AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Forum fermé.
-29%
Le deal à ne pas rater :
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 – 16 Go / 512Go (CDAV : ...
499.99 € 699.99 €
Voir le deal

Partagez | 
 

 [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Esras Dunegan
Esras Dunegan

Western Highlands and islands

▷ ÂGE IRL : 28
▷ MESSAGES : 856
▷ INSCRIPTION : 18/02/2013
▷ LOCALISATION : Auprès des MacNeil.
▷ ÂGE : 46 ans
[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Tumblr_mi23qk3ktQ1rpn0coo2_500
Remain in what you are, the center of your life. You made it to this point no one can tell you how. You crawled and bled all the way but you were the only one. That was tearing your soul apart, you finally find yourself
GOJIRA


[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Empty
MessageSujet: [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna   [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna EmptyLun 8 Avr - 11:08

« Belle qui tient ma vie.
Pour mon mal apaiser,
Donne-moi un baiser »



eanna & esras


« Vous vous êtes admirablement bien battu lord Dunegan. » L'auteur de ces paroles, si bien attentionné parut-il, resta un instant bouche bée devant le regard noir qui se posa sur lui. Il sembla hésiter, bafouiller avant que je ne me décide à prendre la parole, ce qui lui fit rapidement regretter son initiative. « Je devrais vous remercier je suppose, mais je ne vois pas en quoi cela me serait utile. » Lui crachai-je, hargneux. Mais ce n'était pas contre lui. Ce n'était contre personne autour de moi, non c'était... uniquement contre ma propre personne. Bien sûr que je m'étais bien battu, sinon, je ne serais pas ici, c'était une réflexion stupide, sans aucun fondement et tout à fait inutile. Je soupirai bruyamment avant que les éclairs que lançaient mes deux pupilles sur ce jeune chevalier encore un peu chamboulé s'apaisent un instant. « Mais si vous êtes ici pour me parler, c'est que vous en avez fait de même. » Il esquissa un léger sourire, plus semblable à une grimace qu'autre chose, sans doute rassuré à l'idée que je n'allais pas m'en prendre à lui avant de préférer disparaître, au cas où je changeais d'avis. Je l'observais s'éclipser avant de porter mon regard au loin, sur le chemin se dressant devant nous.

J'entendis rapidement tout les cris de joie s'élevant de la masse que nous formions, quand enfin le château des MacNeil se profila à l'horizon ; nous étions bientôt tous chez nous. Non, c'était horriblement faux ; combien d'hommes étaient restés sur le champ de bataille, perdus à jamais, méconnaissables? Je l'ignorais, je ne savais pas encore quel poids portaient les pertes. Je ne me réjouis pas. Mon cœur me semblait trop lourd - mais tellement vide à la fois - pour en faire d'autant. J'imaginais avec une peine infinie le visage de toutes ses femmes, ne voyant qu'un cadavre ou un fantôme revenir des champs de bataille, pensant tout particulièrement à l'une d'entre elle. Je soupirai doucement cette fois-ci, tout en me redressant ; la mienne m'attendait, je le savais. Son angoisse, ses appréhensions, son attente lui semblant éternelle avaient débuté dés l'instant où elle ne m'avait plus aperçu, disparaissant sur l'horizon, peut-être pour la dernière fois. Quelle idée d'épouser un chevalier. Mes frères étaient bien plus tranquilles, veillant sur leurs terres, leur bétail, tandis que mes compères et moi-même nous battions pour protéger leurs familles et leurs biens. J'étais d'ailleurs la fierté de toute la mienne, bien qu'ils avaient vainement tenté en premier lieu de me tirer de la tête cette idée si absurde que j'avais eu de me faire chevalier. Ils avaient été à la fois terriblement surpris et enchantés de ma réussite, bien que ma mère soit désespérée chaque soir en me voyant déjà épuisé aller nourrir les bêtes et me lever tôt le matin pour travailler dans les champs. Elle me répétait souvent que je travaillais pour deux hommes et que je ne tiendrai pas très longtemps comme cela. Mon père dut finir par me laisser partir, voyant en son fils, l’accomplissement d'un rêve auquel il avait songé de nombreuses fois. Dieu, qu'il était fier de ce garçon lui ressemblant tant. Il le fut également de son petit fils, juste avant de disparaître pour un monde que j'aimais à croire meilleur. J'avais ouïe dire un jour un homme prétendre que si personne ne revenait du royaume des morts, c'est bien parce qu'il devait être plaisant. Je l'espérais, pour tout ceux que j'avais vu tomber à mes côtés mais ma foi tressaillait quand je pensais cela ; ne disait-Il pas "Tu ne tueras point"? En ce cas, nous devrions tous brûler pour l'éternité et cette perspective ne me plaisait guère. Mais autant me concentrer sur la vie que je menais sur cette Terre ; Aodhan avait plus besoin de moi que notre Seigneur, j'en étais persuadé.

Après quelques dernières paroles échangées avec l'un ou l'autre compagnon, tous disparurent, suivant chacun la route de leur chez soi. Je restais cependant silencieux, sachant que Abigail espérerait toute la nuit avant de lâcher cette ligne d'horizon du regard, de le baisser et de laisser doucement couler les larmes amers qui lui brûleront son si jolis minois. Isran n'avait pas toujours été un bon mari, je le savais mieux que quiconque et sa compagne jalousait parfois la mienne, comme beaucoup d'autres. Il m'avait un jour avoué ne pas l'aimer le moins du monde, qu'il la considérait plutôt comme une agréable présence dont il pourrait cependant se passer. Ils ne connaissaient pas l'amour, ni l'un, ni l'autre, étant juste animés par un attachement mutuel s'étant tissé au fil des années. Ils étaient loin de ce sentiment si étrange et fort à la fois qui accordaient le cœur de ma belle et moi-même. Mais je savais que malgré tout cela, Abigail serait morte de chagrin ; elle se sentirait de toute manière abandonnée, seule et éphémère. Une pensée me traversa alors l'esprit ; je tenais plus à lui qu'elle. Je fermai doucement les yeux, secouant discrètement la tête pour me remettre les idées en place. Mais elles se refusaient ; elles m'hurlaient leur peine, le désespoir qui les habitaient et me torturaient. Elles rejouaient éternellement la chute de cet homme, de ce chevalier, de ce frère. Leurs cris étaient longs et stridents, comme celui que j'imaginais être aux Banshees. Parfois, durant ce chemin, mes songes m'avaient murmuré des choses un peu plus blessantes ; tu aurais dû être à ses côtés. Et c'était douloureusement vrai. Nous formions un duo tout à fait excellent et je ne pourrais vous dire combien de fois il m'avait sauvé la mise et vice-versa. Et j'avais failli. Peut-être avait-il cru que j'étais derrière lui, que s'il tombait, j'écraserai cet homme menaçant sa vie. Il devait alors s'être rendu compte de mon absence avec horreur avant de finir à terre, haletant l'air lui brûlant les poumons, déversant ce sang si vital sur la terre battue déjà rougie par quelques autres malheureux. Moi qui étais son ombre quand il n'était pas la mienne, je l'avais abandonné, peut-être qu'un instant, mais il était de trop. Et il était terrible comme je m'en voulais. C'était une douleur affreuse et collante qui englobait tout mon être, masquant toutes celles étant physiques. Elle creusait mon cœur d'un vide pesant que je détestais, pire, je me haïssais moi-même. Comment pouvais-je prétendre défendre ma patrie si je n'étais même pas capable de le faire pour mon frère d'armes? Je devais l'avoir surestimé, ayant sans doute trop confiance dans les capacités qu'il m'avait maintes fois démontrées. Il était perdu et rien ne me semblait plus douloureux que de savoir que j'aurais pu éviter cela.

Je me pris à désirer être seul un instant ; sans tout ces hommes autour de moi, sans même ma propre famille. Je me stoppai donc dans ma marche pour rejoindre nos appartements, hésitant un instant. Je n'avais pas envie de rentrer. A vrai dire, j'ignorais ce que je désirais, tout me semblait flou, insipide et sans valeur. Toutes mes pensées s'entrechoquaient, comme si elles désiraient continuer la guerre dans laquelle j'étais continuellement plongé, même en ce court instant de paix. Mais je repris rapidement la route qui me menait vers mes quartiers ; Eanna m'y attendait. Je savais qu'elle devait être entrain de veiller, la peur au ventre à cause de la crainte de ne pas entendre la porte grincer sur ses gonds sous ma rude main mais sous celle d'un triste message. Je ne pouvais la faire attendre d'avantage, même en l'état de conscience dans lequel je me trouvais. Ce serait inhumain. A cette pensée, j'accélérais le pas, me rendant enfin compte à quel point elle me manquait ; mon cœur se mit à cogner plus fort, m'invitant à être le plus tôt possible aux côtés de sa moitié. Il avait besoin d'elle ; de sa douce peau, de son regard enchanteur, de sa sublime longue chevelure d'or, de son corps harmonieux, de son sourire amoureux.

Il fut alors comblé quand, enfin, j'arrivai devant la dernière porte séparant nos deux êtres. Doucement, pour ne pas l'effrayer, j'en agrippai la poignée avant de la faire tourner et de la pousser, lentement. Ma silhouette se dessina alors dans son encadrement ; grand, sombre et les épaules basses. Mais une lueur vint habiter mon regard à l'instant même où il se posa sur ce dos de blanc vêtu que je ne connaissais que trop bien. Je l'observais, longuement, admirant cette femme que certains jalousaient, celle qui m'avait donné son cœur en échange du mien, comme si c'était la première fois. On aurait pu croire qu'après vingt années de mariage, je me sois lassé d'elle, mais elle était à chaque fois une découverte familière que je chérissais. Elle était le soutien que mon âme réclamait, le coin de paix, la lumière de mes jours sombres, éclairant mon chemin parfois trop tumultueux à mon goût. Je ne bougeai pas, profitant de cet instant de réconfort ; ne fusse que voir son visage m'apaisait un tant soit peu. La vue de ses traits venait de calmer une partie de l'ouragan balayant mon être ou du moins, ils me servaient d'attache dans ce chaos psychique. Je ne pris même pas la peine de parler ; je n'avais pas besoin de mot. J'avais juste besoin d'elle. Et rien d'autres dans ce monde ne pourrait la remplacer.




Dernière édition par Esras Dunegan le Jeu 6 Juin - 16:33, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Eanna Dunegan
Eanna Dunegan

Western Highlands and islands

▷ MESSAGES : 199
▷ INSCRIPTION : 04/04/2013
▷ LOCALISATION : Auprès de sa famille
▷ ÂGE : 45 ans
A clear and innocent conscience fears nothing.

[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Tumblr_mm587nWtke1qag66no2_500

« Une belle vie fait mépriser la mort, et une belle mort fait mépriser la vie. »

[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Img_4410
[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Empty
MessageSujet: Re: [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna   [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna EmptyLun 8 Avr - 15:00

Belle qui tient ma vie.
Eanna & Esras


Guerre. Mot fataliste, annonciateur de joie mais également de peine, de grande peine. Récolter les lauriers de la gloire avait un prix, le prix était la vie. Un lourd sacrifice que faisait ces hommes en armures en quittant leur foyer. Personnes ne pouvaient savoir s'ils allaient revenir en un seul morceau ou bien vivant tout simplement. Quelque soit le but de ces guerriers motiver par la foi, l'intime conviction qu'un monde meilleur naîtra de ces combats : ils étaient tous des frères d'armes. Une unité qui devait être coordonné. Eanna ne pourrait jamais comprendre ce sentiment, pourtant:elle à conscience que c'est cette même unité qui sauvait des hommes. Une armée unit, fraternelle avait plus de chance de survivre à une guerre. Survivre, ce mot veut bien tout dire. Eanna avait vu l'état des survivants. Certains ne pouvaient plus se mouvoir, ils devenaient des poids pour la société et si le suicide n'était pas autant condamné par le déshonneur : beaucoup de gens prendraient cette voie de sortie. Par expérience, après avoir vu des hommes détruits par la guerre, la femme d'un âge avancé savait qu'un guerrier ne retrouvait jamais son moral d’antan. Et si cela arrivait à Esras ? Eanna se sentirait probablement impuissante, pourtant que pouvait-elle ? Elle qui n'était que femme. Lui crier de rester ici ? Le supplier ? Non. Cela n'aurait pas été digne d'elle. Les hommes devaient aller se battre, les femmes devaient rester en arrière pour s'assurer du bon fonctionnement de la maison en l'absence du maître. Malgré tout, Eanna aurait aimé pouvoir prendre également les armes et défendre sa famille, peut-être qu'elle aurait pût éviter à son fils de perdre sa jambe ? Ou bien éviter que son mari ne rentre blessé voir pire : sans vie. Sans lui, elle n'était plus rien. Leur vie était lié, pour le meilleur comme pour le pire. La femme ne se voyait pas vivre sans son mari. Eanna savait pertinemment qu'elle se laisserait mourir si Esras passait l'arme à gauche. Quand il partait au combat, elle avait prit l'habitude de lui dire au revoir. Elle lui disait généralement tout ce qu'elle pensait pour ne pas être ronger dans le remords de ne rien avoir dit. Elle avait toujours tout dit à son mari et jamais elle ne changerait ce comportement.
Cette fois-ci n'échappa pas à la règle, en regardant partir son époux sur son cheval avec ses hommes, elle ne pût empêcher son cœur de s'arrêter quelques instants. Eanna mourrait à chaque fois qu'il partait, elle ne savait jamais comment il reviendrait ni quand. Alors, elle restait sagement à sa fenêtre, à regarder la cours du château des MacNeil dans l'espoir de le voir revenir en entier, vivant. Elle s'enfermait dans ses appartements, ne souhaitant voir personne, ne mangeant presque plus. Seuls ses enfants à la limite pouvait lui rendre visite et encore. Le faite est que Lady Dunegan était décomposée, elle se laissait aller, pleurait quand les ombres de la nuit l'entourait. En silence, sans que personnes ne le sachent pour repartir le lendemain matin comme si rien ne s'était passé. Eanna, qui était une vielle amie de la famille, ne travaillait pas quand son mari était absent. Elle en était incapable, ses mains si délicates tremblaient trop pour pouvoir faire un ouvrage sans se piquer un million de fois. Quand elle n'était pas enfermée dans ses appartements, elle prenait son cheval pour aller galoper dans la campagne. A vrai dire, elle avait un but. Elle tentait d'apercevoir les bannières des guerriers. Elle ne pensait qu'à une chose : revoir son mari. Sa nature forte lui permet d'être là pour les autres femmes, notamment ses amies dentellières. En leur présence, elle était une femme forte, les autres femmes l'admiraient. Si seulement elles savaient comment elle était une fois les bougies consumés. Oui, beaucoup de femmes jalousaient Eanna pour son caractère mais surtout pour son amour durable avec Esras. Les années n'avaient en rien ternit leur amour, bien au contraire. Il semblait plus fort à chaque épreuve.
La fidélité d'Eanna était à toute épreuve, comme toujours, elle ne dormait pas la nuit. Des fois qu'il reviendrait alors que tous le monde était endormi. Elle voulait être là pour l’accueillir, pour toucher son visage et s'assurer qu'il était vivant, en un seul morceau. A vrai dire, elle ne voulait pas devoir porter le deuil. Assise sur une chaise devant la fenêtre qui donnait sur la cours, ses mains croisés, ses jambes jointes, elle attendait. Telle une statue de marbre. Eanna se mordait les lèvres, tic d'inquiétude, de stresse abîmant sa bouche mais elle s'en moquait. Rien ne comptait finalement quand Esras était parti sur le champs de bataille. Elle s'assoupissait naturellement mais se réveillait toujours en sursaut aux moindres bruits qui pourraient annoncer le retour de son mari. C'est un de ses bruits qui réveilla Eanna, elle se leva d'un bond pour se retourner et voir le visage fatigué d'Esras, mais un visage vivant. Comme toujours, un immense sourire apparut sur son visage, elle respirait à nous, elle vivait à nouveau. Il venait de relancer son cœur qui s'était arrêté lorsqu'il était partit. Elle s'approcha rapidement pour le prendre dans ses bras. Eanna avait besoin de le sentir contre elle, de se prouver à elle-même qu'il était vivant et qu'il n'était pas un fantôme ou le fruit de son imagination, de son esprit désespérée de ne pas sentir sa moitié près de lui.
Sans parler elle s'écarta un peu tout en restant près de lui pour l'inspecter, voir si aucunes blessures pourraient l'arracher à elle. Eanna avait toujours en tête l'image du mari de sa dame de compagnie sans sa jambe. Des images qui l'avaient profondément marqué. Un souvenir qu'elle n'avait pas envie de revivre. Surtout pas concernant son mari. Lady Dunegan, après avoir inspecté son époux, soupira de soulagement. Enfin. Enfin elle pouvait respirer normalement. Son visage si fermé avant son arrivé, semblait s'ouvrir, devenir plus doux, plus tendre. Elle redevenait elle-même. Elle céda rapidement à l'envie de l'embrasser, d'abord timidement comme si ses lèvres avaient besoin de se réhabituer aux siennes puis tendrement. Ils étaient dans leur appartement, en privée : Eanna pouvait montrer tout l'amour qu'elle ressentait pour lui sans avoir à rougir d'un tel comportement. Ses mains encerclaient son visage fatigué, quelques blessures par-ci, par là laisseraient de nouvelles cicatrices qui soulignait le charme d'Esras selon Eanna. Son corps coller au sien, c'est elle qui mit fin au baiser pour coller son front contre le sien. Ses yeux fermés, elle écouta la respiration de son mari. Autre signe qu'il était bien en vie, qu'il n'était pas un fantôme. Elle surprit des larmes de joies couler silencieusement sur ses joues d'ordinaire pâle. Pas un mot n'avait avait prononcé depuis qu'il était rentré. C'est Eanna qui mit fin à ce silence.

