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 ✜ dream your dream and live your life (Cailean)

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Cailean Findley
Cailean Findley

Western Highlands and islands

▷ MESSAGES : 522
▷ INSCRIPTION : 19/12/2012
▷ LOCALISATION : le nez plongé dans un vieil ouvrage
▷ ÂGE : 30 ans
▷ HUMEUR : soucieuse
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MessageSujet: ✜ dream your dream and live your life (Cailean)   ✜ dream your dream and live your life (Cailean) EmptyVen 21 Déc - 22:14

Cailean Findley
“You don't have a soul. You are a soul. You have a body.”
nom ✘ Findley. prénom ✘ Cailean. clan ✘ MacNeil, le clan Findley ayant succombé aux MacNeil il y a de cela plus de vingt-huit ans. âge ✘ 30 ans. statut ✘ officiellement célibataire, et ce qui se passe entre ses draps ne regarde que lui-même. famille ✘ fils de Aramir Findley († 1095) et de Grizel Findley, née Boyes († 1095) métier/rang ✘ Mestre qui n'en possède pas réellement le statut, il est en quelque sorte l'érudit au service du clan MacNeil. Histoire, médecine, mesure des jours et écriture, ses connaissances n'ont de limite que celles que son cerveau lui donne. qualités ✘ intellectuel, aimant, raisonné, patient, curieux, posé, attentif, stratège. défauts ✘ sensible, pointilleux, rancunier, jaloux, fouineur, fragile, narcissique. loyal envers ? ✘ le clan MacNeil avant tout. groupe ✘ Western Highlands and Islands. avatar ✘ B.Whishaw le brave.


QUE PENSES-TU DE CETTE GUERRE ? Qu'elle est nécessaire ? Voilà la pensée qui vient à l'esprit de chacun, lorsqu'il entend cette question, pour peu qu'il soit censé. Nécessaire, elle l'est peut-être, sûrement même, mais je pense surtout qu'elle fait bien trop de victimes pour une cause qui n'en vaut peut-être pas tellement la peine, au fond. La course au trône, la route vers le pouvoir et la puissance, une occasion pour anéantir les clans perturbateurs, et rallier les autres à une cause peut-être perdue d'avance. Jouissant d'un savoir plutôt important en ce qui concerne le passé de cette guerre, je ne peux que déplorer les lourdes pertes humaines qu'elle a pu causer au fil des ans, et qu'elle continue d'occasionner. Une guerre nécessaire, mais réellement juste ? J'en viens à penser que non, que ce sont les plus honnêtes qui perdent en premier, et que personne n'en ressortira vainqueur à la fin. Pour autant, en tant que conseiller des MacNeil, je ne puis les inciter à stopper le massacre. A quoi bon ? Baisser les armes serait signer la perte de bien plus d'hommes et de femmes, un sort que je ne souhaite à personne. Me reste alors l'espoir d'éviter quelques massacres, et de voir l'avenir du clan emprunter une route plus judicieuse et moins dangereuse.
TU CROIS AUX LÉGENDES, À LA MAGIE ? Il est dit que chaque légende possède un fond de vérité. Il est dit que dans l'ombre, nombreuses sont les créatures qui veillent sur nous et suivent chacun de nos pas. Il est dit que la magie existe en chacun de nous, qu'il suffit d'y croire pour qu'elles se manifestent. Ces légendes existent depuis toujours dans le coeur des gens, qui serais-je alors si je songeais à les réfuter ? Je suis un homme de savoir, certes, mais je n'exclus pas la véracité de toutes les histoires qui parsèment notre belle Écosse, bien au contraire. Quel enfant n'est pas parti à la recherche des Brownies ? Qui n'a jamais imaginé être guidé par les feux follets ? Bonnes ou mauvaises, ces légendes alimentent notre monde, et ce serait avoir l'esprit bien trop fermé que de vouloir les oublier.
DES GOÛTS ET DES COULEURS, IL NE FAUT DISCUTER La compagnie des livres est un plaisir que j'aime m'offrir depuis maintenant maintes années. Glisser mes doigts sur ces pages mordues par le temps, observer les douces lettres calligraphiées recouvrir la surface beige de ces quelques feuillets, rêver à la lecture des mots et des aventures qui les parsèment... Il n'y a rien de comparable. Qu'il s'agisse de découvrir de vieilles légendes ou de fouiller dans le passé du Clan à la recherche de quelques informations, je ne rechigne jamais à passer dans la salle des Archives. La musique est un Art que j'apprécie particulièrement, tout comme j'aime écouter les ménestrels lors des banquets. Bien qu'ayant quelques connaissances à leur sujet -et bien moins de pratique, si j'ose avouer-, les arts de la guerre ne font pas partie de mes priorités. Défini comme un homme de savoir, je préfère les laisser à d'autres qui en font certainement un bien meilleur usage que moi.
ET DANS DIX ANS ? Toujours en vie, au service du clan MacNeil ? Le présent demande suffisamment d'attention pour que je puisse songer à me projeter dans un avenir aussi éloigné. La Guerre faisant toujours rage sur les terres d’Écosse, qui sait ce qui pourrait advenir de nous d'ici quelques mois ? Dans le meilleur des cas, j'imagine que d'ici quelques années, je deviendrai le Mestre de la famille MacNeil, et prononcerai alors mes voeux, abandonnant mon nom pour me consacrer uniquement au service du Clan. Une vie d'érudit, à diffuser savoir et connaissances à qui le demande, une vie juste, en somme. Et dans le pire des cas... je préfère ne pas y songer.

