Que serait un tournoi sans ses spectateurs ? Je vous l'demande ! Parce que si nous avons de courageux gaillards qui s'occupent de combattre à la joute ou de tirer à l'arc, d'autres restent là et regardent. C'est le but des gradins après tout, en plein air, sous un soleil plus qu'agréable, l'herbe verte est plus resplendissante que d'habitude et ces dames ne peuvent que regarder le tournoi sans pouvoir y participer. S'il n'y avait que des femmes ! Nous avons aussi quelques messieurs qui n'ont pas voulus participer à cet amusement.

Sur ce les biquets, comme vous le comprenez, c'est un sujet en commun ! L'ordre est vôtre, vous répondez quand vous voulez, comme vous voulez - comme toujours il est mieux de faire un peu plus petit que ce que vous faites d'habitude, mais ça, c'est vous que décidez.  Amusez-vous bien dans les gradins !  

La dernière fois que j'étais sorti hors des frontières du territoire MacGuffin, je m'étais retrouvé face à la colère de l'Ecosse, à récupérer le cadavre d'une innocente jeune fille au milieu d'un lac gelé gardé par une monstruosité chevaline. Il me sembla donc logique d'être réticent à rééditer l'exploit, hésitant un instant avant que Floki, dans toute sa splendeur ne me convainque. Après tout, que pouvais-je donc craindre de pire que les derniers événements ? Pas grand chose à vrai dire. Ainsi, ma sombre aura avait à nouveau accompagné le cortège MacGuffin jusqu'à sa destination ; celle de ce tournoi organisé, en honneur du printemps. J'espérais que cet espoir de trouver un peu de paix en cette maudite guerre décennale ne se transformerait plus en carnage, qu'au moins une fois, les réjouissances resteraient plaisantes.

Observant les chevaliers défilés sous mes yeux, ancré dans mon éternel impassibilité, je me faisais parfois remarquer, sentant les pupilles de mes semblables me percer sévèrement ; parmi toute cette chaleur humaine, persistait ma froideur mortuaire en dérangeant certains. Floki m'avait conté à quel point ces joutes lui semblaient être une bonne occasion pour montrer au peuple écossais que les vikings valaient bien plus qu'eux. Je l'avais écouté, comme à mon habitude, me demandant encore parfois ce qui l'avait poussé à me garder en vie si, finalement, les Ecossais lui paraissaient être si peu dotés d’intérêt. Cependant, je n'en avais cure à l'instant, je me contentai de guetter son arrivée sur la lice, scrutant cette dernière avec une ferveur retrouvée que mes voisins semblèrent remarquer, à en croire leurs regards interrogateurs bifurquant sur mon être.  

Quand ce n'était pas la guerre, c'était un tournoi. Combien de fois faudra-t-elle qu'elle subisse ces angoisses qui torturaient son esprit ? Eremon était dans la course, Esras également, heureusement qu'Eireen était une femme. Elle resterait avec elle dans les tribunes pour soutenir son père et son frère. L'excitation des tournois était quelque chose qui avait toujours fasciné Eanna qui ne l'avait jamais comprise. Pourtant, prit dans le feu de l'action : elle s'était vue se lever de joie et montrer à tous en applaudissent que oui elle ne cachait pas toujours son ressentit. Ainsi donc, elle s'était préparée pour le voyage mais surtout pour le tournoi. Elle n'avait rien dit à Esras, elle s'était juste contentée de lui donner son mouchoir et de le regarder amoureusement : les mots étaient inutiles. Il savait ce que ressentait sa femme pour lui. Eanna était également aller voir son fils avant qu'il ne se prépare, elle ne l'avait pas prise dans ses bras, elle s'était juste contentée de passer délicatement sa main sur sa joue avant d'aller chercher sa sœur. Ne la trouvant pas, elle alla dans les tribunes, Eremon était contre un Viking, un certain Floki Denmark aussi appelé le tueur d'Ecossais. Le destin se moquait-il d'elle ? La dentellière avait encore plus peur, et si jamais il arrivait quelque chose à son fils... Après tout, son infirmité pouvait lui porte préjudice bien qu'il avait gardé ses talents de combattants. Eanna avait totalement confiance dans les talents de son fils, mais elle ne savait pas quoi penser de cet homme. Ainsi, elle avait décidé de venir avant que ce dernier ne rentre en lice. Lady Dunegan voulait être au premier rang.

