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 I'm your little princess [Gabran]

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Rhona MacGuffin
Rhona MacGuffin

Lowlands

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Je suis une princesse. Toutes les filles le sont. Tant pis si elles vivent dans de sordides greniers, tant pis si elles sont vêtues de haillons et tant pis si elles ne sont ni jolies ni élégantes ni jeunes. Elles sont toujours des princesses, c’est notre privilège. Votre père ne vous a jamais dit ça ? Vous l’a-t-il dit ?!

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MessageSujet: I'm your little princess [Gabran]   I'm your little princess [Gabran] EmptyDim 21 Avr - 20:43

I'm your little princess
Rhona & Gabran


Besoin d'air, besoin de respirer, de s'éloigner d'elle, elle et ses remarques blessantes, elle et ses regards lourds de sous entendus. Pour une fois, la jeune fille ne trouva pas refuge dans ses livres. Son père n'hésitait pas à lui fournir quantités de parchemins pour satisfaire à la soif d'apprendre de sa cadette, mais elle ne voulait plus rester au sein de la demeure, elle étouffait entre ces 4 murs. Si Rhona était une jeune fille studieuse et appliquée, une parfaite demoiselle douée dans l'art de filer la laine, de coudre et quantité de choses dévolues aux femmes, elle avait également besoin de nature, besoin d'un peu de liberté, besoin de s'affranchir de l'autorité pesante de sa mère qui avait la mainmise sur la forteresse.

Encore une fois, elle se demandait pourquoi il avait épousé Sorcha Chattam... Si différente de sa précieuse Diane dont même la belle intrigante n'avait pu effacer le souvenir. Pour son plus grand regret... Son père n'était pas heureux, sa mère n'était pas heureuse, incapable de donner une fils à son époux, pour avoir davantage de chances d'évincer Bearach... Et cela avait, en plus, éloigner son époux d'elle, compromettant davantage encore la naissance d'un fils... Sorcha, bien que très belle et terriblement désirable, prenait de l'âge et bientôt, son corps lui refuserait de porter des enfants.

Était-ce pour cela qu'elle façonnait ses filles à son image ? Ou du moins, qu'elle essayait de le faire, réussissant à merveille avec Eileen, mais se heurtant au caractère indépendant de Rhona ? Essayait-elle d'accomplir à travers les fruits de sa chair ce qu'elle ne pouvait faire ? Peut-être... Mais peut-être que c'était également plus compliqué que cela et que le statut de femme blessée de Sorcha n'expliquait pas son comportement odieux avec sa cadette, ni même ses manigances qui frôlaient la haute trahison envers son époux.

Et Rhona devait vivre avec cela, avec ces connaissances, qu'elle ne pouvait pourtant livrer à son père. Elle ne pouvait qu'essayer de veiller au grain et de limiter les dégâts, du haut de ses 15 ans. Sa mère sous estimait sans doute l'intelligence de sa fille, comme elle dénigrait ses charmes et sa beauté... Difficile de grandir et de se faire une place face à tant d'hostilité, mais heureusement, Bearach était là pour lui donner confiance en elle et remonter son moral et pour son père, elle était une princesse. Elle était heureuse de ces liens privilégiés avec ces deux hommes d'exception, que sa mère et sa sœur détestaient... Injustement et simplement par jalousie. C'était si triste... Si, injuste.

La jeune fille se retrouva au pied de la fauconnerie et y entra, certaine qu'ici, personne d'indésirable ne viendrait la chercher. Elle releva ses jupons, sa respiration formant une légère buée. Chaudement habillée, elle approcha des faucons présents, jusqu'au sien, un magnifique Gerfaut, un cadeau de son père, contre l'avis de sa mère bien entendu. A son côté, une petite sacoche, avec de la viande pour récompenser l'animal. Elle enfila un gant, avant d'approcher doucement.

« Shhh Torquil, Shhh. »

L'oiseau battit des ailes, entravé, avant qu'elle ne le détache et qu'il ne monte sur son gant. La jeune fille sourit.

« Cela te dirait de te dégourdir les ailes ? »

« Milady ? »

Rhona tourna la tête vers le jeune apprenti fauconnier qui venait d'apparaître. Il avait sensiblement le même âge qu'elle et elle appréciait passer du temps avec lui, parce qu'il savait y faire avec les rapaces, parce qu'il s'y connaissait dans son domaine, qu'il était doux et prévenant.

« Bonjour Calum. »

Le jeune homme s'inclina comme il le devait devant une femme de haut rang avant de se redresser.

« Vous avez décidé de le faire voler aujourd'hui ? Êtes-vous assez habillée, le vent est glacial. »

« Oui, ne t'en fais et je ne resterais pas dehors longtemps. Juste le temps de lui donner un peu de liberté. »

La liberté qui lui était refusée, songea-t-elle amèrement. Mais elle tut cette pensée pour sortir avec l'oiseau qui commença à battre des ailes en sentant l'air frais du dehors.

« Là mon beau, là... »

La voix douce de Rhona résonna dans l'air glacé, avant qu'elle ne donne un morceau de viande à l'animal et ne lance soudain son bras pour lui permettre de prendre son envole, riant soudain comme une enfant en le voilant planer majestueusement au dessus d'elle. Soudain, elle envia l'oiseau, elle lui envia ce pouvoir de voler, de voir la terre de si loin, d’avaler la distance... D'être libre tout simplement. Et pourtant, elle le privait de cette liberté en le gardant près d'elle. Elle chassa pourtant cette triste pensée, avant d'écarter les bras et de tourbillonner sur elle-même en riant, fidèle à elle-même dans cette attitude qui déplaisait tant à sa mère et qu'affectionnaient tant son frère et son père. Et soudain, elle l'aperçut. Son père. Qui l'observait. Depuis combien de temps assistait-il à son coup de folie, à sa joie enfantine ? Qu'importe. La cadette lui lança un sourire rayonnant, avant de s'approcher de lui d'un pas léger et sautillant et de se jeter à son cou, témoignant ainsi toute son affection à son père. Si ses ennemis le craignaient, si ses hommes le respectaient, Rhona, elle demeurait son trésor, celle qui pouvait se permettre ce genre d'effusion.

« Père, cela fait-il longtemps que vous êtes là ? »



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Gabran MacGuffin
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« La parole humaine est un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à en faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles. »

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MessageSujet: Re: I'm your little princess [Gabran]   I'm your little princess [Gabran] EmptyLun 22 Avr - 14:40

« Fais un voeu, alors cela deviendra sûrement réalité.
Nous changerons notre tristesse en force, celle dont nous sommes guidés.
Je désirerais écrire toutes les nuits,
pour te mettre mon amour en mots.
Mais l'éternité n'est pas assez longue,
et les paroles me manqueraient pour tout te dire.
Tu es ma princesse, ma fille, ma vie,
Grâce à toi, de nouveau je souris.
Fais un voeu...
»









S
on cierge était moribond, bientôt noyé dans un bain de cire partiellement chaude, tant les heures avaient flué au gré de sa veillée. Une pléiade de cette même nitescence scintillait en choeur dans le petit office dans lequel il s'était enfermé, mais c'était celle qu'il avait placé à ses abords qui semblait vouloir rendre l'âme la première. L'étrange atmosphère paroissiale qui régnait inspirait le silence méditatif, toute fenêtre condamnée par des persiennes, ni la lueur diurne ni celle sélénite n'était conviée à entrer dans cette pièce qu'il voulait sempiternellement sombre, retranchée de toute réalité, pour ne plus survivre que dans la sienne. Un endroit privé et particulier où nul n'avait le droit d'accès, car il recelait de trésors qu'il aurait été fort inopportun de partager. Point de ces butins dont l'on se complait, guère de ceux que l'on envie, ce n'était que monceaux et pléthore d'épîtres amassées de-ci, de-là, toute la richesse épistolaire du gouverneur des terres australes, jalousement gardée. Il y avait là ses correspondances, toutes celles qu'il entretenait ou avait entretenues depuis qu'il savait faire danser la plume et coucher l'encre de façon intelligible. Si des sentimentales s'égaraient dans cette immensité littéraire, dont les quelques-uns écrites de la main même de son adorée et défunte Diane, l'ample majorité n'était que d'ordre féodal, et plus généralement de celui diplomatique. Plus d'un quart de siècle de lettres entreposé dans ces armoires, le tout parfaitement ordonné par date d'apparition et expéditeur. Mais à chacune de ses visites, Gabran était las, désenchanté de constater qu'il comptait bien plus d'échanges au sujet de la guerre qu'autre chose. Les corbeaux ne cessaient jamais leurs pérégrinations, ils ne prenaient leur essor que pour mieux réapparaître, la plupart du temps dignes de leur apophtegme : Noires ailes, Noires nouvelles. Le manque de lumière somme toute volontaire permettait de conserver ce qui aurait pu s'apparenter à un patrimoine, et plus encore, la pénombre alliée aux flammes des bougies lui ployait davantage d'inspiration et de concentration. Dieu lui en était témoin, toute la fécondité de l'imagination était nécessaire lorsque l'on adressait une missive à nulle autre que la souveraine du royaume d'Ecosse. C'était effectivement la raison pour laquelle le seigneur avait disparu durant la sorgue, la rédaction de diverses réponses avait quémandé son attention, et en particulier celle de Merida DunBroch, laquelle il ponctuait enfin du point final.

Les calots du MacGuffin biaisèrent en direction du fameux cierge en proie au trépas, lui indiquant alors qu'il était, une fois encore, resté dans son univers bien plus longtemps qu'il ne l'aurait songé. Dans une intuitive mouvance, ses phalanges époussetèrent le vélin qu'il venait tout juste de parachever, avant de l'estampiller du chaudron héraldique et patriarcal qui en authentifierait la valeur. A la suite de quoi, il rassembla les documents et se décida enfin à quitter cet office au contenu secret, dont il referma précautionneusement l'huis à l'aide de l'unique clé existante et qu'il avait en sa possession. Une lorgnade au factionnaire posté aux abords suffit à décupler la vigilance de ce dernier, puis, il progressa dans le corridor, jusqu'à la première trouée murale par laquelle irradiait l'extrême clarté du jour et de ses cieux chargés d'un blanc nival. Ses pupilles s'étrécirent, submergées par l'azur éthéré de ses iris diaprés d'une neurasthénie infuse. Des prunelles qu'il tenta de lénifier en les plissant, contraint même de se masser les paupières de la pulpe de ses doigts pour les accoutumer à cette nouvelle luminosité. Diantre, le pastel de l'aurore semblait s'être estompé depuis un moment déjà, même si la matinée ne faisait qu'être entamée : combien de temps s'était-il reclus ? Un soupir passa la barricade de ses lippes, puis il se remit en route pour rallier la roukerie du bastion, où le doyen des mestres en charge de l'envoie et de la réception du courrier aurait de la besogne. Toutefois, en se hasardant dans le promenoir qui menait à la plus haute tour de la forteresse, il crut apercevoir un ange passer. Interloqué, le suzerain se hâta jusqu'à l'angle auquel ladite créature céleste venait de tourner, et en s'y penchant, il ne put que reconnaître une princesse venue braver la froidure de la saison hiémale. Sa crinière serpentine d'un ardent roux contrastait majestueusement avec le paysage enseveli d'opale, telle une furtive et mutine flammèche que l'on admirait dans l'oeuvre. Et à l'instar d'une triste avette subjuguée par la seule fleur encore présente en ces lieux, il la talonna jusqu'à pénétrer dans la fauconnerie, discret et observateur.

Il n'avait aucun doute sur la raison de sa visite, Torquil n'avait point apprécié la compagnie de sa maîtresse depuis trop de crépuscules et devait assurément se languir de cette dernière. Gabran rejoignit directement le préau de la cour, dans laquelle il était intimement persuadé de retrouver sa pouponne accompagnée de son ami le rapace. Quelques minutes suffirent pour que son instinct soit agrée par la vision d'une véritable fée venue se changer les idées, il ne l'importuna pas tout de go, la laissant à son activité tandis qu'il la contemplait comme la plus belle gemme que la terre ait daigné porter. L'autour fut libéré de son carcan et répondit à l'appel de la liberté, fier et gracieux, puits de songe pour une enfant encore songe-creuse et qui avait marotte à imprégner les murs de leur logis de sa badinerie. Ce fut alors qu'elle éclata d'une impulsion juvénile et indiciblement émouvante, du moins aux yeux de son père dont l'âme chavira d'une déferlante d'émoi. L'attendrissement atteignait son paroxysme, adieu le spleen, une fine risette vint ornementer son faciès pourtant ébauché par la préoccupation et la fatigue. Fut-ce le poids de son regard qui attira celui de la donzelle ? Il l'ignorait, mais un ricanement comblé s'éleva de son gosier lorsqu'il l'aperçut se presser en sa direction. A son tour, il sortit hors de sa cache, ses chausses raclant la neige au sol, et accueillit la belle dans toute la chaleur de son étreinte.


« Guère assez ma fille... Guère assez... » Lui susurra t-il tout bas comme une confession dont l'on s'épanchait avec appréhension du jugement qui en résulterait. Il la garda ainsi contre sa puissante charpente, avant que l'une de ses rotules ne se pose à terre pour se mettre à hauteur de Rhona. Face à celle-ci, il admira sa physionomie qu'il estimait sculptée par le plus virtuose des archanges, un chef d'oeuvre à son coeur, une muse dont l'on ne discutait ni de la vénusté, ni des facultés. Ses mirettes rieuses étaient enclines à lui inspirer tout l'espoir du monde, à pacifier les affres qu'il trainait péniblement avec lui dans le cadre de ses coercitions et de son amour meurtri. « Je me rendais à la roukerie lorsque je t'ai aperçue, j'ai promptement conclu que tu t'en allais voir Torquil, mais... » Il examina attentivement ses atours, détaillant la moindre couche superposée comme si sa vie en dépendait – n'était-ce point le cas ? Ses mains glissèrent sur les épaules de la demoiselle jusqu'à ses bras qu'il pressa délicatement, l'air un peu trouble. « Es-tu assez chaudement vêtue ? N'attrape aucun mal ma merveille, l'hiver s'est promis rude cette année, je ne tiens pas à te voir alitée comme à la précédente saison. »

L'année dernière avait été source d'angoisse pour le laird qui avait vu sa benjamine frappée par la maladie. La maladie ? Un simple « coup de froid », n'avait jamais cessé de seriner le praticien et les soeurs à un seigneur et père outrageusement inquiet. Sa température s'était suffisamment accrue pour la garder dans sa couche quelques jours durant, mais jamais Dame la Mort n'avait menacé d'une quelconque visite inique et intrusive – fort heureusement ! Cependant, voir sa princesse éreintée, sans plausibilité de lui venir en aide, l'avait épeuré comme jamais, il s'en était rongé les sangs jusqu'à son complet rétablissement. Son ange, aussi délicat pouvait-il être, n'était pas fait de cristal, une véracité que Gabran avait bien du mal à concevoir tant ses sentiments ascensionnaient les cimes de l'incommensurable. Dans un geste qui miroitait parfaitement son implication dans son rôle paternel, il réajusta la pèlerine de Rhona de façon à ce qu'elle lui couvre davantage nuque et gorge. Le dos de ses phalanges vint vérifier sa température en se posant sur sa joue ronde d'innocence et enjolivée d'un charmant érythème. Enfin, il effleura sa pommette du pouce puis déposa une caressa dans sa somptueuse chevelure, rassuré par sa furtive et grossière auscultation.