© will o' the wisp


Dernière édition par Cailean Findley le Dim 23 Déc - 12:35, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: ✜ dream your dream and live your life (Cailean)   ✜ dream your dream and live your life (Cailean) EmptyVen 21 Déc - 22:15

Une vie, une histoire
Dream in a pragmatic way.

Je ne suis personne. Dans l'immensité des plaines qui vallonnent les Highlands, je suis ce souffle de vent indicible mais silencieusement présent. Je suis cette légère brise qui souffle malgré l'adversité, ce nuage perdu quelque part au fond d'un ciel trop blanc. Je suis ce courant d'air qui chatouille chaque parcelle de votre visage, je suis cette feuille qui vole au gré du vent. Je suis ce brin d'herbe caché au milieu de milliers d'autres, cette singularité reprise par tant d'autres, cette originalité qui n'a d'unique que le nom. Je suis partout, et nulle part à la fois. Je suis cette herbe folle, qui tente de dépasser ses pairs pour exister, je suis cette branche qui s'agite inlassablement, ce fin rameau qui menace de se briser au moindre à-coup. Je suis le dernier chiot de la portée, laissé pour compte alors que l'enfer se refermait autour de mes pairs. Il est dit que dans les montagnes qui bordent les Highlands, il existe une race particulière de chiens sauvages. Avides d'un territoire toujours plus grand, ils ne se cantonnent pas au leur, et cherchent à l'agrandir toujours un peu plus, force de batailles contre les canidés vivant près de leurs frontières invisibles. Certains voyageurs racontent avoir déjà croisé les charognes de quelques chiens laissés à l'abandon par leur meute, préférant se défaire des éléments inutiles, probablement. D'aucun disent que lorsqu'ils gagnent une bataille, les mâles s'empressent de partir à la recherche des nouveaux-nés des vaincus pour les tuer aussi sèchement que la mère qui les aura mis à bas. D'autres, que les chiots sont épargnés et recueillis par leur nouvelle famille. Ni les savants ni les érudits n'ont su démêler le vrai du faux de ces histoires, si bien que les deux versions continuent de gonfler les murmures de ceux qui osent s'y intéresser. Si les histoires de la faune animale n'intéressent pas tous les villageois que l'on peut croiser au fil d'une vie, il est intéressant de voir combien leur comportement est semblable à celui du monde humain. Et dans ce monde, moi, je ne suis personne. Ni un enfant vivant auprès de ses parents, ni une âme épargnée par l'horreur de la guerre. Simplement le dernier des héritiers Findley, branche brisée après une attaque incertaine. Cailean. Chiot orphelin recueilli par la bonté d'une main miséricordieuse.
Mais qui pourrait ne pas se laisser enflammer
par le regard de feu des yeux de Théoxène
Quand je vois ce garçon jeune et frais, plein de charme,
sa grâce me fait fondre comme cire au soleil
Pindare
Cailean, 11 ans
Dans mon dos, j'entends le bruissement de la robe de bure de Mestre Eandrir, à mesure que ses foulées rapides le rapprochent inconditionnellement de moi et, pourtant, je ne ralentis pas la cadence, bien décidé à ne pas tomber entre ses mains froides. Il souffle, je l'entendrais presque pester silencieusement dans le couloir, et un rapide coup d'oeil en arrière confirme ma pensée : il n'est décidément pas ravi de me voir filer de la sorte, alors que je devrais être en train d'étudier. « Vas-tu enfin t'arrêter et te décider à me suivre, petit garnement ? » Croisant malencontreusement son regard, je déglutis et me retourne derechef, accélérant la cadence tout en resserrant le manuscrit contre mon torse frêle. Une vieille encyclopédie contenant d'anciennes légendes partiellement oubliées -voilà le tribut que je ne veux lâcher pour rien au monde. Pour autant, aujourd'hui, ce ne sont pas les histoires que nous devions étudier, ni même l'écriture ou la lecture, mais une branche bien moins intéressante de ce qui devrait constituer mon éducation, une branche que je m’attèle à mordiller dès que je le puis pour qu'elle finisse par céder définitivement, et me laisser grandir sans avoir à en porter le fardeau. Une lourde épreuve, un malheur que je souhaite à tout prix éviter ? Oui et non, un peu en quelque sorte. Cette calamité porte un nom que je cherche encore à comprendre aujourd'hui, et recèle de bien trop d'interrogations pour que j'en puisse en saisir toute la complexité. Mes pas résonnent sur le carrelage du long couloir et, à ce rythme là, j'imagine que j'en arriverais bientôt au bout. Pour déboucher sur quelle pièce ? Je n'en ai pas la moindre idée. Je connais à peine cette aile, ne l'ayant traversée peut-être qu'une fois ou deux, lors d'une escapade singulière menée avec mon ami de toujours, Aindreas, fils aîné du clan MacNeil. Un léger rire m'échappe à cette pensée, et je manque d'en faire tomber le précieux ouvrage que je tiens dans mes bras. Dans mon esprit, je revois encore ses yeux brillants d'excitation, sa voix pressée lorsqu'il était venu me chercher, persuadé qu'il était d'avoir vu un Brownie s'aventurer dans le domaine. Nous avions couru, fouillé chaque recoin du château, regardé sous chaque table de chaque salle, été jusque dans les tréfonds des sous-sol, mais nous étions revenus bredouilles, couverts de poussières, de terre et de suie, mais le regard pétillant de l'aventure que nous venions de vivre. Une pure partie de plaisir comparée à la torture qui m'attend... J'ose à peine songer à ce que Mestre Eandrir dirait de moi, s'il m'entendant penser, et j'ai à peine le temps d'y penser qu'une haute porte