AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Forum fermé.
-28%
Le deal à ne pas rater :
Précommande : Smartphone Google Pixel 8a 5G Double Sim 128Go ...
389 € 539 €
Voir le deal

Partagez | 
 

 COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Eileen MacGuffin
Eileen MacGuffin

Lowlands

▷ MESSAGES : 89
▷ INSCRIPTION : 06/08/2013
▷ LOCALISATION : au domaine macguffin
▷ ÂGE : dix-sept ans
▷ HUMEUR : tranquille
COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach) Tumblr_inline_mqxp5wMTmB1qz4rgp
COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach) Empty
MessageSujet: COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach)   COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach) EmptyDim 11 Aoû - 20:06




comparison is a death knell to sibling harmony.



Je refermai le livre presque tendrement, l’esprit bouillonnant de souvenirs que je n’avais pas vécu. Les images dansaient dans ma tête avec vivacité, tournoyantes et virevoltantes, et je fermai les yeux. Je me laissai tomber vers l’arrière, ma tête heurtant le matelas, mon visage caressant la douceur du tissu de mes draps. J’avais presque le vertige. Toutes ces histoires, tous ces récits me rendaient aussi heureuse que malheureuse. Heureuse car ils me fournissaient un échappatoire plus que bienvenue, un moyen discret et sans conséquences de quitter cette vie quelques instants. Mais ils me rendaient malheureuse, ô si malheureuse, car lorsque je parvenais à la dernière page, à la dernière phrase, au dernier mot, le mur que j’avais construit pendant ma lecture s’écroulait. Un mur rassurant, un mur me protégeant de la réalité. Un mur que je devais reconstruire constamment. C’était presque une routine. Je lisais, le mur se dressait fort et indestructible auprès de moi, puis je terminais de lire, et il se brisait, me ramenant brutalement à la réalité. Une réalité à laquelle je ne pouvais finalement pas échapper véritablement. Tenant toujours le livre poussiéreux et rugeux entre mes doigts, je me laissai quelques minutes pour reposer mes yeux brûlants. J’avais lu pendant la grande majorité de la nuit, passionnée par les aventures de valeureux chevaliers d’autrefois. Je me redressai sur mon lit, mes yeux naviguant jusqu’à la petite fenêtre. Le soleil était haut dans le ciel, mais la brume était dense. Je me levai, les jambes tremblantes, et jetai un coup d’oeil à mon reflet dans le petit miroir. Mes cheveux étaient décoiffés, ma robe froissée. Si Mère me voyait ainsi, je serais sévèrement réprimée. Refoulant un soupir, je laissai tomber le livre sur le lit et allai m’assoeir au bureau, mes doigts s’enfilant dans ma chevelure rousse pour retirer les épingles et les tresses. Je laissai toute la lourdeur des mèches retomber sur mes épaules. Ils étaient longs, très longs, presque aussi longs que ceux de Mère. Mon regard s’attarda sur mon visage pâle. J’avais l’air fatiguée. J’avais l’air triste. Comme d’habitude. Je tentai un sourire, mais il retomba rapidement. Un tel geste semblait étranger sur mon visage. Je souriais constamment par courtoisie, mais rarement étaient-ils sincères, jamais spontanés. Soupirant bruyamment, je me mis au travail, tressant quelques mèches et les rattachant derrière ma tête. Je retirai ma robe d’hier et enfilai une nouvelle, de couleur mauve pâle, s’harmonisant avec mon teint. Elle était superbe. Des subtils motifs de fleur couvraient le tissu et lui donnait un aspect travaillé. Puis je me dirigeai vers mon lit, m’agenouillant à ses côtés pour étirer mon bras en-dessous. J’en retirai quelques livres, que je gardais cachés là, loin des regards exaspérés de Mère. Elle me disait toujours qu’une Dame devait être cultivée, mais que trop de lecture n’était pas bon pour l’esprit, et pour les yeux. Mais j’avais besoin de ces lectures. Si je devais en faire un secret, j’allais le faire, et j’en subirais les conséquences si jamais elle le découvrait. Je savais qu’elle était occupée aujourd’hui, et qu’elle ne viendrait pas me visiter pour me donner quelconque leçon. C’était le moment idéal pour faire un voyage à la bibliothèque. J’avais terminé tous ceux que j’avais emprunté une semaine auparavant. J’espérais seulement que j’allais toujours en avoir de nouveaux à lire, et que je n’allais pas me retrouver un jour, cherchant désespérément une lecture dans une bibliothèque que j’avais déjà exploré au grand complet. Je déposai les livres sur le lit, construisant deux piles distinctes. Je caressai leurs couvertures, esquissant un maigre sourire. Les légendes d’Écosse. Les batailles sanglantes des chevaliers. L’histoire de Merida et Mor’Du. Le nombre d’histoires que j’avais lu était incalculables. J’essayais d’en retenir autant que je le pouvais, pour que le soir, lorsque je glissais mes orteils froids en-dessous des couvertures, que les rayons de la lune venaient me toucher le visage, et que le sommeil ne savait prendre le dessus sur moi, j’avais quelque chose à quoi penser. J’avais des récits à me répéter. Je marmonnait les poèmes, je chantonnais les chansons. Et alors seulement, mon esprit semblait-il en paix, et alors seulement je me permettais de dormir, paisible, loin de ce que j’étais vraiment. Mais quand je me réveillais, j’étais à nouveau Eileen MacGuffin.