« Ne préférerais-tu pas être à l'intérieur, près de l'âtre avec un verre de lait chaud au miel ? Un velouté de fruits glacé... Des biscuits d'avoine peut-être ? » Toute tentative de persuasion – même corrompue par quelques délices culinaires. - était justifiable par le fait qu'il aimait la savoir dans la chaleur de leur foyer, plutôt qu'à s'ébrouer dans la neige. Toutefois, il n'omettait pas que sa fille était encore jeune et s'émerveillait d'un rien, lorsque lui voyait un hiver synonyme d'affliction et de trépas éphémère, sans doute y entrevoyait-elle toute la magie d'une période annuelle sans égale. Comment lui en vouloir de souhaiter en profiter ? Ce qui n'empêcha pas le gouverneur d'essayer de la convaincre en avançant d'autres arguments que celui de la gourmandise. « Et si tu m'accompagnais voir mestre Amàrihl, que je lui dépose ces épîtres et que je récupère celles fraîchement parvenues, et nous aurons un peu de temps pour nous... » Depuis le retour des Northern Highlands et de l'incident avec Mor'Du, il ne s'était guère fait très présent, même particulièrement absent puisque happé par toute une réorganisation vassale, territoriale et martiale avec les changements nationaux qui avaient été opérés durant les frairies dans le grand Nord. « Tu pourrais me conter le dernier opuscule que tu as lu... Lequel as-tu terminé récemment ? »
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Rhona MacGuffin
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Je suis une princesse. Toutes les filles le sont. Tant pis si elles vivent dans de sordides greniers, tant pis si elles sont vêtues de haillons et tant pis si elles ne sont ni jolies ni élégantes ni jeunes. Elles sont toujours des princesses, c’est notre privilège. Votre père ne vous a jamais dit ça ? Vous l’a-t-il dit ?!

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MessageSujet: Re: I'm your little princess [Gabran]   I'm your little princess [Gabran] EmptyMar 23 Avr - 18:15

I'm your little princess
Rhona & Gabran


Le rire de la jolie rousse se fit cristallin dans l'air froid et pur de cette matinée froide d'hiver. Le vent glacial rosissait ses joues pâles... Indécent selon sa mère. Si naturel pour la jeune fille. En cet instant, elle était simplement heureuse. La neige avait toujours eut cet effet là sur elle. Délicieuse femme enfant qui n'avait pas encore trouvé sa place dans le monde... Enfant dans sa façon de s'émerveiller de tout, de sauter au cou de son père pour l'embrasser impulsivement, offrant ainsi un tableau insolite et touchant... Femme alors que son corps se paraît de formes que les hommes ne pouvaient plus ignorer.

La réponse de son père l'avait fait rire et pourtant, elle devinait le regret dans sa voix, le regret de voir le temps passer, lui filer entre les doigts, sans en profiter suffisamment. De voir sa fille grandir, devenir femme et bientôt, le quitter pour aller sur les terres de l'époux qu'il lui aurait choisi et à qui il lui aurait donné sa main. Rhona osait espérer que son père l'aimait assez pour ne pas l'offrir au plus offrant, ou au premier venu mais à un homme qui saurait prendre soin d'elle, en qui il aurait confiance pour ne pas laisser dépérir son petit trésor, comme une fleur qui manquerait de soleil et se fânerait.

Gabran mit alors genou à terre pour se mettre davantage à la hauteur de sa fille qui plongea ses yeux bleus dans le regard si semblable, bien que plus clair et transperçant encore, de son paternel. Elle avait mis tant de temps à tisser un lien avec lui... Enfant née dans le camp adverse, marionnette d'une mère qu'il n'aimait pas et dont il se méfiait, mais qui avait su couper ses fils et s'affranchir du joug de la sorcière, pour gagner ainsi l'attention de son père et finalement, son amour. Comme celui de son frère. Elle regrettait les années perdues, mais se rattrapait autant que faire se peur désormais, sachant elle aussi que le temps était finalement compté.

Il lui avoua alors se rendre à la roukerie quand elle l'avait interrompu. Quand sa vue l'avait interrompu. Elle sourit, creusant d'adorables fossettes sur son visage de poupée. Elle n'aimait pas les corbeaux, leurs croassements de mauvaise augure, leurs attitudes de charognards... Elle préférait les aigles, les faucons, les gerfauts, plus nobles, des chasseurs. Les corbeaux aux noires ailes, lui rappelaient la mort et son cœur se serrait de peur quand son frère ou son père étaient absents et que l'un de ces sombres volatiles arrivait au château... Alors que sa mère devait espérer.

« Le message que vous alliez envoyer est-il moins important que moi ? »

Adorable enfant qui posait cette question avec une innocence qui n'était pas totalement réelle. Mais entendre dire que rien n'était plus important qu'elle était un cadeau précieux et qu'elle chérissait, quand sa mère la rabaissait et lui faisait comprendre combien elle était insignifiante. Il se mit alors à l'examiner avec acuité, marquant une pause dans son aveu et elle devina la suite, alors que son inquiétude rejoignait celle du jeune fauconnier. Il craignait qu'elle ne fut pas assez couverte et n'attrape mal, comme l'hiver dernier qui avait vu la fièvre la prendre et la toux la déchirer pendant plusieurs jours. Un mal courant en hiver, alors qu'elle n'avait sans doute pas été assez prudente, ou que son petit corps était plus fragile qu'elle ne le pensait. Pourtant, elle en était sortie vivante et à aucun moment le Mestre n'avait craint pour sa vie.

« N'ayez crainte Père, j'ai retenu la leçon de l'an dernier, et ne ressens nul froid, sinon celui du vent sur mon visage. »

Délicieuse sensation qu'elle ne voulait pas perdre en s'enfermant à l'intérieur. Elle ne voulait pas craindre le froid, pas craindre la pluie, ni le soleil qui colorait ses traits. Elle n'était pas de cristal, elle ne casserait pas si facilement. Elle observa à son tour attentivement son père, tandis qu'il lui caressait le visage et terminait son examen dans ses cheveux roux et lâchés. Ils étaient rarement enserrés dans une coiffe trop sévère. Les servantes faisaient des merveilles en terme de joliesse et de complexité, mais aucune n'avait à cœur d'enfermer cette somptueuse chevelure ondulée. Ainsi Rhona avait-elle souvent sa flamboyante chevelure en étendard, reconnaissable entre toutes. Son père avait vieilli avec l'exercice du pouvoir. Elle voyait les rides au coin de ses yeux, les ridules de lassitude, davantage que de vieillesse. Il ne serait jamais vieux pour elle, demeurant ce puissant chef de clan, ce glorieux guerrier, inaltérable.

Gabran ne semblait pas accepter l'idée que sa petite merveille puise demeurer dehors par ce froid, lui proposant même de rentrer au chaud, en l'attirant par la gourmandise, allumant une étincelle rieuse dans les yeux de sa cadette, qui finit par mettre sa main devant sa bouche et rire doucement devant la tentative grossière de l'allécher.

« Voilà une manœuvre totalement déloyale que de m'attirer à l'intérieur par la promesse de quelques douceurs, douceurs que mère réprouve d'ailleurs. Elle détesterait que ma gourmandise ne m'épaississe la taille et me donne encore moins de charme. »

Ce n'était là que la vérité, même si Rhona se doutait qu'il faudrait plus que quelques douceurs pour lui faire prendre de l’embonpoint, même si la charmante pucelle était une réelle gourmande... Mais pour le moment, sa silhouette était fine, même si ses hanches étaient assez larges pour porter un enfant et si sa poitrine se développait. Il lui proposa de l'accompagner voir le Mestre jusqu'à la roukerie afin de déposer lettres et récupérer nouvelles pour passer du temps ensemble. Du temps ensemble... Voilà bien le meilleur des arguments. Et il acheva de la convaincre en lui proposant de parler de sa dernière lecture. Il connaissait sa fille, il savait comment éveiller son intérêt. S'il devait lui choisir un mari, il saurait lui trouver un homme à la mesure de l'intelligence de sa fille.

« Je suis actuellement en train de lire l'Histoire des Animaux, d'Aristote. »

Les philosophes grecs passionnaient la demoiselle. Se procurer ces ouvrages la comblaient d'aise alors qu'elle s'imprégnait de leur façon de penser, qu'elle développait la sienne, ne trouvant malheureusement pas grand monde pour discourir avec elle, hormis quelques vieux Mestres. Doucement, la jeune fille caressa le visage de son père, soulignant du bout des doigts les marques de fatigue et de tracas.

« Les temps sont durs et les tourments se lisent sur votre visage. »

Comme si elle avait le pouvoir des anges ou des fées, la jeune fille embrassa le front de ce père tant aimé, avant de sourire.

« Je vais rappeler Torquil. Vous savez qu'il va m'en vouloir de lui voler ces quelques minutes de liberté ? »

Elle sourit, radieuse, avant de siffler, un sifflement puissant, peu seyant pour une jeune fille. Elle sortit de son sac un morceau de viande, attendant que l'animal daigne revenir. Ce qui ne prit guère de temps, alors qu'il s'accrochait au bras ganté de la jeune fille et qu'elle lui donnait la viande, couvrant ensuite habilement les yeux de l'oiseau.

« Il semblerait qu'il approuve votre proposition, il n'est pas toujours aussi disposé à rentrer. »

Elle se dirigea au sein de la fauconnerie et déposa l'oiseau sur son perchoir en lui susurrant des mot doux, tandis que le jeune fauconnier prenait le relais. Elle se débarrassa du sac et ses gants.

« Récompense-le, il l'a mérité. »

« Bien Milady. »

Il s'inclina, non sans avoir salué comme il se devait le Seigneur des lieux, alors qu'elle faisait volte face et agrippait le bras de son père avec fougue.

« Nous y allons ? »



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MessageSujet: Re: I'm your little princess [Gabran]   I'm your little princess [Gabran] EmptyVen 26 Avr - 15:07

« Fais un voeu, alors cela deviendra sûrement réalité.
Nous changerons notre tristesse en force, celle dont nous sommes guidés.
Je désirerais écrire toutes les nuits,
pour te mettre mon amour en mots.
Mais l'éternité n'est pas assez longue,
et les paroles me manqueraient pour tout te dire.
Tu es ma princesse, ma fille, ma vie,
Grâce à toi, de nouveau je souris.
Fais un voeu...
»









D
ieu, qu'elle était adorable. Seigneur, qu'elle était une offrande des cieux. Il en était intimement persuadé, ses patenôtres aux pieds des saintes ronde-bosses avaient été entendues, à défaut de lui avoir rendu sa défunte Diane, l'on avait tenté de lénifier ses affres par la venue d'une bribe de paradis. Rien ne serait jamais apte à totalement pacifier les maux qui chamarraient son âme de la tragique perte de son âme-soeur, c'était une évidence, une véracité à laquelle il ne pourrait échapper, mais il lui semblait que son chemin de croix devenait moins ardu lorsqu'il se trouvait aux abords de sa petite dernière. Sa seule vision lui apparaissait comme mirifique, un peu comme s'il effleurait l'éden du bout des phalanges, et toute la tendresse qu'il lui vouait, elle la lui reversait en un ineffable amour. Irradiante d'innocuité et de franchise, voilà ce qui en faisait un être d'exception, encore plus qu'une simple princesse aux yeux du maître des lieux. Peu importe sous quel jour il se présentait à elle, la jeune fille lui était souriante, affable, et chacune de ses mimiques lui redonnait de cet espoir spectral. Son seul rire de cristal était une douce symphonie à ses tympans, ses propres commissures se contractaient en une risette comblée et charmée : pouvait-on dire qu'elle était plus importante qu'une épître adressée à la souveraine du royaume d'Ecosse qui n'avait que pour sujet la conflagration de cette même contrée ? Assurément. Des guerres, il en aurait menées de front, pour elle. Des croisades, il en aurait faites avec virulence, pour elle. Le pays tout entier, aurait-il traversé, et même bien au-delà de leurs lisières, pour ses magnifiques mirettes qui scintillaient des astres que la nuit perdait parfois. Point une seconde n'avait-il hésité lorsqu'il avait été question de choisir entre la roukerie et la talonner, ses coercitions de laird n'attendaient pas toujours, mais quelle exception n'aurait-il pas fait sans même qu'elle ne la lui réclame ? A cela toutefois, il n'avait fait que répondre un sourire entendue, certaines certitudes se passaient de mots. Puis, il ne put que constater que sa tentative de persuasion culinaire était infructueuse, lamentable même, mais il se prêta tout de même à rire. Une badinerie qui s'évanouit dans le néant dès lors qu'il fut question de l'acerbité de Sorcha, la succube de la maison dont il dépréciait plus que fortement l'attitude. Evidemment, il était parfaitement au fait des relations pour le moins alambiquées qui liaient la mère à sa benjamine, mais... Diantre, comment osait-elle soulager sa frustration en jouant d'âpres critiques ? Critiques dont elle se gardait bien de gerber lorsqu'il était présent, il aurait fallu être à aliéner que de s'essayer à dénigrer son petit ange sous ses yeux ! Ne pouvait-elle donc guère agir comme il le faisait avec Eileen, en ne lui vouant aucun intérêt sans pour autant se complaire à la lapider de son acrimonie ? Telle était sûrement leur plus grande différence, là où l'un pouvait aisément faire preuve de circonspection, l'autre était de trop infatuée et subtilement pugnace pour faire fi de commentaires. Il en était outré...

