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 [END] Tel père, telle fille ▬ Eireen

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Esras Dunegan
Esras Dunegan

Western Highlands and islands

▷ ÂGE IRL : 28
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▷ INSCRIPTION : 18/02/2013
▷ LOCALISATION : Auprès des MacNeil.
▷ ÂGE : 46 ans
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Remain in what you are, the center of your life. You made it to this point no one can tell you how. You crawled and bled all the way but you were the only one. That was tearing your soul apart, you finally find yourself
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MessageSujet: [END] Tel père, telle fille ▬ Eireen    [END] Tel père, telle fille ▬ Eireen  EmptySam 23 Fév - 0:27


« Le père est un miroir dans lequel la petite fille puis l'adolescente, peut discerner les prémices de la femme qu'elle deviendra. »
Eireen & Esras

J'inspirai profondément avant de soupirer longuement, les yeux rivés vers dehors, là où le bal de l'automne se déroulait tranquillement, sans que jamais personne ne vienne l'interrompre. C'est ce qui avait de plus fascinant dans les saisons ; rien ni personne ne pouvait les influencer, elles arrivaient et repartaient comme bon leur semblait, depuis la nuit des temps sans que jamais elles ne soient perturbées. Elles étaient éternelles. Et peu de choses avaient le mérite de pouvoir s'en vanter.

Les jours s'écourtaient à vue d’œil et rapidement, tout les arbres de l’Écosse jalouseraient leurs cousins conifères, encore recouverts entièrement de leur beau manteau vert. Les chaleureuses couleurs de cette saison charnière étaient entrain de s'estomper, laissant place au froid mordant et grisant du terrible hiver. Sans doute la neige n'allait-elle pas tarder à arriver, bien que pour l'instant les températures se révélaient encore trop douces pour un tel évènement. La guerre n'en était que plus difficile. En ces temps, les morts se faisaient encore plus nombreux, bien que jamais ils ne cessaient. La mort ne connait pas de saisons, ne s'accordant aucun repos - bien qu'elle se délecte avec plaisir de toutes ses âmes déjà mortes de froid, dans un coin de ce monde.

Un nouveau soupir s'échappa de ma bouche, comme une plainte du vent s'engouffrant dans les murs d'une bâtisse. C'était le quarante-sixième automne qui se jouait sous mes yeux. Seul avec moi-même, je repensai vaguement à tout ceux que j'avais passé. Et à quel point, entre chaque frère automnale, mon monde changeait. Il me semblait encore que c'était hier que je rassurai mon tout petit fils à propos du tonnerre grondant dans le ciel. Désormais, il n'avait tellement plus besoin de moi. C'était un homme, avec ses problèmes à lui, qu'il résolvait lui-même. Comme je lui avais enseigné. Cette pensée me fit me redresser un peu, jusqu'ici appuyé sur mes mains jointes, prenant elle-même appui sur mes coudes que j'avais déposé sur l'appui de fenêtre. Il était impressionnant comme l'enseignement des parents influençait sur l'attitude de leur progéniture. Pourtant, j'avais depuis longtemps remarqué qu'ils avaient chacun leur petit caractère à eux, prenant source au plus profond de leur propre âme. Et il était impressionnant à quel point cette partie d'eux était importe ; à un tel point que j'avais parfois du mal à les comprendre. Et l'autre partie qui les définissait, celle où j'avais laissé une empreinte parfois trop marquée, ne me rendait la tâche que plus difficile.

Je levai les yeux en entendant le son régulier de pas s'approcher en ma direction. De la visite? Quand je m'accordais un instant seul à seul avec moi-même, ressassant avec une certaine mélancolie ce passé si lointain et proche à la fois? J'en fus presque irrité avant de m'apercevoir qu'il s'agissait du sujet de la moitié de mes pensées jusqu'ici - l'autre se dirigeant vers son frère. Eireen. Dans toute sa splendeur de jeune fille, à la fleur de l'âge. Ne se rendait-elle pas compte que cette beauté, séduisant tout les jeunes hommes du domaine ne serait-elle pas éternelle? Peut-être que si, mais cela lui devait être tellement égal. C'était ce à quoi je pensais à chaque fois que je la croisai ; à son mariage. Mais quel mariage? Je me rendais compte à quel point il lui était difficile de devoir se plier aux règles de ce monde mais il en était ainsi. Si, comme elle semblait parfois le souhaiter, elle était venue au monde en tant qu'homme, elle en aurait tout autant. Peut-être se sentirait-elle plus libre, car c'est en effet le cas, mais elle ne soupçonnait pas la pression que doit supporter un homme sur ses épaules.

La saluant d'un simple signe de tête, je lui adressai un léger sourire avant de me lever, me rapprochant d'elle. Le ton léger, je lui demandai « Que me vaut ta visite? Aurais-tu enfin un prétendant à me présenter? » Je me doutais bien de sa réponse - un non, un catégorique et fougueux non. Mais peut-être étais-je loin de m'imaginer la réaction que ces simples mot causeraient chez elle. Le pouvoir des mots, selon leur sélection, était impressionnant et surtout tellement facultatif.

© will o' the wisp


citation ; Geneviève Bersihand
musique : Mabon ▬ Omnia


Dernière édition par Esras Dunegan le Lun 8 Avr - 11:44, édité 1 fois
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Eireen Dunegan
Eireen Dunegan

Western Highlands and islands

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▷ LOCALISATION : Probablement en train de traumatiser un homme de plus quelque part dans les Western Highlands
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« I am a lion-hearted girl »
Woman ? Is that meant to insult me ? I would return the slap,
if I took you for a man.
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I want to weep. I want to be comforted. I'm so tired of being strong. I want to be foolish and frightened for once. Just for a small while, that's all. A day. An hour.

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MessageSujet: Re: [END] Tel père, telle fille ▬ Eireen    [END] Tel père, telle fille ▬ Eireen  EmptyJeu 28 Fév - 20:15

I AM, IN THE END,
WHAT YOU MADE ME


Je détestais l'odeur du sang. Je l'avais toujours détestée. Le sang, cela sentait le sel, le métal rouillé. La mort. Je ne me ferais jamais à l'odeur et à la vue du sang. J'avais appris à le supporter, mais c'était tout. Il l'avait bien fallu. Comment aurais-je pu prétendre au titre de guérisseuse si je ne supportais pas de voir une seule goutte de sang ? Je n'aurais pas pu. Et malgré tous mes défauts, je voulais aider les autres. Il n'y avait jamais assez de guérisseurs. Et puisque je ne savais pas quoi faire de ma vie, j'avais décidé de la mettre au service des autres. Je savais combien cela pouvait étonner. Au premier regard, on ne m'attribuait sans doute pas le rôle de guérisseuse. Je n'étais pas patiente, je n'étais même pas polie. J'agissais toujours avant de penser, ce qui me valait de nombreuses réprimandes et avait le don d'agacer les personnes qui m'entouraient, et particulièrement les hommes. Je ne le niais pas, j'avais un caractère peu commun pour une femme. J'avais le caractère d'un Dunegan. Mes parents... Non, mon père, m'avait appris que si je voulais quelque chose, il fallait que je me batte pour l'obtenir. Alors je m'étais toujours battue pour devenir autre chose qu'une Lady parfaite. Ce n'était pas moi. Oh, j'avais bien compris que ces mots convenaient mieux aux hommes qu'aux femmes... Mais je m'en étais toujours moquée. Au plus grand dam de mon père. Mais, eh, qu'aurais-je dû faire ? Regarder mon frère apprendre à manier l'épée tandis que j'apprenais à manier l'aiguille ? J'aurais préféré mourir. Les seuls aiguilles que je maniais me servaient à recoudre des plaies, et non pas à broder des fleurs sur de la soie. J'avais énormément de respect pour Mère et son travail, mais je ne me voyais pas prendre sa suite. Pas plus que je ne me voyais épouser un Lord et lui donner une douzaine d'enfants.