En montant les marches des tribunes, des enfants la doublèrent : ils riaient aux éclats ce qui serra son cœur. Non. Elle ne devait pas penser au pire. Alors, comme toujours, Eanna releva la tête et arbora un sourire doux et apaisé. Personne ne devait savoir son état d'esprit. Il y avait une place de libre à côté d'un homme au long cheveux. Il semblait lui aussi en attente. Ainsi, elle s'approcha de lui :

« Puis-je ? »

Ses mains croisés, elle n'hésita pas à le regarder dans les yeux remarquant sa pâleur. Mais elle fut coupée dans son observation par une Lady des Western :

« Lady Dunegan, j'espère que la fortune sourira à votre mari et à votre fils.
-Merci. Je ne l'espère pas : j'en suis certaine. »

Un sourire, elles se saluèrent par une révérence et la femme partie. En entendant arriver le premier combattant, Eanna s'installa et à la vu du Viking arrêta de respirer, elle joignit ses mains et pria en silence, se signa avant de les reposer sur ses genoux et serrer sa robe. Elle était terrifiée... Un rapide coup d'oeil dans la tribune : Eireen n'était pas là... Son fils ne tarda pas à rentrer, la charge commença trop rapidement à son goût et en voyant la lance se brisé contre le bouclier de son fils ne pût s'empêcher de sursauter et de porter sa main devant sa bouche. Autour la foule était en ébullition vociférant des insultes envers le Viking et acclamant son fils.

Il y avait fort bien longtemps que je ne m'étais pas retrouvé dans des festivités de cette envergure ; la dernière en date, s'étant soldée par une visite tragique d'une sombre légende, ne m'avait pas compté parmi ses invités. J'avais dû rassurer une partie de mes gens, persuadés qu'un autre désastre surviendrait en ce jour mais après tout, l'engouement que le printemps leur avait apporté les avait rassuré ; un peu de joie dans toute cette peine, voilà qui était bon à prendre. Le voyage, certes long, s'était déroulé tranquillement, sans aucune encombre et même dans une certaine légèreté que j'avais chéri ; mon esprit s'était enfin dégorgé d'une partie de ses tracas, bien qu'ils ne soient jamais très loin. L'absence du précédent gouverneur des Eastern Highlands eut tôt fait de me rappeler l'horrible vérité pesant sur l'Ecosse mais je n'en montrai rien ; même Brynjolf - que j'aimais appeler, avec une certaine taquinerie, l'homme le plus névrosé de toute l'Ecosse - semblait se réjouir du tournoi auquel il participait bien sûr, ainsi que ma propre personne. Je me plaisais d'ailleurs à l'instant à l'observer m'expliquer que l'adversaire de l'héritier MacGuffin était un chevalier dont la réputation n'était plus à faire, s'animant alors d'un amour du récit incroyable, me narrant les différents exploits de l'homme - précisant habilement qu'il s'agissait d'un allié, étant donné qu'il se trouvait être un des hommes les plus proches d'Aodhan MacIntosh lui-même. J'eus tôt fait de penser au père du jeune homme se trouvant face à ce preux chevalier, me demandant si nous aurions l'occasion de nous recroiser et quelle serait sa réaction si un tel événement venait à survenir. Me remémorant notre curieuse rencontre, désormais ancienne de quatre années, voire un peu plus, je sursautai quand Effie, la nourrice de mon fils, apparut en catastrophe dans mon champs de vision. Je dus lui ordonner de se calmer avant de comprendre la source de son émoi ; elle était partie, ne fusse qu'un instant, un peu plus loin avec ma progéniture, m'expliquant dans une nervosité digne de mon propre bras droit, qu'elle tentait de calmer l'enfant effrayé par un cheval s'étant emballé un peu plus loin et qu'à peine s'était-elle retournée qu'il avait disparu. Cette nouvelle eut le don de me prendre à la gorge, agrippant le bras de la demoiselle après m'être soudainement levé, la questionnant sur le dernier endroit où elle avait aperçu Aslak, cherchant ce dernier avec angoisse.

