Quand on est messager, il n'y à pas une seule seconde à perdre ! Chaque seconde compte et dans ce cas-là encore plus. Si jamais il ne prévenait pas son seigneur rapidement, ce dernier risquait de rentrer dans une colère noire et mieux valait ne pas atteindre cette limite. Daivhid Macintosh vivait tellement en son fils que parfois Aodhan faisait peur. Ainsi donc, le messager s'inclina devant son seigneur tandis que ce dernier était en train de se battre, ce n'est pas pour autant qu'il s'arrêta :

« Quels sont les nouvelles mon bon ami ? Demanda Aodhan qui semblait plutôt de bonne humeur.
-Sir, je viens vous informer qu'un groupe portant les couleurs de Dingwall se dirige vers le château.
-En quel honneur ?
-Je ne le sais point mon seigneur. »

Aodhan soupira, qu'est-ce que ses ennemis avaient encore inventé ? Il s'attendait au pire maintenant, il savait très bien que le plus dur n'était pas encore passé, devant eux restait un long chemin à parcourir. Il n'était pas au château, il était à peine à une lieue de sa résidence avec des chevaliers en formation. Le chef du clan tentait de trouver de l'aide partout, du renfort et des hommes loyaux. Que demander de plus de toute façon ? La paix est impossible, seuls les idéalistes pouvaient encore croire à une-t-elle chose. Sa femme en faisait parti à son grand malheur. Aodhan n'avait pas le choix : continuer cette guerre pour continuer de vivre, pour que sa famille soit en sûreté et sa fille reine d'Ecosse un jour.

« Messieurs, nous rentrons. »

Il rangea son épée, sella son cheval avant de partir avec ses hommes, ils devaient faire vite, pas de temps à perdre. Aodhan n'allait pas laisser sa demeure sans surveillance alors que des représentants du clan rival arrivait. Il savait que bientôt serait lié les deux clans avec le mariage de Liudsaidh Dingwall et le frère de Moïra. Le seigneur Macintosh ne voyait pas ça du tout d'un bon œil et pourtant il n'avait pas le choix. Il allait devoir faire des efforts au mariage : demander lui plutôt de se pendre et il irait avec plaisir ! Galopant à bride battue sur ses terres, ils passèrent par la forêt pour aller plus vite, pour prendre de cours la délégation Dingwall. Une fois dans la cour, il s'empressa de demander :

« Où est Lady Moïra ?
-Absente mon seigneur, elle est partie avec Lady Eimhir.
-Faites la revenir s'il vous plaît. »

Aodhan descendit de son cheval, le ramena à l'écurie mais ne prit pas le temps de s'en occuper. Il se dirigea directement dans une petite salle de réception avec une table au centre de la pièce. Les fenêtres donnaient sur la cour et Aodhan pût voir que c'était Lady Dingwall en personne.Utiliser la futur belle sœur de sa femme pour l'atteindre. Pitoyable à ses yeux. C'est un masque froid qu'il décida de mettre : il ne savait pas la nature de sa venue :

« Faites la venir ici. Dame Macintosh étant absente, je vais la recevoir. »

Aodhan resta debout près de la fenêtre et il suivit du regard jusqu'à ce qu'elle rentre dans les murs de sa demeure. Lorsqu'elle rentra, il se leva néanmoins pour aller à sa rencontre, baisa sa main comme le devait la coutume. Liudsaidh avait beau être de la famille d'un clan rival : il se devait d'être agréable tout de même. D'autant plus que leur famille serait bientôt lié :

« Que me vaut l'honneur de votre visite Lady Dingwall ? Lady Macintosh est absente, j'ai demandé à mes gens d'aller la chercher. »