Je n'étais pas idiote, pourtant, bien loin de là. Je savais ce qui se disait dans mon dos. On me traitait de sauvageonne, de folle parfois. Tout cela parce que je refusais de me plier à la loi des hommes. Quelques fois on me frappait, mais je rendais les coups, souvent plus fort. Rares étaient les hommes qui s'attendaient à ce que je riposte. Lorsque cela arrivait, la plupart me fixaient un moment avec un air incrédule avant d'exploser. Pourquoi ne devrais-je pas me défendre ? Parce que j'étais une femme ? Non, non et mille fois non. Je n'étais pas née pour être battue, ni pour être la bonne à tout faire d'un homme. C'était pour toutes ces raisons que je ne voulais pas me marier. Beaucoup d'hommes paraissaient honorables pour vous séduire, et puis une fois les lumières éteintes, ils se transformaient en monstres. Bien des femmes avaient dû regretter leur mariage. Je n'osais imaginer ce que cela pouvait être, de se savoir marié à un tyran pour le reste de sa vie. Lorsque je pensais à la Reine, je n'éprouvais aucune haine d'aucune sorte. Car si j'avais été à sa place, j'aurais probablement refusé un mariage également. Comment pouvait-on vendre son enfant, son bonheur, pour des alliances politiques ? Dieu merci, je n'étais pas assez importante pour qu'un non déclenche une guerre. La seule guerre qu'il y avait, elle se jouait entre mon père et moi.

Mon père était l'homme que je respectais le plus au monde. Je respectais sa force de caractère, sa détermination. Par dessus tout, j'admirais cette envie qu'il avait eue d'être plus que ce qu'il aurait dû être. Il n'était pas né pour être chevalier, et pourtant il était devenu le meilleur qui puisse être. Il me semblait qu'il ne se rendait pas compte à quel point je lui ressemblais. Nous avions le même mauvais caractère, le même sourire. C'était à lui que je ressemblais, physiquement, et pas à Mère. J'avais hérité de Père les mêmes cheveux noirs, les mêmes yeux clairs. J'étais bien la fille d'Esras Dunegan, on ne pouvait en douter. Tel père, telle fille. Si j'avais été un garçon, cela n'aurait pas posé le moindre problème. Si j'avais été un garçon, Père aurait sans douté été fier de moi. Hélas, j'étais née fille, et cela faisait toute la différence. Il me semblait que je décevais mon père. Je n'obéissais pas, je n'en faisais qu'à mon bon vouloir, je ne voulais pas me marier. Si je faisais quelque chose de bien, il paraissait content un instant, et puis cela passait. Cela me peinait, beaucoup. J'aurais tellement voulu qu'il comprenne que je n'agissais pas comme je le faisais pour le rendre fou et lui faire honte. J'étais juste... Eh bien, j'étais juste comme lui. Si je refusais obstinément de me marier, c'était pour rester telle que j'étais et ne pas devenir l'ombre de moi-même. J'imagine que c'était difficile à comprendre. Les hommes ne comprenaient rien aux femmes, ce n'était pas nouveau. Mais un père ne devrait-il pas comprendre sa fille ? Ne devrait-il pas au moins l'écouter ? Entre Père et moi, c'était un dialogue de sourds. Il ne voulait pas m'écouter, et je ne voulais pas l'écouter. En y regardant de plus près, nous étions en guerre l'un contre l'autre parce que nous refusions de nous écouter. Tel père, telle fille.

Je n'avais pas eu dans l'idée d'avoir une conversation avec lui, ce jour là. Je cherchais Eremon, avec lequel je n'avais pas vraiment passé de temps depuis que nous avions parlé. Avec Eremon, je ne faisais pas particulièrement attention à ma tenue. Il était mon frère, et il s'était fait depuis longtemps à la personnalité de sa sœur. Lorsque je savais que je devais passer du temps avec Père, je faisais en sorte d'être présentable, pour ne pas m'attirer ses foudres, ou tout simplement l'agacer. Lorsque je poussai la lourde porte en bois qui s'ouvrait sur le salon de nos appartements, c'était mon frère, que je m'étais attendue à trouver. J'avais fouillé partout, je ne l'avais pas trouvé, alors je m'étais dis que peut-être, il s'y trouverait. Mais il n'y était pas, et à sa place se trouvait notre père. À l'instar d'une enfant qui aurait fait une bêtise, je mis immédiatement mes mains dans mon dos. Je n'avais rien fait, rien de mal, mais elles étaient encore couvertes du sang du blessé dont j'avais pris soin un tout petit peu plus tôt. Je n'avais pas encore pris le temps de les nettoyer. Le moins que l'on puisse dire, c'était que je ne ressemblais vraiment pas à une Lady. J'étais habillée comme un homme, des pieds à la tête, mes cheveux étaient laissés emmêlés et mes vêtements étaient tâchés de sang. Mettre les mains dans le dos ne devait rien arranger, bien au contraire, cela devait me donner un air coupable. Je faisais de mon mieux pour afficher un large sourire plutôt qu'une moue boudeuse pour adoucir cette image un peu grossière que je renvoyais. Néanmoins, il me fut difficile de ne pas lever les yeux au ciel lorsque le mot prétendant franchit les lèvres de mon père. Je me retins malgré tout, pour ne pas l'agacer tout de suite.

« Hélas, j'ai bien peur d'avoir fait fuir le dernier. » C'était peut-être vrai, peut-être faux. À vrai dire, je ne prêtais pas suffisamment d'attention aux hommes pour savoir lesquels pourraient bien me demander ma main. Mariage, mariage... Je ne pouvais pas avoir une seule conversation avec mon père sans que ce mot ne soit prononcé. Voilà pourquoi nous parlions si peu. C'était le seul sujet qu'il semblait vouloir évoquer avec moi. J'aurais pourtant tellement voulu pouvoir lui parler d'autre chose ! Nos conversations finissaient toujours avec des cris et des portes claquées. Avec un léger soupir, je refermai la porte derrière moi, avant de relever les yeux vers mon père. Il était si grand que je devais me tordre le coup pour le regarder. « Pourrions nous parler d'autre chose que de mariage, juste pour cette fois ? Je dois vous avouer que je n'ai pas envie de me disputer avec vous aujourd'hui, Père. » A quoi bon mentir et essayer d'éviter le sujet avec des pirouettes ? Il savait que je ne voulais pas en parler. « A dire vrai, je ne voulais pas vous déranger. Je cherchais simplement Eremon. » Le fils prodigue... Et moi j'étais la fille qui se voulait homme, la déception ambulante. Je baissai les yeux. « Je suis navrée de vous avoir dérangé. » Je reculai d'un pas et rouvris la porte, que j'avais refermée pour une raison qui m'échappait, finalement. Mais je n'eus pas le temps de faire un pas que je sentis des doigts se refermer autour de mon bras. Bien sûr, je n'allais pas m'en sortir aussi facilement. Le problème avec les Dunegan, c'est qu'ils sont tous plus têtus les uns que les autres.


Dernière édition par Eireen Dunegan le Dim 7 Avr - 16:12, édité 4 fois
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Esras Dunegan
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MessageSujet: Re: [END] Tel père, telle fille ▬ Eireen    [END] Tel père, telle fille ▬ Eireen  EmptyMar 5 Mar - 9:10


« Le père est un miroir dans lequel la petite fille puis l'adolescente, peut discerner les prémices de la femme qu'elle deviendra. »
Eireen & Esras

Écoutant ses paroles, je détaillai sa tenue. Je soupirai doucement en pouvant observer qu'une fois de plus, Eireen ressemblait à... un homme oui. Revenant de guerre, même. Je remarquai qu'elle essayait de paraître plus douce que son apparence le laissait dire, cachant ses deux mains ensanglantées à la manière de ses vêtements, derrière son dos telle une enfant coupable. J'en déduis qu'elle venait de soigner un malheureux et, à cette pensée, jugeai bon de la laisser tranquille sur l'apparence qu'elle arborait en cet instant. Certes, porter un robe ne lui aurait pas fait de mal mais... Elle devait se sentir plus à l'aise de cette manière, supposai-je. De toute évidence, elle ne s'attendait pas à tomber sur ma personne en poussant cette lourde porte. Car, elle se présentait rarement en cet état devant moi, se doutant de ma réaction qui ne pouvait être que négative sur le sujet. Je savais pourtant, à quel point elle avait du mal à supporter de se comporter comme une Lady. Même si, c'était ce qu'elle était, au final. Beaucoup de gens avaient du mal à le croire et j'en faisais parfois partie.

