Les jours passant, l'arrivée du dégèle se rapprochait petit à petit. Je m'en rendais compte par moi même en trouvant le froid et le vent un peu moins agressif. Bien entendu, tout était relatif. Et avec le retour du beau temps, il y aurait la reprise des combats, ce qui ne donnait pas à tout le monde envie de voir le temps changer. J'avais l'impression certains jours que Cinead se montrait de plus en plus silencieux. D'autres, j'avais l'impression que ce ne serait jamais prêt pour le printemps, sans savoir ce que je cherchais à apprêter. J'avais maintenant l'habitude de ces sentiments : cela faisait assez longtemps que la guerre durait pour que ce sentiment me devienne presque familier. Le temps changeait. Et c'était en prévision de ce changement que Aodhan avait demandé à ses conseils et vassaux de se réunir pour un conseil de guerre, chose qui ne réjouissait pas Moïra. L'idée me plaisait personnellement. Je connaissais ces conseils et même si je n'assistais pas aux discussions sérieuses portant sur la stratégie militaire, l'animation que cela créait au château me plaisait. J'assistais aux repas où je pouvais discuter de choses diverses avec nos convives. Je profitais de l'occasion pour chahuter un peu Aindreas et passer du temps en compagnie de Eireen quand elle venait accompagner son père. Mais ce n'était pas tout : je me retrouvais diverses choses à faire ou à m'assurer qu'elles soient bien faites et cela occupait mes journées. Actuellement, tout le monde s'arrangeant pour que Moïra fasse le moins d'effort possible, j'héritais d'une partie de ses responsabilités habituelles pour ce genre d'évènement. C'était des occupations d'une Lady mais je les préférais largement à la couture ou la broderie alors même si certaines n'étaient pas toujours plaisantes, je me prêtais au jeu avec bonne volonté.

Même si pour le moment, je l'avouais : je ne débordais pas d'activité. Cela faisait déjà quelques heures que les derniers vassaux de notre Laird étaient arrivés et que les hommes étaient dans la salle où se tenait le conseil. Et c'était à mes yeux comme si le château s'était endormi en attendant qu'ils s'en ressortent. Oh, je savais que c'était faux : il y avait de l'animation dans la cours comme toujours et probablement à d'autres endroits. Les gens ne pouvaient se permettre de cesser toute activité comme le faisait les dames. Enfin, non, Mère me dirait probablement qu'être assise à broder était une très bonne activité. Mais ce que je pensais de cela n'était plus un secret pour personne ici et voilà un moment que je m'étais désintéressé de ma broderie. Je brodais une couverture pour l'enfant que ma belle-soeur attendait. Je m'étais rarement au tant appliquée sur un ouvrage que je le faisais avec celui-ci. Disons que pour une fois, j'avais une certaine forme de motivation avec cela et je désirais m'appliquer. Alors quand je sentais mon esprit s'éloignait vers d'autres contrés, mes doigts commencer à trembler ou mes paupières s'alourdir, je reposais mon ouvrage, sachant très bien que dans ses moments là je brodais de façon pas très... artistiques. Voilà un temps que je me contentais de broder des petites choses comme un coussin, ou mieux un mouchoir, plutôt que des ouvrages aussi grands. Sauf que cette fois-ci, il y avait une occasion spéciale et je savais que mes efforts seraient récompenser par un sourire de ma belle-soeur, cela me suffisait. Je caressais du bout des doigts le motif qui commençait à apparaître sur le tissu tout en jetant un coup d'oeil aux autres occupantes de la pièce. Moïra brodait avec application et Eimhir semblait s'être évadée vers un autre monde. Je tournais la tête vers Eireen. Si au début nous avions discuter, le silence avait fini par s'imposer naturellement. Mais il fut bientôt rompu par l'arrivée de Liusaidh. Quand elle et Connor étaient arrivée, elle s'était retirée, étant probablement fatiguée par la route.