« C'est Liusaidh qui ira. » toutes les personnes présentent dans la grande salle fixèrent Ragnhall, moi compris. Je voyais mon frère Brendan qui s'agitait et qui se retenait d'insulter son aîné et de lui sauter dessus pour le frapper et tenter en vain de le ramener à la raison. « Tu es inconscient... » finit par dire mon frère. Étrangement mon aîné semblait très sur de lui, il arborait un sourire satisfait, comme s'il savait parfaitement ce qu'il faisait. La plupart du temps il prenait les mauvaises décisions. « Elle ira sans nous, avec une simple escorte. Ils n'oseront jamais s'en prendre à une femme sans défense. » Il n'avait pas totalement tord en disant ca mais je sentais qu'il avait une idée derrière la tête. Ce n'était en général pas à la future mariée de ramener le contrat de mariage signé par les deux parties. Pourquoi il n'envoyait pas un simple messager ? Pourquoi je devais y aller ? Je ne me sentais pas très à l'aise d'aller jusqu'à là-bas... Je vis mon frère avancer vers moi, il passa un bras autour de mes épaules et m’entraîna dans une pièce où l'on pourrait parler en privé. Je le regardais il allait enfin me dire ce qui lui passait par la tête. « Ma chère sœur, en plus de porter ce contrat, tu as une autre mission. » Je l'observais, attendant sa sentence. Je m'attendais à tout avec lui... « Je veux que tu essaie d'en apprendre le plus possible sur les Macintosh. Ce qu'il se passe dans le clan, comment nous pourrions les atteindre... » Je le regardais ébahie, comme osait-il me demander ca ?! Il dut remarquer ma surprise et mon indignation car il allait répliquer, mais avant qu'il n'en eu la chance je parlais à sa place. « Comment oses tu demander ca à moi ta sœur ?! Je ne suis pas un pion Raghnall, envoie un espion, un messager mais pas moi ! » Comment pouvait-on se servir des gens comme ca, de sa propre famille en plus ?! Mais qu'est ce que je pouvais dire après tout, je n'étais qu'une femme, et je devais obéir à mon frère. « C'est moi qui décide Liu' ne l'oublie pas. » Je soupirais et le regardais énervé. « Je vais porter ce contrat comme tu me le demande. Mais ne compte pas sur moi pour jouer ton espion. » C'était hors de question, je tournais les talons et m’apprêtais à sortir mais juste avant de claquer la porte je me retournais vers lui. « N'oublies pas que bientôt je serais mariée à l'un d'eux et je leur serais loyale. » Sur ce je claquais la porte et regagnais mes appartements.

Le soleil se levait juste quand mon escorte et moi quittions le château, je n'avais pas l'intention de voir mes frères avant de partir, je porterais ce contrat et rentrerais aussitôt. Je ne voulais pas partir en chariot nous aurions mis encore plus de temps, j'aimais tout autant chevaucher. Après un long trajet le château des Macintosh se défilait déjà à l'horizon. Je ne savais vraiment pas comment nous allions être reçu... Ranghnall semblait persuadé qu'étant une femme ils ne me feraient rien, je n'en n'étais pas si sure. Aodhan était connu pour vouloir à tout prix le trône, qu'est ce qu'une vie comparé à une couronne et un royaume ?! On approchait, on nous avait repérés, en entrant dans la cour du château je vis les regards sur moi... J'espérais que lorsque je serais mariée je n'aurais pas ce genre d’accueil... Une personne s'avançait, je m'annonçais, il me demanda de le suivre. J'arrivais finalement dans un pièce où se trouvait Aodhan Macintosh, je ne pensais pas avoir à faire à lui, plutôt à son épouse... Il s’avança vers moi et baisa ma main comme un parfait gentilhomme. Je m'inclinais. « Que me vaut l'honneur de votre visite Lady Dingwall ? Lady Macintosh est absente, j'ai demandé à mes gens d'aller la chercher. » Je tentais une maigre sourire, je devais me détendre, rester calme. J'étais là pour un but précis pas besoin de paniquer. « Je suis venu amener à votre épouse le contrat pour mon prochain mariage avec son frère. Les modifications nécessaires ont été faites et il est signé par mon frère, Laird Dingwall. » Après tout j'étais là précisément pour ca !

Bien que dans sa demeure, en supériorité Aodhan n'aimait pas du tout le fait que des hommes du clan Dingwall soient là. Même s'ils étaient accompagnés d'une femme. Une attitude, action lâche à ses yeux de la part d'un chef de guerre comme Aodhan disait souvent. Avait-il peur que le lord des MacIntosh ne tue ses hommes sans pitié ? Bon d'accord il l'aurait fait sans scrupule et aurait planté leur têtes sur des piquets pour les aurait envoyé à l'envoyeur.

« Je suis venu amener à votre épouse le contrat pour mon prochain mariage avec son frère. Les modifications nécessaires ont été faites et il est signé par mon frère, Laird Dingwall. »

Au simple nom de Laird, Aodhan tiqua et serra les dents. Son regard qui n'était pas au début méchant se fit de plus en plus froid au fur et à mesure que le temps s'écoulait. Espionne. Elle était là pour amené les Macintosh à leur perte, c'était évident pour Aodhan.