« Esras... Chuchota-t-elle tendrement. Que c'est-il passé ? »

Eanna avait toujours sût lire en son mari comme dans un livre ouvert. A vrai dire, c'était le cas avec la plus parts des gens. Elle n'avait pas besoin d'être médium pour voir que quelque chose n'allait pas. Elle avait décidé de parler à voix basse pour souligner le côté intime de cette discussion. Esras pouvait parler librement et même crûment devant Eanna. Ils ne se cachaient rien, la femme comptait bien percé l'abcès tout de suite pour ne pas laisser une part d'ombre qui pourrait les détruire. Oui. C'était le secret de leur bonheur : ils jouaient franc jeu tout le temps.



© will o' the wisp
Revenir en haut Aller en bas
Esras Dunegan
Esras Dunegan

Western Highlands and islands

▷ ÂGE IRL : 28
▷ MESSAGES : 856
▷ INSCRIPTION : 18/02/2013
▷ LOCALISATION : Auprès des MacNeil.
▷ ÂGE : 46 ans
[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Tumblr_mi23qk3ktQ1rpn0coo2_500
Remain in what you are, the center of your life. You made it to this point no one can tell you how. You crawled and bled all the way but you were the only one. That was tearing your soul apart, you finally find yourself
GOJIRA


[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Empty
MessageSujet: Re: [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna   [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna EmptyLun 8 Avr - 23:11

« Belle qui tient ma vie.
Pour mon mal apaiser,
Donne-moi un baiser »



eanna & esras


Chaque parcelle de mon corps se mit à tressaillir quand, enfin, sa peau vint se coller à la mienne. Nous nous retrouvions et Dieu que cela me sembla bon. La précipitation d'Eanna, ses gestes vifs et soudainement revigorés par une force qu'elle ne pouvait puiser qu'en notre amour, avaient eu le don d'alléger un peu mon cœur qui me murmurait doucement de cesser d'écouter, ne fusse qu'un instant, ce crâne cognant et martelant mon être de pensées aussi douloureuses que nombreuses. Mais je ne m'en sentais pas capable ; j'avais tout juste l'impression d’aggraver mes fautes en m'accordant le bonheur de retrouver ma bien aimée. Était-ce seulement un crime? Je n'étais pas tombé sur ce champ de bataille mais j'avais pourtant l'impression de me sentir mourir. Il n'y avait qu'une unique personne en ce bas monde qui pouvait me rattraper et elle le fit ; ses bras se saisirent de mon être, me suppliant muettement de ne plus jamais la laisser et surtout, de ne pas tomber dans ce gouffre sombre sur lequel je me penchais. Je ne pouvais disparaître, je me l'interdisais. Car je ne savais que trop bien que ma perte tuerait ma belle, ayant déjà eu écho de l'état dans lequel elle se trouvait, une fois qu'elle me savait entrain de me battre. Je l'imitais, entourant sa taille de mes deux bras aux muscles exténués et douloureux, la serrant tendrement tandis que mon visage vint se poser doucement sur sa chevelure d'or dont notre fils avait hérité. Nos enfants étaient un intéressant mélange de nos deux êtres, bien que leur caractère respectif s'avéra rapidement être plus proche du mien, au plus grand dam de certains. Mais ils étaient chacun une prunelle de mes yeux, tandis que leur mère tenait mon cœur au creux de ses mains. Si elle disparaissait, plus rien ne me retiendrait en ce monde, si ce n'est qu'une hargne que plus rien ne pourra apaiser, me promettant de me perdre. Et c'était la seule chose que je pourrais encore espérer, sans elle à mes côtés.

J'esquissai un léger sourire qui s'évanouit pourtant rapidement quand elle entreprit de m'inspecter, presque sous toutes les coutures. Elle craignait que je ne sois qu'une illusion d'un rêve trop beau pour être réel. Mais j'étais bel et bien à ses côtés, je ne pouvais même pas imaginer ce qu'il serait advenu d'elle si cela n'avait pas été le cas. Notre laird MacIntosh avait beau me compter parmi ses rangs, loyal et déterminé que j'étais, je pensais plus à ma femme qu'à lui quand l'abandon me guettait. Vicieux, il me traînait à terre, me scrutant de ses yeux morbides, me présentant quelques ennemis de choix à qui rien ne ferait plus plaisir que de m'ôter la vie. Alors je me levais. J'hurlais autant ma rage que mon amour. Ces deux feus s'entremêlant, constituant en grande partie l'homme que j'étais devenu au fil du temps. Sans l'un, l'autre serait trop rude, sans l'autre, l'un serait trop fade. Du haut de mes trente-six années, il me semblait que j'avais accompli déjà un bon nombre de choses, et pourtant, je ne comptais pas m'arrêter là ; j'étais arrivé là où personne ne pensait m'apercevoir, me construisant une réputation qui n'était plus à refaire, tout en bâtissant autour de moi un foyer que je n'échangerais pour rien au monde. Mais une partie de mon monde s'était écroulé, seulement quelques jours auparavant quand un des piliers le constituant s'était effondré, sans même que je puisse tenter de le consolider.

Puis, ses lèvres vinrent à l'encontre des miennes, d'abord hésitantes, ensuite plus passionnées. Mes paupières s'étant closes, je profitai de cet instant si précieux, passant ma main rude de guerrier dans son cou si fin et délicat, avant qu'elle ne s'écarte d'elle-même. Je la laissai faire, bien qu'au fond, je fus un peu meurtri par cette coupure ; je désirais encore la sentir toute proche, au plus profond de mon être. Je ne protestai pas, non, elle pouvait faire ce qu'elle voulait de moi ; la souffrance que mon absence lui avait causé me peinait extrêmement et si pour me faire pardonner je devais être entièrement sien, je le faisais. Car c'était une vérité ; je m'étais depuis longtemps offert à elle, promettant de la protéger et par dessous tout, de la rendre heureuse. Et le sourire avec lequel elle m'avait accueillit une fois encore, me réconfortait sur ce sujet. La main s'étant logée dans sa nuque vint glisser le long de son bras, doucement, lentement, délicatement, tandis que ses longs et fins doigts - ceux qui tissaient si parfaitement - quittaient mon visage, peut-être avec quelques regrets.
Quand elle prit la parole, je lui en voulus presque d'avoir brisé ce silence seulement perturbé par nos deux respirations unies. Les démons ayant dans leurs griffes acérées arraché mon âme se délectaient de ce brutal retour à la réalité. Ses murmures, pourtant si doux, m'avaient écorché le cœur car tout en moi rejetait l'idée de mettre des mots sur ce qui se passait en mon être. Mais c'était Eanna. Celle avec qui mes dires étaient toujours justes francs, bien que je ne me gênais jamais pour l'être avec les autres personnes de mon entourage. Mais c'était bien sûr différent entre nous deux. C'était tout à fait unique, à vrai dire. Mes mains vinrent se saisir des siennes, une à la fois, avant de venir les lever, entre nous. Mes pouces se mirent à caresser la surface de sa peau, tandis que je me lançai dans une observation méticuleuse de chacun de ses phalanges. La simple pensée de mettre des mots, si symboliques, si vrais sur la vérité me rongeant me semblait être une des pires épreuves que j'avais dû endurer en mon existence. Le penser était une chose, l'avouer en était largement une autre. Mes lèvres se séparèrent, laissant libre court à ma parole mais celle-ci ne vint pas. Elle s'était cachée au fond de ma gorge et me hurlait qu'elle refusait de sortir ; elle fondit en larmes dans le creux de mes cordes vocales et ne produisit qu'un gémissement à peine audible. Je perçus alors un tremblement assaillir mes lippes, avant qu'enfin elles ne se rejoignent, finalement humectée par une langue incertaine et nerveuse. Je cherchais un instant un autre reperd que ces longs doigts et fins mais mon regard le trouva facilement ; il vint se plonger dans celui de ma femme. Je soupirai fébrilement, pressant un peu plus ma prise sur ses mains avant de retenter l'expérience ; enfin, ma voix se mit à raisonner, dans un murmure grave et rauque. « Isran... » Avais-je commencé, sans doute pour annoncer la couleur, peut-être à la manière d'un prologue. « Je... » Ma voix accepta de résonner à nouveau à condition que mes pupilles ne se baissent, encore trop fébrile pour démontrer une quelconque force. « Je ne l'ai pas protégé, il me semblait qu'il n'en avait guère besoin, un guerrier comme lui... » Dieu que c'était difficile. Peut-être que notre Seigneur se vengeait ; pour toutes les vies que j'avais enlevé à ce monde, il me punissait en balayant ce frère d'arme de notre Terre, sans même un soupçon de gloire. Mon regard se perdit un instant dans le vide, rejouant devant mes pupilles ce terrible spectacle, tandis que mon cœur se serrait à nouveau et que ma bouche restait bée. « Il est mort. » Avais-je fini par lâcher, plantant à nouveau mes pupilles dans les siennes, cherchant un peu de réconfort dans ce chaos brûlant mon âme. Trois mots. Trois ridicules petits mots qui, ensemble, signifiaient une atroce vérité qui transperçait tant de cœur. Je lâchai alors soudainement ses mains, me saisissant de son être, ressentant le besoin immédiat de me sentir tout contre elle, pour ne pas défaillir. J'étais désespéré - c'était même pire que cela. Elle était la seule à me voir dans ce genre d'état, moi, Esras Dunegan, cet homme fort et presque invincible. On me comparait souvent à un ours et j'accordais à tout ceux qui me considéraient comme tel qu'ils n'étaient pas loin de la vérité. Mais ils omettaient sans doute trop souvent que même pareil animal devait éprouver des sentiments. Et il était préférable que cela reste ainsi ; il n'y avait qu'Eanna qui en avait le droit. Elle était seule à pouvoir apprivoiser la bête que beaucoup voyaient en moi.

Revenir en haut Aller en bas
Eanna Dunegan
Eanna Dunegan

Western Highlands and islands

▷ MESSAGES : 199
▷ INSCRIPTION : 04/04/2013
▷ LOCALISATION : Auprès de sa famille
▷ ÂGE : 45 ans
A clear and innocent conscience fears nothing.