Nous échangions quelques phrases puis le silence revient jusqu'à ce que la dernière arrivée eut la bonne idée de nous proposer d'aller nous promener. J'eus à peine le temps de comprendre le sens de ses paroles que Eimhir avait déjà sauter sur ses pieds en disant qu'elle voulait venir. Cela ne m'étonnait guère et je ne lui fis pas remarquer qu'elle n'était pas la seule à connaître les environs. Après tout, elle semblait tellement contente d'avoir trouver une pseudo-excuse pour quitter cette pièce que je n'aurais pas voulu lui gâcher son plaisir. Je me joindrais à vous également. J'avais su faire preuve de plus de calme que Eimhir pour le dire mais j'étais tout aussi excitée d'elle à l'idée de sortir. Moïra ? Eireen ? Je ne fus pas le moins du monde surprise que Eireen se joigne à nous de même que quand Moïra refusa poliment, cela ne m'étonna pas. Elle m'assura d'un sourire que tout irait bien et je lui rendis ce même sourire avant de me laisser entrainer avec les autres lady par une Eimhir de très bonne humeur. Je laissais Eimhir nous conduire dehors sans que personne ne puisse nous voir. Je souris en reconnaissant un chemin que j'empruntais moi même à l'occasion. Cette petite n'avait jamais manqué de ressources.

Elle finit par se stopper, nous laissant la rattraper car nous allions à un rythme un peu moins soutenu que le sien, tout en nous expliquant où nous nous trouvions. Les ruines ombreuses. Ombreuses non pas qu'il y fasse particulièrement plus sombre qu'à d'autres endroits ou qu'elles soient peuplé d'ombres étranges, bien que très vite dans un tel endroit notre imagination fleurissait, mais ombreuses car personne ne savait réellement ce qu'elles avaient été avant de devenir comme nous les voyons à l'instant présent. Je secouais doucement la tête quand Eimhir répondit toute contente d'elle qu'il n'y avait aucune raison que Aodhan n'approuve pas notre sortie. Encore faudrait-il que ton père sache que tu viennes ici seule pour qu'il puisse te faire la remarque, jeune fille. Je ne comptais pas par cette phrase l'encourageait, bien qu'il soit loin de moi l'idée d'empêcher ma nièce de faire ce qu'elle désirait. Mais plutôt lui faire remarquer que son père, comme sa mère, ne seraient probablement pas heureux de savoir qu'elle se promène si souvent que cela toute seule dans le coin. Je me tournais ensuite vers les deux jeunes femmes, surveillant ma nièce du coin de l'oeil tout de même. Je suppose que s'il nous arrive rien et que nous sommes rentrées pour le dîner, il n'y a pas de raison pour que notre promenade déplaise à mon frère. Nous serons probablement rentré avant même que les hommes ne s'aperçoivent de notre absence. Je haussais légèrement les épaules. Connaissant les hommes assistant au conseil de guerre, celui ci pourrait très bien s'éterniser et nous ne comptions pas revenir tard dans la nuit. Et je doute que nous ayons réellement quelque chose à craindre par ici, nous sommes pas loin du château. Toutefois, si vous pensez que notre sortie déplaira à votre époux, Liusaidh, ou à ton père, Eireen, nous pouvons très bien rebrousser chemin à tout moment.

Me retenant de sautiller en marchant à cause de la présence de Liusaidh, je marchais tout de même d'un pas léger, profitant du paysage qui s'offrait à moi. Je me retournais tout en continuant de progresser pour regarder au tour de moi. Je connaissais les ruines, ce n'était pas la première fois que je m'y rendais bien entendu. Je connaissais touts les endroits environnants notre domaine. Mais celui-ci n'était pas un de mes préférés. Je l'avais toujours trouvé trop froid, trop effrayant, trop mystérieux, trop... trop trop de chose bien entendu. Je me sentais un peu plus à l'aise aujourd'hui que les dernières fois que j'étais venue, probablement par la présence des autres lady avec moi. Je gardais ma nièce dans mon champ de vision en me retournant pour reprendre notre bavardage où je l'avais laissé, avec ma question ou plutôt devrais-je dire proposition qui consistait à rentrer si l'une d'elle trouvait que notre sortie pourrait déplaire assez pour qu'elle n'en prenne pas le risque, ce que je comprenais parfaitement. Tout le monde se permettait pas les mêmes sorties désapprouvées que je le faisais. Je souris devant la réponse que m'offrir Eireen à ma question. Effectivement, je ne doutais pas une seule