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 Love is poison ϟ EREMON & EIREEN

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Eireen Dunegan
Eireen Dunegan

Western Highlands and islands

▷ MESSAGES : 1277
▷ INSCRIPTION : 05/01/2013
▷ LOCALISATION : Probablement en train de traumatiser un homme de plus quelque part dans les Western Highlands
▷ ÂGE : 24 ans
▷ HUMEUR : Sauvage
« I am a lion-hearted girl »
Woman ? Is that meant to insult me ? I would return the slap,
if I took you for a man.
Love is poison ϟ EREMON & EIREEN Tumblr_mus2jjCdf51qllxuco5_r1_250

I want to weep. I want to be comforted. I'm so tired of being strong. I want to be foolish and frightened for once. Just for a small while, that's all. A day. An hour.

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MessageSujet: Love is poison ϟ EREMON & EIREEN   Love is poison ϟ EREMON & EIREEN EmptySam 12 Jan - 22:43


« Love is poison. A sweet poison, yes,
But it will kill you all the same. »

- CERSEI LANNISTER.

L'air sentait la pluie, la terre et les feuilles mortes. Le sang. La brume du matin n'était pas encore tout à fait dissipée. Immobile au milieu d'un chemin, je fixais le corps sans vie d'un homme. Les badauds s'agitaient autour de lui. La boue avait pris une teinte écarlate et une odeur métallique empestait l'air. Une mère essayait de retenir ses enfants curieux derrière elle, tandis qu'on trainait le corps du malheureux sur le côté. Je ne pus m'empêcher d'ouvrir grands les yeux en voyant les entrailles du malheureux trainer derrière lui. Voilà bien longtemps que je n'avais plus la nausée devant ce genre de spectacle. Ce qui m'étonnait cependant toujours, c'était la violence dont l'homme pouvait faire preuve. Était-ce donc impossible de régler une affaire sans faire couler le sang ? Une telle barbarie était-elle vraiment nécessaire ? Sans doute que non, mais j'avais appris il y a fort longtemps qu'il valait mieux ne pas essayer de donner de leçons aux hommes. Les hommes n'aiment pas que les femmes leur donnent des leçons. Hélas, bien souvent je ne pouvais m'en empêcher. Je refusais de me taire parce que j'étais une femme. Cela m'avait valu bien des réprimandes, et certains n'avaient pas hésité à me faire taire avec des coups, que j'avais ordinairement rendus. Je n'étais pas de celles qui restaient tapies dans l'ombre des hommes, n'en déplaise à ceux-ci. Je me rendais compte, cependant, que j'étais particulièrement chanceuse d'être entourés d'hommes compréhensifs. Mon père déplorait mes excès, mais je doutais sincèrement qu'il ait jamais songé à recourir à la violence pour me faire apprendre les bonnes manières. J'eus un violent sursaut lorsqu'un homme posa une main sur mon épaule et instinctivement je m'en écartai, non sans lui avoir jeté un regard noir. « Vous ne devriez pas rester ici, une dame ne devrait pas voir pareille chose. » Je ne pus m'empêcher d'avoir un rire légèrement moqueur. « N'ayez crainte messire, j'ai vu bien pire. » L'homme me regarda d'un drôle d'air, mais je remontai en selle avant qu'il n'ait pu dire quoi que ce soit. Sans jeter un dernier regard au corps, je talonnai ma monture. La pluie me fouettait le visage et le vent me glaçait jusqu'aux os. Mais je n'en avais cure. Le froid me faisait me sentir vivante et je ne me sentais jamais aussi libre que dans ces instants où je chevauchais au triple galop sans faire attention à quoi que ce soit.

C'est comme une furie que j'entrai dans la cour du château. Ma monture renâclait bruyamment, attendant impatiemment que je mette pied à terre. Ce n'était pas mon cheval. Le mien attendait, en théorie, sagement dans son écurie que je vienne l'en sortir. Ayant mis pied à terre, et alors que je flattais l'encolure de l'animal, je sentis une ombre dans mon dos. Je devinai immédiatement de qui il s'agissait. Père. Je retins un soupir de justesse, sachant qu'il avait horreur de me voir soupirer et rouler des yeux. « Où étais-tu passée ? » Mais chassez le naturel, et il revient au galop... « Eh bien, je suppose que je faisais des choses qui ne sont pas dignes d'une demoiselle », répondis-je de façon insolente en faisant volte face. Esras Dunegan, plus grand que moi d'une tête, les mains posées sur les hanches, me fit les gros yeux. Je me sentis obligée de baisser les yeux. « Je me suis rendue auprès d'une vieille femme vivant dans une demeure éloignée de tout et de tous. Son époux est en train de mourir, je lui ai simplement apporté de quoi apaiser les souffrances du malheureux. » C'était vrai. En tant que guérisseuse, je me faisais un devoir de tous ceux qui avaient besoin de mon aide, qu'ils vivent au château ou non. Relevant doucement les yeux, je me rendis compte que mon père s'était détendu. Son regard réprobateur avait été remplacé par un regard plein de... fierté ? J'eus un sourire un peu timide. « Vous voyez, je ne suis pas aussi désespérante que j'en ai l'air. » Il secoua la tête et déposa un baiser sur mon front mouillé, puis retourna vaquer à ses occupations, non sans avoir jeté un regard en arrière avec un sourire, que je remarquai et qui me réchauffa le cœur.

