« Dites au Seigneur Macintosh que Connor MacDonald souhaiterait lui parler. J'ai prévenu de ma venue. »

J'avais fait le voyage depuis mes terres. Après mon entrevue avec la jeune Dingwall, j'étais vite reparti. L'idée d'être si proche de mes ennemis ne me plaisait pas, quand bien même un contrat était censé garantir ma relative sécurité. Mais pas celle de mes hommes. Heureusement que le Seigneur Dingwall n'était pas fourbe, ni calculateur. Finalement, même sa sœur devait avoir davantage l'étoffe d'un chef que ce pauvre bougre qui serait bientôt détrôné s'il n'y prenait garde.

Sa sœur...

Lady Dingwall ne quittait pas réellement mes pensées. Bientôt, elle serait mon épouse et il me faudrait partager une partie de mon quotidien avec la jeune femme. Qu'elle puisse être une femme sur laquelle je puisse compter ne m'avait pas effleuré avant cette entrevue. Désormais... Je ne savais plus réellement ce qui allait découler de cette union et ce qu'elle allait m'apporter, en dehors d'une femme plus que jolie, qui au moins, me ferait honneur et ne dépareillerait pas à mon bras. Et l'on pouvait espérer de beaux enfants. En espérant qu'ils héritent du caractère Mac Donald et pas Dingwall. Je ne supporterais sans doute pas d'avoir un fils qui puisse ressembler à Raghnall.

Mais surtout, j'avais apprit que si Aodhan ne s'opposait pas à cette union comme mon père me l'avait assuré, il s'en mêlait même de façon plus directe. Via son épouse, ma sœur et en ayant discuté avec Liusaidh. Je trouvais cette union aberrante et j'avais bien l'intention de tirer les choses au clair avec mon beau-frère. Si nous n'étions pas les meilleurs amis du monde, nous éprouvions du respect l'un envers l'autre, même si ma tendance à rabaisser ma sœur en sa présence le faisait sortir de ses gonds et se réglait parfois de façon brutale. Mais saines finalement.

C'était mon avenir. C'était moi qui allais accueillir l'ennemie au sein de mon clan. Aodhan voyait-il là un moyen d'atteindre le clan Dingwall par Liusaidh ? De quelle manière ? Je ne serais pas le pantin de mon suzerain. Il me connaissait suffisamment pour savoir que je n'aimais pas que l'on tire les ficelles. J'étais un guerrier, je savais être retors, intelligent, calculateur et je sentais bien lorsque l'on m'utilisait. Et je serais bien plus efficace en jouant dans son jeu, dans son camp.

Je patientais en faisant les 100 pas, attendant qu'Aodhen consente à me reçevoir. J'avais demandé à Liusaidh si elle connaissait beaucoup de mariages heureux dans son entourage. Moi, je connaissais celui de ma sœur. Ils avaient été heureux. Mais les choses se dégradaient entre eux, même si elle conservait les apparences. Ils n'étaient pas d'accord sur tout. Aodhan était un guerrier, un conquérant, ce trône, il le voulait et c'était pour cela qu'il avait mon respect. Il était un chef, un dirigeant. Il méritait ce trône et il était fait pour la guerre. Comme beaucoup d'entre nous... Comme moi. J'avais vécu dans la paix, j'avais découvert la guerre. Avais-je envie qu'elle cesse ? Je ne savais plus... Que faire quand l'excitation du champ de bataille ne parcourait plus nos veines ? Vivre une petite vie tranquille avec femme et enfants ? Cela me paraissait tellement ennuyant... Je m'accomplissais dans les batailles, je prouvais ma valeur.

Car finalement, derrière l'arrogance... Se dissimulait bien une profonde envie de prouver au monde que je ne valais pas moins qu'Allen, que ma place de futur Laird n’était pas usurpée simplement parce que mon aîné était décédé... C'était le désir infini d'un enfant de prouver ce qu'il valait, de surpasser celui qui lui avait fait de l'ombre pendant toute sa vie. Qui lui en faisait encore. Il arrivait encore, lors de mes disputes avec mon père ou ma mère, qu'ils laissent échapper la phrase de trop... Si Allen était encore envie... Si tu étais comme ton frère... Et ces autres petites phrases qui ne faisaient qu'envenimer les choses. Allen était mort et enterré, il ne reviendrait pas. Et je n'étais pas lui, je ne le serais jamais et je n'aspirais pas non plus à le devenir, ils allaient devoir se rentrer cela dans le crâne.

On me fit enfin savoir qu'Aodhan était disposé à me recevoir et je suivis l'homme, jusqu'à la Grande Salle, où m'attendait mon beau frère. Je le saluais comme il était d'usage, de vassal à suzerain.

« Mon Seigneur. »

Je me redressais alors, souriant légèrement :

« Aodhan. Je suis presque flatté que vous puissiez m'accorder quelques minutes, j'ai cru comprendre que vous aviez pas mal d'affaires à régler. Et il en est une dont je voudraisvous entretenir. Je suppose que vous vous doutez de la raison de ma venue. L'union d'un MacDonald et d'une Dingwall fait beaucoup parler... Que Raghnall ressorte ce vieux contrat, que mon père se sente pieds et poings liés, je peux le comprendre. Que Dingwall y trouve un quelconque intérêt, pourquoi pas, je ne sais ce qui se trame dans son esprit. Maisvous Aodhan. Quel intérêt tirerez-vous de cette union ? »

Je marquais une pause :

« Quoiqu'il m'est revenu aux oreilles que j'ai failli me retrouver sans fiancée suite à sa visite auprès de vous... »

Une nouvelle journée en enfer, Aodhan venait de répondre positivement à sa venue chez la Reine pour le retour des triplés. Une sorte de pseudo trêves le temps de bien manger, de se remplir la panse avant de les vider sur le champs de bataille. Il n'y aurait pas de paix, il le savait, en était conscient mais ne pas assister à ce repas serait une grave erreur de sa part. Il quémanda à son page d'aller envoyer la lettre au château des DunBroch avant de prendre sa tête dans ses mains. L'avenir était incertain, plus qu'incertain. Pour monter sur le trône il avait besoin de l'appuie des autres chefs de clans, clans qu'il combattait férocement. Il voyait en ce repas un moyen de tâter le terrain.

« Mon Seigneur ?
-Hum ?
-Sir Connor MacDonald souhaite vous parler. »

Aodhan releva la tête et soupira. Il est vrai que son beau-frère devait venir aujourd'hui pour discuter de son mariage enfin il n'y avait plus rien à discuter. Le chef de clan savait qu'avoir parler avec sa future femme n'allait pas plaire à Connor. Au fond c'est peut-être pour cela qu'il l'avait fait. Pour mettre en rogne son beau-frère, pour avoir une joute verbale avec lui. Le fait est qu'Aodhan ne voyait pas d'un bon œil cette alliance. L'idée que sa famille -même si cela est indirect- soit lié à celle de ce chien de Ragnhall. Pourtant, il savait son beau-frère était aussi réticent que lui à l'idée de se lier à cette famille. Malgré tout, Aodhan ne pouvait être sûr de rien, il n'avait jamais vraiment eut une confiance aveugle en Connor. Ce n'est pas pour autant que le chef de clan ne montrait pas de respect à cet homme qui était un excellent guerrier. Allen était peut-être plus fins stratège mais il était un moins bon guerrier aux yeux d'Aodhan : la preuve l'un est en vie et l'autre non. Sur le champs de bataille, le cerveau ne peut pas gagner, si ce dernier doit gagner : il le fait avant même que la moindre goutte de sang ne soit versé. Enfin, ce n'était que l'avis du chef des Western Highlands and Islands.
Le Lord se leva pour rejoindre la Grande Salle et s'installa sur un siège autour de la table ronde, là où se prenait les plus grandes décisions. Il fit signe qu'on lui amène son beau-frère et attendit patiemment. Connor le salua, Aodhan répondit respectueusement :

« Sir MacDonald. »

Avant même que le chef ait eut le temps de dire autre chose, son beau-frère était déjà parti dans un discours qui était à son image. Il posa son coude sur la table, posa son menton dans sa main et étira un petit sourire au coin de ses lèvres. Il voulait parler intérêt, soit. Aodhan allait lui parler d'homme à homme. Après tout, il était le premier concerné.

« J'ai voulu vous en parlez mais même en cherchant parmi tous les lits des jeunes femmes esseulées de mon territoire je ne vous ai pas trouvé. »

Un sourire quelque peu moqueur s'afficha sur son visage, naturellement il aimait bien taquiner son beau-frère. Qui aime bien châtie bien non ?