« Ne prête aucune foi dans ce que pourrait te dire ta mère, elle ignore tout de ta vénusté comme de ton charme. »

Un fait irrécusable selon lui, mais il aurait été vain de créer une polémique à ce sujet, son épouse était malheureusement ainsi et ne changerait pour rien au monde. Le sang Chattam était un fiel dont l'on ne se débarrassait point. Il préféra être attentif aux paroles de la jouvencelle, et lui sourit derechef lorsqu'elle le renseigna sur sa dernière lecture. Gabran était lui-même un fin bibliophile, enchanté de voir que ce fut une passion qu'il avait su transmettre à sa fille et qu'en plus de cela, elle en usait à fort bon escient. Mais avant même qu'il ne puisse lui répondre, il sentit la délicate pulpe des doigts de Rhona retracer les sillons de l'âge de son faciès, buriné par une vieille graduelle, et bien plus. Tentait-elle d'apprendre la moindre courbe de ses traits physionomiques ? Il fut bien sot de la penser si candide, car ce n'était guère vraiment sa personne qu'elle tâchait de mémoriser... Non. Elle ne faisait que traduire les chapitres de son être à l'instar d'un opuscule qu'elle lisait progressivement, au gré du temps. Il fut incroyablement pantois et touché de sa sagacité, plus encore de ce symbolique baiser déposé à même son front, pour et par lequel il se serait liquéfié sur place. La vérité était douloureuse, mais elle restait la vérité. Il se devinait marqué par une pléthore d'émotions négatives, et il en était navré. Lui, n'avait pas ses beaux érythèmes de santé, il n'avait pas non plus sa jovialité, quant à son optimisme... Cela faisait longtemps qu'il n'y en avait plus, supputé par l'expectative. Il en fut troublé, c'était le cas de le dire, mais recouvrit rapidement sa contenance et se releva, observant avec intérêt l'habileté avec laquelle la jeune fille se faisait obéir de son rapace. « Torquil est sage, vous formez un excellent binôme. » Se plut-il à préciser en contemplant le magnifique oiseau au bras de sa maîtresse, non mécontent de le lui avoir offert. Puis, ensemble, ils pénétrèrent à l'intérieur de la bâtisse pour y ramener le faucon, le suzerain se fit patient après avoir adressé une salutation silencieuse à l'apprenti autoursier qui se trouvait là. A la suite de quoi, il offrit son bras à la belle demoiselle et acquiesça en reprenant ses propres termes. « Nous y allons. »

Dans un nouveau réflexe qu'il ne put réprimer, il s'assura que la pèlerine de Rhona était convenablement installée sur le galbe de cette dernière et que donc, elle ne risquait rien à se confronter à la froidure externe. Puis, ils prirent la route en couplet, le gouverneur irréfutablement ébaudi d'avoir sa benjamine à ses côtés et ce, même s'ils se rendaient dans un endroit qu'elle n'appréciait guère véritablement. La roukerie se trouvait aux cimes d'une haute tour du bastion MacGuffin, une tour quelque peu lugubre, il le concédait. En chemin, les factionnaires qu'ils rencontrèrent se mirent tous au garde à vous, dignes, dans leurs armures frappées du chaudron magique, de même que les domestiques ou dignitaires les saluèrent avec une déférence légitime. Une déploiement de convenances auquel le laird était accoutumé, mais il ne manquait jamais pour autant de considérer chacun de ses subordonnés ou sujets d'au moins une gestuelle d'intérêt. Ils gravirent ensuite les nombreux escaliers qui les mèneraient droit à l'antre du doyen des mestres, qui lui faisait office de lieu de besogne aussi bien que d'appartements, un endroit retiré où il pouvait travailler en toute quiétude. Le géronte qui se faisait particulièrement âgé le méritait bien, après tant d'années de bons et loyaux services, une place qui lui seyait à ravir. Gabran s'annonça naturellement en frappant à l'huis auquel ils parvinrent, bien qu'il n'attendit aucun réponse avant de l'ouvrir et d'y faire entrer sa fille la première. Ils furent accueillis par les croassements de plusieurs freux en cage, l'un d'eux, le plus imposant de tous, était juché sur un perchoir et relié à celui-ci par une fine chaînette attachée à sa patte. Son épais plumage d'ébène gonflé comme s'il cherchait à se maintenir au chaud, il tourna son bec en direction de la donzelle et, soudain, déploya ses ailes en faisant entendre son horrible ramage.

« Reste près de moi Rhona. » Souffla le fier gaélique en posant sa main sur l'épaule la plus éloignée de son enfant, dans le dessein de l'envelopper d'une présence protectrice. Même s'il savait que tous les corbeaux utilisés à des fins épistolaires étaient domestiqués et ne s'attaquaient point impunément à l'homme, la prudence restait mère de sûreté, et il ne désirait pas que la nymphette soit apeurée. Sans doute était-elle plus courageuse qu'il ne le pensait, mais son instinct de père prenait irrémédiablement le dessus. L'oiseau de jais se désintéressa bientôt d'eux en retournant à sa sieste, à l'instant même où un vieux quidam leur apparut en sortant d'une pièce contigüe.« Qui est-ce ?... Oh ! Milaird, je ne vous avais point reconnu tout de go, pardonnez-moi. Ce n'est rien mestre Amàrihl. Et n'est-ce pas là le jeune oisillon de sa seigneurie ? Milady, cela fait longtemps que je n'ai eu l'opportunité de vous admirer, permettez-moi de vous dire que vous êtes ravissante ! » Les prunelles azurées de Gabran se posèrent sur le minois de ladite lady pour laquelle il gonflait bien volontiers son orgueil, tant elle lui inspirait fierté. Il déposa une caresse dans sa flamboyante crinière puis la dépassa pour approcher du grand bureau central, sitôt imité par son homologue qui prit soin de mettre furtivement un semblant d'ordre dans les documents qui jalonnaient le meuble. « Cette missive est à expédier vers les Northern Highlands, pour la reine Merida DunBroch. Je veux qu'elle parte expressément. Je vois, il en sera fait selon vos désirs mon seigneur. J'ai ouï-dire des récents événements, pensez-vous pouvoir faire confiance à la famille royale ? » Le chef de clan se tût un instant et guigna en direction de sa fille, comme incommodé d'avoir à parler politique alors qu'elle se trouvait à quelques pas de là, bien qu'il finit tout de même par répondre, un peu distraitement. « Confiance serait hyperbolique... Nos mutuels espoirs de paix ont unifié nos bannières, nous guerroyons pour la même cause, et même sans cela, nous ne pouvons sciemment ignorer l'alliance des Dingwall aux Macintosh. J'ai comme l'impression que ce n'est guère demain que nous pourrons contempler le crépuscule de ce conflit... Je le crains, mon ami. L'incursion de Mor'Du n'est sûrement pas une coïncidence, mais de là à imputer la faute à la reine. Je suis de cet avis, il est étrange que le démon apparaisse après le retour des triplés... Nous en reparlerons une autre fois, si vous le voulez bien. Si fait milaird ! Bien, veuillez me remettre les éventuelles épîtres que vous auriez reçues je vous prie. Rhona ? Nous partons. »

Le mestre s'empressa de délivrer une liasse de lettres que le suzerain examina succinctement, prenant simplement connaissance des différents sceaux pour conjecturer sur l'importance des correspondances et donc du temps qu'il possédait pour s'y pencher. Toutes venaient de féaux, quoi de plus naturel, alors qu'il était rentré dans les Lowlands depuis peu ? Mais la vassalité pourrait bien patienter un peu, lui aussi, avait parfois besoin d'une accalmie. Père et fille repartirent en sens inverse, redescendant tout ce qu'ils avaient hardiment ascensionné pour arriver au sommet, déplacement que le quarantenaire ne faisait qu'occasionnellement, lorsque le courrier était de haute importance. Fort du devoir accompli, Gabran songeait à une activité qu'il pourrait partager avec sa grande pouponne, réfléchissant à la manière de lui faire le plus plaisir. Ce n'était point un secret, il aurait amplement préféré rester en leur demeure, là où il ne pourrait jamais rien leur arriver, toutefois... Il concevait l'envie d'une sylphide souvent enfermée entre quatre murs de voir autre chose, de se dégourdir plus physiquement qu'intellectuellement contraire à d'habitude. Alors qu'ils longeaient l'une des petites cours, veillant à passer sous le préau pour ne pas avoir à peiner dans la neige, ses calots s'élevèrent sur la voûte céleste et lourde d'une éblouissante blancheur. Il y avait la ville, mitoyenne à leur bastion, juste aux pieds de la saillie sur laquelle ils vivaient... Ou la sylve privée du château, celle-même où se trouvait la sépulture de Diane, bien qu'ils n'étaient guère contraints d'emprunter le sentier y menant. Et puis, il était avec elle, pouvant lui-même juger du moment le plus propice pour rentrer. Une auto-persuasion qui porta ses fruits, motivé par la quasi-certitude que son effort tant que son offre seraient appréciés de l'intéressée.

« Que dirais-tu de musarder, toi et moi ? » Lui proposa t-il en s'immobilisant et avec une façon bien à lui d'amener le sujet. Se faire badauds n'avait rien d'extraordinaire en soi, aussi, moue mutine aux lèvres, il feignit de réfléchir pour faire languir l'ondine sur la suite de sa suggestion. « A dos de cheval, peut-être ?... L'air frais pourrait ne point faire trop de mal à nos amis hippiques... » Sa tirade conjuguée au conditionnel et la lorgnade espiègle qu'il lui adressa n'avaient que pour but de faire croire qu'il n'était pas encore tout à fait décidé, une innocente taquinerie que la jouvencelle décèlerait vite tant elle pouvait se targuer bien connaître son paternel.
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Rhona MacGuffin
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Je suis une princesse. Toutes les filles le sont. Tant pis si elles vivent dans de sordides greniers, tant pis si elles sont vêtues de haillons et tant pis si elles ne sont ni jolies ni élégantes ni jeunes. Elles sont toujours des princesses, c’est notre privilège. Votre père ne vous a jamais dit ça ? Vous l’a-t-il dit ?!

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MessageSujet: Re: I'm your little princess [Gabran]   I'm your little princess [Gabran] EmptyJeu 2 Mai - 16:42

I'm your little princess
Rhona & Gabran


Elle n'aurait pas du émettre de critiques concernant sa mère devant son père. Elle évitait de lui faire trop souvent part de son malaise concernant sa mère, de leur relation qui n'avait rien d'une relation mère fille alors que Sorcha ne considérait plus sa traîtresse de fille comme digne d'intérêt. En refusant d'entrer dans ses combines, Rhona s'était vue renier... Si elle avait gagné l'amour de son père et de son frère, elle avait perdu celui de sa mère et de sa sœur et c'était un manque qui lui faisait mal au cœur... Mais elle ne pouvait être neutre, être dans un camp revenait à ne pas être dans l'autre. Ce n'était pas cela une famille... Alors, dans les méandres de son cœur, Rhona souffrait en silence d'être ainsi reniée par sa mère. D'être sans cesse dénigrée. Pas assez gracieuse, pas assez jolie, un second choix pour les prétendants qui n'auraient pas eu sa sœur. Difficile pour une jeune fille qui se construit de ne pas croire aux remarques perfides d'une femme qui était la beauté et la séduction incarnées...

Pour ne pas tracasser son père avec ces bêtises, Rhona en parlait peu, gardant tout pour elle, comme elle n'en parlait pas à Bearach, qui n'avait pas besoin des soucis de sa sœur. Elle demeurait le petit rayon de soleil des deux hommes de sa vie et elle ne voulait pas obscurcir leur ciel. Mais cette fois, cela lui avait échappé et son père lui répondit alors qu'elle ne devait se soucier de l'avis de sa mère, qui ne savait reconnaître le charme de sa fille. Elle sourit, décidée à rejeter loin de leurs pensées cet impair.

« Vous avez raison Père. »

Ne pas écouter sa mère, faire semblant de penser qu'il avait raison la concernant alors qu'il n'était absolument pas objectif concernant sa cadette. Si sa mère était trop sévère, son père était trop gentil. Comment trouver le juste équilibre ? Peut-être prendrait-elle confiance en elle concernant ses charmes quand des hommes étrangers à la famille commenceraient à lui faire la Cour, à la faire se sentir désirée... Mais comment savoir alors s'ils ne convoiteraient pas son nom, plus qu'elle-même ? Rhona ne se faisait aucune illusion, elle ne ferait pas un mariage d'amour. Son père pouvait l'adorer, il ne sacrifierait pas une alliance juteuse pour les caprices amoureux de sa petite dernière, mais elle espérait qu'il l'aimait assez pour lui trouver un mari qui saurait la rendre heureuse et avec qui elle saurait être complice.

Il s'enquit de ses lectures et la jeune fille ne se fit pas prier pour lui confier ce qu'elle lisait. Voilà, il lui fallait un époux qui saurait mettre la main à la bourse pour permettre d'assouvie la soif de curiosité de la jeune fille. Certaines femmes dépensaient des fortunes en toilettes, en bijoux, en chaussures... Rhona n'avait cure de tout cela, mais pour des parchemins, elle aurait dépensé des fortunes. Alors que son père était agenouillé devant elle, elle se mit à caresser son visage buriné du bout des doigts, soulignant les marques de l'âge, mais surtout des soucis, faisant remarquer qu'il semblait bien tourmenté, avec une douceur d'ange, tandis qu'elle l'embrassait avec tendresse. Elle vit le trouble dans les magnifiques yeux céruléens de son père, mais il ne répondit rien, il n'y avait rien à répondre à cela, c'était juste la douloureuse réalité. Rhona aurait aimé que la guerre cesse pour qu'elle ne tremble plus pour les hommes qui lui étaient chers, pour qu'elle puisse profiter de son père et de son frère plus souvent, pour ne pas voir cette lueur bien reconnaissable dans leurs yeux...

