La nuit était tombée sur le domaine des Sutherland et ce n’était qu’à ce moment là que Graham pouvait enfin souffler. Après tout, la visite des Macleod requérait toute son attention et son énergie. Kester Sutherland tenait, après tout, à ce que son fils paraisse le mieux possible autant devant la mariée, que les frères de cette dernière, mais surtout devant les parents de Saoirse ! Pour rien au monde le doyen des Sutherland n’accepterait que son fils paraisse pas moins qu’excellent aux yeux des Macleod les plus âgés. C’était une alliance qui se forgeait grâce à ce mariage et évidemment, il ne fallait que rien de le gâche, surtout pas le futur époux. On pouvait donc deviner que Graham était sous pression depuis qu’ils étaient arrivés. Non pas qu’il n’était pas en mesure de le tolérer, mais bien qu’il lui fallait du repos après avoir passer une journée à s’assurer que tout se passait bien. Retourner à sa chambre avait presque l’air d’une divine libération !
Néanmoins, il devait encore s’acquitter d’une dernière tâche : faire le tour du château, ou plutôt de l’étage où sa chambre - ainsi que celle de la plupart des invités et membres de la famille, était située. Torche en main, Graham s’assurait que chaque garde était à la bonne place, qu’aucun débordement n’arrivait, ce genre de chose. C’était la moins pire de ses responsabilités de la journée. Il la faisait donc avec plaisir, avec l’empressement de pouvoir retourner dans sa chambre.

Ce qu’il n’avait pas prévu, ce fut de foncer dans quelqu’un, une demoiselle. C’était même plus elle qui lui tomba dessus, mais tout de même assez costaud, Graham n’en fut que très peu déranger. Il la dévisagea pendant un moment, n’étant pas certain de la connaitre ce qui était étrange considérant qu’il connaissait facilement la grande majorité des gens qui étaient dans le château des Sutherland. « Ne vous en faites point. » Parce que oui, c’était bien la moindre des choses que de la rassurer quant au fait que la collision n’était qu’un moindre mal ! Suite à quoi, le jeune héritier la détailla avec plus d’attention... elle était jolie, très jolie même. Pour la première fois depuis une éternité - si ce n’était depuis toujours, Graham sentit un drôle de sentiment naitre au plus creux de son ventre. Il se sentit soudainement nerveux et il n’appréciait pas tellement.

« N'êtes-vous pas le futur époux de dame Saoirse ? ... » La voix de la demoiselle attira son attention et il posa son regard dans celui de la demoiselle. Ça ne l’aida pas du tout à se sentir moins nerveux, mais c’était une nécessité dans les conversations. « Effectivement, Graham Sutherland pour vous servir. » Après tout il était un preux chevalier prêt à aider une demoiselle en détresse ! Oui bon, il oubliait magiquement à quel point il était exténué, il se sentait pratiquement revigorer par la présence de la demoiselle. « Par contre, au risque de paraitre impoli, puis-je vous demander quel est votre nom ? » Après tout, il était bien curieux de le savoir, elle devait être de ceux qui avait accompagné les Macleod ce qui expliquait pourquoi elle ne lui était pas familière. Puis en sachant son prénom, il pourrait la retrouver... même si c’était une terrible idée.

L’arrivée de la demoiselle lui avait soudainement donné une bonne dose d’énergie. Il ne l’avait jamais vu et il était extrêmement curieux à son égard. Il était rare qu’il rencontrait des gens qu’il ne connaissait pas, disons au moins de vue. Après tout, Graham faisait un effort particulier pour connaitre les gens qu’il croisait, c’était une façon d’être un meilleur chef. Non pas que ça fonctionnait vraiment, mais c’était une manière de se rassurer, de se dire qu’il ne serait pas si pire à la place de son père lorsqu’il y accèderait un jour. Enfin, ce n’était pas l’important dans cette histoire, c’était plutôt le fait que cette demoiselle.... l’intriguait. Et encore le mot était étrangement faible alors qu’il a détaillait de l’oeil. S’il avait cru aux histoires, aux contes ou aux légendes, Graham aurait pu croire qu’il avait été ensorcelé. C’était étrange... ô combien étrange.
Ce qui n’empêcha pourtant pas le jeune homme d’agir tel un vrai gentleman et se présenter en bonne et due forme avant de lui demander son identité. Histoire de satisfaire sa curiosité. Son sourire resta bien plaqué sur ses lèvres alors qu’elle déclinait la dite identité. Lyanna Ramsay... étrangement, le nom lui était bien familier. « Tout le plaisir est pour moi. » Effectivement, il était plus que ravi de faire sa connaissance. C’est alors qu’il réalisa pourquoi le nom lui étant familier : « Vous êtes la dame de compagnie de Saoirse n’est-ce pas ? » Ça semblait logique, ça expliquait pourquoi elle était étrangère à ses yeux alors que son nom ne l’était pas. Saoirse lui avait surement mentionné une fois ou une autre.