[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Tumblr_mm587nWtke1qag66no2_500

« Une belle vie fait mépriser la mort, et une belle mort fait mépriser la vie. »

[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Img_4410
[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Empty
MessageSujet: Re: [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna   [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna EmptyMar 9 Avr - 8:04

Belle qui tient ma vie.
Eanna & Esras


Eanna sentait chacun de ses muscles se décontractés. Qu'il était bon de retrouver les bras d'un être cher. Esras la serra doucement malgré sa force contre lui, son cœur battait vite, trop vite, il la faisait souffrir mais c'était une douce souffrance. La sensation d'être de nouveau en vie. De pouvoir de nouveau se permettre de respirer, de rire, de penser à la vie. Esras était le point d'ancrage de son bonheur, ses enfants étaient les piliers autours. Si jamais le point le plus fort venait à sombrer dans les ténèbres : alors c'est tout son monde qui suivait. Elle savait que son mari était conscient de cette problématique. Il était lié à elle, qui le veuille ou non au même titre que si elle venait à mourir : il se laisserait également aller pour la rejoindre. N'était-ce pas le principe du mariage ? Du vrai mariage ? Certes les enfants les liaient, mais l'amour qui avaient permit de les faire était encore bien plus fort. Ils avaient beau avoir le caractère de leur père, Eanna ne les aimait pas moins si ce n'est plus. Elle pouvait ainsi avoir l'impression d'avoir son mari en face d'elle quand elle parlait à chacun d'eux. Qu'il était bon de se rassurer en serrant la personne contre soit, vérifier qu'il allait bien même si cela devait couper l'instant intime. Elle avait également envie de rester coller à lui, mais l'idée que cela ne soit qu'une chimère l’effrayait. Alors, elle prit le temps de l'inspecter sous toutes les coutures. La femme blonde se prit alors à l'embrasser, sentir ses lèvres contre les siennes étaient un besoin. L'espace entre eux était insoutenable et son corps se collait plus, si cela était possible, à celui de son bien-aimé. Sa main dans son cou la fit frissonner, Eanna avait envie de lui, elle avait envie qu'ils ne forment qu'un. Et pourtant. Et pourtant elle avait bien vu que quelque chose n'allait pas. Elle n'allait pas laisser des démons s'emparer de son époux et il n'y avait qu'un seul moyen pour l'en empêcher : parler. Il fallait qu'Esras se confie même si c'était dur, il fallait qu'il lui raconte même si elle n'avait pas envie de tout savoir. Elle aussi ravalait cette peur. Elle était tout simplement effrayée de l'entendre parler qu'il avait faillit se prendre une flèche ou bien qu'il avait échappé de peu à une lance qui allait l'embrocher... Et pourtant, et pourtant elle voulait tout savoir. Par curiosité, par amour, parce qu'elle avait vu trop de guerrier sombrer dans la folie car ils ne parlaient pas de la guerre et des combats. Que les choses soient claires : elle ne laisserait pas son mari sombrer dans la folie.
Eanna serra les mains de son époux lorsqu'ils les attrapa. Il pouvait faire ce qu'il voulait, elle s'était donnée depuis bien longtemps corps et âmes Esras. Elle cherchait son regard, pour lui donner la force, pour lui montrer que quoiqu'il dise elle serait là. Tel un roc, tel un arbre, elle tiendrait bon. Il pouvait se reposer sur elle, ils étaient seuls. Le guerrier qui était en lui pouvait baisser les armes le temps d'une nuit. Personne ne viendra les juger, ils étaient dans leur monde. Lorsque son époux poussa un gémissement plaintif, Eanna ne pût s'empêcher de froncer les sourcils. Elle ne savait alors que trop bien ce qui allait sortir de la bouche d'Esras. L'annonce d'une personne chère qui était morte. Elle espérait juste que cela ne soit pas Isran. Pourtant, lorsque son mari prononça son nom, elle ne pût empêcher ses yeux se fermer. Elle comprenait mieux l'état de fébrilité de son mari, lui qui était si fort devant ses hommes, devant ses enfants et qui ne laissait cette âme meurtrie qu'au main de sa femme. Elle ré ouvrit les yeux pour le soutenir, pour être là. Car elle le savait, il fallait qu'il le dise de vive voix pour commencer à guérir. Le penser était une chose, le dire en était une autre. Le dire c'était l'accepter, commencer à faire son deuil car oui il y allait un deuil qui allait se faire petit à petit même si aujourd'hui, là maintenant, tout de suite à l'instant présent cela était impensable. Esras avoua finalement ce qui le rongeait de l'intérieur, ce qui le rendait vulnérable et lorsqu'il enserra son corps avec ses bras pour le coller contre le sien. Elle passa immédiatement, comme un réflexe, une habitude douce et réconfortante : ses bras autour de lui. Eanna glissa sa main dans ses cheveux pour les caresser tendrement. C'est ce qu'elle faisait avec ses enfants et cela les calmait.

« Je suis là mon ami, chut... »

Eanna embrassa sa tempe délicatement, le serrant un peu plus contre lui. Il n'y avait rien à dire, elle n'allait pas dire qu'elle était désolée : cela ne servirait à rien. Elle n'avait jamais dit cette phrase habituelle ce qui surprenait tout le monde. Elle ne pouvait pas être désolée. La mort d'Isran était tragique, ignoble, la femme avait beaucoup d'affection pour ce chevalier et ce dernier lui rendait bien : en tout bien tout honneur. Elle était un peu sa confidente et tentait d'arranger ses problèmes de mariage. Combien de fois avaient-ils rit tous les trois jusqu'à en pleurer ? Isran faisait partit de leur vie, de la vie de leurs enfants, quelque chose manquera toujours. Un vide qui ne sera jamais combler, une place qui ne serait jamais prise dans leur cœur et leur esprit. Eanna profita d'être proche de lui pour commencer à enlever les ficelles qui retenaient son armure. Elle s'éloigna pour la faire glisser au sol avant de défaire son manteau de fourrure. Esras avait besoin d'enlever ce qui lui rappelait les batailles, il devait se couper de sa partie guerrier pour pouvoir faire le deuil de son ami. Elle reprit son visage dans ses mains :

« Vous n'êtes pas fautif Esras, la mort est aveugle. Eanna l'obligea à la regarder dans les yeux. Il vous faut vivre pour vous deux maintenant, savourez chaque plaisir pour lui. Isran n'aurait pas aimé que vous vous arrêtiez de vivre. Mourir sur un champs de bataille est sûrement le plus grand honneur pour une chevalier. Vous me l'avez dit, il me l'avait confié également. Je n'amoindris pas sa... sa... Elle prit une grande inspiration pour reprendre une certaine contenance. Sa mort, cela me peine autant que vous ne vous méprenez pas, mais il vous faut continuer à avancer même s'il n'est plus là physiquement car il sera toujours avec vous dans votre esprit. D'où qu'il soit, il doit vous regarder, il vous soutiendra quoiqu'il arrive, sera toujours à côté même si sa présence ne peut pas être sentit. »

Eanna était désemparée, elle n'avait jamais été douée pour réconforter les personnes qui avaient perdu un être cher. Personnellement, elle préférait s'isoler quand s'était le cas, ne pas parler pourtant, elle savait que si elle ne parlait pas à Esras, quelque chose allait se briser. Il n'attendait pas forcément une réponse à ses paroles, malgré tout, Eanna voulait tenter quelque chose ne supportant pas de rester les bras croisés. Elle ne voulait pas voir son mari souffrir sans avoir tenter quelque chose. Elle embrassa ses joues, avant de l'embrasser sous ses yeux, remonta pour embrasser ses paupières, puis son front, redescendit dans son cou pour finir sur ses lèvres et l'attirer vers le lit conjugal. Ils avaient assez parlé.



© will o' the wisp
Revenir en haut Aller en bas
Esras Dunegan
Esras Dunegan

Western Highlands and islands

▷ ÂGE IRL : 28
▷ MESSAGES : 856
▷ INSCRIPTION : 18/02/2013
▷ LOCALISATION : Auprès des MacNeil.
▷ ÂGE : 46 ans
[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Tumblr_mi23qk3ktQ1rpn0coo2_500
Remain in what you are, the center of your life. You made it to this point no one can tell you how. You crawled and bled all the way but you were the only one. That was tearing your soul apart, you finally find yourself
GOJIRA


[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Empty
MessageSujet: Re: [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna   [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna EmptyMar 9 Avr - 13:23

« Belle qui tient ma vie.
Pour mon mal apaiser,
Donne-moi un baiser »



eanna & esras



La violence de la guerre m'avait presque fait oublier la douceur d'une femme, celle de la mienne. Je redoutais parfois que tout les combats que j'avais menés ne m'attirent au fond d'un gouffre trop profond pour qu'une fois revenu, Eanna m'en tire à nouveau. Mais elle y arrivait à chaque fois. Et juste pour cela, elle était admirable. Je la sentis doucement se décontracter, enfin rassurée. Quoique, pas entièrement ; elle se mit à inspecter chaque parcelle de mon corps, s'efforçant de croire en mon réalisme. Qu'il serait cruel pour un rêve de lui faire espérer que je sois revenu alors que j'étais encore couvert de sang et de boue, au milieu d'un champs de bataille où les hostilités battaient de leur plein. Mais j'étais là, tout prêt d'elle, las, désespéré, mourant peut-être mais bien à ses côtés. Et c'était le plus important ; tant que j'étais en vie, elle pouvait encore quelque chose pour moi. Elle me réparerait, petit à petit, comme elle savait si bien le faire, à l'aide de ses mots, de ses lèvres, de ses mains. Elle insufflerait à nouveau la vie ne mon être. C'était ce que les femmes savaient faire de mieux ; répandre la vitalité dans notre monde. La mienne m'avait d'ailleurs prouvé cela à deux reprises en m'offrant deux magnifiques enfants que je chérissais autant qu'elle mais d'une toute autre manière.

Mais il fallut bien que la réalité me retombe dessus, dans un fracas sourd mais ô combien lourd. Je ne pouvais rien cacher à la sublime créature se trouvant devant moi ; je lui avais confié mon âme et rien n'était plus facile pour elle que de lire en elle. Elle tentait de me réconforter de son regard si bleu, de sa présence si rassurante. Nos instants, à l'abris des yeux de tous, restaient les plus plaisants à mon goût. Mais celui-ci était ignoblement douloureux ; je luttai contre tout mon être pour ne pas faiblir plus que je n'étais déjà entrain de le faire. Elle était la seule à m'avoir vu dans cet état et à vrai dire, celui-ci était même pire que tout les autres. Je vus en ses réactions que la nouvelle l’attristait tout autant et j'étais conscient de le savoir depuis toujours ; Isran était comme devenu un membre de la famille. Je le considérais moi-même comme le quatrième de mes frères. Il m'avait appris énormément de choses, en tant que guerrier mais aussi en tant qu'humain. Il était l'homme avec qui j'aimais partager, bavarder, batailler, jurer, railler, échanger, rire, sermonner, bref, vivre. Nous étions devenus inséparables, si bien qu'il arrivait extrêmement rarement que nos supérieurs nous séparent, remarquant que nous étions bien plus performants ensemble. Mais je l'avais parfois surpris à dialoguer avec ma bien aimée, de choses et d'autres, même souvent de son malheureux mariage. Quant à mes enfants, ils l'avaient toujours connu, il s'était toujours trouvé dans leur entourage et l'homme qui l'était les appréciait tout deux, reconnaissant en chacun le Dunegan qui les qualifiait si bien. Il blâmait souvent sa pauvre épouse de ne lui avoir donné que deux nouveaux nés trop faibles pour survivre plus que quelques mois et je retrouvais parfois dans les gestes qu'il exerçait avec ma progéniture un certain amour paternel qu'il n'avait eu l'occasion d'exprimer. Il semblait fier de mon propre fils, ayant suivi nos pas et trouvait tout à fait ravissante ma fille, bien qu'il trouvait son caractère d'homme Dunegan bien mal placé dans son corps de jeune femme. Mais il avait surtout aimé rire de leurs aventures d'enfants et mes nombreuses recherches qui se soldaient souvent par un échec, se moquant ouvertement de ma personne. Mais il était comme ça. On aurait presque cru qu'il adorait s'attirer les foudres de son entourage, comme si c'était un jeu pour lui. La plus part des chevaliers le trouvaient amusant, bien que le reste le considérait comme un stupide bouffon sans esprit. Et ils étaient tellement loin de la vérité. Je n'aurais pas passé autant de temps aux côtés d'un idiot incultivé et sans discussion.

Sentir son corps tout contre moi, sa main doucement se glisser dans mon épaisse chevelure, entendre son doux murmure... Tout cela m'empêcha de faillir définitivement. Elle était là, oui. Le contraire m'aurait achevé si cruellement que je n'aurais jamais pu trouvé un quelconque repos. Je profitai de l'apaisement que me procura son baiser, le capturant intensément, ne voulant pour rien au monde le perdre. Mais encore une fois, elle se défit de moi et j'eus réellement du mal à la laisser faire. Je dus même réprimander une petite plainte voulant s'échapper de ma bouche. Mais comprenant que son intention était de me débarrasser de mon armure, je la laissa faire, mes épaules s'étant crispées retombèrent, lasses, tandis que le vêtement se laissait glisser sur le sol. J'observais ses gestes, avec quelle agilité et quelle délicatesse elle les exécutait. La mine basse, je relevai doucement le menton quand ses mains s'éprirent de mon visage assombrit. Je lui donnai toute l'attention qu'elle me réclamait, n'essayant même pas un instant de fuir son regard profond qui dérangeaient certains. Sans doute avait-elle raison... Tout ce que reflétait ses mots semblaient imbibés de vérité, bien qu'elle restait douloureuse. L'honneur du chevalier me parut subitement futile ; il ne devait être qu'une excuse pour envoyer nos êtres sur les champs de bataille. Je balayai vivement cette idée de mon esprit, la chassant avec une horrible impression de trahison. Qui étais-je pour penser cela? Ayant moi-même prêté serment de chevalerie, c'était tout à fait honteux de ma part de n'avoir ne fusse qu'y songer. Je scrutai son visage, me perdant dans ces traits que je connaissais pourtant si bien. Hélas, c'était bien ce que je pensais ; la perte d'Isran la touchait tout autant que moi. Certes pas de la même manière, ni avec même avec une intensité égale mais elle n'en restait pas moins attristée.

Les yeux clos, je laissai se poser sur ma peau les baisers qu'elle me confia, sans doute pour tenter de m'apaiser. Elle avait parlé, je l'avais écouté. Je n'étais pas sans savoir qu'elle était souvent dépourvue quand elle avait à réconforter un être en deuil ; mais ses paroles me suffirent. Sa simple présence me comblait. Ouvrant de nouveau les paupières, le dos de ma main tremblante vint doucement caresser sa joue, humidifiée par quelques larmes de joie qu'elle avait versé en me voyant de retour. Mais je ne dis rien. Mon regard parlait pour moi ; il semblait la remercier mille fois de rester à mes côtés, de me porter en ces moments si sombres, de me sauver de cette abîme s'emparant de moi.