Un jeune garçon d'écurie vint pour s'occuper de mon cheval, suivi de près par le palefrenier, un homme grossier et constamment de mauvaise humeur. En le voyait apparaître, je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel. Il ne manquait jamais une occasion de me faire remarquer que mon cheval, une bête sublime que mon père m'avait offerte pour mon vingtième anniversaire, était incontrôlable. Garçons d'écurie et palefreniers maudissaient mon père depuis que l'animal avait posé le sabot dans la cour. « Eh bien qu'a-t-il encore fait ? » Je me penchais pour regarder derrière lui. Généralement, Naomhán n'était jamais loin derrière, à piétiner du fourrage ou à mâchonner une selle. Cette fois, ce n'était pas le cas. « Cet animal est incontrôlable, c'est le Diable réincarné ! Il m'a mordu et a bien failli me piétiner quand j'ai voulu le... » « Où est-il ? » Il eut l'air offusqué que j'ose le couper en plein milieu de sa phrase. « Dans le champ. Je ne me suis pas risqué à aller l'y chercher. C'est un animal sauvage, qui... » Déjà, je m'éloignais. « Il n'a rien d'un sauvage, c'est simplement qu'il vous aime autant que moi, c'est à dire bien peu ! » Si père avait été encore là, j'aurais eu droit à la plus belle des réprimandes. Un sourire aux lèvres, et malgré la pluie toujours battante, je me rendis dans le champ. J'eus un petit rire en apercevant l'animal, qui broutait comme un bien heureux sans aucune considération pour les dryas qu'il piétinait. Je le sifflai et il releva la tête, puis me rejoignit en trottant doucement. Je passai une main dans sa crinière brune. « Eh bien, tu t'es encore comporté comme un malotru ? J'ose espérer que tu seras de meilleure humeur cet après midi, nous sortons. » A peine lui avais-je tourné le dos qu'il me donna un coup de tête qui manqua de me faire trébucher. Eh bien, ce n'était pas gagné. Ce cheval était encore bien loin d'être correctement dressé. Au fond, je l'aimais tant parce qu'il me ressemblait.

[...]

Un moment plus tard, me voilà en train de monter les escaliers de la tour quatre à quatre, zigzaguant entre les domestiques qui s'offusquaient et me réprimandaient à chaque fois que je manquais de les faire trébucher. Au fil des années, j'étais devenue la bête noire de tous ces gens. Je ne pouvais le nier, je ne faisais attention à rien ni à personne. J'avais de la chance d'être la fille d'un homme respecté et particulièrement apprécié des MacNeil. Sans cela, on m'aurait probablement jetée dehors depuis bien longtemps. Dans une aile du château se trouvait le pigeonnier, et ces derniers temps j'y avais fait de nombreux aller-retours, en faisant de mon mieux pour que cela se sache le moins possible. Car en effet, j'y avais un petit secret... Je poussais la lourde porte en bois qui fermait le pigeonnier et me glissai à l'intérieur. Dans de nombreuses cages étaient enfermés les oiseaux destinés à porter des messages, et il au milieu de la pièce il y avait un petit bureau sur lequel étaient éparpillés de nombreux parchemins et tout un tas de plumes. Et sur une chaise qui semblait sur le poids de céder, le vieil homme qui s'occupait de s'occuper des oiseaux, que j'avais bien souvent ennuyé ces dernières semaines. Il ne m'avait pas entendue entrer. Les mains dans le dos, je me raclai la gorge. Le vieil homme sursauta, se retourna, puis se releva. « Oh, c'est toi. Tu es venir voir ton petit protégé ? » Un sourire aux lèvres, j'acquiesçai. Le vieil homme me rendit mon sourire, puis se dirigea vers l'une des cages, et en sortit un oiseau. C'était un jeune faucon, trop occupé à nettoyer ses plumes pour faire attention à nous. J'enroulai un morceau de tissu autour de mon poignet, et le vieil homme me fit passer l'oiseau, qui releva rapidement la tête avant de la plonger sous son aile, comme si notre présence le dérangeait. « Est-il prêt ? » Le vieil homme fit la moue. « Eh bien, il obéit enfin à tous les ordres. Et il a cessé d'essayer de m'arracher les yeux à chaque fois que je le nourris, ce qui est, je suppose, un bon point. Oui, je pense qu'il est prêt. Mais je continuerais à le surveiller encore un petit peu, si j'étais à ta place... »[/color] Il me lança un regard qui en disait long. C'était bien connu, j'écoutais rarement les conseils que l'on me donnait. Pourtant, je ferais une exception cette fois ci. Ou plutôt, je ferais passer le message. L'oiseau n'était pas pour moi. « Je peux donc l'emmener ? » « Je t'en prie ! Débarrasse moi de lui, que je puisse enfin m'occuper des autres. » J'eus un petit rire. L'homme mit le jeune faucon dans une cage, ce qui ne sembla pas plaire à l'oiseau, qui le fit savoir bruyamment. Je comprenais parfaitement ce qu'il ressentait, je n'aurais pas aimé être enfermée dans une si petite cage. Mais bientôt, ce serait terminé et il devrait pouvoir goûter à une liberté amplement méritée.

Bien que ce soit inconvenant, je déposai un léger sur la joue du vieil homme, avant de m'éclipser. Prenant garde à ne pas croiser mon frère, ou mon père, j'allais déposer l'oiseau dans ma chambre. Je détestais devoir laisser l'animal dans sa cage ne me plaisait pas, aussi le laissais-je près de la fenêtre ouverte, pour qu'il puisse au moins profiter de l'air frais. Il était pour Eremon. Je l'avais trouvé alors qu'il était tombé de son nid, il ne volait pas encore. Tout de suite, j'avais songé à l'apprivoiser, mais pas à le garder. Cela faisait longtemps que je cherchais quelque chose pour remonter le moral de mon frère. Je l'avais vu dépérir de jour en jour, et c'en était assez. Je ne le supportais plus. Oh, je n'étais pas idiote. C'était un oiseau que j'allais lui offrir, pas une solution à tous ses problèmes. Mais j'espérais qu'avoir quelqu'un, même une bête, dont il aurait à s'occuper pourrait lui changer les idées et pourquoi pas, lui remonter le moral. Probablement serait-il touché par le geste. Maintes fois, j'avais voulu lui parler. Mais je n'avais pas su quoi lui dire. J'avais peur de l'effrayer, peur qu'il me repousse et ne se referme sur lui-même. J'avais l'impression d'être la seule à avoir remarqué qu'il allait si mal. Père et Mère semblaient ne rien voir... Ou alors, ils ne disaient rien parce qu'ils jugeaient que ce n'étaient pas leurs affaires ? Oh, ce n'étaient pas les miennes non plus... Mais, moi, je ne pouvais pas rester ainsi, sans rien dire. Il souffrait, et je souffrais avec lui. Il était mon frère, et je me sentais criminelle de le laisser dans cet état. Il fallait vraiment, vraiment, que nous parlions. J'étais sa sœur. Peu importait ce qu'il me dirait, je serais là. Je ne cesserais jamais de l'aimer, quoi qu'il fasse.