« J'entends bien que cela vous ait déplut. Pas besoin de le dire explicitement pour que je le comprenne. En effet, cette histoire de mariage fait partie des affaires que j'ai à réglé car je ne vois pas d'un bon œil cette volonté de Ragnhall de lier votre famille à la sienne. Je ne trouve aucun intérêt dans cette union, le simple fait que de savoir les MacIntosh ralliés aux Dingwall par votre mariage me rembruni. »

Aodhan proposa d'un signe de la main un siège à son beau-frère avant de s’asseoir dans le fond du sien :

« Si votre chère et tendre dulcinée à faillit repartir en petit morceaux c'est parce que son frère lui avait demandé de nous espionner. Mais je n'aurai pas toucher à un seul de ses cheveux ou bien à son visage : ils sont bien trop beau pour être abîmés. Je voulais juste que votre future femme comprenne que si jamais elle venait pour nous espionner ou bien si elle avait l'attention de le faire une fois que vous serez marié, je n'aurai pas de pitié. Mais ça, vous le savez. Sachez néanmoins qu'elle à été traité avec tout le respect que doit avoir une femme de son rang. Je ne m'appelle pas Ragnhall, je suis un homme d'honneur. »

Son regard toujours posé sur son beau-frère :

« Puisque vous semblez être intéressé par les intérêts des MacIntosh concernant ce mariage, j'ai bien peur qu'il ne faudrait demandé aux Dingwall ce qu'ils attendent de vous et par extension de la famille MacIntosh. »

Je n'avais pas de temps à perdre en politesses inutiles en ennuyantes. J'étais un homme patient pour certaines choses, mais emporté pour d'autres et en l'occurrence, j'avais bien du mal à faire taire ma colère de ne pas avoir été réellement tenu au courant des événements qui me concernaient. Et malheureusement, Aodhan me connaissait depuis assez longtemps pour deviner ce genre de choses. Treize années qu'il était marié à ma sœur. Il était là à l'enterrement de mon frère, réconfortant Moïra qui était éplorée. Je lui fis alors mes reproches, remarquant qu'il se contentait d'attendre que j'ai terminé avec un petit sourire, habitué à ce genre d'éclats de ma part. Quand j'eus terminé, il me lança une pique qui me fit sourire et je répondis sur le même ton :

« Vous auriez du essayer les lits des femmes mariées dans ce cas. »

Mon beau frère savait que j'étais un séducteur impénitent. Et non, je ne faisais pas que ravir l'innocence des jeunes filles, consoler les veuves éplorées. Il m'arrivait également de donner un peu de plaisir aux épouses malheureuses dans leur mariage, même si, en règle générale, j'évitais tout de même, trop de complications ensuite si le mari cocu s'en apercevait. Et je préférais éviter les complications. Mais ce n'était qu'un moyen comme un autre de répondre aux taquineries d'Aodhan. Nous nous cherchions souvent, n'ayant pas toujours la même façon de penser, mais je le servais fidèlement, il ne pouvait dire le contraire et quand nous ne nous taquinions pas ou que je n'étais pas désobligeant avec ma sœur, notre entente était cordiale.

Il assura comprendre mon mécontentement, avant de m'avouer ne pas voir ces épousailles d'un très bon œil. Alors pourquoi les autorisait-il ? Nous étions en guerre, qu'il refuse que j'honore un contrat qui était obsolète n'aurait pas davantage de conséquences qu'il y en avait aujourd'hui. Nous serions toujours en guerre contre les Dingwall, ce serait simplement plus personnel pour l'affront commis.

« Je pensais que vous sauriez m'apporter une réponse à cette ineptie. »

Mais apparemment, Aodhan ne voyait pas plus d'intérêt que moi. Et cela me contrariait. Il m'indiqua un siège et j'y pris naturellement place alors que le seigneur Macintosh se renfonçait dans le sien, répondant sur mes accusations concernant le fait que Liusaidh avait failli être tuée en ces murs. Quoique accusations étaient un bien grand mot, mais c'était simplement une interrogation, je ne lui connaissais pas ce tempérament de menacer les jeunes filles.

« Elle a cru dur comme fer à vos menaces, vous avez du vous montrer diablement convainquant. »

J'esquissais un mince sourire en coin.

« Je me suis entretenu avec la jeune Dingwall. Elle m'a assuré que si son frère lui avait effectivement demandé de lui rapporter ce qu'elle aurait apprit ici, elle avait refusé... Tout comme elle était consciente qu'une fois mariée, son allégeance irait à son mari et au suzerain de celui-ci... A moins que Dame Liusaidh soit une menteuse professionnelle, je la pense sincère. »

Je soupirais quand il me répliqua que pour savoir les intérêts de notre clan, il faille demander aux Dingwall ce qu'ils attendent de moi et donc de mon clan.

« Une quelconque forme d'aide pour cette guerre. Une trêve entre nos deux clans peut-être... Que sais-je ? Je ne saurais lire dans l'esprit de Raghnall et je pense qu'aucun homme sain d'esprit ne le peut... »

Je me penchais légèrement sur la table pour reprendre à l'intention d'Aodhan :

« Il y a des tensions au sein du clan de par le comportement inexplicable et plus que douteux de Raghnall. Son jeune frère s'impatiente mais il est pieds et poings liés puisque simplement second. Les deux frères ne s'entendent pas et en viennent souvent aux mains. Leur sœur temporisait jusqu'à maintenant, mais une fois au sein de ma forteresse, il n'y aura plus personne pour les raisonner... Peut-être qu'enlever Liusaidh à ses frères pourrait causer la perte des Dingwall. Mais pour cela, il faut que Rahnall reste chef de clan, son cadet est bien plus dangereux et ambitieux. »

Un éclat calculateur passa dans mes yeux bleus.

« Je ne sais pas ce qu'attend Raghnall de ce mariage. Peut-être pense-t-il que sa sœur me trahira pour lui rapporter mes faits et gestes et par extensions les vôtres, mais mon épouse sera tenue éloignée des affaires politiques. J'y veillerais. Si réellement, elle pense faire preuve de duplicité, elle en fera pour ses frais. Mais peut-être que nous pourrions tirer partie de cette mésalliance... La guerre ne se gagne pas que sur le champ de bataille Aodhan. »

Même si j'étais un guerrier et que les manipulations me rebutaient, j'étais finalement, assez doué pour cela, assez sournois pour cela.

«  Vous auriez du essayer les lits des femmes mariées dans ce cas.
-Vous n'y étiez pas non plus, vous pensez bien que j'ai vérifié. »

La réputation de son beau frère n'était plus à refaire. A vrai dire, Aodhan était persuadé que dans tous les royaumes sa réputation de coureur de jupons le précédait. Il n'avait rien à dire à ce propos, ce n'était pas ses affaires du moment que cela n'entachait pas le nom des MacIntosh. Heureusement son frère n'était pas comme ça, cela aurait fort déplut au Laird. Le chef de clan ne pouvait pas donner une réponse favorable à Connor concernant les intérêts des MacIntosh dans cette union. A vrai dire, il y avait milles et unes bonnes raisons de dire non et pourtant Aodhan n'avait rien fait pour empêcher cette union. S'il avait été convainquant, il était content de lui et sur son visage on pouvait clairement lire sa satisfaction. Il frotta son menton, un vieux toque qu'il avait de son père :

« Je le pense aussi puisque j'ai eut l'occasion de la rencontrer. De toute façon, elle n'aura clairement pas le choix. Je suis sûr que vous veillerez à ce qu'elle ne me trahisse pas. Il serait dommage que vous vous retrouviez veuf tôt n'est-ce pas ? »

Quel était l'intérêt des MacIntosh dans ce mariage... ? Aodhan ne le savait pas encore. A vrai dire il ne s'était pas encore penché sur la question, il avait d'autres choses à faire en ce moment. Le mariage viendrait après. Lorsque son beau-frère lui parla d'une trêve, un joli rictus moqueur apparut sur son visage :

« Une trêve ? Oh non je ne le pense pas, Ragnhall est un lâche peut-être mais il est trop fier pour faire des alliances. A mon avis, il espère tout simplement ma mort sur le champs de bataille, il pense peut-être que je ne donnerai pas le pouvoir à ma fille, mon frère peut très bien succomber avec moi vous laissant de ce fait une chance directe de prendre ma place en tant que Laird et ainsi, même si vous ne le voulez pas, mettre la main sur les terres de l'Ouest et les Islands. »

Aodhan se rapprocha également de son fidèle allié pour écouter ce que ce dernier avait à dire. Il était intéressant de voir que sans même en avoir reçu l'ordre, Connor avait espionné pour le compte sur Lord MacIntosh. Le cadet pourrait donc être une plus grande menace ? A croire que le gêne de l'incapacité n'avait pas atteint tous les enfants Dingwall.

« Je ne sais pas ce que vous avez tous en ce moment à me rabaisser mais merci de cette précision que je savais déjà. » Aodhan ne supportait pas qu'on puisse le rabaisser, ou bien penser à sa place : chose qui arrivait souvent ces derniers temps. « J'aime néanmoins votre façon de penser, Sir MacDonald, vous avez peut-être des idées pour renverser la donne, prendre notre ennemi à son propre jeu ? Il se trouve qu'une place dans mon conseil de guerre vient de se libérer. Peut-être voudriez-vous en faire parti ? »

Je me fendis d'un petit sourire quand Aodhan me répondit spontanément qu'il avait également essayé dans les lits des femmes mariées, sans succès. Si mon beau-frère désapprouvait mon comportement, il n'en disait pas grand chose, se contentant simplement de lâcher quelques petites piques à ce sujet. Tant que cela ne m'empêchait pas de répondre présent quand il appelait aux armes et de mener mes hommes... Mais je n'étais pas là pour parler de mes conquêtes, loin de là. Car justement, j'étais là parce que l'on voulait m'attacher à une seule femme et sans vraiment me consulter. On ressortait un vieux contrat poussiéreux signé il y a plus de 10 ans de cela, quand les clans étaient unis, quand la paix régnait sous l'égide du roi Fergus. Je savais que je devais me marier, là n'était pas la question. J'avais déjà 31 ans, mon beau frère n'avait que deux ans de plus que moi et était déjà marié depuis 13 ans à ma sœur... J'avais conscience d'avoir joui d'une liberté exceptionnelle et elle était sur le point de prendre fin... Surtout que je ne comprenais pas l'intérêt d'un tel mariage et j'avais escompté qu'Aodhan me donne quelques explications sur le pourquoi de tout cela. Peut-être avait-il une idée derrière la tête, mais cela ne semblait pas être le cas. En même temps, il avait probablement d'autres chats à fouetter que le mariage de son beau frère.