La demoiselle reprit la parole en lui demander d’une si jolie manière son aide. Certes Graham n’était pas assez trivial pour se sentir flatté dans son orgueil parce qu’elle lui disait qu’il était un homme d’une certaine envergure. Non, par contre, il était bel et bien flatté dans sa fierté parce qu’elle lui demandait son aide. « Cela vous dérangerait-il d'être... Mon fil d'Ariane ? » Très franchement, il était évident que malgré les beaux yeux de la demoiselle, son lit semblait une option plus plaisante. Néanmoins, il fut captivé pendant un moment par le rire de la demoiselle et ça suffit pour le convaincre. À croire qu’il était assez simple au final. Si bien qu’il ne prit qu’un instant avant de répondre : « C’est avec plaisir que je remplirai ce rôle. Vous souvenez vous de l’apparence de la pièce ? » Parce que bon, il connaissait très bien le château, même plus que bien, mais il se voyait mal parcourir toutes les pièces à la recherche d’humble mouchoir qui avaient peut-être été déplacés par un domestique. Il ne mentionna pas cette possibilité alors qu’il regardait la demoiselle avec attention. À quelque part, il était surprit qu’elle lui ait demandé son aide, mais il appréciait tout de même grandement la chance qu’il avait de pouvoir profiter d’une compagnie... aussi charmante. Oui, il la trouvait déjà charmante à cette étape. « Enfin, si vous voulez bien me suivre. » Lui offrant son bras, il se mit à penser où cette demoiselle aurait bien pu être. Logiquement, elle ne pouvait qu’avoir été dans certaines pièces, les autres n’étant pas accessibles à tout le monde. Enfin, il pouvait d’entrée de jeu éliminer les pièces de l’étage qui n’étaient que chambre à coucher et quartiers personnels. À moins qu’elle n’ait travailler dans les quartiers qui avaient été réservés à Saoirse, ce dont il doutait puisqu’elle venait sans doute d’en sortir s’y retrouver ne devrait donc pas être si difficile.

Malgré le fait qu’il avait passé certains moments avec Saoirse depuis les annonces du mariage, il ne se souvenait pas d’avoir déjà adressé la parole à sa dame de compagnie. En même temps, il fallait comprendre qu’elle n’était pas dans le même cercle que lui et par conséquent, il n’y avait aucune raison pour laquelle il devrait la côtoyer de près ou de loin. Graham trouvait ça pratiquement dommage considérant qu’elle semblait être une si charmante compagnie, mais bon, il n’en restait pas moins qu’il ne devait pas être si surpris de ne pas l’avoir reconnu sur le champ ou quoi que ce soit du genre. Puis pour se rattraper, mais aussi pour pouvoir profiter de sa si charmante compagnie, il accepta avec plaisir de l’aider à retrouver la pièce qu’elle rechercherait. Il était pourtant bien fatigué et autre chose requérait sans aucun doute son attention même à cette heure tardive, mais ça semblait être hors de question de laisser les beaux yeux de la demoiselle seuls dans un couloir. Non, il savait vivre quand même ! « Mille merci ! Que dieu vous bénisse, mon seigneur ! » Bien inconscient du fait qu’il devrait se sentir flatter par la bénédiction qu’il recevait, le jeune homme se contenta d’un sourire avant de répondre, visiblement gêné de cette attention de la part d’une jeune femme : « C’est la moindre des choses voyons. » Le regard un peu fuyant. Il avait beau être dans les plus hauts placés de ce château, il était d’un naturel timide avec la gente féminine. Puis lorsqu’elle décrit la pièce, il suivit du regard son doigt alors qu’elle montra sa dentelle judicieusement placée soit dit en passant. Il resta donc fixé pendant un moment sur ce qu’elle pointait avant de réalisé qu’il fixait sa poitrine et de là il devint rapidement gêné au point de regarder le mur un peu plus loin. Il n’entendit qu’à moitié les excuses qu’elle lui faisait, bien trop mal à l’aise pour y prêter complètement attention. « Hm... ne vous en faites pas... Je crois savoir de quelle pièce vous parlez. » Il aurait peut-être du s’excuser à son tour d’avoir fixé un peu trop longuement, mais il était bien trop mal à l’aise pour même y penser.

Puis il lui proposa donc de le suivre jusqu’à la pièce qu’il croyait avoir reconnue. Elle était effectivement au premier niveau du château et même dans les pièces plutôt réservées aux femmes. Alors qu’il se dirigeait vers la pièces en question, le bras de la demoiselle dans le sien, cette dernière prit la parole pour lui demander à nouveau un service. Elle ne pourrait pas retrouver sa chambre après ? Ce n’était pas étonnant si elle n’était pas familière avec le château. « Pourriez-vous m'y raccompagner ? » Il la regarda pendant un moment sans rien dire. Il avait envie d’accepter, peut-être dans le but de bien paraitre devant cette gente dame, mais bon ça n’avait tellement d’importance. De toute façon il s’agissait de son devoir de chevalier d’aider les demoiselles en détresse ! « Il ne serait pas très galant de ma part de ne pas vous raccompagner dans tous les cas. Je vous montrerai donc le chemin à votre chambre. » En gros il disait les choses ainsi pour ne pas avoir à dire qu’il en avait envie. Oui parce que c’était un peu étrange comme envie, il n’en avait certes pas l’habitude et il préférait ne pas en parler. Ce pourquoi il préféra changer le sujet de la conversation alors qu’il en avait l’occasion facilement. « Ça fait longtemps que vous êtes la dame de compagnie de Saoirse ? » Après tout, il aurait normalement du la voir avant si c’était le cas, mais peut-être que sa fiancée avait eu d’autres dames de compagnie avant cette charmante demoiselle.