Mes pensées furent fondées par ses dires ; elle cherchait Eremon et non ma personne. Au fur et à mesure qu'elle avançait dans ses paroles, mes sourcils s'étaient froncés. Croyait-elle sincèrement que cela m'amusait? Certes, j'aurais également désiré pouvoir m'entretenir avec elle sans qu'aucun éclat de voix ne vienne ponctuer notre discours, cependant, comment aurions-nous pu? Elle ne semblait pas se rendre compte à quel point le mariage était important dans notre société et surtout la chance que je lui offrais. Beaucoup d'autres pères se seraient déjà décidés à la livrer au premier prétendant un peu fortuné, un peu puissant, pour enfin se débarrasser d'elle, de son mauvais caractère et de sa révolte incessante. Mais de ma part, cela serait tellement odieux. Car je le savais, qu'elle tenait tout cela de son père - en l’occurrence, ma propre personne. Je pouvais comprendre son désir mais pas l'accepter. Et c'était ce qui rendait nos dialogues si abruptes. Il m'était impossible de m'entretenir avec mon propre reflet. Car, même physiquement, elle me ressemblait. Même parfois plus qu'Eremon - qui lui, avait pris par exemple, la blondeur des doux cheveux de sa mère. Et je l'avoue, cette situation arrivait parfois à me désespérer. Car si elle était en effet tout à fait pareil que moi, jamais je n'arriverai à trouver un terrain d'entente avec elle. Pourtant, je le souhaitais autant qu'elle.

Quand elle s'excusa auprès de moi afin de prendre congé, j'hésitai un fragment de seconde. Peut-être pourrais-je la laisser tranquille aujourd'hui. Mais je chassai rapidement cette pensée ; cela n'aurait rien changé. Reprendre la conversation en cet instant ou le lendemain nous aurait mené au même point de désaccord que les jours précédents. Peut-être fallait-il que je change de tactique. Le plus grand problème - parce qu'il y en avait de nombreux autres - était notre surdité commune. S'ajoutait à cela un entêtement sans pareil et donc, une incapacité désolante à échanger sans s'irriter l'un et l'autre, jusqu'à finir par exploser. Je l'empêchai donc de s'enfuir, comme elle tentait souvent de le faire en lui agrippant le bras - tout de même pas violemment, ne voulant en aucun cas lui faire de mal.

« Écoute-moi, Eireen. » Mes mots s'étaient lentement échappés de ma bouche, lui faisant comprendre leur importance. Je ne parlais pas à la légère, non. Mes deux pupilles plantées dans les siennes d'un air grave le lui confirmaient. Je me redressai un peu, accentuant alors notre différence de taille flagrante avant de faire doucement glisser ma main contre son bras, lâchant prise. «Je veux que tu m'écoutes attentivement. Que tu attendes que je finisse. Et surtout, que tu ne me coupes en aucun cas la parole. » Si j'insistais, c'est parce que je la connaissais depuis désormais vingt-quatre années et avais déjà eu de nombreuses fois l'occasion de faire face à sa fougue. « Je n'ignore pas totalement d'où vient ton aversion pour le mariage mais j'ai parfois l'impression d'avoir été un terrible exemple pour qu'il en soit ainsi. » C'était une question qui me revenait souvent à l'esprit ; que pensait-elle de l'union de ses deux parents? Eanna et moi nourrissions un amour comme peu en existaient et je lui donnais l'occasion d'en faire de même en lui laissant le choix de son prétendant. Où avais-je été fautif? Je ne comprenais pas. Et n'était-elle pas désireuse de fonder une famille, à son tour? Connaître la joie de voir chaque jour ses enfants, la chair de sa chair, grandir sous son regard bienveillant? « Mais quoique tu fasses ou que tu sois, tu devras te plier aux règles de notre société. » C'était une vérité fataliste qui, je le savais, la mettait hors d'elle. Elle avait beau fuir la question, la chasser à grands coups de claquements de porte ou de hurlements, il y aurait bien au moment où elle se trouvera au pied du mur, face à l'impossibilité de renoncer. Et c'était ce que je voulais éviter ; je désirais son bien. Je ne voulais pas la brusquer mais, si je ne le faisais pas, quelqu'un d'autre s'en chargerait.

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Eireen Dunegan
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MessageSujet: Re: [END] Tel père, telle fille ▬ Eireen    [END] Tel père, telle fille ▬ Eireen  EmptySam 9 Mar - 18:05

I AM, IN THE END,
WHAT YOU MADE ME


Il me semblait toujours que Père et moi jouions sans cesse à cache-cache. J'étais celle qui se cachait et lui essayait de me trouver. Pour me parler, essayer de me faire entendre raison, encore et encore. C'était un éternel recommencement, une partie qui ne semblait jamais se terminer. Je ne courais jamais assez loin, je ne me cachais jamais assez bien. Une fille peut-elle seulement se cacher de son père ? Sans doute pas, non. Tout cela me désolait. Sans cette éternelle question de mariage, au sujet de laquelle nos opinions divergeaient du tout au tout, nous aurions pu être terriblement proches, tant nous nous ressemblions. Bien souvent, lorsque l'on avait quelque chose à me reprocher, on me disait tel père, telle fille. Le caractère de mon père était connu de tous, et il en allait de même pour le mien. Et si, étrangement, on ne disait trop rien à Esras Dunegan, on ne se gênait point pour accabler sa fille de reproches de toutes les sortes. Et bien évidemment, Esras Dunegan faisait partie de ceux qui n'hésitaient pas à accabler la pauvre Eireen... Ah, pauvre Eireen. D'ordinaire, je ne pensais pas à moi en ces termes. Je n'étais pas idiote, je me savais particulièrement chanceuse. J'étais en bonne santé, et puis j'étais beaucoup plus libre que bien des femmes. Il m'arrivait de me sentir coupable. La vie était bien plus généreuse avec moi qu'avec bien des femmes et j'en demandais plus... N'étais-je pas égoïste ? Parfois, je me perdais dans mes pensées, et je me demandais si je ne ferais pas mieux d'obéir... De me marier. Et puis, je me souvenais que ce n'était pas le genre de vie que je voulais vivre. Je n'étais pas née esclave, ce n'était pas pour devenir celle d'un homme. Ni aujourd'hui, ni demain, ni jamais.

Si j'avais osé, je me serais libérée de l'emprise de mon père et j'aurais pris la fuite, comme j'en avais eu l'intention. Mais je n'osais pas, je n'avais jamais osé. Je savais encore m'avouer vaincue. Je fis la moue et relevai les yeux. À chaque fois que nous nous affrontions, il fallait qu'il se redresse de toute sa hauteur pour m'impressionner, comme si je ne l'étais pas déjà suffisamment. Néanmoins, avec le temps, j'avais appris à garder contenance et à ne plus avoir l'air d'un chaton effrayé. Après tout, j'étais la digne fille de mon père. Un Dunegan se doit de rester digne en toute circonstance. Oh, le problème, ce n'était pas la dignité. C'était cette capacité que je ne possédais pas à garder mon calme. J'avais beau faire des efforts, je finissais toujours pas perdre mon sang froid. Un jour, un chasseur m'avait raconté une histoire. Un jour qu'il allait chasser, il avait trouvé une louve dont la patte était coincée dans un piège. Il avait essayé de l'approcher, pour l'aider m'avait-il dit. Mais la louve l'ignorait, alors elle ne l'avait pas laissé faire, elle l'avait même mordu. Il aurait pu la tuer, mais il ne l'avait pas fait. Il avait vu que cette bête sauvage avait une soif de vivre affolante. Il m'avait dit s'être assis, et l'avoir regardé pendant des heures durant. La louve s'était débattue pendant des heures pour se libérer. Hélas, ses crocs et ses griffes ne pouvaient rien contre le piège de métal qui la retenait prisonnière. Elle aurait pu se résigner à mourir, et cependant elle ne l'avait pas fait. Car elle avait compris que la seule façon de se libérer était de s'attaquer à ce que ses crocs et ses griffes pouvaient ronger. Sa propre patte. Le chasseur m'avait dit qu'il l'avait vue ronger sa patte, jusqu'à ce libérer. Une fois libre elle était partie, tout en prenant soin de grogner comme la bête sauvage qu'elle était. La fin de cette histoire est bien triste, m'avait-il dit. Il avait regardé la louve s'éloigner en boitant sur trois pattes. Le lendemain, il était retourné dans le bois et il l'avait trouvée étendue dans une clairière, morte et gisant dans une marre de sang. Si elle avait bien voulu de l'aide du chasseur, elle aurait vécu. Mais la louve avait été trop fière pour cela, trop farouche et trop sauvage. Elle avait voulu s'en sortir par elle même, quitte à en mourir. Elle était morte pat fierté. Oui, mais elle est morte libre et sans le devoir à personne, avais-je songé.