Ce fut avec un soulagement que je nous retrouvâmes rapidement le fugitif, tranquillement occupé à faire la connaissance d'une demoiselle haute comme trois pommes sous l’œil attentif d'une dame dont les traits me laissèrent penser qu'elle en était la mère. M'approchant de cette dernière, me saisissant d'Aslak qui fut heureux de revoir les visages qu'il connaissait, ne semblant pourtant pas réellement perturbé de son escapade, je lui expliquai brièvement la situation avant de voir la dame me saluer en souriant, me faisant doucement remarquer que la joute allait bientôt commencer et qu'elle ne pouvait se permettre de manquer cela. Me dirigeant également vers les gradins, je me stoppai net en remarquant que, non loin de moi, se trouvait le laird MacGuffin et, croisant son regard, je fus à peu près sûr qu'il m'avait également aperçu. Réduisant la distance qui nous séparait, je déposai doucement mon fils au sol avant de m'incliner poliment face au laird, le saluant, ce qui eut le don d'attirer l'attention des hommes l'accompagnant. Scrutant l'homme, je ne pus empêcher un sourire de venir décorer mes lèvres, songeant à la curieuse conversation que nous avions autrefois menée. « Je crois qu'en ce jour, je peux enfin vous livrer mon identité, mylaird. Baldwin Menzies, chef du clan Menzies des Eastern Highlands. »  

Floki participait aux joutes néanmoins il n'était pas le genre d'homme à regarder ses adversaires ou bien à savoir quelle était leur réputation dans la lice. Pourtant, il se devait d'accompagner les MacGuffin et ce partout où ils allaient et cela voulait dire aussi dans les tribunes. Son épée était aiguisée, son arc avait soigneusement été bandé par ses soins et n'attendaient plus que d'être utiliser : il n'avait maintenant qu'une envie et c'était d'en découdre légalement avec les Ecossais. Une fois ses armes prêtes, le Viking était allé voir si Bearach était prêt également puis il s'était mit à la recherche de Gabran. Il y avait du monde, il semblait que tout le royaume d'Ecosse se soit invité à ce tournoi. Un bon moyen d'oublier la guerre qui malgré ça était bien présente. Au loin, il vit Gabran, ce dernier n'était pas seul ce qui rassura le Viking qui s'était juré de le protéger. A vrai dire, il était en train de parler avec un jeune homme aux cheveux longs et blonds. Il n'était certainement pas un habitué des Lowlands, Floki s'en serait souvenu. Soudain, un éclair passa à côté de lui, il le connaissait très bien puisqu'il reconnu rapidement la plus jeune des filles de Gabran. La joute allait commencé, elle devait probablement se diriger vers les tribunes. En bon protecteur qu'il était, il décida de laisser son Laird avec ses histoires de politique et de suivre la belle.
Presque sans ménagement, se moquant qu'on lui cri dessus ou qu'on le sermonne, il poussa les gens qui lui barrait la route. Floki avait Rhona dans son champs de vision et pouvait parfaitement suivre cette petite tête rousse. Une fois qu'elle s'arrêta, il pût aisément la rejoindre se contentant de se mettre derrière elle pour que personne ne la bouscule.

"Votre frère est prêt Milady, je suis sûr qu'il sera vainqueur de cet joute."

Floki avait toujours apprécié cette petite qui faisait preuve d'une vivacité d'esprit qui caractérisait si bien les MacGuffin :

"La prochaine fois, faites vous accompagniez, nous sommes en  guerre et je ne voudrais pas qu'il vous arrive un quelconque malheur. Je ne me le pardonnerai jamais."

Floki avait donné sa parole à son Laird qu'il n'arriverait rien à sa progéniture tant qu'il serait dans les parages. Il comptait bien accomplir jusqu'au bout cette promesse jusqu'à ce qu'Odin le rappel auprès des siens.