sombre se dresse devant moi. Dans mon empressement, j'ai failli foncer directement dedans et, ni une ni deux, je m'empresse alors d'en saisir la lourde poignée de fer, tentant aussitôt de l'ouvrir de mes maigres forces. Mais j'ai beau pousser de tout mon corps sur la surface de bois brut, rien n'y fait -elle est fermée, et le restera pour un bon moment, je crois. Quel est l'intérêt de terminer un couloir par une porte close ? Je n'en ai pas la moindre idée et, à vrai dire, la vue de mon bourreau à quelques mètres m'ôte toutes pensées de la tête. Mon dos cogne contre le mur et je resserre instantanément l'ouvrage poussiéreux contre moi. Des échappatoires, il ne m'en reste plus tellement à présent, et la voix du Mestre s'élève à nouveau dans l'air, douce mélodie d'un instant que je redoutais un peu trop. « Cailean, mon petit, ne t'avise pas de t'enfuir à nouveau, je ne puis me permettre de passer autant de temps à te poursuivre au lieu de t'éduquer. » Dans son regard miroite une légère once de sévérité mais, intérieurement, je sais qu'il ne m'en veux pas réellement. De tous les adultes que je côtoie, il est l'un des plus calmes, des plus savants et des plus compréhensifs. Un véritable modèle, un homme honnête à tous niveaux, peut-être le genre d'homme que j'aimerais devenir un jour, si l'on me posait la question. Je baisse alors les yeux, observant sans vraiment le voir le carrelage clair qui luit à mes pieds le temps que Mestre Eandrir s'arrête près de moi. Me dépassant de toute sa hauteur, je me sens encore plus petit que je ne le suis, ce qui ne m'empêche pourtant pas de lever la voix face à cette injustice qui me comprime les poumons. « Pourquoi chercher à comprendre les préceptes d'un Dieu qui n'existe même pas ? » J'imagine qu'en énonçant à voix haute le fond de ma pensée, j'ai définitivement touché le fond, mais je ne peux m'empêcher de creuser encore et encore, comme pour signer ma propre perte. « S'il existait vraiment, s'il nous observait vraiment, pourquoi a-t-il tué mes parents ? Pourquoi ne les a-t-il pas sauvés ? » A mes oreilles, ma voix ne sonne que comme une complainte d'animal blessé et, même si elle est bien fluette et bien peu sûre d'elle dans ce silence, je suis certain qu'elle est parvenue jusqu'aux oreilles du Mestre. Les secondes s'étirent avant qu'il ne prenne la parole, probablement parce qu'il réfléchissait à ce qu'il allait répondre. "L'homme de savoir ne doit pas se contenter de laisser couler ses connaissances, mais doit les doser pour qu'elles parviennent sans encombres jusqu'au rivelet de celui qui le questionne". Voilà ce qu'il répète régulièrement. Toujours réfléchir avant d'ouvrir la bouche, peser ses mots, et ne pas se laisser déstabiliser par ce que l'on ne connaît pas. Être curieux de nature, poser les bonnes questions, savoir s'intéresser de tout ce qui peuple le monde... Une lourde tâche que seul quelques uns parviennent à remplir habilement, j'imagine. Sa robe de bure se froisse à nouveau, et du coin des yeux j'aperçois sa main qui se lève vers moi. Instinctivement, je sens mes épaules se replier sur elles-même, alors que mes yeux se ferment aussitôt, n'osant alors s'ouvrir qu'en sentant la pression sur mes épaules. Un regard, interrogatif, vers le visage de leur propriétaire, et j'aperçois cette expression indescriptible qu'il affiche parfois. De la tristesse, de la compassion... Je ne sais pas vraiment, le sens de certains de ces mots m'échappe encore, à vrai dire. La pression se fait plus certaine et, devant moi, Mestre Eandrir s'agenouille pour se mettre à ma hauteur. Ses yeux bien trop clairs me cernent, ils m'enveloppent et semblent lire en moi comme dans un livre ouvert, ouvrant sans difficulté la couverture de cuir émacié qui entoure mes pensées. « Ce n'est pas à moi de te dire en qui croire, dans ce monde, Cailean, ni à moi de te forcer à adhérer à ses propos. La religion fait partie des savoirs que tu dois connaître, ne serait-ce qu'un peu. » Une pause. Légère, mais néanmoins soutenue. Mon regard se perd au milieu du sien, et je me sens rétrécir au fond de mes sandales en cuir. « Ne cherche pas à blâmer une entité supérieure pour la mort de tes parents, et sois plutôt honoré d'être encore en vie, aujourd'hui. Tamhas MacNeil t'offre une vie décente et honorable, alors honore son choix, et suis tes leçons, veux-tu bien ? » Des sourcils haussés au dessus d'un sourire vivant malgré les années qui ont eu raison de lui. Je sens la couverture de cuir glisser sous mes doigts, à mesure que je serre et desserre le livre dans mes doigts. Mon geste n'a pas du échapper à l'oeil attentif de Mestre Eandrir, qui s'empresse d'ajouter quelques mots à mon attention, parvenant à me redonner le sourire alors qu'il se redresse. Finalement, c'est d'un pas bien moins contraint que je me dirige vers la chapelle du château, non sans avoir gardé mon recueil avec moi. Mestre Eandrir m'accompagne, attentif, alors que je pense à la suite de la journée plutôt qu'aux quelques heures qui vont m'ennuyer avant cela. « Je te ferai lire d'autres légendes si tu suis correctement cette leçon, es-tu d'accord ? » C'est un secret. Un secret bien gardé entre Mestre Eandrir et moi. Il m'a raconté que d'autres Mestres sont bien rétiçants face à ces "histoires du peuple", et qu'ils accepteraient à peine de les laisser lire aux enfants. Mais c'est un secret. Un secret que je protège avec attention. Ces histoires peuplent le monde, et ce sont elles qui le rendent acceptables aux yeux de ces mêmes enfants.