« Les modifications ? Que fallait-il changer ? »

Aodhan laissa le silence s'installer un instant, cela lui permit d'étudier de haut en bas la jeune femme : même si cela devait la mettre mal à l'aise. Aodhan n'avait clairement pas envie qu'elle se sente à son aise pour l'instant.

« Etrange que cela soit une personne de votre rang qui amène ce genre de papier. La famille Dingwall est-elle trop pauvre pour avoir des serviteurs ? »

Aodhan souriait intérieurement de cette petite phrase piquante avant de tendre la main pour prendre le contrat. Après tout, cela le concernait autant que Moïra même si cela était de façon indirect. De toute manière, il serait amené à le lire tôt ou tard.

« Dites moi... » Il fit sortir les deux chevaliers qui étaient à la porte avant de la fermer derrière eux : « Que venez-vous réellement faire ici ? » Un léger sourire s'afficha sur son visage bien que loin d'être amical : « Vous savez ce que je fais des messagers de votre famille n'est-ce pas ? »

Aodhan tira une chaise et invita d'un geste de la main la futur belle-sœur de sa femme à s'installer sur cette dernière :

« Je vous en prie, nous ne sommes pas chez les MacGuffin après tout, nous sommes civilisés. Je ne vous ferai rien je vous le promet. Mettez vous à votre aise Milady. »

Il s'installa par la suite en face d'elle avant de reposer son regard sur elle. Il croisa ses mains tout en posant ses coudes sur les accoudoirs.

De toute ma vie je ne m'étais sentie aussi étrangère. Je n'étais pas à ma place je le sentais, tout ici me le faisait sentir. Chaque personne que je croisais, l'air, chaque pierre de ce château. Je devais en sortir et au plus vite. Je maudissais mon frère de m'avoir envoyé ici, je le détestais et je comptais bien le lui dire lorsque je rentrerais, si je rentrais un jour... Je ne venais pas en ennemi mais je comprenais ce que pouvais ressentir les Macintosh, après tout nous étions des clans ennemis, c'était ainsi. Auparavant nous étions tous unis, un pays unis mais depuis bien trop longtemps aujourd'hui la guerre nous divisait. J'étais simplement venu apporter ce contrat et je comptais rentrer chez moi au plus vite, j'avais l'intime conviction que ca serait un peu plus compliquée. « Les modifications ? Que fallait-il changer ? » Je le regardais interdite. C'était une bonne question, je n'en savais pas grand chose. J'avais été tenu à l'écart des négociations et je préférais ne pas savoir combien mon frère m'avait vendue. J'avais l'impression de n'être rien d'autre qu'un morceau de viande à ses yeux... « Le montant de la dot sans doute. Un contrat avait été signé entre nos pères, je crois que peu de choses ont été modifiées. » Mais je n'en savais pas plus... Je ne voulais pas en savoir plus, ce contrat existait c'est tout ce qui importait. Le regard du laird Macintosh était devenu froid, il m'observait et ne disait plus rien. Je ne devais pas me laisser intimider, je devais rester forte. Finalement il brisa le silence. « Etrange que cela soit une personne de votre rang qui amène ce genre de papier. La famille Dingwall est-elle trop pauvre pour avoir des serviteurs ? » Que répondre à ca étant donné que je m'étais posé exactement la même question ?! Je devais sauver la face, bientôt je devrais être loyale au Macintosh mais pour le moment j'étais encore une Dingwall. Je ne devais pas faire passer mon frère pour un incompétent mais c'était connu de tout le pays qu'il était un piètre chef de clan... «  Mon frère m'a demandé de le faire, je n'ai pas à critiquer ses ordres. J'imagine qu'il pensait qu'une femme aurait plus de chance de rentrer vivante. » Parfois j'en disais un peu trop, mais je savais que c'était aussi l'une des raisons pour lesquelles c'était moi qui était venue, malheureusement. « Dites moi... » Je le regardais, il fit signe aux deux chevaliers de sortir, pourquoi ?! « Que venez-vous réellement faire ici ? » Il appuya volontairement sur le réellement. Qu'est ce que j'étais censée dire ?! Que mon frère voulait que je les espionne mais que je m'y refusais ?! Pas simple à croire, je pouvais parfaitement dire ca pour sauver ma peau et rentrer chez moi au plus vite. « Vous savez ce que je fais des messagers de votre famille n'est-ce pas ? » Je le regardais un peu effrayée mais pas décidée à le lui montrer et à me laisser faire, j'étais une femme forte, je devais garder la tête haute. « Comme je vous l'ai dit Monseigneur je suis venu jusqu'ici dans l'unique but d'apporter à votre épouse ce contrat. » Après tout c'était la vérité,pour moi ca l'était. Je ne pensais pas que la partie allait être gagnée si facilement, il ne pouvait pas me faire confiance. « Je vous en prie, nous ne sommes pas chez les MacGuffin après tout, nous sommes civilisés. Je ne vous ferai rien je vous le promet. Mettez vous à votre aise Milady. » Je lui souriais et m'installais face à lui. «  Les Lowlanders ont un cruel manque de manière en effet. Mais je reste persuadé qu'ici les messagers de clan sont traités avec le plus grand respect, surtout les messagers de mon rang, n'est ce pas Laird ? » Je ne voulais pas le provoquer, juste lui prouver que je ne me laisserais pas intimider, pas encore !