Je n'étais pas différente de cette louve. J'étais fière, impétueuse, sauvage. Si la louve avait laissé le chasseur approché, n'aurait-il pas essayé de l'apprivoiser ? Tous les hommes rêvent d'avoir un loup pour compagnon. Enfant, j'en avais rêvé aussi. J'avais demandé à Mère si je le pouvais. Je n'oublierais jamais ce qu'elle m'avait dit. On peut attraper un loup, on peut mettre un loup en cage, on peut briser un loup, mais on ne peut pas apprivoiser un loup. Ce qui est sauvage reste sauvage. Bien qu'il ait toujours été étrange, pour moi, d'entendre de telles paroles sortir de la bouche de ma mère, je ne pouvais qu'approuver ces dires. Je me demandais pourquoi on refusait de reconnaître que c'était vrai pour moi aussi. Si on ne pouvait pas changer un animal, pourquoi pourrait-on changer une personne ? Ne reste-t-on pas éternellement ce que nous sommes, ce que nous voulons être ? Si je ne voulais pas être une autre, personne ne m'y forcerait. Pas même mon père. Oh, mais pourquoi ne comprenait-il pas que j'étais comme lui ? Était-il aveugle ? D'un geste de la main fort déplacé, je le repoussai. « Vous ne comprenez pas. Vous n'avez jamais compris. Vous et Mère, vous n'avez pas été un piètre exemple, bien loin de là. Mais, Père, êtes-vous naïf ? Tous les mariages ne sont pas aussi heureux que le vôtre. Vous aimez votre femme de tout votre cœur, n'est-ce pas ? » Ce n'était pas vraiment une question, puisque je connaissais déjà sa réponse. Il aimait ma Mère de tout son cœur, et ce depuis des années et des années. Je savais que beaucoup de femmes jalousaient Mère, car elle avait la chance d'avoir un mari aimant et qui la respectait. Ce n'était pas souvent le cas. « J'ai vu beaucoup trop de femmes dépérir à cause d'un mariage, Père. » J'essayai de parler le plus doucement possible. Si je me mettais à hurler, il n'écouterait pas ce que je lui dirais. Tout ce qu'il verrait, c'était que je criais, et donc, que j'avais très certainement tort. « Je ne veux pas être l'esclave d'un homme qui ne fera que m'humilier. Vous me connaissez. Vous savez comment je suis. Vous m'aimez, Eremon m'aime... Parce que vous êtes mon père, mon frère. Mais un époux ? Croyez vous sincèrement qu'un homme supporterait d'avoir une femme comme moi ? Une femme qui lui tiendrait tête, une femme qui n'hésiterait pas à se battre et à se défendre ? » Je soupirai. « Les hommes veulent une souillon obéissante. Pas une femme forte. La plupart des hommes ne supportent pas les femmes qui disent non. Pour l'amour du ciel, notre pays est en guerre parce qu'une femme a dit non. » Toujours les mêmes mots. Il me semblait les lui avoir répétés un millier de fois. Je secouai doucement la tête. « Je n'agis pas comme je le fais pour vous faire honte. Je sais que mon comportement vous déçois, mais qu'y puis-je ? C'est vous même qui m'avez appris à me battre pour ce que je souhaite. Peut-être le regrettez vous aujourd'hui, mais c'est ainsi, et j'ai bien peur d'être trop âgée pour pouvoir changer. »


Dernière édition par Eireen Dunegan le Dim 7 Avr - 16:12, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: [END] Tel père, telle fille ▬ Eireen    [END] Tel père, telle fille ▬ Eireen  EmptyMar 12 Mar - 11:50


« Le père est un miroir dans lequel la petite fille puis l'adolescente, peut discerner les prémices de la femme qu'elle deviendra. »
Eireen & Esras

C'était impossible. Comment arrivions-nous à recommencer éternellement cette conversation? La réponse était tout simple ; nous étions deux mules, ficelées l'une à l'autre, désirant aller manger dans deux mangeoires différentes sans jamais penser à nous diriger dans la même direction afin de répondre tout deux à nos besoins, ensemble. Et c'était ce que je détestais dans cette maudite situation ; j'étais impuissant face à ma propre fille. Ah, c'était terrible comme sensation. Celle d'avoir beau essayer en sachant que ça n'y changerait rien. Parce que Eireen n'était pas ennemi ; loin de là. Eux, ne tenaient que très rarement longtemps face à mon être mais là, avec quoi pouvais-je bien me défendre? Un manque de tact devenu légendaire, un entêtement digne du sien et un regard sombre qu'elle ne connaissait que trop bien? Cela faisait longtemps qu'elle avait appris à se jouer de moi. C'était quasiment insoutenable comme situation et j'avais tout juste l'impression que le jour où cela se finirait enfin, cela ne pourrait que le faire d'une mauvaise façon. Pourtant, je désirais tout ce qu'il y avait de mieux pour sa personne - le contraire me peinerait tant. Je voulais tellement la protéger, lui éviter que quelqu'un de bien moins bienveillant ne se charge à ma place de lui faire comprendre. Ça avait néanmoins déjà été le cas. Je savais pertinemment bien qu'elle ramassait parfois quelques coups - à vrai dire, elle ne faisait que récolter ce qu'elle avait semé elle-même. Mais quelle était la surprise des auteurs de cette violence quand, à leur tour, ils en recevaient. Je craignais toujours qu'un jour, cela en rende un fou pour de bon. Et que plus jamais elle n'ait à rendre de coups.

Si elle ne pouvait garder son calme - bien que j'observais qu'elle faisait de son mieux pour ne pas déjà commencer à hurler -, peut-être fallait-il que je le fasse. Bien qu'elle soit également adulte, j'étais de nous deux, le plus responsable. Même si une partie de moi me hurlait de l'attacher à un poteau jusqu'à ce qu'elle change d'avis, mon instinct de père me murmurait d'essayer de l'écouter. Malgré ce geste déplacé, malgré ses paroles s'entrechoquant avec les miennes, malgré son entêtement de vieille mule incorrigible. Mais non, ça ne servirait à rien, étais-je en effet si naïf que cela? Même si je m'évertuais à lui offrir la plus généreuse des écoutes, elle ne pourrait en faire de même vis-à-vis de ma personne. Et je ne pouvais lui donner raison. Sincèrement, qui l'aurait fait? Ah oui, oui la Reine. Qu'elle en parle ne fit que froncer d'avantage mes épais sourcils noirs. Pourtant, elle avait tellement raison ; tout les hommes du royaume étaient prêts à la réduire à néant, tellement son caractère était déplaisant pour une Lady. Je me surpris même à penser à sa manière ; Eremon lui, avec le même héritage, s'en sortait sans trop de mal. C'était cela le pire dans nos conversations ; nous détenions tout deux une vérité qui ne pouvait pourtant pas s'entendre avec celle de l'autre.