il n'est pour moi qu'un être au monde
le beau Myscos, point de mystère
et tout le reste m'indiffère
Méléagre
Je suis la pensée impure. Je suis ce grain de gravier au milieu d'un rouage trop parfait. Je suis l'idée qui dérange, celle qui s'insinue dans votre esprit pour s'y forger une place de choix, et ne jamais vouloir en être délogée. Je suis l'arbre debout au milieu d'une forêt sans nom, je suis le sapin sans épine planté dans une étendue de neige. Enfant de l'ombre, je n'ai ni attaches, ni passé, ni famille vivante en ce bas monde. Silhouette vagabonde façonnée par le temps, je suis la flamme qui danse dans l'antre des maisonnées, je suis la chaleur rassurante qui emplit les foyers, je suis la fumée qui s'échappe des quelques cheminées du village. Parfois vivant, parfois glacial, je suis le feu qui enserre, le feu qui étouffe, le feu qui consume de l'intérieur. Je suis l'image qui répugne et fascine à la fois, je suis celui qui sait mais qui ignore tout. Détenteur d'un savoir à la portée d'une poignée de personnes, je noie mes idées derrière des barrières imprenables, je tente d'oublier ces idées désordonnées pour mieux y penser la minutes d'après. A la merci de mes propres besoins, je ne puis me résoudre à aller contre mes sentiments, à oublier cette part de moi-même pour ne me consacrer qu'à une recherche interminable de savoir. Au service d'un clan jusque dans les plus sombres retranchements, je renie les valeurs acquises par de nobles familles par ma simple présence. Pupille orpheline d'un roi qui eut trop de coeur sur le champ de guerre, j'honore bien trop peu sa mémoire, et sûrement encore moins celle de mes parents. Je suis un souffle de vent une nuit de grand froid. Je suis un courant d'air qui gêne, juste une poignée de sentiments refoulés.

Aindreas & Cailean, 24 & 26 ans
Je ne sais plus à partir de quel moment mon regard a commencé à changer lorsque je l'apercevais, de quel moment mon coeur a accéléré la cadence lorsque je le voyais, ni de quel moment mon souffle s'est brusqué lorsqu'il advenait que son corps me frôlait. Rien de moins qu'un ami. Un égal. Presque un frère. Celui avec qui j'avais passé toute ma vie. Celui qui avait partagé avec moi toutes ses pensées, toutes ses aventures, toutes ses découvertes. Moi pour toi, et toi pour moi, n'est-ce pas ? Héritier des MacNeil, le fruit défendu, l'amant hors de portée. Est-ce souiller son image que de porter à son égard des sentiments qui dépassent le stade de l'amitié virile et honnête ? Parce qu'il ne s'agit sûrement que de ça. De sentiments malvenus, de pensées impures et indélicates nourries envers un homme qui n'en avait nulle conscience. Un ami. Tout ce qu'il était, et tout ce qu'il aurait du rester pendant ces nombreuses années. Nous étions trois, unis comme les doigts de la main, pourquoi les choses auraient-elles du changer ? Un serment. Quelques mots soufflés sur un air de chevalerie à dix ans à peine. Des épées de bois qui s'entrechoquent, de folles courses dans les champs de dryas, des heures encore plus longues passées à explorer le château de fond en comble, à parler de tout et de rien, à s'amuser de la vie, tout simplement. Aindreas, Eremon, et moi-même. Trois têtes candides, trois enfants perdus dans l'immensité du grand monde, trois amis unis envers et contre tout. Parfois, j'en viens à regretter cette période d'innocence et de naïveté. Les choses étaient beaucoup plus simples, les pensées bien moins confuses, et les sentiments bien moins obscures. Je me suis longtemps demandé si j'étais quelqu'un de foncièrement différent. Si je ressentais les choses différemment à cause de ma non-appartenance à cette famille. Etais-je souillé de naissance ? Etais-je réellement un enfant impur, un rebut digne du malin, uniquement capable d'enfanter des idées obscènes ? Jeune homme de savoir, j'aimais à penser que je n'étais pas un homme de religion, mais que celle-ci pouvait déclarer ma propre perte, d'après les dires de certains textes. Connaître les versets de ces histoires pieuses sans les cautionner, devenir le plus impie des prêcheurs rien qu'en osant y jeter un coup d'oeil. Dérangé, déréglé, débauché. Lire certaines choses sans y croire, tenter de refouler des faits qui nous envahissent de l'intérieur. Est-ce un crime de vouloir accepter ce que son coeur a à offrir sans restriction, oser mettre des mots sur des sensations exacerbées en sa présence. Remarquait-il alors le sourire qui éclairait mon visage, l'éclat de mes yeux lorsqu'il m'adressait quelques mots ? Faire taire son coeur, ne rien oser dire à haute voix et jamais, au grand jamais, oser à l'encontre des principes de l'être aimé -une règle écrite pour être transgressée.