Je la laissai me mener vers notre lit conjugale, trop égaré pour prendre une quelconque initiative, la laissant faire ce qu'elle voulait de moi, sans même penser à protester. Qu'aurais-je pu contre elle? Je lui appartenais tout entier et elle était tout autant mienne. Notre mariage était si parfait que beaucoup nous jalousaient quand ils ne nous traitaient pas de comédiens. Mais je n'en avais que faire ; tout ce qu'il me fallait était sentir son regard amoureux sur moi et mon cœur battre pour elle. Mais mes pas étaient lourds, sans aucune conviction, comme résignés. Je ne pouvais être heureux malgré le bonheur de revoir le visage de ma belle. C'était une affreuse sensation, pleine de remords qui me rongeait comme des rats l'auraient fait avec un pauvre cadavre. L'image de celui de mon défunt frère d'armes me vint alors à l'esprit, n'étant que supposition, étant donné que jamais je n'avais retrouvé sa dépouille, et je détournai le regard, cloîtrant mes paupières, fronçant les sourcils de cette vue si terrible. Chassant cette idée de mon crâne, les yeux légèrement embrumés d'une peine voulant s'extirper de mon être ensevelit de douleur, je vins m’asseoir sur le bord de notre couche, mon corps éreinté m'en remerciant. Le regard posé sur le sol, je soupirai, massant ma nuque de ma dextre, silencieux. Je désirais déjà la fin de cette guerre alors que nous n'en étions qu'aux premiers coups échangés. Combien de temps allait-elle donc pouvoir durer? Un an? Deux? Cinq années? Une décennie? C'était le chaos. Les quatre plus importants clans d'Ecosse se bouffaient le museau, proclamant chacun qu'il était le plus propice à gouverner. Je suppose que ça valait la peine de perdre un des êtres les plus chers que comptaient mon entourage. Car c'était le prix que chacun allait payer, je le savais. Je ne fis rien de plus, trop préoccupé par toutes ses pensées me torturant, ces souvenirs devenus pâles mais pourtant ô combien précieux. J'étais perdu. Et Dieu seul savait combien de temps je prendrai pour me retrouver... A moins que ce ne fut Eanna, la seule, à le savoir. Du moins, elle était l'unique à pouvoir me mener.

Revenir en haut Aller en bas
Eanna Dunegan
Eanna Dunegan

Western Highlands and islands

▷ MESSAGES : 199
▷ INSCRIPTION : 04/04/2013
▷ LOCALISATION : Auprès de sa famille
▷ ÂGE : 45 ans
A clear and innocent conscience fears nothing.

[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Tumblr_mm587nWtke1qag66no2_500

« Une belle vie fait mépriser la mort, et une belle mort fait mépriser la vie. »

[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Img_4410
[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Empty
MessageSujet: Re: [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna   [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna EmptyMar 9 Avr - 15:40

Belle qui tient ma vie.
Eanna & Esras


Esras savait qu'à n'importe quel moment de la journée ou de la nuit, sa femme l'attendrait. Eanna n'attendait que cela, le retour de son époux au château des MacNeil. Un présence chaleureuse, une personne infaillible pour soigner ses maux physiques et psychologique. Un bon soutien moral valait toute les médecines. Si l'esprit venait à lâcher, le corps ferait de même. Isran serait toujours à leur côté, d'une façon ou d'une autre. La personne n'avait pas besoin d'être là pour penser à lui. Esras devait garder cela en tête, c'est par le souvenir que les personnes défuntes vivaient. Le lien qui liait les deux hommes étaient fort, plus qu'aucun autre. C'est ce qui leur permettait de tenir en vie, ils étaient aussi complémentaire que l'était la lune et le soleil. Isran était au final comme Eanna, il cachait son jeu. Préférait qu'on le sous estime pour surprendre les gens que d'être excellent tout le temps. C'était sa particularité, sa force et pour cela : la femme l'avait toujours tenu en estime. Cela déplaisait fortement à la femme d'Isran par la même occasion. La dentellière avait même soupçonné le chevalier d'en faire exprès parfois pour énerver son épouse. Quelle femme ne le serait pas ? Voir votre mari plus heureux auprès d'une autre doit être une souffrance. Douleur que jamais Eanna connaîtrait ayant une confiance aveugle en son mari. Les cheveux bruns, presque noir, d'Esras étaient emmêlés et son épouse prenait grand soin de ne pas tirer sur ses cheveux en y passant ses doigts. Eireen et Eremon ressemblaient tellement à leur père dans leurs quelques moments de faiblesse... Elle se sépara quelques instants de son mari pour enlever cette lourde armure qui avait dût maintes fois lui sauver la vie sans qu'Eanna ne le sache. Une fois cet imposant pièce de métal à terre, il fallait s'occuper de l'esprit. Le corps était en un seul morceau : mais l'âme d'Esras en mille morceaux que la dentellière prendrait le temps qu'il faudrait pour réparer. Peu importe les sacrifices qu'elle devrait faire pour cela. Elle ne pouvait pas partager sa peine, elles n'étaient pas comparable mais toutes les deux douloureuses. La mort avait toujours fait partit de sa vie et son petit doigt lui disait qu'elle en ferait toujours parti. Vieille amie qui viendrait un jour l'envelopper dans un linceul blanc.
Esras balaya de sa main les larmes qui avaient couler silencieusement sur son visage. Elle s'était prise parfois à penser à ce qu'avait fait ces mains. Elles avaient dût ôter tellement de vie, causer tant de douleur et pourtant elle ne procurait que du plaisir à Eanna. Doux paradoxe qui traduisait parfaitement la vie elle même. Elle l'emmena vers le lit pour qu'il s'y repose un peu ayant dû faire un long voyage pour rentrer, pour revenir vers elle. La femme blonde connaissait très bien son mari, elle savait maintenant qu'il faudrait du temps avant qu'il ne vive sans le remords, sans la culpabilité de vivre ce que son ami ne pourrait plus jamais vivre. La vie était faite ainsi. Lorsqu'il ferma les yeux tout en s'asseyant à ses côtés, Eanna fit de même. Ce n'est que lorsqu'Esras se massa la nuque qu'elle se permit de reprendre la relève en massant doucement sa nuque pour qu'il se repose. Il avait déjà tant fait.

« Laissez le temps au temps mon amour... Des jours meilleurs viendront, je vous le promet. Ayez foi en l'avenir. »

Eanna savait que les morts étaient laissés sur place, généralement ils ne s'encombraient pas avec des poids morts. Même le cadavre des chevaliers étaient destinés à pourrir sur le lieu de leur chute. Elle savait également que cela ne serait pas un spectacle agréable, que ce n'était pas digne de son rang, de sa position mais elle était prête à cela pour son époux. Esras devait faire son deuil, le meilleur moyen était d'enterrer convenablement son ami, lui donner les derniers hommages pour que son âme trouve la voie vers le ciel. Elle continuait de masser sa nuque tout en le regardant, cherchant un moyen de lui changer les idées.

« Voulez-vous que nous allions chercher son corps ? »

Elle ne savait pas la réaction de son époux face à cette proposition. Eanna n'avait jamais demandé une telle chose.



© will o' the wisp
Revenir en haut Aller en bas
Esras Dunegan
Esras Dunegan

Western Highlands and islands

▷ ÂGE IRL : 28
▷ MESSAGES : 856
▷ INSCRIPTION : 18/02/2013
▷ LOCALISATION : Auprès des MacNeil.
▷ ÂGE : 46 ans
[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Tumblr_mi23qk3ktQ1rpn0coo2_500
Remain in what you are, the center of your life. You made it to this point no one can tell you how. You crawled and bled all the way but you were the only one. That was tearing your soul apart, you finally find yourself
GOJIRA


[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Empty
MessageSujet: Re: [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna   [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna EmptyMer 10 Avr - 9:10

« Belle qui tient ma vie.
Pour mon mal apaiser,
Donne-moi un baiser »



eanna & esras


Sans Eanna, jamais je ne serai revenu. A l'instant même où cet homme était tombé, une partie de moi s'était effondrée et l'unique chose qui empêchait tout mon être d'en faire de même était l'amour que cette femme me portait. Il me semblait qu'il n'y avait rien de plus fort ; ni cette guerre, ni le vent soufflant éternellement sur les collines, pas même l'honneur d'un chevalier. Rien de tout ce que je connaissais en mon existence ne valait cet être. Beaucoup voyait cela comme une faiblesse et je ne le savais que trop bien ; peut-être que ma famille me perdrait. Contrairement à beaucoup d'hommes - ou du moins à ce qu'ils tentaient de laisser paraître -, ma sensibilité était plutôt développée et j'avais du mal à ne pas l'écouter. Derrière les traits durs que j'affichais, mon cœur était empli d'un battement délicat qu'il réservait aux instants partagés avec les miens. Avec eux, j'étais presque un autre homme, loin de mes armes, loin de ma force brutal, loin de ma rudesse. Loin de la Mort elle-même. Mais elle m'avait poursuivi jusqu'ici, dans l’idylle dans laquelle ma douce me plongeait ; elle venait l'empoisonner. Les paroles que mon épouse avaient prononcées me restèrent en tête, semblant se répéter éternellement. La mort est aveugle avait-elle dit. Certes, mais qu'elle me semblait cruelle. Je n'ignorais pas pourtant, l'éventualité de perdre un de mes frères d'armes, beaucoup étaient déjà tombés. Et parfois - le plus rarement possible - j'avais pensé à la perte d'un homme aussi cher à mon être que l'était Isran. Alors, je fronçais les sourcils, me rendant compte que cette simple pensée me peinait et que je préférais éviter qu'elle ne naisse à nouveau dans mon esprit. Nous avions pris l'habitude, depuis notre première bataille ensemble, de nous promettre de nous revoir vivant, juste avant de s'élancer dans ce bain de sang. Je me souviendrais éternellement des mots qu'il m'avait prononcé, d'une voix rassurante que je ne connaissais pas, la première fois que je m'étais retrouvé sur un champ de bataille Esras, si un instant tu hésites à ôter la vie à un ennemi, dis-toi qu'il ne l'aurait jamais fait pour toi. Je veux te revoir après cette bataille, promets-le moi. Je l'avais fait. Et depuis ce jour, je l'avais fait à chaque fois. Mais la dernière de nos promesses s'était brisée, sèchement, sans même un présage. Isran n'était pas mort d'une quelconque blessure, non, toute la vitalité dont il avait pu faire preuve pendant toutes ces années s'était envolée en un fragment de temps, aussi vite qu'elle lui avait été insufflée, le jour de sa naissance. Peut-être ne s'était-il même pas rendu compte de sa mort. Alors, il devait errer sur ce champ de bataille, dépité, au milieu de toutes ces autres âmes perdues.

Ce fut ensuite ma propre voix qui vint retentir dans mon esprit ; il est mort. Il se disait qu'une fois qu'on l'avait dit, cela était plus facile à accepter. Mais c'était faux, horriblement faux. Cela ne m'avait aidé qu'à m'achever un peu plus, m'écraser sous le poids de cette infortune me causant tant de tourment. L'accepter? Mais je n'avais d'autre choix! La mort était une chose catégorique, sans retour, sans espérance, rigide, sans aucune remise en question. Elle disait ; il est mort. Mort. Mort. Mort. Tu es, mais il ne sera plus. Et Eanna disait ; il est mort. Mais il faut que tu sois pour lui. Pouvait-il seulement vivre à travers moi? Il était bien là, dans mon esprit, ancré en moi, impossible à dissocier de mon être. Alors peut-être qu'elle avait raison... Assurément. Cette perspective me fit doucement soupirer, tandis que mes épaules se décontractèrent légèrement, sous la caresse de mon épouse. Je levai le regard pour le plonger dans le sien, quand elle prit à nouveau la parole, tentant de réconforter un tant soit peu ce cœur lourd de peine. « J'ai foi en vous et cela me suffit. » Murmurai-je à mon tour, en venant déposer ma main sur sur le haut de sa jambe. J'ignorais ce que l'avenir me réservait, si, comme elle disait, les jours qui suivront seraient meilleurs. Mais en elle, je pourrai toujours croire et cette certitude fit soudain palpiter mon cœur, comme s'il me confirmait que pour l'éternité, je l'aimerai. Et savoir que cela était véridique réchauffa un instant mon âme, glacée par le froid du désespoir.

La question qu'elle me posa ensuite vint me heurter de plein fouet. Elle dut lire au fond des mes yeux une certaine surprise avant qu'ils ne se perdent dans la contemplation d'images que seule ma mémoire pouvait voir. Je secouai la tête, l'esprit encore embrumé par mes souvenirs avant de rediriger mon attention vers ma belle. « Je ne laisserai jamais vos yeux délicats se poser sur la macabre scène qu'offre un champ de bataille. » Il me semblait que même ce qu'elle pouvait imaginer n’atteindrait jamais l'effroyable vérité. Une fois là-bas, nous devenions comme des bêtes et certains d'entre nous me semblaient même au-delà de cela. Il y avait certains clans plus redoutés que d'autres ; je pensais un instant aux Menzies des Eastern Highlands, lointains descendants de quelques vikings. La violence dont ils faisaient preuve dépassait de loin l'humanité, révélant chez eux un état bestial pratiquement effrayant. Néanmoins, leur réputation les gardait de nombreuses attaques, les chefs de clan hésitant toujours avant d'envoyer leurs troupes à leur rencontre. Mais ce n'en était pas l'unique raison. Quelques chevaliers m'avaient remarqué, errant sur la plaine rougie, scrutant désespérément le sol. Ne voyant pas la chevelure blonde qui accompagnait tellement souvent la mienne, ils s'étaient doutés de l'objet de mes recherches et m'avaient laissé faire un instant avant de me rappeler à l'ordre ; il fallait rentrer, maintenant. Les yeux rivés sur le sol s'étendant à mes pieds, je repris la parole, sentant ma respiration s'accélérer, revivant l'instant, tandis que ma voix se révéla fébrile, dans ce souffle de paroles. « Il n'était nulle part. Je l'ai cherché, pourtant. Mais le sol n'était qu'un tapis de cadavres et j'ai peur que même si mes yeux se soient posés cent fois sur sa dépouille, ils n'aient pu le reconnaître... » Les hommes n'en étaient plus, une fois tombés. Ils n'étaient plus que tas de chair, de sang et d'os. Et ils pourriraient là, jusqu'à revenir à la terre, la nourrissant après l'avoir foulée, comme une contrepartie, un tribu à payer. Sans doute, y aurait-il un champ bien fertile à cet emplacement, une fois qu'il ne resterait aucun souvenir de ce qu'il y avait bien pu se passer là-bas.