Elle rappela alors son faucon, capitulant face à l'insistance de son père et le royal rapace ne tarda pas à venir se poser sur le bras ganté de la jeune fille. Elle était si proche de ce volatile. Il lui obéissait au doigt et à l’œil et elle ne devait cette parfaite obéissance qu'à la patience du Maître Fauconnier qui lui avait tout apprit. Elle ne remercierait jamais son père pour cette bonté. Il avait cédé au caprice de la jeune fille, qui, au final, n'en était pas vraiment un puisque depuis, elle n'avait jamais délaissé Torquil. Toute jeunette soit-elle, elle savait se responsabiliser et assumer ses choix et ses envies. Ce n'étaient jamais des caprices d'enfant, mais des désirs d'adulte.

« Je ne vous serais jamais assez reconnaissante de me l'avoir fourni, de m'avoir permis de l'apprivoiser. Là où beaucoup auraient vu là un caprice, vous avez accepter de céder à mes désirs. Je ne pouvais pas faire déshonneur à votre confiance en n'apprenant rien de notre Mestre Fauconnier. »

Et elle était à la hauteur de l'enseignement, ce qui était une grande fierté pour elle, même si sa mère ne trouvait sans doute pas cela très approprié pour une femme. La demoiselle ramena l'oiseau, s'en occupa, avant de le laisser là et de prendre le bras de son père, le suivant. Elle rit légèrement, quand il vérifia qu'elle était toujours bien emmitouflée, amusée de cette inquiétude paternelle. Ils se rendirent à la roukerie, un endroit fort peu apprécié de la demoiselle, où elle ne se rendait jamais seule et rarement accompagnée finalement. Mais avec son père, elle ne craignait rien, même si un petit frisson parcourut son échine quand elle avisa la tour lugubre. Elle ne comprenait pas que le vieux Mestre pouvait demeurer là dedans sans avoir envie de se jeter du haut de la tour. Elle aurait détesté. Ils montèrent les nombreuses marches menant au sommet, la demoiselle relevant ses jupes et prenant garde de ne pas glisser dans cet environnement humide.

Gabran frappa à la porte, avant de laisser la demoiselle entrer la première, accueillie par maints croassements lugubres qui la firent reculer légèrement sous l'effet de la surprise. Surtout quand un corbeau prêt d'elle claqua du bec. Sentaient-ils donc qu'elle ne les appréciait pas lui faisaient-ils payer ? Elle ne fut que trop heureuse d'obéir à l'ordre de son père, se glissant près de lui tout en jetant un regard un peu craintif vers l'oiseau de mauvais augure. Elle n'était pas à l'aise dans cet endroit, mais se redressa et affronta sa peur, alors que le vieux Mestre les accueillait. Il salua d'abord Gabran, avant de s'intéresser à la jeune fille, la complimentant sur sa beauté. Sincère ou pas, la demoiselle sourit et fit une petite révérence charmante.

« Merci mestre Amàrihl. »

Elle se tut alors, laissant son père demander au vieux Mestre d'envoyer un pli à la reine, écoutant sans en avoir l'air leur conversation, s'intéressant aux événements politiques malgré elle. Amàrohl demanda si les MacGuffin pouvaient faire confiance aux DunBroch et la demoiselle devina les réticences de son père à parler de cela devant elle. Elle ne les regardait pas, gardant pudiquement les yeux baissés, mais elle écoutait les réponses de son père avec curiosité. Amàrihl semblait avoir envie de discuter, mais Gabran y mit un terme et permit ainsi à Rhona de quitter cet horrible endroit après que son père eut prit connaissance rapidement des diverses missives. Ils se retrouvèrent dans une des cours du château, Rhona admirant la neige si belle et pure. La voix de son père lui fit tourner la tête alors qu'il lui proposait de flâner un peu tous les deux.

« Je dirais que cela me ferait très envie. Mais pensez-vous que votre présence me réchauffe davantage que ma capeline et me protège d'un quelconque mal ? »

Malicieuse, la jeune fille pencha un peu la tête, alors que son père renonçait à la faire rentrer pour lui permettre de profiter encore de l'air frais et pur. Elle n'était pas en sucre, elle n'était pas si fragile qu'elle en avait l'air. Il proposa alors une promenade à cheval et le regard de Rhona s'illumina de plaisir anticipé. Elle retint pourtant son enthousiasme...

« Il serait criminel de les priver d'une sortie... »

Elle éclata de rire et de nouveau, se pendit au cou de son père, avant de planter un baiser sur sa joue pour le remercier de cette idée. Elle le lâcha alors et attrapa sa main, retroussant sa jupe de l'autre pour se diriger vers les écuries, un grand sourire aux lèvres. Arrivés aux écuries, la demoiselle prit la tête des opérations, devançant son père et demandant aux palefreniers et aux garçons d'écurie de sceller les chevaux sur le camp. Si elle avait l'apparence d'une adolescente, sa façon d'ordonner était celle d'une lady, même s'il n'y avait aucunement l'arrogance méprisante de certaines Dames bien nées. C'était une demande teintée de respect pour le métier que faisaient ces petite gens.

Aussitôt scellés, la demoiselle prit la bride de sa jument, magnifique haquenée, encore présent de son père, qu'elle emmena dans la cour, avant de monter avec célérité sur le dos de l'animal. Côte à côte avec son père, ils se dirigèrent vers la futaie adjacente au domaine. La demoiselle rejeta la tête en arrière, savourant le silence avec délectation.

« Voilà une idée excellente. Nous n'avons que trop rarement des moments à nous et je le déplore. »

Ce n'était pas un reproche, mais elle crut bon de préciser :

« Mais je sais bien sûr que vous avez quantité d'obligations qui ne vous permettent pas beaucoup de temps pour vous. A propos, Mère ne cesse de parler mariage... Bearach est fiancé... Avez vous parlé du mariage d'Eileen ? Ou de moi-même ? »

Un sujet comme un autre, mais un sujet important pour l'avenir de la jeune fille.



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Gabran MacGuffin
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MessageSujet: Re: I'm your little princess [Gabran]   I'm your little princess [Gabran] EmptySam 4 Mai - 10:32

« Fais un voeu, alors cela deviendra sûrement réalité.
Nous changerons notre tristesse en force, celle dont nous sommes guidés.
Je désirerais écrire toutes les nuits,
pour te mettre mon amour en mots.
Mais l'éternité n'est pas assez longue,
et les paroles me manqueraient pour tout te dire.
Tu es ma princesse, ma fille, ma vie,
Grâce à toi, de nouveau je souris.
Fais un voeu...
»









D
es présents, il en faisait par pléiades, à son petit bout d'ange. Rien n'était trop beau, trop précieux ou trop rare pour ses belles mirettes, et surtout pas son amour de père. Cette forme d'affection matérielle et animale ne résultait que de son désir de la voir heureux, l'âme sempiternellement ourlée de bonhomie, car il lui était insupportable de la savoir affligée, désappointée ou tout bonnement malheureuse. Faits auxquels il avait bien peu assisté, mais au revers de l'accortise de sa princesse, celle-ci était humaine, et encore juvénile, toutes les aubes ne pouvaient toujours être abordées avec la même gaieté. Si seulement quelques-uns de ses aurores, à lui, avaient été en mesure de lever le voile de la morosité simultanément à celui de l'obscurité nocturne... C'est de bien tristes cantilènes, qu'il se faisait chantre chaque matin, et en cette saison hiémale, les oiseaux n'étaient guère plus là pour lui égosiller le contraire. Son vœu était alors qu'elle puisse préserver ce que lui avait perdu bien longtemps auparavant, une joie de vivre qui n'était plus que spectrale, rongé, qu'il était, par les regrets, les affres, et cette maudite guerre qui n'en finissait pas. En tendresse, il tentait de lui rendre tout ce qu'elle lui déversait d'espoir, preuve en était, alors qu'il omettait volontiers ses coercitions pour profiter de sa délicieuse compagnie. Quant à savoir si sa seule présence suffisait à lénifier de probables maux... Il doutait pouvoir faire figure de panacée, en revanche, il aurait assurément offert sa vie pour la sienne, si un quelconque méchef les frappait. Ses commissures labiales s'étirèrent sensiblement en une maigre risette, il ne prononça mot, il n'en avait guère toujours besoin pour que Rhona le comprenne. Une véracité réciproque, car si elle se garda bien d'explicitement s'exalter de cette suggestion, il discerna sans mal une nitescence qui se voulut enthousiaste, impatiente de mettre ce projet à l'oeuvre. Ce qui ne tarda d'ailleurs pas ! Avant de prendre route en direction des chambres hippiques, Gabran se courba pour répondre à l'appel gestuel de son enfant qui désirait vraisemblablement se pendre à son cou en guise de remerciement. Une délicate main déposée dans son échine chaudement recouverte, il accueillit ce nouveau baiser telle la blandice d'un papillon ayant survécu à l'hiver, une merveille de lépidoptère qui ne craignait ni le givre ni la neige.

Un authentique sourire zébra la physionomie du laird lorsqu'il sentit les phalanges de la donzelle se refermer sur les siennes, et finalement l'entraîner dans son sillon. En chemin, il héla l'un de ses loyaux subordonnés auquel il remit les épîtres antérieurement récupérées de la roukerie, et qu'il récupérerait une fois rentré. A la suite de quoi, ils rejoignirent les écuries où les palefreniers se hâtèrent à la tâche, sous les expressives recommandations de la demoiselle qui, contrairement à ce que l'on pouvait subodorer, ne manquait pas de ton péremptoire. Le fier gaélique observa cette valse parfaitement orchestrée avec un éloquent amusement – Dieu, si elle avait pu naître homme, quel fils aurait-elle fait ! Un commentaire qu'il se faisait fréquemment, mais qui ne l'empêchait pas, pour autant, d'apprécier son aîné et héritier à sa juste valeur, car ce dernier serait certainement digne du fardeau diplomatique qui reposerait un jour sur ses seules épaules. Puis, Gabran prit le temps de déposer une caresse sur le chanfrein de sa jument pommelé, une attention que Léilhà sembla apprécier, avant que son maître n'ascensionne son rachis et ne s'empare de ses brides une fois qu'ils furent dans la cour. Le binôme de cavaliers se dirigea alors vers leur sylphe privée, un somptueux pan de verdure lorsque les beaux jours et l'astre diurne revenaient, mais aux arbres décharnés en cette période de fin d'année. Quelques frondaisons survivaient tant bien que mal, puis, il y avait toujours les augustes sapins aux robes d'épines qui avaient le don de réconforter de leur fourrure verdâtre. Circonspect et observateur, le suzerain des contrées australes égara ses calots sur un paysage qu'il préférait indéniablement sous sa vénusté d'été... Mais les Lowlands étaient et resteraient les terres de ses aïeux, que chaque premier né d'une fratrie MacGuffin avait protégé de sa vie, de sa foi, jusqu'à transmettre le flambeau à son légataire. En cet instant, seul l'aquilon psalmodiait ses nébuleuses patenôtres, n'ajoutant qu'un peu plus de magie au conciliabule du père et de la fille.

Et le père, justement, lui prêta volontiers l'oreille, à sa fille. S'il était tout aussi comblé de partager de son temps avec elle, il était également navré de ne pas être enclin à le faire aussi souvent qu'il l'aurait souhaité. Il eut un furtif rictus, avant que la conversation ne s'oriente presque tout de go vers un sujet d'importance, qu'il n'avait pas imaginé visiter en ce jour. Sorcha sustentait des conjectures d'alliances maritales ? Que la bougresse ravale sa grandiloquence et toutes ces manigances qu'elle était à même d'ourdir, les décisions passaient toutes par lui et par lui seul. La succube n'aurait guère son mot à prononcer si son époux en décidait ainsi, et jusqu'alors, il n'avait jamais sollicité son opinion concernant les mariages de leurs filles – Bearach était évidemment à exclure de cette affaire. Sans qu'il ne s'en aperçoive, l'agacement s'en était venu oindre son visage, et ce fut dans un soupir profondément las qu'il répondit tout en mirant le sentier qui s'étendait devant eux.


« Ta mère dégoise de tout et de trop, elle a un avis et aime à le faire savoir à toute l'Ecosse. » Il opina inconsciemment et négativement du chef, jurant dans un succinct mutisme que la Chattam ne pourrait jamais prétendre à la prépondérance dans des choix aussi substantiels que ceux-ci. Jamais, ou alors, il n'était pas un MacGuffin. « J'ai jusqu'alors refusé d'aborder ce sujet avec lady Sorcha, et en toute honnêteté, ma merveille, je n'irradie toujours pas de l'intention de le faire. »

Aux géhennes ceux qui pensaient que la venimeuse nymphe qui lui faisait office de femme jouissait d'une quelconque prépotence dans la gestion familiale, Gabran était bien suffisamment grand pour mener ses réflexions sans une rose des vents davantage ornée d'épines que d'une belle corolle. Le simple fait qu'il la désigne avec un préfixe aussi solennel faisait foi des lacunes relationnelles qui chamarraient le plus important couple des Lowlands, véracité dont il ne se cachait nullement, pas même en présence de sa benjamine qui avait une vision bien assez logique des choses. Les diaphanes prunelles du laird biaisèrent alors vers la sylphide, et la seule vue de son adorable minois lui permit de chasser sa crispation et de doucement se lénifier, les épaules soudainement moins contracturées. Il fut désolé de sa réaction, mais les propos proférés l'avaient pris à brûle-pourpoint et il ne parvenait guère toujours à réprimer son amertume lorsque le nom de sa présente épouse intervenait dans la tirade. Ce qu'il se hâta d'omettre, pour reprendre d'une intonation moins saumâtre.