seconde que Esras apprécierait qu'elle passe effectivement plus de temps en compagnie de lady, qu'elle le devienne également un peu plus. Mais je savais également qu'il ne devait se faire aucune illusion sur ce qu'il se passerait s'il nous laisse toutes les deux ensemble dans ce but-ci. Nous avions passer trop de temps à faire des bêtises ensemble lors de notre enfance pour qu'il le croit. Mais la présence de Liusaidh quant à elle devrait quelque peu le rassurer s'il a vent de cette promenade. Il est vrai que guérisseuse n'est probablement pas... ce qu'il y a de plus propre et délicat comme activité. Je lui adressais un sourire entendu. J'étais une des personnes qui connaissaient l'une des autres activités de Eireen qui consistait à manier les armes, et dont son père avait connaissance également. Ce qui ne devait pas réellement le ravir ou ravir la mère de la jeune femme. Mais je ne me permis pas plus de commentaires sur ce sujet, pour ne pas laisser échapper son secret. Ainsi le sujet revient sur les hommes et leur conseil. Ou plutôt sur l'espoir qu'ils n'en sortent pas avant que nous soyons rentrées. Ce serait vraiment de la mal chance après avoir eu le droit, la dernière fois, de les attendre plusieurs heure après l'heure normal pour le repas. J'irais même jusqu'à dire que ce serait un coup du sort. Toutefois, la discussion dériva encore alors que je surveillais Eimhir du regard. Il n'aurait pas fallu qu'elle se perde. D'ailleurs, je lui fis signe de se rapprocher. Cet endroit m'était assez déplaisant et mon instinct de protection envers cette enfant assez développé pour que je veille la garder dans une proximité des plus grandes. Comment est-ce différent ? Je posais cette question à lady MacDonald, lui demandant en quoi sa terre natale changeait tant de nos contrées. Si je connaissais quelque peu Skye pour m'y être rendue une fois ou deux, je ne saurais dire combien pour être exacte, je n'avais pas souvenir de m'être déjà rendue dans les Eastern Highlands et je dois dire que ma curiosité était soudainement piquée à vif. D'au tant plus que je savais qu'ils étaient nos alliés, du moins en partie pour le moment, et qu'au fond de moi je savais également comment on concluait pas mal d'alliance au sein de notre peuple. Alors, pourquoi attendre pour savoir à quoi ressembler les Eastern ? Cela n'était après tout qu'une question posée en l'air, rien d'important. Oui, cela n'était rien d'important.

Toutefois, avant que Liusaidh puisse me répondre, Eireen trébucha. Cela ne m'étonnait guère, elle n'avait jamais été aussi à l'aise que moi-même en robe, question d'habitude. Alors, que je fis un pas vers elle, elle se recula si brusquement qu'elle manqua de me percuter. Eireen ? Qu'il y a-t-il ? Je remarquais sa main rouge, qu'elle nous montrait tout en nous demandant ce que cela pouvait être. Avant que je ne puisse seulement envisager la réponse, Luisaidh nous la donna et, en toute honnêteté, cette dernière ne me plaisait pas du tout. Doux Jesus... Eimhir, viens ici. Tout de suite ! J'avais fait claqué ma voix, fortement pour qu'elle comprenne l'urgence. Ma réflexion n'avait pas encore réussi à comprendre ce qui se passait réellement ici mais je savais déjà que du sang, assez frai pour qu'il n'ait pas séché et se soit déposé sur la main de mon amie, n'indiquait probablement rien de bon. Et, pour la première fois depuis que la proposition en avait été faite, je me disais que finalement la broderie était peut être une meilleure idée que la promenade. Car je ne pouvais ignorer le mot de légende dans la phrase de la jeune femme blonde, et que je les connaissais probablement aussi bien qu'elle. Les légendes et les écossais, une grande histoire d'amour. Je ne fus d'ailleurs pas la seule à penser que peut être nous aurions pas du venir si c'était réellement le cas car Liusaidh proposa de rebrousser chemin. Je pense que ce serait une idée éclairée. Je posais doucement ma main sur l'épaule de ma nièce, comme pour lui signifier qu'elle ne pouvait pas s'opposer à cette idée. Et bientôt, un nouvel élément vient à soutenir notre idée de rentrer. Un hurlement, une hurlement qui n'avait rien d'humain, un hurlement à vous glacer le sang. A moins que ce ne soit pas un cri mais autre chose. Il retentit encore et ce fut à ce moment là que je le perçus réellement. Avez-vous entendus ? Ce... ce