Aujourd'hui semblait être le jour parfait pour briser la glace. Car aujourd'hui, nous allions pouvoir passer du temps seul à seul. Pour que notre père ne sache pas qu'Eremon m'apprenait à me battre (avec plus ou moins de succès), nous avions pris l'habitude de nous isoler dans un petit coin de forêt, là où personne ne nous surprendrait. Il n'y aurait personne pour entendre ce que nous nous dirions. Très sincèrement, je n'étais pas rassurée. J'avais peur de voir mon frère sous un nouveau jour. J'avais peur de le voir fragile, brisé. Ce n'était pas ainsi qu'il était censé être. Mon frère était un guerrier, un héros. Il n'était pas censé être aussi abattu. Il me semblait que j'aurais pu le casser rien qu'en le touchant. À chaque fois que je le voyais, j'avais envie de me précipiter vers lui, de le serrer dans mes bras, de lui dire que tout irait bien. Mais je ne le faisais jamais. Parce que je ne voulais pas lui mentir.

Rapidement, je me changeais, puisque je portais encore mes vêtements trempés. Si ma mère m'avait vue, habillée comme un homme, elle aurait certainement eu l'air désespéré. Plus encore si elle m'avait vue ramener mes cheveux en une tresse grossière. Je n'avais pas besoin de ressembler à une dame pour aller apprendre à me battre en forêt. Encore moins pour essayer de comprendre ce qui n'allait pas avec mon frère. La gorge serrée par l'angoisse, je me rendis aux écuries. Tout naturellement, je m'occupais de seller Naomhán, puisque personne ne voulait s'y risquer. Je m'occupais ensuite de celui d'Eremon, qui était un peu moins sauvage que mon étalon (ou du moins, il étai docile avec moi). Les cheveux prêts, je les conduisis à l'extérieur de la cour, pour y attendre mon frère. Lorsqu'il arriva, j'eus un sourire que je voulus enjoué et rassurant, mais il sonnait très certainement faux. Le trajet jusqu'à la forêt ne se déroula pas en silence, mais il aurait sans doute mieux valu. Tout ce que je disais, je le disais pour ne pas devoir faire face à un silence pesant. Je n'osais même pas le regarder, parce que je savais que je ne le verrais pas sourire. J'avais tellement, tellement envie de lui hurler de me parler... Je me retins, parce que c'eût sans doute été la dernière chose à faire pour le faire sortir de son mutisme. J'allais y aller en douceur. Je voulais lui paraître rassurante, pas intrusive. Alors, j'attendis que nous soyons arrivés dans notre petit coin de forêt. J'attendis que nous ayons mis pied à terre, attaché les chevaux un peu l'écart. J'attendis qu'il me tende une épée. Et là, je secouai la tête. « Je ne suis pas venue pour apprendre à me battre. » J'essayai de faire fi de son regard surpris. « Je suis venue parce qu'il faut absolument que nous parlions de toi. » Je soupirai « Je ne supporte plus de te voir ainsi. Peut-être Père et Mère peuvent-ils l'ignorer, mais moi je ne peux pas. Tu as l'air misérable. Voilà maintenant des semaines que je te regarde dépérir. C'en est trop, je ne peux plus. » Je pris son visage entre mes doigts, pour le forcer à me regarder. « Parle moi. Je t'en prie parle moi. Je sens que je te perds, et cela me terrifie. »
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Eremon Dunegan
Eremon Dunegan

Western Highlands and islands

▷ ÂGE IRL : 32
▷ MESSAGES : 1259
▷ INSCRIPTION : 02/01/2013
▷ LOCALISATION : Dans ma salle d'entrainement. Elle se trouve au château MacNeil, aux Western highlands et islands.
▷ ÂGE : 30 ans
▷ HUMEUR : En grand dilemme.
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IT'S LIMITLESS
Si tu as rêvé dans les eaux sombres, dans la pénombre, si la lueur des profondeurs t’attire aussi, ne me retiens pas ; même si les bras froids du tendre océan te saisissent, englacent ton cœur, tu me rejoindras, ne me sauve pas, coule avec moi, ne me retiens pas...


« Il était comme mon frère, on n’aimait pas son frère de cette façon. »

« Si tu désires une chose, il n’y a que toi qui devras te démener pour l’obtenir. Personne ne le fera à ta place. Et si tu tombes, tu te relèves. Toujours. »
Esras Dunegan.

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MessageSujet: Re: Love is poison ϟ EREMON & EIREEN   Love is poison ϟ EREMON & EIREEN EmptySam 26 Jan - 22:39

Eireen & Eremon
Love is poison
Ces dernières journées avaient été les pires de toutes. Si je pouvais supporter la nouvelle vie que ma jambe m’obligeait à choisir, et si j’avais jusqu’à maintenant souffert en silence de mes sentiments envers Aindreas, j’avais été assez faible pour mettre à exécution mon chantage, et cela me terrifiait. En fait, je me terrifiais moi-même, pour ce que j’étais capable de faire. Surtout à Aindreas. Mon réveil ce jour-là avait donc un arrière-goût de dégoût profond. Je ne voulais pas croiser mon ami ; je ne pouvais pas le croiser. Supporter son regard m’était impossible. Plus maintenant. Si je m’en voulais pour ce que j’avais osé faire, je n’imaginais pas ce que cela pouvait être de son côté. Il était déjà « coincé » avec sa femme, il allait maintenant devoir réfléchir deux fois plus quant à son comportement et ses choix. Je ne méritais point d’être encore ici. Le seul point positif de ce début de journée fut finalement ma jambe qui n’avait pas l’air de vouloir se rebeller. Ce qui tombait bien puisque je devais retrouver Eireen un peu plus tard pour une de ses leçons, à la lisière de la forêt. Si je l’avais plus ou moins obligée à apprendre à combattre – on ne savait jamais ce qui pouvait arriver -, je n’étais tout de même pas assez fou pour mettre ceci en place au sein même du château. Une dame avec une épée dans les mains n’est pas bien vue du tout, quand bien même ce n’était pas sa place de surcroit. Je finis par descendre aux cuisines pour y prendre de quoi grignoter ; je n’avais pas bien faim mais il me fallait quelque chose dans l’estomac si je voulais bouger aujourd’hui. Après quoi je passai à la salle d’entrainement qui resterait silencieuse jusqu’au lendemain. Etant donné mon programme, je n’allais pas jouer les maîtres d’armes ce jour-ci. Je me posai sur un des bancs contre les murs et observai la pièce. J’avais besoin d’un peu de calme de temps à autres, tel que ce moment-ci. Surtout depuis les derniers événements. Me poser, réfléchir, tenter de trouver des solutions ; cela m’arrivait de plus en plus souvent. C’est à cet instant qu’un des gosses que j’avais à l’entrainement ouvrit la porte. Encore un qui s’était trompé de jour. Il ne comprit sur le coup pas pourquoi la salle était vide puis afficha un air désolé. « Aurais-tu encore confondu les dates ? » Il semblait affolé et j’affichai un sourire pour le rassurer. Je savais bien la réputation qu’avait mon père au château et celle que j’avais de ce fait acquis au fil des années. Loin de moi l’idée de faire peur aux mômes, mais je n’y pouvais pas grand-chose, si ce n’était adoucir le tout avec un sourire. « Oh, pardonnez-moi maître ! » Je me levai et fis un signe de tête vers la porte. « Ce n’est rien. Allez va, je te vois demain. » Il me remercia et fit demi-tour en replongeant la salle dans le calme.