« Ton frère, ta soeur et toi êtes tous à un âge où ceindre votre annulaire d'une alliance est plus qu'envisageable, prioritaire sous certains angles. J'avais approximativement le tien, d'âge, lorsque je me suis marié la première fois. » Prononcer le prénom de sa défunte âme-soeur n'aurait pas été opportun, point pour lui dans tous les cas, aussi s'en priva t-il. Cela, bien que son regard lorgna en direction d'un autre pan de la futaie, où Diane reposait dans sa sépulture. A l'époque, le gouverneur n'avait que seize ans lorsque son propre père passa de moribond à cadavérique, et il avait pris femme dans le même élan que son accession au statut de laird. Espérait-il rassurer Rhona par cette information ? Assurément.« Mais tu n'es pas sans savoir qu'il est d'usage de respecter un certain ordre fraternel, l'aîné se doit de se plier aux épousailles avant ses cadets. Ce qui ne tardera plus, la promise de Bearach nous visitera très bientôt. » Il prit soin de ne pas lever le voile du mystère sur l'identité de ladite promise, qu'il avait pourtant révélé au principal intéressé peu de temps auparavant. Chacun avait droit à ses secrets et ses confidences. « Eileen sera la suivante, et... Ce serait alors au tour de ma princesse d'apprécier un gentilhomme. » Il lui adressa un sourire réconfortant puis effleura la courbe de sa joue du dos de ses phalanges, avant de reprendre les rênes en mains. « Mais tu seras toujours ma princesse, et c'est non sans fierté que je vois les prétendants faire tes louanges, tenter de m'encenser pour obtenir ton coeur et ta main... Pour le moment toutefois, je suis encore ton seul et unique prince... N'est-ce pas ? »

Il fit la moue, l'air taquin bien qu'aimant, et une idée lui vint alors pour apporter une once d'enchantement à son discours. Il frappa délicatement les flancs de sa monture qui dépassa son congénère, alors qu'ils pénétraient enfin la sylphe. Sensiblement en avance sur la rouquine, Gabran en profita pour se redresser, bras tendu en direction de branches dont il attrapa une extrémité, qu'il fit précautionneusement vibrer à l'instant même ou la jouvencelle passa en dessous. La poussière nivale accumulée sur la ramure se détacha alors en une pluie de flocons qui vint saupoudrer et chatouiller Rhona. Une fois le manège exécuté, le gouverneur se réinstalla convenablement sur sa selle, un chaleureux ricanement outrepassant la barricade de ses lippes.

« Je gage que ton frère me fait de l'ombre en la matière... Diantre, aurions-nous à jouer d'estoc et de taille pour être ton élu ? » La badinerie était rare chez lui, elle ne se manifestait généralement qu'aux abords de la donzelle, lorsqu'ils n'étaient que tous deux. Il se remit à sa hauteur, plus ébaudi qu'il ne l'aurait songé par cette innocente flânerie qui l'éloignait de ses nombreuses préoccupations. « Tu n'as point d'appréhension à avoir. » Quelques secondes eurent loisir de s'écouler, avant qu'il ne pose son regard sur elle, intrigué et intéressé. « En as-tu ? »
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Rhona MacGuffin
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Je suis une princesse. Toutes les filles le sont. Tant pis si elles vivent dans de sordides greniers, tant pis si elles sont vêtues de haillons et tant pis si elles ne sont ni jolies ni élégantes ni jeunes. Elles sont toujours des princesses, c’est notre privilège. Votre père ne vous a jamais dit ça ? Vous l’a-t-il dit ?!

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MessageSujet: Re: I'm your little princess [Gabran]   I'm your little princess [Gabran] EmptyLun 6 Mai - 10:32

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Rhona & Gabran


Rhona se mordilla la lèvre inférieure quand elle entendit son cher père soupirer profondément alors qu'elle parlait d'alliances. Était-ce là un sujet qui le contrariait et qu'il ne voulait pas aborder ? Pourtant, il était d'importance et la jeune fille se tracassait fortement à ce sujet, à raison d'ailleurs... Quelle demoiselle n'était donc pas angoissée à l'idée de ses épousailles ? La plupart du temps, cela n'était que question de politique et les époux se découvraient le jour même de leur mariage... Rhona n'était pas forcément très exigeante concernant son époux. Elle n'avait pas besoin qu'il soit d'une beauté ravageuse ou qu'il soit un héros de la guerre... Même son âge ne lui importait pas vraiment (tant qu'il n'ai pas l'âge d'être son grand-père naturellement, mais jamais Gabran n'oserait la marier à un vieux barbon). Elle voyait bien des hommes d'âge mûr qui avaient fière allure. Même s'il demeurait préférable d'épouser un homme qui ne serait point trop âgé. Rhona se sentait encore terriblement jeune, voire enfantine dans son esprit. Un homme âgé n'aurait pas le même état d’esprit qu'elle et pas les mêmes exigences sans doute... Elle craignait que son époux ne l'étouffe, ne l'empêche de s'épanouir. Elle n'était pas capricieuse, mais elle avait ses passions et si on les lui enlevait... Que lui resterait-il alors ?

Gabran déplora alors que Sorcha ait un avis sur tout et surtout, le fasse savoir. Rhona sentait l'amertume de son père envers sa mère et était peinée que leur couple soit si distant. Il ne pouvait pas compter sur son épouse et son épouse ne pouvait pas compter sur lui... Après avoir aimé follement sa première épouse, son second mariage était l'exemple même du mariage politique que la demoiselle voulait fuir à tout prix. Elle n'exigeait pas l'amour, mais au moins la complicité... Et entre Gabran et Sorcha, il n'y avait rien de cela, pas même une certaine entente... Ils étaient deux étrangers partageant le même nom désormais. Même pas le même lit. Son père avoua alors qu'il n'avait pas parlé mariage de ses filles avec Sorcha et n'avait aucunement l'intention de le faire.

« Est-ce à dire qu'elle n'a aucun avis à émettre à ce sujet et que vous demeurerez le seul à décider ? »

Une petite lueur d'espoir s'était allumée dans les regard de la cadette. Si elle craignait que sa mère ne fasse grand cas de ses états d'âme et de sa personnalité pour lui trouver un époux, elle espérait que son père qui la couvait tant et l'aimait tant, choisirait un homme digne d'elle et de prendre soin d'elle... De prendre le relais de Gabran en quelques sortes. Et Rhona se faisait la réflexion que le futur beau fils avait intérêt à être à la hauteur de la tâche, au risque de subir les foudres de son beau-père. Et personne ne voulait encourir la colère de Gabran MacGuffin ! Rhona abordait le sujet des épousailles bravement, même si son cœur battait la chamade, mais elle ne craignait pas les réactions de son père. Elle n'avait jamais rien fait pour le faire sortir de ses gonds. Elle n'était pas comme sa génitrice.

Il confirma que ses enfants étaient tous en âge de se marier et qu'il était à peine plus âgé que sa cadette quand il avait épousé Diane. Un adolescent, à peine un homme, mais pourtant, propulsé Laird bien assez tôt et devant endosser de lourdes responsabilités quand Rhona avait encore l'insouciance...

« Aviez-vous des appréhensions ? »

Rhona savait que parler de Diane était un sujet délicat, et elle avait soufflé cela e sa voix la plus douce possible. Elle accepterait parfaitement qu'il coupe court à toute conversation qui pouvait aborder le sujet de sa bien aimée disparue. Il en était encore affecté et Rhona ne put s'empêcher de jeter un regard plus loin, là où était sa dernière demeure. Elle n'avait pas connu cette femme, naturellement, mais en avait entendu parler... Comme elle aurait aimé avoir une mère comme elle... Son cœur se serra en songeant à son frère qui avait connu cela, avant d'en être brutalement privé et de devoir subit le mépris de sa belle mère, alors qu'il n'était encore qu'un enfant en quête d'amour et de bras maternels réconfortants. Tant de gâchis...

Gabran l'interrompit dans ses pensées en reprenant sur l'ordre des fiançailles et en parlant de la promise de Bearach dont Rhona ignorait l'identité. Insupportable mystère pour cette petite curieuse qui voulait le meilleur pour son frère. Loin de voir là une rivale dans l'affection que lui portait Bearach, elle espérait trouver une alliée qui saurait le faire sourire plus souvent et l'épauler.

« Ce serait mentir que d'affirmer ne pas attendre ce moment avec impatience. J'espère qu'elle sera à la hauteur de la tâche et saura épauler et chasser les démons qui hantent parfois Bearach. »

Lui redonner le sourire, lui donner foi en la famille, lui qui souffrait cruellement du mépris de Sorcha et d'Eileen, même s'il n'en montrait rien. Rhona savait voir au delà des apparences et était sans doute celle qui touchait le mieux l'âme et le cœur de son frère si secret. Son père annonça qu'Eileen serait la suivante... Et enfin viendrait le tour de Rhona. Il lui caressa la joue, avant d'annoncer qu'elle serait toujours sa princesse et qu'il était fier de voir des prétendants louer sa beauté pour obtenir sa main. Elle ne voyait là que flatteries d'un père peu objectif, mais ne dit mot, souriant quand il demanda s'il était encore son seul et unique prince.

« Vous êtes et demeurerez le premier dans mon cœur. »

C'était son père... Qu'elle adorait, qu'elle idolâtrait. Il serait toujours le premier homme de sa vie et jamais cela ne changerait, jamais elle ne s'éloignerait de lui. Elle demeurait sa princesse, même mariée, même mère, elle serait à jamais sa fille. Il prit alors un peu d'avance, un air taquin sur le visage qu'elle ne lui voyait que trop peu et qui lui allait pourtant si bien et elle rit aux éclats quand il secoua les frondaisons, faisant tomber la neige qui parsema la chevelure flamboyante de la jeune fille. Le rire de la demoiselle résonna dans l'air pur de l'hiver, alors qu'elle écartait les bras, lâchant momentanément les rênes pour profiter de cette petite féerie, tandis que son père revenait vers elle, et ajoutait que son frère devait lui faire de l'ombre dans son cœur.

« Il est vrai que vous avez là un sérieux concurrent ! Voir deux hommes de votre acabit se battre pour moi... Cela serait tentant. »

Elle rit pourtant de nouveau, avant de tempérer :

« Je pense avoir le cœur assez gros pour vous aimer pareillement. »

Il redevint alors sérieux, tandis qu'il lui assurait qu'elle n'avait aucune crainte à avoir... pour finalement lui demander si elle en avait. La demoiselle cessa de sourire, jouant avec les rênes de sa monture soudainement.

« Je... Oui. Je suis angoissée à l'idée de devoir partager la vie d'un autre homme. Quelque part, j'aimerais rester à jamais votre fille chérie et la sœur adorée de Bearach. Je ne me sens pas femme, je ne me sens pas prête à vous quitter pour embrasser une autre vie... Je sais que c'est là mon devoir, mais il me terrifie. Je sais également que vous choisirez sagement et ose espérer que vous respecterez celle que je suis dans ce choix. Que vous veillerez à ce que l'élu puisse m'apporter le bonheur. »

Elle releva alors le visage et regarda son père droit dans les yeux.

« Je ne pense pas être exigeante père... J'aimerais seulement que mon promis ne soit pas un guerrier rustre aux manières de soudard... S'il n'avait que le dixième de votre noblesse, de votre ouverture d'esprit et de votre courage, alors je ne pourrais qu'être heureuse. Aucun homme ne vous surpassera jamais, ni vous, ni Bearach. »

Elle esquissai un sourire sur ce petit compliment qu'elle pensait pourtant. Si elle avait du choisir elle-même, sans doute aurait-elle pris un homme ressemblant à ces deux là.

« Je ne demande pas qu'on me couvre d'or et de bijoux... Juste de pouvoir accéder à certaines connaissances, de continuer à éduquer Torquil, à monter, à chasser, à étudier. Pouvoir échanger avec mon époux, que ce que je fasse l'intéresse. Comme je serais intéressée par ses propres occupations, comme je serais un soutien et un réconfort... Suis-je trop demandeuse père ? Est-ce irréalisable ? Est-ce là le souhait d'une enfant capricieuse ? »



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Gabran MacGuffin
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MessageSujet: Re: I'm your little princess [Gabran]   I'm your little princess [Gabran] EmptySam 11 Mai - 15:21

« Fais un voeu, alors cela deviendra sûrement réalité.
Nous changerons notre tristesse en force, celle dont nous sommes guidés.
Je désirerais écrire toutes les nuits,
pour te mettre mon amour en mots.
Mais l'éternité n'est pas assez longue,
et les paroles me manqueraient pour tout te dire.
Tu es ma princesse, ma fille, ma vie,
Grâce à toi, de nouveau je souris.
Fais un voeu...
»









G
abran était fort prêt à délaisser son usuelle quant-à-soi pour arborer un tout autre masque, peint d'une badinerie tant raréfiée avec les tribulations qu'il avait traversées. Affres qui le tarabustaient encore aujourd'hui, son chemin de croix, lui semblait-il, ne prendrait jamais fin si ce n'était par l'estocade d'une lame en pleine pompe cardiaque. S'il pouvait choisir l'achèvement de sa vie, il aurait fait voeu de périr sur le champ de bataille, en digne gaélique et fier laird qu'il était. Se faire occire dans une guerre qu'il avait, bien malgré lui, déclarée lui était préférable à périr comme l'avait fait le seigneur son père Mor MacGuffin. Moribond dans sa couche, fiévreux de maux qui avaient fini par l'emporter en dépit des efforts déployés par les praticiens de l'époque, en dépit des bonnes paroles de celle qu'il avait ainsi fait veuve et de sa fratrie de cinq têtes auburn et brunes. Un grand homme engloutit par la maladie, sans doute avait-il eu le temps de regretter les circonstances de sa mort avant de clore ses paupières pour un temps immuable. L'actuel suzerain avait toujours admiré feu son pater, mais il craignait, à juste titre, de rejoindre les cieux d'une façon similaire. Inconsciemment, sans doute était-ce également pour cette raison qu'il avait blêmi d'anxiété lorsque, l'hiver dernier, sa princesse s'était faite souffreteuse. La situation avait ranimé des réminiscences enfouies et qui avaient excorié son syllogisme, lui qui savait pourtant pertinemment que l'on ne passait point l'arme à gauche pour un simple rhume. La paranoïa n'était que le corollaire de son indicible amour pour sa benjamine, amour qui n'était guère plus à prouver, bien que les actes de tendresse se dénombraient en pléthores et irradiaient d'un outrageant favoritisme. Il aurait dû se vouer aux gémonies pour tant de passion concentrée sur une seule de ses descendants, lui qui avait fait le serment de ne jamais aimer l'un de ses enfants plus qu'un autre... Il avait lamentablement échoué. Qu'il se sentait infâme, de ne pas même savoir s'il ressentait une once de sentiment paternel pour sa puînée, bien qu'Eileen ne semblait pas s'en lamenter outre mesure. Elle avait les jupons de sa mère en guise de cache, ses incantations de sirène comme berceuse et ses moeurs comme unique voie à suivre. Etait-elle de ce fait malheureuse de quelque manière que ce soit ? Bien lâchement, le gouverneur se persuadait que non, car la cécité volontaire offrait bien souvent bonne conscience.