sont des rires. Je pouvais sentir la surprise et l'incompréhension dans mes propres paroles. J'échangeais un simple regard avec Eireen mais je sus qu'elle pensait la même chose que moi. Du moins, je crus le savoir. Que quatre femme comme nous, élevées avec les histoires qui avaient bercées nos enfances et bercées encore celle de Eimhir, pouvaient bien penser de cela ? Le même terme, la même appellation qui avait du naitre dans nos esprits mais que je ne voulais concrétiser en la disant ou simplement à la formulant de façon claires et nette dans ma propre tête mais que je savais présente. Une simple couleur, celle du sang sur la main de mon amie. Et un autre mot, un vêtement pour la tête. Deux mots qui réunit former le nom d'une des légendes que je me serais dispenser d'avoir à rencontrer un jour. Mais, je devais me tromper. Je ne pouvais faire autre chose que me tromper en pensant cela. Les légendes n'étaient après tout que des légendes. On rentre. Ce n'était pas une question ni même un ordre mais une simple constatation. Et, pour la première fois depuis que l'on était parties, je me mis à espérer que notre absence mette mes frères dans une rage assez folle pour qu'ils partent sans plus tarder à notre recherche, accompagnée de qui il leur chantera tant qu'ils nous trouvent assez vite. Mais les rires reprirent. Je me retournais et un cri s'échappa de ma bouche alors que je crus voir une forme bouger à quelques mètres de moi. Il... il y avait quelque chose, juste là. Je suis sure. Il y avait quelque chose. Mais je n'eus pas le temps de m'avancer dans cette direction comme mon esprit me disait de le faire alors que mes tripes me criaient de faire l'inverse que ce fut la voix de ma nièce qui s'éleva pour nous indiquer de regarder dans une nouvelle direction. Et cette fois, je ne pus me tromper. Il y avait bien quelqu'un ou quelque chose dans la pénombre, bien plus sombre que ce que je n'aurais cru probablement due à une heure plus avancée que nous l'aurions toutes pensée. Une forme qui rappeler celle d'un corps humain sans que je puisse la distinguer plus nettement. Mais encore une fois, elle s'évapora avant que nous eûmes le temps de faire un geste. Que croyez-vous que c'était ? Une question dont je n'étais pas sure de vouloir connaître la réponse.  

Je me retrouvais tout d'un coup, non seulement terrifiée mais également muette, ce qui beaucoup le dirons était assez rare chez moi. Muette devant ce cri que poussa Eireen, à qui j'aurais pourtant attribué la plus grande capacité ici garder son sang froid. Et qui était aussi la plus habituée à voir des choses parfaitement sales en tant que guérisseuse. Elle avait vu des gens mourir, des plaies sanguinolentes et pourrissantes, des infections à l'odeur tout à fait dérangeante et j'en passe des choses peut-être encore moins sympathiques. Mais non, Eireen hurla comme une femme, ce qu'elle était, et moi, cela me glaça le sang. Je crois bien que ce fut à ce moment là que toute trace de courage m'abandonna, pour des raisons totalement évidentes. Je n'étais pas une guerrière, loin de là. Mes frères avaient toujours mis un point d'honneur à essayer de me protéger un maximum des horreurs de cette guerre, des horreurs de la vie dès qu'ils le pouvaient. J'étais finalement bien plus dame que je ne l'aurais cru. Un homme aurait sorti l'épée ou je ne sais quoi comme font les preux chevaliers dans les livres de la bibliothèque de Mère. Un homme se serais défendu là où moi je restais immobile devant un simple cadavre. Je sentais mon estomac se retourner et mon dernier repas menaçait de remonter. Je serrais si fort la main de ma nièce que je devais probablement lui faire terriblement mal. Sauf que c'était quelque chose que je ne contrôlais pas, une peur sans nom qui m'assaillait les tripes et me paralysais totalement. J'avais la vague impression de ne plus avoir le contrôle de mes membres, d'être dépassée par toute cette histoire. Je n'avais rien voulu de tout cela, j'avais juste voulu aller me promener en charmante compagnie. Pourquoi restais-je immobile ? La meilleure solution aurait probablement était de fuir. Oui fuir en direction du château, en empruntant le premier chemin sur ma droite, celui par lequel on était arrivée mais je n'arrivais pas à répondre à la question de Eireen qui nous avez questionner sur l'endroit par