Sentant mon sourire s’effacer, je me tournai lentement vers le mur couvert de différentes armes, la plupart étant des épées. Tendant le bras, j’en effleurai une du bout des doigts. Aucune ne m’avait encore réellement blessé, si ce n’était quelques coupures sans graves conséquences. La guerre était bien ce qu’elle était, et si j’étais redoutable, je n’étais point invincible. La seule arme m’ayant touché fut le piège dans lequel j’étais tombé et qui m’avait obligé à ne plus jouer de mon statut de chevalier. Depuis lors, je n’avais cessé d’être rongé par la peur, la peur de ne pas voir revenir Aindreas des batailles pendant lesquelles je ne pouvais plus l’accompagner, le protéger, m’assurer de sa longévité. Je secouai la tête et allai jusqu’à l’armurerie à laquelle on accédait par la salle d’entraînement où je m’emparai de mon épée ainsi que de celle qu’Eireen utilisait lors de nos séances privées. Fourreaux en main, je me résignai à parcourir la moitié du château jusqu’à la cour sans ma béquille. Même si ma jambe avait l’air de bien se comporter pour le moment, j’aurais dû avoir le réflexe de l’emporter au cas où. Bon, il ne risquait rien de m’arriver, surtout pour ce que j’avais prévu et seulement avec Eireen, mais traverser le château ainsi me donnait envie de prendre appui sur les épées pour ne pas avoir à subir les regards des passants. Si je marchais presque normalement, je boitais tout de même subrepticement et il m’arrivait régulièrement de perdre l’équilibre lorsque ma jambe décidait qu’elle ne désirait pas me porter, et je m’affaissais de ce fait. De temps à autres, il lui arrivait même de tressaillir, ou de réagir comme si l’on testait mes réflexes. Ces moments-là étaient les plus embarrassants. J’arrivai finalement dans la cour pour y retrouver ma sœur qui s’était déjà occupée des chevaux. Elle me sourit et je tentai d’afficher une bribe de joie en retour. J’adorais voir Eireen et passer du temps avec elle, j’étais réellement bien en sa compagnie. Je nous remerciais constamment pour avoir cette relation privilégiée que la moitié des frères et sœurs des royaumes n’avait malheureusement pas le loisir de partager. Mais je ne pouvais pas dire que la période fut la meilleure en ce qui concernait mon humeur et l’image que je donnais de moi. Ce n’était déjà pas bien réjouissant en temps normal, mais depuis que j’avais laissé mon atroce chantage se faire sa place auprès d’Aindreas, c’était pire que tout. Nous prîmes la route de la forêt sans échanger grandes nouvelles. Enfin, ce fut plutôt Eireen qui parla, beaucoup. Mais pour meubler seulement, cela se sentait. Je ne savais pas quel genre de soucis elle pouvait avoir, mais ça ne sentait point la rose.

Nous arrivâmes à l’endroit désiré et attachâmes les chevaux. Eireen ne disait plus grand-chose alors je supposai qu’elle attendît que nous débutions l’entraînement de la journée. Si elle n’était pas très friande à l’idée d’apprendre à se battre, elle n’avait jamais été réellement râleuse sur le sujet, ce qui était déjà un bon point. Mais je savais pertinemment que de toutes les manières, je la forçais. J’allai attraper nos épées puis tendis la sienne à ma sœur… qui la refusa. Je fronçai les sourcils. « Je ne suis pas venue pour apprendre à me battre. » Je m’apprêtai à ouvri la bouche, les yeux imbibés d’incompréhension. Mais que lui arrivait-il ? Était-ce la raison de sa parlotte incessante du voyage ? « Je suis venue parce qu'il faut absolument que nous parlions de toi. » Ah, ça, je ne l’avais pas vu venir. Et de quoi dont voulait-elle parler ? De la façon dont je trouvais le temps aujourd’hui ? Savoir comment se déroulaient les entraînements ? Si ma jambe allait mieux ? J’étais surpris et évidemment pris au dépourvu. Je la regardai soupirer sans arriver à émettre le moindre son ; je n’avais aucune idée de ce qu’il fallait que je dise ou non. De ce dont elle souhaitait me parler. De moi oui, mais encore ? La réponse ne se fit pas attendre. « Je ne supporte plus de te voir ainsi. Peut-être Père et Mère peuvent-ils l'ignorer, mais moi je ne peux pas. Tu as l'air misérable. Voilà maintenant des semaines que je te regarde dépérir. C'en est trop, je ne peux plus. » Je me retins de respirer quelques secondes durant. Le bras toujours en l’air tendant son épée, je me résignai à le laisser tomber le long de mon flanc. Mon autre main dans laquelle je tenais ma propre épée finit par rejoindre l’autre et ensemble, elles pointèrent les armes vers le sol sur lequel j’allai apposer les fourreaux afin de me constituer un appui comme j’en avais l’habitude. Les yeux dans le vide, je m’interrogeai sur le sens de ses paroles. Me voir dépérir ? A ce point ? Etais-je assez stupide pour laisser paraître tout le mal qui m’assaillait ? Ou était-ce simplement parce que ma sœur savait mieux que quiconque me déchiffrer ? A ça, je n’eus pas réellement de réponse. Elle finit par s’approcher de moi et me prendre le visage dans les mains. Je n’avais aucune envie d’affronter son regard. Je me sentais faible, impuissant, découvert, alors que je ne savais même pas ce qu’elle avait en tête. « Parle moi. Je t'en prie parle moi. Je sens que je te perds, et cela me terrifie. » Je finis par croiser ses yeux. Ses yeux accusateurs et emplis de tristesse à la fois. Le réaliser me faisait plus mal encore. Que pouvais-je lui dire ? Que ma jambe brisée était une jolie métaphore que je pouvais donner quant à ma vie ? Que j’aimais Aindreas depuis des années et qu’à cause de sa liaison avec Cailean, je lui avais imposé un chantage injuste et faux ? Qu’en plus de détruire ma propre vie, j’arrivais à abaisser celle des autres sur un même niveau ? Je ne pouvais rien dire. Elle ne devait rien savoir. Je n’avais point le droit de lui imposer le poids de mes soucis sur la conscience. « Je… je ne peux pas. » Je pris ses poignets et retirai doucement ses mains de mes joues. Ce n’était pas moi. Paraître aussi vulnérable ne me ressemblait pas, et je ne voulais pas laisser cette image sur moi. Je pris une inspiration et tentai d’afficher un rapide sourire désolé. « Tu ne me perds pas, rassure-toi. Je ne vois pas pourquoi ce serait le cas, par ailleurs. » Il n’y avait rien à expliquer. J’allais bien. Du moins, c’était ce que j’essayais tant bien que mal de montrer.

