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 comme des alpinistes à qui on vient d'enlever la paroi de montagne à laquelle ils sont accrochés. (keith)

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MessageSujet: comme des alpinistes à qui on vient d'enlever la paroi de montagne à laquelle ils sont accrochés. (keith)   comme des alpinistes à qui on vient d'enlever la paroi de montagne à laquelle ils sont accrochés. (keith) EmptySam 20 Avr - 17:25




    “ il pleut sous mon crâne, mais les éclaircies demeurent ”

    si vous ne pouvez pas rire quand les choses vont mal - rire et faire un peu le clown -, c'est que vous êtes mort ou souhaiteriez l'être.


Il y avait une sorte de vieillesse irréversible, dans ses gestes, mélangé à une appréhension qu’il ne voulait pourtant laisser au vu et su de tous. Et l’âge n’avait rien à voir avec cela. Il en était de ses doigts. Des doigts qui n’étaient plus depuis bien longtemps, s’étant transformés en d’immondes moignons où la douleur suintait encore, quand l’envie lui prenait. A cause de leur absence, le jeune homme ne pouvait faire tout ce qu’il voulait, bien qu’il ne déroge la plupart du temps au dicton : Quand on veut, on peut. Mais après tout, peut-être que pour cette chose-ci, il ne le voulait pas assez fort, et que les souvenirs primaient sur le reste ? Ce qu’il entreprenait était moins précis, plus lent, et le plus infime contact avec l’eau relevait au grand jour une peur enfouie profondément dans ses entrailles. Parfois, il lui arrivait de détourner le regard quand dans la petite roulotte, la troupe longeait une rivière, ou un simple court d’eau, alors qu’il était brusquement pris dans ce cercle vicieux qu’il nommait l’effroi, l’infâme crapulerie du cœur humain. D’autre fois, il ne pouvait cesser de fixer l’étendue bleutée, se remémorant cette journée-là, où une part de lui avait basculé dans un monde que tout son être ignorait pouvoir franchir un jour. Une ligne imaginaire où l’angoisse était bien présente, où les sourires n’arrivaient à éclore sur les visages des condamnés. Durant toute son existence, il avait abhorré cette partie de lui-même, qui n’était en accord avec le reste de sa personne. Et il en était alors venu à la conclusion que le véritable monde – Celui où la guerre régnait, et les étendards aux multiples couleurs se levaient les uns contre les autres - n’était pas fait pour lui, et qu’il ne le serait jamais, quoi qu’on puisse en dire. Arran n’avait pas sa place à leurs côtés, son univers à lui était la forêt, et la magie qui s’écoulait dans les veines des terres qui l’avaient vu naitre, lui, l’enfant des rues, le gamin sans histoire. Sa position se devait d’être auprès de l’écosse, de son noyau qui la retenait bien encré dans le sol, et pourtant si près des cieux. Et puisqu’il songea