresse. Mieux valait une maîtresse que mon épouse, et cela la toucha, naturellement. Ce n'était même pas une façon de me montrer gentil ou charmant, mais la réalité. Et puis... Je devais l'admettre, j'appréciais Liusaidh. Je n'étais pas si indifférent que je pouvais le montrer. Elle m'embrassa alors les mains, sincèrement reconnaissante, avant de me demander si elle était déjà informée de son départ.

« Oh oui. Et elle n'a pas apprécié. Je pense qu'elle est en train de me maudire sur plusieurs générations. Mais non seulement elle vous a manqué de respect et a mis votre vie en danger, mais du surcroît, n'a pas su tenir sa place face à moi. Et encore, je n'étais pas au courant du dixième de ses méfaits. Je la reverrais avant de la renvoyer chez elle, pour mettre les choses au point une bonne fois pour toutes. »

Une lueur sombre animait mon regard. Ce n'était plus Connor qui parlait, mais l'héritier MacDonald, le futur Laird et dans quelques heures, il appliquerait sa loi et sa justice ; même si ce n'était qu'envers une femme trop jalouse.

Nous parlâmes de Iain, Iain le sage, qui avait accepté un coup de poing, simplement pour que je m'intéresse à mon épouse et me montre moins sur avec elle. Il y avait de quoi être jaloux de lui, comme il y avait de quoi craindre qu'elle ne s'en éprenne alors qu'il correspondait tellement plus à ce qu'elle attendait d'un mari... Il était ce que je n'étais pas. Mais nous nous complétions. Liusaidh fit remarquer qu'il avait à cœur mon bonheur et je soupirais.

« Je sais. Iain est loyal. »

Et il était même plus que cela, il était un frère... Liusaidh me fit part de son envie d'en venir aux mains avec Isobel, ce qui m'amusa, même si elle n'en valait pas la peine. Elle demanda alors la permission et je ne pus m'empêcher que cela n'était guère dans ses habitudes.

« J'espère ne jamais avoir honte de vous... Ni que vous ayez honte de moi. »

Que les choses soient équitables, qu'elle soit fière d'être Lady MacDonald. Et plus Liusaidh Dingwall, malgré son nom de famille prestigieux, bien que terni par les agissements de son frère. Elle me reprit cependant en me disant que je n'avais pas trop intérêt à m'y habituer.

« Ah, je me disais aussi... »

Nous avions tous les deux des concessions à faire... Et nous éprouvions des difficultés à le faire. J'avais vécu ma vie comme je l'entendais pendant 31 ans. J'avais échappé au mariage tout ce temps... Elle me fit remarquer que j'avais eu de la chance et je hochais la tête.

« Vous aussi. »

Ma sœur s'était mariée très jeune. Beaucoup de femmes se mariaient avant leurs 20 ans. Liusaidh en avait déjà 24... Et pourtant, elle avait du avoir une foule de prétendants.

« Étonnant d'ailleurs, vous avez du attirer beaucoup de prétendants et sans doute certains qui pouvaient apporter beaucoup à votre famille. »

Et au lieu de cela, elle se retrouvais prisonnière sur l'île de Skye, certes magnifiques, mais aux habitants un peu rudes et avec un époux peu conciliant... mais une confident charmant en la personne de Iain, ce que je fis remarquer, non sans un brin de jalousie, tandis qu'elle me rassurait en disant qu'il était comme un frère pour elle. Mieux valait que cela demeure ainsi, mais je préférais éviter les commérages alors qu'on les verrait proches et trop souvent. Elle m'embrassa alors, avant de me redire qu'elle m'était fidèle et qu'elle se confierait davantage à moi.

« Très bien. »

Je lâchais ses mains, avant de glisser mes mains dans ses cheveux et de baiser ses lèvres, l'envie d'elle s'éveillant doucement, simplement par la magie d'un baiser.

« Il semble que nous ayons réglé un différent... »

Me plaindre et rapporter mes problèmes à quelqu'un d'autre ne faisait pas parti de mes habitudes. J'avais pour habitude de me débrouiller seule, de trouver des solutions pour régler mes problèmes. Ma mère n'avait guère plus le rôle de châtelaine, sa santé s'était dégradé et elle restait cloîtrée dans ses appartements. J'avais donc du le faire à sa place, et par la suite j'avais aidé Hilde pour qu'elle fasse ses marques et pour qu'elle se repose maintenant qu'elle était enceinte. Et aujourd'hui c'était vraiment mon tour. Je n'aurais jamais pensé avoir à me plaindre des maîtresses de mon époux, je n'aurais jamais pensé que l'homme que j'épouserais en aurait...

Je n'avais pas voulu ennuyer Connor avec cela, ce n'était que des histoires de bonne femmes, il attendait plus de moi. C'était une bataille entre cette femme et moi, depuis le début elle pensait la gagner, elle a eu tort. J'aurais du lui parler bien avant, mais je n'étais pas certaine qu'il entende ce que j'avais à dire, il ne devait pas voir ses amantes sous ce jour-là. Mais maintenant je savais que je pouvais, que je devais lui en parler. C'est vrai qu'il aurait pu m'arriver quelque chose...

La nuit nous n'avions pas ce genre de problèmes, jamais. Nous étions un vrai couple, et dès que le soleil se levait, tout ce que nous avions sous les étoiles s’éteignait. Jusqu'ici il me traitait comme si j'étais l'une de ses maîtresses, m'honorant la nuit et m'ignorant le jour. Je ne lui demandais pas de m'aimer, je voulais juste un peu de respect et de considération. J'étais son épouse, j'allais porter ses enfants et passer ma vie avec lui, il ne pouvait pas me traiter ainsi.