© will o' the wisp
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Eireen Dunegan
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MessageSujet: Re: Love is poison ϟ EREMON & EIREEN   Love is poison ϟ EREMON & EIREEN EmptyMar 29 Jan - 20:16

Au regard qu'il me lança, je pouvais dire qu'il ne s'attendait pas à ce que je lui annonce que j'étais inquiète pour lui. Il faut dire que nous ne parlions pas très souvent des sentiments de l'un et l'autre. Moi, je n'étais pas assez douée pour cacher ce que je ressentais, tout se lisait sur mon visage. Il ne lui était donc pas difficile de savoir si j'allais bien ou non, ou quelle était mon humeur. Avec les hommes, c'était différent. J'avais toujours eu l'impression qu'aussi bien Eremon que Père s'interdisaient d'afficher la moindre expression sur leur visage, comme si ce n'était pas commode pour un homme d'afficher ses sentiments. J'avais toujours trouvé cela stupide. J'avais demandé un jour à Mère pourquoi les hommes ne pleuraient pas et elle m'avait répondu que les larmes étaient l'apanage des femmes. Que les hommes se devaient d'être forts en toute circonstance. Je n'avais jamais compris pourquoi, et personne n'avait su me l'expliquer. Alors je disais que c'était idiot. Ce à quoi on me répondait « Tu ne peux pas comprendre, tu n'es qu'une femme. » J'avais fini par me dire que c'était la réponse à tout des ignorants. La plupart du temps, je me gardais de poser des questions trop personnelles à mon frère, car je ne voulais pas le mettre dans l'embarras ni passer pour une sœur envahissante. S'il avait envie de me dire quelque chose, il me le disait, je ne demandais... La plupart du temps. Le moment était arrivé où je ne pouvais plus supporter de le voir dépérir de jour en jour. C'était devenu trop dur de le voir si malheureux. Il avait le même regard qu'un animal blessé que l'on s'apprête à abattre. Je n'étais pas encore prête à perdre mon frère. Il y avait certainement quelque chose que nous puissions faire pour l'apaiser... Je n'avais pas envie de voir mon frère, mon héros, mon modèle, à terre, mais je ne voulais pas non plus qu'il se laisse empoisonner par ses propres peines. S'il avait besoin d'un épaule pour se laisser aller, d'une épaule pour pleurer, c'était bien volontiers que je lui offrirais la mienne. Je n'irais certainement pas le regarder de haut parce qu'il voudrait baisser les bras un instant. Ni même parce qu'il aimait d'une façon peu conventionnelle. Il ne m'avait jamais jugé, je n'avais pas le droit de le faire. Et puis, je n'y voyais rien de mal. Je ne voyais pas non plus quelque chose qu'il fallait cacher. Hélas, bien peu seraient sans doute de mon avis, et c'était pour cette raison que je devais garder le secret. Ce n'était pas de moi que l'on apprendrait que le cœur de mon frère se tordait de douleur à cause d'un autre homme.

Bien sûr, je n'étais pas sotte au point de croire qu'à peine mes mots prononcés, il se précipiterait dans mes bras pour me dire ce qui n'allait pas. Non. Je connaissais trop bien mon frère pour croire qu'il puisse faire une chose pareille. Et pourtant, lorsque son regard croisa le mien, j'eus l'impression qu'il m'appelait à l'aide. Ses yeux disaient tout ce qu'il n'osait pas exprimer avec des mots. Je sentis mon propre cœur se serrer de douleur. Comment quelqu'un pouvait-il souffrir à ce point et garder le silence ? Si cela avait été moi, j'aurais hurlé, hurlé, encore et encore. Mais il se taisait. Est-ce qu'il se taisait et gardait toute cette souffrance pour lui-même dans le seul but de se punir ? J'ouvris la bouche, mais fus incapable de prononcer le moindre mot alors qu'il parlait, alors qu'il se saisissait de mes poignets pour retirer mes mains de son visage. Je le laissai faire, puis laissai mes bras retomber mollement le long de mon corps. Seigneur, ce que son sourire sonnait faux. Les bras croisés sous ma poitrine, je m'écartai, le visage fermé. « Tu es un menteur pathétique, sais-tu cela mon frère ? » J'eus un petit rire triste en donnant un coup de pied dans un petit caillou à mes pieds. Je ne savais pas comment amener la chose. Je ne voulais pas paraître brusque, or comment lui dire que je savais parfaitement de quoi il souffrait sans lui faire peur, sans le mettre en colère ? Je ne voulais pas de cela, je voulais parler avec lui. Quel dommage que je ne sois pas douée avec les mots. J'étais toujours beaucoup trop franche, ce qui m'avait souvent attiré des problèmes. Je n'étais pas capable de manier les mots pour adoucir le message que je cherchais à faire passer. J'étais trop impulsive, trop irréfléchie pour cela. Or, pour une fois, j'allais devoir essayer. C'était trop important pour que je fasse la moindre erreur. Eremon était trop important pour que je fasse la moindre erreur. J'avais l'impression de marcher sur un lac gelé. Un seul faux pas, un seul mouvement brusque et c'était terminé. Je n'aurais droit qu'à un seul essai. Si je choisissais mal mes mots, c'était un double échec. Je perdrais la confiance de mon frère et j'échouerais à le réconforter.