Puis, ses mots vinrent un peu plus crisper les muscles de mon corps. Que disait-elle là? Mais qu'osait-elle enfin me dire là? Ah, sans doute l'avait-elle déjà dit et répété mais j'avais presque oublié à quel point ces paroles-là remuaient en moi un feu terrible. Un peu de reconnaissance lui aurait-elle écorché cette fierté que tant de monde lui reprochait? Les mots qui venaient de parvenir à mes oreilles en étaient la preuve vivante. J'étais donc fautif sur toute la ligne. Je devais me reprocher de lui avoir inculquer mes valeurs, d'avoir pris soin d'elle et de son âme. Elle n'était que la victime de mon enseignement. Je pense que, même avec toute l'expérience qu'elle avait de moi, elle ne s'attendait pas au regard tranchant que je posai sur elle. Je me pris à détester ce qu'elle venait de me montrer d'elle, malgré tout l'amour que je lui portais. « Aurais-tu seulement préféré que je te délaisse? Aurais-je dû ne pas prendre la peine de t'enseigner certaines valeurs, en dépit d'un peu de reconnaissance? » Ma voix grondait, résonnant dans mon crâne, déversant une partie de l'amertume s'étant épris de ma bouche. « Cesse de te comporter comme une enfant, Eireen. » Ajoutai-je, encore un peu plus durement. Car, à l'instant, il me sembla que malgré les années qui défilaient, j'avais toujours la même Eireen en face de moi. Celle dont rien ne m'indiquait comment l'apprivoiser. Celle qui considérait qu'elle avait tout à redire sur sa propre existence, sans prendre conscience qu'elle faisait partie d'une société à part entière. Et que sans elle, elle ne serait rien. Malgré toute la liberté que j'avais réussi à lui donner, elle me tournait le dos. « Alors, qu'aurais-je dû faire? Je te le demande, puisque tu sembles savoir tant de choses. Peut-être aurait-il été préférable que je t'enferme au fond d'un cachot, le temps que je trouve un mari assez vil pour te faire plier? » Les ongles de mes doigts s'étaient mis à écorcher la paume de mes mains, tellement la pression que j'exerçais sur elles était forte. Je consumais une des rages la plus redoutable qui soit ; celle qui restait froide. Celle qui ne demandait que des mots, pourtant plus tranchant que la lame la mieux aiguisée. Celle qui rendait les hommes redoutables. Je ne comprenais que tellement peu de choses chez elle, alors que je sentais pourtant à quel point elle me ressemblait. J'avais juste l'impression d'essayer de saisir une anguille, dans l'eau d'une rivière reflétant mon visage. Je connaissais cette image mais ce qu'elle cachait, je n'arrivais à le saisir. Elle m'échappait, éternellement. Pourtant, je me sentais si proche d'elle. Quelle horrible sensation que nous efforcions pourtant à faire perdurer.

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Eireen Dunegan
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MessageSujet: Re: [END] Tel père, telle fille ▬ Eireen    [END] Tel père, telle fille ▬ Eireen  EmptyMer 27 Mar - 21:20

I AM, IN THE END,
WHAT YOU MADE ME


Les limites sont atteintes. Plus vite encore que la dernière fois. Mon sang bouillonne, celui de Père également, les esprits s'échauffent. Peu à peu je perds pied, et je sens qu'il ne me faudrait plus très longtemps avant d'exploser. Je me connaissais mieux que quiconque, mieux que ce père qui s'imaginaient encore pouvoir me faire changer d'avis avec ses mots. Ses mots, que j'avais entendu, encore et encore et encore... Ces mots, que je ne supportais plus d'entendre. Je pouvais sentir mes mains qui commençaient à trembler. Je n'avais qu'une envie, fuir, aussi loin que mes jambes puissent me porter. Mais parce que j'étais fière, il en était hors de question. Fière et stupide. Je tiendrais tête à mon père aussi longtemps qu'il le faudrait, aussi longtemps qu'il pourrait être patient. C'est à dire pas beaucoup plus que moi. Je serrai les poings, pour empêcher mes mains de trembler. Je serrai les dents à m'en faire mal, pour me retenir de hurler. Ah voilà, voilà, il disait enfin ce qu'il pensait vraiment... Je ne réalisai alors pas à quel points ces mots là me firent mal. Je ne le réalisai pas car j'étais encore trop occupée à être en colère. Ce serait plus tard, lorsque je serais seule que ces paroles reviendraient me hanter. Et là, peut-être que je pleurerais. Parce que oui, il m'arrivait de pleurer, bien plus souvent que je ne voulais bien l'admettre. Être moi, c'était... épuisant. Je devais me battre avec tellement de choses, tellement de gens, que lorsque le soir venu je retrouvais enfin mon lit, j'étais complètement vidée. J'avais tous les jours la même impression : ce serait la dernière fois que je serais ainsi. Combien de fois avais-je eu envie de baisser les bras ? D'abandonner, de me soumettre ? D'être comme un caillou balloté par les eaux ? Si on m'imposait tout, la vie ne serait-elle pas plus simple ? Oh si, sans doute... Parfois, j'avais envie de céder... Mais tous les jours que Dieu faisait, je me levais et retrouvais cette rage de vivre et de vaincre qui était la mienne. J'étais comme j'étais. Comme lui m'avait faite.

Et puis, ce fut le mot de trop. Je desserrai les poings, alors que je me sentis devenir rouge de colère. Lorsque mon père et moi nous disputions, je criais. Je disais que je hurlais, mais c'était exagéré. Du moins jusqu'à présent. « JE NE LAISSERAI AUCUN HOMME ME FAIRE PLIER, VOUS ENTENDEZ ? AUCUN, ET SURTOUT PAS VOUS ! » C'était dit, c'était fait, il n'y avait plus aucun retour en arrière possible. Les conséquences auraient sans doute étaient moindres si je n'avais pas continué. Je n'avais cependant pas été capable de me taire. Il y avait tellement de choses que je voulais dire mais que j'avais tues jusque là. « Me croyez vous aveugle ? Je sais que vous avez honte de moi, vous ne le cachez pas aussi bien que vous le pensez. Je le sais parfaitement. Mais je ne vais pas épouser le premier venu pour vous faire plaisir. » Il me semblait en réalité que je n'épouserai jamais personne. Je ne voulais même pas tomber amoureuse. Ah ! Mais quelle idée, tomber amoureuse ! Il ne pourrait rien m'arriver de pire, c'était une chose que je voulais éviter à tout prix, bien que je sache parfaitement que, hélas, mille fois hélas, on ne pouvait contrôler ce genre de chose. Mon frère faisait les frais de l'amour, et sa souffrance suffisait à me dégouter de ce sentiment. Si j'avais pu m'arracher le cœur et l'enfermer dans une boite afin d'être sûre de ne rien ressentir, je l'aurais fait sans hésitation. Ce n'était malheureusement pas possible et j'étais la première à en être désolée. « Vous voulez la vérité ? L'horrible vérité ? Je refuse de me marier parce que les hommes me terrifient. Je ne vois autour de moi que des brutes qui se laissent guider par leurs instincts les plus bas. Si aucun d'entre eux n'a osé s'en prendre à moi, c'est bien parce que je suis votre fille et qu'ils ont peur de vous. Savez vous seulement comment ils me regardent. Il n'y a aucun respect, aucune admiration, juste un désir animal, une volonté de faire mal. Et vous attendez de moi que je laisse un de ces hommes me toucher ? MILLE FOIS NON ! » Je tremblais, mon corps tout entier tremblait. Et sans que je m'en sois rendue compte, les larmes avaient commencé à couler sur mes joues brulantes. J'avais envie de mettre la pièce sans dessus dessous. De toute ma vie je n'avais jamais été aussi en colère. Ce n'était même plus de la colère, ni même de la rage, c'était quelque chose de pire. Quelque chose qui faisait mal, terriblement mal. C'était comme plonger un poignard dans sa poitrine et continuer à l'enfoncer malgré la douleur. J'étais dans un tel état que si j'avais été en mesure de marcher, j'aurais cherché à arracher le visage de mon propre père avec mes ongles.