J’empoignai les quelques livres et quittai la pièce d’un pas léger. Nul besoin de se dépêcher, j’avais la journée entière devant moi. Il ne faisait pas trop froid, heureusement. Les Lowlands étaient reconnus pour être les terres les plus chaudes d’Écosse, et malgré l’hiver, nous étions confortable. Je croisai quelques serviteurs qui me saluèrent poliment, et à qui je rendis la salutation. Les fenêtres éclairaient les corridors d’une douce lumière, et alors que je marchais vers la bibliothèque, mon esprit vogua. Je me rappelai ce livre, ce fameux livre que j’avais lu il y a tant d’années, qui me parlaient de feu follets, cette petite légende qui avait semé ce premier grain de fantaisie dans mon esprit d’enfant. La magie, quelle folle idée ! Mais elle semblait magnifique à une certaine époque. Je resserai mon emprise sur les livres que je tenais. Si seulement on me donnait la preuve. Je n’avais pas besoin de grand chose. Juste une petite lumière bleue. Juste une étincelle, pour me redonner un peu de vigeur, un peu d’espoir, un peu de bonheur. Car les temps étaient sombres, et je n’avais plus de place dans mon coeur pour d’autres amères déceptions. Le trajet jusqu’à la bibliothèque était assez long, mais je le parcourais toujours avec plaisir. Je passai devant le hall, la salle à manger, toutes ces pièces familières dans lesquelles j’avais grandi. Ce domaine était chez moi, et pourtant, parfois, il me semblait étranger. Parfois je voyais Père de loin, marcher de grands pas déterminés, ne tournant pas une seule fois son regard vers moi. À quelques reprises nos yeux s’étaient croisés par erreur, mais jamais je n’y avais lu quelque chose. Je secouai la tête. Je ne devais pas penser à Père. L’idée de lui me jetait dans un état bien lugubre. J’arrivai enfin à la bibliothèque, qui était avec pur bonheur complètement vide. Je déposai les livres sur la table la plus proche, et laissai mes yeux voguer sur les étagères. Toutes ces histoires qui n’attendaient qu’à être lues ! Je voulais soupirer de bonheur. Les couleurs, les reliures, les pages, elles étaient là en centaines de variétés, pour tous les goûts, pour tous les esprits, philosophiques, religieux, aventureux, curieux. Mes doigts se promenèrent sur certains, alors que je parcourais avidement les titres. Je pris un, puis deux, puis trois livres, que je déposai sur le siège le plus proche. Lire le livre sur l’histoire de Merida m’avait donné envie d’en savoir plus sur elle, alors je cherchai quelque chose à ce propos. Mes cheveux dansaient dans mon dos alors que je gambadais d’étagère en étagère, profitant de la solitude. Je n’avais pas eu l’occasion d’être un enfant. Alors quand il n’y avait aucun regard pour m’observer, m’analyser, me juger, j’en profitais. Mes traits se relaxaient. Mes épaules s’affaisaient. Je n’étais plus Dame Eileen. J’étais juste Eileen.

Je sursautai en entendant des bruits de pas dans la pièce. Je me retournai, mon regard cherchant avidement une quelconque silhouette. Puis mes yeux tombèrent sur un homme, un homme que je reconnus aussitôt. Bearach était mon demi-frère par le sang, mais il n’était qu’un étranger. J’observai ses cheveux bruns, ses yeux, sa stature. Tout en lui respirait Gabran MacGuffin pour moi. Si j’étais comme Mère, Bearach était comme Père. Je pincai des lèvres. Allait-il m’adresser la parole sans faire de railleries ? Aujourd’hui serait-il le jour où Bearach me donnerait une quelconque attention qui n’était pas une moquerie, ou un rire ? Parfois, je me demandais si j’allais un jour être en mesure de le considérer comme un frère. Mère ne parlait jamais de lui. Lorsque j’étais enfant, je ne le voyais jamais. Ce fut seulement lorsque je fus en droit de me promener seule que je me mis à davantage le croiser, mais que nous n’ayions davantage d’interaction. Il était souvent avec Rhona, mais jamais il n’a démontré l’intérêt de passer du temps avec moi. Je le fixai, méfiante. Et s’il me dénonçait ? L’idée me paralysa. Que ferais-je sans mes livres ? Paniquée, je fuis son regard et me tournai vers les étagères. Mes yeux fixaient les livres devant moi mais je ne les voyais pas. J’étais désarçonnée. Je m’étais rarement retrouvée seule dans une pièce avec Bearach. D’habitude, il y avait Rhona dans les parages, ou des serviteurs, même. Je n’avais pas d’échappatoire. S’il venait m’insulter, je devrais l’affronter. Je serrai des dents. Je n’étais pas d’humeur à me quereller. Je voulais simplement être seule. J’en avais plus qu’assez d’affronter des regards froids et des sourires moquers à chaque fois que je quittais ma chambre. Seule Mère me donnait un peu d’affection, mais c’était Mère. Je restai dos à Bearach, incapable de prononcer un mot. Que pourrais-je bien lui dire ? «Bonjour, Bearach» dis-je poliment, comme ma mère me l’avait appris. La courtoisie était tout ce que je connaissais. Je n’étais capable d’être méchante qu’avec Rhona, mais ça, c’était différent. Je voulais dire autre chose, lui montrer que sa présence ne me troublait pas, mais je ne trouvais pas les mots. Je restai donc muette, le regard rivé sur les livres devant moi, attendant de voir comment il allait réagir.




made by pandora.


Revenir en haut Aller en bas
Bearach MacGuffin
Bearach MacGuffin


▷ MESSAGES : 532
▷ INSCRIPTION : 10/04/2013
▷ LOCALISATION : Château des MacGuffin
▷ ÂGE : 23 ans
▷ HUMEUR : Mélancolique
Fear cuts deeper
Than swords.

There's no shame in fear, my father told me, what matters is how we face it.
COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach) 995303tumblrmjygpsIBAm1rswapvo1250
So many vows. They make you swear and swear. Defend the King, obey the King, obey your father, protect the innocent, defend the weak. But what if your father despises the King? What if the King massacres the innocent? It's too much. No matter what you do, you're forsaking one vow or another.

COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach) Empty
MessageSujet: Re: COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach)   COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach) EmptyJeu 15 Aoû - 19:54



J'étais terriblement las. Il me semblait que depuis l'arrivée de Lady Stheane au domaine, il me semblait que l'atmosphère qui y régnait était plus lourde qu'elle ne l'était déjà en temps normal. Ce n'était nullement la faute de la demoiselle, qui au contraire illuminait toujours la pièce dans laquelle elle se trouvait. En réalité, cela n'avait très certainement rien à avoir avec elle. Mais depuis son arrivée, notre famille paraissait davantage divisée. Jamais je n'avais vu Père si distant avec son épouse. Et si c'était loin de me peiner, car Dieu savait combien je haïssais cette harpie, il m'avait bien fallu noter que cela nuisait terriblement au domaine. J'avais fait de mon mieux pour garder Lady Stheane loin des conflits qui déchiraient notre famille, mais je ne pouvais hélas pas la tenir éloigner à toute heure du jour et de la nuit. Il m'avait été jusque là impossible de la soustraire aux diners. Seigneur, diner au milieu des membres de ma famille était devenu une véritable torture. Assis entre ma fiancée et Rhona, je faisais chaque jour de mon mieux pour ne pas me mettre à hurler, pour ne pas attraper Lady Stheane et fuir la pièce avec elle. C'était à peine si nous osions parler. Je lançais toujours de longs regards à Père, qui ne décollait pas les yeux de son assiette (quand il dinait avec nous, ce qui arrivait de moins en moins souvent), à Eileen, qui semblait ne pas savoir où se mettre, à Sorcha, qui semblait outrée, et à mes oncles et tantes qui se demandaient certainement comment notre famille avait pu en arriver là. Impossible de cacher à Lady Stheane que la famille MacGuffin n'était pas la plus heureuse. Je faisais tout ce qui était humainement possible pour l'occuper et lui rendre la vie agréable avant le mariage. Ne pouvant échapper à mes devoirs d'héritier, j'avais dû développer des trésors d'imagination pour contenter à la fois les désirs de mon père et de ma fiancée. Mais je ne pouvais être partout à la fois, je n'étais qu'un homme, aussi avais-je terriblement négligé les autres personnes de mon entourage. Entourage que l'on pouvait résumer à Rhona. Je l'avais prévenue que je ne pourrais plus passer beaucoup de temps avec elle, mais cela ne m'empêchait pas de me sentir quelque peu coupable. Après maintes et maintes tentatives, j'avais réussi à obtenir une journée durant laquelle je serais déchargé de mes responsabilités. Être constamment l'héritier était épuisant. De temps en temps, je ne voulais être que Bearach.

Je m'étais assuré de laisser Lady Stheane en compagnie de mes tantes, qui étaient de merveilleuses hôtes, et je m'étais mis à la recherche de Rhona. J'avais en tête de l'emmener au village, où c'était jour de marché. Avec l'arrivée du printemps, tous les marchands avaient fait route vers nos terres, qui étaient les plus riches d'Écosse. Le village serait en liesse, j'y avais vu là une occasion en or de faire plaisir à Rhona tout en prenant l'air. Il s'agissait toutefois de mettre la main sur la petite tornade rousse, qui semblait s'être volatilisée du domaine. Elle n'était pas dans sa chambre, ni dans les salles communes et toutes les personnes auxquelles j'avais demandé si elles avaient vu Rhona avaient répondu par la négative. Seigneur, où Diable était-elle passée ? J'avais entraperçue Sorcha très brièvement, mais j'avais su immédiatement que je ne trouverais pas ma cadette accrochée aux jupes de sa mère. Je m'étais dépêché de m'éloigner d'elle, ne souhaitant nullement devoir faire preuve d'une politesse hypocrite. Ce n'est qu'après un long moment passé à errer dans les couloirs du château à la recherche de ma sœur que je réalisai qu'il y avait un endroit que j'avais complètement omis dans ma quête. Il s'agissait de la bibliothèque. Évidemment ! Comment n'y avais-je pas songé plus tôt ? Il n'était pas rare de l'y trouver, le nez plongé dans un ouvrage consacré aux légendes écossaises. Persuadé de l'y trouver, je m'y rendis d'un pas pressé. J'entrai dans la pièce, le sourire aux lèvres. Sourire que je perdis presque aussitôt lorsque je m'aperçus que la sœur qui se trouvait dans la pièce n'était pas celle que j'aurais aimé y trouver. Dès qu'elle me vit, Eileen pinça les lèvres et se détourna. Je grimaçai. Je restai immobile et silencieux un moment, simplement le temps de constater que Rhona n'était pas là. Je me retins de lever les yeux au ciel. Où Diable était-elle donc passée ? À n'en pas douter, elle devait être avec notre père. J'étais sur le point de tourner les talons lorsque la voix cristalline d'Eileen brisa le silence. J'affichai une mine surprise. Ce n'était qu'un bonjour, mais c'était déjà beaucoup, étant donné que nous ne nous adressions jamais la parole.