un instant à tout cela, alors qu’accroupi, tel un vieillard souffrant, ses yeux faisaient des allés et venus sur le récipient d’eau, tournoyant dans leurs orbites tels des animaux effrayés, Arran cessa d’hésiter, de redouter cet élément de la nature. Puisqu’il se dit que son devoir d’écossais, de vrai écossais, l’obligeait à le faire, à tout faire, il plongea ses étranges mains incomplètes dans le liquide transparent, qui reflétait jusqu’alors son visage contrit. Ce n’était pas si déplaisant que cela, après tout. On le lui avait répété maintes et maintes fois. En vain. Certes, il lui fallait se laver, parfois, et boire pour ne pas se dessécher telle la vieille souche qu’il devenait, comme le disait sa sœur. Mais l’épreuve n’en demeurait pas moins difficile à vaincre. Greer se plaisait à plaisanter à ce sujet, en répétant que son protégé se délectait de ce petit problème afin de boire de l’alcool, rajoutant même parfois un peu trop de plaintes silencieuses qu’il ne l’aurait fallu. Mais il n’y avait rien de comique dans tout cela. Pas pour Arran, bien qu’il transformait bien souvent chaque situation en quelque chose d’amusant. Oh, les autres ne faisaient exception à la règle, et évitaient de l’embêter quand à ses antécédents peu fructueux avec les bains. Mais le jeune homme doutait qu’ils y comprennent vraiment quelque chose. La véritable cause à toute cette mascarade désobligeante. Lui, Arran le joueur, le sourire qui les enluminait tous, ressentait les lourdes séquelles de son passé, dans ces moments-là. Alors que par habitude, il mettait un point d’honneur à sauter par-dessus, à les placer de côté pour ne plus jamais les revoir.
L’eau qui vint heurter sa peau meurtrie par le froid, ne lui procura aucun bien, alors que sa cervelle se répétait un vocable destiné à le faire continuer quoi qu’il arrive. Ce n’est rien, juste un peu d’eau. Il en faut, tu en as besoin pour vivre. Elle ressemblait à des milliers de minuscules poignards qui s’employaient à faire de son visage un champ de bataille malheureux. Des lames coupantes qui ne faisaient que lui rappeler ce moment-là, alors qu’il ne le désirait en aucun cas. Le bohémien inspira une bouffée d’air maladroitement, et laissa cette dernière, avec ses valises hivernales, déposées son essence purificatrice dans les recoins de son corps. Il tenta de se calmer, et de venir par la suite se débarbouiller une nouvelle fois la figure, aux manières d’un gamin qui aurait du pour la première fois s’y atteler seul. Se laver le visage était le plus difficile, car le contact avec l’eau, violent, venait lui remémorer ce semblant de noyade qui avait eu raison de lui, une seule et unique fois. Mais il le fallait bien. Il lui était nécessaire de s’y affronter, même si la besogne se révélait être bien plus éprouvante qu’à l’accoutumer.