lequel nous étions venues. J'entendis bientôt des bruits de pas. Et je ne fus pas sure de trouver cela rassurant. Etait-ce ces monstres, ceux que je ne voulais mener, qui nous intimidait par ces bruits ou était-ce une ou plusieurs personnes bien humaines qui venaient en notre direction ? J'en eus toutefois rapidement la réponse alors que Esras apparaissait, suivis de près par mon frère et une petite troupe que je ne pris pas la peine d'identifier. Une vague de soulagement me traversa, manquant de faire céder mes jambes sous moi. Et je dus qu'à une pensé lucide de me retenir de me jeter au cou de mon frère, comme j'avais l'habitude de le faire à Cinead que je continuais de chercher du regard, ce qu'Aodhan n'aurait probablement pas apprécier. Alors, je me contentais de lui sourire de façon douce, de lâcher la main de Eimhir pour qu'elle puisse aller le voir si elle le désirait. A vrai dire, je leur souris, presque timidement car encore à moitié paralysée par ma peur, à tous. C'était une façon de leur signifier que j'étais plus qu'heureuse qu'ils soient venus nous trouver. Et je savais qu'un sourire ne suffirait pas à dissuader mon aîné de me réprimander sévèrement une fois cette aventure passé, je le voyais déjà dans son regard mais pour une fois, je crois bien que je ne prendrais pas la peine de protester. Peut-être que normalement il n'aurait rien du arriver de tel, que je l'avais déjà fait maintes et maintes fois mais je savais que nous avions ici fait quelque chose dont nous aurions du nous passer. Je le reconnaitrais pas, mais je ne m'opposerais peut être pas à la réprimande. Je trouverais bien d'autres sujets sur lequel lui faire sentir mon mécontentement à cette simple idée de mariage après tout pour abdiquer sur celui-ci. Je les regardais nous armer et malgré la peur, je dus retenir un sourire stupide. Eux qui auraient en temps normal protesté de vois une des femme sous leur protection se servir d'une arme venait de armer ces mêmes femmes. Mais je ne protestais pas le moins du monde en attrapant la dague qu'il me tendait. Je la soupesais un peu avant de l'attraper fermement dans mon poing. Je ne comptais la lâcher pour rien au monde. Car maintenant le soulagement de les voir passé, bien que je sois toujours contente de leur présence, je réalisais que ce n'était pas encore fini. Que nous étions toujours au beau milieu des ruines et que les bonnets rouges étaient toujours là. Un frisson me parcourra à la simple pensé de ce nom qu'ils portaient. Mais la présence de mon frère et ses plus fidèles vassaux me rassurait. J'avais peur mais cela ne me paralysait plus. Si bien que quand, je les vis arriver vers nous, leur horribles petites dents toutes sorties, j'eus la meilleure idée que l'on puisse avoir dans un moment pareil. Courrez ! Une idée lumineuse. Mais malheureusement, nous fûmes disperser, si bien que quand je m'arrêtais de courir, n'entendant plus mes poursuivants et surtout à bout de souffle, je ne vis avec moi que Esras et Connor. Vous allez bien ? Je portais une main, la non armée à ma poitrine, la respiration sifflante. Je ne pouvais m'empêcher de sentir monter une angoisse horrible à l'intention de nos autres compagnons. Et si... si Eimhir ou Liusaidh se retrouvait seule ? Je ne préférais pas y penser. Je... Avec-vous vu partir les autres ? Je regardais au tour de moi. Et si... si nous trouvions un autre corps ? Non, il ne fallait même pas envisager cette possibilité. Nous allions tous rentrer au château sains et saufs pour manger le repas froid et rassurer Moïra. Oui, nous rentrerons tous. Il n'était pas possible que les choses se déroulent autrement. J'entendis bientôt la voix de mon frère venir jusqu'à nous. Je jetais un regard à mes deux compagnons. L'un de vous a apporté une bible avec vous ? Je n'en cache pas sous mes jupes malheureusement. Et Dieu seul, c'est le cas de le dire, savait tout ce que l'on pouvait cacher sous une jupe aussi volumineuse que pouvait l'être celle que je portais pour les occasions telles qu'un conseil de guerre où je devais me comporter un bonne lady. Sauf que je n'en avais pas une sur moi, bien trop lourd, et que je ne connaissais pas la bible sur le bout des doigts. Je n'étais même pas sur de l'avoir lue en entier, ce n'était pas une lecture de plus digeste. Le notre-père pourrait-il faire l'affaire selon vous ?