Les nuits semblaient être des moments hors du temps, presque irréel à la lueur du jour. Nous nous accordions parfaitement, enfin je crois, je n'avais aucun moyen de comparaison. J'avais l'impression d'être sa femme une fois dans ses bras. Et visiblement lui aussi prenait du plaisir à nos nuits, il n'était pas allé voir ailleurs depuis notre mariage, il devait trouver assez dans notre couche. Connor m'avait éveillé à la sensualité, il m'avait tout appris et il semblait content de moi. Nous étions bien loin de notre première nuit ensemble. L'angoisse avait été balayée par l'impatience et le désir. J'avais eu de la chance, d'un côté qu'il ai tellement d'expérience. Mais il m'avoua alors que ce n'était pas qu'à cause de lui, le meilleur des amant ne pourrait rien face à une élève froide. Je n'étais pas une élève froide, loin de là.

« J'apprends vite je vous l'avait dit. Je suis ravie que cela vous plaise. »

Au fur et à mesure des nuits j'avais appris comme lui donner à lui aussi du plaisir, j'avais découvert où le caresser, où poser mes lèvres, quels endroits de son corps magnifique étaient sensibles. Je n'étais plus innocente, ou du moins plus beaucoup. Entre mes draps j'avais un réel pouvoir sur lui, un seul baiser pouvait le faire capituler.

Mais je voyais déjà tous mes problèmes s'envoler lorsqu'il m'annonça qu'Isobel allait quitter le château. Nous allions enfin être débarrassé de cette horrible femme ! Même si elle était une maîtresse agréable, ca n'enlevait rien au fait que c'était une femme avec un caractère insupportable ! C'était quelqu'un de jaloux, prétentieux et ambitieux, elle était prête à tout et même au pire ! J'étais vraiment soulagée qu'elle s'en aille et j'en remerciais Connor, ma vie serait bien plus aisé sans elle ! Mais j'imaginais d'ici la scène qu'elle ferait au moment de partir, tout le monde le saurait, elle fera tout pour se faire remarquer, jusqu'au dernier moment. Je demandais donc à Connor s'il avait pu lui en parler déjà... Visiblement il l'avait fait et elle n'avait pas vraiment appréciée, je n'étais pas surprise !

« Je vous souhaite bien du courage pour la renvoyer, elle ne fera rien pour que cela se fasse discrètement. »

Je me doutais que lui ne ferais pas dans la dentelle, femme ou non, il serait aussi dur avec elle, voir plus maintenant qu'il savait ce qu'elle avait fait. Elle ne remettrait jamais les pieds ici et c'était tant mieux !

Encore une fois la discussion dévia sur son cher cousin Iain, c'était vraiment un homme formidable. Il avait vraiment un don pour comprendre les autres, contrairement à Connor. Il lui ouvrait les yeux bien souvent, trop souvent pour ce dernier. Mais Iain voulait que son cousin soit heureux, quitte à le bousculer. Oui il lui était vraiment loyal.

Si je n'avais pas été une Lady, je me serais jeter sur cette traînée pour lui régler son compte mais j'avais un rang à tenir. Mais si Connor n'y voyait rien à redire je l'aurais fait avec un plaisir immense ! Mais je voulais pas lui faire honte, je devais avoir une image de bonne épouse. Mais il ne devait pas s'habituer à ce que je sois si docile, il semblait le savoir, tant mieux.

Nous devions l'un comme l'autre faire des efforts pour que notre mariage fonctionne, mieux en tout cas. Il avait été célibataire pendant si longtemps, pour lui les femmes n'étaient qu'un plaisir ephèmere, il n'était pas habitué à devoir en garder une pendant de longue années et de devoir s'en occuper. Il avait eu de la chance d'échapper au mariage, il me répliqua alors que moi aussi. J'osais un sourcil, il avait raison. J'aurais du être marié depuis presque dix ans, mais j'avais eu cette chance de ne pas l'être. C'est vrai que c'était étonnant vu mon nom et mon rang, j'étais une fiancée idéale.

« Je crois que mon père ne souhaitait pas me voir mariée au plus offrant et mon frère, à sa suite, n'a jamais pensé que je pourrais me marier et partir un jour. Je vous l'ai dit notre mariage est du à ma mère, c'est elle qui a retrouvé ce contrat et qui a forcé la main à mon frère. »

Il n'y avait qu'elle qui voulait me voir mariée après tout... C'est vrai que j'aurais pu être mariée depuis longtemps et déjà mère. Mais non j'étais une jeune épouse et je vivais sur cette île sublime. J'avais de la chance de vivre dans un tel décors malgré tout. Entouré d'un époux volage et froid, mais sa famille était gentille avec moi. Iain était pour moi un frère, je le disais à mon époux, Iain ne serait jamais dans mon cœur autrement qu'ainsi. Je ne voulais pas faire d'histoire à cause de cela. J'étais à Connor, à personne d'autre et je ne prendrais jamais le risque de m'approcher de trop près d'un autre homme. Dès aujourd'hui dès que quelque chose irait mal j'irai le voir, c'est dans ses bras que je trouverais mon réconfort. Il lâchait alors mes mains et les passa dans mes cheveux avant de m'embrasser. Pourquoi un simple baiser me donnait envie de plus ?! Oui nous avions réglé un différent. Je prenais ses mains pour qu'il se relève et je l'attirais sur le lit avec moi, je l'embrassais encore.

« Il me semble que nous n'avons pas tout réglé encore... »

Mais il était déjà trop tard pour parler. Il était bien le seul capable de tout me faire oublier ! Je le serrais fort contre moi, son corps me faisait tout oublier. Mais jusqu'à quand ?