« Avez vous seulement réfléchi à pourquoi nous sommes en guerre ? SEIGNEUR ! Trois idiots dotés d'un égo démesuré ont commencé une guerre parce qu'une femme a osé leur dire non ! Non, pour l'amour du ciel, est-ce un crime de ne pas vouloir bazarder sa vie au premier crétin venu ? » Tais toi, tais toi, mais tais toi donc ! De ma vie, je n'avais jamais tant défendu cette reine que je ne connaissais pas. Maintenant, je la comprenais. Elle avait juste voulu décider elle-même de la façon dont elle voulait mener sa vie. Et les hommes ne l'avaient pas vu de cet œil là. « Est-ce que votre très cher Aodhan valait vraiment la peine que tous ces hommes meurent ? Valait-il la jambe de votre fils ? » Le mot, la phrase de trop. Je sentis ma colère retomber brusquement, elle avait été soufflée comme on souffle une bougie. Il me semblait être épuisée, à bout. Mon corps ne tremblait plus, mais je me sentais lourde, comme si je portais le monde sur mes épaules. J'avais la nausée, je crus être sur le point de défaillir. Et pourtant, pourtant je savais cette colère capable de revenir aussi vite qu'elle avait disparu. J'étais comme le temps, tantôt une tempête, tantôt un soleil radieux. Et puis parfois, il n'y avait que la pluie. Il me pleuvait dans mon cœur, il pleuvait dans mon âme. Les larmes qui coulaient étaient aussi salées que l'océan dans lequel j'aurais aimé me jeter en cet instant. J'étais lasse, Dieu que j'étais lasse... Savoir que rien n'était terminé, que tout ne faisait que commencer revenait à jeter du sel sur les plaies. Les miennes, celles de ce père que j'aimais pourtant tellement. J'aurais voulu redevenir une petite fille, sa petite fille. Il n'avait pas de grandes idées pour sa petite fille. Sa petite fille suffisait à le combler de bonheur lorsqu'elle revenait les bras chargés de dryas, lorsqu'elle tenait fermement sa main, en lui murmurant qu'il était le meilleur chevalier d'Écosse... Où était passée la fierté dans son regard ? Elle s'était envolée, ou du moins je ne la voyais plus. Cela faisait encore plus mal que les mots. Je n'avais jamais voulu le décevoir, je n'avais jamais voulu lui faire honte. Tout ce que je voulais, c'était le rendre fier sans avoir à sacrifier la personne que j'étais. Quelqu'un, je ne me souvenais pas de qui, m'avait un jour dit qu'il ne fallait surtout pas changer qui on était, et surtout pas pour plaire à un autre. Il était mon père, n'était-i pas censé m'aimer quoi qu'il arrive ? Quand il était ainsi, j'avais tellement l'impression qu'il ne m'aimait plus comme il m'avait un jour aimée... Je l'aimais, je l'admirais plus que quiconque. Il n'y avait pas de Dieu dans mon cœur, il n'y avait que lui. Longtemps, j'avais eu plus foi en lui qu'en cet inconnu qu'on nous disait d'aimer quoi qu'il advienne. Je n'avais jamais pu... Comment aurais-je pu, avec un tel modèle ? C'était si dur d'ouvrir les yeux, cela faisait si mal. Je me comportais comme une enfant parce que j'étais son enfant. C'était tout.

J'avais honte de moi-même à présent. J'essuyai mes yeux bien brusquement, avec mes manches salies par la terre et le sang. Désormais souillées par mes larmes. J'avais envie de perdre connaissance, pourquoi pas de mourir. Qu'importe, tant que la douleur disparaissait. Et ce cœur, ce maudit cœur qui se tordait encore et toujours ! N'existait-il donc aucun moyen de le faire taire ? Ne pouvait-il pas se contenter de faire son travail d'organe ? Fallait-il vraiment qu'il se manifeste ainsi ? J'aurais aimé le serrer dans ma main jusqu'à le faire taire. J'aurais aimé... Il y avait tant de choses que j'aurais aimé. Mais rien de plus que de pouvoir regarder mon père dans les yeux sans crainte.


Dernière édition par Eireen Dunegan le Dim 7 Avr - 16:13, édité 1 fois
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Esras Dunegan
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MessageSujet: Re: [END] Tel père, telle fille ▬ Eireen    [END] Tel père, telle fille ▬ Eireen  EmptyMer 3 Avr - 9:38


« Le père est un miroir dans lequel la petite fille puis l'adolescente, peut discerner les prémices de la femme qu'elle deviendra. »
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Nous étions fous. Fous de continuer à tirer l'un comme l'autre sur une ficelle dont nous ne cessions de tester la résistance jusqu'au jour ultime où elle terminerait par se briser. J'ignorais lequel des deux était le plus fort à ce jeu là. Je pense que, même si parfois nous allions loin, ce jour devait être celui où le lien nous retenant de penser certaines choses et d'en dire d'autres venait de céder. Mais peut-être était-ce mieux comme cela ; c'était un peu comme une déclaration. Jusqu'ici, nous n'avions fait que jouer la même scène, éternellement, dans la pénombre d'une crainte de faire réellement mal à l'autre. Mais voilà que nous dépassions les limites qu'un amour avait fixé, par un certain soucis de sauvegarde. Désormais, ce brasier, prêt à nous brûler les lèvres, éclatait au grand jour, éclairant enfin le fond de ce gouffre dans lequel nous nous jetions. J'aurais de loin préféré être acteur, voir spectateur de cette triste représentation. Non, triste n'était pas le mot juste. C'était plutôt... amer, comme le goût rôdant au creux de ma bouche. Acide, comme les paroles de ma propre fille. Et ravageur comme son regard aussi bleu que le mien.

Parler, ce n'était pas mon fort mais celui d'Eireen semblait être élever la voix. Et Dieu seul savait comme je détestais cela. Car si j'avais tiré quelque chose de l’expérience que j'avais des hommes c'était qu'une fois qu'ils criaient, la raison les abandonnait. Comme si elle préférait les murmures, ceux auxquels on pense, pour lesquels on réfléchit mûrement. J'aurais tellement aimé qu'on s'accorde une pause, même de quelques instants, entre deux de nos conflits, se révélant chaque fois plus fort, chaque fois plus dur. Chacun de ses mots était un coup, arrachant un peu plus de peine à mon cœur, auquel j'avais juste envie de répondre, toujours plus rudement. Parce qu'elle me mettait hors de moi. Elle torturait mon esprit, celui qui s'efforçait tant bien que mal à trouver une solution à ce problème se languissant depuis tellement longtemps déjà. Il me semblait pourtant être le seul à y songer, face à une furie aveuglée par une rage l'empêchant d'apercevoir une quelconque issue. Les mots qu'elle prononça ensuite me semblèrent encore plus acérés que ceux qu'elle avait hurlé, me faisant reculer d'un pas sous l'effet de cette soudaine colère rugissante. Je sentis une onde de rage parcourir mon échine, faisant frémir l'entière de mon corps. Et d'une certaine façon, je m'en voulus. Mille questions vinrent assaillir mon esprit mais l'une d'entre elle restait maître dans mon esprit ; comment pouvait-elle penser cela? Étais-je réellement si mauvais père? Mes deux enfants étaient ma fierté, chacun à leur manière. Jalousait-elle son frère d'être né homme? Sans aucun doute. Mais craignait-elle que je le préfère lui? Assurément. Et cela me tordait les entrailles parce que c'était faux et je savais pourtant pertinemment bien que j'aurais beau dire mille phrases pour la convaincre de son erreur qu'elle ne me croirait pas. Parce que Eireen était une Dunegan, forte et têtue - j'avais même parfois peur qu'elle le soit plus que moi, si cela était possible. Parce que mine de rien, je faiblissais. Certes, lentement, mais l'âge me rattrapait doucement et peut-être finirait-elle par m'avoir avec le temps.