Autour de nous, les verres claquent et s'entrechoquent, faisant couler l'alcool à flot au dessus des lourdes tables de bois. Un banquet organisé en l'honneur de quelques chasseurs dont le nom m'échappe toujours, voilà ce qui agite et enchante les convives en cette belle soirée de printemps. Des prises magistrales, et une bataille gagnée récemment, que demander de plus en ce bas monde ? Visiblement rien pour le moment, à en voir les expressions fraîchement ravies qui éclairent le visage de biens des hommes ce soir, et en particulier celle de mon très cher voisin de table. Une ambiance chaleureuse, quelques ménestrels entonnant leurs nouvelles chansons écrites pour l'occasion, des plaisanteries qui foisonnent entre les mets de choix servis à température exquise - Eremon n'est pas loin, et les rires fusent autant que les taquineries qu'il acclame. Une soirée plus qu'agréable, en somme, à laquelle je suis doublement ravi de participer, ayant passé une journée plutôt interminable à ordonner et classer les longues archives qui contiennent l'historique du clan MacNeil. De nombreuses choses découvertes en les lisant mais qui pourtant m'échappent actuellement, le vin ne favorisant pas particulièrement ma concentration ce soir. A combien de verres en suis-je ? Quelques uns, je ne suis plus vraiment le compte, retrouvant mon verre plus souvent plein que je ne le pensais. Un sentiment de joie qui m'envahit, une chaleur bien loin d'être désagréable, et rejoindre cette harmonie rieuse sans attendre se fait tout naturellement. Mon sourire n'est pas feint, cette bonne humeur encore moins et, pour une fois, je n'ai pas à me soucier de ce que peut afficher mon visage lorsque mon regard croise le sien. Suis-je aussi désintéressé à son égard ? J'aimerais croire que oui, mais la vérité est toute autre. Maintes fois je me suis imaginé lui faire part de ce qui meurtrit mon coeur, maintes fois j'ai pensé à lui avouer ce qui torturait mes pensées. Quelques mots. Un murmure. Un soubresaut de vérité, et ce serait vingt-six ans d'entente qui voleraient en éclat. A quoi bon détruire une entente aussi cordiale ? Je n'ai pas mon mot à dire dans cette histoire, je n'ai qu'à continuer d'occuper cette place qu'on a bien voulu m'offrir.
Je ne sais combien de temps nous avons festoyé, combien d'heures nous sommes restés à savourer les multiples plats, à nous amuser comme de bons vivants, et à simplement apprécier le moment présent. Une soirée sans ambages, quelques heures où nous avons pu oublier l'horreur de la guerre, le temps de quelques chansons et d'autant de mets, et d'apprécier la compagnie de nos pairs. Les verres ont fini par se vider, les convives à se séparer, et je crois que quelque part entre les deux, j'ai du décider de raccompagner Aindreas vers ses appartements, ou alors Mestre Eandrir m'en a donné l'idée, j'avoue que je ne me le rappelle pas. Toujours est-il qu'après quelques dernières plaisanteries, nous voilà en route à travers les couloirs, tentant tant bien que mal de garder une allure décente malgré l'alcool qui imbibes chacun de nos pas. Si son état ne l'aide pas réellement à marcher droit, le mien n'est pas en reste, bien au contraire. J'aime à croire que l'alcool ne se lit pas aussi facilement sur mon visage que sur le sien mais, au fur et à mesure de notre progression, ma conviction s'effrite pour ne devenir qu'un tas de poussière futile balayé par nos sandales. Des éclats de rire s'échappent spontanément de nos lèvres à la moindre pensée, ponctuant notre épopée d'autant de débris d'allégresse. A-t-on cogné quelques murs avant d'arriver jusqu'à la porte de sa noble chambre ? Je crois bien que oui -ou du moins je pense que nous les avons frôlés de bien trop près. Arrivés à destination, je sens son corps se poser sans ménagement près de l'encadrement de porte, son bras glissant lentement depuis mes épaules, non sans m'arracher un frisson que je ne puis réprimer. Suivant son ascension des yeux, je le fixe quelques secondes, observant ses épaules se hausser et se baisser en suivant la cadence d'un rire loin d'être silencieux silencieux, avant que sa main se glisse sur son visage, essayant probablement de réveiller quelque peu cette peau un peu trop endormie. Je me détourne vers la porte, prenant quelques secondes avant d'enfin réussir à ouvrir la porte, prêtant une oreille trop attentive aux profonds soupirs qui s'échappent de sa gorge. Un, deux...trois. Mon visage se tourne alors vers lui, mes yeux croisant aussitôt l'expression un brin trop sérieuse qu'il affiche, mes sourcils se fronçant alors que le reste de mon corps se tourne vers lui. Son regard profond me transperce de part en part, et j'ai à peine le temps d'entrouvrir la bouche qu'il éclate de rire, ne me laissant d'autre choix que de répondre au sien. Nous restons comme ça pendant quelques secondes, quelques minutes peut-être, avant que nos épaules se calment, et que la porte grince lourdement près de moi. Une inspiration, brève, et ma main essuie distraitement la petite goutte d'eau qui commence à perler au coin de mes yeux. « Et bien, Lord MacNeil, il me semble que votre suite vous attend. » Fausse révérence un peu trop appuyée en direction de ses appartements, et me voilà qui m'approche de lui, murmures rieurs, pour retrouver la place qui était la mienne, et l'épauler jusqu'à l'intérieur. Un léger grondement de protestation s'échappe de ses lèvres, mais j'y prête à peine attention, me contentant de pouffer de rire - une habitude un peu trop ancrée, noyée sous l'apanage de l'alcool délicat. Je m'arrête à peine la porte passée, lui jetant un regard interrogatif du