Un paisible hennissement de satisfaction vint déchirer le silence qui s’était lentement installé dans le camp, comme si, lorsque le jeune homme s’était dit qu’il lui fallait faire face à ses démons, toute la nature avait retenu son souffle, se délectant de chacun de ses gestes. Tout cela était terminé, à présent. Pour quelques temps du moins. Bientôt, il lui faudrait recommencer. Encore et encore. Et il doutait que cette peur disparaisse un jour, bien qu’il cherche sans cesse un moyen de la corrompre. Il releva la tête, tandis que son corps suivait peu à peu, et quand il se redressa, il remarqua enfin qu’il n’était pas seul en ces lieux. Le vieux cheval de trait qui leur servait de transport broutait tranquillement la rare herbe qu’il arrivait à dénicher, en repoussant de son nez le manteau de neige qui s’était déposé il y a quelques temps déjà. L’hiver était une saison bien éprouvante dans le nord, mais le canasson y était habitué. Et la troupe aussi. Keith était lui aussi présent, et sa présence fit apparaitre un sourire malicieux sur les lèvres du mutilé. Les filles s’étaient déplacées un peu plus loin dans les environs, pour trouver à manger, où il n’aurait su quoi – Greer l’avait sûrement dit peu avant son départ, et les deux garçons l’avaient écouté d’une oreille distraite, pour ensuite l’oublier, sachant qu’elles reviendraient toujours - et Keith, fidèle à lui-même, était resté se reposer. On ne changeait les bonnes vieilles habitudes, et malgré tout, ces dernières avaient le pouvoir de rassuré Arran. Certes, il recherchait sans cesse l’aventure, mais cette monotonie qui n’appartenait qu’à leur milieu lui plaisait aussi. Il lui fallait des choses auxquelles se raccrocher. Chaque personne avait besoin de cela. Le retour de son fidèle compère avait été beaucoup apprécié, chez ses sœurs, comme chez le jeune homme. Et à présent, il ne voulait le voir repartir. Pourquoi le ferrait-il, de toute manière ? Bien qu’Arran fût convaincu de ne jamais savoir ce que traversait vraiment l’esprit de son frère, il ne pouvait se dire qu’il repartirait. Pas maintenant. Jamais. Il était bien avec eux… Et il devait le rester.
Ses yeux où revenaient lentement ce pétillement malicieux qui n’appartenait qu’à lui, croisèrent un instant les prunelles brunes de l’animal qui les servait depuis fort longtemps, si longtemps qu’il commençait à oublier sa présence. Puis ils revinrent se poser sur un Keith endormi, un corps emmailloté dans des couvertures épaisses, qui constituaient un rempart contre le froid du vrai nord. Alors les dures minutes auxquelles le bohémien avait été confronté il y a quelques instants estompèrent sur lui ce malaise qui mordait sans vergogne. Mieux, il l’oubliait, car même dieu le savait, Arran Reilly avait ce don d’oublier ce qui ne lui plaisait pas, du moins pour un temps. Mais le revers de la médaille arrivait toujours à point nommé pour rejeter d’un coup habile, ce que le mutilé s’était pris à laisser sur le chemin, derrière lui. Retour à l’expéditeur.
« Fainéant… » Un murmure qui s’éloigna derechef dans la douce brise qui venait effleurer leur visage, et qui, il le savait, était apprécié de Keith pendant ses siestes mémorables. Un plaisir qui resterait de courte durée, cette fois-ci. Un dicton qui n’appartenait qu’au Reilly disait qu’il fallait toujours rendre la pareille aux autres, et Arran comptait bien ne pas déroger à cette règle qu’il s’était lui-même fixé au fil des années. La fois où le fourbe l’avait réveillé d’un sommeil qui s’annonçait réparateur était toujours coincée dans sa gorge, et en ces jours, personne ne venait à douter de sa rancune joueuse.
L’ancien musicien s’avança d’un pas de loup vers sa victime, qui dormait jusqu’alors paisiblement près du vieil hongre, et quand il en jugea le moment opportun – Aussitôt, donc, Arran jugeait toujours qu’il ne fallait remettre à plus tard ce qu’on pouvait faire de suite – il se projeta d’un saut habile sur son frère, dans un cri perçant. Cri qui le fit bien entendu sursauté, le réveillant par la même occasion d’un hurlement tout aussi effroyable, alors que le bohémien jubilait sans s’en cacher. Il retomba sur les couvertures, et roula dans la neige qui lui procura bien plus de bien que le récipient d’eau, dans un rire non forcer. Il ne se forçait jamais à rire, pas lui. Un gamin. Cette idée lui vint à l’esprit. Oui, il était un enfant enfermé dans un corps d’adulte, qui subissait les affres de son existence passagère sans s’y soucier réellement. Les problèmes finissaient toujours par s’évanouirent, et les rires réapparaissaient à chaque fois. Ils ne le quittaient même jamais complètement, car il était Arran Reilly, et que cela suffisait à les garder en vie, bien au chaud au creux de sa gorge.
Il continua de rire, alors qu’il remarqua que le vieil étalon, alerté par les hurlements, s’était emballé, et galopait tel un forcené à travers le camp, pour s’évanouir dans la forêt en laissant derrière lui une poudrée de neige volant au vent. Les problèmes resurgissaient toujours… Mais vu qu’il était Arran Reilly, et que cela suffisait, il ne cessa pas de s’esclaffer bruyamment, laissant simplement échappé un juron furtif d’entre ses lèvres.