Je lui fis part de mes impressions concernant la jeune Lady, qui semblait sincère et bien consciente de son futur rôle de Lady MacDonald et de sa future allégeance à ma famille et aux Macintosh. Elle m'avait fait plutôt bonne impression, comme le souvenir du goût de ses lèvres sur les miennes... Délicieux souvenir. Liusaidh était une belle femme, j'aurais pu tomber bien plus mal, c'était certain. Aodhan semblait également penser qu'elle était sincère. Et voulait bien entendu que je m'assure qu'elle ne nous trahisse pas, au risque d'être tuée et que je me retrouve veuf avant l'heure.

« Si je pouvais au moins avoir un héritier avant de l'être, cela serait grandement apprécié. »

Je faisais preuve de détachement et de cynisme face à cette situation. Cela m’ennuierait que Liusaidh soit exécutée pour trahison, mais si réellement, elle était une traîtresse, je n'intercéderais pas en sa faveur pour la sauver, je n'aimais pas être pris pour un imbécile et surtout, je ne voulais pas que le déshonneur s'abattre sur mon clan à cause de mon épouse. Ni que la trône n'échappe aux Macintosh.

Je me demandais quel était l'intérêt de Raghnall dans cette alliance, une question que se posait également mon suzerain. J'avançais bien quelques idées, même si j'étais loin d'être dans les pensées de Raghnall, Dieu m'en préserve. J'avançais l'idée d'une trêve ou d'une alliance, ce qui fit rire mon suzerain qui me fit une autre hypothèse. Je le regardais avec un certain amusement au fond des yeux, pianotant sur la table avec ce petit air arrogant qui me quittait rarement.

« Cela fait beaucoup de si, monseigneur. Il faut que vous périssiez, que votre frère périsse, et que votre fille ne vous succède pas... Il me faudrait prouver que je suis plus capable de mener les Macintosh qu'une enfant... Et quand bien même tout cela se passait ainsi et je doute fort que cela arrive un jour... Jamais Dingwall n'aura une quelconque influence sur nos terres. »

Et pourtant, l'idée de me rapprocher ainsi du trône m'avait effleuré bien entendu, mais comme je venais de le préciser, il allait falloir un sacré concours de circonstances.

« S'il pense ainsi, alors il est encore plus stupide que je ne le pensais. »

A moins qu'il ai un plan... Mais je doutais fort qu'il puisse penser aussi loin. Mais si je ne savais pas les plans de Dingwall, je pouvais au moins de me servir de ce que j'avais appris sur cette famille pour donner un avantage quelconque aux Macintosh. La guerre pouvait aussi se gagner par la fourberie... Mais apparemment, cette dernière précision était inutile et froissa même Aodhan.

« Loin de moi l'idée de vous manquer de respect en énonçant un fait que vous connaissiez déjà... Je voulais simplement vous assurer que tout guerrier que je sois, je peux également faire preuve de plus de finesse pour affaiblir, voire anéantir notre ennemi. »

Je souris finement, afin de ne pas contrarier mon beau frère. Il se radoucit, avouant aimer ma façon de penser, avant de me proposer... une place à son conseil de guerre. Je sentis mon cœur s'emballer sous le coup d'une émotion trop peu souvent ressentie : la fierté. Je n'en montrais rien, bien sûr, mais... Je me caressais le menton du bout des doigts, faisant mine de réfléchir.

« C'est un grand honneur et une proposition qu'il serait folie de décliner. Ce serait une grande fierté Monseigneur. »

Je posais mon poing sur mon cœur en signe d'allégeance, avant de reprendre :

« Je n'ai pas d'idées bien définies encore, mais si Dingwall veut jouer, je suis prêt à entrer dans la danse... Et à gagner. »

J'eus un sourire de loup, avant de reprendre sur le ton de la conversation :

« Je manque à toute civilité avec ces préoccupations personnelles... Comment vont ma sœur et ma nièce ? »

Avoir un héritier, lui n'en avait pas. Eimhir serait digne de porter la fierté du Clan MacIntosh, elle saurait se faire respecter mais il est vrai qu'avoir un fils rendrait le tableau parfait. Malheureusement, les tensions avec Moïra n'aidait pas à engendrer une descendance, ses escapades nocturnes, la guerre n'arrangeaient en rien. Pour l'instant le pouvoir de sa fille n'était pas encore certain. Si jamais Aodhan venait à mourir, cela serait Cinead qui reprendrait la régence le temps qu'elle soit majeur et mariée même si sa petite tornade ne le voulait pas. Connor avait raison, il avait beaucoup trop de si dans cette hypothèse et pourtant autour de lui, le chef des MacIntosh avait bon nombres d'exemples.

« Il ne faut jamais dire jamais Sir. »

Il l'avait apprit à ses dépends, certes il n'était plus vieux que deux ans, avait peut-être une ou deux batailles de plus que l'homme assis en face de lui mais le pouvoir faisait mûrir considérablement les souverains. Aodhan se contenta de lever les épaules lorsque son beau frère insinua que Ragnhall était stupide. Peut-être était-ce un masque que l'homme se donnait, tout simplement pour duper ses ennemis. Il pouvait très bien surprendre tout le monde d'une quelconque façon. Aodhan s'attendait à tout. Connor se justifia de ces paroles ce qui fit inévitablement sourire le Laird. Tous le monde lui faisaient des courbettes quand il s'énervait car ce n'était pas un trait de caractère qu'on lui connaissait.

« Je n'en ai jamais douté, je suis sûr que vous pouvez être plus fin stratège qu'était feu votre frère avec tout le respect que je lui dois. »

Aodhan le pensait sincèrement, à son avis, il fallait faire comme avec Cinead et lui donner une chance de s'ouvrir, lui donner un peu de responsabilité. Il fallait que le frère de Moïra grandisse en quelque sorte dans l'exercice du pouvoir. Le Laird avait déjà idée de le faire rentrer dans son conseil mais l'initiative qu'il avait prit pour les Dingwall lui montra à quel point il lui était fidèle : chose qu'Aodhan appréciait. Lorsqu'il accepta sa proposition en posant son poings sur son cœur, Aodhan baissa la tête en signe d'approbation.

« Vous aurez rapidement une idée ne vous en faites pas. Ragnhall va bientôt bouger ses pions, probablement après le banquet chez la reine. MacGuffin n'attends qu'une chose : un prétexte pour nous attaquer j'en suis sûre. Il préférerait mourir que me voir sur le trône d'Ecosse et je sais qu'il se fera un plaisir de mener cette mission à terme. De l'action vous allez en avoir Sir, je vous conseille de jouir de ces derniers instants de trêve. »

Aodhan eut un léger rictus en pensant à la tête de Gabran si jamais il venait à prendre les rênes du pouvoir. Au contraire, mourir de sa main serait une belle mort pour lui. Au moins il serait tuer de la main d'un combattant hors pair : que pouvait-il demander de mieux ? Néanmoins, il se garda bien de faire cette réflexion que seul Esras connaissait. Connor parla alors de sa sœur et de sa nièce, ce qui fit sourire amicalement Aodhan :

« Votre nièce ne souhaite déjà pas se marier, je soupçonne Rowena d'être derrière tout ça. Elle apprends en secret l'art de l'épée, enfin, elle pense que je ne suis pas au courant. Je pense qu'elle à l'étoffe d'une excellente dirigeante. Quant à Moïra... » Il fit une pause : « Ma foi, les aléas de la vie, de la guerre. Lier famille et affaires d'états n'est jamais facile d'autant plus que votre sœur n'est pas de mon avis sur cette guerre. Vous verrez que cela peut vraiment être un fardeau d'avoir une femme à vos côtés mais n'oubliez pas que la confrontation d'idée est le meilleur moyen d'avancer. Et vous alors avec Dame Liusaidh, l'avez-vous rencontrer ? »

Ne jamais dire jamais... Certes, tout était possible, mais de là à ce que je prenne la place d'Aodhan, parce que toute sa lignée aurait été éteinte, il y avait quand même une sacrée marge.

« A moins que Raghnall ai trouvé un moyen d'assassiner votre lignée et vos héritiers... Cela demeure peu probable. »

Mais savait-on jamais... Si Aodhan et Cinéad se retrouvaient tous deux au cœur d'une bataille et y périssaient tous les deux... Cela pouvait arriver, cela aurait pu arriver il y a 4 ans, sauf que mon père n'avait que rarement envoyé ses deux fils sur la même bataille. Pour en préserver un. Et il avait finalement été sage dans ses décisions. Prudent. Aujourd'hui, il aurait pu se retrouver avec seulement ses deux filles comme héritières. Et avec Moïra mariée à Aodhan, le clan MacDonald aurait fusionné avec le clan Macintosh. Même en respectant ses derniers, aucun de nous ne voulait voir notre clan disparaître ainsi, même par le mariage.