coin des yeux, jaugeant de sa capacité à rester debout sans mon aide, et lui laisse quelques instants, le temps qu'il reprenne ses esprits, avant de le relâcher doucement, non sans laisser glisser un petit soupir de soulagement. En quittant la table, ce soir, je m'étais demandé si nous allions arriver jusque là, imbibés que nous sommes - finalement, voir que c'est bien le cas me rassure et m'apaise quelques peu. Je me redresse alors, époussetant gauchement ma tunique, alors qu'il semble absorbé dans la contemplation de la pièce. « Bien, je crois qu'une bonne nuit de repos nous fera le plus grand bien ! » Une brève salutation à son égard, assortie d'un sourire, et je me détourne de lui, m'apprêtant à me diriger vers la lourde porte de bois. « Attends... » Sa main agrippe mon poignet, et mes yeux n'ont d'autre choix que de fixer indiciblement ses doigts serrés autour de ma peau, avant de remonter lentement vers les siens. Attendre... Pourquoi ? La question me traverse l'esprit, mais le regard que je croise alors l'enfouit bien trop profondément en moi pour que je puisse songer à la poser. A-t-il seulement conscience de l'assurance qu'il dégage, de l'air indescriptible qu'il affiche, de cette gravité dissimulée derrière les nimbes d'alcool ? A-t-il seulement conscience de l'effet qu'il me fait...? Mon pouls accélère, je le sens faire battre mon sang à tout rompre, cognant sourdement contre mes tempes, alors que sa poigne se resserre doucement, et que son corps s'approche du mien. Songer à reculer ? Je crois que je l'ai fait, l'espace de quelques pas peut-être. Mais comment songer à mettre fin à une scène dont je songe depuis bien trop de nuits déjà ? Goûter à l'interdit, glisser ses doigts sur un pêcher réprimé, et briser les chaînes de ces préceptes castrateurs. Qui suis-je pour le laisser agir de la sorte ? Pour profiter du sort d'un homme guidé par les nombreux verres de vin qui ont arrosé sa soirée ? J'aime à croire que c'est l'alcool qui m'a poussé à baisser autant les barrières et m'a incité à accepter ses avances mais, intérieurement, une petite voix me souffle seconde après seconde qu'il s'agit là du plus beau des mensonges. Mon pauvre coeur n'en peut plus de battre contre ma poitrine, à mesure que son souffle rauque cogne contre mon visage, qu'il parcourt trop lentement de ses yeux avisés. Face à lui, j'ose à peine bouger le petit doigt. Marionnette aux fils trop lestes, je suis à sa merci, suivant silencieusement chacun de ses gestes avec une attention bien trop particulière. Son visage trop près du mien m'empêche de réfléchir à nouveau, son souffle chaud anéantit chacune de mes tentatives d'y voir clair à nouveau et, alors qu'il redresse à nouveau ses yeux vers moi, son regard me glace autant qu'il m'embrase. Le moment est fourbe, sombre, silencieux et charnière entre le monde honnête et le monde des interdits. Sa main libre glisse sur ma joue, m'arrachant le plus délicieux des frissons, et ses lèvres finissent par s'écraser sur les miennes avec toute l'impétuosité dont elles sont capables. Un soubresaut, un frisson, un gémissement, avant que mes mains viennent d'elles-même s'agripper à lui et que nos soupirent se mêlent. Et, dans le silence d'une pièce qui enferme notre pêché, nous passons la nuit à nous noyer dans la concupiscence d'un acte bafoué, sous les yeux d'un dieu auquel je ne crois pas.
Depuis le jour que je le perdis, je ne fais que traîner, languissant ; et les plaisirs mêmes qui s'offrent à moi, au lieu de me consoler, me redoublent le regret de sa perte. Nous étions à moitié de tout ; il me semble que je lui dérobe sa part. J'étais déjà si fait et accoutumé à être deuxième partout, qu'il me semble n'être plus qu'à demi.
Je suis l'esprit du malin. Je suis la tentation enfermée dans un seul corps, la petite voix fluette qui vous incite à commettre des actes répressifs. Je suis cette pensée obscène, ces images qui se greffent à votre esprit sans que vous ne le demandiez. Je suis le serpent qui vous guide jusqu'au bord d'une falaise, la main loin d'être innocente qui vous fait basculer par dessus bord, le vagabond qui vous regarde tomber en riant de haut. Je uis la chute, le déclin, l'anéantissement de tout ce qu'il peut y avoir de bon chez un homme. Je suis le chemin de l'interdit, la barrière que vous avez envie d'escalader, les biscuits que vous rêvez de dérober à l'abri des regards indiscrets. Je suis l'ombre et le silence, le masque blanc qui cache un visage marqué par ses excès. Je suis la chair attaquée jusqu'à sang, je suis la plaie purulente qui s'envenime et qui éclate, je suis la toxique qui ronge petit à petit chaque parcelle de votre corps. Mauvais. Je suis tout ce qu'il y a de plus mauvais sur cette Terre, à en croire par les versets de ce livre religieux connu et accepté par bien trop de personnes en ce bas monde. Je suis le mal, l'impur, le déchu. Je suis le savoir, glissé entre les mains d'un impie qui ne le mérite pas, je suis la tête qui finira un jour plantée sur une pique. Je suis le vice caché derrière un visage avenant, je suis le sourire qui étincelle la journée pour mieux nourrir sa débauche quand vient la nuit. Je ne suis que la perversion, le penchant sordide, la corruption charnelle et l'égarement spirituel. Homme d'interdit malgré ses savoirs, je fait naître un danger que je suis bien loin de maîtriser, et qui aura très certainement raison de nous un beau jour. Erudit loin d'être aussi honnête qu'il le devrait, je porte le mensonge et la déliquescence dans chacun de mes pas. Je ne suis personne. Je suis la pensée impure. Je ne suis qu'un homme parmi tant d'autres.