Perdu dans mes pensées, je relevai doucement le regarde quand j'entendis un « Puis-je ? » prononcé avec douceur, mirant la dame venant de me faire cette demande avant de lui répondre par un simple hochement de tête. Observant à nouveau la lice, j'écoutai d'une oreille distraite la courte conversation se déroulant non loin de mon être ; alors comme cela, c'était le fils de cette femme qui devrait venir à bout du viking dans cette joute ? Jetant un oeil à cette dernière, je ne pus m'empêcher de penser qu'elle plaçait des très grands espoirs en son enfant ; Floki était à mes yeux le meilleur combattant qui puisse fouler ce sol en ce jour. Ceci dit, je n'étais pas sans savoir que l'homme n'était guère habitué aux jeux de joute ; cependant, je ne doutais absolument pas de ses capacités ; Floki était un homme agile et plein de ressources, sachant tiré profit de n'importe quelle situation s'offrant à lui.

Quand, enfin, les cavaliers firent leur entrée, je me surpris moi-même à froncer les sourcils en percevant que la foule huait sévèrement mon ami, sentant certains de mes muscles se crisper sous l'effet d'un certain énervement. Certes, Floki avait une réputation de tueur d'Ecossais et je pouvais comprendre leur réaction mais il restait pour moi un être bon, bien meilleur que beaucoup de personnes se trouvant aujourd'hui réunis. Me levant soudainement, percevant un élan d'adrénaline m’envoûter, c'est presque avec étonnement que j'entendis ma propre voix prononcer avec ferveur quelques encouragements à l'attention du viking. Certain qu'il m'avait entendu parmi cette tempête de haine, je repris place auprès des autres spectateurs qui me dévisagèrent davantage, ce dont je n'eus cure. Jetant alors un coup d'oeil à ma voisine, il me sembla la percevoir nerveuse ; à vrai dire, à voir l'adversaire de son fils, cela était compréhensible. Humectant mes lèvres, je l'observai un instant, hésitant avant de prendre doucement la parole mais assez fort pour qu'elle puise l'entendre parmi le brouhaha de la foule. « Votre fils doit être courageux pour affronter un adversaire tel que Floki Denmark. »

C'était la première fois que qu'Isallys assistait au tournoi du Printemps. Bien sur elle en avait déjà entendu parler, ses frères s'y étaient rendus quelques fois mais elle n'avait alors pas été autorisée à les accompagner. Sa mère n'aimait pas la voir s'éloigner. Elle avait perdue une fille et ne comptait pas prendre de risque avec la seconde. Mais cette fois-ci la jeune Isallys ne se trouvait pas sous la responsabilité de sa mère. Cette année elle était chez les MacGuffin, elle aidait à soigner les blessés. Et cette année elle avait pu accompagner le Laird et sa famille au tournoi. C'était la première fois qu'elle se rendait dans les Nothern Highlands, elle n'avait encore jamais quitté les Lowlands.

Le voyage avait été long jusqu'au domaine des Dunbroch. De très nombreux clans de toute l’Écosse s'étaient réunis pour cet événement, on avait presque l'impression qu'il n'y avait pas de guerre... Que la paix régnait sur ces terres. Mais la réalité était bien différente. Isallys avait fait le voyage avec toute la famille MacGuffin, dont son neveu Bearach qu'elle considérait plus comme un cousin, un frère. Avec la jeune Rhona, avec qui elle s'entendait bien. Mais aussi avec Sorcha l'épouse du Laird. L'entente entre les deux femmes était plus que compliquée, l'ambiance restait très tendue.

La joute allait commencer. Elle opposait Gabran à Aodhan, le duel des Titans. Isallys s'était installé le plus près possible de Rhona et le plus loin possible de Sorcha. Pas assez visiblement... Elle vit entrer Gabran entrer en scène, un frisson la parcourut. Il portait à sa lance un mouchoir de son épouse, bien évidemment. Mais c'est elle qu'il regarda. Ses pupilles croisèrent celles de la jeune fille, un frisson la parcourut à nouveau. Elle baissa la tête, elle ne voulait pas que les autres spectateurs réalisent ce qu'il se passait. Alors que le combat commençait et que la jeune femme voulait rester concentrer sur ce qui arrivait, qu'elle retenait son souffle, Sorcha s'adressa à elle. Oui elles n'avaient pas discuté depuis un certain temps et ce n'était pas plus mal... Pourquoi y remédier... ? Les cavaliers s'élancèrent et tombèrent au sol...Isallys n'aimait pas ce genre de combat, son cœur battait bien trop fort. Sorcha lui demanda alors si son intégration se passait bien. Elle détacha son regard de la joute pour lui répondre.