J'essayai de sourire, du mieux que je le pouvais. « Tu es exactement comme Père. » C'était supposé être un compliment, je savais combien il l'admirait. « Serait-ce donc si horrible pour l'un comme pour l'autre de montrer un tout petit peu de sentiment ? Tu sais que vous n'êtes que des hommes, n'est-ce pas ? » Distraitement, je passai une main dans mes cheveux. Des mots, des mots qui ne servaient à rien, sinon à amplifier ce sentiment de malaise entre nous. J'aurais sans doute mieux fait de réfléchir à ce que j'allais lui dire auparavant. Maintenant que le moment était venu de lui parler, je ne savais pas. J'avais la désagréable impression d'être muette, privée de parole. Pire encore, je me sentais impuissante. Si j'avais pu prendre toute sa souffrance, je l'aurais fait sans l'ombre d'une hésitation. Hélas, je doutais qu'il existe un quelconque sort pour cela. Ce n'était pas aussi facile. Dieu me garde de jamais tomber amoureuse. Cela avait l'air bien trop compliqué et bien trop douloureux. C'était peut-être idiot, mais à mes yeux l'amour était pire que la peste. Être amoureux, c'est être malade de quelque chose qui ne peut être soigné, c'est souffrir d'une chose qui vous empêche de faire les bons choix, qui vous empêche de penser. Et puis on m'avait tellement répété qu'il n'y avait pas de place pour l'amour dans ma vie. À quoi bon aimer quelqu'un qui ne vous aime pas en retour ? À quoi bon s'infliger pareille souffrance ? Il valait sans doute mieux avaler un verre de poison ou se poignarder dans le cœur. Ce petit cœur stupide qui ferait mieux de se taire et de laisser l'esprit s'exprimer. Je soupirai.

« Eremon, je... » Je levai les yeux au ciel. Je n'avais pas décroisé les bras. « Je sais pourquoi tu es si malheureux. Et je t'en prie, ne me dis pas que je me trompe... Peut-être que Père et Mère ne voient rien, peut-être que ton jeu réussit à les berner, eux, mais pas moi. Je suis ta sœur, je vois plus que tu ne le crois. » Je faisais de mon mieux pour parler doucement, pour ne pas m'emporter, même s'il m'aurait été plus facile de faire un long discours enflammé. « Je sais que tu es amoureux. » Comme si j'avais peur qu'il ne s'emporte tout à coup, je m'écartais un peu plus de lui et me laisser retomber assise sur une vieille souche. Les mains posées sur les genoux, je regardais droit devant moi, dans le vide. Je n'osais plus le regarder dans les yeux. « Et je sais de qui. Tu es amoureux de lui. » Il me semblait judicieux de ne pas évoquer Aindreas directement. Il saurait très bien de qui je parlais, je n'avais aucun doute là dessus. « Ce que je ne sais pas, c'est pourquoi tu as décidé de ne rien me dire. Je ne suis pas... Je ne suis pas n'importe qui. Je suis ta sœur. Si il ne devait y avoir qu'une seule personne qui jamais, jamais, ne portera un regard malveillant sur toi, c'est moi. Et cela, tu le sais, j'en suis certaine. » Je secouai légèrement la tête, puis je rassemblai tout ce que j'avais de courage pour relever les yeux vers lui. « Que tu l'aies voulu ou non, ta douleur est devenue la mienne. Et aujourd'hui, je dis que c'en est assez. Je ne te regarderais pas mourir, tu entends ? »
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Eremon Dunegan
Eremon Dunegan

Western Highlands and islands

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IT'S LIMITLESS
Si tu as rêvé dans les eaux sombres, dans la pénombre, si la lueur des profondeurs t’attire aussi, ne me retiens pas ; même si les bras froids du tendre océan te saisissent, englacent ton cœur, tu me rejoindras, ne me sauve pas, coule avec moi, ne me retiens pas...


« Il était comme mon frère, on n’aimait pas son frère de cette façon. »

« Si tu désires une chose, il n’y a que toi qui devras te démener pour l’obtenir. Personne ne le fera à ta place. Et si tu tombes, tu te relèves. Toujours. »
Esras Dunegan.

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MessageSujet: Re: Love is poison ϟ EREMON & EIREEN   Love is poison ϟ EREMON & EIREEN EmptyVen 5 Avr - 21:24