Ce que j'avais apprit des Dingwall, je le révélais à mon seigneur, naturellement. Cela me semblait d'une logique et d'un naturel implacables. Si cela pouvait lui être d'une quelconque aide et bien j'aurais déjà accompli mon devoir auprès de lui. Puisque les raisons de ce mariage nous échappaient, et que pourtant, il aurait lieu, puisque Aodhan ne s'y opposait pas, autant en tirer parti pour en apprendre davantage sur notre ennemi. Ce que Liusaidh avait refusé de faire quand son frère le lui avait demandé, je le faisais naturellement sans même que l'on me l'ai demandé, trahissant les confessions de mon épouse. Mais pouvait-on parler de trahison ? Nous avions parlé et jamais elle ne m'avait demandé de garder cela secret. Sans doute ne s'était-elle pas imaginée que j'en parlerais à mon tour, mais elle allait devoir apprendre à mieux me connaître et à anticiper mes réactions. De fait, si j'étais un guerrier, je pouvais également œuvrer à la chute d'un ennemi de façon moins noble et plus sournoise, mais puisque la guerre par les armes s'éternisait... L'on commençait lentement à mettre en place le jeu des alliances. Moins noble mais parfois plus efficace. Je ne désirais pas qu'Aodhan prenne ombrage de mes paroles, surtout qu'elles n'étaient pas dans le but de le froisser. Quand j'avais quelque chose à dire, je le disais, quand bien même cela déplaisait à mon suzerain en personne, mais quand ce n'était pas le cas, j'arrondissais les angles. Et son compliment me surprit alors qu'il m'assura qu'il ne doutait pas de mes capacités de stratège, peut-être plus importantes encore que celles de mon frère. Un aveu de confiance qui me laissa sans voix (pour une fois) et auquel je ne trouvais rien à répondre, si bien que je ne fis qu'incliner la tête pour accepter ce compliment et signifier que j'en prenais note.

Et qu'il me touchait malgré cette épaisse armure dont Liusaidh m'avait parlé.

Il me demanda si j'avais d'autres idées concernant le bénéfice à tirer de cette alliance, avant de me proposer une place à son conseil. Encore des paroles qui me surprirent. Décidément, cet entretien était plus agréable pour mon ego que bien des discussions depuis des années. J'étais reconnu capable par mon suzerain. Et peut-être que cela permettrait aux miens d'ouvrir enfin les yeux et de ne pas chercher à voir Allen dans la moindre de mes décisions, dans le moindre de mes comportements...

J'acceptais l'offre, j'aurais été fou de refuser. Et Aodhan enchaîna sur le futur banquet de la reine, où bien des choses allaient se jouer. C'était certain... Si l'un de nos ennemis avait une once de fourberie ou était décidé à enfin prendre le trône, il risquait bien de se dévoiler à cette occasion spéciale. Qui sonnait comme un piège d'ailleurs.

«  La trêve a ses avantages, mais trop longue, elle ne convient pas aux guerriers. »

En d'autres termes, qu'il appelle aux armes et je répondrais présent. J'eus un léger sourire.

« Je pense qu'il vaudrait mieux que je me marie avant que la trêve ne touche à sa fin, je risque d'être trop occupé ensuite... »

Et pourtant, en voilà un excellent moyen de fuir un devoir qui me faisait horreur... Sauf que je n'étais plus si pressé de fuir, Liusaidh m'ayant laissé un souvenir qui me donnait envie de connaître l'étreinte de ses bras et de découvrir son corps... Quelque part, c'était parfaitement ridicule, mais cette petite fée avait su attirer mon attention et me rendre l'idée de mariage moins horrible. Je m'enquis alors de la santé de ma nièce et de ma sœur, une attention qui plairait sûrement à Aodhan qui adorait les deux femmes de sa vie. Je réprimais un rire quand il me répliqua que ma nièce ne souhaitait déjà pas se marier.

« Eimhir a peut-être hérité d'un trait de famille de certains membres des MacDonald. »

J'appris qu'elle apprenait l'épée. Chose que je trouvais impensable pour une jeune femme, mais j'avais toujours été assez misogyne à ce sujet et sans doute pas le mieux placé pour en juger. Il ajouta qu'elle avait l'étoffe d'une vraie dirigeante et je répliquais :

« Avec de tels parents, il ne saurait en être autrement... »

Moïra avait un caractère bien affirmé et Aodhan était un meneur d'hommes... Il m'avoua cependant qu'entre Moïra et lui, il y avait des désaccords, surtout concernant cette guerre. Aodhan était comme moi, il vibrait dans la bataille et il voulait ce trône. Moïra ne voyait que son époux qui risquait sa vie, le père de sa fille qui pouvait ne jamais revenir.

« Oh je pense que niveau confrontations, Liusaidh et moi n'allons pas nous ennuyer... »

Naturellement, il s'intéressa à mon opinion concernant ma future épouse.

« Je l'ai rencontrée. Quelques jours à peine après que ma sœur ai été envoyée là bas. Je ne sais d'ailleurs pas ce qui a prit père de l'envoyer chez l'ennemi, mais passons. J'ai rencontré Raghnall, qui ne m'a rien dévoilé, entrevu rapidement son frère, avant de m'entretenir assez longuement avec ma future épouse qui ne semble pas très à cheval sur les convenances. Je pense que ce mariage risque d'être pimenté et que la forteresse Mac Donald sera le théâtre de grands éclats étant donné nos caractères respectifs... Mais c'est une vraie beauté. Et apparemment, prête à nous être fidèle. Jusqu'à quel point, je ne le sais pas encore... »

Je marquais une pause, avant de revenir au sujet précédent :

« Qu'attendez-vous de ce banquet chez la reine ? »

Connor avait raison, il était peu probable que Ragnhall puisse assassiner tous les MacIntosh mais son père lui avait toujours dit de se préparer à toute éventualité : de ce fait jamais le chef ne serait surpris enfin, jamais est un bien grand mot. Aodhan avait toujours de mauvaises surprises et en remontant de vielles affaires soigneusement enterrés par son père : il s'attendait toujours à avoir le ciel qui lui tombe sur la tête. Les secrets d'Etat sont lourds, il comprends maintenant le poids qu'avait son père et par le fait même peut comprendre maintenant ses réactions. Heureusement, contrairement à son père, ses hommes lui étaient encore plus fidèle. L'initiative de son beau-frère, il allait l'avouer, surprit beaucoup le chef. C'est sûrement pour cela qu'une idée dans sa tête germa : donner des responsabilités pour responsabilisé son beau-frère. Bon pas au même titre que son frère tout de même mais en lui donnant une place dans son conseil de guerre il mettait en estime Connor. Il allait être mis dans la confidence du pouvoir si on peut dire, bientôt le conseil se réunirait, Aodhan savait déjà que cette nomination ne fera pas l'unanimité mais il s'en moquait un peu. Les avantages d'être Laird. L'avis de Connor sur la question des bénéfices comptait pour Aodhan car il avait été au cœur du château de l'ennemi. Il ne s'arrêta pas sur les formalités, son beau-frère avait accepté : il ne servait à rien de continuer sur ce sujet. Les compliments étaient finit, maintenant il fallait reparler affaires. Contrairement à sa sœur, MacDonald fils avait les mêmes opinions que le chef. Il avait connu l'adrénaline des batailles, quand la mort est en face de vous et que vous foncez avec votre épée. Le temps s'arrête pendant la bataille. Même si les morts sont le revers de la médaille : Aodhan se sentait vivant sur un champs de bataille et rester trop longtemps au château ne lui convenait pas du tout.

« Je pense aussi. Que vous ayez le temps de profiter un peu de votre femme avant de repartir. »

Aodhan n'arrivait pas à enlever ce sourire qui voulait dire tellement de choses. Ils étaient entre homme de toute façon donc ils pouvaient parler avec des sous-entendus. Profiter voulait également signifier la dé fleuré. Connor s'était marié « vieux », il n'avait certes pas attendu pour goûter le fruit de la chair, mais il n'avait pas d'héritier. Son beau-frère prit des nouvelles de ses deux femmes, des femmes de sa vie, pour qui il se trancherait les veines. Décidément, Connor connaissait bien Aodhan qui était intarissable sur les prouesses de sa fille et sur la beauté, la douceur de sa femme.

« Pas de sa mère en tout cas, mais de son oncle maternelle ? Je pense oui bien que sa tante maternelle n'est guère mieux. Néanmoins, je pense qu'elle aura l'intelligence de comprendre que c'est un mal nécessaire pour sa famille. De plus, je ne la donnerai pas à n'importe qui et surtout pas à un membre des trois autres clans. »

Aodhan donnait presque sa parole : sa perle ne serait pas au main de n'importe qui. Eimhir saurait se défendre, serait une dame mais une dame de qualité. Tel Gorgo chez les Spartiates, elle sera une reine qui pourra défendre elle-même le château si ce dernier venait à être attaqué bien que sa place ne sera jamais sur un champs de bataille. Le chef savait que Connor n'approuvait pas ce genre d'éducation en secret et pourtant, Aodhan préférait savoir que sa fille pouvait se défendre elle-même que de penser un jour la perdre lors d'une attaque durant un déplacement. Oui, son beau-frère avait raison : il n'y avait aucune raison pour que sa fille prenne un chemin différent du sien et pourtant :

« Regarder la Reine Mérida, Elionor était une grande Reine, Fergus un grand Roi et ils ont donnés naissance à une fille chétive qui par un caprice à mené son royaume dans le chaos. »

On pouvait clairement sentir le dédain d'Aodhan pour cette Reine. S'il le pouvait, il cracherait après avoir prononcé son nom mais n'en fit rien. Connor partageait son avis sur la guerre, pas sa sœur : tant pis. Moïra ne réfléchissait pas en guerrier, en chef d'état et heureusement. Il n'avait pas envie qu'elle devienne aussi folle que lui. Il était bon de retrouver un point fixe qui ne changeait pas, qui permettait à Aodhan de mettre parfois fin à ses idées de grandeur. Il semblerait que Liusaidh était comme ça. Comme quoi : on retombe toujours dans la gueule du loup.