En temps normal, je l'aurais peut-être contredite, lui exposant pour une fois directement ce que j’éprouvais à son égard, avec quelle fierté j'aimais entendre qu'elle avait épargné la vie de quelques bougres, avec quelle détermination elle vivait. Certes, d'autres fois, quand on me rapportait ses quelques exploits d'affronts et de mauvaise conduite, je ne pouvais que soupirer face à son comportement mais l'amour que je lui portais était tellement plus fort que cela. Elle m'exaspérait à un point inimaginable mais jamais il n'atteignait la hauteur à laquelle mon cœur la considérait. Mais à cet instant, je ne le pus. Premièrement parce qu'elle ne m'en laissa pas le temps mais surtout à cause de la colère noire qu'elle faisait gronder en mon être. Je ne la comprendrai donc jamais. Je connaissais mieux les hommes qu'elle, me prenait-elle réellement pour un être stupide, né de la dernière pluie? Elle s'efforçait de m'expliquer des choses que je savais déjà. Mais je n'aimais pas ses mots, encore moins les larmes qui s'étaient mises à couler le long de ses joues rougies par la rage l'animant. Est-ce qu'elle considérait son frère comme un monstre? Aindreas? Moi-même? Il était aberrant de penser une telle chose de tout les hommes de la Terre. Décidément, je ne pouvais rien saisir chez elle. Et cela me désespérait autant que cela était douloureux.

Un souffle chaud, bouillonnant, frémissant, s'échappa de ma bouche quand elle m'exposa son avis sur cette guerre. C'était comme cela qu'elle résumait dix années de batailles et de souffrance? C'était ainsi qu'elle parlait des lairds de notre patrie? C'était comme cela qu'elle considérait cette reine? Ce qu'elle ajouta en plus ne fut qu'un coup de grâce, celui qui me donna envie d'abattre ma main sur ma joue. Au lieu de cela, ce fut mon poing, crispé de toute la rage - je pense que c'était même pire que cela - que contenait à l'instant mon être et mon esprit, qui vint s'écraser sur le meuble se trouvant à mes côtés. Ma voix s'était levée à la manière de la sienne, dans un rugissement de hargne. « COMMENT OSES-TU? » Ma respiration s'était accélérée et je peinais à la rendre moins bruyante tandis que mes pupilles mourraient d'envie de la transpercer, de la faire taire, d'anéantir cet être que je ne reconnaissais plus. Bien sûr que non! Bien sûr que non que ça ne valait pas la jambe de mon fils, ça ne valait rien pouvant lui causer du tort, une guerre ne vaut jamais rien. Mais les hommes sont faits ainsi. Et elle était une femme! Une maudite femme qu'on aurait mieux fait d'enfermer et je savais combien d'hommes étaient prêts à le faire. Et en cet instant, j'en faisais partie. « Que tu m'insultes peut passer car j'en ai malheureusement trop l'habitude! Mais à quoi penses-tu Eireen quand tu parles ainsi de toute ta patrie, de ton clan et même de ton propre frère? Mais pour qui as-tu du respect? » Ses paroles avaient été au-delà de notre conflit habituel, celui qui, au final, ne me touchait plus tellement. Ces mots-là avaient chamboulé mon âme, poignardant ce cœur qui tenait pourtant tellement à elle. Elle m'avait eu en traître. Et cela me dégouttait. Elle mettait sur le tapis ce qu'il y avait de pire à mettre, cette question qui me tailladait les entrailles quand je me la posais. Et je compris mieux que quiconque pourquoi on me rapportait souvent qu'un malotru s'en était pris à ma fille, malgré la menace que je pouvais représenter - et celle d'Eremon.

Je soupirai, énervé à un tel point que mon souffle fut saccadé et d'aucune utilité pour me calmer. Il me sembla avoir un monstre devant moi, un être qui s'attaquait à ma personne d'une manière horriblement vicieuse que je ne connaissais pas. Pourtant, il s'agissait de ma fille. De ma toute petite fille. Non. Ce n'était pas elle, sinon, je ne ressentirais pas ce manque dans mon cœur, celui qui était autrefois comblé par son sourire innocent. « Oui, tu me fais honte. Quand tu parles ainsi de cette guerre. Je te pensais plus lucide. Crois-tu sincèrement que c'est juste pour un simple mot que nous nous battons? Crois-tu réellement que tant d'hommes se seraient sacrifiés pour cela? » C'était tellement plus complexe que cela. Cette reine maudite n'était qu'un prétexte, une excuse, un petit poids en plus qui avait fait pencher la balance vers l'inévitable guerre qui se préparait. Que ma propre fille en parle ainsi me peinait grandement, me donnant l'impression d'avoir échoué. Mais après tout, les choses militaires, c'était avec Eremon que j'en parlais parce qu'elle n'avait rien à faire là-dedans. Pas juste parce que c'était simplement une femme, non. Surtout parce que je voulais la protéger de tout cela même si elle connaissait déjà une grande partie des conséquences de la guerre, devant en soigner les quelques rescapés. « Où sont donc passées ces valeurs que tu me reproches tant de t'avoir inculquées? » J'avais dit ça plus calmement mais bien plus froidement. Ah oui, elle parlait de mes apprentissages, me les reprochant presque mais si c'était cela que je lui avais enseigné, eh bien je me faisais honte à moi-même. Elle me décevait tant et c'était si douloureux à accepter, autant pour elle que pour moi. « Tu ne m'as jamais autant déçu qu'aujourd'hui. » J'avais conscience de la rudesse de mes mots mais je ne pouvais faire autrement. Elle était allée trop loin - bien trop loin à mon goût - et elle ne récoltait que ce qu'elle avait semé. Si elle désirait qu'on parle sincèrement et encore plus franchement qu'à l'habitude, sans précaution, eh bien nous n'avions qu'à le faire. Elle avait sauvagement usé le peu de tact que je pouvais lui offrir et ce n'étaient pas ses mots qui allaient me rendre plus doux. Je n'en avais plus, ni la force, ni l'envie. Bien au contraire ; elle avait éveillé en moi un démon qui aurait peut-être mieux fait de se taire, de ne pas penser et de dormir à jamais. Mais il faudrait bien trouver un acte final à la longue pièce que nous nous efforcions de jouer, bien qu'il me sembla n'être qu'au prélude de celle-ci. Il ne me restait plus qu'à prier pour que le ciel me donne la vitalité dont j'aurais besoin pour ne fusse qu'en apercevoir la fin. Et peut-être un jour Eireen redeviendrait ma toute petite fille, et non un animal sauvage plantant ses crocs dans la main qui l'avait élevé.

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MessageSujet: Re: [END] Tel père, telle fille ▬ Eireen    [END] Tel père, telle fille ▬ Eireen  EmptyDim 7 Avr - 17:12