Eileen et moi ne nous connaissions pas. C'était un triste constat, mais c'était la vérité. Nous ne nous voyions que lorsque nous y étions obligés, aux repas par exemple, et encore il était rare que nous en profitions pour parler. Tout simplement parce qu'elle était presque tout le temps dans les jupes de sa mère, et moi aux côtés de Père. J'avais toujours supposé qu'elle n'était qu'un double miniature de Sorcha. Aussi avais-je pris soin de rester aussi loin d'elle que possible jusqu'à présent. Et si je m'étais trompé ? La trouver dans cette bibliothèque me faisait douter, soudainement. Peut-être avais-eu tort. Peut-être n'était-elle pas comme sa mère. Peut-être était-elle sa propre personne et non pas une simple poupée entre les mains de Sorcha. Peut-être avions nous ruiné ce qui aurait pu être une excellente relation frère-sœur à cause de différends qui ne regardaient que nos parents. « Bonjour, Eileen » finis-je par lâcher après un silence interminable. Elle me tournait le dos, alors je fis l'effort de faire quelques pas pour me retrouver devant elle. Pour la première fois, je pris le temps de la regarder. Eileen était une très jolie jeune fille, c'était indéniable. Elle avait de longs cheveux roux disciplinés, le visage rond d'une poupée, et finalement, ne ressemblait pas autant que je l'aurais cru à Sorcha. Mais c'était étrange, elle ne ressemblait pas beaucoup à Père non plus. Elle était... Eh bien, elle-même. « Je suis étonné de te trouver ici. Je ne savais pas que tu aimais lire », dis-je en promenant mon regard sur les étagères et les ouvrages qui y étaient disposés. « En réalité, je crois qu'il n'y a pas grand chose que je sache te concernant... » Je soupirai longuement. Je ne m'étais pas préparé à cette confrontation, j'ignorais quoi dire, ignorais comment me comporter avec cette étrangère qui était pourtant ma cadette. « Excuse moi, je ne souhaitais pas de déranger. » Mal à l'aise, je m'éloignai et me dirigeai vers la porte. Brusquement, je m'arrêtai en grimaçant. Puis je me retournai vers Eileen. Pris d'une étrange folie, je demandai : « Je devais emmener Rhona au village, c'est jour de marché, mais elle est introuvable. » Une seconde j'hésitai. Puis je me souvins qu'Eileen sortait très rarement de notre domaine. « Est-ce que tu voudrais m'accompagner à sa place ? » Pour certains, cette proposition n'avait rien d'étonnant. Mais pour Eileen et moi, c'était un grand pas. Une trêve.


Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Eileen MacGuffin
Eileen MacGuffin

Lowlands

▷ MESSAGES : 89
▷ INSCRIPTION : 06/08/2013
▷ LOCALISATION : au domaine macguffin
▷ ÂGE : dix-sept ans
▷ HUMEUR : tranquille
COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach) Tumblr_inline_mqxp5wMTmB1qz4rgp
COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach) Empty
MessageSujet: Re: COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach)   COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach) EmptyLun 2 Sep - 15:15




comparison is a death knell to sibling harmony.



C’était étrange, comment le visage de mon demi-frère pouvait être aussi familier qu’étranger. Je pouvais m’attarder sur ces traits et toujours y trouver de la nouveauté. C’était comme lire un livre pour la seconde ou la troisième fois. La première fois, on parcoure les lignes avidement, fébrile de connaître les péripéties et la fin de l’histoire. Ensuite, on s’attarde davantage, on trouve quelques détails de plus, et on semble  apprendre à mieux connaître les mots et comment ils s’harmonisent entre eux. Les lectures suivantes forment une sorte de familiarité, un sentiment chaleureux, un apprentissage précis et rassurant. Plus j’observais le visage de Bearach, plus je le sentais familier. Peut-être qu’un jour, si nous apprenions à nous connaître, si nous passions du temps ensemble, s’il devenait véritablement un frère pour moi, peut-être deviendrait-il si connu pour moi que je ne le verrai plus. C’était comme cela avec Mère. Son teint clair et sa longue chevelure venaient de manière si récurrente dans ma vie qu’ils semblaient faire partie du décor terne et froid du domaine. Peu importe la robe somptueuse qu’elle portait, Mère était devenu un visage flou, une silhouette éteinte, elle n’était qu’une présence un peu trop familière. Je l’appréciais,  il ne fallait pas se méprendre. Mère était la seule personne qui passait un peu de temps libre en ma compagnie, la seule qui... enfin, qui, je le crois, me connaissait le moindrement. Je lui devais tout, j’en étais consciente. Elle m’avait tout appris. Elle était rassurante. L’inconnu, lui, me faisait trembler. Et donc, me retrouver en compagnie de Bearach était étrange. Je n’avais pas peur, non, pas du tout. J’étais un peu appréhensive, inquiète de ce qui pourrait se passer. Comment répondrait-il à ma salutation ? Avec une raillerie ? Ou allait-il simplement m’ignorer, comme le faisait si bien Père ? Cela ne m’étonnerait guère. Peut-être que je faisais erreur en les comparant avec tant de ferveur, mais je ne les connaissaient ni un, ni l’autre, et ils me semblaient si semblables physiquement et mentalement, ils dégageaient tellement la même chose qu’il était impossible pour moi de faire autrement. Je ne pouvais nier que je n’avais jamais ressenti le détachement cruel que j’ai toujours vu chez Père du côté de Bearach, mais je ne pouvais simplement pas baser mes espoirs sur cette folle idée. Peut-être était-ce moi qui perçevait mal les gens. Peut-être étais-je née pour être une Dame, qui suit sa route en silence, et ne laisse pas son imagination prendre le meilleur d’elle-même.