Je sentis mes yeux s'embrumer d'avantage, laissant échapper quelques gouttes du flot les opprimant soudain, sans que je puisse les en empêcher. Il était totalement stupide de croire que les hommes ne pleuraient pas. Ils ne le faisaient pas entre eux, ou même en publique, certes. Mais leurs larmes roulaient aussi sur leurs joues car c'était humain. C'était même plus mécanique qu'autre chose ; mon corps devait chercher désespéramment quelque chose qui pourrait apaiser mon esprit, à la manière de la belle se trouvant à mes côtés. Je vins alors enfouir mon visage dans mes mains, comme cela pourrait cacher cette peine qui hurlait qu'elle était là, faisant sursauter mon être par quelques soubresauts. Mais Eanna n'avait pas besoin de cela ; même quand ma souffrance ne faisait que murmurer, même quand elle restait silencieuse, elle le sentait. Car elle faisait partie intégrante de moi et chacun de mes sentiments transparaissaient en son âme.

Revenir en haut Aller en bas
Eanna Dunegan
Eanna Dunegan

Western Highlands and islands

▷ MESSAGES : 199
▷ INSCRIPTION : 04/04/2013
▷ LOCALISATION : Auprès de sa famille
▷ ÂGE : 45 ans
A clear and innocent conscience fears nothing.

[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Tumblr_mm587nWtke1qag66no2_500

« Une belle vie fait mépriser la mort, et une belle mort fait mépriser la vie. »

[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Img_4410
[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Empty
MessageSujet: Re: [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna   [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna EmptyMer 10 Avr - 13:17

Belle qui tient ma vie.
Eanna & Esras


Que faire ? Eanna se sentait impuissante, elle avait l'impression de ne servir à rien. Pour la première fois depuis le début de leur idylle elle ne savait pas quoi faire pour apaiser les maux de son mari. Ses paroles inutiles, ne devaient que balancer la vérité à Esras : Isran était mort et rien ne pourrait changer cela. La douleur qu'elle voyait dans les traits de son mari serrait son cœur, elle pouvait presque sentir la patte griffue de la mort dans ses entrailles. La simple idée que devant elle Isran aurait annoncé la mort de son mari la frappa. Si les rôles avaient été échangés ? Non. Elle chassa cette idée de son esprit, elle n'avait pas à penser cela. Son époux était en face d'elle, bien portant, détruit psychologiquement mais vivant. N'était-ce pas ce qui comptait le plus ? Pas si le chevalier était détruit. Eanna savait que seul le temps pourrait guérir Esras, mais le temps : ils ne l'avaient pas vraiment. Bientôt, il serait appeler à suivre de nouveau Aodhan dans un autre conflit, il aurait donc besoin d'être entier pour revenir vivant. La dentellière savait en temps normal quoi faire pour que son époux aille mieux, qu'il puisse sourire de nouveau. Elle avait toujours sût préserver leur appartement, leur moment de la mort, de la douleur mais aujourd'hui marquait un nouveau tournant dans leur couple. Eanna était face à ce qu'elle avait toujours redouté bien que l'Ankou ait fait parti de sa vie depuis son plus jeune âge. Cette dernière semblait la narguer, elle n'avait pas touché directement Esras mais en prenant son frère d'arme elle faisait pire. Le destin jouait-il avec eux ? Avec elle ? La détresse de son mari la marqua profondément, plus qu'elle ne pourrait le dire. Elle avait clairement remarqué que quelque chose s'était brisé dans le regard de son époux. Dans un dernier effort, la femme aimante tenta de rassurer son mari comme elle le pouvait. Eanna vivait pour ses deux frères et sa sœur, ils étaient donc vivant pour elle. Isran vivrait en Esras, c'était quelque chose dont elle était certaine. L'immortalité se fait par l'esprit, pas par la vie en elle-même. Marquer les esprits et vous vivez éternellement. Il fallait croire en cela, il fallait s'accrocher à l'espoir. La vie était courte, trop courte. Des jours meilleurs viendront, c'était quelque chose de certain. Tout ne pouvait pas être mauvais. Le vent tournait toujours. Eanna posa sa main libre sur celle d'Esras que ce dernier avait posé sur le haut de sa jambe tandis que son autre main continuait de masser la nuque du guerrier.
Eanna posa une question quelque peu folle, si ce n'est totalement. Elle savait déjà qu'Esras refuserait, a vrai dire, elle avait même pensé qu'il s'énerverait contre elle pour avoir eut une telle pensée. Elle était tellement désespérée, elle voulait tellement voir sourire Esras qu'elle était prête à tout. Par amour, elle pouvait se sacrifier sans baisser la tête, sans courber l'échine, elle était prête à aller en Enfer et y revenir. Si le prix pour que son mari aille mieux était de traverser un champs de cadavre : alors elle le ferait. Eanna s'attendait donc à une réponse négative mais lorsque son mari continua, expliqua qu'il l'avait déjà cherché et qu'il ne l'avait pas trouvé, qu'il exprimait sa peine tout en expliquant l'hypothèse qu'il aurait raté son ami durant sa recherche acheva Eanna. Elle maudissait cette vie injuste, cette vie qui au fond n'était rien : qui pouvait se finir d'un coup d'épée. La vie ne valait rien mais rien ne valait la vie. Pourquoi cette phrase était vraie ? Pourquoi fallait-il toujours que la vérité revienne au grand galop ? Elle arrêta de masser la nuque de son mari lorsque ce dernier se prit son visage dans ses mains pour verser des larmes. Eanna l'avait rarement vu comme cela, à vrai dire, jamais à ce point. Paniquée, elle descendit du lit pour se mettre à genoux devant lui. Elle attrapa ses mains, le forçant à enlever son visage. La dentellière glissa ses fines mains dans les siennes. Son regard chercha celui d'Esras tandis que ses propres mains commencèrent à faire des allées et retours pour caresser ces mains rugueuses. Elle ne parla pas pour autant, se contentant de le regarder aussi tendrement qu'elle le pouvait.

« Vous êtes ici chez vous, vous n'avez pas besoin de vous cacher. Pleurer mon cher et tendre, aucunes larmes n'est de trop. Ne vous retenez pas, laissez aller vos sentiments... Je suis là et je le serai le temps qu'il le faudra. »

Eanna l'embrassa par la suite, comme pour sceller cette douce promesse. Elle voulait faire plus, mais elle ne savait pas quoi faire. Le laisser seul ? Ce n'était pas une bonne idée. Sortir dehors ? Esras avait déjà assez été loin de chez eux. La dentellière tentait de trouver des idées pour apaiser un temps soit peu son époux mais rien ne venait. Elle était profondément peinée de la mort de leur ami, du frère de cœur de son mari. Elle ne voulait pas le montrer, estimant qu'Esras n'avait pas besoin de cela. Elle embrasse les mains de son mari tout en continuant de les caresser tendrement.

« Puis-je faire autre chose ? »

Eanna tentait de ne pas laisser transparaître son désespoir de voir ainsi son mari, elle tentait également de cacher sa tristesse, elle tentait en outre d'être forte. Elle garda ses lèvres contre ses mains, les serrant doucement.




© will o' the wisp
Revenir en haut Aller en bas
Esras Dunegan
Esras Dunegan

Western Highlands and islands

▷ ÂGE IRL : 28
▷ MESSAGES : 856
▷ INSCRIPTION : 18/02/2013
▷ LOCALISATION : Auprès des MacNeil.
▷ ÂGE : 46 ans
[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Tumblr_mi23qk3ktQ1rpn0coo2_500
Remain in what you are, the center of your life. You made it to this point no one can tell you how. You crawled and bled all the way but you were the only one. That was tearing your soul apart, you finally find yourself
GOJIRA


[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Empty
MessageSujet: Re: [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna   [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna EmptyJeu 11 Avr - 13:10

« Belle qui tient ma vie.
Pour mon mal apaiser,
Donne-moi un baiser »



eanna & esras


Les hommes ne voulaient pas pleureur. J'ignorais d'où cette gêne, voir cette honte venait. Le chagrin était-il seulement une faiblesse? N'était-il pas juste une manifestation de tout un être, désirant juste communiquer au monde entier qu'il allait mal et qu'il avait simplement besoin d'aller mieux? Qu'un peu de larmes, un peu d'abandon de soi-même, lui ferait le plus grand bien. Qu'après cela, il pourrait se relever, plus fort, allégé d'une partie de cette peine qui lui rongeait le cœur et l'esprit. Je supposai que tout être humain avait déjà ressenti ce besoin, de moi-même à mon plus lointain ancêtre. A quel moment un homme a-t-il décidé que ce n'était pas respectable? Que c'était même quelque chose seulement réservé aux femmes. Voilà que je les jalousais presque. Eireen serait restée bouche bée d'entendre cette pensée. Elle pensait que les hommes avaient toutes les libertés du monde mais elle était encore bien trop jeune pour se rendre compte des réalités de la vie. Comment réagirait-elle en me voyant dans cet état? Et Eremon? Eh bien, ils n'auraient pas à me voir dans pareille situation, non. Il n'y avait qu'Eanna qui avait le malheur de devoir porter ce fardeau. Elle qui devait avoir tant espéré de me revoir, de me serrer dans ses bras, d'échanger un peu pour nous rassurer tout deux et de passer une nuit bien méritée, plus paisible que toutes celles qu'elle avait dû passer seule dans ce lit lui semblant terriblement froid et grand sans ma présence.

Quand je sentis ses mains tenter de séparer les miennes de mon visage, je luttai un instant avant de me laisser faire. Parce qu'il n'y avait qu'elle en ce monde qui pouvait faire de moi, ce qu'elle désirait. Même le grand Aodhan MacIntosh, aussi puissant était-il, ne pouvait se vanter d'une telle chose ; je lui avais déjà de nombreuses fois tenu tête, sans même prendre conscience du châtiment qui pourrait en découler. Sans doute devais-je remercier le ciel d'en avoir fait un ami au fil du temps car sans cela, je crains que je ne sois plus de ce monde. Il avait hérité de quelques gênes tyranniques et il me semblait parfois utile de calmer ses ardeurs, si bien que j'avais pris ce rôle très à cœur et il lui arrivait de m'en remercier. Mes yeux s'étaient baissés, donnant naissance à de larmes encore nombreuses, tandis que je sentais Eanna les chercher, du regard. Je finis par les lever afin de les lui donner ; je ne pouvais lui résister. Cela m'était déjà terriblement difficile en temps normal alors à cet instant... Cela relevait de l'impossible. J'écoutai ses paroles, reniflant quelques fois, à la manière d'un enfant. A vrai dire, cela devait être l'âge auquel mes pleurs s'étaient faits entendre pour la dernière fois - ou du moins en présence d'un témoin. Les quelques soubresauts attaquant mon être tremblotant cessèrent quand les lèvres de ma douce se posèrent à nouveau sur les miennes. Je laissai mes paupières closes, même quand elle se défit de moi, tentant en vain de me calmer. J’essuyai d'un revers de la main mon visage souillé de larmes avant de soupirer fébrilement. J'ignorais que l'âme pouvait tant souffrir. Il me sembla même que ces blessures étaient encore plus douloureuses que celles qu'un corps pouvaient se permettre de supporter. Mais ma belle était là pour les apaiser. Seulement, l'idée qu'elle-même souffrait me vint à l'esprit, me rendant compte à quel point je me montrais égoïste sur le moment. J'étais loin d'être l'unique personne que la mort d'Isran affectait, bien que ce soit peut-être tout particulier pour moi. Mais je ne pouvais lutter contre ma propre peine, me semblant bien trop immense pour que je puisse porter celle d'un autre.

La question qu'elle posa ensuite eut le don de détendre un peu mes traits crispés par la peine que la mort de mon frère d'armes me causait et la rage que je consumais envers moi-même de ne pas avoir pu éviter cela. Elle eut même le don de m'arracher un infime sourire qui s'évanouit pourtant bien vite. Je vins poser ma dextre sur la joue de ma belle, y passant lentement mes doigts. « Vous n'imaginez pas tout ce que vous faîtes déjà pour moi. » Je laissai le silence s'installer un court instant entre nous, mon regard se plantant intensément dans le sien. Il y avait quelque chose de si particulier dans cet échange, de puissant et délicat à la fois. Quelque chose d'amoureux. « Vous avez guidé mes pas jusqu'ici. Sans vous, je me serai perdu depuis longtemps. » Lui soufflai-je avant de venir déposer un baiser sur son front. « Venez, allongez- vous à mes côtés. » Continuai-je en l'invitant de ma main à se relever. Mon malaise n'était pas passé, loin de là, mais je ressentis le besoin de sentir son corps tout contre le mien. C'était sans doute ce qu'elle avait désiré, dés l'instant où nous nous étions dit au revoir - et qu'elle avait craint que ce soient malheureusement des adieux et c'était la moindre des choses que je pouvais lui offrir.

Revenir en haut Aller en bas
Eanna Dunegan
Eanna Dunegan

Western Highlands and islands

▷ MESSAGES : 199
▷ INSCRIPTION : 04/04/2013
▷ LOCALISATION : Auprès de sa famille
▷ ÂGE : 45 ans
A clear and innocent conscience fears nothing.