I AM, IN THE END,
WHAT YOU MADE ME


Trop, c'était trop. J'avais dépassé les limites, l'avais repoussé dans ses derniers retranchements, j'en avais parfaitement conscience. J'étais sotte. Stupide. J'aurais dû écouter cette petite voix qui me disait de me taire, de me taire avant de dire quelque chose que je regrettais. Mais je n'aurais pas été moi si j'avais écouté ma conscience. Je n'étais même pas fichue de m'écouter moi-même... Alors bien évidemment, les limites furent franchis, les mots prononcés. Je n'avais pas pu, pas su m'arrêter, ne serait-ce que pour dire que j'étais désolée, que je regrettais. Parce que sur le moment, je pensais tout ce que je disais, je me moquais des conséquences. J'ignorais à quel point le retour à la réalité serait brutal. Je croyais toujours tout savoir, je croyais toujours avoir raison. C'était faux. Je n'avais que vingt-quatre ans, j'ignorais presque tout de la vie. J'étais têtue, bornée, aveuglée par ce que je croyais être mes principes. Comment pouvais-je croire à ce point être dans le vrai ? Je connaissais mon père. C'était un homme juste, un homme d'honneur, un père extraordinaire. Il avait été d'une patience d'ange avec moi. Combien m'auraient remise à ma place en usant de la violence ? Sans doute beaucoup. Mais il ne l'avait pas fait, jamais, parce qu'il ne levait pas la main sur les femmes, aussi insupportables soient-elles. J'en avais profité, sans aucun doute. J'en profitais encore, car il me semblait que jamais il n'oserait s'en prendre à moi physiquement. Pourtant, une claque m'aurait sans doute fait moins mal que les mots. J'étais stupide, tellement stupide. Lorsqu'il éleva finalement la voix, je sursautai, prise au dépourvu, et reculai de quelques pas. Il ne me reconnaissait pas, je ne le reconnaissais pas. Je sentis le sang quitter mon visage, mon cœur louper quelques battements. J'eus une furieuse envie de me jeter sur la porte, mais j'étais pétrifiée. Je n'avais jamais vu mon père si en colère, et pourtant, j'avais été confrontée à ses colères plus d'une fois. Cette fois ci c'était différent. Il n n'était pas juste hors de lui, il était aussi déçu. Et c'était certainement pire que tout. Je regrettais tout ce que j'avais dit. Pourquoi avait-il fallu que je lui tienne tête une fois de plus ? Pourquoi ? N'aurais-je pas pu être agréable au moins une fois ? Ce n'aurait pourtant pas été bien compliqué. J'aurais pu lui dire que non, je n'avais malheureusement aucun prétendant à lui présenter, mais que je ferais un effort. C'eût été lui mentir. Mais cela lui aurait fait plaisir. Il aurait su que je lui mentais, mais l'effort lui aurait fait plaisir... Or, une fois de plus, j'avais décidé d'être égoïste. Je pensais que j'étais forte, mais je ne l'étais pas. J'étais simplement égoïste, et le réaliser faisait mal, très mal. Je n'étais qu'une enfant qui n'avait pas encore compris qu'il était temps de grandir. Avoir peur du monde et des hommes n'excusait en rien mon comportement.

Il n'y avait plus que cette fierté toujours mal placée pour m'empêcher d'éclater en sanglots. Mais j'en avais envie, j'avais de tomber à genoux. Mes jambes tremblaient, c'était un miracle qu'elles continuent à me porter. J'avais honte, j'avais peur, et je me demandais si Père n'allait pas m'attraper et m'enfermer dans une tour jusqu'à ce que je me sois fait une raison. Peut-être était-ce là la solution. Mais peut-on réellement enfermer un animal sauvage dans une cage et prétendre pouvoir le domestiquer ? Un jour ou l'autre, l'animal se retournera et mordra. J'étais désespérante. Désespérante et désespérée. Tout ce que je souhaitais, c'était être moi-même sans pour autant décevoir les miens. Je voulais seulement le rendre fier. Pourtant, j'étais loin du but... Chaque jour qui passait, c'était pire, il était de plus en plus déçu. Regrettait-il de ne pas m'avoir forcé la main et mariée au premier prétendant venu ? Il m'arrivait de me dire que oui, il devait le regretter. Il se serait débarrassé de moi et j'aurais été le problème d'un autre homme. Il n'aurait pas été le premier père à le faire, et n'aurait certainement pas été le dernier. Mais il était un bon père, alors il ne l'avait pas fait. Il m'avait laissé le choix. J'étais libre de choisir qui je voulais épouser. Ce n'était pas un cadeau offert à tout le monde. J'aurais dû faire preuve d'un peu de reconnaissance. Tous les hommes n'étaient sans doute pas aussi horribles que je le pensais. C'était moi qui réveillait en eux ce qu'il y avait de pire en eux. J'étais la seule responsable. J'avais toujours été la seule responsable. Le réaliser faisait mal, mais ce qui faisait encore plus mal, c'était de comprendre que malgré tout cela, malgré ce que je savais maintenant, il y avait bien peu de chance pour que je change. En dépit de tout, je resterais la même personne bornée. Je n'étais plus tout à fait sûre d'être en mesure d'assumer les conséquences de mes actes. Je n'étais plus sûre de rien.

Je me sentais petite. Minuscule. Ridicule. J'étais incapable de dire un mot, incapable de bouger. J'étais comme pétrifiée, encore sous le choc de ce que je venais de comprendre. J'aurais voulu mourir, disparaître. Les mots de mon père s'enfonçaient en moi comme des poignards. Je n'osais pas, je n'osais plus me défendre. J'étais comme déjà morte. Et pourtant je souffrais, terriblement. Mon cœur me faisait mal, je le sentais se craqueler, se briser lentement. J'aurais voulu l'arracher et le piétiner moi-même. Comme je ne pouvais pas, j'étais condamnée à laisser mon père le faire à ma place. Et finalement, je cédais. Les barrières que je m'étais appliquée à ériger finirent par s'effondrer, et les larmes recommencèrent à couler sur mes joues, laissant des sillons humides et salées sur mes joues rouges. Elles me brulaient. Mais rien ne me brulaient plus que la haine que j'éprouvais pour ma propre personne en cet instant. Ce que me disait Père... J'aurais voulu hurler, mais ma gorge était si serrée que j'avais du mal à respirer. Je suffoquais, l'air me manquait. Avoir honte de soi, c'était une chose. Entendre la personne que l'on respectait et aimait le plus avoir également honte de vous, c'en était une autre. J'étais blessée autant que j'étais choquée. J'avais toujours pensé qu'il avait honte de moi. Mais à ce point... Non, certainement pas. Et puis, qu'il le dise de cette façon... Eh bien, je devais sans aucun doute l'avoir bien mérité. À quoi bon nier l'évidence. Je récoltais ce que j'avais semé. Autant dire que la moisson était à la hauteur des semailles. Et elle avait un arrière goût de poison.

Moi qui m'était recroquevillée, je me redressai finalement. Lentement, avec mes mains tremblantes, j'essuyai les larmes qui avaient coulé sur mes joues. Je ne devais plus avoir l'air aussi sûre de moi. Je ne devais plus avoir l'air de grand chose, sinon d'une petite fille effrayée. Effrayée, mais toujours en colère. Pourrais-je jamais me débarrasser de toute cette rage en moi ? Ce n'était pas ainsi que je voulais vivre. Personne ne doit vivre ainsi. La colère est un poison qui vous ronge de l'intérieur, vous consume. Je ne voulais pas laisser ce feu me bruler vive de l'intérieur. Hélas, pour le moment, je n'avais pas encore trouvé ce qui pourrait m'apaiser. J'ignorais si je pourrais jamais être apaisée... Me mordant la lèvres, j'essuyai une dernière fois les larmes sur mon visage, brulant ma peau avec leur sel. J'ouvris la bouche. Il y avait une dernière chose que j'aurais voulu dire. Si vous avez honte de moi, vous devriez avoir honte de vous, car je ne suis rien de plus que ce que vous avez fait de moi. Je refermai la bouche. Je ne pouvais pas le dire. Je ne pouvais tout simplement pas. C'était trop. Trop vrai, trop faux, je ne savais pas vraiment. Alors pour la première fois, je préférai ne rien dire plutôt que dire une idiotie. Je suis désolée, aurais-je pu dire. Mais là encore, rien. J'étais toujours muette. J'avais l'intention de le rester encore un peu de temps. Je soutins le regard de mon père une poignée de secondes, et puis, je baissai les yeux. Je fis volte face, et mes doigts se refermèrent autour de la poignée de la porte. Je l'ouvris, lentement. Je sortis et refermai la porte en douceur. Autrefois, je l'aurais probablement claquée avec autant de violence que possible. Cette fois ci je n'en fis rien. Une fois cette barrière entre mon père et moi mise, je cédai enfin à cette envie que j'avais eu depuis le début. Fuir. Je me retrouvai à courir en direction de ma chambre avant même d'en avoir eu conscience. Je m'y enfermai, déterminée à ne pas en ressortir avant d'être devenue plus raisonnable, et surtout moins détestable.


    RP TERMINE
    Bilan : deux cœurs brisés :cry:
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