Le silence s’étirait interminablement, et je commençais à penser que Bearach s’était éclipsé en silence dans mon dos quand j’entendis sa voix. «Bonjour, Eileen» dit-il. Je sursautai presque. Je reconnaissais pas du tout sa voix. Elle me semblait être celle d’un inconnu, surtout lorsque je ne voyais pas ses lèvres bouger en harmonie. J’étais également surprise du ton de celle-ci. Je n’avais pressenti aucune méchanceté, aucune moquerie, non, Bearach avait parlé avec neutralité. Il me rendait ma salutation, et c’était probable que la conversation allait se terminer içi. J’empoignai un livre quelconque afin de pouvoir le laisser seul avec quelconque affaire il avait à la bibliothèque et me retournai lorsque sa voix déchira de nouveau le silence pesant. «Je suis étonnée de te trouver içi. Je ne savais pas que tu aimais lire.» Je retins un froncement de sourcils afin de ne pas démontrer mon propre étonnement. Je croyais bien que c’était la première fois que nous nous engagions dans une conversation, aussi bizarre et malaisante soit-elle. Je pinçai des lèvres, ne sachant que répondre. «En réalité, je crois qu’il n’y a pas grand-chose que je sache te concernant...» À ce moment, je ne pu retenir un regard éberlué en sa direction. Pourquoi cette soudaine confidence ? Je sentis mon coeur battre un peu plus vite à l’idée que peut-être, la distance entre nous n’était dû qu’aux circonstances et que peut-être, peut-être, Bearach ne me détestait pas. Que peut-être, lui aussi, avait envie de me connaître le moindrement. Je sentis mes lèvres s’étirer en un mince sourire, sans que je ne pipe un seul mot, trop envahie par des sentiments qui m’étaient jusqu’alors inconnu. Mais il ne vit pas mon sourire, car il soupira longuement et déclara qu’il ne voulait pas me déranger avant de tourner les talons. Je le perdis aussi vite qu’il était arrivé sur mon visage, les yeux rivés sur le dos de mon demi-frère qui se dirigea vers la porte d’un pas rapide. Pourquoi ne lui avais-je pas répondu ? Pourquoi étais-je incapable d’ouvrir la bouche et de lui parler, de faire une blague peut-être ? J’aurais pu lui dire qu’en effet, nous ne nous connaissions pas, mais que je serais ravie d’y remédier, que j’avais envie de sourire tellement j’étais heureuse qu’il me témoigne un quelconque intérêt. Rhona en aurait été capable. Rhona avait cette force de caractère. Mais on m’avait tellement enseigné à rester polie et discrète et de contrôler mes émotions que plus rien ne pouvait sortir de ma bouche sans que je ne l’analyse profondément. Bearach aurait mérité une réponse rapide, pas des mots réfléchis prenant une éternité à être prononcés. Non, il m’aurait fallu être spontanée, mais c’était quelque chose avec lequel j’avais beaucoup de difficulté. Mère ne m’avait pas éduquée ainsi, et je ne connaissais rien d’autre.

À ce moment, je vis Bearach tourner les talons, m’observer une seconde, et m’informer qu’il cherchait Rhona, qui était introuvable. C’était un jour de marché. Je ne me souvenais pas d’y être allée, peut-être une fois dans ma jeunesse, mais les souvenirs étaient flous. Je pinçai des lèvres. Évidemment qu’il cherchait Rhona. Lui et elle étaient proches, ils passaient du temps ensemble, ils étaient... enfin, ils étaient comme frère et soeur. Je sentis l’amertume remplir mes poumons et ma gorge et mes épaules s’affaissèrent. J’allais ouvrir la bouche pour l’informer que je n’avais pas vu ma cadette mais il m’interrompit. «Est-ce que tu voudrais m’accompagner à sa place ?» Les mots me figèrent sur place. Moi ? Aller au village avec Bearach ? Me le proposait-il vraiment, ou avais-je eu une courte illusion ? Mais il m’observait, attendant sagement ma réponse, et je ne pouvais que l’observer en retour, stupéfaite. Je ne comprenais pas son intérêt soudain, sa volonté de passer du temps avec moi, la gentillesse dans sa voix. Était-ce une sorte de pari ? Peut-être avait-il comploté quelque chose avec Rhona ? La perspective m’effraya et je failli refuser. Je n’allais pas jouer à un jeu qui visait à me faire du mal. Mais les yeux de Bearach ne projetait pas de malice. Cela semblait être une véritable proposition, et je ne pouvais nier mon désir d’accepter. Je ne sortais que très rarement, alors cela ne pouvait que me faire du bien. J’acquiesçai donc, soudainement fébrile. «J’aimerais beaucoup.» Je déposai le livre que j’avais entre les mains sur la table la plus proche et rejoignai Bearach. «C’est très gentil de m’inviter.»

Je suivis Bearach dans le couloir après avoir quitté la bibliothèque, des tonnes de questions au bord des lèvres, sans que je ne sois en mesure de les dire à voix haute. Nous marchions côte à côte en silence. Que pourrais-je dire ? Je ne le connaissais pas, je ne savais pas ce qu’il faisait de ses journées, alors comment savoir ? «Je ne crois pas être déjà allée au marché. Du moins, j’étais trop petite pour m’en souvenir.» C’était maladroit. Je me sentais comme une petite fille à nouveau, incapable de trouver les mots à prononcer. Je vis le soleil à travers les petites fenêtres du château. C’était une journée somptueuse, parfaite pour aller au village. Je sentais mon coeur battre à toute vitesse. Cela était tellement nouveau et inattendu. Et pourtant, j’en étais très heureuse, quoique inquiète. Et si Bearach ne m’appréciait pas ? S’il ne me trouvait finalement aucun intérêt, et que cette proposition serait la dernière ? Je secouai la tête. Je me devais de faire comme dans les histoires : foncer, et ne pas avoir peur. «J’ai rencontré Stehane dans la cour il y a quelques jours. Elle est tout à fait charmante. Je crois qu’elle apprécie le domaine.» C’était vrai ; j’appréciais beaucoup la fiancée de Bearach. Elle semblait avoir bon coeur, et j’étais curieuse d’entendre mon demi-frère à son sujet.




made by pandora.




Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Bearach MacGuffin
Bearach MacGuffin


▷ MESSAGES : 532
▷ INSCRIPTION : 10/04/2013
▷ LOCALISATION : Château des MacGuffin
▷ ÂGE : 23 ans
▷ HUMEUR : Mélancolique
Fear cuts deeper
Than swords.

There's no shame in fear, my father told me, what matters is how we face it.
COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach) 995303tumblrmjygpsIBAm1rswapvo1250
So many vows. They make you swear and swear. Defend the King, obey the King, obey your father, protect the innocent, defend the weak. But what if your father despises the King? What if the King massacres the innocent? It's too much. No matter what you do, you're forsaking one vow or another.

COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach) Empty
MessageSujet: Re: COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach)   COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach) EmptySam 21 Sep - 20:23



Dix-sept ans. Il nous aura fallu dix-sept ans à Eileen et à moi pour échanger quelques mots qui ne seraient pas des piques ou des convenances. Jamais je n'aurais cru que cela pourrait être aussi difficile. Mais quel soulagement d'y être enfin parvenu ! Je ne doutais pas que Sorcha s'arracherait les cheveux si elle m'entendait, et Père aurait certainement été très surpris. Cette situation n'avait aucune raison d'être, il fallait que cela cesse. L'un comme l'autre, nous n'étions que de enfants innocents au milieu d'une querelle qui ne regardait que nos parents. Je n'étais pas idiot, je savais bien que nos problèmes ne s'envoleraient pas après quelques belles paroles, il en faudrait bien plus, mais ce serait certainement un bon point de départ. Il m'avait fallu bien du temps pour me décider à faire le premier pas, mais j'étais convaincu que c'était la bonne chose à faire. Eileen était ma sœur, j'étais son frère, il était grand temps que nous nous comportions comme tels. J'ignorais si lui proposer de m'accompagner au village était une bonne idée, mais c'était la seule que j'avais. Elle semblait surprise par ma proposition, et je le comprenais fort bien. Je ne lui avais jamais jusque là montré le moindre intérêt. Et plus jeune, je ne m'adressais à elle que pour la taquiner méchamment. A posteriori, je n'étais pas très fier de moi. Mais l'enfant que j'avais été n'avait pas su comment se comporter avec cette enfant qu'on disait ma sœur mais que je n'avais pas le droit de fréquenter. Je ne m'étais pas bien mieux comporté avec Rhona avant qu'elle ne décide de s'éloigner de sa mère. Il me semblait qu'il était grand temps de faire amende honorable auprès d'Eileen. Je n'étais pas certain qu'elle accepte ma proposition, mais au moins aurais-je tenté ma chance. J'espérais néanmoins qu'elle réponde par l'affirmative, que nous puissions enfin apprendre à nous connaître. Un léger sourire étira mes lèvres lorsqu'elle accepta finalement et me remercia. « Je t'en prie, cela me fait plaisir. » C'était vrai. J'étais nerveux, mais néanmoins content. Je ne doutais pas que Sorcha n'apprécierait pas l'initiative, mais je ne pouvais me résoudre à ne pas connaître l'une de mes sœurs. Qu'elle tempête si elle le voulait, je n'en avais cure. Tout ce que j'espérais, c'était qu'elle ne s'en prenne pas à Eileen pour avoir accepté de passer un peu de temps avec moi.

Marcher aux côtés d'Eileen était très étrange. J'avais envie de dire mille choses, mais je n'osais pas. À vrai dire je n'aurais pas su par quoi commencer. Devais-je lui demander ce qu'elle aimait faire, me contenter de politesses ? Attendre qu'elle se décide à prendre la parole ? Eileen prit une décision avant moi ceci dit, et elle reprit la parole pour me dire qu'elle ne se souvenait pas si elle était déjà allée au marché. Je fronçai les sourcils un instant, me demandant si je pouvais lui fournir une réponse. Évidemment, je ne pouvais pas, nous avions été élevés loin de l'autre bien que nous vivions dans la même demeure. J'eus un petit soupir, puis un sourire. « Quand j'étais plus jeune, je suppliais notre oncle Darren de m'y emmener chaque semaine, été comme hiver. C'était l'une de mes rares sorties et si je ne pouvais pas y aller, je faisais la moue pendant plusieurs jours.  Père était terriblement agacé par ce caprice, mais je crois qu'il l'était davantage par ma mine boudeuse. Si bien que le pauvre Darren fut de corvée de marché pendant de nombreuses années. » J'eus un petit rire. « Heureusement pour lui, j'ai grandi et j'ai fini par me lasser. Mais c'est toujours un plaisir d'y retourner quand le printemps fait son retour. » Je lançai un coup d'œil timide à Eileen. Parler ainsi de moi n'était pas dans mes habitudes, mais je ne pouvais pas demande à Eileen de me parler d'elle sans faire de même de mon côté. Il fallait que nous fassions des efforts chacun de notre côté. Pas à pas, nous arriverions peut-être à quelque chose ? Je fus quelque peu surpris lorsqu'Eileen évoqua Lady Stheane. Agréablement surpris, néanmoins. « Il est vrai qu'elle est charmante. Je suis un homme chanceux. Je suis certain qu'elle apprécierait beaucoup ta compagnie. Tu pourrais peut-être passer un peu de temps avec elle et les autres Ladys, si le cœur t'en disait. Tu me sembles... bien solitaire ? » Je ne pouvais l'affirmer, mais j'étais pratiquement certain qu'elle passait la plupart de ses journées seule. Si je ne voulais pas voir sa mère près de Lady Stheane, je n'avais rien interdit en ce qui concernait Eileen. La jeune fille que je voyais ne me donnait pas l'impression d'être capable d'espionner ou de manipuler comme savait si bien le faire Sorcha. Je pouvais me tromper, bien sûr. Mais j'étais déterminé à être positif et à faire preuve de bonne fois pour quelques heures.