C'était toutefois une autre cataracte de feu qu'il préférait contempler, celle ondoyante de vénusté et jaspée des flocons de neige qu'il avait fait choir des branches dépouillées. Que dire ? Sa seule vision était une panacée en son âme, voilà qu'il se prenait à faire risette sans raison apparente, comblé de voir les fossettes de son ange s'ébaucher sur sa physionomie. Mais quant à cette ride d'appréhension et d'opprobre latente qui altéra sa beauté lorsqu'il fut question de ses fiançailles... Le laird perdit de son enchantement et se fit tout attentif, la prunelle chatoyante de concentration pour une analyse discursive dans laquelle il ne laisserait rien au hasard. Ses phalanges s'infiltrèrent intuitivement dans le crin grisâtre et lactescent de sa jument, de son autre main, il tira sensiblement sur les brides pour lui intimer de s'immobiliser, comme s'il désirait qu'à l'instar de leur position, le temps se fige pour ouvrir une aparté spatio-temporelle dans le dessein de cette conversation. Puis, il fut emprunt d'un mutisme dévoué pour lui laisser le loisir de s'épancher de ces angoisses qui lancinaient en son esprit. Aucun pan de ce monologue confessionnel ne le sidéra par ses broderies d'innocuité et d'espérance, non, il la reconnaissait bien là, sa Rhona... Cependant, il était vrai que jusqu'alors, s'il n'avait jamais consulté Sorcha, il ne l'avait point non plus fait avec sa fille et pourtant principale concernée. Les traditions étaient séculaires, seule la voix du chef de clan se gorgeait d'importance et aucune autre n'avait le bien-fondé de prendre la parole à sa place. Mais heureusement pour ses précieux bambins, Gabran était de ces pères qui, avant de voir l'intérêt diplomatique d'une alliance matrimoniale, y percevait l'éventuelle ataraxie des couples. Il ne pouvait sciemment prétendre à l'amour pour ses enfants, mais il s'était fait l'irréfragable promesse que leurs annulaires se ceindraient d'un anneau d'or qui serait davantage le miroitement du bonheur que celui de la politique. Un fol espoir qu'il sustentait là, car les perspectives d'avenir étaient toujours incertaines, la contingence ne perdait jamais une opportunité de jouer de ses facéties. Il était bien inapte à lui jurer l'exaltation sentimentale même s'il la lui souhaitait de tout son soûl, et à défaut de cela, il lui garantirait un quotidien conjugal dont elle n'aurait rien à regretter. Lorsqu'elle lui adressa une myriade de compliments sur le quidam qu'il était, il crut se liquéfier d'attendrissement et ses calots se baissèrent furtivement sur le tapis nival, avant d'être happés par les gemmes d'azur de la demoiselle. Il se tût jusqu'à la ponctuation finale de son discours qu'il niellait dans ses méninges pour mieux s'en inspirer une fois qu'il serait devant les prétendants à sa cadette. Cadette à laquelle il offrit une oeillade bariolée de réconfort et d'opiniâtreté.


« Les utopies sont faites pour que nous tentions de les effleurer... Certaines chimères, même les plus enhardies, parvienne parfois à percer le voile de l'idéal pour se mêler à la réalité. Les rêves sont tous façonnés de magie Rhona, et il faut croire en la magie. » Il ignorait si ses propos seraient à même de la rassurer, mais lui qui aimait à se faire songe-creux à ses heures perdues ne pouvait délibérément la seriner sur ce qu'elle subodorait être des caprices de jouvencelle. De ce fait, il dilata ses poumons d'une grande inspiration qu'il bloqua temporairement, avant de reprendre la kyrielle de son phrasé. « La notion de mariage est toujours plus ardue et ingrate à assimiler pour une lady, qui se doit de quitter son foyer pour pouvoir fonder le sien. Mais... Tu aurais tort de penser que tu ne resterais pas mon adorée et celle de ton frère pour autant. Que tu deviennes femme ne changera jamais rien, tu seras toujours ma fille et la soeur de Bearach, nous continuerons à t'aimer de la même façon. » Il avait l'étrange sensation que ses mots s'unifiaient beaucoup plus facilement lorsqu'il se trouvait face à la jeune fille, il ne craignait point de témoigner d'une sensibilité qu'il ne dévoilait guère au premier venu. « Rhona... Aucun pacte inter-familial ne vaut ton bien-être, ma priorité est et sera toujours de te voir préserver ton sourire. Je ne te fiance pas pour t'importuner, tu le sais ? C'est dans l'ordre des choses. Même si je me damnerais pour t'avoir éternellement auprès de moi, ce serait priver un autre homme d'un joyau des Lowlands unique en son genre. Et il est substantiel que tu t'épanouisses, ce que tu ne pourras réellement faire qu'une fois ton essor pris. N'oublie alors pas que le nid de ton enfance sera à jamais ton foyer, et... Je serai fier de toi, encore plus que je ne le suis déjà. »

Gabran avait laissé son coeur s'époumoner pour lui, car il n'y avait pas vu d'autres alternatives. Il avait discouru avec amour et authenticité, sans réellement réfléchir à la manière d'agencer ses dires. Ses talons heurtèrent doucement les flancs de sa monture pour se rapprocher de la sylphide et caresser sa flamboyante chevelure qu'il débarrassa des derniers flocons. Instinctivement, il replaça aussi sa pèlerine pour bien couvrir sa gorge et sa nuque, dans le but de lui éviter le souffler de l'aquilon qui psalmodiait. Il repensa alors au binôme de questions qu'elle lui avait antérieurement adressé, et qu'il avait sciemment ignoré pour cibler le tour de faveur de sa réaction sur les peurs de la damoiselle, qu'il espérait avoir lénifiées. Quant à lui, il s'interrogeait encore... Quels étaient les véritables sentiments que la rouquine nourrissait pour sa chafouine de mère ? La considérait-elle suffisamment pour estimer que celle-ci avait le droit de jouir d'une opinion au délicat sujet des mariages ? Les choses n'étaient malheureusement pas aussi évidentes, même si c'était Rhona elle-même qui le lui demandait, le laird n'était pas sûr d'accéder à une telle requête et de tolérer l'avis de son épouse. Il y avait des faits avec lesquels il ne dérogeait pas, les us et coutumes en faisaient partie.

« Quant à ta mère... Elle peut toujours opiner à ce sujet, le choix est et restera mien peu importe ce qu'elle prônera. Il est de mon devoir d'assurer votre avenir, qui plus est, il s'agit de féaux que je suis certainement le seul à connaître sur le bout des phalanges. Qui mieux que moi peut donc juger de mes vassaux ? Je ne tiens pas à ce que la propension diplomatique de lady Sorcha se manifeste là où je défends d'autres armoiries moins tangibles. » Car il la connaissait, la bougresse, qui serait bien capable de suggérer une alliance avec un patronyme des Northern Highlands, là où les Chattam pourraient veiller au grain. Envoyer sa benjamine à l'antipode de royaume lui était inconcevable, il n'en serait jamais ainsi et aucune argumentation ne serait à même de le convaincre du contraire. Aussi le seigneur clôtura le débat d'une mouvance de la main signifiant qu'il ne voulait plus en entendre parler, point de fâcheux dialogues avec l'ange de sa vie, car il avait déjà perdu le premier qui avait jadis illuminé ses jours. Son regard se posa sur le sentier devant eux avec une clarté plus affligée qu'il n'aurait aimé le montrer, lorsqu'il crut apercevoir le spectre de sa défunte âme-soeur qui veillait certainement sur cette sylve. Un douloureux carcan se serra autour de son poitrail et il déglutit, se faisant violence pour ne pas sombrer dans un vortex duquel il ne pourrait pas s'extraire. D'un timbre quelque peu enroué, et les prunelles au loin, il répondit tout de même. « J'avais beaucoup d'appréhension... En épousant Diane. Même si les circonstances étaient très différentes... » C'était Gabran lui-même qui, après le décès de son paternel, avait demandé la main de la jeune Fergusson. Un mariage d'amour comme il était rare d'en voir et qui aurait tout eu d'un conte de fée, si la tragédie ne s'y était pas mêlée. « Tout se passera bien ma merveille, tu as ma parole de père. Je ne laisserai personne te rendre malheureuse. »

Une certitude qui lui fit se tourner en direction de la donzelle pour lui adresser un semblant de risette. Soudain, ses calots furent attirés par un détail environnemental qu'il n'avait point vu jusqu'alors. Précautionneusement, le suzerain descendit de son cheval pour chamarrer le sol de ses traces, jusqu'au pied d'un arbre où il s'inclina. D'un mouvement de main, il balaya l'épaisseur de la neige pour découvrir un parterre de fleurs à la corolle opaline et tombante, entouré de plusieurs bourgeons en pleine croissance. Il fit signe à Rhona de le rejoindre pour contempler sa trouvaille. « Regarde, même en hiver, la nature fait des miracles... J'avais oublié que des perce-neige germaient ici. »
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Rhona MacGuffin
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Je suis une princesse. Toutes les filles le sont. Tant pis si elles vivent dans de sordides greniers, tant pis si elles sont vêtues de haillons et tant pis si elles ne sont ni jolies ni élégantes ni jeunes. Elles sont toujours des princesses, c’est notre privilège. Votre père ne vous a jamais dit ça ? Vous l’a-t-il dit ?!

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MessageSujet: Re: I'm your little princess [Gabran]   I'm your little princess [Gabran] EmptyVen 7 Juin - 10:12

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Croire en la magie. Oui, la demoiselle y croyait et les propos de son père ne pouvaient que la réconforter dans ses certitudes que beaucoup auraient qualifié d'enfantine ou naïves. Elle aurait aimé rester insouciante, rester l'enfant que son père se plaisait à contempler, mais la demoiselle était forcément tourmentée par son avenir qui se précisait davantage chaque jour. Elle était en âge de convoler en justes noces. Le fait que Bearach entame la danse n'avait fait que lui rappeler qu'elle ne serait pas éternellement la petite princesse adorée de son père. Ensuite, il y aurait Eileen, et puis elle, privilège de cadette, sans doute, mais qui ne faisait que reporter à plus tard ce qui était inéluctable. En tant que MacGuffin, elle se devait d'assurer un rôle capital : un mariage qui apporterait soutien et alliés à son père. Qui calmerait des tensions, ou de vieilles rancoeurs, qui renforcerait des liens... Qu'importe la nature. Elle s'était résignée à ne pouvoir vivre une belle histoire d'amour comme elle avait pu en lire ou en entendre, des amants maudits qui s'enfuient avant de finir tragiquement. Elle n'aspirait pas à la tragédie d'ailleurs. Mais elle ne pouvait nier avoir vibré de lire les émois des amants. Avec de la chance, elle ressentirait cela pour son futur époux, si son père le choisissait en connaissant les goûts de sa cadette. Elle savait qu'il aurait forcément le dernier mot, mais la partie serait âpre avec son épouse, l'ambitieuse Sorcha. Elle ne laisserait pas ses filles être mariées à n'importe qui et surtout pas sa précieuse Eileen. Et Rhona craignait sans doute plus que de raison l'influence de sa mère dans ces transactions.

Pourtant, le Laird MacGuffin se voulait rassurant face aux appréhensions de sa délicieuse cadette. Non, le Laird ne prendrait pas le pas sur le père, elle commençait à le comprendre et il ne sacrifierait pas son bonheur à une alliance politique. Elle en connaissait des mariages qui se passaient mal. A commencer par celui de son père et de sa mère. Mais aussi des jeunes filles mariées à des hommes plus vieux, rustres, laids ou encore violents. De tous ces défauts, elle s’accommoderait encore le plus facilement de la laideur, tant que l'âme était belle.

Son père reprit la parole en comprenant combien le mariage pouvait être plus difficile pour une femme que pour un homme, alors qu'elle devait tout quitter pour suivre son époux et aller vers l'inconnu. Il la rassura sur ses sentiments et ceux de son frère à son égard et la demoiselle sourit doucement.

« Je sais cela père, même si l'entendre est d'un grand réconfort. »

Ils étaient à l'abri des oreilles indiscrètes et Rhona avait la chance de voir Gabran MacGuffin sous un jour que peu lui connaissaient. Un privilège qu'elle savourait et savait reconnaître à sa juste valeur et dont elle ne profitait jamais ni ne se vantait. Il était son père, l'homme aux bras ouverts quand elle avait besoin de réconfort, qui savait l'apaiser d'une caresse ou d'un baiser léger. Il était son père, pas le puissant seigneur, pas le chef de guerre, pas le politicien. Il s'efforçait de la rassurer encore et encore, lui promettant qu'il ne sacrifierait pas son sourire pour une alliance. Elle hocha la tête quand il lui demanda si elle avait bien conscience qu'il ne la fiançait pas pour l'importuner. Oui, elle le savait, c'était juste son devoir et elle le savait depuis qu'elle était en âge de comprendre ce qu'être une lady impliquait comme droits, mais également devoirs et responsabilités. Elle rougit malgré elle quand il assura qu'il se damnerait pour la garder près de lui, mais que cela serait priver un autre homme d'un joyau... Elle qui avait tant de mal à reconnaître sa valeur, elle était toujours gênée par les compliments, parfois exagérés de son père ou même de son frère. Le joyau des Lowlands, c'était Eileen, elle le savait bien, même si son père ignorait sa fille aînée, trop semblable à cette femme avec laquelle il s'était uni et avec laquelle il ne s'entendait pas le moins du monde tant ils étaient différents.

Sans même s'en rendre compte, une larme perla au coin de l’œil de la jeune fille devant le cœur mis à nu de son père si fier et si terrible avec ses ennemis, si autoritaire avec ses sujets. Parce que dans ces paroles, il y avait toute la puissance de l'amour qu'il lui portait et que cela touchait la jeune fille droit au cœur. Vivement, elle essuya la petite perle salée avant de sourire.