[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Tumblr_mm587nWtke1qag66no2_500

« Une belle vie fait mépriser la mort, et une belle mort fait mépriser la vie. »

[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Img_4410
[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Empty
MessageSujet: Re: [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna   [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna EmptyJeu 11 Avr - 17:02

Belle qui tient ma vie.
Eanna & Esras

La pièce semblait voir retrouver une chaleur, une sorte d'ambiance depuis qu'Esras était revenu. La pièce qui semblai si froide il y à quelques heures semblait reprendre vie petit à petit. Eanna ne pouvait pas dormir dans le lit quand son époux n'était pas là. Elle ne le pouvait et ne le pourrait jamais. Cette chambre les représentait, ils l'avaient depuis leur arrivé au château des MacNeil, si Esras venait à disparaître : elle ne pourrait probablement plus jamais y rentrer. Forte heureusement, ce n'était pas le cas. Certes, la mort d'Isran apportait de la souffrance au couple Dunegan mais cela rappela également à la dentellière que son mari était en vie, bien portant. Le faite qu'il souffre lui prouvait qu'il était bel et bien en vie.
Combien de fois avait-elle sentit les larmes de son époux monter sans pour autant sortir ? Parfois oui, en revenant d'un combat ou autre mais jamais elle ne les avait encore vues couler. Eanna paniquait en son fort intérieur, elle n'avait pas été confrontée à cette situation et à vrai dire avait toujours éviter de la vivre. Mais voilà, aujourd'hui elle ne pouvait pas y échapper, la mort venait tâcher son mariage. La dentellière aurait préféré que cela ne soit que sa vie qui subisse les impacts de la faucheuse mais il semblerait qu'elle ait voulu s’immiscer dans le seul endroit où son Esras pouvait se reposer : dans l'intimité de leur foyer. Isran était un membre à part entière de la famille, c'était comme si les Dunegan perdait un cousin, un frère. Eanna sentit la résistance d'Esras à donner ses mains, malgré tout, elle ne lâcha pas prise et décida de continuer ce qu'elle avait commencé. Il céda, il n'avait pas le choix à vrai dire car quand elle le voulait, la dentellière pouvait être têtue et bornée. Les larmes de son époux coulaient sur ses joues pâles et barbues. Cela fendait un peu plus le cœur de sa femme, lui rappelant qu'elle était impuissante pour calmer ce genre de maux. Elle aurait aimé avoir ce don, pouvoir consoler les âmes en peine mais elle ne l'avait pas. Ne pas être efficace quelque part l'insupportait, elle devait regarder de façon impuissante son mari pleurer la mort de son ami. Lorsqu'elle trouva enfin les yeux de son époux, elle esquissa un sourire pour tenter de détendre le visage inquiet de ce dernier en sachant qu'il faudrait bien plus pour qu'il remonte en selle. Eanna l'embrassa tendrement pour tenter de calmer ses spasmes, d'arrêter ses larmes, elle tentait le tout pour le tout pensant intiment qu'elle n'avait rien à perdre et tout à gagner. Dans tous les cas, Esras ne sera jamais seul, jamais elle ne tournerait le dos à l'homme de sa vie, jamais elle n'abandonnerait le père de ses enfants.
Désemparée, elle en arriva même à demandé au chevalier ce qu'il voulait qu'elle fasse. Eanna était clairement prête à faire n'importe quoi pour qu'il retrouve le sourire, pour qu'il sèche ces larmes, pour qu'il savoure son retour à la maison. Esras eut un léger sourire, ce qui soulagea un peu le cœur de la dentellière qui ferma doucement les yeux au contact de sa main sur sa joue. Il tenta alors de la rassurer tant bien que mal, en affirmant qu'elle n'avait pas conscience de tout ce qu'elle avait fait déjà pour lui. Eanna estimait n'avoir rien fait d'exceptionnel, elle aimait Esras plus que tout au monde, se donner à lui corps et âmes était la moindre des choses qu'elle pouvait faire. Les yeux dans les yeux, elle le regardait amoureusement même si une pointe d'inquiétude était visible. Elle ferma ses yeux en sentant les lèvres de son mari sur son front, savourant cet instant de paix, de complicité conjugale. Esras lui demanda de s'allonger à ses côtés, elle se releva donc et s'allongea en attirant son époux avec elle. Il ne lui fallut pas longtemps avant qu'elle se trouve la chaleur de ses bras, de son corps. Elle se colla à lui mais garda son visage au même niveau que le sien pour pouvoir poser délicatement sa main sur sa joue et finir d'enlever les larmes qui subsistaient. Eanna attira le visage de son époux vers elle pour l'embrasser tendrement puis passionnément. Son corps reconnaissait très bien celui d'Esras, une douce chaleur commençait à monter en elle. La sensation d'être complète, qu'elle ne passerait plus des nuits atroces à rêvé que son mari était retrouvé mort, prit la place de ses craintes et de ses doutes. Il ne pouvait pas être mort : son corps était collé au sien. Eanna descendit sa main de sa joue à son ventre pour venir délicatement se glisser sous sa tunique et commencer à faire des allées et retours sur sa colonne tandis que ses lèvres ne quittaient plus ses consœurs qui se retrouvaient enfin.



© will o' the wisp
Revenir en haut Aller en bas
Esras Dunegan
Esras Dunegan

Western Highlands and islands

▷ ÂGE IRL : 28
▷ MESSAGES : 856
▷ INSCRIPTION : 18/02/2013
▷ LOCALISATION : Auprès des MacNeil.
▷ ÂGE : 46 ans
[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Tumblr_mi23qk3ktQ1rpn0coo2_500
Remain in what you are, the center of your life. You made it to this point no one can tell you how. You crawled and bled all the way but you were the only one. That was tearing your soul apart, you finally find yourself
GOJIRA


[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Empty
MessageSujet: Re: [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna   [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna EmptyMar 16 Avr - 19:59

« Belle qui tient ma vie.
Pour mon mal apaiser,
Donne-moi un baiser »



eanna & esras


Enfin, nous nous retrouvions. A chaque fois que c'était le cas, malgré les difficultés que chacun d'entre nous avait dû braver, nous étions soulagés de retrouver l'autre. C'était comme une promesse éternelle que je devais tenir à ma femme ; je reviendrai. Toujours. Peut-être pas en un seul morceau, peut-être déchiré, mais je retrouvais ses côtés. Ses mains douces et expertes, son regard bleuté dont l'aura amoureuse me réchauffait le cœur, son corps aux traits si fins et agréables autant au regard qu'au toucher, sa bouche murmurant les mots les plus rassurants. La belle qui, depuis longtemps, avait rempli mon être d'un amour intense, brûlant d'une flamme chaude et passionnée et qui jamais ne pourrait s'essouffler. Elle était à l'abris de tout, aux tréfonds de mon âme, où rien ne pourrait se permettre de l'éteindre, où rien ne pourrait l'atteindre. Sauf ses longs doigts, effleurant le foyer, ne faisant que le raviver d'avantage. Et il était l'unique chose qui pourrait réchauffer mon être glacé par la mort. Certes, j'étais toujours en vie et même en de bonnes conditions, en comparaison à bon nombre de mes frères d'armes. Mais la Faucheuse était venue s'immiscée bien plus vicieusement en mon être ; elle y avait rampé, lentement, prenant ses aises avant de venir planter ses crocs enduits de venin dans mes artères, m'arrachant une partie de mon être. Et rien ne pourrait un jour avoir la prétention de pouvoir remplacer ce manque creusant un vide insupportable au sein de mon torse.

Mais une unique chose avait au moins la capacité d'en apaiser la douleur ; Eanna. Elle était la lumière de mes nuits noires, et Dieu seul savait combien j'en comptais. Enfin côte à côte, dans ce lit qui nous connaissait depuis déjà bon nombre d'années, je la sentis rassurée. Heureuse de retrouver ces bras forts qui, pourtant, pourraient la briser en deux. Et c'était ce qu'il y avait peut-être de plus beau dans l'amour ; il transformait les bêtes sauvages en doux animal de compagnie. Jamais je ne m'étais permis de lever la main sur elle et jamais je ne le ferai. Innombrables étaient les dames jalousant ce principe qui me tenait tant à cœur et je ne pouvais que les comprendre. Si les hommes sont plus forts que ces délicates créatures, cela doit être parce qu'ils se doivent de les protéger, et non de les émietter petit à petit. Mais ce n'était pas le soucis de mon épouse ; loin de là.
Je savourais le contact de ses doigts sur ma peau. Elle était l'unique chose ne me semblant pas insipide en ce monde à cet instant et je ne pouvais que me délecter du goût de ses lèvres. Bien que semblant inquiète, elle était désormais une femme comblée et ses muscles étaient décontractés, son corps se retrouvant heureux d'être à nouveau auprès de son âme-sœur. Cette moitié devait lui avoir tant manqué, l'ayant abandonné, le devoir l'appelant. Son être avait pourtant juste souhaité un peu de chaleur, un peu de réconfort. Il le retrouvait à présent et rien ne semblait pouvoir le satisfaire d'avantage.

Répondant à ses baisers, ma dextre vint à nouveau effleurer sa joue avant que mes lèvres viennent se poser dans le creux de son cou. Cependant, j'interrompis ce moment de tendresse, brisant le contact de nos peaux, venant plonger mes pupilles dans les siennes. Je soupirai doucement, réprimant quelques larmes tentant encore vainement de s'échapper de mes yeux, avant de venir entourer sa taille de mes bras, la serrant tout contre moi tandis que mes doigts se mirent à effleurer sa longue chevelure d'or et que mon visage s'enfouit dans le creux de son épaule. Mille pensées me venaient à l'esprit mais aucune n'avait envie de sortir la première ; si bien que je me tus, pensant que le chaos régnant dans mon crâne faisait bien d'y rester un moment. Je ne cessais de penser à la femme qui partageait la vie d'Isran. Abigail, même si l'amour n'avait jamais fleuri dans le couple qu'ils formaient tout deux, devait regretter amèrement de ne pas trouver de torse où déposer sa tête, d'oreille à qui conter ses aventures, de bouche à écouter attentivement. Parce qu'elle se retrouvait désespéramment seule. Sans même un enfant à réconforter. Elle était seule avec ses démons, sans même une once d'espoir. « Sa mort vous peine. » Cette phrase, que je prononçai dans un souffle venant se déposer au creux de son oreille, je croyais l'avoir pensée. Mais elle s'était glissée au-delà, venant en parole, s'échappant de mon esprit sans crier gare. Bien sûr qu'elle en était affligée ; il n'était pas seulement le frère d'arme avec qui son mari partageait ses journées, mais aussi un ami. La douleur que lui causait cette perte, certes sans doute moindre que la mienne, était tout à fait justifiée et même si je la connaissais, la partager me sembla soudainement être une bonne chose. Je ne l'acceptais toujours pas entièrement, trop en colère contre moi-même, me voulant trop aveugle pour saisir l'étendue des conséquences que causerait son absence. Peut-être qu'en le portant ensemble, le deuil que je me devais de faire, si lourd me semblait-il, serait un peu moins rude à entreprendre.

Revenir en haut Aller en bas
Eanna Dunegan
Eanna Dunegan

Western Highlands and islands

▷ MESSAGES : 199
▷ INSCRIPTION : 04/04/2013
▷ LOCALISATION : Auprès de sa famille
▷ ÂGE : 45 ans
A clear and innocent conscience fears nothing.

[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Tumblr_mm587nWtke1qag66no2_500

« Une belle vie fait mépriser la mort, et une belle mort fait mépriser la vie. »

[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Img_4410
[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Empty
MessageSujet: Re: [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna   [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna EmptyMar 16 Avr - 21:57

Belle qui tient ma vie.
Eanna & Esras

Nos chemins avaient commencé séparément, le destin avait permit à ces derniers de se rejoindre jusqu'à former une longue route semée d'embûches parfois inévitables mais jamais insurmontables. Tant qu'ils étaient ensemble : rien ne pouvait leur arriver. Ils étaient à la fois la roche et la montagne qui ne ploient jamais sous le vent. Le roseau qui ne cède jamais malgré les attaques de la nature. Ils étaient un tout et un rien à la fois. Eanna se sentait vide sans son époux malgré le soutien de ses enfants. Oh naturellement elle pouvait demander à son frère de lui tenir compagnie : après tout il connaissait sa sœur et elle s'autorisait à être faible devant lui car il était un membre de sa famille. Calhoun étant parti, seul Ewen restait à ses côtés. Pourtant, aucun homme ne valait Esras à ses yeux. Si elle désapprouvait cette guerre, elle savait que jamais il n'abandonnerait son poste de chevalier et ce même si elle lui demandait. Chose qu'elle ne fera jamais, ce n'était pas digne de son rang, de sa place mais également de son rôle épouse. Elle le soutenait coûte que coûte : quelques soient ses décisions. Combien de fois avait-elle maudit secrètement Aodhan d'envoyer son mari sur le champs de bataille ? Il était un grand seigneur certes mais il ne comprenait pas le déchirement que pouvait ressentir une femme en voyant sa moitié partir bien que pour certaines cela étaient un soulagement. Eanna savait la chance qu'elle avait d'avoir un mari tel qu'Esras. Combien de fois avait-elle subit les commentaires des femmes du château. Cela ne lui avait jamais rien fait, forte heureusement et ce même quand elles essayaient de faire croire à lady Dunegan que son mari la trompait.
La dentellière, toujours là pour panser les blessures de son mari, gardait pour elle toutes ses pensées. Elle savait quand parler et quand garder le silence pour se consacrer corps et âmes à son époux comme elle l'avait juré devant Dieu le jour de leur mariage. Là, dans ses bras, à cet instant, le monde pouvait bien s'arrêter que cela ne l'aurait pas dérangé. Eanna était auprès d'Esras, rien d'autre ne comptait. Elle n'hésita pas à se lover dans ses bras pour bien se prouver qu'il était vivant, qu'il était à ses côtés. Il faudra probablement plusieurs jours pour que la dame soit vraiment rassurée. Ses doigts sur sa peau longeaient sa colonne dans des caresses qui se voulaient rassurante. Elle ne savait pas quoi faire d'autre pour calmer son mari. Ses lèvres tentaient de chasser au loin les ténèbres que la mort d'Isran avait installé. Ses yeux restèrent doucement fermé en sentant les baisers de son mari dans son cou. Se laissant totalement faire, elle se colla un peu plus à lui si cela pouvait être possible.

« Sa mort vous peine. »

Eanna ré ouvrit les yeux, soupira avant d'avaler sa salive. Que répondre à cela ? Rien. Il n'y avait rien à répondre. Elle se contenta au début de le serrer un peu plus contre elle, de nicher son nez dans ses cheveux qui sentaient l'air frais, le voyage et les nombreux miles à cheval. Elle déposa un baiser dans son cou avant de répondre dans un murmure :

« Oui. »

Lady Dunegan resta ainsi, respirant l'odeur de son époux pour garder une contenance, pour ne pas pleurer la mort d'Isran, pas alors que son mari avait encore des larmes dans les yeux. Elle ne souhaitait pas remettre de l'huile sur le feu.

« Il était un ami pour vous, un frère, un frère d'arme. Il était pour moi un ami, un confident, il arrivait à me faire rire aussi facilement que vous. Isran faisait parti de nos vies, il était comme notre famille. Eremon et Eireen l'affectionnent tout autant que moi j'en suis persuadée. Combien de fois ont-ils joués ensemble ? »

En parlant de tout ces souvenirs, en pensant que plus jamais il ne pourrait jouer avec ses enfants même si ces derniers étaient grand, sa gorge se serra. Elle avait beau avaler sa salive, les larmes embrumaient déjà ses yeux qu'elle avait refermer. Eanna ne renifla pas, comme toujours, ses pleurs étaient silencieux. Elle n'était pas d'une grande expression à la base mais là, elle l'était encore moins. Pourtant...