« Très bien merci. Votre famille est des plus accueillante je dois dire. J'espère que ma présence ne vous importune pas Milady. »

Le combat continuait, les épées se fracassaient...

Son voisin, virulant, n'hésitait pas à couvrir les insultes des gens autour d'eux. Eanna, calme, les mains posées sur les genoux le regarda du coin de l’œil. Ce n'était pas digne d'une femme de montrer ses émotions de cette façon, elle se contenta donc de froncer les sourcils mais surtout de fermer les yeux lorsqu'elle vit les deux chevaux commencer leur course. Jamais elle n'aurait dût venir, c'était une énorme erreur ! Son cœur de mère était beaucoup trop fragile pour supporter tant de violence. Elle avait crée cet être, elle l'avait vu grandir, avait aimé chacun de ses rires et le voilà maintenant, une jambe en moins sur un cheval lancé au grand galop contre un homme qu'on disait invisible. Eanna était tout simplement terrifié et elle n'avait ni sa fille, ni son époux pour la rassurer. La seule personne qu'elle avait été le monsieur à côté d'elle qui lui adressa la parole mais tellement plongé dans ses prières, qu'elle ne répondit pas tout de suite. Ainsi, elle se tourna vers lui pour lui demander ?

« Je vous demande pardon ? »

Puis, se souvenant de ce que son voisin venait de lui dire, elle prit une grande respiration. Bien sûr que son fils était courageux ! C'était SON fils pas le fils de n'importe qui !

« C'est un Dunegan. Mes enfants sont courageux, nous leur avons toujours inculpé cette force. Vous semblez bien présomptueux d'appeler ce Floki de cet façon. Il demeure un adversaire comme les autres, un homme parmi tant d'autres, une créature de Dieu. »

Sa voix était naturellement froide. Eanna était égale à elle-même d'autant plus qu'avec l'accent qu'avait son voisin : il ne venait pas des Eastern ou bien des Western. Elle n'était pas pour cette guerre mais suivrait les idées de son mari, de son laird.

« Vous semblez néanmoins bien le connaître, vous semblez même l'apprécier alors que sa réputation le précède sur toute la sainte terre d'Ecosse. Je suppose que chaque être mérite d'être aimé pour ce qu'il est. Même si cela veut dire aimer un tueur d'Ecossais. »

Pour les MacGuffin : Floki était prêt à tout. Il était prêt à se jeter dans les flammes de ce qu'ils appelaient l'enfer pour sauver les âmes de ces écossais. Ils avaient de la valeur à ses yeux, plus qu'il ne l'avouerait jamais. N'étant pas le genre d'homme à faire des discours, il préférait largement laisser son regard parcourir la foule à la recherche de la demoiselle. Pourquoi demander quand on pouvait chercher par soit-même ? Quand il trouva l'enfant qu'était Rhona, il fut soulagé de voir qu'elle était indemne. Floki se mit derrière elle, défiant ainsi quiconque de lui faire du mal sans que sa tête touche le sol une fois séparer de son corps. Il venait de quitter son frère, il rassura donc la demoiselle qui était tout aussi confiante que lui quant à l'issus de la joute. L'aîné de Gabran ne pouvait que gagner. Il n'était pas question que les Lowlands perdent face aux Western !

« C'est un jeune homme en pleine santé, robuste : il ne peut rien lui arriver si ce n'est des écorchures que ça dulcinée soignera à n'en pas douter. »

Il mit en garde la demoiselle de faire plus attention à elle, une personne de son rang ne devait pas se mêler ainsi parmi les gens sans en informer quelqu'un. Gabran tuerait probablement le Viking de ses propres mains si cela venait à arriver et on va dire que Floki n'avait pas envie de mourir de la main du Laird. L'adolescente affirma qu'elle n'avait pas peur car elle savait qu'il veillait sur elle. Rhona marquait un point mais tout de même. Un accident était si vite arrivé...