Dernière édition par Arran Reilly le Ven 10 Mai - 18:11, édité 2 fois
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Màel Burnett
Màel Burnett

Eastern Highlands

▷ ÂGE IRL : 28
▷ MESSAGES : 197
▷ INSCRIPTION : 09/04/2013
▷ LOCALISATION : qu'importe réellement, je ne suis jamais au même endroit.
▷ ÂGE : 46 ans.
▷ HUMEUR : déphasé.
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BURN. BURN. BURN.
On prend un enfant de deux ou trois ans, on le met dans un vase de porcelaine plus ou moins bizarre, sans couvercle et sans fond, pour que la tête et les pieds passent. Le jour on tient ce vase debout, la nuit on le couche pour que l’enfant puisse dormir. L’enfant grossit ainsi sans grandir, emplissant de sa chair comprimée et de ses os tordus les bossages du vase. Cette croissance en bouteille dure plusieurs années. A un moment donné, elle est irrémédiable.

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MessageSujet: Re: comme des alpinistes à qui on vient d'enlever la paroi de montagne à laquelle ils sont accrochés. (keith)   comme des alpinistes à qui on vient d'enlever la paroi de montagne à laquelle ils sont accrochés. (keith) EmptyVen 10 Mai - 19:37

Après des jours sans pouvoir respirer un instant, le moment propice s'impose sous mes yeux. La neige s'étend sur des mètres et des mètres, le froid me brûle la peau des joues, et autour de moi ? Quelques ombres, des petites lumières qui s'éloignent loin de nous. Nous sommes seuls dans le petit campement que nous imposons à tous. Greer m'a précisé d'ailleurs la raison de son départ, mais je ne m'en souviens guère. Il suffit de rester là, de fermer les yeux une ou deux secondes, de fixer les flocons tomber tout doucement et ne surtout pas lâcher des yeux l'étalon qui s'avère être notre seul animal et compagnon de route. Sans lui, une poursuite ne vaut rien, sans lui, le monde s'écroule sous nos pieds, et surtout, sans lui, Greer nous déchirera le cou sans aucun ménagement. Une véritable louve, certes un peu âgée, mais encore assez forte pour décocher la mâchoire d'un homme en toute impunité. Grimaçant à cette idée. Attrapant vivement une couverture - si ce n'est un piteux morceau de tissu, je l'enroule autour de mes épaules, me glissant alors le long d'un arbre peu loin de nos affaires. Si je surveille d'une oeil Arran au départ, bien vite, cette violence, ce temps insupportable me frappe dans l'estomac, dans les yeux, dans les pensées, jusqu'à ne faire de moi qu'un simple jouet inutile, bon à jeter. Le noir se glisse sous mes paupières, les sons deviennent plus forts, le monde de l'espoir, celui des légendes internes m'ouvre ses portes. Je ne saurais dire au bout de combien de temps je me suis mis à rêver, sûrement une dizaine de minutes, à ne pas en douter. Tout parait plus agréable, l'herbe est verte, l'air est bon à respirer, la guerre n'est plus, le sang n'arrive plus à se fondre dans les narines. La paix. Quatre silhouettes qui ne forment qu'un seul mot. Un départ peut-être hâtif, mais nécessaire, pour des retrouvailles plus qu'agréables, douces, et malgré les caractères qui changent, ils ont cette particularité de me faire croire en cette humanité que je pense si fade. Je suppose qu'en dehors de mes peintures, mon visage ne doit montrer qu'un bref sourire niais, illustrant un rêveur dans toute sa splendeur, s’idéalisant sur des animaux mystiques. Des feux bleus, des ours ayant la taille d'une montagne, une sorcière aux yeux vitreux, vides comme ceux d'un aveugle. Il est des soirs où il m'arrive de me dire que rester sans cesse dans cet état d'esprit, tout y doit être plus beau, quand l'illusion prend la place de la réalité. Pourtant, bien des choses n'auraient pas d'odeurs, de couleurs, du moins, pas les mêmes que celles que je vois en la compagnie de la famille Reilly. Greer est d'un bleu nuancé, montrant une force et contre toute attente, quelque chose de royal. Femme dotée de principes, femme forte, voyageuse sans vergogne. Senga d'un violet foncé, montrant une certaine froideur, avec une force à ne pas oublier, tout comme cet air ô combien fatigué de son petit cadet. Arran, représente quant à lui bien des couleurs. Vert vif, rouge sanguinolent, jaune d'un feu pur, toute une alliance pour ne donner qu'un étrange personnage, plus qu'appréciable, comme détestable selon ses jours. Ceridwen ? Je ne saurais à le dire, dans mon rêve, elle n'a aucune couleur, le blanc neigeux s'y mêle, sans concrète description, juste un questionnement qui reste en bon suspend dans ce monde. Quant à moi, je n'ai jamais pu me donner me donner une concrète couleur, peut-être un gris fade, un noir profond, qui ne signifie qu'une blessure qui ne se ferme que grâce à l'intervention des bohémiens. Ni qualité flagrante, ni défaut dérisoire, si certains aiment à se deviner quel personnage ils sont, je ne préfère pas savoir si je suis du bien, ou du mal. Sûrement à mi-chemin entre l'un et l'autre, comme tout homme. Le temps passe, le vent arrive malgré tout à glisser sous mes vêtements, m'arrachant parfois de vilains frissons, qui pourtant ne brisent pas mon sommeil qui se veut, pour cette fois-ci réparateur.