Eireen & Eremon
Love is poison

« Tu es un menteur pathétique, sais-tu cela mon frère ? » Je savais pertinemment que mentir à ma sœur était inutile au possible. Si Aindreas était mon meilleur ami, qu’autrefois nous pouvions nous déchiffrer sans mal, les choses étaient autrement à présent. Mais avec Eireen, tout avait toujours été facile ; trop facile. Je la regardai croiser les bras, taper dans un caillou, se refermer quelque peu. Il était vrai que je venais de le faire mais je n’étais pas à l’aise. A découvert, c’était pire que tout. Je ne savais même pas ce qu’elle prétendait connaître, ce pour quoi je devais m’inquiéter. Je laissai mon regard vagabonder à travers la végétation. « Tu es exactement comme Père. » Si je voulus faire la moue, c’était très certainement une grimace qui vint envahir mon visage. En bien ? En mal ? J’admirais Père plus que tout mais l’heure était aux reproches. Alors je ne savais pas réellement comment prendre sa remarque. Son ton accusateur pesait lourd sur mes épaules. Je me sentais alourdi davantage à chacune de ses paroles. « Serait-ce donc si horrible pour l'un comme pour l'autre de montrer un tout petit peu de sentiment ? Tu sais que vous n'êtes que des hommes, n'est-ce pas ? » Bien sûr. Mais les hommes grandissaient ainsi ; ne pas devoir se dévoiler, ne pas montrer nos faiblesses. Même s’il s’agissait là d’Eireen, j’avais bien trop honte pour accepter de me livrer ainsi, et surtout si rapidement. Je ne sus que répondre. Que pouvais-je bien dire, de toutes les manières ? Que non, ce n’était pas horrible mais que ça ne se faisait pas ? Ou que si, c’était horrible ? Ou meilleur encore : que j’étais un être abominable qui n’avait droit à une quelconque rédemption ? « Eremon, je... Je sais pourquoi tu es si malheureux. Et je t'en prie, ne me dis pas que je me trompe... Peut-être que Père et Mère ne voient rien, peut-être que ton jeu réussit à les berner, eux, mais pas moi. Je suis ta sœur, je vois plus que tu ne le crois. » Je relevai cette fois la tête vers elle. De quoi parlait-elle ? Savait-elle pour Aindreas ? Pour Cailean ? Pour ce chantage ? Impossible. Pensait-elle à ma jambe ? Ce malheur-là n’était pas surprenant et n’avait rien de secret. Je fronçai les sourcils, ouvrant à demi la bouche sans savoir quelle question lui poser. « Je sais que tu es amoureux. » Je restai bête un moment. Eireen finit par s’asseoir sur une souche ; elle ne me regardait plus, et j’avais du mal à me concentrer sur elle. Pourtant, tout me captivait. Ses expressions, ses émotions, tout ce qui aurait pu me renseigner sur ses intentions, son discours, le futur qu’allait nous apporter cette conversation. Oui, j’avais peur de la suite. Elle savait donc pour Aindreas ? Ma respiration commença à se faire saccadée. « Et je sais de qui. Tu es amoureux de lui. Ce que je ne sais pas, c'est pourquoi tu as décidé de ne rien me dire. Je ne suis pas... Je ne suis pas n'importe qui. Je suis ta sœur. Si il ne devait y avoir qu'une seule personne qui jamais, jamais, ne portera un regard malveillant sur toi, c'est moi. Et cela, tu le sais, j'en suis certaine. » C’était comme si elle m’avait assené un coup immense sur la poitrine. Elle se comprima, se serra, ma cage thoracique avait décidé de ne plus me laisser respirer. J’avais un aperçu de ce qu’avait pu ressentir Aindreas lorsque je lui avais déclaré savoir pour son histoire avec Cailean. Que nous étions cruels. Je m’appuyai davantage sur les épées, conscient qu’il aurait été plus aisé que je sois également assis. Je restai stoïque, droit, m’obligeant à garder les yeux sur le visage de ma sœur. Son regard finit par croiser le mien. « Que tu l'aies voulu ou non, ta douleur est devenue la mienne. Et aujourd'hui, je dis que c'en est assez. Je ne te regarderais pas mourir, tu entends ? » Mes sourcils se froncèrent de nouveau et je détournai la tête, afin d’éviter que mes yeux ne s’embrument. Était-ce visible à ce point ? Me laissais-je succomber par tout ceci ? Je n’étais pas dans le meilleur des états, psychologiquement, j’en convenais bien, mais je ne pensais pas me laisser aller à ce point. Je finis par soupirer, et observer mes pieds pour lesquels je me pris d’un intérêt soudain. Eireen savait. Là était tout ce qui ressortait de son intervention. Qui l’eut cru… J’avais réellement dû mal cacher mon jeu. Ce que j’avais mis tant d’années à masquer, à vouloir oublier, ce qui ne devait pas être découvert. « Je vais t’épargner les étonnements futiles et les questions rhétoriques idiotes… » Je me sentais affaibli, alourdi, ma poitrine ne se décontractait pas, comme si le poids de la fatalité se faisait sentir. Je secouai la tête ; comment en était-on arrivé là ? Je me détournai un peu plus, fis un pas, un deuxième, sans prendre une réelle direction. Il était inutile de nier l’évidence davantage devant Eireen. Cela ne ferait que nous agacer tous deux, retardant l’inévitable. Je finis par passer une main dans ma nuque avant de reprendre ma position initiale ; j’inspirai profondément. « Je ne pouvais pas. Ce n’est pas quelque chose dont je suis fier, ni à dire, même à toi. Ça ne devait pas arriver. » J’avais l’impression d’en dire bien trop. On ne parlait pas de ces choses-là, quand bien même il s’agissait là d’Eireen, et que j’avais une totale confiance en elle. J’avais terriblement honte. Honte de ces sentiments, honte de ce que j’avais fait. Elle n’avait pas la moindre idée de ce que j’avais été capable de faire ; et ça, c’était pire que tout.


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Eireen Dunegan
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I want to weep. I want to be comforted. I'm so tired of being strong. I want to be foolish and frightened for once. Just for a small while, that's all. A day. An hour.

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MessageSujet: Re: Love is poison ϟ EREMON & EIREEN   Love is poison ϟ EREMON & EIREEN EmptyVen 26 Avr - 15:41

Spoiler:

J'aurais préféré que cela se passe autrement. Qu'il vienne à moi, qu'il me parle. J'avais attendu longtemps, nourrissant l'espoir qu'il viendrait se confier à moi de lui-même. Et puis j'avais fini par comprendre qu'il ne le ferait pas, car ce qu'il avait tenté de dissimuler, il en avait honte. Je le comprenais. À sa place, sans doute aurais-je eu peur d'être rejetée, montrée du doigt... Ou pire. Pourtant, j'aurais aimé qu'il vienne à moi. Avait-il seulement cru que je pourrais cesser de l'aimer pour ceci ? Il n'y avait rien, non rien, qui ait pu me faire cesser de l'aimer et de l'admirer comme je le faisais. Eremon était mon héros, depuis le jour où j'étais venue au monde. Il avait toujours veillé sur moi, il avait été le meilleur des frères. Il m'avait défendue lorsque l'on m'ennuyait et plusieurs fois il était rentré au domaine le visage couvert d'égratignures parce qu'il s'était battu. Mais cela importait peu, parce qu'il m'avait défendue. Et je le regardais à chaque fois avec de grands yeux pleins d'admiration, ma main dans la sienne. Il était mon frère. Mon seul et unique frère. Il n'y avait rien que je ne ferais pas pour lui. J'aurais donné ma vie pour la sienne, tout comme je savais qu'il aurait donné la sienne pour la mienne. C'était ainsi et le serait toujours. Le voir aussi malheureux me détruisait. J'avais tellement envie de l'aider... Je ne savais pas si je pouvais faire quoi que ce soit. Mais en tout cas, j'allais essayer. C'était le moins que je puisse faire. Il en valait la peine. Je pensais, peut-être à tort, que si nous parlions, cela l'aiderait un peu. Je pensais que si il se confiait un peu, le poids sur ses épaules serait un peu moins lourd. Je voulais bien l'aider à le porter, il n'avait qu'à me le demander. Il était bien évident que j'emporterai son secret dans ma tombe. Il n'y avait personne que je souhaitais protéger autant que lui. Hélas, pouvais-je le protéger de lui-même ? J'avais bien peur que mes pouvoirs n'aillent pas jusque là... Il n'empêche que j'étais déterminée à faire de mon mieux pour l'aider. Je ferais ce qu'il voulait. S'il voulait parler, nous parlerions. S'il voulait simplement que je le serre dans mes bras, je le serrerais dans mes bras. S'il voulait pleurer, je sécherais ses larmes. S'il voulait que je le laisse tranquille...

Allait-il vouloir me parler ? Il détourna le regard et je baissai les yeux. Et si j'en avais trop dit trop vite ? J'avais dû lui faire peur. En dire autant... Ah, mais quelle idiote tu fais, Eireen ! C'était bien connu, je ne savais pas user des mots, j'étais trop franche, trop cassante. Je ne savais pas tourner autour du pot, pas plus que je ne savais rendre les choses moins graves qu'elles ne l'étaient avec de jolies phrases bien tournées. Il était rare que je réfléchisse avant de parler, et cela me jouait bien des tours. Là pourtant, j'aurais voulu être un peu plus douée. Mais j'étais tellement inquiète ! Il avait fallu que je dise les choses, parce que j'avais peur de renoncer si je trainais trop. Si je ne manquais pas de courage, il me fallait bien avouer que la situation me faisait perdre mes moyens. Envolée la jeune femme téméraire, il ne restait plus qu'une petite sœur terriblement inquiète pour son grand frère. Je n'osais plus bouger, j'attendais qu'il parle enfin. Et lorsque j'entendis enfin le son de sa voix, mon cœur se serra davantage. Je pouvais percevoir la douleur dans le ton de sa voix. C'était une chose que je n'aimais vraiment pas. Je me mordis la lèvre, croisai les bras sous ma poitrine. Comme je m'y étais attendue, il avait honte, il pensait qu'il ne pouvait pas me le dire... Avec un soupir, je me rapprochai de lui. « Eremon... » Je posai une main rassurante sur son bras et cherchai à croiser son regard. Hélas, il semblait déterminé à regarder ses pieds. J'aurais voulu le forcer à me regarder, mais je n'osai rien faire, de peur qu'il se sente agressé, si ce n'était pas déjà le cas. « Ce n'est pas de ta faute, Eremon. Ce n'est pas de ta faute. Tu n'as pas choisi ce qui t'arrive. Tu n'as pas choisi de l'aimer. On ne choisit pas qui on aime. » Je posai mes deux mains sur ses épaules et les pressai doucement, essayant de me montrer aussi rassurante que possible. « Les choses seraient beaucoup plus faciles, si c'était le cas. » Les mariages arrangés n'ennuieraient plus personne, les femmes ne rêveraient pas de princes charmants, les hommes cesseraient de vendre leur âme pour la passion... Le monde serait beaucoup plus serein. Sans doute plus ennuyeux aussi, mais l'ennui n'était pas toujours un mal. Lorsque je voyais dans quel état était mon frère, je ne pouvais qu'avoir envie de vivre dans un tel univers.

« Tu sais que je ne me permettrai jamais de te juger, n'est-ce pas ? » Je supposais qu'il le savait, mais je préférais le répéter, peut-être pour le rassurer un peu. J'ignorais si aucun de me mots avait le moindre effet. « Je ne voulais pas te forcer la main. Je pensais que peut-être, tu viendrais me parler... Mais quand j'ai compris que cela n'arriverait pas, j'ai compris qu'il fallait que je fasse le premier pas. J'espère que tu ne m'en tiendras pas rigueur... » Peut-être aurais-je dû commencer par cela, au lieu de lui présenter ma philosophie idiote sur les sentiments. Je faisais décidément tout de travers. Si je n'étais pas très douée lorsqu'il fallait parler, si il fallait en plus parler d'amour... C'était une catastrophe. En partie parce que je n'étais pas capable d'en parler comme si ce n'était pas une chose que je méprisais. Voir mon frère malade d'amour n'arrangerait rien, cela me ferait détester la chose encore davantage. Non, je n'étais certes pas la mieux placée pour le rassurer. Mais j'étais la seule. La seule à avoir vu, la seule à être là. Alors peut-être que je ne saurais pas dire ce qu'il fallait, mais au moins j'allais essayer de faire de mon mieux. Il était fort probable que je dise des choses qu'il ne fallait pas. Tant pis. C'était toujours mieux que rien. Mal à l'aise, je passai une main dans mes cheveux noirs. « Je suppose qu'il ne le sait pas... » Non, bien sûr que non. J'évitais soigneusement de prononcer le prénom d'Aindreas. Je n'avais pas envie de poignarder mon frère avec son nom. Il savait très bien de qui je voulais parler. Cela devait être tellement dur d'aimer quelqu'un que l'on savait inaccessible... Depuis combien de temps l'avait-il aimé ainsi, en secret ? Des années ? Je l'avais remarqué il y a peu, oui, mais cela ne voulait rien dire. Car jusque là, soit j'avais été aveugle, soit il commençait à être tellement accablé qu'il ne le cachait plus aussi bien qu'il le croyait. Une chose était certaine, cependant : il ne fallait pas que cela se sache. Tous n'étaient pas aussi tolérants que moi. Je n'osais imaginer ce que l'on pourrait lui faire, si jamais... Non, il ne fallait pas que j'y pense. Cela n'arriverait jamais. Moi vivante, mon frère ne serait jamais puni pour une chose aussi indépendante de sa volonté.
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