« En effet je suis peinée... De vous voir ainsi, de savoir qu'Isran ne sera plus à nos côtés, de me rendre compte que la mort aurait pût vous prendre tous les deux... Je vis dans la peur de vous perdre à la seconde où vous enfilez votre maudite armure qui ne pourra rien faire contre une attaque bien placée. Je suis terrifiée à l'idée de devoir annoncer à vos enfants que vous ne reviendrez pas comme je vais devoir leur dire pour notre ami... Ce funeste événement ne fait que raviver ces craintes. Je... »

Eanna ne pût continuer sa phrase, sa voix tremblait tout du long et en cet instant, elle se permit de pleurer franchement. Jamais encore autant de larmes n'avaient coulés devant son mari. Elle était terrifiée, terrifiée à l'idée qu'Esras pourrait mourir tout aussi facilement qu'Isran.

« Perdre Isran est comme perdre une partie de vous Esras... Plus rien ne sera comme avant, nos vies seront différentes... Désormais, je ne pourrais plus enlever cette peur que j'arrivais si bien à combattre lorsque vous partiez. Je sais que vous repartirez... Que vous me laisserez par devoir et c'est pour cela que je vous admire. »

Elle serra un peu plus son mari pour ne pas affronter son regard, elle ne voulait plus bouger. Eanna n'avait pas honte de pleurer devant son mari, loin de là, elle ne lui avait juste jamais parlé de ses craintes. Jamais encore elle n'avait mit de mots sur ce qu'elle pouvait ressentir lorsqu'elle le voyait partir sur son cheval. Car en parler, c'était l'accepter et Eanna n'accepterait jamais. Entre les sanglots, elle articula difficilement :

« La mort d'Isran me présage la votre. »

Avant de se lâcher complètement, laissant son corps aux spasmes, aux sanglots, au désespoir, à tous les sentiments qu'elle avait ressentie durant son absence.



© will o' the wisp
Revenir en haut Aller en bas
Esras Dunegan
Esras Dunegan

Western Highlands and islands

▷ ÂGE IRL : 28
▷ MESSAGES : 856
▷ INSCRIPTION : 18/02/2013
▷ LOCALISATION : Auprès des MacNeil.
▷ ÂGE : 46 ans
[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Tumblr_mi23qk3ktQ1rpn0coo2_500
Remain in what you are, the center of your life. You made it to this point no one can tell you how. You crawled and bled all the way but you were the only one. That was tearing your soul apart, you finally find yourself
GOJIRA


[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Empty
MessageSujet: Re: [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna   [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna EmptyMer 1 Mai - 20:23

« Belle qui tient ma vie.
Pour mon mal apaiser,
Donne-moi un baiser »



eanna & esras


Un être, qu'il soit humain ou loup, ne peut vivre seul. Sans personne à ses côtés, il n'est qu'une coquille creuse, un mûr inachevé, un bloc de pierre brute. Les premières empreintes qui viennent se poser sur lui sont celles de sa famille ; proches semblables à lui-même, il les aimera parce qu'ils ont été ceux qui l'ont accueilli en premier sur cette Terre hostile. Ensuite, il lui viendra à l'esprit la notion d'ami ; cette personne qui, au lieu de vous critiquer, lancera les pierres sur les perturbateurs à vos côtés. Etre un ami, c'est se donner à l'autre en sachant qu'il en fera de même, c'est constituer l'autre tandis qu'il sait que vous êtes vous-même construit par sa personne. S'il a le malheur de disparaître, c'est une partie de vous que vous perdez ; il emporte avec lui la moitié de ce que vous avez vécu à ses côtés, si bien que vous avez juste l'impression qu'il vous arrache une partie du cœur. A la place, il y laisse un creux affreusement vide et béant. J'étais loin d'être l'unique personne à ressentir une telle chose, si affreuse fut-elle. Isran n'était pas le genre d'homme à être apprécié de tout le monde ; non, il avait une vision des choses telle qu'on le trouvait décalé, voir dérangeant mais il restait à mes yeux, un homme agréable à vivre, quand bien même nous étions capable de le supporter. Mais de là était née une complicité rare ; je le lui rendais bien. Mais désormais, à qui pourrais-je rendre des comptes, aussi amicales se révélaient-ils? Qui ferait résonner au loin le rire cristallin de ma bien-aimée? Qui donc chanterait mes louanges à mes enfants, avant de se faire assaillir par ces derniers, soudain pris pour un dragon ou toute autre bête enclin à être chassée avec de grands cris? Qui me soutiendrait, les soirées un peu trop arrosées, par ses épaules aussi affectées par l'alcool que les miennes? J'étais simplement entrain de me rendre compte quelle ampleur prenaient les conséquences de sa disparition ; elle m'affecterait, moi et tout mon monde jusqu'à la fin de mes jours. C'était ce qu'il y avait de plus douloureux avec la mort ; elle était irrémédiable et on ne s'en rendait compte que petit à petit. Elle était radicale mais lente à s'immiscer dans notre quotidien. Et cela n'était que plus terrible encore que si, d'une fois, elle vous faisait comprendre tout ce que vous mettiez des jours, des mois, voir des années à saisir.

La phrase que j'avais prononcée à ma douce, si véridique était-elle, si simple pourtant, me brûla les lèvres à l'instant même où je la sentis se resserrer contre mon être. J'aurais souhaité simplement la penser, afin de laisser en paix l'âme de ma femme déjà assez torturée de cette façon. Lui donner le temps de se réjouir de mon retour, sans la brusquer d'avantage, lui laisser le loisir de me redécouvrir avec la joie d'une enfant. Ses paroles, me confirmant ma terrible hypothèse me firent fermer les yeux et déglutir difficilement. Ma dextre était venue se glisser dans son dos, caressant doucement sa peau à travers le tissus de ses vêtements. Ce qui suivit ensuite eut le don de me déstabiliser au plus au point. Eanna était à mes yeux l'emblématique femme forte, celle qui rassurait les autres et jamais ne flanchait. Même si avec ma personne, elle se sentait dans la plus grande confiance et qu'elle s'accordait un peu plus de démonstration émotive, elle n'en restait pas moins solide comme le roc ; elle était l'appui sur lequel reposait l'entièreté de mon être. La sentir si fragile, vacillante, me fit l'étreindre un peu plus fort ; là où elle tomberait, je la porterais. Car mon seul souhait était de la protéger. Et même si j'étais dans l'incapacité de résoudre le problème auquel la Mort elle-même nous confrontait, mon devoir était d'être auprès de ma belle. Quoiqu'il arrive. Même si mes obligations de chevalier m'en éloignaient ; à l'instant, j'étais près de ma bien-aimée et je ressentais autant le besoin de la sentir contre moi qu'elle l'éprouvait vis-à-vis de mon être. Nous étions liés, nos âmes entrelacées, et rien n'arrivait à l'un sans que l'autre en soit affecté. Mais la mort d'Isran était un désastre trop terrible pour que nous tenions ce soir ; nous nous relèverons, main dans la main, assurément mais il nous faudrait le temps que cela impliquerait. Et seul Dieu pouvait prétendre savoir quel en serait la durée. C'était un sombre passage de notre existence ; jamais il ne pourrait s'effacer - nous ne pouvions permettre une telle chose. Il finirait par s'estomper, pour se raviver intensément quand, plus tard, nous y repenserons. Mais il était bien là, brûlant avec une ardeur intense que nous détestions tout deux.

Elle pleurait. Dieu, elle pleurait à chaudes larmes. Mais que ferait-elle donc, quand, aux côtés des mes frères d'armes, je tomberai? J'y avais pensé. J'y songeais même souvent. Quand un coup était plus fort, mieux placé, qu'il me blessait, qu'il mettait mon corps à terre. Et je n'avais pas le choix ; je ne pouvais pas me résigner à laisser la vie me quitter, ce serait comme l'assassiner elle. Alors je me relevais. Plus fort, plus vigoureux. Cependant, je me savais à l'abris de rien mais alors, que ce fut douloureux de l'entendre de sa bouche. Je connaissais ses craintes, je les devinais mais qu'elles parviennent de vive voix aux creux de mes oreilles me sembla être comme un coup affligeant. Quelle horrible souffrance de ne pas pouvoir lui promettre sans craindre de faillir de toujours revenir. J'étais impuissant. Et cela me désespérait, m'anéantissait ; je n'étais qu'un homme parmi tant d'autres, ici bas, sur cette Terre rouge de sang. J'avais mes idéaux, mes qualités, mes défauts, mes craintes, mes convictions mais face au Jugement dernier, j'étais juste un homme de plus. Une toute petite entité avec à ses côtés, un monde immense dont je ne pouvais qu'imaginer les frontières. J'étais alors incapable de deviner de quoi demain serait fait, comme je n'avais même pas pu m'attendre à ce triste jour où l'on m'avait arraché Isran. Il fallait donc se résoudre à vivre cet instant, aussi douloureux pouvait-il être. Eanna était auprès de moi et, à ses côtés, aucune souffrance n'était trop intense. Elle était un bouclier, un abris, une éternelle protection.

Sentant doucement ruisseler quelques larmes salées sur mes joues rougies par le vent que j'avais dû affronter, je resserrai mes bras musclés et fatigués autour de ma tendre épouse. Mes mains usées par la bataille vinrent effleurer sa longue chevelure d'or, tentant vainement d'apaiser les spasmes dont son frêle corps était assailli. Quelle horrible torture qu'était le spectacle de voir l'être le plus cher à mes yeux dans cet état. Je la laissai enfouir son visage dans le creux de mon cou, se réfugiant derrière mon épaisse crinière. Je murmurai alors, d'une voix dénuée cette assurance qui me valait le respect de beaucoup d'hommes, juste emplie d'une peine infinie, ces quelques paroles. « Ma douce... » commençai-je, cherchant les mots que je pouvais prononcer afin de l'apaiser, ne fusse qu'un peu. « Je suis là, à vos côtés. » Je respirai alors profondément, me redressant inconsciemment, sentant que je devais me montrer aussi fort que je pouvais me le permettre en ce triste soir. « Vous êtes la force qui me fait revenir des champs de bataille, celle qui me donne du cœur dans ce que j'accomplis, celle qui éclaire mes nuits sombre, celle qui, toujours, me guidera sur le chemin de notre foyer. » Je vins alors déposer sur le haut de sa tête un doux baiser, que je voulus rassurant. « Vous tenez ma vie entre vos doigts. Elle restera vôtre éternellement, même si je n'omets pas que le devoir m'appelle trop souvent à votre goût. » Je me dégageai alors d'elle, sans brusquerie, avec toute la douceur dont un homme comme moi pouvait faire preuve, afin de venir chercher du regard son si délicat visage. Mais je me revins rapidement vers mon épouse, déposant mon front contre le sien, venant essuyer du pouce les larmes souillant sa pâle joue. J'aurais voulu lui dire milles choses encore, la rassurer, la réconforter mais je me contentai de l'entourer à nouveau de mes bras. Je n'avais plus besoin de mots, non. Je lui prouvais juste l'authenticité de mes mots ; j'étais là auprès d'elle. Certes anéanti, faible et blessé. Mais elle état l'unique chose que je désirais en cet instant, comme elle réclamait mon contact devenu vital à ses yeux.

Revenir en haut Aller en bas
Eanna Dunegan
Eanna Dunegan

Western Highlands and islands

▷ MESSAGES : 199
▷ INSCRIPTION : 04/04/2013
▷ LOCALISATION : Auprès de sa famille
▷ ÂGE : 45 ans
A clear and innocent conscience fears nothing.

[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Tumblr_mm587nWtke1qag66no2_500

« Une belle vie fait mépriser la mort, et une belle mort fait mépriser la vie. »

[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Img_4410
[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Empty
MessageSujet: Re: [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna   [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna EmptySam 4 Mai - 23:17

Belle qui tient ma vie.
Eanna & Esras

Eanna n'arrivait pas vraiment à réalisé la mort de leur ami Isran. C'était encore quelque d'impossible, qui n'était pas acté dans sa tête et à raison. Il n'y aurait pas d'enterrement, pas d'honneur rendu à cet homme si important, si brave qui été tombé beaucoup trop tôt. Il avait la vie devant lui mais la vie ne coulait plus dans ses veines. Cette idée, l'image du corps mort de ce chevalier tant apprécié donnait la nausée à la dentellière pour la simple et bonne raison que sa mort annonçait celle de son époux. Qui veillerait sur lui durant les batailles ? Qui protégerait ses arrières ? Comment allaient réagir Eremon et Eireen face à cette annonce ? Eux qui l'appréciait comme un père ? Cette mort faisait bien plus que peinée Eanna, elle lui rappelait la réalité des combats. Qui viendrait lui annoncer la mort de son époux ? Un chevalier qui ne trouverait probablement pas les mots face à son visage de glace ? Rien que cette idée la terrifiait et déclenchait en elle des larmes incontrôlées. Larmes qui ne tardèrent pas à couler le long de son visage malgré sa résistance, malgré sa volonté d'être entière pour le retour de son mari. Pourtant, elle n'y arrivait pas et se laissa doucement aller tandis que son corps se collait instinctivement contre celui d'Esras dans l'espoir de chercher du réconfort mais également de la chaleur car d'un coup : la pièce semblait froide. Eanna n'avait pas habitué son entourage, même son mari, à un tel relâchement. Il était impossible pour elle de garder tous ces sentiments, elle devait les exprimer même si son époux était là. Ce dernier était en vie, oui il l'était mais qui était auprès de l'épouse d'Isran ? Ils avaient beau ne pas avoir de la complicité, ou bien de l'amour entre eux : il n'en restait pas moins qu'elle était veuve et de ce fait portait un nouveau titre, un titre contraignant. La dentellière sentit son époux l'éteindre un peu plus fort ce qui l'incita à plonger son visage dans ses cheveux comme pour se cacher, par honte, d'être aussi faible devant Esras alors qu'elle devait être plus forte que jamais. Néanmoins, elle ne le pouvait pas. C'était comme vouloir passer par dessus une montagne. Il allait falloir du temps et de la patience pour atteindre le sommet et redescendre avant de repenser à cette étape avec tristesse et mélancolie.
Mettre des mots sur sa douleur était aussi dur que d'avouer qu'Isran était mort et que jamais il ne passerait le seuil du château des MacNeil. C'était accepter une vérité que l'on ne voulait pas parler, qu'on exprimait à demi-mot des fois que le malheur ne soit pas loin mais en l’occurrence, à l'instant même, le malheur s'était déjà insinué dans les draps de leur couche. Là dans ses bras, Eanna ressentie un immense vide en elle. Même si Esras la serrait contre lui, même si elle sentait ses doigts dans ses cheveux : elle avait l'impression d'être une coquille vide. La seule chose qui restait dans ces ténèbres était l'amour inconditionnel pour son époux. Oui. Lady Dunegan avait besoin plus que tout de son époux, ce n'était un secret pour personne mais personne encore n'avait osé le dire à haute-voix car c'était une évidence. La voix grave de son époux la ramena à la réalité, la sortie de sa torpeur et la sauva de ces démons qui mangeaient son âme et son cœur en l'absence d'Esras. Oui il était là à ses côtés. Eanna se rendait compte de la chance qu'elle avait. Elle était la femme la plus chanceuse du monde : elle le savait mais la mort d'Isran empêchait son cœur de se réjouir totalement de cette situation. Le chevalier se redressa, s'éloignant quelque peu du corps de sa femme qui garda le contact avec lui en plaçant ses mains sur ses hanches. La dentellière savait qu'elle était la force qui le faisait revenir toujours sain et sauf au château, mais encore une fois mettre des mots sur les sentiments n'étaient pas une chose facile. Le baiser d'Esras sur son front calma instantanément Eanna, sa douceur pansa son cœur meurtri, son pouce sur sa joue acheva les spasmes qui étaient trop nombreux à son goût. Elle garda le silence face à ces aveux, se contentant de se serrer un peu plus contre le corps du chevalier.