Tous ses sens étaient en alerte : une ennemie était dans son château et aussi charmante soit-elle, la mort savait se parer de tous ses atouts pour séduire. Aodhan voulait donc garder l'esprit clair : elle était une ennemie pour l'instant. Il ne s'autorisait pas à la voir autrement, Liudsaidh pouvait très bien être envoyé par son frère pour espionner son clan : chose qu'il n'accepterait pas bien évidemment. Si pour cela il devait renvoyer la sœur de Dingwall en petits morceaux il le ferait : soyez sans crainte. Pour parler « affaire » il demanda les changements se doutant bien qu'elle n'était pas concernée par tout cela. Ce n'était qu'une femme et d'après les rumeurs son frère n'était pas tendre avec elle. Aodhan était un frère modèle à côté de lui : c'est dire. Un bref « hum » répondit aux paroles de la Dame, le seigneur en avait finit avec ces questions sur le mariage. Il était persuadé qu'elle venait pour autre chose et il allait lui sortir les vers du nez. Liudsaidh répondit à Aodhan franchement et elle marqua des points dans l'esprit de ce dernier.

« Il pensait bien pour une fois. Ma sœur n'aurait jamais accepté de faire le larbin, je ne lui aurai jamais demandé à vrai dire. Ce n'est pas parce que vous êtes une femme que vous n'avez pas votre mot à dire. Enfin, ce n'est que mon opinion et vous n'êtes pas sous ma coupe. »

Aodhan avait beaucoup de défauts mais concernant le droit des femmes : elles n'étaient pas à plaindre dans son clan. Il n'y avait que voir Rowena. Pourtant, quelque chose se tramait et puisque Liudsaidh Dingwall était là, autant la questionner pour savoir si elle n'avait pas entendu des bruits de couloir. C'est pourquoi, il fit sortir ses chevaliers et ferma la porte avant de se montrer courtois et lui tirer une chaise pour qu'elle s'installe.

« Hum... Vous m'avez l'air sincère, malheureusement je doute que votre frère vous ait envoyé pour un simple document. »

Liudsaidh marquait des points en dénigrant les Lowlanders, cela fit sourire Aodhan et permit à ses traits de s'adoucir quelque peu :

« Comme je vous l'ai dit, aucun mal ne vous sera fait. Mais je n'ai pas dit quand vous pourrez repartir, ni si vos hommes repartiront avec vous. »

Les mains toujours croisés, Aodhan garda son petit sourire en coin tandis que ses yeux scrutait ceux de la dame en face de lui :

« Comprenez Milady qu'avec les temps qui court je ne peux pas vous laisser partir sans savoir si vous nous espionnez au compte de votre frère ou bien si vous veniez réellement apporter ce document à ma femme. Si jamais ce mariage venait à ce faire, ce dont je ne doute plus à présent, il faudra que vous quittiez vos frères, votre clan. Cela sera difficile autant pour vous que pour moi mais j'attends de vous votre loyauté et en échange je vous accorderai ma confiance si ma femme vous donne la sienne. »

A cet instant, il la traitait à l'égal d'un homme en parlant politique avec elle. Soulignant par ce fait ce qu'il avait dit plus haut sur les femmes de son clan.