Cailean, 30 ans
Le bruissement d'ailes des corbeaux de la roukerie m'apaise autant qu'il me fascine. Autour de moi, une quinzaine de corbeaux messagers, peut-être un peu plus ou un peu moins, certains d'entre eux ayant été envoyés vers les Lowlands il y a quelques jours. J'en attrape docilement un, refermant soigneusement la cage de bois derrière lui, et laisse mes pouces parcourir soigneusement son doux plumage. Un roucoulement fait vibrer son corps entre mes doigts, m'arrachant un fin sourire alors que j'attrape d'une main un petit parchemin que j'enroule autour d'une de ses pattes. Un message, une missive. Quelques mots destinés à un clan parmi tant d'autres, autant de phrases qui n'auront peut-être pas l'effet escompté. Comment savoir à moins d'essayer ? Cette guerre se travaille tant sur le terrain que par les airs et, si les épées s'entrechoquent au sol, les alliances menées dans l'ombre d'un corbeau peuvent parfois sauver plus d'un homme. Reste à savoir accorder sa confiance à ceux qui le méritent -et surtout ceux qui ne nous trahiront pas la minutes d'après. Mes doigts enroulent avec la même délicatesse un léger fil de laine autour du parchemin, le refermant précieusement comme s'il contenait le sort du clan MacNeil tout entier, ce qui est quelque part le cas j'imagine, enfin à une échelle bien moindre. Bien qu'étant toujours un mestre novice, mes responsabilités sont somme pour toute aussi importantes que celles de Mestre Eandrir, qui ne faiblit jamais face à sa tâche, malgré son âge grandissant. Déceler le vrai du faux, fouiller dans l'histoire pour en dénicher des évènements qui pourraient nous aider, aiguiller le chef de famille quant à ses choix politiques lorsqu'ils s’enquièrent de notre avis... Comment vivre honnêtement en ayant le poids de la vie de milliers de battants sur la conscience ? Il est des hommes qui se sortent habilement de cette noble tâche, sûrement bien mieux que moi, j'imagine. Rechignant silencieusement à cette pensée, je porte la silhouette de l'oiseau près de mes lèvres, lui glissant quelques mots alors que mes pouces reprennent leur lente valse sur ses plumes. « Tu sais où le vent doit te porte... Ne te perds surtout pas en route, et ne te laisse pas distraire par quelques mauvaises proies. Je sais que tu en es capable, tes plumes sont plus belles et plus vigoureuses que celles de bien d'autres de tes frères. » Un murmure. Rien qu'un murmure destinée à rassurer un animal pourtant habitué à parcourir ces longs kilomètres. Suis-je aussi bête pour m'adresser de la sorte à des êtres qui n'y comprennent probablement rien ? J'ose à penser que non. Il est aisé de voir à quel point ces mêmes animaux sont capables de transcender leur limites lorsque la situation le demande, et combien ils regorgent d'un potentiel dont nous n'avons aucune conscience. Peut-être me comprend-il alors. Peut-être mes mots réussissent à toucher ce petit coeur frêle, et à lui insuffler un courage et une certitude dont il était jusque là démuni ? J'aimerais en avoir la certitude, mais tout ce que je puis faire, c'est placer ma confiance en cette paire d'ailes sombres. Toujours avec la même lenteur, mes pas nous portent tous deux vers l'ouverture donnant vers l'extérieur et, dans un bruissement agité de plumes, mon messager s'envole vers les cieux sans un retour en arrière. Silencieusement, mon regard suit son avancée rapide, se laissant divaguer vers les étendues vertes et colorées qui entourent le château sitôt l'animal disparu dans la blancheur du ciel. Quand j'y songe, je revois encore l'expression qu'il avait affiché ce matin-là, cette lueur dans ses yeux, cette main qui s'était éloignée brutalement de moi. Ne me touche pas. Nul besoin de le hurler, ni même celui de le formuler à haute voix, son silence avait eu le même effet, empirant peut-être la situation plus qu'elle ne l'était déjà. Si sur le coup cette nuit passée dans ses draps s'était avérée plus que délectable, le retour plus que douloureux à la réalité lui avait offert un arrière-goût bien amer. Une confiance brisée, une amitié saccagée à cause d'une histoire de coucherie dont nous avions été victimes. Victimes... Si seulement. Son aversion à mon égard les jours suivants n'avait fait que naître un désagréable sentiment de culpabilité en moi. Je n'avais récolté au fond que ce que j'avais bien voulu semer au fil du temps - la douleur d'avoir causé la perte de l'être cher. J'aurais pu dire non. En le voyant s'approcher, en le sentant si près de moi, j'aurais pu...non. J'aurais du dire non. Et conserver l'entente presque fraternelle qui avait été la nôtre, pouvoir continuer à bénéficier de ses sourires et de ses pensées légères, passer du temps à ses côtés comme il en avait toujours été le cas, l'épauler jour après jour sans jamais rien demander en retour. Et m'évanouir dans l'ombre en le laissant suivre sa vie. Qu'avais-je gagné, en l'échange de quelques passées en sa présence ? Des jours à pleurer intérieurement son absence, des semaines à le voir m'éviter, des mois à le voir se borner à prier corps et âme. Maintes fois il aurait pu me dénoncer. Maintes fois il aurait pu mettre à jour l'immoral que j'étais. Et pourtant, il ne le fit jamais. Aurais-je du le remercier de ne m'avoir accuser ? Intimement, j'avais nourri l'espoir de voir la situation s'améliorer un jour. Peut-être ne me détestait-il pas autant que je l'avais cru. Peut-être les choses pourraient retrouver un cours normal, peut-être avait-il pardonné l'acte immoral que je l'avais poussé à commettre ? Oui, j'avais nourri de bien nombreux espoirs à cette pensée, mais jamais je n'aurais cru que cette histoire prendrait