« Je vous aimes tellement Esras... »


Avoua-t-elle dans un murmure pour renforcer l'intimité de ce moment de douleur. Eanna s'éloigna un peu de son époux pour venir chercher ses lèvres et lui donner un baiser passionné, remplit d'amour, de douceur. Lady Dunegan mourrait d'amour pour son mari et inversement. Ils étaient inséparables et même si elle bénissait Dieu de l'avoir mit sur son chemin, il lui arrive de lui reprocher de l'avoir mit trop tard. Elle aurait aimé le connaître avant, l'embrasser avant, découvrir toutes les joies et les peines de l'amour. La dentellière mit fin à se baiser et plaça ses mains sur les joues mal rasés de son mari :

« Vous avez ma vie entre vos mains également, elle sera éternellement vôtre et quoiqu'il arrive, je vous attendrais ou vous rejoindrais. »

Une promesse d'amour. Qu'il revienne du combat vivant ou mort : ils seront réunit tôt ou tard pour l'éternité. Son regard plongé dans le sien, elle avala sa salive pour faire taire une bonne fois pour toutes ces larmes qui n'avaient plus lieu d'être. Esras était en vie, il la tenait dans ses bras, le temps n'était plus aux pleures.

« Nous sortirons plus fort de cette épreuve même si cela semble irréalisable ce soir. Tant que nous restons soudés : rien ne nous arrêtera. »

Son optimiste était revenu, elle retrouvait la contenance qui la caractérisait tant. Eanna retrouvait ses esprits et de ce fait toute sa force qu'elle donnerait à Esras. Ensemble ils se relèveront comme ils l'avaient toujours fait.



© will o' the wisp
Revenir en haut Aller en bas
Esras Dunegan
Esras Dunegan

Western Highlands and islands

▷ ÂGE IRL : 28
▷ MESSAGES : 856
▷ INSCRIPTION : 18/02/2013
▷ LOCALISATION : Auprès des MacNeil.
▷ ÂGE : 46 ans
[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Tumblr_mi23qk3ktQ1rpn0coo2_500
Remain in what you are, the center of your life. You made it to this point no one can tell you how. You crawled and bled all the way but you were the only one. That was tearing your soul apart, you finally find yourself
GOJIRA


[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Empty
MessageSujet: Re: [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna   [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna EmptyJeu 23 Mai - 20:04

« Belle qui tient ma vie.
Pour mon mal apaiser,
Donne-moi un baiser »



eanna & esras


L'amour, c'est une chose dont les hommes se moquent, tout du moins, avant qu'ils ne le rencontrent. Une fois qu'ils se confrontent à sa puissance dont ils ignoraient tout, ils restent un instant bouche bée devant un tel maelström. Ils ne savent comment ils doivent réagir ; est-ce une bonne, terrible ou mauvaise chose? Que leur arrive-t-il donc? Quel est ce sentiment indescriptible qui occulte leurs pensées, diminue leurs sens et dirige leur vie vers une seule et unique personne? Ah, quelle horrible chose au départ ; sans même prévenir, l'amour s'immisce cruellement dans les pores de la peau, pour ensuite venir titiller le corps tout en entier et s'implanter définitivement dans le cœur, venant empoisonner l'esprit. Il est un démon auquel peu d'hommes peuvent prétendre avoir échappé ; ceux-là sont mornes, sombres, dégoûtés ou tout simplement jaloux. Vint ensuite, après cet instant de torture muette et solitaire, où l'on se sent obligé de partager ce fardeau, de le crier au monde, de lui partager qu'au creux de notre torse brûle une flamme intense ; là, l'amour prend un sens incroyable, partant sur un chemin que seul un destin incertain peut guider. Ce dernier s'était avéré plutôt clément avec mon être ; révélant mes affections à celle que mon cœur avait désignée, elle m'avait en retour avoué nourrir les mêmes sentiments et comble d'une espérance que je n'avais d'abord osé espéré, son père me l'avait promise. Je nous savais chanceux mais j'étais de loin l'homme le plus comblé de cette Terre avec Eanna à mes côtés. Et je savais que jamais notre amour ne décroîtrait d'un seul point, bien au contraire ; il serait toujours plus fort, traversant le temps et les épreuves. Cette sombre nuit était un périple dont nos vies chamboulées ne pourraient sortir qu'à condition que nos mains, à la manière de nos lèvres, restent à jamais liées.

Qu'elle m'aimait, je le savais, je le ressentais mais son murmure me l'avouant une fois de plus vint m'arracher un frisson qui parcourra vivement mon échine. Je frémis à nouveau en sentant la passion de son baiser, venant l'enserrer un peu plus fort de mes bras, la voulant tout près de moi. Mes paroles n'avaient pas été vaines ; elles reflétaient toute la vérité et décrivaient le mieux possible tout ce que je ressentais pour cette femme bien qu'aucun mot n'était assez précis pour décrire les sentiments qui m'habitaient. Sans elle, je n'étais plus moi ; elle faisait partie intégrante de mon être et je ne pouvais même pas imaginer un instant vivre sans elle à mes côtés. Je vins déposer une main rugueuse sur les longs et fins doigts de ma douce effleurant ma joue, plongeant mon regard azur dans le sien tout en écoutant ses paroles. Malgré la peine infinie que causait la perte d'Isran rongeant mon cœur, je me sentis heureux, voyant mon épouse reprendre possession de cette force qui la qualifiait si parfaitement. La voir souffrir, les joues remplies de larmes ne faisait que tirailler mon cœur d'avantage, lui qui me semblait pourtant suffisamment torturé. Que la vie me semblait cruelle et douce à la fois. Comment pouvais-je donc me positionner dans cette brume épaisse qu'était l'existence? J'étais abattu mais elle m'offrait de quoi me relever. Qu'était-ce donc ce jeu où seul le destin semblait se réjouir? C'était une énigme indéchiffrable, capable de torturer l'humanité en son entièreté sans jamais ne lui faire espérer en apercevoir la réponse. Elle était scellée, dans une boîte invisible aux yeux de tous, se contentant de tourmenter les esprits de cette Terre avec un sadisme certain.

Je scrutai mon épouse un instant, faisant glisser ma main le long de son bras avant qu’elle ne vienne épouser les courbes gracieuses de son corps. Me vint alors à l’esprit qu’il n’y avait qu’une seule explication à tout cela. « Vous êtes un ange tombé du ciel, un ange gardien. » Elle ne pouvait être que cela. Elle veillait sur ma vie, sur celles de nos enfants, elle était la lumière divine guidant mes pas, la force nourrissant mon cœur, elle était... mon Amour. Le seul de mon existence, l’unique, et ce pour l’éternité. On m’avait arraché cet ami, on me l’avait cruellement enlevé et jamais je ne pourrai prétendre pouvoir guérir de cet affront. Mais Eanna apaisait mes maux, elle était plus curative qu’une source bénite, plus douce que la soie elle-même, plus rassurante que la voix de ma propre mère. Ma dextre vient doucement caresser sa joue tandis que mes pupilles posaient sur elle un regard quasi admiratif, teinté du désespoir me dévorant l’âme. Plus besoin de mot Esras ; ils étaient si tranchants, tu l’avais bien assez remarqué. Non, la seule chose nécessaire était Eanna, simplement elle et uniquement elle. Je l’attirai vers moi murmurant un « Approchez » plus voyant qu’audible tellement il fut bas avant de me saisir d’elle, l’invitant à s’étendre à nouveau à côté de mon être, à côté de ce corps qu’elle réclamait tant, au même titre que j’attendais à chaque instant le sien.


Revenir en haut Aller en bas
Eanna Dunegan
Eanna Dunegan

Western Highlands and islands

▷ MESSAGES : 199
▷ INSCRIPTION : 04/04/2013
▷ LOCALISATION : Auprès de sa famille
▷ ÂGE : 45 ans
A clear and innocent conscience fears nothing.

[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Tumblr_mm587nWtke1qag66no2_500

« Une belle vie fait mépriser la mort, et une belle mort fait mépriser la vie. »

[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Img_4410
[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Empty
MessageSujet: Re: [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna   [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna EmptyJeu 6 Juin - 16:17

Belle qui tient ma vie.
Eanna & Esras

Là, dans les bras de son époux, plus rien ne comptait. Tous les scénarios morbides qu'elle avait imaginé durant l'absence d'Esras disparaissaient au fur et à mesure que ses larmes coulaient le long de ses joues. Ses peurs étaient parties, temporairement, car elles retrouveraient rapidement leur place dans l'esprit d'Eanna dès que son mari repartirait sur le champs de bataille. Malgré ses angoisses, jamais elle ne l'empêcherait de partir. En se mariant avec lui, elle savait que le devoir passerait toujours avant elle. La blonde savait à quoi s'en tenir et subissait en silence. Pourtant, après l'annonce de la mort d'Isran, son esprit troublé devait s'exprimer et le seul moyen que son corps ait trouvé fût de pleurer encore et encore sans pouvoir calmer le torrent de larmes. Son amour pour Esras la rendait forte et faible à la fois. À ses côtés, elle serait prête aux pires folies mais en son absence : elle était une autre femme. L'ombre d'elle-même. Quoiqu'il arrive, elle mourrait de cet amour trop puissant. En effet, l'amour qu'elle portait à son époux traverserait les âges, elle le savait au fond d'elle. Par le biais de leurs enfants, de leurs petits-enfants et des autres générations à venir. Cette postérité assuré, cela n'empêchait pas Eanna de craindre que ce bonheur lui soit arraché car au fond : la vie n'était qu'une série d'injustice. Au même titre que la veuve d'Isran pleurait son mari, rien ne pouvait rassurer la dentellière qu'un jour elle ne serait pas en proie au même chagrin. Dès l'aube, elle partirait pour aller voir la femme de cet homme qui avait son amitié. Elle se devait d'être là pour Esras mais également pour cette pauvre femme même si l'amour n'avait lié le chevalier et la belle. Eanna était chanceuse, elle le savait. Elle rendait jalouse beaucoup de femmes ce qui la blessait parfois même si elle était fière de pouvoir se dire : « J'ai un homme tel qu'Esras comme mari. »
Les yeux dans les yeux, un frisson parcourut son corps tandis que la main de son mari caressait ses courbes. En l'entendant parler d'elle comme un ange, un sourire franc et sincère se dessina sur son visage tandis qu'un petit rire s'échappa de ses lèvres.

« Je ne suis pas un ange mon cher époux, je suis juste une femme désespérément amoureuse. Une femme qui serait prête à mille et une choses pour vous. Je ne suis qu'une pauvre mortelle qui ne peut panser les blessures qu'avec des mots et des gestes. Si j'étais un ange, je serais en mesure de chasser immédiatement votre douleur au lieu de rester impuissante. »

Si la magie existait en ce monde, Eanna aurait aimé en avoir le don pour apaiser l'esprit de son époux qui était en proie aux tourments causés par la perte de son ami. Isran ne méritait pas de mourir, il avait toujours été un homme bon et charmant, un homme juste qui savait toujours prendre des décisions au bons moments. Aucun problème ne semblait pouvoir l'arrêter ; la mort avait réussit, elle réussissait toujours à atteindre son but. Elle espérait juste qu'un jour, cette ennemie mortelle ne rencontrerait pas le chemin de son époux. Eanna avait retrouvé toute sa force, elle avait arrêté de pleurer et arborait de nouveau un visage calme et impassible. Ses yeux se fermèrent tandis qu'Esras caressait sa joue. Sa respiration redevenue calme, elle savourait cet instant comme si c'était le premier. Elle colla son corps au sien et une fois qu'elle fut le plus proche possible de son époux l'embrassa. C'était idiot certes, mais elle avait besoin de se rassurer encore et toujours. Tant que l'aube ne s'était pas levée, tant qu'elle ne s'était pas réveillée au côté de son époux : elle avait besoin de ces contacts.

« Vous savez... Je me suis pris à me souvenir du jour où nous avons appris que nous allions nous marier. Il faisait beau, la moisson venait à peine de commencer et je vous attendais sous un pommier à la limite de votre ferme. Nous... »

Elle remarqua qu'Esras s'était endormit, elle décida néanmoins de continuer avant de s'endormir à son tour. Eanna se réveilla dès les premiers rayons du soleil, elle était toujours dans ses bras, leurs corps toujours enlacés. Elle caressa tendrement le visage de son époux avant de l'embrasser et de se détacher de lui. Elle devait aller voir la femme d'Isran, elle devait être là pour elle même si cette dernière ne voulait pas d'elle. Et puis, Eireen et Eremon voudraient probablement voir leur père. Ainsi donc, elle partie embrassant une dernière fois son époux et en lui laissant un mot pour le rassurer sur son oreiller.




© will o' the wisp
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Empty
MessageSujet: Re: [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna   [END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

[END] Belle qui tient ma vie ▬ Eanna

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 

 Sujets similaires

-
» Eanna - Mamma Dunegan is here !
» I will keep you safe ϟ Esras ; Eanna ; Eremon
» Confidences entre femmes | pv eanna
» Aileas + La fleur qui s’épanouit dans l’adversité est la plus rare et la plus belle de toutes.
» Eanna _ The greatest thing you'll ever learn is just to love and be loved in return.
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
▷ WILL O' THE WISP  :: Les topics-