Après quelques minutes, nous arrivâmes dans la cour. Il faisait beau et s'il ne faisait pas encore chaud, il ne faisait plus un froid glacial. Instinctivement, je me dirigeai vers les écuries, Eileen sur les talons. Ce n'est qu'arrivé devant ces dernières que je me rendis compte que j'avais oublié de poser une question essentielle à ma sœur. « Je viens de réaliser que j'ignore tout à fait si oui ou non tu sais monter à cheval. » J'eus un petit rire, qui trahissait ma nervosité et ma gêne. Seigneur !  Combien de choses avais-je bien pu manquer en dix-sept ans ? Trop, bien trop. Je connaissais Rhona par cœur, mais je ne savais pas dire si Eileen savait chevaucher ou non. Le ridicule de notre situation sautait aux yeux. Il me semblait mieux connaître ma promise, une demoiselle que je ne connaissais que depuis quelques semaines, que ma propre sœur. Je sentis une vague de colère m'envahir brusquement. Je n'étais pas en colère contre elle, bien sûr que non. C'était après nos parents que j'en avais. Ni elle ni moi n'avions mérité ce qu'ils nous avaient imposé. J'aurais dû être pour elle un ainé sur lequel elle aurait dû pouvoir compter, au lieu de cela j'avais été l'enfant qui la faisait pleurer, qui lui lançait des piques. Ce n'était pas une invitation à m'accompagner au marché que je lui devais, c'était des excuses. Et nos parents nous en devraient également.  


Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Eileen MacGuffin
Eileen MacGuffin

Lowlands

▷ MESSAGES : 89
▷ INSCRIPTION : 06/08/2013
▷ LOCALISATION : au domaine macguffin
▷ ÂGE : dix-sept ans
▷ HUMEUR : tranquille
COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach) Tumblr_inline_mqxp5wMTmB1qz4rgp
COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach) Empty
MessageSujet: Re: COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach)   COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach) EmptyMer 2 Oct - 13:53




comparison is a death knell to sibling harmony.



Bearach. Ce nom m’était si étranger que je doutais l’avoir déjà dit à voix haute. Je l’avais pensé à de nombreuses reprises, bien évidemment, mais c’était toujours avec une touche de mécontentement, de tristesse et même de haine. Le prénom résonnait comme un instrument de musique mal accordé dans mon esprit, il se propageait comme du venin de serpent. Bearah, Rhona, Gabran, j’avais tous appris à m’en méfier, à les détester. À un certain moment, il avait été nécessaire de transformer ma souffrance en haine, car je n’en pouvais plus de m’endormir chaque soir en pleurant. J’en avais assez des oreillers humides et des sueurs froides. Il me fallait me débarasser de ce poison qu’était l’indifférence de la majorité de ma famille. Je me devais de me concentrer sur les leçons de Mère et de trouver le plus de livres possibles. Avant aujourd’hui, j’avais presque appris à en être indifférente. Du moins, quand j’étais seule. À la seconde où l’un d’eux se retrouvait devant moi, mon coeur arrêtait de battre et se tortillait dans tous les sens alors que je reçevais leur regard dédaigneux ou leur ignorance complète. C’était une vie insupportable, et les livres la rendait supportable. C’était la seule chose à faire. Recevoir les coups et continuer d’avancer. Être avec Bearach était étrange, sans nul doute, mais la main noire qui troublait d’habitude mon coeur en sa présence semblait s’être effacée. Peut-être était-ce sa voix douce et chaleureuse, ou alors ses regards dénués de méchanceté, ou peut-être était-ce moi qui agissait comme un enfant et qu’il allait à tout moment me lancer une insulte et courir rejoindre Rhona pour un quelconque complot. Mais lorsqu’il ouvrit la bouche et qu’il raconta son histoire à propos de notre oncle Darren, je me surpris à dévorer ses paroles et à sourire comme une gamine. Je me laissai même rire en harmonie avec lui. C’était agréable, d’en savoir davantage sur Bearach. J’imaginais presque ce petit garçon que Mère ne me laissait pas approcher, tirer la tunique d’oncle Darren pour insister une nouvelle promenade jusqu’au marché. La tignasse brune, comme son père, virevoltant alors qu’il courait au travers des kiosques des marchands. Je me laissai aller à un sourire tendre. C’était une belle image. J’aurais tant aimé être comme lui, une enfant insouciante, courant dans les couloirs du domaine, riant aux éclats aux côtés de Bearach et Rhona. Mais à cette époque, nous étions toutes les deux dans l’ombre de Mère. Nous passions la majorité de notre temps à recevoir ses leçons, à apprendre à chanter, à coudre, à bien se tenir, bref, nous apprenions à être des dames. Rhona était plus agitée que moi, je m’en souvenais comme si c’était hier. J’aurais bien du me douter que ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne décide de s’émanciper de Mère. Et que je resterais là, seule, incapable de réagir à ses actes. Je n’avais pas sa force de caractère, j’en étais parfaitement consciente. Pendant des jours, pendant des semaines, Mère m’avait lancé des regards méfiants, comme si elle attendait le moment où je me rebellerais comme ma soeur cadette. Mais j’en étais incapable, pétrifiée à l’idée de la décevoir. Je ne connaissais rien d’autre que ce qu’elle m’avait appris. Serais-je en mesure de tout laisser tomber et de rejoindre Rhona ? La réponse avait été évidente. Non.