Mais comme toute chose, comme toute histoire, il y a toujours ce mais, flottant désagréablement dans les airs, narguant tout doucement qui voudra bien le voir. Dans mon envie, la journée devait se résumer en une sieste de quelques heures, le retour de la gente féminine, peut-être de la chasse pour en finir et à nouveau une nuit glaciale. Une habitude à prendre, qu'il faut accepter, que certes peu de personnes viendraient à apprécier, pourtant, je m'y complais, j'aime à m'enfoncer dans les forêts en compagnie d'une Greer, qui ne cesse de m'apprendre les rudiments d'une vie que je ne connais que trop peu. Le son d'un coeur battant au plus calme, le bruit des arbres et l'intervention d'une bête sans nom pour venir à gâcher votre sommeil. C'est un hurlement, un cri, je ne saurais le dire. Un ours ? Un loup agonisant ? Ou simplement le cheval qui se met à geindre ? En tout cas, le son est si fort que je me redresse avec une telle violence qu'un effroi m'échappe des lèvres. Outre mesure de mon corps parfaitement en panique, c'est un gloussement non pas lointain, mais trop proche qui me révèle le coupable de cet affront ô combien affreux. Mes deux prunelles écarquillées, ma main se glisse sur mon torse, à l'endroit précisément où tout s'emballe, tout s'effiloche, un peu plus et il n'aurait fait qu'une bouchée de moi. La petite troupe aurait enterrée mon cadavre là précisément, où prit d'une pulsion meurtrière, Arran Reilly a hurlé, faisant périr sur le coup, le pauvre Keith Lumsden. Mourir maintenant serait lui faire un bon trop gros plaisir. Il se bidonne le jeune enfant, taraudé par des rires que je qualifierais de machiavéliques, et qui, comme le son d'une harpe résonnent dans mes tympans. En temps normal, j'hurlerais tout de suite, lui dirait de boucler sa bouche au risque d'avaler des insectes, mais quelque chose d'autre accapare mon attention - mon regard orageux aura suffit je pense. Le cheval, notre fier étalon préférant à filer le long du vent, contre la neige froide, les pierres glacées, et s'enfonçant dans la forêt, ma bouche s'ouvre. Est-ce vrai ? Ne suis-je pas encore dans mon rêve ? Je crois que oui. La seule manière de le vérifier est de me pincer, ce que, je me dépêche de faire. Peau de la main droite pincée qui m'arrache une plainte, tout ceci et bien réel. Il est vrai que l'on ne change point les idiots, encore moins un Arran Reilly. Fidèle à ses farces lourdes et souvent ennuyeuses, je dois bien avouer que présentement, monsieur le bohémien sans son doigté aura gagné tout ce qu'il fallait. Une peur bleue, pour en fin de compte, se glisser sur un cheval en furie, préférant filer que de se calmer. Debout, inspirant un long moment pour tenter de reprendre mes esprits, je fixe mon cher frère d'un air semi-dépité, semi-désespéré. « Ton rire est dégoûtant, tu devrais vraiment penser à en changer. » Sourire en coin de lèvres, à quoi bon tout de suite sortir les armes ? Avec Arran, il s'avère que les réactions sont différentes. Si Senga préfère passer sa main sur son front tout en soupirant, je prends part à ses amusements, aussi enfantins soient-ils. Il est ce frère que je n'ai jamais eu, même si le sang n'est pas similaire, même si nos traits ne se ressemblent en aucun cas, je donnerais ma vie pour la sienne - si l'on suppose qu'il en ferait de même pour moi, là, je dois l'avouer avoir des doutes. Fixant le bois-aux-ours d'un air décidé, j'ajoute, un rire sec me claquant les lèvres. « Il faut croire que ton doigté légendaire n'a pas suffit cette fois-ci. Je préconise de nous terrer dans un quelconque trou, de vivre comme des sauvages dans la forêt et ne jamais sortir nos têtes de la broussaille, au risque de se faire arracher la tête par notre mère à tous. » Mimant un signe de croix, je ferme les yeux un instant. Soupir sortant du fin fond de ma gorge, je croise mes deux bras sur mon torse. Mon regard croise le sien. Aux premiers abords, il peut paraitre déstabilisant, pourtant, à force de connaitre l'âme qui se cache dans cette carcasse fait de peau blafarde, plus rien ne fait peur. A nous deux, le monde parait comme un rêve d'enfant, à nous deux, nous pouvons défier toute l’Écosse. « Reilly troisième du nom, qu'as-tu à dire pour ta piètre défense ? » Comme des frères nous nous disputerons, comme des frères nous rirons, et comme des frères nous tenterons de sauver nos pauvre os.
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