« Je l'espère bien, au moins elle saura piquer à vif votre intérêt et peut-être calmer vos ardeurs avec les autres dames bien que je pense votre appétit insatiable. »

En parlant de sa femme, Aodhan en profita pour demander comment s'était passée l'entrevue, il état naturellement au courant mais voulait avoir l'avis de l'intérieur. Connor ne semblait pas non plus d'accord sur le faite que Moïra soit allée chez l'ennemi ce qui fit levé au ciel les yeux d'Aodhan. Ce dernier rigolait presque en entendant le discours de son beau-frère :

« J'espère que vous nous inviterez à une représentation alors, bien que Moïra risque également d'y prendre part. Je pense que nous devrions faire attention à ces deux jeunes femmes quand elles seront ensemble d'ailleurs. Qui sait ce qu'elles pourraient comploter pour que nous restions sagement près de la cheminée. »

Ironique bien sûr. Jamais Aodhan autoriserait Moïra à l'empêcher de partir et il savait que cette dernière n'oserait jamais faire ça même si parfois cela devait vraiment la tenter. Le seul cas exceptionnel qui pourrait le faire rester un peu plus au château était si sa femme était enceinte. La naissance d'un héritier, fille comme garçon, était toujours un événement. Le sujet reprit des allures plus graves lorsque Connor demanda ce que son Laird attendait de ce repas.

« La guerre. »

Aodhan se redressa, remit son masque de Chef de Clan en croisant ses mains sur la table et en faisant un peu plus face à Connor.

« Je ne pense pas à une trêve, je ne pense pas que cela soit une bonne idée d'y aller mais si je n'y vais pas cela fera éclater l'équilibre fragile instaurer par la reine et cela ne serait pas digne de mon rang. Je ne suis pas forcément favorable à ce que mes deux femmes m'accompagnent mais elles sont têtues. Je vais mettre le maximum de mes hommes pour leur protection. Je n'ai pas confiance en Mérida. Son père était un grand roi mais il est clair qu'elle n'a pas l'étoffe d'une reine au même titre que Ragnhall n'a pas l'étoffe d'un laird. Seul Gabran est un vrai chef, un ennemi de taille pour moi et je crois que mourir de sa main serait la mort la moins humiliante. Gabran pourrait être roi d'Ecosse, de toute façon : c'est lui ou moi. »

Le regard que me lança Aodhan en me parlant de profiter de ma femme avant de repartir en guerre était sans équivoque... Si mon beau-frère n'était pas un séducteur patenté et si je ne lui connaissais aucune aventure extra conjugale, il en demeurait un homme... Qui était passé par les joies de la nuit de noces il y a 13 ans de cela. Nous nous comprenions. Et je comptais bien profiter du corps souple et attirant de Liusaidh avant de devoir l'abandonner au sein de ma forteresse, parmi tous ses ennemis. Égoïstement, je souhaitais que la guerre reprenne, m'ennuyant dans cette vie trop tranquille, mais j'avais aussi conscience que plus vite je repartirais, plus tôt Liusaidh se retrouverait seule... Sans avoir quiconque sur qui compter. Une épreuve difficile, même pour une jeune femme de caractère. Il fallait qu'elle se fasse quelques alliés... Je comptais sur certains de mes proches pour lui rendre la vie plus facile. Ma mère se montrerait sans doute accueillante, et mon père bienveillant. Mais il faudrait davantage que cela, il faudrait qu'elle convainc les gardes de sa bonne foi et se fasse respecter en temps que dame du château et non pas traité comme une étrangère. Un défi de taille. Mais je la pensais apte à le relever...

Je pris alors des nouvelles de ma sœur de ma nièce, bien conscient que si je n'étais pas très famille, ce n'était pas le cas de mon beau frère qui était réellement amoureux de son épouse, même si des rumeurs de mésentente circulaient et qui était fou de sa fille... Un garçon manqué apparemment, alors qu'elle apprenait le maniement de l'épée. Elle ne mènerait jamais des hommes sur un camp de bataille. Mais elle ne serait pas non plus une demoiselle en détresse... je me demandais quel homme serait ravi de se marier à une jeune fille qui maniait l'épée comme un homme... Cela me déplairait en tous les cas, j'aimais les femmes un peu plus délicates. Mais cela m'amusa d'apprendre qu'elle n'avait aucune envie de se marier. A 13 ans, cela lui semblait sans doute encore abstrait et pourtant, elle arriverait bientôt en âge d'être mariée... Je ne pus m'empêcher une petite réflexion concernant cette propension à ne pas aimer le mariage. Cela ne venait ni de son père, ni de sa mère. De moi ? C'était plus probable.

« Son oncle paternel ne semble pas davantage pressé... Aucun parti n'est donc au goût de votre frère ? »

Cinéad était plus discret qu'Aodhan et quelque part, il n'était pas sans me rappeler moi à son âge, écrasé par l'ombre d'un aîné plus que capable et brillant. Aodhan espérait que sa fille aurait l'intelligence de comprendre que c'était un mal nécessaire, sans compter qu'il ne donnerait pas sa main à n'importe qui.

« Elle l'aura... Nous n'avons guère le choix. Et je vous pense assez soucieux de son bonheur pour faire un mariage qui lui conviendra. »

La mère de Liusaidh semblait se ficher totalement de l'avis de sa fille à ce sujet, ou de son bonheur, prête à l'offrir à l'ennemi sans le moindre remord, à l'exiler loin de chez elle... Ce n'était pas de l'amour maternel ça, c'était de l'ambition, une ambition qui m'échappait dans son but d'ailleurs, mais passons. Mon beau frère espérait que sa fille serait un bon chef et je rétorquais qu'elle avait de quoi l'être au vu de ses parents. Il me rappela que c'était également le cas de Merida et que pourtant, elle avait mené son pays à la catastrophe par ses caprices d'enfant.

« Certes. Mais c'est justement un exemple à citer si les jeunes filles ou même les hommes, refusent de se plier aux exigences de leurs rangs... je ne suis pas ravi à l'idée de me marier, mais je sais cela nécessaire. Même si j'aurais sans doute pu faire une alliance plus profitable à notre clan. Mais mon père semble penser le contraire. Et vous ne vous y êtes pas opposé davantage. »

Je haussais les épaules. Ce n'était pas une accusation. Je ne l'accusais en aucun cas de ne pas être intervenu pour m'éviter ce mariage, comme déjà dit, finalement, je me fichais de l'épouse, simplement ce mariage ne m'apporterait rien, ni à mon clan, sinon une jeune et belle épouse. C'était déjà beaucoup d'un point de vue strictement personnel. Mais je ne profiterais sans doute pas longtemps de ses bras, si la guerre reprenait. Aodhan et moi étions fait du même bois. Mais si Moïra réprouvait, je ne savais pas réellement l'avis de Liusaidh à ce sujet, hormis le fait qu'elle pensait que son clan allait sombrer. Il me demanda naturellement ce que je pensais de la jeune fille et je lui livrais mes impressions. Son commentaire sur mes apétits charnels avec les autres dames me fit légèrement rire. Liusaidh saurait-elle me rendre moins libertin ? Cela restait à voir.

« Qui sait ? Si je trouve la plénitude dans ma couche... Mais il est tant de beautés autour de nous que je ne sais si je saurais leur résister, même si Dame Liusaidh a tout pour garder un homme plus sage auprès d'elle. »

Et ce n'étaient pas des paroles en l'air. Mais voilà, sage je ne l'étais pas. Pas plus que je n'étais prêt à me poser... Nous verrions bien. Mais je me doutais que nous allions nous disputer souvent, je devinais son caractère rebelle et comme je n'aimais pas qu'on me désobéisse... Les murs de la forteresse risquaient de trembler plus d'une fois.

« Peut-être que Liusaidh sera plus heureuse si je suis loin... »

SI Moïra s'ennuyait sans son époux, ce ne serait sûrement pas le cas de ma promise qui risquait d'en avoir assez de mon caractère assez difficile à vivre.

« Mais j'ai cru comprendre qu'elles s'étaient bien entendues... Ce n'est pas un mal, Lady Dingwall risque de se sentir bien seule une fois mariée. »

Je passais alors à autre chose, lui demandant ce qu'il attendait de ce conseil. La réponse fut immédiate et sans appel : la guerre. Une lueur d'intérêt s'alluma dans mes yeux clairs. Terminées les mondanités, cette fois, c'était le laird qui parlait et j'en avais bien conscience. La désapprobation passa dans mes yeux quand il avoua que Moïra et leur fille l'accompagnerait.

« Il vaudrait mieux en effet qu'elles demeurent ici... »

Mais si Moïra avait décidé le contraire... Difficile de l'en faire démordre. Merida était-elle assez fourbe pour tuer les chefs de clan afin d'avoir la paix ? Non, cela serait soulever davantage encore le pays contre elle si elle faisait preuve d'une telle traîtrise. Mais Raghnall et Gabran pouvaient en profiter pour avancer leurs pions et prendre l'avantage. Même si, comme mon seigneur, je me méfiais davantage de Gabran.

« Il pourrait l'être en effet. Mais tâchez de rester vivant pour ceindre la couronne Aodhan, c'est vous que je veux sur le trône et personne d'autre. »

Je souris légèrement.

« Je ne pense pas la reine capable de sournoiserie envers ses invités, cela serait manquer à tout honneur et précipiter encore sa chute... Le pays ne tolérerait pas qu'elle manque d'honneur à ce point. J'ose penser que Gabran et Raghnall sont assez intelligents pour ne rien tenter non plus, ne serait-ce que par honneur, mais la soif de pouvoir peut faire commettre bien des actes inimaginables... Avez-vous prévu de prendre une quelconque avantage lors de ce dîner ? Ou bien de réitérer la déclaration de guerre ? »

Cinead n'était sûrement pas près de se marier, Aodhan ne lui avait pas encore parler de cela mais tout lui disait que son frère n'était pas porté sur la chose. Le chef de clan se doutait que quelque chose avait dût arriver, peut-être était-il tombé amoureux d'une demoiselle qui est indisponible ? Ou bien alors le souvenir de cette fille tué par accident le hantait encore. Ils n'avaient jamais reparler de ce passage obscur mais Aodhan savait que son frère avait profondément été marqué.