Bearach me parla alors de Lady Stheane. Je me souvenais si bien l’avoir croisée dans la cour. Elle était si belle, avec ses longs cheveux et ses traits fins. J’en étais restée bouche bée. Je me doutais bien que Bearach devait être heureux de l’avoir à ses côtés, et il confirma mes doutes. «Je suis certain qu'elle apprécierait beaucoup ta compagnie. Tu pourrais peut-être passer un peu de temps avec elle et les autres Ladys, si le cœur t'en disait. Tu me sembles... bien solitaire ? » Je jetai un regard surpris à Bearach. Ses mots étaient remplis de bonnes intentions, et sa proposition me donna envie de sourire. Passer du temps avec Lady Stheane et les autres... C’était une perspective très intéressante. En effet, j’étais très solitaire lorsque je n’étais pas avec Mère. Cette dernière ne m’interdisait pas de passer du temps avec les autres Ladys, bien au contraire, mais j’étais si pétrifiée à l’idée de ne pas agir correctement, ou à l’idée qu’elles me rejeterait à cause de la relation que je partageais avec Bearach ou Rhona que je ne les avais jamais approché. Mais si la journeé se déroulait bien, et que Bearach en glissait un mot à sa promise, peut-être m’accepterait-elle. L’idée d’avoir de la si charmante compagnie m’emballa. Peut-être pourrions-nous même devenir des amies. Je tentai de ne pas trop me faire d’espoirs, mais j’étais enchantée par la perspective. Je souris à Bearach, sentant mes joues se colorer légèrement. «J’apprécierais beaucoup sa compagnie également. Je crois que nous pourrions bien nous entendre... Enfin, je ne sais pas, mais j’adorerais passer un peu de temps avec elle, si elle le veut bien.» Je me sentais maladroite. J’étais si peu habituée d’être avec Bearach, et jusqu’içi il n’avait fait que me déboussoler. J’étais déjà si heureuse qu’on soit en mesure de se parler gentiment... et voilà qu’il me proposait de passer du temps avec sa fiancée ! C’était merveilleux. Mais je tentai de ne pas trop m’emballer. Je ne voulais pas former des doutes envers Bearach, mais des années de méfiance ne pouvaient être oubliées en un seul instant. «Oui, il est vrai que je suis assez solitaire, je... Quand je ne suis pas avec Mère, je lis beaucoup, il est rare que je sorte.» Je ne savais pas si c’était une bonne idée de mentionner Mère, mais il était trop tard. Elle était une partie si intégrante de ma vie qu’elle occupait toujours mes pensées, d’une manière ou d’une autre. Je savais que Bearach et elle ne s’entendait pas, mais j’ignorais jusqu’à quel point. Était-ce une haine comme celle qu’elle partageait avec Père ? Ou n’était-ce qu’une relation distante et polie ? Je devais avouer que ma curiosité était piquée, mais je n’osai pas demander, pour ne pas brusquer Bearach.

La cour était illuminée par le soleil. J’étais tellement habituée de sortir dans un froid glacial que je fus surprise de constater qu’il faisait plutôt chaud. C’était une journée magnifique pour la saison. Je me félicitai d’avoir enfilée une robe légère alors que nous marchions vers les étables. Je me paralysai devant l’entrée. «Je viens de réaliser que j’ignore tout à fait si oui ou non tu sais monter à cheval.» Je jetai un regard embarassé à Bearach. Il était loin d’être la priorité de Mère de m’enseigner à monter, mais elle avait demandé à quelqu’un de me montrer les bases, au cas où nous aurions à nous déplacer. C’était des années auparavant, cependant, et je n’avais jamais eu l’occasion de me pratiquer. Les chevaux ne m’effrayaient pas, mais je les trouvais étrangement intimidants. Je m’approchai de Bearach qui riait d’une air nerveux. Je voulais soupirer de soulagement. Au moins, je n’étais pas la seule à être gênée ! «Je... Je l’ai appris, mais cela fait longtemps, je... Je ne suis pas certaine de me souvenir.» Je secouai la tête, étant bien consciente que je rougissais à vue d’oeil. «Je n’ai pas vraiment eu l’occasion d’en refaire depuis... Comme je te l’ai dit, je sors très rarement.» Je caressai la crinière du cheval devant moi. «Et ne t’en fais pas, ce n’est pas grave que tu l’ignores. Comme tu l’as dit, il y a bien des choses que nous ignorons l’un de l’autre.» Je tentai un sourire, mais il devait être très maladroit et ce fut à mon tour de rire de nervosité. J’entrai dans les étables et suivi Bearach jusqu’à deux chevaux absolument magnifique. Que faire, à présent ? Rebrousser chemin en m’excusant ? Tenter de monter et m’humilier entièrement ? Je m’agitai, ignorant totalement quoi faire. C’était si étrange d’être en la compagnie de Bearach, je ne savais pas comment me comporter. Nous étions frère et soeur, cela était vrai, mais c’était la première fois de ma vie entière que nous passions du temps ensemble. Je ne le connaissais pas, il ne me connaissait pas, et cela m’effrayait. À quelque part au fond de moi, j’avais envie de m’enfuir, de retourner vers Mère et mes livres, et d’oublier tout cela. Mais en regardant l’homme qui était mon frère, mon corps voulait rester. J’avais envie de le connaître. J’avais envie d’avoir un frère. Nos parents nous avaient séparés. Il était plus que temps qu’on remédie à la situation. Et peu importe à quel point j’étais effrayée de le décevoir ou de faire la mauvaise chose, ma curiosité et mon besoin l’emporta sur tout. Je lui souris donc timidement. «Tu veux bien me montrer ?» Les mots passèrent mes lèvres avec une difficulté inouie. C’était une chose de parler à Bearach, lui demander une faveur en était une autre. J’ignorais comment il allait réagir. Je repensai à gentilles paroles, à ses sourires et à ses regards aussi timides que les miens. Peut-être étais-je allée trop loin. «Enfin, ce n’est pas grave si tu ne veux pas, je comprendrais. Je... Désolée.» Un autre rire nerveux brisa le silence. J’étais tellement habituée de rester dans l’ombre, prendre des initiatives n’était pas mon genre. J’attendis sa réponse, le coeur palpitant.




made by pandora.


Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach) Empty
MessageSujet: Re: COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach)   COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

COMPARISON IS A DEATH KNELL TO SIBLING HARMONY. (eileen & bearach)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 

 Sujets similaires

-
» war makes monsters of us all (eileen)
» Eileen | Faites vos jeux
» your life is worth more than a song ▷ eileen
» BEARACH ϟ seven devils in my heart
» Come on inside, and hear the silence constantly judging me • BEARACH & SEUMAS
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
▷ WILL O' THE WISP  :: Domaine des MacGuffin-