Je me rendais compte à présent comme la situation pouvait paraître incongrue. Mon frère était vraiment inconscient pour m'envoyer ici, seule. C'était le rôle d'un messager par de la sœur du chef de clan. Mais comme à son habitude Ragnhall n'en faisait qu'à sa tête, il n'écoutait rien, rien du tout. Il prenait les mauvaises décisions malgré ce qu'on lui disait... Je ne sais pas ce qu'il adviendra de notre clan s'il continuait comme ca, il serait capable de nous mener à la ruine et nous serions envahis par les autres clans. Je voyais bien au regard qu'il me jetait que le Laird Macintosh ne croyait pas vraiment que j'étais venue uniquement pour apporter ce contrat et il n'avait pas totalement tord. J'étais une ennemie chez lui, il devait rester sur ses gardes, nous étions en pleine guerre, on ne pouvait faire confiance à personne. « Il pensait bien pour une fois. Ma sœur n'aurait jamais accepté de faire le larbin, je ne lui aurai jamais demandé à vrai dire. Ce n'est pas parce que vous êtes une femme que vous n'avez pas votre mot à dire. Enfin, ce n'est que mon opinion et vous n'êtes pas sous ma coupe. » Je le regardais un peu surprise. Je n'aurais jamais pensé que Aodhan Macintosh était le genre d'homme à respecter la place des femmes. Si seulement j'avais eu un frère comme ca... Je notais ensuite sa remarque sur le fait que mon frère avait bien pensé pour une fois, ca n'échappait à personne qu'il n'était pas un très bon chef de clan... « J'ai d'abord refusé mais je dois lui obéir. » Je retenais le malheureusement. Les chevaliers quittèrent la pièce, il s'installait face à moi. Je devais rester forte, la tête haute. Ne rien laisser échapper. « Hum... Vous m'avez l'air sincère, malheureusement je doute que votre frère vous ait envoyé pour un simple document. » Je soupirais, qu'est ce que j'étais censé faire ?! Lui dire la vérité, que mon frère voulait que j'espionne pour son compte. SI je faisais ca je trahirais mon clan, pour le moment je ne faisais pas encore partie des Macintosh, alors qu'est ce que je pouvais bien faire ?! « Vous avez raison de douter. » Nous étions en guerre, tout pouvait arriver. Un allié pouvait devenir un ennemi et inversement. « Comme je vous l'ai dit, aucun mal ne vous sera fait. Mais je n'ai pas dit quand vous pourrez repartir, ni si vos hommes repartiront avec vous. » Il ne manquait plus que ca, qu'il me retienne ici. Je ne voulais qu'une chose, pouvoir rentrer au plus vite chez moi. Je n'aurais jamais du venir dans un premier temps, ce n'était pas à moi de le faire et c'était dangereux. Il n'y avait bien que mon frère pour me mettre dans ce genre de situation. N'importe quel homme normalement constitué aurait comprit que c'était fou et trop risqué, mais pas Raghnall. « Comprenez Milady qu'avec les temps qui court je ne peux pas vous laisser partir sans savoir si vous nous espionnez au compte de votre frère ou bien si vous veniez réellement apporter ce document à ma femme. Si jamais ce mariage venait à ce faire, ce dont je ne doute plus à présent, il faudra que vous quittiez vos frères, votre clan. Cela sera difficile autant pour vous que pour moi mais j'attends de vous votre loyauté et en échange je vous accorderai ma confiance si ma femme vous donne la sienne. » Je comprenais son point de vue, totalement. Je n'étais qu'une étrangère, un danger potentiel et pire encore, j'allais épouser un de ses vassals, le frère de sa femme. Il devait être d'autant plus vigilent. « Je comprends Milord, et je vais être honnête avec vous. Raghnall avait bien derrière la tête de m'envoyer comme espion, si on peut dire ca comme ca. J'ai refusé, je lui ai clairement dit que j'apporterais le contrat et que mon rôle s'arrêterait là. Je ne m'abaisserais pas à ce genre de choses. Bientôt je serais mariée au frère de votre épouse et je lui serais loyale. » Je savais que j'allais quitter mes terres, mon clan, et ma fidélité en changerait tout autant.