« Je ne lui parle pas de toutes ces histoires. J'estime qu'il est assez grand pour choisir lui-même sa femme. Il à le temps si je puis dire. Vous êtes la preuve même qu'il n'y à pas d'âge pour se marier lorsqu'on est un homme. »

Leur père n'aurait pas accepter ces propos mais il n'était pas là pour critiquer son fils maintenant. Naturellement le laird était dur avec son frère mais bien moins que leur père. Pourtant, parfois il pouvait comprendre le poids qui reposait sur ses épaules. Vivre dans l'ombre de quelqu'un était insupportable à Aodhan et sans le vouloir, parfois son frère l'était plus que de raison. Eimhir aurait un mariage heureux, MacIntosh ne supporterait pas de voir sa fille malheureuse. Elle avait beau être une femme : elle n'en restait pas moins sa chère et tendre fille, son rayon de soleil, la deuxième femme de sa vie. Jamais il ne la confierait à n'importe qui. Aodhan hocha positivement de la tête pour toute réponse, il était d'accord avec son beau-frère. Encore une fois, la question de « pourquoi le chef des MacIntosh ne s'est pas opposé à cette union ? » revenait sur le tapis. Cela fit soupirer le seigneur :

« Ce ne sont pas mes affaires si je puis dire. Certes votre mariage aurait pût se faire avec une femme d'un clan alliée mais votre père est seigneur en ses terres et je ne saurai aller à l’encontre des décisions qu'il prends pour sa famille. »

De toute façon, le moment du mariage devait arriver pour Connor, ce dernier avait déjà trop jouie de ses libertés. Il était temps qu'il se marie, pour le bien de son clan, pour la gloire de sa famille et crée ainsi une descendance. Aodhan tenta de le sonder vis à vis de son comportement libertin une fois ce dernier marier. Il savait très bien que rien n'empêcherait l'appétit dévorant de son beau-frère pour les corps féminin de continuer ses danses extra-conjugales.

« Une femme peut faire beaucoup de choses sur vous Sir. Vous vous rendrez compte rapidement que ce que je dis est vrai. Liusaidh vous changera : que vous le vouliez ou non. Dites vous simplement que derrière chaque grand homme se trouve une femme. »

Aodhan souriait, Moïra l'avait changé plus que de raisons. Elle avait sortit des ténèbres une part de lui qu'il pensait morte. Connor affirma que sa femme serait plus heureuse s'il était loin du château. Cela fit presque rire le laird.

« Oh croyez-moi, elle sera terrifiée quand vous partirez à la guerre, énervée quand vous rentrerez et à vos pieds dès le lendemain. Elle ne sera pas plus heureuse à mon avis, vos gens vont lui rendre la vie difficile si elle ne s'impose pas. Votre sœur n'a pas connut cela, mais je crains que Liusaidh se verra dans l'obligation de mordre pour se faire respecter. »

La conversation prit par la suite une autre tournure. Plus solennel, importante : une discussion d'homme à homme, de guerrier à guerrier. La regard de Connor était comme celui d'Aodhan. Au mot « guerre » leur esprit se réveillait. C'était des guerriers, des hommes d'actions. Le laird mit alors au courant son beau-frère sur la suite des événements.

« Je suis on ne peut plus d'accord avec vous mais votre sœur estime que c'est un devoir d'être à mes côtés. Tous mes sens sont en alerte, je crains le pire Connor. »

Sa voix grave traduisait inconsciemment son inquiétude. S'il n'y avait que sa vie en jeu cela allait encore mais là c'était différent. Moïra et Eimhir seraient là. Rapidement, son beau-frère montra sa loyauté en affirmant qu'Aodhan devait rester en vie car il était destiné à avoir la couronne. Le Laird MacIntosh ne pouvait que sourire à tant de dévotion.

« Pour tout vous dire, le conseil et moi-même n'avons encore rien décidé. La plus parts des membres seront au dîner, je pense que vous aviserons à ce moment précis. Il est clair que la paix n'est pas à l'ordre du jour. Prendre l'avantage serait du suicide, sonder les esprits, commencer à m'imposer pourquoi pas mais je ne ferai pas de passage en force. Mes femmes seront avec moi, je ne tenterais rien d'idiot qui pourrait leur coûter leur vie. »

Aodhan serait les pieds et les poings liés, il devrait rester sage et bien se tenir pour ne pas que la situation tourne au cauchemar et porte préjudice à Moïra et Eimhir.

« Je pars demain matin pour le domaine des DunBroch, je veux y être avant pour m'assurer qu'il n'y aura pas de problèmes. »

Je haussais un sourcil amusé quand le Laird me rétorqua qu'il ne s'était pas encore penché sur le cas de son frère, qu'il avait encore le temps de choisir, alors que j'étais la preuve que la pression n'était pas la même pour un homme que pour une femme.

« Choisir lui-même son épouse... Voilà un privilège que peu se voient accordés, j'espère que votre frère est conscient de votre largesse... Mais ferez-vous passer son éventuel amour pour une jeune fille avant les intérêts du clan s'il venait à faire une alliance qui ne vous apporte rien ? »

J'étais curieux d'avoir une réponse à cette question, c'était évident. Je n'avais pas eu voix de chapitre concernant ma future femme, mais je ne pouvais que me blâmer moi-même, ayant refusé de m'y intéresser vraiment. Mais quand bien même aurais-je choisi, dés le départ, la liste des prétendantes aurait été établie par mes parents. Il y avait forcément quelque chose à tirer d'un mariage pour un clan, cela ne se faisait pas à la légère. Et si Raghnall n'avait pas ressorti ce vieux contrat, nul doute que mon père n'aurait pas mis Liusaidh en tête des alliances profitables pour les MacDonald. Mais nous avions de l'honneur... Et en cela, il nous fallait respecter nos engagements, même s'ils étaient déplaisants et peu bénéfiques. Je m'enquis de la raison pour laquelle mon suzerain ne s'était pas opposé au mariage. Si mon père était coincé, lui, ne l'était pas et il pouvait considérer cela comme une mésalliance, voire un affront de la part de notre clan, qui pourtant, lui avait toujours été fidèle. La réponse fut simple : il ne voulait pas intervenir dans les affaires de notre clan, tout simplement. Je hochais simplement la tête pour en prendre note, ne répondant rien et me décidant à ne plus aborder ce sujet avec lui. Ce mariage n'avait ni queue ni tête et personne n'y voyait d'intérêt. Et pourtant, il aurait lieu. C'était de la folie.

Aodhan semblait se demander si je saurais m'occuper convenablement de mon épouse et si mon appétit pour les jeunes femmes n'allait pas nuire à ce mariage ou tout du moins blesser Liusaidh. Je soupirais, lassé que l'on me sonde à ce sujet. Mon père n'avait déjà fait la morale en décrétant que ce serait elle l'élue. Je rassurais mon suzerain, autant que j'en étais capable, sans lui mentir. Je doutais fort d'être fidèle ou de le devenir, même si je reconnaissais ne pas être insensible à ses charmes. Mais de là à me changer ? Je n'y croyais guère. Pourtant, Aodhan ne semblait pas tout à fait de mon avis. Il était persuadé que Liusaidh me changerait, qu'elle aurait donc une emprise sur moi et cela suffit à me rembrunir. Je détestais cette idée. La fin me fit hausser les épaules... Derrière chaque grand homme se cachait une femme ? C'était là accorder beaucoup d'importance aux femmes et je ne pensais pas du tout comme lui.

« Encore faut-il accepter qu'elle nous influence. »

Je n'étais pas du genre à taire mes avis, tout en restant dans les limites du respect. La situation était délicate, Aodhan n'étant pas que mon suzerain, mais aussi mon beau-frère, ce qui rendait les frontières un peu plus floues et difficiles à définir. Moïra et Liusaidh s'étaient bien entendues, et Aodhan le confirma avant de plaisanter sur le fait qu'elles pourraient bien ourdir quelques plans pour nous garder avec elle, sagement au château. Je fis remarquer que mon épouse serait sûrement plus heureuse sans m'avoir dans les parages. Je devinais de grosses disputes entre nous, cela ne pouvait en être autrement au vu de nos caractères. Pourtant, il me faudrait bien mettre de l'eau dans mon vin, je ne voulais pas non plus qu'elle me haïsse. Ou me méprise. Aodhan me parla de ses réactions, parlant sans doute d'expérience, de son expérience avec ma sœur, même su le cas de Liusaidh était différent parce qu'elle était la sœur de l'ennemi.

« Je ne m'inquiète guère pour cela. Sous son ravissant minois d'ange, se cache un tempérament bien trempé. Je doute qu'elle se laisse marcher sur les pieds par mes gens... Ou même par moi. »

Et on sentait bien toute ma contrariété concernant ce dernier point. Et je ne doutais pas non plus que cela risquait de beaucoup amuser mon beau frère de voir une femme me rendre la vie difficile. Juste retour des choses, penserait-il.