« Si vous saviez comme votre approbation me concernant m'est importante père... »

Qu'il soit fier d'elle était terriblement important, elle qui n'était que source de désillusions et d'amertume pour sa mère. Elle n'était plus rien pour Sorcha, qu'une sale petite traîtresse. Et c'était difficile de se faire ainsi rejeter par sa propre mère. Une blessure à vif que Rhona dissimulait comme elle le pouvait, derrière optimisme et sourire. Gabran s'approcha de sa cadette, chassant les flocons de neige de ses cheveux roux et réajustant sa mise pour qu'elle n'attrape pas froid. Elle sourit, enfantine devant ce comportement tout paternel et protecteur. La jeune fille était rassurée quant à son avenir. Si son père promettait qu'il ferait tout pour choisir un homme avec lequel elle serait heureuse, alors elle le croyait. Il parla enfin de l'avis de Sorcha à ce sujet, même si Rhona avait bien compris qu'elle n'aurait guère son mot à dire en définitive. La demoiselle hocha la tête, mais son visage trahit son soulagement face aux paroles de son père. Et d'un geste, il fit comprendre à sa fille que le sujet était clos. Elle pouvait obtenir beaucoup de lui, plus que la plupart des gens, mais elle savait aussi s'arrêter quand il le fallait.

Et quand il évoqua sa première épouse, l'émotion qu'il ressentait encore n'échappa pas à la jeune fille, trop fine observatrice pour passer à côté de ce regard porté vers le caveau, ou de cette façon d'avaler sa salive avant de prendre la parole... ou même ce changement de ton alors qu'il plongeait dans le passé et un instant, elle s'en voulut d'avoir abordé le sujet, pénible pour son père qu'elle aimait tant... Et qui avait tant aimé Diane. Il ne s'attarda pas sur le sujet. Il avait eu des appréhensions, mais le contexte était différent. Il rassura alors sa fille. Tout se passerait bien. Elle posa une main sur le bras de son père, sans doute pour lui apporter sa chaleur quand elle l'avait forcé à se tourner vers le passé, l'espace de quelques secondes et répondit d'une voix douce :

« J'en suis convaincue désormais. Pardonnez-moi d'avoir douté à ce sujet. »

Elle retira sa main, alors qu'il descendait de sa monture. La jeune fille se hissa sur ses étriers pour voir ce qu'il faisait avant qu'un signe de sa main ne la fasse descendre et le rejoindre, tandis qu'elle s'amusait à marcher dans les traces plus grandes de son père. Elle se pencha alors pour apercevoir les perce-neiges que son père avaient découvert et elle sourit quand il parla de miracles. Du bout des doigts, elle effleura la frêle fleur ainsi découverte, avant de lâcher spontanément :

« Je vous aime. Pour l'homme droit et juste que vous êtes. Pour le père attentionnée et merveilleux que j'ai la chance d'avoir. J'aimerais que vous puissiez plus souvent vous émerveiller de ces petits miracles et vous décharger de vos problèmes, l'espace de quelques instants. J'aimerais vous soulager plus souvent. Parce que vous méritez d'être heureux. »

Et parce qu'il ne l'était pas, il ne l'était plus. Et ses rares instants de joie étaient trop fugaces, mais il était réconfortant de voir que le guerrier pragmatique pouvait aussi être sensible à des fleurs qui poussaient dans l'adversité. Un message d'espoir sans doute, qui n'échappait pas à la demoiselle.



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[Pardon pour le délai d'attente, j'ai été débordée en mai >.>.]
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Gabran MacGuffin
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MessageSujet: Re: I'm your little princess [Gabran]   I'm your little princess [Gabran] EmptyDim 9 Juin - 22:51

« Fais un voeu, alors cela deviendra sûrement réalité.
Nous changerons notre tristesse en force, celle dont nous sommes guidés.
Je désirerais écrire toutes les nuits,
pour te mettre mon amour en mots.
Mais l'éternité n'est pas assez longue,
et les paroles me manqueraient pour tout te dire.
Tu es ma princesse, ma fille, ma vie,
Grâce à toi, de nouveau je souris.
Fais un voeu...
»









L
a propension à s'émerveiller face à un spectacle de la nature, il était impératif de la préserver. Une once de sensibilité dans des moeurs toutes dévouées à son peuple, trop tournées vers la conflagration qui embrasait le royaume. Il avait totalement omis que de telles fleurs germaient ici bas, enclines à défier la saison hiémale et à vaincre la neige pour croître de toute leur beauté. Un tacite message d'espoir, avec l'hiver, ne s'ancraient pas inexorablement le trépas et l'affliction, le laird en prenait conscience. Même sans soleil, l'on pouvait lutter et vaincre, ce qu'il s'échinerait à faire pour le bien des siens. Il avait convié Rhona à le rejoindre pour découvrir le par-terre d'élites florales, et ce fut d'un frêle sourire qu'il l'accueillit et l'observa effleure l'une des corolles d'opale, aux pétales tombant à l'instar de gouttes qui n'attendaient que de choir. Outre les opuscules et la pléthore d'autres sujets qui intéressaient sa princesse, il savait qu'elle adorait tout particulièrement les plantes, leur apparence, leurs bienfaits... Il ne s'était jamais expliqué cette passion, mais ne s'en lamentait point, car elle était saine et pourrait, hypothétiquement, être utile dans l'avenir. Si la donzelle ne se voyait guère trop prise par ses coercitions d'épouse et de mère, peut-être serait-elle la source d'un progrès en termes botaniques, un parangon de science qui délivrerait de nouveaux onguents et panacées à la communauté gaélique, voire mondiale ? De grands projets, sans doute Gabran allait-il vite en besogne, mais il ne pouvait s'empêcher d'imaginer le mieux pour son enfant, car c'était ce qu'il était résolu à lui offrir, même en la confiant à un autre que lui. Une petite érudite, même s'il le savait, elle n'aimait pas être qualifiée ainsi, puisqu'elle n'estimait pas en être une. Tant de sapience à un si jeune âge, voilà qui promettait pour l'avenir ! Dans une décennie, il espérait être encore de ce monde ne fut-ce que pour contempler ce que sa pouponne était devenue, une motivation parmi d'autres qui l'empêchait de désirer la fin plus que la vie. Que lui aurait-elle d'ailleurs dit, si elle savait que parfois, dans la pénombre de son office ou celui de ses appartements privés, il songeait que la mort serait bien suave en comparaison à son existence ? Elle l'admonesterait certainement, car il était indigne de son rôle de gouverneur tant que celui de père de penser ainsi, raison pour laquelle il préférait éviter de s'épancher de ses démons n'eut-ce était que par la prière. Dieu le lui pardonnerait peut-être.

Soudain, la voix cristalline de la jolie rousse vibra telle une divine mais stupéfiante mélodie aux tympans du suzerain, qui se fit pantois face aux paroles qui lui furent adressées. Tant d'émotion et d'authenticité, tant d'amour qu'il ne méritait peut-être pas, contrairement à ce que Rhona affirmait, mais qu'importait... Une telle déclaration, pas même diaprée de l'ombre d'une incertitude et d'une quelconque retenue, ne put que le toucher aussi profondément que son âme le permettait. Parfois, il suffisait de bien peu pour émouvoir, bien peu pour faire plaisir, bien plus que n'importe quelle offrande matérielle. Avait-on idée d'être aussi craquante, tant irrésistible que même le quidam sculpté du plus froid des marbres n'aurait pu que se liquéfier ? La sylphide savait mieux que quiconque comment ébranler le fier gaélique que son paternel était, elle fissurait et brisait le masque de tempérance et de rigorisme dont il se fardait quotidiennement. Elle était, au final, bien plus puissante qu'il ne l'était lui-même, et sans doute n'en avait-elle pas même conscience... Les diaphanes prunelles du seigneur se constellèrent d'une pléiade d'éclats, corollaires d'une effervescence sentimentale et d'une infinité de gratitude qu'il n'aurait su distinctement exprimer. Ses rides d'homme meurtri par les vicissitudes du passé tirèrent sur son faciès une risette chagrine, pleine d'une doucereuse mélancolie. Un soupir hâtivement expiré, puis il saisit délicatement la main de sa fille pour l'attirer à lui, et l'accueillir dans la chaleur de son étreinte. Il logea sa tempe contre la sienne et ferma les yeux, le sang du trouble pulsant à ses oreilles tandis que son coeur martelait son poitrail. Il l'étreignit comme si ce fut la dernière fois qu'ils se voyaient, ses phalanges s'enchevêtrèrent tendrement à son ondoyante crinière de feu, et après un moment de silence, il susurra pour elle seule.


« Je t'aime mon enfant... » Il logea furtivement son visage dans le cou de la jeune fille pour humer sa fragrance tout en lui caressant doucement l'échine. « Je ne mérite point tant d'éloges... » Car il était un piètre époux, et un pater tout bonnement indigne avec Eileen, qui aurait dû avoir sa chance. Et pourtant... « N'aie crainte pour ton vieux père, il s'en sortira très bien. » Un plausible mensonge, Gabran ignorait tout de ce qui l'attendait, il ne savait pas si les tensions familiales se pacifieraient un jour, s'il parviendrait à préserver la satisfaction de ses ouailles, ou s'il serait assez fort pour tenir haut ses armoiries dans cette guerre intramuros. Précautionneusement, il glissa un bras sous les jambes de la nymphette et l'extirpa du sol, la portant dans ses bras tout en se redressant de toute sa hauteur. Elle n'avait plus l'âge qu'il la traite ainsi, mais au diable les convenances ! « Sois heureuse, et je le serai également. Ne te laisse jamais harper par la morosité, continue de luire comme le plus beau des astres, et sois fière... Fière d'être ce que tu es. » Le MacGuffin rebroussa chemin jusqu'à leurs montures qui patientaient non loin, puis il installa sa princesse sur la selle de la sienne. Il lui mit les brides entre les mains, avant de plonger dans ses adorables mirettes. « Promets-moi de ne jamais te laisser abattre par les tribulations de la vie, d'accord ? J'en serais comblé. »

Il frôla la cambrure de sa joue de la pulpe de son pouce, lui accorda un autre sourire plus ébaudi que précédemment, puis s'en alla reprendre place sur sa jument. Il tapota l'encolure de celle-ci, puis lui somma d'avancer pour que père et fille puissent reprendre leur flânerie, car n'était-ce point le but originel de leur sortie ? S'émerveiller encore un peu de cette belle sylve qui bordait leur illustre domaine et dans laquelle le gouverneur ne se hasardait plus que pour visiter la dernière demeure de son défunt amour. Il n'irait point larmoyer sur sa sépulture aujourd'hui, les perles lacrymales, il les remettrait à plus tard pour pouvoir profiter au mieux de la dryade à ses abords. La disparition de Diane aurait dû lui enseigner qu'il fallait justement jouir de la présence de ceux que l'on chérissait avant qu'il ne soit trop tard, ce qu'il ne faisait, malgré lui, pas encore assez. Il aurait fichtrement eu matière à quémander le pardon de ses proches, mais à quoi bon, alors qu'il était le premier à savoir qu'il ne changerait pas. Ou plus, désormais. Le binôme s'égaya encore un moment de leur promenade, à travers confessions et autres joyeusetés qui avaient eu le don d'enjouer le laird, bien plus qu'il ne l'avait été en prémisses de journée. Puis, ils regagnèrent la forteresse, où ils se déchargèrent de leurs chevaux pour rejoindre la chaleur interne de leur logis, dans lequel ils purent se dévêtirent de leurs atours trop épais. Toutefois, ils ne se séparèrent point encore, le chef de clan insista pour que sa benjamine le talonne jusqu'à l'orée de son bureau privé, pièce dans laquelle ne pénétrait pas qui voulait. Il sortit la clé de sa poche et ouvrit l'huis, qu'il bouscula pour permettre à Rhona d'entrer la première. Sitôt la jouvencelle passée, il la suivit et veilla à fermer la porte après lui, car cet endroit recelait de secrets substantiels, de la correspondance du dirigeant des Lowlands, entre autre chose. Il se dirigea ensuite vers l'âtre embrasé , dont il raviva les tisons par souci de température – comme toujours, inquiet pour la santé de sa princesse, dont il massa brièvement les épaules en passant derrière elle. Il avança ensuite jusqu'à son bureau, dans les documents duquel il s'apprêta à fureter, avant de se retourner vers la demoiselle.

« J'ai une surprise pour toi ma merveille, ferme tes beaux yeux. » Il patienta, se mit à soulever quelques vélins, puis jeta un coup d'oeil vers l'arrière pour surveiller la naïade. « Hin-hin ! Ne triche pas ! » Voilà qu'il retrouvait lui-même une certaine âme d'enfant, désireux de préserver le secret jusqu'au dernier instant. Après un moment à retourner sa paperasse, il arbora enfin un grand ouvrage, qu'il tendit en direction de la rouquine. « Voilà, tu peux regarder. » Et lorsqu'elle en tourna les premières pages, elle découvrit qu'il s'agissait ni plus ni moins d'un herbier, qui restait encore à compléter. « Il n'y a pas énormément de spécimens, quelques-uns des Northern, et des autres contrées... Je me suis dis que tu aurais le loisir d'arpenter nos terres pour y cueillir ce qui y germe, une fois le printemps revenu... Quoi que, pourquoi ne point commencer par un perce-neige ? » Il eut un ricanement guttural, puis désigna l'une des fleurs qui leur apparut. « Celle-ci est rare, elle vient d'Angleterre... J'ai dépêché le plus rapide coursier et fin herboriste des Lowlands pour qu'il me la déniche. »
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Je suis une princesse. Toutes les filles le sont. Tant pis si elles vivent dans de sordides greniers, tant pis si elles sont vêtues de haillons et tant pis si elles ne sont ni jolies ni élégantes ni jeunes. Elles sont toujours des princesses, c’est notre privilège. Votre père ne vous a jamais dit ça ? Vous l’a-t-il dit ?!