Aodhan ne pouvait pas s'empêcher de regarder de haut en bas la demoiselle en face de lui. Pauvre objet qu'elle était, un peu plus et il aurait pitié de cette lady. Une dame de son rang ne devait pas faire ce genre de course, c'est cela qui lui à mit la puce à l'oreille. Quelque chose clochait, il n'allait pas la laisser s'en tirer trop rapidement. Il n'avait pas obtenu la réputation qu'il avait aujourd'hui en envoyant des fleurs à ses ennemis. La plus parts des espions de chez Dingwall revenaient en petit morceau dans leur royaume ou tout du moins assez traumatisé pour ne plus jamais espionner les autres. Aodhan n'arrivait pas à baisser sa garde, une femme ne l'avait jamais amadoué : il est fidèle et le sera toujours à Moïra sa femme. Il vit bien le regard de Liusaidh changer lorsqu'il lui annonça que les femmes de son clan avaient le droit au respect.

« Je vois, je comprends. Dites-vous que quand vous serez marié votre condition risque de changer. Les Macdonald sont respectueux envers les femmes, tout du moins ce ne sont pas les pires. Quand on connaît Lady Moïra on comprends qu'ils le sont. »

Disait-il cela pour la rassurer ou pour vanter l'intelligence de ses alliés ? Sûrement un peu des deux. Bien sûr qu'il avait raison de douter, pas besoin de son autorisation pour que ce sentiment habite sont corps. Il avait une sorte de sixième sens, une impression qui lui était désagréable. Aodhan décida de jouer franc jeu et de parler d'égal à égal avec cette femme qui lui serait bientôt fidèle. Pourquoi tourner autour des latrines ? Autant dire tout de suite le fond de sa pensée pour qu'il n'y est pas de malentendu. Jouer carte sur table restait encore le meilleur moyen. Après tout, il fallait la mettre en confiance, changer avant même le mariage son allégeance. Aodhan fût satisfait de voir que la jeun femme en face de lui jouait également la carte de la vérité. Il avait côtoyer des menteurs, elle semblait sincère, cela ne calma pas pour autant ses sens. Il avait raison, finalement son instinct était infaillible ! A la fin de ce court discours, Aodhan garda le silence, aucun signe de sa part d'approbation ou de refus. Au bout de quelques minutes, il prit la parole tout en passant sa main sur sa barbe :

« Merci de votre sincérité. Malgré le fait qu'il soit votre frère, Raghnall n'a pas d'honneur à mes yeux, envoyer sa sœur est un acte bas, un acte qui n'est pas digne d'un chef de clan. Enfin. Dites-moi, par simple curiosité : que vous a-t-on dit sur moi avant votre départ ? »

Il se redressa pour poser ses coudes sur la table et regarda par la fenêtre, remarqua que l'après-midi était bien avancé :

« Lady Moïra ne devrait pas tarder... Si elle arrive trop tard souhaitez vous rester pour manger ? Nous avons assez de chambre pour que vous couchiez ici. Cela serait un excellent moyen d'inquiéter votre frère par le faite même et de vous prouver si oui ou non il tient à vous. Vous pourrez également parler à Lady Moïra sans que le temps presse. »

Diabolique, s'il cela ne tenait qu'à lui, il ferait bien pire et n'hésiterait pas à faire pression sur son frère en faisant passer pour le doigt de sa sœur, un doigt d'un des gardes qui l'accompagnait. Aodhan se garda bien de dire ce plan, il le ferait peut-être dans le dos de la demoiselle. Oui... Cela lui semblait être une excellente idée.

« Si vous voulez accomplir la deuxième mission de votre frère, vous n'aurez qu'à dire que je suis un homme sans cœur. »

Un sourire presque sadique apparut sur son visage, il se mit à pianoter sur la table, son regard toujours posé sur la demoiselle blonde :

« Redoutez-vous de vous marier à un étranger à votre clan ? »