Mais nous n'allions pas nous éterniser sur le mariage, et bientôt, je m'enquis davantage des affaires politiques. De ce fameux banquet et de la guerre qui ne pouvait que reprendre. Il m'apprit que ma sœur allait l'accompagner de même que leur fille, ce que j'estimais être une très mauvaise idée. Aodhan n'était pas plus ravi mais ne pouvait pas faire plier Moïra à ce sujet. Voilà bien pourquoi je voulais une épouse docile. Si je disais qu'elle devait demeurer à la forteresse, elle n'avait pas son mot à dire. Mais Aodhan n'avait pas ce pouvoir là sur ma sœur, pas sur ce sujet en tous les cas. Je m'enquis alors de ses intentions concernant ce banquet. Sa réponse me plongea dans la réflexion, avant que je n'avance :

« Quand vous avez reçu l'invitation de la reine, était-il mentionné que toute la famille était invitée ou bien Moïra s'est-elle imposée seule ? Parce que Merida pourrait bien compter sur la crainte des chefs de clans pour leurs familles pour éviter que les choses ne tournent à l'orage pour elle... »

Il m'annonça alors qu'il partait le lendemain pour le domaine des DunBroch, pour repérer les lieux et éviter tout piège, si cela était possible.

« J'aurais été honoré de vous accompagner, mais mon père et Raghnall vont sans doute précipiter les choses pour le mariage... Avant que la guerre ne flambe, je suppose. »

Aodhan était conscient qu'il laissait parfois trop de libertés à son frère et à sa sœur. Il aurait probablement dût serrer le pas dès le début, leur faire comprendre qu'il décidait mais les traumatismes causés par son père était encore beaucoup trop présent notamment dans l'esprit de Cinead. Connor souleva une question qui méritait d'avoir une réponse, une réponse franche puisque maintenant il était son conseiller.

« Je sais Cinead capable de choisir une femme qui lui sciera en même temps qu'elle rapportera un intérêt pour notre clan. Nous avons été élevé dans ce but par un père qu'on peut qualifier de tyrannique. Nous vivons corps et âmes pour la gloire de ce clan. Mon frère est un homme plus intelligent que l'on ne peut le croire. »

Aodhan se souvenait alors de toutes les paroles que son père avait pût lui dire durant son enfance, tous les enseignements que ce dernier lui avait inculpé. Pour le mariage de son beau-frère, même si il avait voulut le faire annuler il n'aurait pas pût : le contrat de mariage était déjà signé quand Duncan MacDonald lui avait envoyé une lettre. Si au début il était énervé, il avait sût avaler cette fierté de chef tout en gardant à l'esprit ce que ce clan venait de faire. L'actuel chef des MacDonald n'aurait plus la confiance infaillible du Laird MacIntosh, mais cela personne ne le savait. Il n'était pas idiot. Connor n'acceptait pas l'idée qu'une femme puisse le changer, il n'est pas question d'accepter l'influence ou non, avoir une présence féminine -constante on va dire- allait forcément un peu le changer. Ses priorités ne seront plus les mêmes. Aodhan préféra clore le sujet ici vis à vis de ce côté de la vie à deux. Son beau-frère se rendrait bien compte tôt ou tard des désavantages du mariage. Liusaidh semblait en effet avoir un caractère de feu ce que le suzerain appréciait chez une femme.

« Espérons que vous saurez la dompter alors cher beau-frère. »

Affirma Aodhan sur le ton de la rigolade. Ton qui changea rapidement une fois que les deux hommes commencèrent à parler du banquet. Ils retournaient à une discussion d'homme car parler ménage n'était pas vraiment la chose préférée du chef qui avait déjà ses propres affaires de couple à régler. Il aurait très bien pût forcé Moïra à rester ainsi qu'Eimhir, quand il décidait quelque chose, sa femme était assez intelligente pour comprendre qu'il ne fallait pas le contredire. Aodhan était tolérant mais il y avait des limites et la sœur de Connor les connaissait.

« Oui. Il était préférable de venir avec nos proches et nos conseillers de guerre. Je sais que la famille Dunegan sera au complet ainsi que d'autres familles de mes vassaux. L'orage tombera sur sa maison. Une femme qui risque son royaume, le pouvoir de son père pour une histoire de mariage doit payer beaucoup plus que la mort de ses parents. Feu Fergus était un grand homme, un grand roi que j'aurai respecté : sa mort est une tragédie. Sa fille mérite d'être destituée du trône, banquet ou pas banquet, famille ou pas famille, son temps est compter. Ce banquet marquera l'arrêt immédiat de son règne. »

Aodhan avait beaucoup de route à faire pour arriver chez les DunBroch avant que le banquet commence. Partir au plus tôt lui semblait judicieux, au moins il pourrait peut-être s'entretenir avec la reine avant que le banquet commence. Il espérait également voir les autres chefs. Une réunion avec les quatre membres de clan serait bénéfique pour tout le monde. Connor affirma qu'il aurait été honoré de l'accompagner ce qui fit sourire le Laird :

« Je préfère savoir un de mes conseillers ici si jamais cela devait mal tourner. Occupez vous de votre mariage Sir, célébrez le vite, le calme avant la tempête sera de courte durée. Je vous promet de vous rapporter toute l'action que votre cœur de guerrier désir. »

En d'autres termes : Aodhan n'attendait qu'une chose. Une fois la trêve rompu, car il allait forcément arriver quelque chose chez les DunBroch, chacun reprendra ses activités de chef de guerre. Roderick rentra, son homme de main n'avait plus besoin de frapper maintenant. Aodhan se leva pour le saluer :

« Sir Macinnes, vous ne connaissez par encore Connor MacDonald, frère de Moïra ? Il siégera avec nous au prochain conseil de guerre. »

Roderick n'était pas un homme qui aimait parler, le sir s'inclina respectueusement avant de s'approcher de son seigneur pour l'informer que tout était prêt pour le départ. Aodhan le remercia et le regarda en souriant, une poignée de main amicale scella la discussion laissant de nouveau les deux hommes seuls. Il s'installa de nouveau dans la chaise :

« Si vous avez une question ou autre durant mon absence, Roderick se chargera de vous répondre. Vous restez longtemps dans le domaine ? »

« Je n'en ai jamais douté. »

J'inclinais la tête, conscient qu'il ne fallait pas trop chatouiller Aodhan concernant son cadet. S'il était persuadé que son frère saurait faire les bons choix le temps venu, tant mieux, mais je n'aurais pas eu autant foi envers les membres de ma famille. C'était peut-être cela mon tort... Ou celui d'Aodhan. Cependant, jamais je n'avais remis en cause l'intelligence de Cinead. Bien que secret et ombrageux, je respectais le frère de mon suzerain et ma gardais bien d’émettre une quelconque opinion à son encontre. Mais je pensais que pour contrebalancer la sévérité de leur père, voire même la tyrannie, il le disait lui-même, Aodhan se montrait plus souple, peut-être trop, que ce soit avec son frère et sa sœur, ou sa femme et sa fille. Mais je gardais sagement, mes pensées pour moi. J'étais un conseiller désormais, à peine nommé et pas très pressé d'être destitué tout aussi vite pour avoir eu la langue trop pendue.

Je parlais de mon mariage et de ses répercussions, de même que le fait qu'Aodhan ne soit pas intervenu et j'eus mes réponses. Il n'en demeurait pas moins que j'étais le dernier au courant... Des clauses, de tout, mais passons, je n'allais pas faire un caprice d'enfant, ce n'était pas le lieu et surtout, je ne voulais pas perdre cette fierté que le Laird venait de me donner en me reconnaissant comme un homme capable. Que je sois coureur de jupons n’entachait en rien mes capacités d'analyse, intellectuelles et guerrières. Cependant, il paraissait certain de lui en me disant que Liusaidh me changerait, que c'était inévitable. Une idée qui me rebutait, et je le lui fis bien comprendre, ce qui l'amusa... peut-être parce qu'il voyait mon assertion comme la bravade d'un homme qui ne savait pas encore où il mettait les pieds. C'était étrange de me confier à lui concernant mon mariage et pourtant assez logique... je n'avais plus de frère pour le faire, Moïra n'était pas l'interlocutrice vers laquelle je me serais tourné... Finalement, Aodhan prenait le rôle et l'endossait plutôt bien.

« Elle serait bien la première à ne pas m'obéir. »

Je grommelais, parlant davantage pour moi que pour lui, avant que nous ne laissions tomber ce sujet pour parler du banquet et des projets de guerre d'Aodhan. Les champs de bataille me manquaient. On pouvait nous trouver fous d'aimer ainsi risquer notre vie, mais c'était pour notre honneur, pour notre liberté, pour enfin mettre à bas une reine incompétente et mettre à la tête du pays un roi qui aurait de l'envergure. Je n'étais pas favorable à l'idée que Moïra et Eimhir l'accompagnent... Il ne serait pas libre de ses mouvements, craignant pour ses deux trésors. Je m'enquis alors de savoir s'il était spécifié qu'il fallait venir en famille, peut-être une ruse de Merida pour avoir un moyen de pression sur les lairds ? Il me répondit par l'affirmative, avant de parler de Fergus et de ses qualités. Je soupirais.

« Un grand guerrier. Mais un piètre politicien. »

C'était la reine Elinor qui endossait ce rôle, et je pensais fermement qu'il fallait les deux qualités pour être un bon dirigeant. Aodhan me promit cependant que rien n'empêcherait Merida de descendre de son trône, il était fermement décidé à fouler aux pieds son règne qu'il jugeait catastrophique.

« Puisse vos paroles être prophétiques. »

Je regrettais de ne pouvoir l'accompagner à ce banquet dés le lendemain. La famille MacDonald ne serait représentée que par ma sœur et cela me dérangeait d'être tenu à l'écart de ce genre d’événements, surtout quand d'autres clans y étaient conviés, mais Aodhan fut assez fin pour me rappeler qu'il valait mieux que l'un de ses conseillers demeure en sécurité. Cela ne fut pas sans me rappeler les ruses de mon père pour ne pas me décevoir alors qu'il emmenait Allen et pas moi... Notamment au tournoi qui devait décider qui épouserait Merida... Je m'en souvenais parfaitement et je n'avais pas été dupe de la manœuvre, mais je n'avais pas protesté. Pas plus que je ne protesterais maintenant.