le chemin qu'elle avait emprunté, le jour où il avait décidé d'enfin m'adresser la parole à nouveau. Accoudé sur la rambarde de pierre, j'observe avec un léger sourire le champ de dryas qui borde le château.Leurs pétales blancs sont éclatants en cette saison, et leur floraison offre une lueur gracieuse à cette réalité qui en manque cruellement, ces temps-ci. La guerre qui nous entoure, la guerre qui achève et qui obscurcit chacun de nos jours. Au milieu de l'horreur ambiante, narcissique que je suis, je me soucie cruellement de mon sort plus que de celui de nombreux soldats. Qu'avons-nous fait, Aindreas ? Quel sort te sera réservé à toi, homme de bien plus que de raison ? Mes pensées s'emmêlent et s'entremêlent, et un léger soupir m'échappe alors que mon visage se pose au creux de mes mains. Nous sommes les enfants du démon. Les amants maudits d'une réalité qui ne nous pardonnera aucun pêché. Qui suis-je pour t'empêcher d'emprunter la route pieuse dont tu n'aurais jamais du dévier ? J'ai beau connaître la réponse à cette question, je ne cesse de me la poser, à quand bien même je ne crois en rien aux préceptes de ce dieu censé nous gouverner depuis là-haut. Impie, homme sans croyance, vagabond sans attaches. Qui suis-je réellement, au juste ? Moi-même j'en ignore la réponse et, si dans ses bras j'ai l'impression de vivre, je me sens presque mourir sitôt revient la réalité qui nous enlise. Craindre pour sa vie plus que pour la mienne, oublier pour mieux se souvenir l'instant d'après, sommes-nous réellement destinés à nous cacher à tout jamais, ou faut-il attendre que cette vérité éclate au grand jour pour que nous puissions enfin revivre à nouveau ? Il n'est de vie qui vaille la peine d'être vécue sans sa présence à mes côtés. Il n'est d'univers dans lequel évoluer sans son sourire à mon égard. Bafoueur de religion, au fond, je lui interdis sûrement l'accès vers une terre qui saura l'accueillir le moment venu, pour peu qu'il y croit toujours. « Mestre Cailean ! » La voix incertaine d'un homme que je ne reconnais que trop bien m'arrache à mes rêveries, et j'attends d'entendre résonner ses pas sur le bois avant de lui répondre dans un soupire amusé. « Combien de fois devrai-je te le répéter ? Je ne suis pas "Mestre", mon cher Feolan. » Mon visage se tourne alors vers lui, un sourire se greffant automatiquement sur mes lèvres alors que je croise son regard mordoré. Feolan, mon ami depuis de nouvelles années, maintenant. Essoufflé, il s'arrête au milieu de la roukerie, reprenant sa respiration, et je profite de son repos bien mérité pour me redresser et me détourner de la fenêtre, lui jetant un coup d'oeil interrogatif. « Oui je... mes excuses, mest-... Cailean. Je ne m'y ferai jamais, pour moi vous êtes bien plus qu'un mestre, même si vous n'en portez pas le titre. » Un léger rire s'échappe de mes lèvres, et je m'approche de quelques pas de lui pour lui tendre une main salvatrice qu'il attrape avec ferveur avant de se redresser à son tour. Sa respiration toujours en partie saccadée, il passe une main sur son front, et j'imagine à peine le nombre de kilomètres qu'il a du parcourir avant de venir me trouver ici. « De quoi voulais-tu donc m’enquérir ? » Ses yeux se lèvent aussitôt vers les miens, et il me renvoie mon air interrogatif avant d'enfin mettre le doigt sur la raison de sa présence ici, comme si elle lui avait déjà échappée. « Lady Deoridh. C'est Lady Deoridh qui vous demande. Elle demande à ce que vous la rejoigniez dans la cour intérieure du château, sitôt votre tâche achevée. Dois-je aller lui que vous...arrivez ? » Brève hésitation de son côté, et je me demande quelle expression j'ai pu afficher en l'espace d'une seconde. L'ennui ? L'embêtement ? Ou pire...? Qu'importe, c'est un léger sourire qui remplace ce qui a pu se loger sur mon visage, et je lui réponds sans plus attendre. « Va lui dire que je la rejoins de suite. Je n'en ai plus pour très longtemps avec ces charmants corbeaux. » Un léger salut à son égard, et j'attends qu'il me rendre la pareille pour me détourner de nouveau vers les corbeaux qui croassent légèrement. Deoridh, douce et charmante Lady Deoridh. Fille héritière des MacDougall, récemment mariée aux MacNeil - à un MacNeil en particulier. Mon coeur se serre légèrement à cette pensée, bien que l'annonce ne soit pas nouvelle. Un mariage arrangé, rien de plus, rien de moins. Une alliance parmi tant d'autres, et il avait fallu qu'au milieu de tout ce monde, je vienne encore me dresser entre leur bonheur conjugal. Il ne s'agit en fin de compte que d'un étau qui se resserre lentement autour de nous, qu'une herse de piques acérées qui nous encercle et nous étreint. Lequel de nous deux saignera le premier, lorsque l'heure sera venue ? Lorsque nos péchés seront mis à nu, lorsque nos crimes apparaîtront aux yeux de tous ? Il est dit que les épreuves nous forgent, les évènements nous transforment, et les rencontres nous lient. J'en viens à croire qu'à jamais, bon ou mauvais, mon sort sera étroitement associé à celui d'Aindreas.
Depuis ta mort, tu as brisé mes joies. Avec toi, notre vie toute entière est descendue au tombeau (...) ne te verrai-je plus jamais désormais, frère qui m'étais plus cher que la vie ? Du moins je t'aimerai toujours.



pseudo ✘ Mkd. prénom ✘ C. âge ✘ 22yo. où avez-vous trouvé le forum ? ✘ dans une missive enflammée. comment le trouvez-vous ? ✘ absolument magique. présence sur le forum ✘ 7j/7 mes biquets. autre chose à dire ? :puppy:
©️ will o' the wisp
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✜ dream your dream and live your life (Cailean)

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