Je n’avais jamais rencontré Aodhan Macintosh ou alors il y a de très nombreuses années lorsque nous devions être des enfants. Je n'avais pas eu le droit d'assister aux jeux qui devaient désigner le prétendant de Mérida et je sortais très rarement du domaine, je ne voyais donc rarement des personnes d'autres clans, surtout à présent avec la guerre. Mais bientôt il serait mon seigneur, je devrais oublier mon ancienne vie, tirer un trait sur ma famille, mes frères. J'allais me marier et ma loyauté allait changer. Je savais que je devais le faire et ce n'était pas ce qui me dérangeait le plus dans ce mariage. Visiblement ici les femmes n'étaient pas réduites au silence comme chez moi. Mon frère m'écoutait mais m'utilisait comme bon lui semblait. Mais ici ma condition changerait, je l'espérais de tout cœur, après tout j'étais habitué à pire alors un changement bénéfique serait le bienvenue. Mais je ne pouvais pas venir ici et mentir au seigneur du château en le regardant dans les yeux. Je n'avais pas été élevée comme ca, je n'étais pas comme ca. Ca ne servait à rien de mentir, j'étais persuadée qu'il se méfiait et à raison, autant être sincère. J'allais faire partie de ce clan, je devais me montrer sincère. Je vis bien que mon annonce le laissait pantois, il ne disait rien. Soit il me coupait la tête, soit il se montrait clément, je n'aurais peut-être pas du jouer si franc jeu... « Merci de votre sincérité. Malgré le fait qu'il soit votre frère, Raghnall n'a pas d'honneur à mes yeux, envoyer sa sœur est un acte bas, un acte qui n'est pas digne d'un chef de clan. Enfin. Dites-moi, par simple curiosité : que vous a-t-on dit sur moi avant votre départ ? » Malgré le fait que mon frère soit un piètre chef de clan, je n'aimais pas entendre du mal de lui, il restait mon frère. J'avais grandie avec lui et il avait remplacé mon père à sa mort. « Raghnall n'a rien d'un bon chef de clan mais il reste mon frère. » Je savais qu'il n'était pas fait pour ca, absolument tout le monde le savait. Je repensais à sa question, qu'est ce qu'on m'avait dit de lui avant que je m'en aille. Raghnall était resté très évasif sûrement pour ne pas m'affoler. Mais Brendan m'avait mise sur mes gardes avant de partir, il était bien plus inquiet. « Je dois dire que mes frères sont restés très évasifs. Raghnall n'a rien dit mais Brendan semblait bien plus inquiet il voulait m'accompagner mais il n'a pas pu. » Enfin Ragnhall n'avait pas voulu. Mais j'étais loin d'être bête ou sourde et je n'avais pas besoin d'eux pour savoir ce qui tomber. « Mais vous savez votre réputation vous précède, on entend beaucoup parler de vous. Uniquement en mal je vous rassure. » On ne pouvait pas non plus entendre du bien d'un chef de clan ennemi chez les Dingwall et je restais persuadée que Aodhan adorait avoir cette réputation. « Lady Moïra ne devrait pas tarder... Si elle arrive trop tard souhaitez vous rester pour manger ? Nous avons assez de chambre pour que vous couchiez ici. Cela serait un excellent moyen d'inquiéter votre frère par le faite même et de vous prouver si oui ou non il tient à vous. Vous pourrez également parler à Lady Moïra sans que le temps presse. » Le soleil commençait à baisser dans le ciel...Qu'est ce que je pouvais faire ? C'était un risque de rester ici pour la nuit, je ne savais pas ce qui pouvait m'arriver. Je ne savais vraiment pas quoi faire. Mais il est vrai que rentrer maintenant serait tout aussi dangereux, en pleine nuit nous risquerions de nous faire attaquer ou bien pire. « Il tient à moi je vous l'assure, mais à sa façon. » Raghnall n'avait jamais été très doué avec les sentiments, quand on voit qu'il a mis plus de trois ans à partager le lit de son épouse... « Je me vois dans l'obligation de refuser votre invitation. Je compte rentrer sur nos terres les plus tôt possible. Le contrat est entre vos mains je n'ai pas de raison de m'attarder. » Après tout ma mission était accomplie je n'avais plus rien à faire ici. Le mariage arriverait bien assez tôt pour que je passe du temps sur les terres des Macintosh. J'espérais juste sortir d'ici sans problèmes et avec mon escorte. « Redoutez-vous de vous marier à un étranger à votre clan ? » Je soupirais, il était un homme c'était étrange qu'il pose ce genre de questions mais j'allais tout de même lui répondre. « Je redoute de me marier tout court, que ca soit avec un étranger ou avec un membre de mon clan. Je vais perdre ma liberté c'est la seule chose que je redoute. Je vais être enchaîné à un homme qui n'en n'aura rien à faire de ma personne et qui me méprisera de part ma naissance. » Je crois que mon discours sonnait faux, je ne voulais pas me marier mais c'était mon devoir.