« Qu'il en soit ainsi alors. En espérant ne pas devoir mener nos clans à la guerre pour vous venger... Soyez prudent Aodhan. »

Un homme entra alors et je me retrouvais aussitôt sur le qui vive, avant de me détendre en voyant que mon suzerain l'était totalement. Il me présenta alors l'homme ; Macinnes, lui annonçant que je ferais partie du prochain conseil de guerre, rendant cela plus officiel. J'inclinais la tête pour répondre au salut de l'homme, qui nous quitta sans dire un mot. Aodhan me pria de m'adresser à Roderick si j'en ressentais le besoin pendant son absence. Avant de me demander combien de temps je comptais rester.

« Je pensais repartir ce soir. Je n'ai nulle raison de m'attarder, surtout avec vos propres préparatifs. Peut-être puis-je repousser mon départ à demain matin, afin de vous accompagner avant que nos routes ne se séparent. »

Et sciemment, je ne parlais pas de parler à ma sœur, de la voir... Aodhan savait que nos rapports n'étaient pas des plus cordiaux et je n'avais pas l'intention de faire semblant.

La famille pour Adohan était quelque chose de très important. On ne touchait pas aux personnes de son sang et encore moins son frère et sa sœur. Il estime qu'ils ont assez souffert avec leur père bien que Rowena n'est jamais été battu ou frapper. Le mariage était un sujet qu'un jour le chef des MacIntosh serait amené à parler avec son frère, sa sœur puis sa fille. Il n'était pas vraiment presser mais cherchait néanmoins, dans le secret le plus total avec Roderick, différents partis pour les membres de sa famille. Le fait que Connor soit le dernier au courant n'étonnait pas vraiment Aodhan. Lui aussi avait été le dernier informé, il l'avait apprit le jour même de sa rencontre avec Moïra ce qui était bien pire à ses yeux à l'époque. Il se garda, pourtant, de parler de son propre mariage. Il n'avait pas envie que son frère se méprenne sur son amour envers sa sœur. Le caractère Don Juan de son vassal ne le dérangeait pas, voir pas du tout. Il faisait ce qu'il voulait en son domaine après tout. Néanmoins, Connor pouvait être certain que si cela venait à entacher le nom des MacIntosh, il aurait à faire à Aodhan. De toute façon, le laird était persuadé que Liusaidh saurait trouver les mots pour le calmer, pour le garder dans son lit. Il semblait si sûr de lui qu'il ne pût s'empêcher de rire. Conseiller son beau-frère était normal, il était de sa famille après tout et n'avait personne à qui se confier. Aodhan aurait sans soute aimé pouvoir avoir une quelconque aide extérieur car ce n'est pas avec son père qu'il pouvait en parler et encore moins avec son frère qui était plus jeune que lui.

« Il faut bien un début à tout Lord MacDonald. Je sais votre aversion pour l'importance que je donne aux femmes mais il faut toujours se méfier d'elle. Enfin, vous ferez vos propres armes et qui sait, un jour nous aurons de nouveau cette discussion. »

Aodhan arborait un sourire confiant. Bientôt, ils retourneraient tous les deux sur le champs de bataille et à ce moment là les discussions seraient clairement moins légère. Il était idiot, suicidaire d'aimer se battre et pourtant, le laird avait été élevé pour faire la guerre et diriger. C'était dans ses tripes, dans ses gênes. Se battre lui permettait de se sentir vivant. Néanmoins, l'idée que Moïra puisse le voir sous son jour guerrier lui faisait peur. Il n'était pas le même homme, Connor pouvait témoigner sur cette double personnalité. La reine Elinor était une grande femme, Fergus un grand guerrier : c'est un couple comme celui-ci qu'Aodhan avait envie de former et si un jour Eimhir montait sur le trône c'est comme cela qu'il voudrait qu'elle règne.

« Elles le seront. »

Optimiste ? Oui, il le fallait, si jamais il ne l'était pas : qui le serait ? Redonner espoir et confiance en l'avenir c'était son travail. Si le Lord dramatisait la situation, s'il n'avait pas confiance en l'avenir alors c'est tout son royaume qui suivrait ce chemin le menant à sa perte. Aodhan gardait donc ses soucis pour lui ou pour son conseil de guerre. Le seigneur MacDonald n'aimait pas l'idée d'être à l'arrière, Aodhan le sentait, il connaissait ce regard qu'il avait vu quelque fois dans les yeux de Cinead lorsque son père emmenait son aîné plutôt que son deuxième fils.

« J'espère que vous ne prenez pas mal cette mise à l'écart, avec votre mariage à préparer j'ai pensé bon de vous laisser ici. Votre heure viendra, je vous le promet. »

Prudent, il l'était toujours, c'est pour cela qu'il ne releva pas les trois derniers mots. Roderick rentra par la suite. Il était le seul à ne pas avoir le besoin de frapper, de se faire savoir pour rencontre Aodhan. Il repartit aussi vite qu'il était venu permettant au chef MacIntosh de demander quand son beau-frère rentrait dans son domaine.

« Parfait, vous dînerez avec nous. Je vous présenterai aux autres membres de mon conseil. »

Il ne mentionna pas sa sœur, ce soir il recevait ses chefs de guerres. Aucune femme ne serait à table hormis les servantes. D'ailleurs il fit signe à Connor de s'approcher un peu plus de lui :

« Récemment, de nouvelles servantes sont arrivées. Considérez ceci comme un cadeau de mariage d'homme à homme. »

Aodhan fit un clin d’œil à son beau-frère, pas besoin de dire autre chose. Cela serait perdre de la salive et du temps pour rien. Il savait que Connor comprendrait aisément, le laird avait confiance en les talents de son beau-frère pour que ce dernier ne passe pas la nuit seul... Aodhan se leva. Il tendit sa main :

« Je vous revois ce soir. »

Puis il éclipsa par la porte de derrière en demandant à ce que les dexux nouvelles servantes soit aux petits soins pour son beau-frère.

Je me méfiais des paroles d'Aodhan. Non parce qu'elles étaient mensongères, mais parce qu'elles pouvaient n'être que trop vraies. Oui, je pensais qu'il était bien faible avec ma sœur et sa fille, trop coulant, mais il semblait penser que parfois, nous n'avions pas le choix et que seul l'avenir nous dirait ce qu'il en serait concernant mon propre mariage... Ce qui n'avait, il fallait l'avouer, absolument rien de rassurant. Est-ce que dans quelques mois, quelques années, nus reparlerions de cela et me rappellerait-il cette discussion en souriant en voyant que j'avais changé ? Dieu fasse que non, me faire mener par le bout du nez par une femme me rebutait réellement.

Mais mon mariage n'était pas le sujet principal de cette entrevue. C'était un sujet important, mais il en était un autre, tout aussi important, voire davantage : la guerre. Je n'étais pas dupe, je connaissais les sentiments d'Aodhan concernant Merida et sa façon de régner. Il n'était pas d'accord avec elle, la jugeant inapte et voulant quelqu'un de plus fort à la tête du pays. Quelqu'un de plus compétent. Quelqu'un comme lui, donc. Fergus et Elinor avaient formé un couple complémentaire. Fergus était un guerrier, Elinor une fine politicienne, capable d'apaiser les troubles. Merida n'avait hérité ni des qualités de son père, ni de celles de sa mère, ou du moins, elle les utilisait fort mal.

J'espérais qu'Aodhan avait raison, que bientôt, la guerre reprendrait. Je savourais les périodes de paix, mais je m'y ennuyais également. Je n'étais pas suicidaire, mais j'aimais la fureur des batailles, j'aimais me sentir vivant, utile. Les femmes ne pouvaient pas comprendre cette ferveur, cette décharge d'adrénaline pure qui parcourait nos veines et nous poussaient à toutes les prouesses. Malheureusement, je ne serais pas de la partie pour le banquet, n'étant pas convié à y assister et ayant un mariage à préparer. Aodhan me fit remarquer qu'il avait aussi besoin de sujets loyaux ici au cas où et je ne fus pas dupe de cette façon de ménager mon ego. J'y étais habitué, mon père avait agi de même du temps où Allen était encore vivant... Aodhan dut pourtant sentir ma déception, malgré tout, à moins qu'il ne connaisse ce regard, mais toujours est-il qu'il espérais que je ne prenais pas mal cette décision.

« Je n'ai pas à remettre en cause les décisions de mon seigneur. Il y aura d'autres occasions. »

Réponse la plus diplomatique que je pouvais faire. Un homme entra alors sans frapper, sans s'annoncer, en silence, avant de repartir tout aussi discrètement, alors qu'Aodhan le me présentait très brièvement, avant de me demander combien de temps je comptais rester. Je comptais repartir le soir même... Ou le lendemain. Aodhan décréta que je resterais diner et qu'il me présenterait les autres membres du Conseil.

« Avec plaisir. »

Il me fit signe de m'approcher et je me penchais vers lui, alors qu'il me soufflait avoir de nouvelles servantes au château... Et me proposer de goûter à leurs charmes en guise de cadeau de mariage officieux. Officieux, parce que Moïra n'aimerait sans doute pas que son époux me mette leurs servantes dans mon lit. Je souris alors, carnassier.

« Un cadeau que je sais apprécier à sa juste valeur et qui restera entre nous. »

Aodhan se leva alors, me tendant la main et signifiant la fin de cette entrevue, disant que nous nous reverrions ce soir. Je hochais la tête et serrais la main tendue, le laissant sortir, avant de faire de même de mon côté, réjoui à l'idée de la nuit prochaine.