« Certes... Mais prévenez-moi la prochaine fois s'il vous plaît. Si vous ne voulez pas avoir mauvaise conscience de me faire du mal. »

Surenchérit-il en lui faisant un clin d'oeil et en ajoutant un sourire en coin. Il était tellement plus facile de parler avec elle qu'avec un adulte. Allez savoir pourquoi, Floki avait toujours réussit à détendre les muscles de son visage quand la jeune fille lui parlait. Peut-être car elle avait le même regard que sa fille. Alors que la joute allait commencé, il vit la demoiselle joindre ses mains ce qui le fit de nouveau sourire. Rhona aimait vraiment son frère et son frère lui rendait bien. Concentré sur la joute, sur la technique de Bearach, il entendit à peine la jeune femme lui parler. Il laissa donc un moment de battement le temps pour Floki de s'assurer que son élève allait bien :

« Il tient cela de votre père. »

Le Viking était sincère en disant ça, il n'y avait pas d'homme plus charismatique que son Laird et c'est peut-être pour ça qu'il le respectait autant. Une jeune femme à côté d'eux hurlait pour encourager Esras. Floki l'avait déjà rencontré durant des réunions entre clans.

« A n'en pas doutez, je suppose que c'est sa fille. Je trouve cela dommage que vous êtes dans l'impossibilité de soutenir ainsi votre frère.  »

Alors que les deux hommes repartaient de plus belle, Floki serra les dents jusqu'à ce que la lance de Bearach frappe le bouclier de son adversaire. Soulagé, il applaudit et se mit à sourire en voyant Rhona bondir de son siège.

« Milady, je vous propose de maintenant d'allez voir votre père avant que ce dernier ne rentre en lice.  »

Le Tournoi du Printemps était une institution en Ecosse et malgré la guerre tous les clans du pays se réunissaient pour jouter. Depuis que j’étais enfant j’avais eu la chance de venir souvent à cet évènement avec ma famille… Mais ce temps était révolu, rien de plus qu’un lointain souvenir. Mon père était mort depuis de très longues années. Mais aujourd’hui une autre perte venait endeuiller ma famille… Raghnall avait été assassiné, mon frère mort. Hilde se retrouvait mère d’un bébé et son père était mort. Ma mère n’avait pas supporté la perte de son ainé et l’avait suivi dans la tombe. Le pire dans cette tragédie c’est que je soupçonnais mon frère Brendan d’être l’investigateur de cette tuerie. Tuer son propre frère pour le pouvoir… Mon cœur était brisé en mille morceaux.
Mais je ne devais pas me laisser abattre, à présent j’attendais enfin un enfant. Mon bébé tant espéré était enfin là. Mais tout ne se passait pas comme prévu. Connor avait assez mal accepté la nouvelle, je savais qu’il ne se sentait pas encore prêt, mais je ne pensais pas à ce point. Il rejetait notre enfant, comme s’il n’en voulait pas. La situation était très difficile pour moi. J’aimais déjà cet enfant et j’aimais mon mari. Comment faire ? Peut-être finirait-il par se faire à l’idée de devenir père… Je l’espérais de tout cœur.

Le voyage avait été un peu chaotique. Connor avait voulu que je reste sur Skye avec sa mère. Il était hors de question qu’il participe à une joute sans que je sois présente. Si jamais le pire se produisait et que je n’étais pas là ?! Je ne préférais ne pas y penser.

Installée dans les gradins avec le reste des MacDonald qui nous avaient accompagnés, nous attendions le début de la joute de Connor. Il combattait contre un chevalier qui n’avait pas désiré divulgué son identité. Etrange. Nous les vîmes arrivés. Connor portait mes couleurs. Mon cœur battait fort, j’avais peur que quelque chose lui arrive. S’il était blessé ?! Ils s’élancèrent pour la première fois et je ne pus m’empêcher de fermer les yeux au moment de l’impact. Le bruit fut terrible mais quand j’ouvris à nouveau les yeux je vis les deux chevaliers encore sur leur monture retournant vers leur écuyer. Je soupirais de soulagement. Connor prit une nouvelle lance, leva la visière de son heaume et me regarda. Il allait bien pour le moment.

Ils s’élancèrent à nouveau, je portais une main à mon ventre qui commençait à s’arrondir. J’avais peur, j’étais terrorisée pour l’homme que j’aimais. L’impact fut encore plus fort mais Connor était encore en selle, son adversaire non. Qu’allait-il se passer maintenant ?!