Qu'elle soit la future belle sœur de sa femme ne changeait rien pour Aodhan qui avait décidé de rester sur ses gardes jusqu'à temps qu'elle reparte avec ses hommes. La déstabiliser, ne jamais être d'une humeur constante pour brouiller toutes pistes : il fallait qu'elle ressorte de cette entrevue perturbée. Le Lord ne faisait pas dans la dentelle : il était chef de Guerre après tout. Il aimait que les choses aillent droit au but, qu'elle ne traîne pas en longueur : comme cette guerre. Le faite qu'elle soit sincère était à son avantage : MacIntosh ne supportait pas les gens faux. Il les chassait avec plaisir avec son arc ou bien avec son épée. Il n'y avait pas de pitié pour les faibles. Luisaidh prit la défense de son frère : cette loyauté fraternelle s'inscrivit aussi dans la colonne des points positifs et en même temps des points négatifs. Cette loyauté pourrait-elle continuer de perdurer après le mariage ? Aodhan n'hésiterait pas à tout faire pour casser ce lien, même si cela devait briser le cœur de la dame en face de lui. Ce lien pouvait mener à sa perte son royaume et il ne laisserait personne détruire ce que ses ancêtres et son père ont construit. C'était son héritage, celui de personne d'autre et il était prêt à tout pour le défendre. Il ne releva pas la défense de la demoiselle préférant garder ses commentaires pour plus tard. De plus, une autre question brûlait les lèvres d'Aodhan : il avait beau savoir déjà les rumeurs, il voulait savoir ce qu'on disait de lui dans les royaumes voisins et donc ennemis au sien. Raghnall étant un lâche à ses yeux, un être qui ne serait pas difficile à évincer, il ne fût pas étonné qu'il n'est rien dit à sa jeune sœur. Brendan avait plus l'étoffe d'un chef selon lui, tout du moins plus que son aîné. Liusaidh rajouta un « Je vous rassure. » qui fit froncer les sourcils du chef de Clan :

« Pensez-vous vraiment que j'ai besoin d'être rassuré par une dame de votre âge ? »

Son ton, on ne peut plus froid, était utilisé à bon entendeur. Naturellement qu'il savait la réputation qui le précédait. Aodhan n'était pas un idiot, il était un MacIntosh. Il se racla la gorge pour prendre une voix beaucoup plus sereine, amicale : finalement il n'avait plus envie d'effrayer la demoiselle. Alors, en tout amitié, il lui proposa de rester manger, pourquoi pas dormir permettant ainsi à son épouse de lui parler sans que le temps ne les presse. Liusaidh refusa poliment mais sûrement sa proposition qui partait sincèrement d'un bon sentiment.

« Soit. »

Puisque qu'elle ne souhaitait pas rester, Aodhan posa une question quelque peu indiscrète et qui pouvait certainement déstabiliser la demoiselle : qu'est-ce que cela pouvait faire à un homme tel que Lord MacIntosh de savoir ce que pense la demoiselle du mariage arrangé ? Rien. Il n'en avait rien à faire, mais il était un homme curieux. Liusaidh répondit avec franchise ce qui fit plaisir au seigneur une fois de plus. Il frotta sa barbe avec sa main, laissa le silence planer un peu avant de le rompre :

« Je ne serai pas vous rassurez pour ce genre de choses, Lady Moïra le pourrait. Vous êtes et resterez la fille de feu Iaghan Dingwall mais également la soeur du chef actuel. De part votre naissance vous aurez le droit à tout le respect que mérite votre rang, c'est pourquoi votre liberté ne vous sera pas enlevée. Même si votre mari vous « enchaîne », le sang qui coule dans vos veines est noble : votre destin ne sera pas aussi noir que vous le dites même si je ne peux pas vous le promettre. »

Aodhan esquissa un sourire qu'on peut qualifier d'agréable contrairement au comportement qu'il avait eut tout le long de cet entretien. Il se leva avant de se mettre à côté de la demoiselle :

« Bien Milady, je ne vous retiens pas. Je pense que nous serons amener à nous revoir prochainement. Je préviendrai Lady Moïra de votre venue, je pense qu'elle viendra vous visitez. Vous serez gré de l’accueillir comme il se doit : je vous accorde ma confiance sur ce point. Tâchez de ne pas la trahir. »

Il attrapa délicatement sa main pour la baiser :

« Vos hommes vous attendent en bas. Faites bonne route et soyez prudente. »

Aodhan partit par la suite laissant ses chevaliers raccompagner la demoiselle auprès des hommes qui l'avaient accompagné.