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MessageSujet: Re: I'm your little princess [Gabran]   I'm your little princess [Gabran] EmptyDim 16 Juin - 17:07

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La demoiselle avait encore assez d'innocence et d'authenticité pour ne pas craindre d'avouer son amour. Elle ne se serait pas permis ce genre de privauté en public et savait pertinemment quand le moment était choisi ou pas. Et celui-ci lui semblait parfait. Elle sentait le poids sur les épaules de son père, sa solitude, que même elle ne parvenait pas tout à fait à chasser. La seule qui aurait pu le sauver était malheureusement ensevelie à quelques mètres de là, à jamais chérie. Elle savait que le cœur de son père pleurait encore sa bien aimée à jamais disparue et perdue. Et jamais Sorcha ne pourrait la remplacer, aussi belle soit-elle... En cet instant, il paraissait important pour la demoiselle de dire ce qu'elle avait sur le cœur, comme si cet instant volé aux obligations de son père pouvait être le dernier. La vie était si éphémère, si fragile, qu'il ne fallait pas remettre à plus tard ce qui pouvait être dit et fait le jour même. Aussi jeune soit-elle, la jeune fille avait bien apprit cette leçon et sans doute que l'intervention de Mor'Du lors du banquet organisé par la reine, les nombreux blessés, lui avaient apprit cette leçon plus rapidement encore.

Mais rien que pour voir naître ces étoiles dans le regard clair de son père, dans son regard tourmenté qui soudain, s'éclairait, elle lui aurait dit cent fois qu'elle l'aimait, mille fois combien elle l'admirait. Son visage ne s'était pas illuminé au sens propre du terme, car il demeurait cette mélancolie qui ne le lâchait pas, mais en la présence de sa benjamine, il montrait ses faiblesses, ses fêlures d'homme et elle ne l'en aimait que davantage. Il soupira avant de s'emparer de la main de Rhna et de l'attirer à lui. Radieuse, la jeune fille se pelotonna contre le torse puissant de son père. Elle ferma les yeux, respirant son odeur, sentant sa chaleur. Le moment était beau et également empreint d'une insupportable tristesse, comme si c'étaient des adieux... Alors qu'il n'en était rien.

Il lui susurra alors au creux de l'oreille afin que même le vent n'emporte ses paroles qu'il l'aimait également. Il enfouit son visage dans le cou de sa benjamine la faisant frissonner tandis qu'il assurait ne pas mériter tant d'éloges. La voix de la demoiselle s'enroua.

« Au contraire père, on ne vous en fait sans doute pas assez... »

Il ne pouvait guère en attendre de sa femme ou de son autre fille. Mais il n'avait pas laissé de chance à Eileen non plus. Et même si Bearach adorait son père, ce genre de confessions ne se faisait pas entre hommes. Alors Rhona ne se laissait pas de tenir son rôle, d'insuffler un peu de chaleur dans le cœur du guerrier fatigué et si seul. Il la rassura alors et elle ferma les yeux, avalant sa salive, alors qu'elle refoulait une soudaine boule de chagrin devant ces paroles... Mensonge ? Elle n'aurait su le dire. Oui, il s'en sortirait très bien, mais jamais plus ne connaîtrait le bonheur et cela était difficile à accepter quand on aimait quelqu'un.

« Je ne cesserais jamais de m'inquiéter pour vous... Comme vous ne cesserez jamais de craindre pour moi. Je pense que je tiens cela de vous. »

La mignonne sourit alors, chassant sa tristesse, alors qu'il se saisissait d'elle pour la porter, la soulevant comme lorsqu'elle était une petite fille. Surprise la demoiselle laissa échapper un petit cri avant de nouer ses bras autour du coup de son père et d'éclater de rire pour planter un baiser impulsif sur sa joue rugueuse. Il lui demanda alors d'être heureuse et il le serait aussi, de continuer d'être elle-même et d'être fière d'elle. La dernière partie serait plus difficile, mais elle essaierait.

« Si cela peut vous combler, je le ferais avec grand plaisir. »

Son père les emmena alors jusqu'aux chevaux et elle reprit place sur sa monture tandis qu'il lui rendait les rênes. Et soudain, il lui demanda de lui promettre de ne jamais se laisser abattre, qu'elles que soient les épreuves qui pouvaient joncher son chemin. Elle plongea dans le regard de son père, toute trace d'enfance disparaissant de son visage encore poupin. Mais ses yeux, eux, étaient presque emplis de sagesse. De compréhension de la vie en tous les cas. Elle hocha la tête. C'était là une promesse difficile à tenir... Elle ne pouvait assurer de toujours garder le sourire, même dans le malheur. Mais elle pouvait garder à l'esprit ce jour, ce moment, et redresser la tête hors de l'eau pour honorer cette promesse, pour être digne de sa famille.

« Je vous promet de tout faire pour cela Père. De ne jamais oublier ce moment et de m'en souvenir quand la vie sera difficile, afin de trouver le courage de l'affronter de nouveau. »

C'était la seule promesse sincère qu'elle pouvait prononcer, la seule qui ne soit pas un mensonge, qu'elle puisse réellement tenir. Il lui caressa la joue et sourit, avant de reprendre place sur sa propre monture ? Ils se remirent en route après ce bref interlude riche en émotions. Des souvenirs que la demoiselle conserverait précieusement, comme on conserve des objets précieux dans un coffre verrouillé. La balade continua, entrecoupée de conversations plus légères, alors que Rhona faisait tout pour distraire son père, parlant de tel travail d'aiguille qu'elle avait accompli, lui narrant quelques anecdotes qui avaient lieu au sein de sa demeure, les ragots même, parlant avec l'enthousiasme de la jeunesse, mais également les talents d'un conteur.

Mais la promenade ne pouvait durer des heures et il fut temps de rentrer. Ils ramenèrent les chevaux à l'écurie alors que les palefreniers s'en occupaient, s'affairant avec soin, alors que la père et sa fille rejoignaient l'intérieur du château, pouvant ainsi laisser les pelisses fourrées et se contenter des atours chauds d'hiver. Gabran entraîna sa benjamine jusqu'à son bureau, aiguisant sa curiosité déjà très poussée au naturel. Il ouvrit la porte et fit entrer sa fille, avant d'y pénétrer à son tour et de refermer la porte sous le regard interrogateur de la jeune demoiselle. Il passa devant elle pour aller raviver le feu afin d'augmenter la température de la pièce, avant de s'assurer que sa fille ne souffrait pas du froid en lui frictionnant les épaules. Enfin, il se dirigea vers son bureau, mais avant de chercher à l'intérieur, il parla de surprise, enjoignant sa fille de fermer les yeux. Elle sourit,enfantine, avant de fermer les yeux, un grand sourire sur le visage... Elle tenta bien d'entrouvrir une paupière, mais son père la reprit et elle éclata de rire, avant de mettre ses mains devant ses yeux en signe de bonne foi, heureuse de le voir entrer dans le jeu.

Privée de la vue, il ne restait plus à Rhona que l'ouïe et elle écouta son père chercher quelque chose, les frottements... Du papier. Il lui autorisa à ouvrir les yeux, ce qu'elle fit immédiatement, son regard se portant sur un ouvrage qu'il tenait devant elle. Elle s'en empara, le posant sur le bureau, pour l'ouvrir et le feuilleter, se rendant compte que ce n'était ni plus ni moins qu'un herbier, qu'elle dévorait du regard, avide. Son père commenta, disant qu'il n'y avait encore pas grand chose à l'intérieur, mais qu'il n'appartenait qu'à elle de le remplir.

« Oh père, c'est une formidable idée ! Je rêvais de pouvoir en commencer un sérieusement. Il est magnifique ! »

Elle continuait de feuilleter, s'arrêtant sur une plante alors que son père lui indiquait que cette fleur venait d'Angleterre et qu'il l'avait ramené grâce à un coursier, rien que pour elle. Sa condition de Lady lui interdisait de rêver pouvoir courir le monde et ramener des specimen elle-même, mais rien ne l'empêchait de trouver des personnes qui le feraient pour elle.

« Vous ne pouviez pas me faire plus beau cadeau... »

Et c'était sincère. Il reconnaissait les passions de sa fille, les encourageait même, loin de penser que cela n'était que caprices de jeune fille ou que ce n'était pas approprié à son rang.

« Les plantes et les fleurs ont tellement de vertus encore cachées... j'aimerais les rassembler, décrire leurs bienfaits quand on sait s'en servir, leur dangerosité également... Rassembler les connaissances, en découvrir même par moi-même. Mais je crains qu'une vie ne suffise pas. Suis-je trop ambitieuse à tant vouloir ? »



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MessageSujet: Re: I'm your little princess [Gabran]   I'm your little princess [Gabran] EmptyMar 18 Juin - 15:45

« Fais un voeu, alors cela deviendra sûrement réalité.
Nous changerons notre tristesse en force, celle dont nous sommes guidés.
Je désirerais écrire toutes les nuits,
pour te mettre mon amour en mots.
Mais l'éternité n'est pas assez longue,
et les paroles me manqueraient pour tout te dire.
Tu es ma princesse, ma fille, ma vie,
Grâce à toi, de nouveau je souris.
Fais un voeu...
»









L
e seigneur rivalisait toujours d'imagination lorsqu'il était question de faire rire et sourire le petit ange de sa vie. Il lui semblait lui avoir déjà offert une pléthore de présents tous plus rares ou coûteux les uns que les autres, mais le plaisir de Rhona n'avait aucun prix, et il mettait un point d'honneur à satisfaire ce que d'aucuns auraient nommé des caprices. Si la donzelle avait été de ces perfides que savent parfaitement manipuler leur monde, alors, il lui aurait été aisé de profiter de l'amour de son dévoué de père, comme l'aurait assurément fait Eileen à sa place. Fort heureusement pour lui, Gabran était immunisé face aux tours de prestidigitation de sa puînée et de son épouse, ce qui l'avait jusqu'alors gardé de bien des maux autant qu'il en avait récolté d'autres d'un acabit bien différent. Mais qu'importait, il ne s'agissait point là de ce qui aurait dû être fait en terme de paternité ou conjugalité, il n'avait pas tout échoué en la matière et les relations qu'il entretenait avec son fils et sa benjamine en témoignaient, à son plus grand plaisir. Voilà quelques temps qu'il cachait et préservait jalousement cet herbier en pleine naissance, faisant preuve de patience et de secret pour ne jamais ployer un indice à la principale intéressée. Ce dont il n'était pas mécontent, à en voir aujourd'hui sa réaction, qu'il n'avait évidemment pas imaginé moins bonne ! Quand bien même, son souci de bien faire la concernant le fit scruter le faciès de sa princesse avec une attention toute religieuse, à l'instar d'un fieffé dévot venant de ployer une offrande d'importance à la déité qui éclairait ses jours. Elle ne fut pas moins ravie que lui lorsque l'idée de lui faire cette surprise avait germé dans son esprit, et ce fut une risette tant chaleureuse que rassurée qu'il lui adressa tout en la contemplant dans la découverte de l'opuscule d'herbacées. Chacun possédait ses rêves, ses desseins à accomplir au cours de son existence, des envies parfois inaccessibles, en particulier lorsque l'on était une dame d'une maison aussi importante que celle gouvernant les contrées australes du royaume d'Ecosse. Son destin avait été scellé avant même que ses fabuleuses mirettes ne s'ouvrent sur cet univers gaélique, comme il était souvent le cas pour tout à chacun, et le sien n'était malheureusement pas de courir les diverses terres à sa guise. Cependant, rien ou presque n'était impossible lorsque l'on était de naissance d'importance, suffisait-il de savoir comment s'y prendre.

Lorsque la nymphette prit la parole, le laird se fit tout attentif et ne put s'empêcher d'être attendri face à tant d'enthousiasme et d'humilité. Celle qu'il considérait encore comme étant sa pouponne devenait une véritable jeune femme, avec des réflexions pas moins opportunes, et il ne doutait pas qu'un jour prochain, elle deviendrait l'une des plus grandes ladies que le royaume ait jamais portée. Qu'elle ait envie de se lancer dans la science botanique était une excellente perspective, les femmes aussi étaient capables de merveilles, dans des domaines bien plus disparates que ceux maniés par leurs homologues masculins, mais pas moins substantiels. Ses craintes, c'était son devoir à lui de les lénifier, ce qu'il s'en alla faire aussitôt.

« Sans ambition il n'y a pas de progrès. » Sa main se posa sur le rachis de la jouvencelle, qu'il cajola doucement tout en poursuivant d'un doux phonème. « Il faut simplement en mesurer l'envergure avec prudence, car l'ambition se transfigure parfois en avidité qui, immodérée, peut rendre fou. De là naissent les monstres et les despotes, même de bonnes gens aux nobles intentions peuvent se laisser corrompre de la sorte. » Il eut une furtive pensée pour Aodhan Macintosh, un homme qui aurait mérité son estime s'il n'avait pas été aussi avare de pouvoir. « Et une vie n'est jamais suffisante pour acquérir toutes les notions d'une science, mais c'est justement grâce aux recherches et travaux de prédécesseurs que le monde avance. Les découvertes que tu feras serviront à d'autres qui te prendront en inspiration et voudront suivre tes traces, nous laissons tous un patrimoine, certains plus importants que d'autres. » Ses lèvres s'étirèrent et un ricanement caverneux s'extirpa de son gosier, tandis qu'il caressa son ondoyante crinière bouclée. « Suis tes rêves mon enfant, tu feras des erreurs et tu en apprendras, comme tout le monde, comme moi avant toi. Je serai là pour te guider tant que je le peux... » Un frivole baiser déposé sur son front, puis il lui désigna l'huis. « Et si nous allions nous sustenter de quelques douceurs à présent ? Cette flânerie m'a ouvert l'appétit. »

Et ils auraient ainsi l'occasion de bavarder sur les spécimens qui se trouvaient d'ores et déjà dans l'ouvrage, et de bien d'autres choses comme ils l'avaient fait aujourd'hui. Une journée particulièrement plaisante, comme Gabran aurait adoré en passer plus. D'une légère impulsion dans l'échine de Rhona, il l'encouragea à se diriger vers la sortie de cet office qui n'était pas un endroit propice pour accueillir leur complicité, puis tous deux sortirent pour arpenter les corridors de leur foyer et poursuivre leurs innocentes et tendres réjouissances.
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Rhona MacGuffin
Rhona MacGuffin

Lowlands

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Je suis une princesse. Toutes les filles le sont. Tant pis si elles vivent dans de sordides greniers, tant pis si elles sont vêtues de haillons et tant pis si elles ne sont ni jolies ni élégantes ni jeunes. Elles sont toujours des princesses, c’est notre privilège. Votre père ne vous a jamais dit ça ? Vous l’a-t-il dit ?!

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MessageSujet: Re: I'm your little princess [Gabran]   I'm your little princess [Gabran] EmptyMar 18 Juin - 20:02

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